Comme le sous-entend le sous-titre de cet album, très bien documenté, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne date pas d’hier, et remonte à une époque très lointaine. C’est au IXe siècle qu’est créée la Rus’ de Kyiv, considérée alors comme « l’un des plus grands Etats de l’Europe médiévale ». C’est ensuite que les choses se sont gâtées, notamment avec les invasions mongoles du XIIIe siècle qui réduisirent en cendres l’Ukraine sous sa forme originelle, laquelle tenta de survivre en tant que « principauté de Galicie-Volhynie », avant d’être dépecée à nouveau par la Pologne et la Lituanie. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour voir l’Ukraine refaire surface sous l’influence des Cosaques, des « hommes libres vivant en communautés autonomes ». Ceux-ci avaient créé les « Sitch », centres politiques et militaires, avant d’être soumis définitivement en 1764 par l’impératrice russe Catherine II. Les derniers Cosaques trouvèrent alors refuge sur les bords du Danube, mais ce sont eux qui ont contribué à forger l’identité ukrainienne moderne.
Ce n’est là qu’un modeste résumé de mille ans d’Histoire, mais on ne va pas se mentir, les liens entre les pays d’Europe orientale sont tellement intriqués qu’il est parfois difficile d’y voir parfaitement clair pour nous autres, Européens de l’Ouest. Difficile d’être affirmatif quant à l’objectivité du livre, mais si l’on recoupe certaines informations en allant sur Wikipédia, on constate que le clivage entre le nord-ouest « pro-occidental » et le sud-est « pro-russe » du pays n’est pas nouveau puisqu’il remonte à l’époque des Cosaques. Ce que l’ouvrage, au demeurant très instructif, n’évoque absolument pas. Ce que l’on retiendra surtout après cette lecture, c’est que l’esprit de résistance ukrainien a toujours été très puissant et ne semble pas près de s’éteindre. Cela bien sûr ne remet pas en cause l’ignoble agression de Vladimir Poutine, qui dans son « opération spéciale » n’a pas mesuré l’ampleur de la détermination des Ukrainiens, lui qui pensait au départ que l’affaire serait pliée en quelques jours…
La bande dessinée est plutôt captivante, alternant les passages historiques et les séquences documentaires, où l’on est immergé dans le quotidien de la guerre en cours, avec des illustrations saisissantes qui rendent bien compte de l'horreur et l’absurdité d’un conflit où les civils trinquent énormément lors des bombardements des habitations. A noter que le livre a été réalisé par des auteurs ukrainiens, notamment Mariam Naiem pour la partition narrative. Intellectuelle ukrainienne d’origine afghane, celle-ci s’efforce par son travail de mettre en lumière les enjeux de cette guerre, en dénonçant la politique de domination de l’Etat russe. Quant aux illustrations, elles ont été produites à quatre mains : par Ivan Kypibida pour la partie historique et Yulia Vus pour la partie documentaire. La mise en page est très vivante et permet de suivre sans être guetté une seconde par l’ennui un dossier tout de même relativement dense. On notera la tonalité dominante de l’orange dans ce parti pris bichromique, choix fort logique puisqu’il évoque la fameuse révolution orange de 2004. Le livre montre d’ailleurs comme cette révolution avait été marquée par l’empoisonnement du candidat Viktor Iouchtchenko par les sbires de Poutine (eh oui, on peut dire que la guerre couvait déjà à l’époque, ce dernier n’ayant pas réussi à imposer son protégé Ianoukovytch lors d’élections frauduleuses).
Ainsi, si « Ukraine » apparaît plus comme un ouvrage davantage militant que véritablement historique, ce que l’on peut fort bien comprendre, il permet de saisir la détermination inébranlable du camp ukrainien face à un dictateur sanguinaire et manipulateur. On espère juste que le soutien de Donald Trump ne compliquera pas la situation en prolongeant inutilement cette guerre barbare et anachronique.
Un manga humoristique sexy venant du Japon où il y a du bon et du moins bon.
Tout d'abord, on n'échappe pas aux clichés du genre revenus mille fois avec ce mec qui se retrouve dans une habitation peuplée de belles femmes à grosses poitrines (poitrines qui vont bien sûr se faire beaucoup tripoter) et il y a des arcs comme sauver le temple de la faillite ou encore il y a des filles qui n'aiment pas le gars au début et veulent le voir partir et bien sûr elles changent d'idées.
Malgré cela, il y a quand même des gags un peu plus originaux qui fonctionnent bien et m'ont fait rire (l'accident d'auto par exemple). Le personnage principal est pas mal non plus. Dans ce genre de récits, le héros est soit un puceau qui a peur des filles nues ou un gros pervers qui est tout de même aimé des filles malgré un comportement de violeur en puissance. Ici, le héros a vécu une enfance malheureuse à cause d'un père coureur de jupon, et du coup veut supprimer tous ses désirs sexuels. Je trouve ça intéressant et j'aimerais bien que le héros finisse par explorer sa sexualité d'une manière qu'il aime sans être du trou-du-cul comme son père, mais bon on est dans du manga mainstream, alors ça va sûrement être juste le truc classique du mec qui finit heureux après s'être mis en couple avec la fille qu'il aime et qu'il a vue nue par accident 10000 fois.
