Voilà donc un nouvel univers de fantasy à destination de la jeunesse chez Delcourt.
Le gros atout de la série saute aux yeux dès la couverture : une profusion de couleurs, où végétaux et minéraux semblent se tailler la part du lion. Une impression qui se confirme à la lecture : Lucio Leoni et Emanuela Negrin (encreuse), aidés par 1Ver2Ânes aux couleurs, propose une palette visuelle très agréable, sans doute inspirée de nombreuses œuvres de planet fantasy, sans qu'aucune ne soit mise en avant plus que l'autre. J'aime bien les personnages sont remplacés par des tentacules, cela ajoute une belle dose d'imagination à cet univers débridé.
Ayant lu les deux précédentes séries de mOTUS, j'étais impatient de découvrir celle-ci. Il s'agit pour l'heure d'un album d'exposition, qui nous donne un cadre, une situation, et quelques personnages principaux, avec déjà pas mal d'action. J'imagine que par la suite il va y en avoir pas mal, c'est l'un des crédos du scénariste.
Le tome 2 fait bien avancer l'intrigue, le héros Jharzafat se retrouve dans une situation compliquée, avec un jeu d'alliances qui se modifie suite à une réception à la Cour que ne se passe pas comme prévu. Plusieurs personnages-clés font leur apparition dans ce second segment, ils viennent densifier l'histoire sans toutefois totalement se révéler. Côté dessin, c'est encore une fois magnifique, le travail sur les designs et les couleurs mérite à lui seul la lecture.
Vite, la suite !
Un conte qui a des qualités, mais qui ne m'a pas trop passionné ou touché.
Je ne savais pas le genre de l'album lorsque je l'ai emprunté et j'étais surpris de voir que ce je prenais sur un roman graphique qui se passe durant le temps des pionniers s'est transformé en conte ! J'aime bien être surpris comme ça. Le scénario est pas mal, mais comme gruizzli je me suis parfois posé des questions sur des choix scénaristiques et lorsque j'ai refermé l'album j'ai ressenti une déception face à la fin.
Vu que cela semble raconter le passer de l'enfance à l'âge adulte, je me demande si le public-cible n'est pas les ados. Le dessin me fait penser à du manga et heureusement ce style est mieux maitrisé que de ce que j'ai vu dans d'autres œuvres occidentales. Les couleurs sont belles. J'avais vraiment le sensation de regardé un film d'animation venu du Japon.
Un roman graphique qui montre comment le système peut être dur envers un enfant avec un handicap.
Un des auteurs a des jumeaux qui ont des problèmes de santés et on va surtout focaliser sur celui qui est sourd. On va voir comment cette famille ne baisse pas les bras et font tous pour rendre la vie de ce fils sourd aussi facile que possible. Cela ne sera pas facile parce que la loi pour protéger les handicapés n'est pas toujours appliquée dans la gentille administration français et le père sera carrément victime d'un patron peu compréhensible qui en plus fait des trucs qui sont illégales, mais que sur le coups le père ne savait pas !
La lecture est fluide et agréable et l'histoire de cette famille est touchante. J’avoue que la plupart du temps j’étais même pas surpris de ce qui leur arrive tellement la bureaucratique est prévisible. Le dessin est pas mal.
Tiens c'est amusant, je viens juste de lire La Javanaise, et je reviens avec cette série en Indonésie, mais presque un siècle plus tard, avec un mélange de roman graphique et de documentaire (ce dernier aspect dominant).
Je ne connaissais rien au sujet des Mentawaï. Si cet album a comblé en partie mes lacunes, j'ai quand même trouvé laborieuse cette lecture. D'abord parce que le rythme est lent, ces longueurs m'engourdissant quelque peu. Mais aussi parce que de très nombreux dialogues sont dans la langue locale. Parfois la traduction de certains mots se trouve directement dans les bulles (ce qui hache un peu la lecture).
