Je rejoins ceux qui sont un peu déçu par cet album.
Adapté d'une nouvelle de Gaiman qui mélange les monstres Lovecraft et un univers très proche de celui de Sherlock Holmes vu que c'est une relecture du premier roman du célèbre détective avec quelques surprises dans le scénario. J'avoue que je trouvais le résultat correct sans plus jusqu'à la dernière grosse surprise du scénario qui m'a prit au dépourvu et que j'ai trouvé absolument génial....Malheureusement, le récit se termine alors qu'il devenait enfin intéressant. On dirait plus un prologue pour une série qui ne va jamais voir le jour vu l'actualité de Gaiman ses derniers temps.
Le dessin est pas trop mal.
Un thriller un peu horrifique sur un type dans le coma après avoir été attaqué et qui se retrouve en projection astrale. Il va profiter de son nouveau pouvoir pour essayer de trouver et comprendre pourquoi on a voulu le tuer. Il sera aidé par une mystérieuse femme et il y a des mystérieux méchants qui sont à sa poursuite.
Le scénario est correct même si au début le scénario semble décousu avec ses allers-retours entre personnages qui ne semblent pas se connaitre jusqu'à ce que le récit commence à former un tout plus ou moins cohérent. Un récit pas désagréable à lire, mais qui ne pas trop passionné non plus. La faute en partie au dessin et particulièrement les couleurs informatiques qui est très conforme aux normes des comics modernes et du coup ne sort pas du lot tellement c'est un style formaté. Les révélations sur pourquoi le héros a été attaqué est plutôt original, mais je pense qu'elle risque de décevoir les lecteurs qui s'attendraient à plus.
Un one-shot pour les fans du genre.
Ami inintéressant publie pas mal en ce moment (surtout chez de tout petits éditeurs), et son style d’humour absurde, très dans l’air du temps, attire de plus gros éditeurs.
De l’humour absurde donc ici, dans la foulée de Fabcaro. Mais pas d’itération iconique, de dessin totalement statique (quoique le trait de Lascault est quand même assez raide et – volontairement – peu dynamique).
Si chaque page amène un gag à la fin, l’ensemble constitue une sorte d’histoire. En tout cas les gags se répondent.
Humour con, absurde donc, j’en suis friand. Quelques petites critiques du monde médiatique et/ou politique aussi (ici un quidam élu président par hasard, un peu débile et obsédé par les citations cinématographique, déconnecté de la réalité, sème le bordel un peu partout).
Pas mal de gags manquent de force, c’est très inégal. Mais certains sont réussis, poilants, et, si je reste un peu sur ma faim, ça reste un album d’emprunt sympathique.
Note réelle 2,5/5.
Amoureux de l'Écosse et de ses paysages grandioses, il est enthousiasmant d'entamer une BD qui nous débarque sur la majestueuse île de Skye.
Le dessin est indéniablement réconfortant avec un charme légèrement désuet qui retranscrit bien cette période des années 30.
Les tons automnales mettent en avant la rudesse des lieux, ils sont assez réussis et nous imprègnent de cette atmosphère des Highlands.
L'histoire des trois sœurs est simple et touchante mais n'invente rien de très percutant ou de réellement original.
Si il est relativement agréable de suivre leurs parcours, leurs petites disputes, ou leurs moments de soutiens, l'histoire est un peu trop sage et attendue.
Ce n'est pas une œuvre très marquante par son récit mais la lande écossaise fût forcément la témoin de ce genre de vies sobres entre sœurs.
Cela reste plaisant de cheminer dans leur intimité familiale entre les murets recouverts de mousses balayés par le vent iodée du large.
J’ai lu le premier cycle de quatre tomes. C’est globalement du travail bien fait, qui plaira aux amateurs de polar politique, avec magouilles et révélations, entourloupes au sein d’un même parti au pouvoir, certains politiciens fricotant avec la pègre. Du classique, délocalisé en Angleterre par les deux auteurs.