La lecture est globalement agréable malgré les clichés si on est allergique au genre, mais je pense pas suivre le manga jusqu’à la fin si ça dure des dizaines de tomes. Pour l'instant, c'est typique le genre de manga dont j'aime bien lire les premiers tomes, mais que je finis par abandonner parce que j'ai d'autres séries à lire et je n'ai pas une envie folle de savoir la fin. Le point fort de la série est le dessin qui est vraiment très bon.
Je n’ai lu que les 2 premiers tomes.
Si le genre isekai est bien dispensable, cette série arrive à se démarquer d’agréables façons de ses consœurs. Il y a un petit côté frais qui s’en dégage pour les habitués.
On a donc le classique humain qui se voit réincarner dans un monde Fantasy mais c’est rempli de petits éléments loufoques. Ces derniers m’ont d’ailleurs fait un peu peur au début mais finalement ça matche plutôt bien.
Nous suivrons donc, un bon père de famille, la cinquantaine qui se verra intégrer dans un jeu vidéo de drague et ce dans la peau de la jeune méchante. Des ingrédients relativement improbables de prime abord mais qui fonctionnent, je suivrai avec plaisir la suite de ces aventures.
Même si moins généreux dans ma notation, je suis bien raccord avec Gaston niveau ressenti. L’idée aperçue dans le 2eme tome est bien vue et originale (alors que tellement bête et évidente) et les valeurs autour du perso sont positives.
Une œuvre sympathique pour les amateurs du genre. Le caractère de notre héros fonctionnaire vétéran arrive à créer un décalage aux situations classiques et l’humour m’a suffisamment amusé (le coup de l’éventail pour retenir les noms …).
Si je ne dis pas de bêtise, c’est la première collaboration entre les 2 auteurs, et cette dernière sonne comme une évidence, leurs univers respectifs n’étant pas si éloignés.
Ils nous pondent donc une comédie du quotidien (enfin ici à l’Élysée tout de même) fluide et très agréable à suivre. Je ne m’emballe pas plus mais un ressenti à cheval entre le pas mal et le franchement bien.
J’ai eu exactement ce que j’attendais à la vue du titre (et du résumé). Lecture bien sympathique donc, mais sans doute un poil trop légère pour me contenter pleinement.
Ça peut paraître un peu lisse sur certains sujets de fond (migrants et politique), l’intrigue principale (et habilement camouflée) restant une rom’ com improbable.
On n’y croit pas vraiment et on n’échappe pas à quelques poncifs ou facilités mais c’est animé par une belle galerie de personnages.
Pas totalement comblé mais j’en suis sorti avec le sourire, l’humour passe bien (l’ex, le conseiller en com’ …), il y a une belle énergie.
Une intrigue que je verrai très facilement portée sur grand écran.
Cet album pourrait presque être lu comme le « making of » du tome 3 de Monsieur Jean. En tout cas les amateurs des deux auteurs et de cette série seront immanquablement intéressés, car il livre quelques clés de lecture sur leur vie, leur travail, Monsieur Jean étant probablement en partie un de leurs avatars.
Écrit un peu au fil de la plume, dans un style vif et délié, l’album propose une lecture agréable, sympathique. Pleine d’autodérision aussi (voir le début avec le chauffeur de taxi), chacun des auteurs se mettant en partie à nu, dans un récit autobiographique qui nous renseigne aussi sur le monde de la BD (les auteurs étant proches des Humanos – en plein renouvellement et en proie à des difficultés financières – et de L’Association, où l’album sera finalement publié).
En tout cas, c’est une lecture que j’ai bien aimée. Rien d’extraordinaire, mais c’est dynamique, parfois drôle, et intéressant, par-delà auteurs et éditeurs, l’album mérite un petit détour.
C’est essentiellement l’aspect graphique qui m’a attiré – et qui m’a aussi globalement contenté. En effet, j’ai bien aimé la couverture, et le dessin, qui use d’un Noir et Blanc tranché et très esthétique. Sam Rictus ayant côtoyé Le Dernier Cri, je m’attendais à quelque chose de plus trash (au niveau de l’histoire aussi d’ailleurs), mais finalement ce dessin reste relativement classique.
L’intrigue est moins emballante. Elle se laisse lire, mais sans plus, car elle manque de profondeur, de fond. Nous suivons le développement d’une épidémie – type peste – dans une ville, à une époque indéterminée (des aspects médiévaux pour décors et habitations, d’autres presque XIXème ou XXème siècles pour certains costumes et les fusils employés par l’armée). Confinés dans une quarantaine angoissante dans cette ville, certains essayent de s’échapper, payant des passeurs, au risque de se faire tuer (par les passeurs ou l’armée qui veille). Ça n'est pas inintéressant, mais il manque quand même quelque chose pour rendre plus captivante l’intrigue, qui se finit un peu brutalement.
