J'ai découvert cette Bd tout à fait par hasard, au gré des rayonnages en bibli, ça m'a plu dès l'ouverture du tome 1 au vu du graphisme, je me suis donc lancé dans cette lecture. C'est de la BD d'aventure contemporaine sur fond de géopolitique actuelle qui brasse des thématiques faisant souvent les échos des journaux télévisés. Disons que je reste dans la continuité de Blackline que j'ai lue dernièrement, c'est une optique un peu analogue, sauf que là, l'aspect humain est un peu plus mis en avant, on ne se soucie pas d'intérêt économique, et il y a aussi une vengeance derrière tout ça...
Une histoire de mercenaires, une mission non-officielle, des rançons d'otages détenus par des chefs de guerre, des terroristes, un salopard comme il doit en exister beaucoup qui négocie les rançons, le tout dans les déserts arabo-libyens ou d'Aghanistan, bref on est dans un environnement qui comme je le disais, nourrit les médias occidentaux, celui des conflits armés dans le monde arabe. Il y a même eu des films modernes sur ces sujets qui montraient des actions immersives comme le Royaume, Green Zone, Horse Soldiers ou Démineurs... donc même si le sujet ne me passionne pas outre mesure et que je suis peu familier de ces décors, je suis un peu au courant par ces films.
La Bd propose une immersion militaire grâce à un récit très réaliste et bien dosé qui nous plonge dans la dangerosité d'une approche à haute tension, et le dessin participe énormément à cette immersion. Fabio Pezzi, je me souviens pratiquement pas de son implication dans Alamo parce que je l'ai lu il y a trop longtemps, mais sur Down Under, je m'en souviens parfaitement, je qualifiais son dessin de racé et d'élégant, ici c'est pareil, il y a une application qui fait plaisir à voir, les éléments de décor sont peut-être un peu plus soignés que les personnages, mais c'est vraiment pour chipoter, le rendu graphique est de première qualité, Pezzi retranscrit bien les paysages arides d'Afghanistan, du Mali ou de Libye.
Le tome 1 sert surtout à installer cette ambiance chaotique et militaire en définissant soigneusement le contexte, tandis que le tome 2 déroule réellement l'intrigue avec la préparation de la mission et l'intervention du groupe paramilitaire ; ce tome s'avère évidemment plus rythmé, avec des scènes violentes, et propose une narration à forte tension bien entretenue, le tout est bien documenté sur cette actu brûlante et explosive, on sent que la scénariste est bien au courant de tout cet environnement géopolitique, le récit est très consistant et bien tenu du début à la fin. Je reproche juste un truc à ce diptyque à qui sans ça j'aurais donné les 4 étoiles : il se termine de façon trop abrupte sans nous donner certaines réponses qu'on était en droit d'attendre (espérons un autre diptyque qui réparera cette lacune). Mais dans l'ensemble, ça reste une bonne Bd, je me suis surpris à l'apprécier alors que d'ordinaire les actions militaires dans ces régions arides ne m'intéressent pas.
Après la très prometteuse BD Béatrice, Mertens nous revient avec ce roman graphique quelque peu décevant.
Les qualités sont toujours là et immenses : des illustrations et des couleurs parfois merveilleuses, une capacité à faire du décor un personnage quasi central de l'intrigue, l'économie de mots favorable à l'univers graphique... Mais il y a aussi cette banalité dans l'originalité : le parcours prévisible de ce loser est attendu des pages et des pages avant son dénouement, le charme redondant du coup du parapluie s'émousse davantage qu'il ne convainc, idem pour les numéros du loto, la lassitude vis-à-vis de l'insupportable nouveau collègue, etc. L'absurdité pathétique de la finitude du héros parachève l'impression générale de déjà-vu ; constater que ce pied-de-nez final d'une banalité confondante se présente telle une merveilleuse ironie du sort rendrait même plutôt amer. Mertens est capable de nous offrir un chef-d’œuvre ; s'entourer d'un scénariste pourrait l'y aider. Il serait triste d'en rester à ces seuls Béatrice & "Nettoyage à sec", au demeurant fort agréables à lire.
Joli roman graphique de Bonneau et Zidrou.