J’ai eu un peu de mal au début, pour ingurgiter l’intrigue, et surtout pour assimiler les nombreux protagonistes, les liens qui les relient ou pas. Mais peu à peu ça s’éclaircit. Même ressenti concernant l’intrigue elle-même : Richelle prend le temps de la développer, et les diverses pièces du puzzle s’imbriquent. Rien d’hyper surprenant ou original dans cette histoire, mais c’est un polar bien huilé.
Le dessin de Delitte est bon. Là aussi du très classique. J’ai plus de réserves concernant la colorisation, qui fait datée, est irrégulière (changeant d’un album à l’autre je trouve), et que je n’ai pas toujours trouvée réussie.
Le titre est évidemment un clin d'oeil à Fritz Lang. Mais ce sont aussi les initiales de Siegfried Mann, le malheureux, mais consentant, acteur allemand de la Femdom produktion. J'avoue que le fond du scénario de Christophe Bier tient la route, avec en toile de fond l'univers du cinéma encore naissant, l'ambiance des années 1930 et un dessin de bon niveau d'Yxes. Je lis par ailleurs que Bier est critique et historien du cinéma, et très connaisseur du genre pornographique ainsi qu'auteur de littérature érotique.
Maintenant cette bande dessinée est du porno bien hard, bien crade, pour lecteurs très avertis... scènes de torture physique, scato, le pauvre mais ambitieux Siegfried en prend plein la bouche... Hilda sa "réalisatrice" ne lui épargne rien. Pas plus que la tenancière du cabaret dans lequel il se produit et qui souhaite se venger d'être délaissée.
Arthur Suydam est un auteur original. Et je regrette qu’il n’ait pas davantage publié. Et qu’il ne se soit pas adjoint un coscénariste.
Parce que pour le dessin et la création d’un univers plus qu’étrange, c’est vraiment intéressant. J’avais déjà pu apprécier son travail sur Cholly & Gobmouche. Dans cet album sorti quelques années auparavant, sont regroupées des histoires publiées à l’origine dans la revue Heavy Metal, dans laquelle elles devaient se trouver en bonne compagnie.
C’est sans doute moins purement SF que pour Cholly & Gobmouche, mais c’est tout aussi foutraque, mélangeant allègrement divers genres (des décors contemporains apparaissent, avec des créatures bizarres et de toutes tailles. Pas vraiment d’intrigue creusée, ça part dans tous les sens (je pense que Suydam devait pas mal improviser !), avec des dialogues eux-aussi peu cartésiens.
Plus que décousues et déroutantes donc, ces histoires valent surtout pour le dessin, que j’aime vraiment beaucoup. Mais globalement, j’ai préféré l’autre album cité plus haut – même s’il été aussi inclassable et très foutraque.
Note réelle 2,5/5.
Le sujet est a priori intéressant, mais son traitement m’a quelque peu laissé sur ma faim. J’arrondis aux trois étoiles surtout pour la découverte d’une femme pionnière dans son domaine, et pour un éclairage original porté sur les discriminations raciales dont furent victimes (ont-elles totalement cessé ?) les Noirs aux États-Unis – et ailleurs.
En effet, Althéa Gibson a dû faire preuve d’opiniâtreté pour imposer son talent dans le domaine où elle excellait, le tennis. Alors que les Noirs ne pouvaient jouer contre des Blancs, elle a réussi – avec l’aide de quelques personnes (dont plusieurs championnes blanches – une américaine et une anglaise) à obtenir, après des années à végéter dans les tournois réservés aux « gens de couleur », la possibilité de jouer les grands tournois, et de les gagner (aux États-Unis et en Europe).
Il faut dire que son enfance dans le ghetto de Harlem l’avait endurcie, et qu’elle savait se défendre, avec les poings si nécessaire, contre ceux qui voulaient la rabaisser.
Mais voilà, j’ai eu du mal à me passionner pour le sujet. Et cela ne vient pas du fait que le tennis ne me captive pas énormément. Plusieurs raisons y ont concouru.
D’abord le dessin : efficace et lisible, je l’ai trouvé un peu « pauvre », en tout cas pas ma tasse de thé.