Je m’intéresse à l’histoire de l’art en général, et à l’art moderne en particulier. Donc, même si le cubisme n’est pas ma période préférée, le sujet m’attirait (j’aime quand même bien ce qu’ont fait Picasso, et surtout Braque à cette époque), et je connais un peu ça car l’effervescence artistique dont est issu le cubisme va en partie mener certains vers dada et le surréalisme (qui eux m’intéressent au plus haut point).
L’album est vite lu, globalement pas déplaisant, mais j’en suis sorti en restant un peu sur ma faim.
La narration s’attache à quelques personnages, passant de l’un à l’autre pour essayer de rencontrer un maximum de personnes ayant joué un rôle dans la naissance du cubisme. Du coup j’ai trouvé ça un peu brouillon, saccadé, décousu.
Une bonne partie de l’album (plus d’un tiers en tout cas) est consacré à des artistes ou mouvements ayant précédé le cubisme (les fauves en particulier), et du coup le cubisme lui-même – qui il est vrai n’est pas vraiment un « mouvement » - n’apparait que tardivement, et de façon selon moi très parcellaire. Picasso et Braque certes, mais les autres artistes sont escamotés. Comme le sont les revues et les poètes, qui ont joué durant la première moitié du XXème siècle un rôle majeur : rien sur Reverdy ou la revue Nord-Sud, Apollinaire n’apparait qu’en dernière page. Seul Max Jacob apparait clairement. C’est se priver d’un pan important de l’histoire de l’art, et du cubisme donc.
Enfin, autre bémol. Voilà un album traitant d’art, voulant présenter pas mal de tableaux et montrer leur importance dans l’art moderne, la rupture qu’ils proclamaient, mais qui, du fait du format réduit et des cases petites, rend quasi illisibles lesdits tableaux. Le lecteur a donc intérêt, voire obligation de bien connaitre ces tableaux, ou alors d’aller les voir ailleurs, pour saisir le propos.
Un sujet intéressant, mais dont le traitement m’a un peu laissé sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Carma de Portepoisse, c'est le nom de la mercenaire plus qu'atypique que l'on suit lors de ce récit. Comme son nom pourrait vous l'indiquer, Carma est obnubilée par les questions de chance, de malchance et de balance cosmique. Toute sa famille souffre d'une terrible malédiction les forçant à toujours n'avoir ni trop de bonheur ni trop de malheur dans leur vie sous peine d'une mort affreuse, Carma est donc obligée de toujours vérifier les ascendances, les origines familiales et les reliques recherchées lorsque quelqu'un la missionne. C'est une vie on ne peut plus compliquée mais Carma s'y fait. Pourtant, lorsqu'elle croise un jour le chemin de Lomélie "Morteguigne" Bonafata, une légendaire porteuse de malheur ayant réduit son royaume en ruines, toute la vie de Carma se retrouve sans dessus-dessous.
C'est un récit qui, comme vous pouvez vous en douter avec ce résumé, tourne énormément autour du sujet de la chance et du destin, mais propose assez surprenamment un joli message sur le libre arbitre et l'importance des choix que nous prenons. Sans rentrer dans trop de détail, la situation de Carma est particulièrement triste, elle est incapable de réellement vivre à force de toujours craindre un cruel coup du sort et sa rencontre avec Lomélie lui permet de remettre sa situation en cause et de se poser des questions sur ce qu'elle pourrait vraiment faire face à ça.
Pas révolutionnaire mais tout de même intéressant.
Bon, l'œuvre n'est pas non plus parfaite. Elle souffre majoritairement d'un point très simple : c'est trop peu. Je ne parle pas nécessairement de durée de l'histoire, quoique cela aurait pu être une piste d'amélioration parmi tant d'autres, mais bien du fait que le récit ne m'a pas semblé pleinement profiter de ses enjeux et surtout de son potentiel. Il y avait là de quoi faire une vrai quête épique jouant davantage sur cette malchance absurdement grandiose ou même d'appuyer plus sincèrement sur le drame et le poids des situations de Carma et Lomélie (qui sont quand-même tragiques). Le résultat tel que présent n'est pas mauvais, la lecture reste sympathique, mais on sent vraiment un potentiel manqué. Il y avait là les graines pour une histoire vraiment très bonne et même un propos plus poussé sur cette histoire de dichotomie entre les forces divines perçues et la volonté humaine.
Il y a aussi le fait que le rythme retombe un peu sur la fin, mais honnêtement je suis plus gênée par le défaut susnommé.
J'insiste sur la qualité de l'album, il reste honnêtement très sympathique et l'album n'est vraiment pas désagréable, mais le petit potentiel gâché m'empêche de monter jusqu'au 3,5 et d'arrondir à 4.
Une série sympathique, mais qui s'adresse surtout aux adolescents.
Je pense que j'aurais vraiment adoré cette série étant jeune. Il y a le genre d'humour que j'aimais bien à cette époque et les personnages sont attachants. Mais voilà j'ai vieilli et plusieurs gags qui m'auraient fait rigoler il y a 10-15 ans me font uniquement sourire voir même me semble loufdingue. Il y a plusieurs situations qui m'ont semblé être du déjà vu et même si j'aime bien certains personnages, ils sont des archétypes du genre le rival en amour qui va se mettre entre les deux personnages principaux qui sont bien sûr un gars et une fille qui vont sûrement finir ensemble même s'il y aura des obstacles tout le long de la série contre leur amour.