Reste que j'ai été surpris de voir que le tourisme, souvent dévastateur pour les cultures indigènes (ça l'est quand même un tout petit peu ici), et dans ce cas particulier vu comme un bouclier contre les actions de la dictature depuis les années 1970.
Le dessin de Pendanx est très agréable, même si j'attendais plus de belles planches des immensités forestières.
Une histoire qui part de l'espionne Mata Hari, pour arriver sur ses terres d'origine, dans les Indes néerlandaises au début du XXème siècle.
C'est de l'aventure exotique, qui joue sur le contexte colonial, ça se laisse lire. Mais peu à peu fantastique et ésotérisme s'invitent et prennent de plus en plus de place. Je ne suis pas fan de ce type de choses. Surtout que l'intrigue elle-même est un peu décousue.
J'ai fini ce diptyque avec un ressenti mitigé, mais en restant sur ma faim.
Le dessin est globalement très bon, agréable et fluide (j'ai juste été décontenancé par le rendu des yeux qui donnent souvent l'impression que les personnages ont les larmes aux yeux). La colorisation est aussi agréable et lumineuse (même si elle lisse parfois trop les nuances et aspérités, sur certains visages en particulier).
Un album tout public, mais quand même à proposer en priorité à un jeune lectorat.
En effet, j'ai trouvé l'intrigue en général, et pas mal de situations et de dialogues dans le détail trop "gentils ", naïfs à mon goût. C'est parfois presque édifiant. Et le dessin très appliqué de Liberge (dont je n'ai pas reconnu le travail - que je préfère ailleurs) accentue un peu ce côté "album enfantin ".
Pour le reste, l'aventure un peu anecdotique et gentille de Gabriel est le prétexte pour rencontrer certains personnages importants de l'époque, Louis XIV; Molière; La Fontaine; Fouquet, D'Artagnan, etc.
Et de présenter un moment charnière du règne du Roi Soleil, cette année 1661 où il va se débarrasser de Fouquet qui l'avait humilié avec sa fête à Vaux-le-Vicomte, pour inaugurer son brillant règne personnel.
Mon ressenti personnel serait 2,5 (tendance 2), mais j'arrondis à 3 pour le jeune lectorat qui est clairement le seul visé (voir le dossier et les jeux en fin d'album).
Le récit est simple, tant dans le fond que dans la forme, mais surprenamment satisfaisant. Attention, ce n'est pas révolutionnaire pour autant, c'est même assez convenu je trouve. Disons que je ne m'attendais à rien mais que je suis agréablement surprise de trouver ça bon.
Tout tourne autour du sujet des médias et des réseaux sociaux, de la déformation des informations et de la dégradation des situations causées par des populations toujours plus avides de sensationnel et de voyeurisme.
Le sujet n'est pas nouveau mais, encore une fois, l'exécution est satisfaisante. On s'attache facilement au personnage principal, sorte d'ermite déjà un peu misanthrope avant le début de l'histoire, et les personnages secondaires (son ex notamment) sont également rapidement touchants.
Je ne connaissais pas le travail de Duhamel avant cette lecture et j'en sors assez satisfaite (même si un petit peu déçue).
Je constate après lecture des autres avis qu'il a un humour et une narration qui lui sont propres, je ne sais pas vraiment si j'ai réussi à les cerner ou en tout cas à les apprécier à leur juste valeur, mais je lirai sans doute ses autres créations si l'occasion se présente.
Quant au dessin, sans qu'il m'ait profondément marquée, je l'ai trouvé assez joli et expressif.
Je dois faire partie des rares membres de BDTheque qui n'ont lu ni Comanche, ni Jeremiah ni même Blueberry dans leur jeunesse ou après. Je n'avais donc pas d'attente particulière en dehors de mes attentes graphiques vis a vis de Romain Renard que j'avais découvert et apprécié avec Melvile
Ce western revisité nous emmène dans une Amérique aussi poussiéreuse qu'intemporelle, où le passé et le présent se croisent à chaque détour. Plus qu’une simple relecture, cet album interroge les choix, les regrets, et glisse une réflexion sociale subtile sur la relation entre les Américains et les natifs. Une matière riche qui dépasse les codes classiques du genre.