Le style charbonneux-chaleureux (mais parfois brouillon) de Bonneau influe comme toujours fortement sur l'intrigue, la rendant davantage vaporeuse que précise. Il faut accepter de ne suivre qu'une esquisse d'intrigue policière entremêlée à une délicate rencontre amoureuse. L'enquête importe moins que le portrait d'un homme fatigué par la vie mais encore animé d'une foi en l'humanité, malgré son quotidien souvent sordide d'inspecteur.
La beauté surgit parfois au détour d'une case, pour notre plus grand plaisir.
Ce qui saute aux yeux, c’est le dessin de Lawrence, parfois hyperréaliste. C’est alors entre Segrelles ou Jeronaton (mais en bien meilleur que ce dernier, en tout cas avec un rendu plus naturel !), mais avec des décors plus fouillés, un aspect moins lisse, moins artificiel je trouve. Mais ça s’adoucit parfois. En tout cas le dessin très classique et dynamique, fluide, agréable, colle parfaitement à ces récits d’aventures assez fourre-tout.
Fourre-tout, en effet, cette série pioche un peu partout (plus ou moins consciemment, je ne connais pas assez les auteurs).
Il y a un peu de Sylve parfois (par exemple dans le tome « L’enfer vert »), de la planète des singes. Ailleurs ce sera plus SF, avec souvent pas mal de Fantasy (créatures diverses), les décors sont très variés.
Globalement on ne s’ennuie pas trop, c’est rythmé, à l’ancienne, les rebondissements s’enchainent, comme si on craignait de perdre le lecteur en route au moindre temps mort.
Mais bon, les albums que j’ai lus (je ne suis pas allé au-delà des albums scénarisés par Matena) sont rapidement lassants. L’univers un peu (beaucoup parfois) kitsch, la répétition du schéma rencontre des méchants/« défaite des méchants » manque de surprise. Storm, tel Flash Gordon, est physiquement, moralement parfait, et Redhair (on ne s’est vraiment pas foulé pour son nom !) n’est généralement là que pour afficher sa plastique, et jouer la belle enlevée/à sauver, comme très souvent dans ce genre de bandes (voir Flash Gordon, ou, dans le même genre, Le Rayon U).
Le mélange de modernité et de mondes frustres a aussi souvent été traité. Et, comme ici, avec un truc qui me gêne souvent, à savoir une régression trop forte par rapport au temps réellement écoulé.
Un ou deux albums peuvent être distrayants à la lecture, mais ils ne sont pas faciles à dégotter. En tout cas je ne suis pas fan de cette série, qui fait son âge (peut-être même un peu plus !).
Note réelle 2,5/5.
Étrange album que celui-ci, avec une histoire assez inclassable, qui mélange allègrement des genres très différents.
En effet, ça démarre comme une chronique ordinaire de gens ordinaires, un homme et une femme qui se lancent dans un mariage foireux, qui foire. Avec un troisième larron, le frère de la dame, omniprésent, avec une personnalité ambigüe.
Puis une couche s’ajoute, avec un passage progressif à un thriller improbable, le type et son beauf montant une affaire de tueurs à la petite semaine.
Enfin, comme un fil rouge, initié par le titre, on a aussi une critique assez noire de la mondialisation, des délocalisations et autres « dégraissages » financiers.
L’ensemble est parfois un peu bancal, mais globalement la lecture est agréable, aidée en cela par un dessin simple et fluide, la colorisation, ocre et terne, étant raccord avec le ton général de l’intrigue.
Le résultat du mélange des genres est intéressant, assez dynamique, même si du coup on peut ressortir frustré qu’aucun ne soit trop développé.
Le dessin est très dense, les planches sont très chargées. Impression renforcée par la quasi absence de limite, d’espace, entre les « cases ». On est donc un peu saturé, surtout que les dix premières planches nous montrent une bataille, sorte de gigantesque mêlée dans laquelle les combattants s’entretuent, dans un maelstrom pas toujours clair (dans un style certes différent, ça m’a un peu fait penser au Druillet de Salammbô).
Mais globalement le dessin est plutôt chouette, et assez original pour le genre fantasy, assez loin du style passe-partout de chez Soleil par exemple.