En fait, c'est le problème récurrent des séries qui sortent de Shonen Jump, le plus gros magazine du Japon où les éditeurs ont encore plus de pouvoirs sur les auteurs que dans d'autres magazines et font en sorte que les séries soient formatées pour être des succès (et si c'est pas le cas la série se fait vite annuler après 2-3 tomes). C'est pas dérangeant quand on est jeune, mais pour un adulte comme moi qui lit des séries shonen depuis maintenant deux décennies, je vois surtout les clichés surutilisés qu'on utilise encore parce que ça marche avec des lecteurs novices. Et ça dur trop de tomes, je n'ai plus la force de lire des dizaines et des dizaines de tomes d'une série que je trouve sympathiques sans plus.
Il reste le dessin qui est très bon. Un manga qui va plaire au public-cible.
Il est très difficile de parler d’une œuvre comme celle-là, qui sort des codes de la BD traditionnelle et plaira à coup sûr aux amateurs d’OVNI. Le reste des lecteurs risque en revanche de rester sur le carreau. Car « Brunilda à la Plata » ne se laisse pas apprivoiser aussi facilement. Le mieux est peut-être de n’avoir aucun a priori et se laisser porter par cet étrange récit pour mieux y accéder.
Car, c'est certain, « Brunilda à la Plata » déroute, interroge, agace, surprend, tenant constamment le lecteur à distance avec mille digressions imprévisibles et en apparence dénuées de sens. Visiblement, cette bande dessinée tenait à cœur à son auteur, Genís Rigol. Il a pour cela été soutenu par ses proches et amis dans sa conception, et l’éditeur Virages graphiques semble avoir été tout autant convaincu, au vu du superbe travail d’édition réalisé en grand format. Rigol s’est librement inspiré d’un de ses rêves, ce qui explique la tonalité très onirique de l’objet. Par un procédé de mise en abyme, où le réel se confond avec l’imaginaire, l’auteur nous met dans la position de spectateur d’une représentation théâtrale totalement absurde dont le dénouement n’a pas encore été écrit, évoquant ainsi les affres de la création artistique.
Les personnages, plus ou moins polymorphes, évoluent dans une sorte de sarabande chorégraphiée au milieu de vastes décors géométriques rappelant plus ou moins l’art abstrait de Kandinsky. Comédiens, techniciens et régisseur s’affairent dans tous les sens, en attendant que le dramaturge (« M. le dramaturge »), en proie à la panique, trouve une conclusion à la pièce en train de se jouer sous nos yeux. Pendant ce temps, Norman, un être lunaire, un peu maladroit et quasi silencieux, est enrôlé dans la troupe sans avoir rien demandé. Le jeune homme veut juste retrouver celle pour qui il vient d’avoir un coup de foudre, Brunilda, dans le restaurant La Plata connu pour ses délicieux anchois et poissons frits… Pour y aller, il faudrait qu’il traverse la scène, ce qui risquerait de perturber davantage la représentation.
Soumis à l’intense pression de la page blanche, Mr le dramaturge cherche comment accoucher du chef d’œuvre qui suscitera l’admiration de tous, en particulier de cette mystérieuse Zelmira venue assister à la Première et dont l’avis compte plus que tout aux yeux de celui-ci. Le problème, c’est que notre dramaturge est saisi par le doute, convaincu d’être un auteur médiocre et qui plus est peu soutenu par son conseiller personnel, sorte de Gemini Cricket dénué d’empathie…
La partie graphique, plutôt originale, est le premier atout de l’ouvrage, suscitant d’emblée l’intérêt rien qu’en feuilletant quelques pages. Genís Rigol recourt à un style un brin vintage, qui pourrait être un croisement entre Winsor McCay, et donc un clin d’œil possible à « Little Nemo », personnage qui évoluait lui aussi dans le monde des rêves, et Joost Swarte, auteur underground qui avec sa ligne claire moderniste faisait la part belle à une architecture épurée et aux espaces géométriques.
Faut-il obligatoirement trouver un sens à une œuvre dans un monde qui semble souvent n’en avoir aucun ? Qu’est ce qui définit un chef d’œuvre ? Telle est la question centrale de cet étrange objet dénarrativé, qui a au moins le mérite de pousser à la réflexion avec ses textes ciselés et sa touche ironique voire acerbe. Une œuvre qui peut nécessiter plusieurs lectures tant elle joue sur l’absurde, le secret étant peut-être d’accepter de ne pas tout comprendre pour pouvoir assembler les éléments du puzzle. Et il n’est pas impossible de finir par l’apprécier, le temps qu’elle se diffuse à travers vos neurones incrédules ! Quant à savoir si « Brunilda à la Plata » est un chef d’œuvre ou pas, je dirais que la réponse est dans son propos lui-même. Pour cela, il appartiendra à chacun de se faire sa propre opinion.