Les dessins captent d’emblée. Les scènes de brouillard ou de tempêtes de sable sont vraiment superbes avec un clair obscur parfaitement maîtrisé qui pose parfaitement le décor. Comme Mac Arthur, c'est plus le détourage des personnages qui m'a un peu gêné et j'ai eu cette même impression de personnages ajoutés après. Ce choix graphique demande un temps d’adaptation. Une fois passé ce cap, je me suis laissé porter par une mise en scène soignée et de superbes compositions d'images.
Le scénario ne se contente pas de dérouler une histoire de cowboy vieillissant. Il construit un portrait en nuances, alternant entre action et introspection. Le rythme est bien dosé, les dialogues sonnent juste, et les thématiques sociales apportent une profondeur qui fait mouche.
En conclusion, les quelques détails qui déconcertent n’entachent pas l’ensemble, qui fonctionne grâce à une narration solide et un univers visuel qui marque. Ça marche donc bien aussi sans avoir la référence complète à la série originale même si le mieux reste peut être de commencer par là.
L'exercice d'un recueil de récits courts, qui plus est dans le genre de l'anticipation est la porte ouverte à des résultats très divers.
Malgré la qualité intrinsèque des auteurs ici conviés, on n'échappe pas à cette tendance.
Ils se sont amusés à imaginer ce que pourrait être un avenir pas très éloigné, sur le plan de la technologie, des relations sociales, de la modification génétique, du dérèglement climatique, ou encore en termes d'expansion spatiale. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas très rassurant. Certains auraient d'ailleurs pu aller plus loin, tant les perspectives que l'on entrevoit dès aujourd'hui ne sont pas bien engagées. Le vrai plus c'est, à ma connaissance, les débuts de certains en tant qu'auteurs complets, comme Malo Kerfriden, Mig ou Stéphane Perger. Je valide ces baptêmes, il y a de bonnes choses dans leurs récits.
Sur le plan graphique, tous sont au niveau de leurs meilleures productions. J'ai été surpris par le style de Mig, clairement inspiré de celui de Carlos Gimenez, pour une histoire vraiment surprenante.
Pas vraiment un biopic au sens où le parcours du personnage est un peu survolé, mais un univers dense et léger à la fois qui fait toucher du doigt la soif d'art de Camille Claudel.
Ce sont les images nébuleuses, créés par une sorte de pointillisme au crayon de couleur, qui nous enveloppent et nous intriguent. Le trait y a complètement disparu. Il ne reste que ces petites parcelles de lumières qui flottent dans les cases avec une précision étrange.
Il y a une parenté avec le dessin de Hymes dans La Loterie, cette nouvelle glaçante. Mais ici presque pas d'ombre grise, c'est finalement plus conforme à la théorie impressionniste. On peut aussi rapprocher la technique de celle de l'autrice d'"Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" mais Bishoff ombrait avec du violet qui finissait par tout envelopper. Ici pas de systématisme : les points se rassemblent dans une sorte de fragilité précise qui exprime bien le travail du personnage principal.
Camille Claudel, l'artiste maudite, née femme un peu trop tôt pour que son talent puisse être reconnu, est représenté dans une soif d'art, de mise en forme et de reconnaissance sociale qui lui restera interdite toute sa vie.
Mais le tragique reste au second plan : c'est la recherche de la forme et l'enthousiasme du personnage que cette BD reussit a nous faire toucher du doigt par cette image insaisissable et lumineuse. Bravo !