Ensuite la personnalité même d’Althea Gibson n’est pas forcément très attachante. Et finalement elle n’est pas une égérie de la lutte pour l’égalité, refusant de s’impliquer politiquement, et cherchant juste à réussir (elle tâtera du golf, de la chanson, lorsque sa carrière de tennis woman s’étiolera – il faut dire qu’entièrement amateur à cette époque d’après-guerre, peu de revus publicitaires allaient vers une femme, qui plus est noire…).
Bagarreuse – plutôt dans le bon sens du terme – pour s’imposer dans les tournois, elle ne revendique finalement pas tant que ça, et j’ai trouvé sa personnalité assez terne, dépassée par les enjeux symboliques.
Finalement l’aspect « politique » reste presque en retrait, même si la forte ségrégation, les insultes de certains spectateurs aux États-Unis occupent une place importante au début. L’histoire intéressera plus ceux que l’évolution du tennis intéresse.
Note réelle 2,5/5.
Les deux auteurs ont déjà collaboré – sur des franchises Disney, ou sur Donjon Parade – et ici, si le résultat est inégal, je pense qu’il satisfera le lectorat visé en priorité (plutôt jeune et/ou adolescent je pense).
Le dessin – et la colorisation de Nesme – sont sans doute ce qui est le mieux réussi. C’est dynamique et lumineux, agréable, très cartoon (proche du rendu de la version ciné de Chabat je trouve).
L’histoire concoctée par Trondheim n’est ni ratée ni sans intérêt, mais elle manque d’ambition, et reste vraiment trop basique. De plus je pense depuis le départ que le Marsupilami est une création géniale de Franquin, mais qui tient toute sa force de rester un personnage secondaire et dynamiteur des Spirou. En tant que héros de sa propre série, ça m’a quasiment toujours déçu (même si la version plus « adulte » et noire proposée récemment par Zidrou et Pé m’a agréablement surpris).
Ici, c’est de l’aventure très classique, dans laquelle Trondheim peine à mettre beaucoup d’humour (en tout cas pas assez à mon goût). Ça se laisse lire sans problème, mais j'en attendais davantage.
Reste qu’il doit remplir le cahier des charges, et que des adolescents y trouveront sans doute leur compte. Il retombe aussi sur ses pattes en fin d’album pour expliquer l’origine de cette mystérieuse région de Palombie.
Un polar sur l'île de Pâques dans les années trente, ça vous intéresse ?
Thomas Lavachery s'est inspiré librement des notes, dessins et photos du carnet d'Henri Lavachery pour l'enquête de l'inspecteur Valverde. En effet, son grand-père faisait partie de l'expédition franco-belge de 1934, elle séjournera 5 mois sur l’île de Pâques pour des travaux d'archéologie, mais avant son arrivée, un fonctionnaire colonial avait été éliminé.
On va donc suivre les investigations du truculent inspecteur Valverde, un homme à la forte corpulence qui va s'enticher d'un chat entre deux prises de laudanum.
Il y a un peu d'Agatha Christie dans cette enquête, le rythme est lent, les intrigues mènent à de fausses pistes et nous avons une belle brochette de personnages hétéroclites.
La partie historique et l'esprit colonialiste sont très bien rendus avec d'un côté les anglais et les chiliens et de l'autre les pasquans. Ces derniers servent de main-d'œuvre bon marché ou le cas échéant, ils sont parqués dans une léproserie.
Le récit est prenant et les personnages sont bien campés, mais j'ai vu arriver le dénouement un peu trop facilement. Dommage.
J'aime le dessin de Thomas Gilbert, un trait légèrement gras très stylisé qui nous transporte sur cette île inhospitalière battue par les vents. Les couleurs apportent cette sensation de désolation. Dépaysement garanti.
Une mise en page académique.
Du très bon boulot.
Je ne peux que recommander aux aficionados du genre.
Note réelle : 3,5.
D'autres aventures de l'inspecteur Valverde pourraient voir le jour...