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Ukraine
Comme le sous-entend le sous-titre de cet album, très bien documenté, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne date pas d’hier, et remonte à une époque très lointaine. C’est au IXe siècle qu’est créée la Rus’ de Kyiv, considérée alors comme « l’un des plus grands Etats de l’Europe médiévale ». C’est ensuite que les choses se sont gâtées, notamment avec les invasions mongoles du XIIIe siècle qui réduisirent en cendres l’Ukraine sous sa forme originelle, laquelle tenta de survivre en tant que « principauté de Galicie-Volhynie », avant d’être dépecée à nouveau par la Pologne et la Lituanie. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour voir l’Ukraine refaire surface sous l’influence des Cosaques, des « hommes libres vivant en communautés autonomes ». Ceux-ci avaient créé les « Sitch », centres politiques et militaires, avant d’être soumis définitivement en 1764 par l’impératrice russe Catherine II. Les derniers Cosaques trouvèrent alors refuge sur les bords du Danube, mais ce sont eux qui ont contribué à forger l’identité ukrainienne moderne. Ce n’est là qu’un modeste résumé de mille ans d’Histoire, mais on ne va pas se mentir, les liens entre les pays d’Europe orientale sont tellement intriqués qu’il est parfois difficile d’y voir parfaitement clair pour nous autres, Européens de l’Ouest. Difficile d’être affirmatif quant à l’objectivité du livre, mais si l’on recoupe certaines informations en allant sur Wikipédia, on constate que le clivage entre le nord-ouest « pro-occidental » et le sud-est « pro-russe » du pays n’est pas nouveau puisqu’il remonte à l’époque des Cosaques. Ce que l’ouvrage, au demeurant très instructif, n’évoque absolument pas. Ce que l’on retiendra surtout après cette lecture, c’est que l’esprit de résistance ukrainien a toujours été très puissant et ne semble pas près de s’éteindre. Cela bien sûr ne remet pas en cause l’ignoble agression de Vladimir Poutine, qui dans son « opération spéciale » n’a pas mesuré l’ampleur de la détermination des Ukrainiens, lui qui pensait au départ que l’affaire serait pliée en quelques jours… La bande dessinée est plutôt captivante, alternant les passages historiques et les séquences documentaires, où l’on est immergé dans le quotidien de la guerre en cours, avec des illustrations saisissantes qui rendent bien compte de l'horreur et l’absurdité d’un conflit où les civils trinquent énormément lors des bombardements des habitations. A noter que le livre a été réalisé par des auteurs ukrainiens, notamment Mariam Naiem pour la partition narrative. Intellectuelle ukrainienne d’origine afghane, celle-ci s’efforce par son travail de mettre en lumière les enjeux de cette guerre, en dénonçant la politique de domination de l’Etat russe. Quant aux illustrations, elles ont été produites à quatre mains : par Ivan Kypibida pour la partie historique et Yulia Vus pour la partie documentaire. La mise en page est très vivante et permet de suivre sans être guetté une seconde par l’ennui un dossier tout de même relativement dense. On notera la tonalité dominante de l’orange dans ce parti pris bichromique, choix fort logique puisqu’il évoque la fameuse révolution orange de 2004. Le livre montre d’ailleurs comme cette révolution avait été marquée par l’empoisonnement du candidat Viktor Iouchtchenko par les sbires de Poutine (eh oui, on peut dire que la guerre couvait déjà à l’époque, ce dernier n’ayant pas réussi à imposer son protégé Ianoukovytch lors d’élections frauduleuses). Ainsi, si « Ukraine » apparaît plus comme un ouvrage davantage militant que véritablement historique, ce que l’on peut fort bien comprendre, il permet de saisir la détermination inébranlable du camp ukrainien face à un dictateur sanguinaire et manipulateur. On espère juste que le soutien de Donald Trump ne compliquera pas la situation en prolongeant inutilement cette guerre barbare et anachronique.
TenPuru
Un manga humoristique sexy venant du Japon où il y a du bon et du moins bon. Tout d'abord, on n'échappe pas aux clichés du genre revenus mille fois avec ce mec qui se retrouve dans une habitation peuplée de belles femmes à grosses poitrines (poitrines qui vont bien sûr se faire beaucoup tripoter) et il y a des arcs comme sauver le temple de la faillite ou encore il y a des filles qui n'aiment pas le gars au début et veulent le voir partir et bien sûr elles changent d'idées. Malgré cela, il y a quand même des gags un peu plus originaux qui fonctionnent bien et m'ont fait rire (l'accident d'auto par exemple). Le personnage principal est pas mal non plus. Dans ce genre de récits, le héros est soit un puceau qui a peur des filles nues ou un gros pervers qui est tout de même aimé des filles malgré un comportement de violeur en puissance. Ici, le héros a vécu une enfance malheureuse à cause d'un père coureur de jupon, et du coup veut supprimer tous ses désirs sexuels. Je trouve ça intéressant et j'aimerais bien que le héros finisse par explorer sa sexualité d'une manière qu'il aime sans être du trou-du-cul comme son père, mais bon on est dans du manga mainstream, alors ça va sûrement être juste le truc classique du mec qui finit heureux après s'être mis en couple avec la fille qu'il aime et qu'il a vue nue par accident 10000 fois. La lecture est globalement agréable malgré les clichés si on est allergique au genre, mais je pense pas suivre le manga jusqu’à la fin si ça dure des dizaines de tomes. Pour l'instant, c'est typique le genre de manga dont j'aime bien lire les premiers tomes, mais que je finis par abandonner parce que j'ai d'autres séries à lire et je n'ai pas une envie folle de savoir la fin. Le point fort de la série est le dessin qui est vraiment très bon.