On entre de plain-pied dans l’action donc, il n’y a pas de longue séquence de présentation. Cela donne donc du rythme – même si du coup la psychologie des personnages est un peu mise en retrait.
La suite du premier tome est plus « calme », tournant aux joutes verbales entre certains protagonistes (quelques pointes d'humour), les dialogues prennent alors le pas sur les images – qui restent belles.
L’action reprend dans le second tome, alors que le dessin est encore très chouette, avec des planches dont les décors sont somptueux (et j’aime bien la colorisation, sombre, où un rouge volcanique domine).
Mais, hélas, le lecteur est laissé en plan à la fin de ce second tome, l’histoire et la série étant abandonnées. C’est bien dommage (je me voyais bien mettre une étoile supplémentaire).
Un autre album de la collection dirigé par le controversé Stéphane Bourgoin et disons que ça présence m'a plus agacé qu'avec le one-shot sur Ted Bundy.
Déjà dès le départ sur la quatrième de couverture on nous dit que Bourgoin a rencontré Edmund Kemper ce qui est peut-être le cas, mais comme il a tellement menti, c'est un peu difficile de démêler le vrai du faux (et franchement j'ai autre chose à foutre de ma vie). Alors qu'il y avait rien de ce genre pour Ted Bundy, indiquant que la rencontre entre l'intervieweur et Bundy était fictive et seulement un procédé narratif, là ça donne l'impression que tout ce qui s'est passé dans le livre est arrivé pour de vrai. Surtout qu'alors que dans l'album sur Bundy, l'intervieweur était effacé et faisait juste poser des questions et discuter avec Bundy, ici il y a des trucs comme Kemper qui dit qu'il connait très bien la très bonne réputation du double fictif de Bourgoin et qui va carrément lui dire un truc qu'il n'a apparemment jamais dit à personne avant. Bon, ce genre de trucs qui arrive juste trois-quatre fois durant 120 pages, mais c'est le genre de petits détails qui gâchent mon plaisir de lecture.
Sinon, ça se laisse lire si on est passionné par les histoires de tueurs en séries. Le problème est qu'à la longue ils finissent tous par se rassembler un peu et hormis le fait qu'il a été arrêté pour avoir tué ses grands-parents durant son adolescence, le parcours de Kemper comporte tous les clichés du genre: enfance malheureuse avec toutes les femmes de sa famille, qui sont des vraies harpies (expliquant pourquoi plus tard il attaque des femmes et a fini par buter sa mère), des pulsions sexuelles malsaines développées durant l'enfance, mutilations d'animaux, choix méthodiques des victimes, etc et etc. Cela n'est pas comme Ted Bundy qui lui sort du lot parce qu'il a eu une jeunesse relativement normale (hormis la situation avec ses parents) et qu'on a l'impression qu'avec son intelligence et son charisme il aurait pu avoir une bonne vie et qu'il a aucune 'excuse' pour devenir un tueur.
Le graphisme est correct. À emprunter.
Mon premier Marvel Noir et le plaisir de retrouver Matt Murdock.
Le quartier Hell's Kitchen dans les années trente, une guerre des gangs se prépare entre le Caïd et Orville avec au milieu une belle jeune femme intriguante, Eliza.
Ce DareDevil Noir nous plonge dans les ruelles sordides de Hell's Kitchen où manipulation et trahison seront au rendez-vous. Qui sera le plus fort à ce jeu de dupes ?
Un scénario maîtrisé et bien ficelé, mais j'ai eu un peu de mal avec cette histoire "d'amour" à sens unique, elle est un peu tirée par les cheveux. Les rebondissements seront nombreux et je n'ai pas vu venir la révélation sur l'identité de ce tueur à gages.
La narration avec la voix off de Daredevil m'a fait penser à certains Batman, elle apporte une touche diabolique au récit même si parfois elle est un peu lourde.
Le dessin de Tomm Coker ne fait qu'accentuer la noirceur de ce polar, il maîtrise parfaitement les jeux d'ombres et son trait précis et détaillé est superbe. La colorisation est sombre à souhait et la mise en page n'est pas en reste.
Le point fort de ce comics.
Une lecture plaisante, mais pas franchement inoubliable.