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Kaleïdos
Voilà donc un nouvel univers de fantasy à destination de la jeunesse chez Delcourt. Le gros atout de la série saute aux yeux dès la couverture : une profusion de couleurs, où végétaux et minéraux semblent se tailler la part du lion. Une impression qui se confirme à la lecture : Lucio Leoni et Emanuela Negrin (encreuse), aidés par 1Ver2Ânes aux couleurs, propose une palette visuelle très agréable, sans doute inspirée de nombreuses œuvres de planet fantasy, sans qu'aucune ne soit mise en avant plus que l'autre. J'aime bien les personnages sont remplacés par des tentacules, cela ajoute une belle dose d'imagination à cet univers débridé. Ayant lu les deux précédentes séries de mOTUS, j'étais impatient de découvrir celle-ci. Il s'agit pour l'heure d'un album d'exposition, qui nous donne un cadre, une situation, et quelques personnages principaux, avec déjà pas mal d'action. J'imagine que par la suite il va y en avoir pas mal, c'est l'un des crédos du scénariste. Le tome 2 fait bien avancer l'intrigue, le héros Jharzafat se retrouve dans une situation compliquée, avec un jeu d'alliances qui se modifie suite à une réception à la Cour que ne se passe pas comme prévu. Plusieurs personnages-clés font leur apparition dans ce second segment, ils viennent densifier l'histoire sans toutefois totalement se révéler. Côté dessin, c'est encore une fois magnifique, le travail sur les designs et les couleurs mérite à lui seul la lecture. Vite, la suite !
Les Contrées salées
Un conte qui a des qualités, mais qui ne m'a pas trop passionné ou touché. Je ne savais pas le genre de l'album lorsque je l'ai emprunté et j'étais surpris de voir que ce je prenais sur un roman graphique qui se passe durant le temps des pionniers s'est transformé en conte ! J'aime bien être surpris comme ça. Le scénario est pas mal, mais comme gruizzli je me suis parfois posé des questions sur des choix scénaristiques et lorsque j'ai refermé l'album j'ai ressenti une déception face à la fin. Vu que cela semble raconter le passer de l'enfance à l'âge adulte, je me demande si le public-cible n'est pas les ados. Le dessin me fait penser à du manga et heureusement ce style est mieux maitrisé que de ce que j'ai vu dans d'autres œuvres occidentales. Les couleurs sont belles. J'avais vraiment le sensation de regardé un film d'animation venu du Japon.
Tombé dans l'oreille d'un sourd
Un roman graphique qui montre comment le système peut être dur envers un enfant avec un handicap. Un des auteurs a des jumeaux qui ont des problèmes de santés et on va surtout focaliser sur celui qui est sourd. On va voir comment cette famille ne baisse pas les bras et font tous pour rendre la vie de ce fils sourd aussi facile que possible. Cela ne sera pas facile parce que la loi pour protéger les handicapés n'est pas toujours appliquée dans la gentille administration français et le père sera carrément victime d'un patron peu compréhensible qui en plus fait des trucs qui sont illégales, mais que sur le coups le père ne savait pas ! La lecture est fluide et agréable et l'histoire de cette famille est touchante. J’avoue que la plupart du temps j’étais même pas surpris de ce qui leur arrive tellement la bureaucratique est prévisible. Le dessin est pas mal.
Mentawaï !
Tiens c'est amusant, je viens juste de lire La Javanaise, et je reviens avec cette série en Indonésie, mais presque un siècle plus tard, avec un mélange de roman graphique et de documentaire (ce dernier aspect dominant). Je ne connaissais rien au sujet des Mentawaï. Si cet album a comblé en partie mes lacunes, j'ai quand même trouvé laborieuse cette lecture. D'abord parce que le rythme est lent, ces longueurs m'engourdissant quelque peu. Mais aussi parce que de très nombreux dialogues sont dans la langue locale. Parfois la traduction de certains mots se trouve directement dans les bulles (ce qui hache un peu la lecture). Reste que j'ai été surpris de voir que le tourisme, souvent dévastateur pour les cultures indigènes (ça l'est quand même un tout petit peu ici), et dans ce cas particulier vu comme un bouclier contre les actions de la dictature depuis les années 1970. Le dessin de Pendanx est très agréable, même si j'attendais plus de belles planches des immensités forestières.