From bureaucrat to villainess
Je n’ai lu que les 2 premiers tomes. Si le genre isekai est bien dispensable, cette série arrive à se démarquer d’agréables façons de ses consœurs. Il y a un petit côté frais qui s’en dégage pour les habitués. On a donc le classique humain qui se voit réincarner dans un monde Fantasy mais c’est rempli de petits éléments loufoques. Ces derniers m’ont d’ailleurs fait un peu peur au début mais finalement ça matche plutôt bien. Nous suivrons donc, un bon père de famille, la cinquantaine qui se verra intégrer dans un jeu vidéo de drague et ce dans la peau de la jeune méchante. Des ingrédients relativement improbables de prime abord mais qui fonctionnent, je suivrai avec plaisir la suite de ces aventures. Même si moins généreux dans ma notation, je suis bien raccord avec Gaston niveau ressenti. L’idée aperçue dans le 2eme tome est bien vue et originale (alors que tellement bête et évidente) et les valeurs autour du perso sont positives. Une œuvre sympathique pour les amateurs du genre. Le caractère de notre héros fonctionnaire vétéran arrive à créer un décalage aux situations classiques et l’humour m’a suffisamment amusé (le coup de l’éventail pour retenir les noms …).
Première Dame
Si je ne dis pas de bêtise, c’est la première collaboration entre les 2 auteurs, et cette dernière sonne comme une évidence, leurs univers respectifs n’étant pas si éloignés. Ils nous pondent donc une comédie du quotidien (enfin ici à l’Élysée tout de même) fluide et très agréable à suivre. Je ne m’emballe pas plus mais un ressenti à cheval entre le pas mal et le franchement bien. J’ai eu exactement ce que j’attendais à la vue du titre (et du résumé). Lecture bien sympathique donc, mais sans doute un poil trop légère pour me contenter pleinement. Ça peut paraître un peu lisse sur certains sujets de fond (migrants et politique), l’intrigue principale (et habilement camouflée) restant une rom’ com improbable. On n’y croit pas vraiment et on n’échappe pas à quelques poncifs ou facilités mais c’est animé par une belle galerie de personnages. Pas totalement comblé mais j’en suis sorti avec le sourire, l’humour passe bien (l’ex, le conseiller en com’ …), il y a une belle énergie. Une intrigue que je verrai très facilement portée sur grand écran.
Journal d'un album
Cet album pourrait presque être lu comme le « making of » du tome 3 de Monsieur Jean. En tout cas les amateurs des deux auteurs et de cette série seront immanquablement intéressés, car il livre quelques clés de lecture sur leur vie, leur travail, Monsieur Jean étant probablement en partie un de leurs avatars. Écrit un peu au fil de la plume, dans un style vif et délié, l’album propose une lecture agréable, sympathique. Pleine d’autodérision aussi (voir le début avec le chauffeur de taxi), chacun des auteurs se mettant en partie à nu, dans un récit autobiographique qui nous renseigne aussi sur le monde de la BD (les auteurs étant proches des Humanos – en plein renouvellement et en proie à des difficultés financières – et de L’Association, où l’album sera finalement publié). En tout cas, c’est une lecture que j’ai bien aimée. Rien d’extraordinaire, mais c’est dynamique, parfois drôle, et intéressant, par-delà auteurs et éditeurs, l’album mérite un petit détour.
Quarantaine
C’est essentiellement l’aspect graphique qui m’a attiré – et qui m’a aussi globalement contenté. En effet, j’ai bien aimé la couverture, et le dessin, qui use d’un Noir et Blanc tranché et très esthétique. Sam Rictus ayant côtoyé Le Dernier Cri, je m’attendais à quelque chose de plus trash (au niveau de l’histoire aussi d’ailleurs), mais finalement ce dessin reste relativement classique. L’intrigue est moins emballante. Elle se laisse lire, mais sans plus, car elle manque de profondeur, de fond. Nous suivons le développement d’une épidémie – type peste – dans une ville, à une époque indéterminée (des aspects médiévaux pour décors et habitations, d’autres presque XIXème ou XXème siècles pour certains costumes et les fusils employés par l’armée). Confinés dans une quarantaine angoissante dans cette ville, certains essayent de s’échapper, payant des passeurs, au risque de se faire tuer (par les passeurs ou l’armée qui veille). Ça n'est pas inintéressant, mais il manque quand même quelque chose pour rendre plus captivante l’intrigue, qui se finit un peu brutalement.