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Une étude en émeraude
Je rejoins ceux qui sont un peu déçu par cet album. Adapté d'une nouvelle de Gaiman qui mélange les monstres Lovecraft et un univers très proche de celui de Sherlock Holmes vu que c'est une relecture du premier roman du célèbre détective avec quelques surprises dans le scénario. J'avoue que je trouvais le résultat correct sans plus jusqu'à la dernière grosse surprise du scénario qui m'a prit au dépourvu et que j'ai trouvé absolument génial....Malheureusement, le récit se termine alors qu'il devenait enfin intéressant. On dirait plus un prologue pour une série qui ne va jamais voir le jour vu l'actualité de Gaiman ses derniers temps. Le dessin est pas trop mal.
Out of body
Un thriller un peu horrifique sur un type dans le coma après avoir été attaqué et qui se retrouve en projection astrale. Il va profiter de son nouveau pouvoir pour essayer de trouver et comprendre pourquoi on a voulu le tuer. Il sera aidé par une mystérieuse femme et il y a des mystérieux méchants qui sont à sa poursuite. Le scénario est correct même si au début le scénario semble décousu avec ses allers-retours entre personnages qui ne semblent pas se connaitre jusqu'à ce que le récit commence à former un tout plus ou moins cohérent. Un récit pas désagréable à lire, mais qui ne pas trop passionné non plus. La faute en partie au dessin et particulièrement les couleurs informatiques qui est très conforme aux normes des comics modernes et du coup ne sort pas du lot tellement c'est un style formaté. Les révélations sur pourquoi le héros a été attaqué est plutôt original, mais je pense qu'elle risque de décevoir les lecteurs qui s'attendraient à plus. Un one-shot pour les fans du genre.
La Fin du sens
Ami inintéressant publie pas mal en ce moment (surtout chez de tout petits éditeurs), et son style d’humour absurde, très dans l’air du temps, attire de plus gros éditeurs. De l’humour absurde donc ici, dans la foulée de Fabcaro. Mais pas d’itération iconique, de dessin totalement statique (quoique le trait de Lascault est quand même assez raide et – volontairement – peu dynamique). Si chaque page amène un gag à la fin, l’ensemble constitue une sorte d’histoire. En tout cas les gags se répondent. Humour con, absurde donc, j’en suis friand. Quelques petites critiques du monde médiatique et/ou politique aussi (ici un quidam élu président par hasard, un peu débile et obsédé par les citations cinématographique, déconnecté de la réalité, sème le bordel un peu partout). Pas mal de gags manquent de force, c’est très inégal. Mais certains sont réussis, poilants, et, si je reste un peu sur ma faim, ça reste un album d’emprunt sympathique. Note réelle 2,5/5.
Trois chardons
Amoureux de l'Écosse et de ses paysages grandioses, il est enthousiasmant d'entamer une BD qui nous débarque sur la majestueuse île de Skye. Le dessin est indéniablement réconfortant avec un charme légèrement désuet qui retranscrit bien cette période des années 30. Les tons automnales mettent en avant la rudesse des lieux, ils sont assez réussis et nous imprègnent de cette atmosphère des Highlands. L'histoire des trois sœurs est simple et touchante mais n'invente rien de très percutant ou de réellement original. Si il est relativement agréable de suivre leurs parcours, leurs petites disputes, ou leurs moments de soutiens, l'histoire est un peu trop sage et attendue. Ce n'est pas une œuvre très marquante par son récit mais la lande écossaise fût forcément la témoin de ce genre de vies sobres entre sœurs. Cela reste plaisant de cheminer dans leur intimité familiale entre les murets recouverts de mousses balayés par le vent iodée du large.
