En l'an 79 au pied du Vésuve. Aventure romaine un peu convenue.
Au scénario : Rudi Miel un habitué du milieu des bédéistes et une historienne, Fabienne Pigière.
Au dessin : l'italien Paolo Grella.
Tous trois ont déjà travaillé ensemble sur la série Libertalia (la ville libertaire des pirates) et se retrouvent ici pour un voyage dans le temps à Pompéi avec le même souci de réalisme historique.
Il s'agit du premier tome d'une future série : chaque personnage (ils apparaissent tous dans ce premier album) aura droit à son album. C'est Assa, une jeune femme au destin tragique, qui ouvre le bal au pied d'un Vésuve menaçant.
Attention toutefois à ne pas mettre l'album entre les mains de trop jeunes scolaires : on part quand même pour un bordel de Pompéi avec vue sur le Vésuve, mais pas que.
? Même s'il s'agit d'une oeuvre de fiction avec une intrigue et des personnages inventés, les auteurs partagent le souci de la véracité historique et un soin tout particulier est apporté aux costumes et aux décors (avec par exemple des maisons décorées de fresques et mosaïques).
Et si Assa se retrouve dans un lupanar de Pompéi, ce n'est pas un hasard : les ruines de cette ville romaine sont célèbres pour leurs vestiges de fresques érotiques (et même d'un vrai lupanar) qui ont permis aux historiens de retrouver vie et mœurs des romains de l'époque.
Il y a même quelques pages explicatives ou documentaires en fin d'album.
? Nous n'en sommes qu'au premier tome, début d'une série, mais le scénario m'a semblé un peu trop simple. Assa voit ses amours interdites, se retrouve enfermée dans un lupanar, perd tout espoir de retrouver son frère vivant, réclame sa vengeance, … tout cela est un peu trop gentil et surtout trop convenu pour captiver vraiment le lecteur. Espérons que la suite vienne me contredire.
Reste le prétexte à une belle visite de la ville de Pompéi en images, juste avant sa disparition !
L'escalade est une activité physique, devenue un sport, puis récemment une discipline olympique. Ses racines sont aussi anciennes que l'Homme, puisque par exemple certains devaient escalader des rochers pour fuir des prédateurs, ou aller récupérer les œufs de certains oiseaux à plusieurs mètres de hauteur. Les premières performances avérées remontent cependant à... 1492, lorsque le roi Charles VIII ordonne à un de ses officiers de monter une équipe pour s'attaquer à une montagne du Vercors surnommée Mons Inascensibilis.
Mais la discipline, en tant qu'activité ludique et sportive, n'est avérée qu'à la fin du XIXème siècle, certains s'attaquant, avec très peu de matériel, dans les massifs du Mont-Blanc et le Lake District en Angleterre. La BD retrace, de façon chronologique, l'ascension de parois et de sommets de difficultés croissantes. On apprend ainsi que si le Vieux Continent fait figure de vivier pionnier, les autres nations s'y mettent progressivement, avec des prodiges de la grimpe venus des Etats-Unis, du Japon ou d'ailleurs. Suivant leur influence (dans la technique, la philosophie ou l'utilisation de matériel, etc.) ou leur longévité, cela peut aller de deux ou trois cases, à deux pages. Catherine Destivelle, qui a donné une visibilité nouvelle au grand public il y a une trentaine d'années, est en quelque sorte la marraine de cet album (qui connaît une nouvelle édition augmentée en cette année 2025), a co-écrit ces pages avec David Chambre, lui-même pratiquant l'escalade, et visiblement plus chevronné en tant que scénariste.
C'est Laurent Bidot, qui a signé pas mal de BD historiques chez Glénat, et d'autres consacrées à la montagne où à des lieux naturels fascinants, qui signe le dessin de ces 160 pages. Il y a de nombreuses annexes, dont un glossaire bien utile pour comprendre les termes consacrés, une présentation visuelle d'une demi-douzaine de sites exceptionnels en Europe, aux Etats-Unis, une présentation des grimpeurs d'aujourd'hui, dont certains sont assez jeunes. On notera également une table de correspondance des classifications de difficultés d'escalade (curieux qu'on n'ait pas réussi à unifier tout ça...). A noter également, des QR codes présents sur certains pages, qui permettent de compléter la BD par des vidéos youtube sur le sujet.
C'est une vraie somme sur cette activité méconnue qu'est l'escalade, et elle propose de la vulgarisation vraiment bien foutue, ainsi qu'une sorte de point d'étape, puisque cela n'arrête pas de progresser.
J’avoue mon ignorance au sujet de Belle Greene, mais surtout aussi au sujet de cette « one drop rule » en vigueur aux states jusqu’à finalement pas si longtemps que ça. C’est sidérant. Le moindre ancêtre noir, ne serait-ce qu’une goutte (même et surtout si ça ne se « voit » pas), vous catalogue comme noir dans le système ségrégationniste.