Les Aventuriers du Cubisme
Je m’intéresse à l’histoire de l’art en général, et à l’art moderne en particulier. Donc, même si le cubisme n’est pas ma période préférée, le sujet m’attirait (j’aime quand même bien ce qu’ont fait Picasso, et surtout Braque à cette époque), et je connais un peu ça car l’effervescence artistique dont est issu le cubisme va en partie mener certains vers dada et le surréalisme (qui eux m’intéressent au plus haut point). L’album est vite lu, globalement pas déplaisant, mais j’en suis sorti en restant un peu sur ma faim. La narration s’attache à quelques personnages, passant de l’un à l’autre pour essayer de rencontrer un maximum de personnes ayant joué un rôle dans la naissance du cubisme. Du coup j’ai trouvé ça un peu brouillon, saccadé, décousu. Une bonne partie de l’album (plus d’un tiers en tout cas) est consacré à des artistes ou mouvements ayant précédé le cubisme (les fauves en particulier), et du coup le cubisme lui-même – qui il est vrai n’est pas vraiment un « mouvement » - n’apparait que tardivement, et de façon selon moi très parcellaire. Picasso et Braque certes, mais les autres artistes sont escamotés. Comme le sont les revues et les poètes, qui ont joué durant la première moitié du XXème siècle un rôle majeur : rien sur Reverdy ou la revue Nord-Sud, Apollinaire n’apparait qu’en dernière page. Seul Max Jacob apparait clairement. C’est se priver d’un pan important de l’histoire de l’art, et du cubisme donc. Enfin, autre bémol. Voilà un album traitant d’art, voulant présenter pas mal de tableaux et montrer leur importance dans l’art moderne, la rupture qu’ils proclamaient, mais qui, du fait du format réduit et des cases petites, rend quasi illisibles lesdits tableaux. Le lecteur a donc intérêt, voire obligation de bien connaitre ces tableaux, ou alors d’aller les voir ailleurs, pour saisir le propos. Un sujet intéressant, mais dont le traitement m’a un peu laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Carma de Portepoisse
Carma de Portepoisse, c'est le nom de la mercenaire plus qu'atypique que l'on suit lors de ce récit. Comme son nom pourrait vous l'indiquer, Carma est obnubilée par les questions de chance, de malchance et de balance cosmique. Toute sa famille souffre d'une terrible malédiction les forçant à toujours n'avoir ni trop de bonheur ni trop de malheur dans leur vie sous peine d'une mort affreuse, Carma est donc obligée de toujours vérifier les ascendances, les origines familiales et les reliques recherchées lorsque quelqu'un la missionne. C'est une vie on ne peut plus compliquée mais Carma s'y fait. Pourtant, lorsqu'elle croise un jour le chemin de Lomélie "Morteguigne" Bonafata, une légendaire porteuse de malheur ayant réduit son royaume en ruines, toute la vie de Carma se retrouve sans dessus-dessous. C'est un récit qui, comme vous pouvez vous en douter avec ce résumé, tourne énormément autour du sujet de la chance et du destin, mais propose assez surprenamment un joli message sur le libre arbitre et l'importance des choix que nous prenons. Sans rentrer dans trop de détail, la situation de Carma est particulièrement triste, elle est incapable de réellement vivre à force de toujours craindre un cruel coup du sort et sa rencontre avec Lomélie lui permet de remettre sa situation en cause et de se poser des questions sur ce qu'elle pourrait vraiment faire face à ça. Pas révolutionnaire mais tout de même intéressant. Bon, l'œuvre n'est pas non plus parfaite. Elle souffre majoritairement d'un point très simple : c'est trop peu. Je ne parle pas nécessairement de durée de l'histoire, quoique cela aurait pu être une piste d'amélioration parmi tant d'autres, mais bien du fait que le récit ne m'a pas semblé pleinement profiter de ses enjeux et surtout de son potentiel. Il y avait là de quoi faire une vrai quête épique jouant davantage sur cette malchance absurdement grandiose ou même d'appuyer plus sincèrement sur le drame et le poids des situations de Carma et Lomélie (qui sont quand-même tragiques). Le résultat tel que présent n'est pas mauvais, la lecture reste sympathique, mais on sent vraiment un potentiel manqué. Il y avait là les graines pour une histoire vraiment très bonne et même un propos plus poussé sur cette histoire de dichotomie entre les forces divines perçues et la volonté humaine. Il y a aussi le fait que le rythme retombe un peu sur la fin, mais honnêtement je suis plus gênée par le défaut susnommé. J'insiste sur la qualité de l'album, il reste honnêtement très sympathique et l'album n'est vraiment pas désagréable, mais le petit potentiel gâché m'empêche de monter jusqu'au 3,5 et d'arrondir à 4.