Les Coulisses du pouvoir
J’ai lu le premier cycle de quatre tomes. C’est globalement du travail bien fait, qui plaira aux amateurs de polar politique, avec magouilles et révélations, entourloupes au sein d’un même parti au pouvoir, certains politiciens fricotant avec la pègre. Du classique, délocalisé en Angleterre par les deux auteurs. J’ai eu un peu de mal au début, pour ingurgiter l’intrigue, et surtout pour assimiler les nombreux protagonistes, les liens qui les relient ou pas. Mais peu à peu ça s’éclaircit. Même ressenti concernant l’intrigue elle-même : Richelle prend le temps de la développer, et les diverses pièces du puzzle s’imbriquent. Rien d’hyper surprenant ou original dans cette histoire, mais c’est un polar bien huilé. Le dessin de Delitte est bon. Là aussi du très classique. J’ai plus de réserves concernant la colorisation, qui fait datée, est irrégulière (changeant d’un album à l’autre je trouve), et que je n’ai pas toujours trouvée réussie.
SM le maudit
Le titre est évidemment un clin d'oeil à Fritz Lang. Mais ce sont aussi les initiales de Siegfried Mann, le malheureux, mais consentant, acteur allemand de la Femdom produktion. J'avoue que le fond du scénario de Christophe Bier tient la route, avec en toile de fond l'univers du cinéma encore naissant, l'ambiance des années 1930 et un dessin de bon niveau d'Yxes. Je lis par ailleurs que Bier est critique et historien du cinéma, et très connaisseur du genre pornographique ainsi qu'auteur de littérature érotique. Maintenant cette bande dessinée est du porno bien hard, bien crade, pour lecteurs très avertis... scènes de torture physique, scato, le pauvre mais ambitieux Siegfried en prend plein la bouche... Hilda sa "réalisatrice" ne lui épargne rien. Pas plus que la tenancière du cabaret dans lequel il se produit et qui souhaite se venger d'être délaissée.
Mudwog
Arthur Suydam est un auteur original. Et je regrette qu’il n’ait pas davantage publié. Et qu’il ne se soit pas adjoint un coscénariste. Parce que pour le dessin et la création d’un univers plus qu’étrange, c’est vraiment intéressant. J’avais déjà pu apprécier son travail sur Cholly & Gobmouche. Dans cet album sorti quelques années auparavant, sont regroupées des histoires publiées à l’origine dans la revue Heavy Metal, dans laquelle elles devaient se trouver en bonne compagnie. C’est sans doute moins purement SF que pour Cholly & Gobmouche, mais c’est tout aussi foutraque, mélangeant allègrement divers genres (des décors contemporains apparaissent, avec des créatures bizarres et de toutes tailles. Pas vraiment d’intrigue creusée, ça part dans tous les sens (je pense que Suydam devait pas mal improviser !), avec des dialogues eux-aussi peu cartésiens. Plus que décousues et déroutantes donc, ces histoires valent surtout pour le dessin, que j’aime vraiment beaucoup. Mais globalement, j’ai préféré l’autre album cité plus haut – même s’il été aussi inclassable et très foutraque. Note réelle 2,5/5.
White only
Le sujet est a priori intéressant, mais son traitement m’a quelque peu laissé sur ma faim. J’arrondis aux trois étoiles surtout pour la découverte d’une femme pionnière dans son domaine, et pour un éclairage original porté sur les discriminations raciales dont furent victimes (ont-elles totalement cessé ?) les Noirs aux États-Unis – et ailleurs. En effet, Althéa Gibson a dû faire preuve d’opiniâtreté pour imposer son talent dans le domaine où elle excellait, le tennis. Alors que les Noirs ne pouvaient jouer contre des Blancs, elle a réussi – avec l’aide de quelques personnes (dont plusieurs championnes blanches – une américaine et une anglaise) à obtenir, après des années à végéter dans les tournois réservés aux « gens de couleur », la possibilité de jouer les grands tournois, et de les gagner (aux États-Unis et en Europe). Il faut dire que son enfance dans le ghetto de Harlem l’avait endurcie, et qu’elle savait se défendre, avec les poings si nécessaire, contre ceux qui voulaient la rabaisser. Mais voilà, j’ai eu du mal à me passionner pour le sujet. Et cela ne vient pas du fait que le tennis ne me captive pas énormément. Plusieurs raisons y ont concouru. D’abord le dessin : efficace et lisible, je l’ai trouvé un peu « pauvre », en tout cas pas ma tasse de thé. Ensuite la personnalité même d’Althea Gibson n’est pas forcément très attachante. Et finalement elle n’est pas une égérie de la lutte pour l’égalité, refusant de s’impliquer politiquement, et cherchant juste à réussir (elle tâtera du golf, de la chanson, lorsque sa carrière de tennis woman s’étiolera – il faut dire qu’entièrement amateur à cette époque d’après-guerre, peu de revus publicitaires allaient vers une femme, qui plus est noire…). Bagarreuse – plutôt dans le bon sens du terme – pour s’imposer dans les tournois, elle ne revendique finalement pas tant que ça, et j’ai trouvé sa personnalité assez terne, dépassée par les enjeux symboliques. Finalement l’aspect « politique » reste presque en retrait, même si la forte ségrégation, les insultes de certains spectateurs aux États-Unis occupent une place importante au début. L’histoire intéressera plus ceux que l’évolution du tennis intéresse. Note réelle 2,5/5.