Née de père noir nommé Greener, Belle, avec sa mère et ses sœurs, change de patronyme en « Da Costa Greene » et s’invente une ascendance portugaise pour justifier son teint « presque clair ».
Le parcours de cette femme est assez spectaculaire. Son subterfuge a pleinement fait son office et elle a gravi tous les échelons de la haute société pour devenir la bibliothécaire et négociatrice en objets d’art d’un des milliardaires les plus en vue de New-York et directrice de la prestigieuse Morgan Library and Museum.
Nous suivons donc cette ascension, c’est la partie proprement biographique et finalement assez classique et linaire de la bd.
Plus intéressants sont les épisodes où elle discute avec sa famille de leur « passing ».
La réticence de la grand-mère, encline à assumer les racines noires s’oppose à l’ambition de Belle et sa volonté d’être reconnue pour ses capacités exceptionnelles. Il y a aussi la peur de sa mère qui craignait que la démarche n’aboutisse pas et mesurait les risques judiciaires réels si la situation s’éventait.
Les contraintes aussi pour elles et ses sœurs, en particulier le renoncement à une future maternité par crainte que l’enfant à naître ne puisse pas passer pour blanc. C’est assez glaçant.
On voit que Belle Greene a un caractère bien trempé et que c’est elle qui mène la barque pour les autres qui n’ont d’autre choix que de suivre. Et ce n’est pas la cause anti ségrégationniste qui l’anime. Elle a alors la chance d’avoir un teint clair, elle veut en profiter et seule compte son ambition.
La bd montre plutôt bien cet aspect de sa vie. Cela dit, j’aurais peut-être bien aimé un parallèle avec les luttes pour les droits civiques, même si ce ne semblait vraiment pas sa préoccupation.
C’est donc une bio, semblant fidèle à ce qu’on sait de la personne publique, et retracée de sa correspondance pour la partie plus privée.
Plutôt bien racontée et mise en page, avec un dessin sympathique mais pas exceptionnel à mon goût. Instructive en ce qui me concerne.
Cette collection m’intéresse a priori, mais les albums m’ont souvent laissé sur ma faim, c’est très inégal – même si jamais vraiment raté.
Ici on reste dans la moyenne de la collection. Le principal défaut vient selon moi de l’angle d’attaque, ou plutôt des choix effectués par les auteurs. En effet, Georges Washington n’est présenté ici que sous l’angle de la guerre d’indépendance. Nous le suivons donc de batailles en batailles (militaires surtout, mais aussi politiques). Cet aspect est bien présenté (y compris sa participation plus jeune aux guerres menées par l’Angleterre contre les Français et leurs alliés Indiens).
Mais il reste quand même une zone d’ombre. Washington était un très grand propriétaire terrien, très riche, et il possédait de très nombreux esclaves. Or, on n’en voit aucun lors des nombreux passages où Washington rejoint son domaine de Mount Vernon, et s’il semble oralement être critique vis-à-vis de l’esclavage, il a continué à les exploiter. De même, sa vision des droits des Indiens – et la politique des États-Unis à leur égard, est totalement escamotée. Du coup ne reste de Washington que ce qui le statufie, une légende dorée.
Si l’on fait abstraction de ces réserves (et du fait que seul le chef militaire de insurgés est ici présenté), l’album est agréable à lire, et donne une bonne idée – dans les limites imparties par ce one-shot – des combats ayant mené à l’indépendance des États-Unis.
Le dessin et la colorisation sont globalement réussis, même si je note quelques petits défauts sur certains personnages lorsqu’ils ne sont pas représentés de face.
Un album tout mignon tout plein, vraiment à réserver aux plus jeunes lecteurs. Car si je lui ai trouvé de réelles qualités, je l’ai traversé sans enthousiasme.
C’est très vie, lu, il n’y a pas beaucoup de texte. Mais c’est surtout l’histoire elle-même qui manque selon moi d’ingrédient pour relever le plat. L’étrange, le merveilleux du départ – un garçon voit des fleurs lui pousser dans les cheveux – n’est finalement pas énormément exploité.
Que cela disparaisse au bout d’un moment et que nous n’ayons pas d’explication au phénomène ne me gêne pas outre mesure. J’accepte de laisser mon imagination vagabonder et la poésie m’attire plutôt. Mais les conséquences de ce phénomène sont totalement évacuées, alors même que la famille, le petit frère, mais surtout les autres élèves à l’école y sont confrontés. J’ai trouvé bizarre justement que la réaction des écoliers ne soit pas utilisée (pourtant notre « fleuri » semblait la craindre ?).