Witch Watch
Une série sympathique, mais qui s'adresse surtout aux adolescents. Je pense que j'aurais vraiment adoré cette série étant jeune. Il y a le genre d'humour que j'aimais bien à cette époque et les personnages sont attachants. Mais voilà j'ai vieilli et plusieurs gags qui m'auraient fait rigoler il y a 10-15 ans me font uniquement sourire voir même me semble loufdingue. Il y a plusieurs situations qui m'ont semblé être du déjà vu et même si j'aime bien certains personnages, ils sont des archétypes du genre le rival en amour qui va se mettre entre les deux personnages principaux qui sont bien sûr un gars et une fille qui vont sûrement finir ensemble même s'il y aura des obstacles tout le long de la série contre leur amour. En fait, c'est le problème récurrent des séries qui sortent de Shonen Jump, le plus gros magazine du Japon où les éditeurs ont encore plus de pouvoirs sur les auteurs que dans d'autres magazines et font en sorte que les séries soient formatées pour être des succès (et si c'est pas le cas la série se fait vite annuler après 2-3 tomes). C'est pas dérangeant quand on est jeune, mais pour un adulte comme moi qui lit des séries shonen depuis maintenant deux décennies, je vois surtout les clichés surutilisés qu'on utilise encore parce que ça marche avec des lecteurs novices. Et ça dur trop de tomes, je n'ai plus la force de lire des dizaines et des dizaines de tomes d'une série que je trouve sympathiques sans plus. Il reste le dessin qui est très bon. Un manga qui va plaire au public-cible.
Brunilda à la Plata
Il est très difficile de parler d’une œuvre comme celle-là, qui sort des codes de la BD traditionnelle et plaira à coup sûr aux amateurs d’OVNI. Le reste des lecteurs risque en revanche de rester sur le carreau. Car « Brunilda à la Plata » ne se laisse pas apprivoiser aussi facilement. Le mieux est peut-être de n’avoir aucun a priori et se laisser porter par cet étrange récit pour mieux y accéder. Car, c'est certain, « Brunilda à la Plata » déroute, interroge, agace, surprend, tenant constamment le lecteur à distance avec mille digressions imprévisibles et en apparence dénuées de sens. Visiblement, cette bande dessinée tenait à cœur à son auteur, Genís Rigol. Il a pour cela été soutenu par ses proches et amis dans sa conception, et l’éditeur Virages graphiques semble avoir été tout autant convaincu, au vu du superbe travail d’édition réalisé en grand format. Rigol s’est librement inspiré d’un de ses rêves, ce qui explique la tonalité très onirique de l’objet. Par un procédé de mise en abyme, où le réel se confond avec l’imaginaire, l’auteur nous met dans la position de spectateur d’une représentation théâtrale totalement absurde dont le dénouement n’a pas encore été écrit, évoquant ainsi les affres de la création artistique. Les personnages, plus ou moins polymorphes, évoluent dans une sorte de sarabande chorégraphiée au milieu de vastes décors géométriques rappelant plus ou moins l’art abstrait de Kandinsky. Comédiens, techniciens et régisseur s’affairent dans tous les sens, en attendant que le dramaturge (« M. le dramaturge »), en proie à la panique, trouve une conclusion à la pièce en train de se jouer sous nos yeux. Pendant ce temps, Norman, un être lunaire, un peu maladroit et quasi silencieux, est enrôlé dans la troupe sans avoir rien demandé. Le jeune homme veut juste retrouver celle pour qui il vient d’avoir un coup de foudre, Brunilda, dans le restaurant La Plata connu pour ses délicieux anchois et poissons frits… Pour y aller, il faudrait qu’il traverse la scène, ce qui risquerait de perturber davantage la représentation. Soumis à l’intense pression de la page blanche, Mr le dramaturge cherche comment accoucher du chef d’œuvre qui suscitera l’admiration de tous, en particulier de cette mystérieuse Zelmira venue assister à la Première et dont l’avis compte plus que tout aux yeux de celui-ci. Le problème, c’est que notre dramaturge est saisi par le doute, convaincu d’être un auteur médiocre et qui plus est peu soutenu par son conseiller personnel, sorte de Gemini Cricket dénué d’empathie… La partie graphique, plutôt originale, est le premier atout de l’ouvrage, suscitant d’emblée l’intérêt rien qu’en feuilletant quelques pages. Genís Rigol recourt à un style un brin vintage, qui pourrait être un croisement entre Winsor McCay, et donc un clin d’œil possible à « Little Nemo », personnage qui évoluait lui aussi dans le monde des rêves, et Joost Swarte, auteur underground qui avec sa ligne claire moderniste faisait la part belle à une architecture épurée et aux espaces géométriques. Faut-il obligatoirement trouver un sens à une œuvre dans un monde qui semble souvent n’en avoir aucun ? Qu’est ce qui définit un chef d’œuvre ? Telle est la question centrale de cet étrange objet dénarrativé, qui a au moins le mérite de pousser à la réflexion avec ses textes ciselés et sa touche ironique voire acerbe. Une œuvre qui peut nécessiter plusieurs lectures tant elle joue sur l’absurde, le secret étant peut-être d’accepter de ne pas tout comprendre pour pouvoir assembler les éléments du puzzle. Et il n’est pas impossible de finir par l’apprécier, le temps qu’elle se diffuse à travers vos neurones incrédules ! Quant à savoir si « Brunilda à la Plata » est un chef d’œuvre ou pas, je dirais que la réponse est dans son propos lui-même. Pour cela, il appartiendra à chacun de se faire sa propre opinion.