La Javanaise
Une histoire qui part de l'espionne Mata Hari, pour arriver sur ses terres d'origine, dans les Indes néerlandaises au début du XXème siècle. C'est de l'aventure exotique, qui joue sur le contexte colonial, ça se laisse lire. Mais peu à peu fantastique et ésotérisme s'invitent et prennent de plus en plus de place. Je ne suis pas fan de ce type de choses. Surtout que l'intrigue elle-même est un peu décousue. J'ai fini ce diptyque avec un ressenti mitigé, mais en restant sur ma faim. Le dessin est globalement très bon, agréable et fluide (j'ai juste été décontenancé par le rendu des yeux qui donnent souvent l'impression que les personnages ont les larmes aux yeux). La colorisation est aussi agréable et lumineuse (même si elle lisse parfois trop les nuances et aspérités, sur certains visages en particulier).
L'Homme qui a séduit le soleil
Un album tout public, mais quand même à proposer en priorité à un jeune lectorat. En effet, j'ai trouvé l'intrigue en général, et pas mal de situations et de dialogues dans le détail trop "gentils ", naïfs à mon goût. C'est parfois presque édifiant. Et le dessin très appliqué de Liberge (dont je n'ai pas reconnu le travail - que je préfère ailleurs) accentue un peu ce côté "album enfantin ". Pour le reste, l'aventure un peu anecdotique et gentille de Gabriel est le prétexte pour rencontrer certains personnages importants de l'époque, Louis XIV; Molière; La Fontaine; Fouquet, D'Artagnan, etc. Et de présenter un moment charnière du règne du Roi Soleil, cette année 1661 où il va se débarrasser de Fouquet qui l'avait humilié avec sa fête à Vaux-le-Vicomte, pour inaugurer son brillant règne personnel. Mon ressenti personnel serait 2,5 (tendance 2), mais j'arrondis à 3 pour le jeune lectorat qui est clairement le seul visé (voir le dossier et les jeux en fin d'album).
#Nouveaucontact
Le récit est simple, tant dans le fond que dans la forme, mais surprenamment satisfaisant. Attention, ce n'est pas révolutionnaire pour autant, c'est même assez convenu je trouve. Disons que je ne m'attendais à rien mais que je suis agréablement surprise de trouver ça bon. Tout tourne autour du sujet des médias et des réseaux sociaux, de la déformation des informations et de la dégradation des situations causées par des populations toujours plus avides de sensationnel et de voyeurisme. Le sujet n'est pas nouveau mais, encore une fois, l'exécution est satisfaisante. On s'attache facilement au personnage principal, sorte d'ermite déjà un peu misanthrope avant le début de l'histoire, et les personnages secondaires (son ex notamment) sont également rapidement touchants. Je ne connaissais pas le travail de Duhamel avant cette lecture et j'en sors assez satisfaite (même si un petit peu déçue). Je constate après lecture des autres avis qu'il a un humour et une narration qui lui sont propres, je ne sais pas vraiment si j'ai réussi à les cerner ou en tout cas à les apprécier à leur juste valeur, mais je lirai sans doute ses autres créations si l'occasion se présente. Quant au dessin, sans qu'il m'ait profondément marquée, je l'ai trouvé assez joli et expressif.