Reste donc une histoire très courte, mais un peu bancale, qui m’a laissé sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Peu de temps après le relativement original La Femme à l'étoile, Anthony Pastor nous revient avec un nouveau western, dans un cadre très différent du précédent. Je serais même tenté de dire que le western ici n’est là que pour le décor, pour former un cadre balisé, pour une histoire qui a tout du drame antique, et qui est centré sur les relations entre quelques rares personnages.
N’était la colorisation, la couverture ressemble à celles de westerns old school (un Jerry Spring par exemple). Mais c’est justement cette colorisation qui est originale, avec un rendu tenant parfois plus de la peinture que de la BD pure. Mais ce rendu est chouette. Le dessin lui-même est intéressant, mais il y a parfois quelques menus défauts (pour les personnages, certains chevaux en mouvement).
L’histoire est légère dans sa narration, et lourde dans ses détails. Peu de texte, de dialogues, comme si l’intrigue elle aussi s’effaçait derrière le drame. Pastor ne livre pas toutes les clés, nous laisse deviner, imaginer certains détails. Mais l’on parvient à comprendre ce qui lie et oppose le héros, Billy, aux deux hommes « tenant » la région où il revient, à la mort de sa mère.
Ces deux hommes auraient pu être son père, mais il veut régler des comptes et s’en aller. Le destin ou une certaine folie vont trancher ces liens. Une intrigue aussi sèche que les paysages grandioses entraperçus au détour de quelques belles planches.
Le sujet m’intéresse vraiment, et j’ai depuis longtemps suivi l’évolution politiques et économique de la société, continuant avec le Monde diplomatique – entre autres – à me familiariser avec certaines évolutions. Les partis pris des auteurs me conviennent a priori aussi, tant je suis d’accord pour dire que le chômage n’est ni une fatalité ni une catastrophe pour tout le monde (après, mon côté un peu anar me pousse aussi à critiquer le salariat, mais c’est autre chose).
Je reconnais que les auteurs se sont sérieusement documentés pour bâtir leur documentaire. Mais, si je ne serai pas aussi sévère que gruizzli dans mon avis, je suis assez d’accord avec lui sur le fait que cet album manque cruellement de fluidité. En fait, il manque ce que la BD peut apporter à ce type de projet : être aéré, mêler passages ludiques et d’autres plus sérieux. Car sinon, autant se plonger dans un bon bouquin.
Du coup, la lecture se révèle parfois indigeste, et il faut probablement posséder de bonnes connaissances de base (sur concepts, idées, mais aussi sur les protagonistes qui apparaissent ici) pour ne pas décrocher.
Mais je ne voudrais pas non plus descendre ce travail. D’abord il est sérieux et argumenté. Ensuite il doit pousser les lecteurs éventuels à aller plus loin et à questionner et remettre en cause un système politique, médiatique et économique inique. Et ne pas accepter que toute critique d’un système soit rejetée dans la poubelle plus que floue du populisme (voir le traitement de la crise récente des « Gilets jaunes »).
L’invisibilisation des chômeurs, et plus généralement de la précarité (voir les différentes « catégories » de « chercheurs d’emploi », voir les reportages sur la fraude aux assedic sans que la fraude fiscale – bien plus importante – ne soit spécialement stigmatisée, etc.).
Un sujet central, mais dont le traitement manque de fluidité selon moi.
Note réelle 3,5/5.
2.5
Une série pour ados mettant en vedette un super-héros adolescent. Ce qui a attiré mon attention est que le personnage principal ne dispose que de quelques minutes pour utiliser ses pouvoirs. C'est une idée intéressante, mais après la lecture des deux tomes je n'ai pas l'impression que l'auteur utilise son idée à son plein potentiel.
Il faut dire aussi que c'est surtout de la vraie BD popcorn et je n'ai rien contre les séries qui n'existent que pour divertir, mais la série m'a moyennement convaincu. Les personnages sont des clichés sortis de n'importe quelle série américaine se passant dans un lycée. Les personnages sont tellement caricaturaux par moment, notamment le méchant proviseur qui pense au collectif (un crime contre l'humanité aux États-Unis pour ceux qui le savent pas), que je me demandais si je ne lisais pas une parodie, Les événements sont aussi souvent du déjà vu.
Il reste le dessin qui est dynamique et pas mal, mais j'ai trouvé les scènes d'action confuses, et d'ailleurs certains éléments du scénario sont un peu durs à comprendre. Ça se laisse lire, mais je suis clairement pas le public cible et je ne pense pas lire la suite.
Les auteurs ont choisi de traiter sous forme de roman graphique un sujet hélas de plus en plus d’actualité, même s’il est souvent mal traité – et maltraité – par la plupart des médias, à savoir l’immigration clandestine venue d’Afrique noire (ici le Niger) via la Libye, jusqu’en Europe.