El Diablo
Les deux auteurs ont déjà collaboré – sur des franchises Disney, ou sur Donjon Parade – et ici, si le résultat est inégal, je pense qu’il satisfera le lectorat visé en priorité (plutôt jeune et/ou adolescent je pense). Le dessin – et la colorisation de Nesme – sont sans doute ce qui est le mieux réussi. C’est dynamique et lumineux, agréable, très cartoon (proche du rendu de la version ciné de Chabat je trouve). L’histoire concoctée par Trondheim n’est ni ratée ni sans intérêt, mais elle manque d’ambition, et reste vraiment trop basique. De plus je pense depuis le départ que le Marsupilami est une création géniale de Franquin, mais qui tient toute sa force de rester un personnage secondaire et dynamiteur des Spirou. En tant que héros de sa propre série, ça m’a quasiment toujours déçu (même si la version plus « adulte » et noire proposée récemment par Zidrou et Pé m’a agréablement surpris). Ici, c’est de l’aventure très classique, dans laquelle Trondheim peine à mettre beaucoup d’humour (en tout cas pas assez à mon goût). Ça se laisse lire sans problème, mais j'en attendais davantage. Reste qu’il doit remplir le cahier des charges, et que des adolescents y trouveront sans doute leur compte. Il retombe aussi sur ses pattes en fin d’album pour expliquer l’origine de cette mystérieuse région de Palombie.
Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde
Un polar sur l'île de Pâques dans les années trente, ça vous intéresse ? Thomas Lavachery s'est inspiré librement des notes, dessins et photos du carnet d'Henri Lavachery pour l'enquête de l'inspecteur Valverde. En effet, son grand-père faisait partie de l'expédition franco-belge de 1934, elle séjournera 5 mois sur l’île de Pâques pour des travaux d'archéologie, mais avant son arrivée, un fonctionnaire colonial avait été éliminé. On va donc suivre les investigations du truculent inspecteur Valverde, un homme à la forte corpulence qui va s'enticher d'un chat entre deux prises de laudanum. Il y a un peu d'Agatha Christie dans cette enquête, le rythme est lent, les intrigues mènent à de fausses pistes et nous avons une belle brochette de personnages hétéroclites. La partie historique et l'esprit colonialiste sont très bien rendus avec d'un côté les anglais et les chiliens et de l'autre les pasquans. Ces derniers servent de main-d'œuvre bon marché ou le cas échéant, ils sont parqués dans une léproserie. Le récit est prenant et les personnages sont bien campés, mais j'ai vu arriver le dénouement un peu trop facilement. Dommage. J'aime le dessin de Thomas Gilbert, un trait légèrement gras très stylisé qui nous transporte sur cette île inhospitalière battue par les vents. Les couleurs apportent cette sensation de désolation. Dépaysement garanti. Une mise en page académique. Du très bon boulot. Je ne peux que recommander aux aficionados du genre. Note réelle : 3,5. D'autres aventures de l'inspecteur Valverde pourraient voir le jour...