Revoir Comanche
Je dois faire partie des rares membres de BDTheque qui n'ont lu ni Comanche, ni Jeremiah ni même Blueberry dans leur jeunesse ou après. Je n'avais donc pas d'attente particulière en dehors de mes attentes graphiques vis a vis de Romain Renard que j'avais découvert et apprécié avec Melvile Ce western revisité nous emmène dans une Amérique aussi poussiéreuse qu'intemporelle, où le passé et le présent se croisent à chaque détour. Plus qu’une simple relecture, cet album interroge les choix, les regrets, et glisse une réflexion sociale subtile sur la relation entre les Américains et les natifs. Une matière riche qui dépasse les codes classiques du genre. Les dessins captent d’emblée. Les scènes de brouillard ou de tempêtes de sable sont vraiment superbes avec un clair obscur parfaitement maîtrisé qui pose parfaitement le décor. Comme Mac Arthur, c'est plus le détourage des personnages qui m'a un peu gêné et j'ai eu cette même impression de personnages ajoutés après. Ce choix graphique demande un temps d’adaptation. Une fois passé ce cap, je me suis laissé porter par une mise en scène soignée et de superbes compositions d'images. Le scénario ne se contente pas de dérouler une histoire de cowboy vieillissant. Il construit un portrait en nuances, alternant entre action et introspection. Le rythme est bien dosé, les dialogues sonnent juste, et les thématiques sociales apportent une profondeur qui fait mouche. En conclusion, les quelques détails qui déconcertent n’entachent pas l’ensemble, qui fonctionne grâce à une narration solide et un univers visuel qui marque. Ça marche donc bien aussi sans avoir la référence complète à la série originale même si le mieux reste peut être de commencer par là.
2050
L'exercice d'un recueil de récits courts, qui plus est dans le genre de l'anticipation est la porte ouverte à des résultats très divers. Malgré la qualité intrinsèque des auteurs ici conviés, on n'échappe pas à cette tendance. Ils se sont amusés à imaginer ce que pourrait être un avenir pas très éloigné, sur le plan de la technologie, des relations sociales, de la modification génétique, du dérèglement climatique, ou encore en termes d'expansion spatiale. Le moins qu'on puisse dire c'est que ce n'est pas très rassurant. Certains auraient d'ailleurs pu aller plus loin, tant les perspectives que l'on entrevoit dès aujourd'hui ne sont pas bien engagées. Le vrai plus c'est, à ma connaissance, les débuts de certains en tant qu'auteurs complets, comme Malo Kerfriden, Mig ou Stéphane Perger. Je valide ces baptêmes, il y a de bonnes choses dans leurs récits. Sur le plan graphique, tous sont au niveau de leurs meilleures productions. J'ai été surpris par le style de Mig, clairement inspiré de celui de Carlos Gimenez, pour une histoire vraiment surprenante.
Camille Claudel - La création comme espace de liberté
Pas vraiment un biopic au sens où le parcours du personnage est un peu survolé, mais un univers dense et léger à la fois qui fait toucher du doigt la soif d'art de Camille Claudel. Ce sont les images nébuleuses, créés par une sorte de pointillisme au crayon de couleur, qui nous enveloppent et nous intriguent. Le trait y a complètement disparu. Il ne reste que ces petites parcelles de lumières qui flottent dans les cases avec une précision étrange. Il y a une parenté avec le dessin de Hymes dans La Loterie, cette nouvelle glaçante. Mais ici presque pas d'ombre grise, c'est finalement plus conforme à la théorie impressionniste. On peut aussi rapprocher la technique de celle de l'autrice d'"Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" mais Bishoff ombrait avec du violet qui finissait par tout envelopper. Ici pas de systématisme : les points se rassemblent dans une sorte de fragilité précise qui exprime bien le travail du personnage principal. Camille Claudel, l'artiste maudite, née femme un peu trop tôt pour que son talent puisse être reconnu, est représenté dans une soif d'art, de mise en forme et de reconnaissance sociale qui lui restera interdite toute sa vie. Mais le tragique reste au second plan : c'est la recherche de la forme et l'enthousiasme du personnage que cette BD reussit a nous faire toucher du doigt par cette image insaisissable et lumineuse. Bravo !