Je trouve que ce récit possède les défauts de ses qualités. A savoir que la narration est agréable, fluide, alternant passages durant la traversée de la Méditerranée et passages antérieurs, depuis le départ, avec toutes étapes hautement risquées. Le dessin est plaisant – même si les personnages semblent tous avoir une tête un peu trop ronde. En tout cas on s’attache à Ebo et à son frangin, à leur struggle for life, à la foi ancrée profondément en eux « qu’ils vont y arriver ».
Mais du coup ce dessin un peu rondouillard et le suivi du voyage au plus près occulte un peu – beaucoup – les causes de ces migrations, ainsi que les politiques européennes délocalisant le contrôle auprès de dictature (la Libye par exemple). Ça n’est donc pas un documentaire à charge (et le happy-end n’est sans doute pas représentatif de la majorité de ce type de migrations). Reste un récit qui se laisse lire agréablement.
Comme le sous-entend le sous-titre de cet album, très bien documenté, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne date pas d’hier, et remonte à une époque très lointaine. C’est au IXe siècle qu’est créée la Rus’ de Kyiv, considérée alors comme « l’un des plus grands Etats de l’Europe médiévale ». C’est ensuite que les choses se sont gâtées, notamment avec les invasions mongoles du XIIIe siècle qui réduisirent en cendres l’Ukraine sous sa forme originelle, laquelle tenta de survivre en tant que « principauté de Galicie-Volhynie », avant d’être dépecée à nouveau par la Pologne et la Lituanie. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour voir l’Ukraine refaire surface sous l’influence des Cosaques, des « hommes libres vivant en communautés autonomes ». Ceux-ci avaient créé les « Sitch », centres politiques et militaires, avant d’être soumis définitivement en 1764 par l’impératrice russe Catherine II. Les derniers Cosaques trouvèrent alors refuge sur les bords du Danube, mais ce sont eux qui ont contribué à forger l’identité ukrainienne moderne.
Ce n’est là qu’un modeste résumé de mille ans d’Histoire, mais on ne va pas se mentir, les liens entre les pays d’Europe orientale sont tellement intriqués qu’il est parfois difficile d’y voir parfaitement clair pour nous autres, Européens de l’Ouest. Difficile d’être affirmatif quant à l’objectivité du livre, mais si l’on recoupe certaines informations en allant sur Wikipédia, on constate que le clivage entre le nord-ouest « pro-occidental » et le sud-est « pro-russe » du pays n’est pas nouveau puisqu’il remonte à l’époque des Cosaques. Ce que l’ouvrage, au demeurant très instructif, n’évoque absolument pas. Ce que l’on retiendra surtout après cette lecture, c’est que l’esprit de résistance ukrainien a toujours été très puissant et ne semble pas près de s’éteindre. Cela bien sûr ne remet pas en cause l’ignoble agression de Vladimir Poutine, qui dans son « opération spéciale » n’a pas mesuré l’ampleur de la détermination des Ukrainiens, lui qui pensait au départ que l’affaire serait pliée en quelques jours…
La bande dessinée est plutôt captivante, alternant les passages historiques et les séquences documentaires, où l’on est immergé dans le quotidien de la guerre en cours, avec des illustrations saisissantes qui rendent bien compte de l'horreur et l’absurdité d’un conflit où les civils trinquent énormément lors des bombardements des habitations. A noter que le livre a été réalisé par des auteurs ukrainiens, notamment Mariam Naiem pour la partition narrative. Intellectuelle ukrainienne d’origine afghane, celle-ci s’efforce par son travail de mettre en lumière les enjeux de cette guerre, en dénonçant la politique de domination de l’Etat russe. Quant aux illustrations, elles ont été produites à quatre mains : par Ivan Kypibida pour la partie historique et Yulia Vus pour la partie documentaire. La mise en page est très vivante et permet de suivre sans être guetté une seconde par l’ennui un dossier tout de même relativement dense. On notera la tonalité dominante de l’orange dans ce parti pris bichromique, choix fort logique puisqu’il évoque la fameuse révolution orange de 2004. Le livre montre d’ailleurs comme cette révolution avait été marquée par l’empoisonnement du candidat Viktor Iouchtchenko par les sbires de Poutine (eh oui, on peut dire que la guerre couvait déjà à l’époque, ce dernier n’ayant pas réussi à imposer son protégé Ianoukovytch lors d’élections frauduleuses).
Ainsi, si « Ukraine » apparaît plus comme un ouvrage davantage militant que véritablement historique, ce que l’on peut fort bien comprendre, il permet de saisir la détermination inébranlable du camp ukrainien face à un dictateur sanguinaire et manipulateur. On espère juste que le soutien de Donald Trump ne compliquera pas la situation en prolongeant inutilement cette guerre barbare et anachronique.
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Pompéi (Miel/Pigière)
En l'an 79 au pied du Vésuve. Aventure romaine un peu convenue. Au scénario : Rudi Miel un habitué du milieu des bédéistes et une historienne, Fabienne Pigière. Au dessin : l'italien Paolo Grella. Tous trois ont déjà travaillé ensemble sur la série Libertalia (la ville libertaire des pirates) et se retrouvent ici pour un voyage dans le temps à Pompéi avec le même souci de réalisme historique. Il s'agit du premier tome d'une future série : chaque personnage (ils apparaissent tous dans ce premier album) aura droit à son album. C'est Assa, une jeune femme au destin tragique, qui ouvre le bal au pied d'un Vésuve menaçant. Attention toutefois à ne pas mettre l'album entre les mains de trop jeunes scolaires : on part quand même pour un bordel de Pompéi avec vue sur le Vésuve, mais pas que. ? Même s'il s'agit d'une oeuvre de fiction avec une intrigue et des personnages inventés, les auteurs partagent le souci de la véracité historique et un soin tout particulier est apporté aux costumes et aux décors (avec par exemple des maisons décorées de fresques et mosaïques). Et si Assa se retrouve dans un lupanar de Pompéi, ce n'est pas un hasard : les ruines de cette ville romaine sont célèbres pour leurs vestiges de fresques érotiques (et même d'un vrai lupanar) qui ont permis aux historiens de retrouver vie et mœurs des romains de l'époque. Il y a même quelques pages explicatives ou documentaires en fin d'album. ? Nous n'en sommes qu'au premier tome, début d'une série, mais le scénario m'a semblé un peu trop simple. Assa voit ses amours interdites, se retrouve enfermée dans un lupanar, perd tout espoir de retrouver son frère vivant, réclame sa vengeance, … tout cela est un peu trop gentil et surtout trop convenu pour captiver vraiment le lecteur. Espérons que la suite vienne me contredire. Reste le prétexte à une belle visite de la ville de Pompéi en images, juste avant sa disparition !
Il était une fois l'escalade
L'escalade est une activité physique, devenue un sport, puis récemment une discipline olympique. Ses racines sont aussi anciennes que l'Homme, puisque par exemple certains devaient escalader des rochers pour fuir des prédateurs, ou aller récupérer les œufs de certains oiseaux à plusieurs mètres de hauteur. Les premières performances avérées remontent cependant à... 1492, lorsque le roi Charles VIII ordonne à un de ses officiers de monter une équipe pour s'attaquer à une montagne du Vercors surnommée Mons Inascensibilis. Mais la discipline, en tant qu'activité ludique et sportive, n'est avérée qu'à la fin du XIXème siècle, certains s'attaquant, avec très peu de matériel, dans les massifs du Mont-Blanc et le Lake District en Angleterre. La BD retrace, de façon chronologique, l'ascension de parois et de sommets de difficultés croissantes. On apprend ainsi que si le Vieux Continent fait figure de vivier pionnier, les autres nations s'y mettent progressivement, avec des prodiges de la grimpe venus des Etats-Unis, du Japon ou d'ailleurs. Suivant leur influence (dans la technique, la philosophie ou l'utilisation de matériel, etc.) ou leur longévité, cela peut aller de deux ou trois cases, à deux pages. Catherine Destivelle, qui a donné une visibilité nouvelle au grand public il y a une trentaine d'années, est en quelque sorte la marraine de cet album (qui connaît une nouvelle édition augmentée en cette année 2025), a co-écrit ces pages avec David Chambre, lui-même pratiquant l'escalade, et visiblement plus chevronné en tant que scénariste. C'est Laurent Bidot, qui a signé pas mal de BD historiques chez Glénat, et d'autres consacrées à la montagne où à des lieux naturels fascinants, qui signe le dessin de ces 160 pages. Il y a de nombreuses annexes, dont un glossaire bien utile pour comprendre les termes consacrés, une présentation visuelle d'une demi-douzaine de sites exceptionnels en Europe, aux Etats-Unis, une présentation des grimpeurs d'aujourd'hui, dont certains sont assez jeunes. On notera également une table de correspondance des classifications de difficultés d'escalade (curieux qu'on n'ait pas réussi à unifier tout ça...). A noter également, des QR codes présents sur certains pages, qui permettent de compléter la BD par des vidéos youtube sur le sujet. C'est une vraie somme sur cette activité méconnue qu'est l'escalade, et elle propose de la vulgarisation vraiment bien foutue, ainsi qu'une sorte de point d'étape, puisque cela n'arrête pas de progresser.
Le Secret de Miss Greene
J’avoue mon ignorance au sujet de Belle Greene, mais surtout aussi au sujet de cette « one drop rule » en vigueur aux states jusqu’à finalement pas si longtemps que ça. C’est sidérant. Le moindre ancêtre noir, ne serait-ce qu’une goutte (même et surtout si ça ne se « voit » pas), vous catalogue comme noir dans le système ségrégationniste. Née de père noir nommé Greener, Belle, avec sa mère et ses sœurs, change de patronyme en « Da Costa Greene » et s’invente une ascendance portugaise pour justifier son teint « presque clair ». Le parcours de cette femme est assez spectaculaire. Son subterfuge a pleinement fait son office et elle a gravi tous les échelons de la haute société pour devenir la bibliothécaire et négociatrice en objets d’art d’un des milliardaires les plus en vue de New-York et directrice de la prestigieuse Morgan Library and Museum. Nous suivons donc cette ascension, c’est la partie proprement biographique et finalement assez classique et linaire de la bd. Plus intéressants sont les épisodes où elle discute avec sa famille de leur « passing ». La réticence de la grand-mère, encline à assumer les racines noires s’oppose à l’ambition de Belle et sa volonté d’être reconnue pour ses capacités exceptionnelles. Il y a aussi la peur de sa mère qui craignait que la démarche n’aboutisse pas et mesurait les risques judiciaires réels si la situation s’éventait. Les contraintes aussi pour elles et ses sœurs, en particulier le renoncement à une future maternité par crainte que l’enfant à naître ne puisse pas passer pour blanc. C’est assez glaçant. On voit que Belle Greene a un caractère bien trempé et que c’est elle qui mène la barque pour les autres qui n’ont d’autre choix que de suivre. Et ce n’est pas la cause anti ségrégationniste qui l’anime. Elle a alors la chance d’avoir un teint clair, elle veut en profiter et seule compte son ambition. La bd montre plutôt bien cet aspect de sa vie. Cela dit, j’aurais peut-être bien aimé un parallèle avec les luttes pour les droits civiques, même si ce ne semblait vraiment pas sa préoccupation. C’est donc une bio, semblant fidèle à ce qu’on sait de la personne publique, et retracée de sa correspondance pour la partie plus privée. Plutôt bien racontée et mise en page, avec un dessin sympathique mais pas exceptionnel à mon goût. Instructive en ce qui me concerne.
Washington
Cette collection m’intéresse a priori, mais les albums m’ont souvent laissé sur ma faim, c’est très inégal – même si jamais vraiment raté. Ici on reste dans la moyenne de la collection. Le principal défaut vient selon moi de l’angle d’attaque, ou plutôt des choix effectués par les auteurs. En effet, Georges Washington n’est présenté ici que sous l’angle de la guerre d’indépendance. Nous le suivons donc de batailles en batailles (militaires surtout, mais aussi politiques). Cet aspect est bien présenté (y compris sa participation plus jeune aux guerres menées par l’Angleterre contre les Français et leurs alliés Indiens). Mais il reste quand même une zone d’ombre. Washington était un très grand propriétaire terrien, très riche, et il possédait de très nombreux esclaves. Or, on n’en voit aucun lors des nombreux passages où Washington rejoint son domaine de Mount Vernon, et s’il semble oralement être critique vis-à-vis de l’esclavage, il a continué à les exploiter. De même, sa vision des droits des Indiens – et la politique des États-Unis à leur égard, est totalement escamotée. Du coup ne reste de Washington que ce qui le statufie, une légende dorée. Si l’on fait abstraction de ces réserves (et du fait que seul le chef militaire de insurgés est ici présenté), l’album est agréable à lire, et donne une bonne idée – dans les limites imparties par ce one-shot – des combats ayant mené à l’indépendance des États-Unis. Le dessin et la colorisation sont globalement réussis, même si je note quelques petits défauts sur certains personnages lorsqu’ils ne sont pas représentés de face.
Les Fleurs de Grand frère
Un album tout mignon tout plein, vraiment à réserver aux plus jeunes lecteurs. Car si je lui ai trouvé de réelles qualités, je l’ai traversé sans enthousiasme. C’est très vie, lu, il n’y a pas beaucoup de texte. Mais c’est surtout l’histoire elle-même qui manque selon moi d’ingrédient pour relever le plat. L’étrange, le merveilleux du départ – un garçon voit des fleurs lui pousser dans les cheveux – n’est finalement pas énormément exploité. Que cela disparaisse au bout d’un moment et que nous n’ayons pas d’explication au phénomène ne me gêne pas outre mesure. J’accepte de laisser mon imagination vagabonder et la poésie m’attire plutôt. Mais les conséquences de ce phénomène sont totalement évacuées, alors même que la famille, le petit frère, mais surtout les autres élèves à l’école y sont confrontés. J’ai trouvé bizarre justement que la réaction des écoliers ne soit pas utilisée (pourtant notre « fleuri » semblait la craindre ?). Reste donc une histoire très courte, mais un peu bancale, qui m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Billy Lavigne
Peu de temps après le relativement original La Femme à l'étoile, Anthony Pastor nous revient avec un nouveau western, dans un cadre très différent du précédent. Je serais même tenté de dire que le western ici n’est là que pour le décor, pour former un cadre balisé, pour une histoire qui a tout du drame antique, et qui est centré sur les relations entre quelques rares personnages. N’était la colorisation, la couverture ressemble à celles de westerns old school (un Jerry Spring par exemple). Mais c’est justement cette colorisation qui est originale, avec un rendu tenant parfois plus de la peinture que de la BD pure. Mais ce rendu est chouette. Le dessin lui-même est intéressant, mais il y a parfois quelques menus défauts (pour les personnages, certains chevaux en mouvement). L’histoire est légère dans sa narration, et lourde dans ses détails. Peu de texte, de dialogues, comme si l’intrigue elle aussi s’effaçait derrière le drame. Pastor ne livre pas toutes les clés, nous laisse deviner, imaginer certains détails. Mais l’on parvient à comprendre ce qui lie et oppose le héros, Billy, aux deux hommes « tenant » la région où il revient, à la mort de sa mère. Ces deux hommes auraient pu être son père, mais il veut régler des comptes et s’en aller. Le destin ou une certaine folie vont trancher ces liens. Une intrigue aussi sèche que les paysages grandioses entraperçus au détour de quelques belles planches.
Le Choix du chômage
Le sujet m’intéresse vraiment, et j’ai depuis longtemps suivi l’évolution politiques et économique de la société, continuant avec le Monde diplomatique – entre autres – à me familiariser avec certaines évolutions. Les partis pris des auteurs me conviennent a priori aussi, tant je suis d’accord pour dire que le chômage n’est ni une fatalité ni une catastrophe pour tout le monde (après, mon côté un peu anar me pousse aussi à critiquer le salariat, mais c’est autre chose). Je reconnais que les auteurs se sont sérieusement documentés pour bâtir leur documentaire. Mais, si je ne serai pas aussi sévère que gruizzli dans mon avis, je suis assez d’accord avec lui sur le fait que cet album manque cruellement de fluidité. En fait, il manque ce que la BD peut apporter à ce type de projet : être aéré, mêler passages ludiques et d’autres plus sérieux. Car sinon, autant se plonger dans un bon bouquin. Du coup, la lecture se révèle parfois indigeste, et il faut probablement posséder de bonnes connaissances de base (sur concepts, idées, mais aussi sur les protagonistes qui apparaissent ici) pour ne pas décrocher. Mais je ne voudrais pas non plus descendre ce travail. D’abord il est sérieux et argumenté. Ensuite il doit pousser les lecteurs éventuels à aller plus loin et à questionner et remettre en cause un système politique, médiatique et économique inique. Et ne pas accepter que toute critique d’un système soit rejetée dans la poubelle plus que floue du populisme (voir le traitement de la crise récente des « Gilets jaunes »). L’invisibilisation des chômeurs, et plus généralement de la précarité (voir les différentes « catégories » de « chercheurs d’emploi », voir les reportages sur la fraude aux assedic sans que la fraude fiscale – bien plus importante – ne soit spécialement stigmatisée, etc.). Un sujet central, mais dont le traitement manque de fluidité selon moi. Note réelle 3,5/5.
E-Ratic
2.5 Une série pour ados mettant en vedette un super-héros adolescent. Ce qui a attiré mon attention est que le personnage principal ne dispose que de quelques minutes pour utiliser ses pouvoirs. C'est une idée intéressante, mais après la lecture des deux tomes je n'ai pas l'impression que l'auteur utilise son idée à son plein potentiel. Il faut dire aussi que c'est surtout de la vraie BD popcorn et je n'ai rien contre les séries qui n'existent que pour divertir, mais la série m'a moyennement convaincu. Les personnages sont des clichés sortis de n'importe quelle série américaine se passant dans un lycée. Les personnages sont tellement caricaturaux par moment, notamment le méchant proviseur qui pense au collectif (un crime contre l'humanité aux États-Unis pour ceux qui le savent pas), que je me demandais si je ne lisais pas une parodie, Les événements sont aussi souvent du déjà vu. Il reste le dessin qui est dynamique et pas mal, mais j'ai trouvé les scènes d'action confuses, et d'ailleurs certains éléments du scénario sont un peu durs à comprendre. Ça se laisse lire, mais je suis clairement pas le public cible et je ne pense pas lire la suite.
Migrant
Les auteurs ont choisi de traiter sous forme de roman graphique un sujet hélas de plus en plus d’actualité, même s’il est souvent mal traité – et maltraité – par la plupart des médias, à savoir l’immigration clandestine venue d’Afrique noire (ici le Niger) via la Libye, jusqu’en Europe. Je trouve que ce récit possède les défauts de ses qualités. A savoir que la narration est agréable, fluide, alternant passages durant la traversée de la Méditerranée et passages antérieurs, depuis le départ, avec toutes étapes hautement risquées. Le dessin est plaisant – même si les personnages semblent tous avoir une tête un peu trop ronde. En tout cas on s’attache à Ebo et à son frangin, à leur struggle for life, à la foi ancrée profondément en eux « qu’ils vont y arriver ». Mais du coup ce dessin un peu rondouillard et le suivi du voyage au plus près occulte un peu – beaucoup – les causes de ces migrations, ainsi que les politiques européennes délocalisant le contrôle auprès de dictature (la Libye par exemple). Ça n’est donc pas un documentaire à charge (et le happy-end n’est sans doute pas représentatif de la majorité de ce type de migrations). Reste un récit qui se laisse lire agréablement.
Ukraine
Comme le sous-entend le sous-titre de cet album, très bien documenté, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne date pas d’hier, et remonte à une époque très lointaine. C’est au IXe siècle qu’est créée la Rus’ de Kyiv, considérée alors comme « l’un des plus grands Etats de l’Europe médiévale ». C’est ensuite que les choses se sont gâtées, notamment avec les invasions mongoles du XIIIe siècle qui réduisirent en cendres l’Ukraine sous sa forme originelle, laquelle tenta de survivre en tant que « principauté de Galicie-Volhynie », avant d’être dépecée à nouveau par la Pologne et la Lituanie. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour voir l’Ukraine refaire surface sous l’influence des Cosaques, des « hommes libres vivant en communautés autonomes ». Ceux-ci avaient créé les « Sitch », centres politiques et militaires, avant d’être soumis définitivement en 1764 par l’impératrice russe Catherine II. Les derniers Cosaques trouvèrent alors refuge sur les bords du Danube, mais ce sont eux qui ont contribué à forger l’identité ukrainienne moderne. Ce n’est là qu’un modeste résumé de mille ans d’Histoire, mais on ne va pas se mentir, les liens entre les pays d’Europe orientale sont tellement intriqués qu’il est parfois difficile d’y voir parfaitement clair pour nous autres, Européens de l’Ouest. Difficile d’être affirmatif quant à l’objectivité du livre, mais si l’on recoupe certaines informations en allant sur Wikipédia, on constate que le clivage entre le nord-ouest « pro-occidental » et le sud-est « pro-russe » du pays n’est pas nouveau puisqu’il remonte à l’époque des Cosaques. Ce que l’ouvrage, au demeurant très instructif, n’évoque absolument pas. Ce que l’on retiendra surtout après cette lecture, c’est que l’esprit de résistance ukrainien a toujours été très puissant et ne semble pas près de s’éteindre. Cela bien sûr ne remet pas en cause l’ignoble agression de Vladimir Poutine, qui dans son « opération spéciale » n’a pas mesuré l’ampleur de la détermination des Ukrainiens, lui qui pensait au départ que l’affaire serait pliée en quelques jours… La bande dessinée est plutôt captivante, alternant les passages historiques et les séquences documentaires, où l’on est immergé dans le quotidien de la guerre en cours, avec des illustrations saisissantes qui rendent bien compte de l'horreur et l’absurdité d’un conflit où les civils trinquent énormément lors des bombardements des habitations. A noter que le livre a été réalisé par des auteurs ukrainiens, notamment Mariam Naiem pour la partition narrative. Intellectuelle ukrainienne d’origine afghane, celle-ci s’efforce par son travail de mettre en lumière les enjeux de cette guerre, en dénonçant la politique de domination de l’Etat russe. Quant aux illustrations, elles ont été produites à quatre mains : par Ivan Kypibida pour la partie historique et Yulia Vus pour la partie documentaire. La mise en page est très vivante et permet de suivre sans être guetté une seconde par l’ennui un dossier tout de même relativement dense. On notera la tonalité dominante de l’orange dans ce parti pris bichromique, choix fort logique puisqu’il évoque la fameuse révolution orange de 2004. Le livre montre d’ailleurs comme cette révolution avait été marquée par l’empoisonnement du candidat Viktor Iouchtchenko par les sbires de Poutine (eh oui, on peut dire que la guerre couvait déjà à l’époque, ce dernier n’ayant pas réussi à imposer son protégé Ianoukovytch lors d’élections frauduleuses). Ainsi, si « Ukraine » apparaît plus comme un ouvrage davantage militant que véritablement historique, ce que l’on peut fort bien comprendre, il permet de saisir la détermination inébranlable du camp ukrainien face à un dictateur sanguinaire et manipulateur. On espère juste que le soutien de Donald Trump ne compliquera pas la situation en prolongeant inutilement cette guerre barbare et anachronique.