J'hésite un peu sur la note, parce que j'en ai une vision plutôt négative, mais indéniablement, je passe un assez bon moment quand je suis plongé dans cet univers. C'est de là que vient tout le problème de cette saga : son univers est plutôt séduisant, mais son scénario est inepte.
Scénaristiquement, je trouve Crusaders extrêmement faible, car finalement, les fils du récit sont très classiques, mais Christophe Bec nous sort des dialogues incroyablement verbeux pour essayer de déguiser cette simplicité scénaristique. Sérieusement, il y a certains dialogues où j'ai eu envie de refermer la BD tellement je trouvais ça absurde et sans aucun intérêt. A force de vouloir faire complexe, Bec nous balance plein de longs mots pseudo-scientifiques à la suite pour égarer son lecteur. Alors oui, ça marche, mais une fois que le lecteur est paumé, qu'est-ce qui devrait le forcer à continuer la saga ? C'est quand même se tirer une balle dans le pied...
Pour ma part, ce qui m'a convaincu de continuer, c'est le dessin de Carvalho. Il est d'une très belle rigueur, ample et grandiose à la fois, et il crée une atmosphère fascinante. Alors ça ne compense pas toujours les dialogues bavards, mais Carvalho réussit régulièrement à nous plonger dans son univers avec une très grande aisance. Et finalement, on revient au problème mentionné ci-dessus : l'univers de Crusaders est bon. Le premier tome nous immisce bien dans cet univers construit et réfléchi, malgré son ton grandiloquent.
Mais peu à peu, cette grandiloquence prend le pas et dévore beaucoup de choses. A force de nous parler de créatures de plusieurs centaines de mètres, qui ont des millions voire des milliards d'avance technologique sur nous, et qui habitent dans une structure de plusieurs milliards de kilomètres, en voulant éradiquer des microbes microscopiques qui ont la capacité de détruire l'univers entier, on se sent un peu out...
Donc point positif, c'est grandiose. Point négatif : c'est grandiloquent. Mais malgré tout ça, je dois dire qu'aucun des 4 tomes ne m'a rebuté au point de dire stop. Finalement, on peut aussi se laisser prendre par ce côté un peu ludique du jeu instauré par Christophe Bec en mode "quelle race extraterrestre vais-je encore découvrir ?" et surtout "quelle est la prochaine race qui va trahir l'alliance ?". Il instaure juste ce qu'il faut d'énigme pour qu'on ait envie d'en savoir plus et de savoir comment tout ça va se dérouler. Enfin, on en a envie, mais sans impatience non plus... Disons que ça rend cette série lisible à défaut d'être captivante.
Je n’ai pas tout aimé, et n’ai pas non plus forcément tout compris dans ce petit album. Mais je suis suffisamment réceptif à la fraicheur, la liberté de ton, à l’absurde très présents ici, pour finalement avoir apprécié cette lecture.
L’ensemble est certes inégal (au niveau des récits et du dessin d’Alfred), mais ces « brèves de comptoir » nous font découvrir un univers populaire sous un jour poétique fortement teinté d’absurde, et quelques touches de surréalisme (le nom des personnages, certaines péripéties) – du Topor quoi !
Les dernières planches laissent à penser qu’Alfred a voulu rendre un hommage à Topor, son œuvre inclassable, présentée comme immortelle.
Une lecture à redécouvrir si vous êtes curieux d’un certain anticonformisme et si vous n’êtes pas rétif à un univers absurde et poétique.
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Tiago Solan
J'ai découvert cette Bd tout à fait par hasard, au gré des rayonnages en bibli, ça m'a plu dès l'ouverture du tome 1 au vu du graphisme, je me suis donc lancé dans cette lecture. C'est de la BD d'aventure contemporaine sur fond de géopolitique actuelle qui brasse des thématiques faisant souvent les échos des journaux télévisés. Disons que je reste dans la continuité de Blackline que j'ai lue dernièrement, c'est une optique un peu analogue, sauf que là, l'aspect humain est un peu plus mis en avant, on ne se soucie pas d'intérêt économique, et il y a aussi une vengeance derrière tout ça... Une histoire de mercenaires, une mission non-officielle, des rançons d'otages détenus par des chefs de guerre, des terroristes, un salopard comme il doit en exister beaucoup qui négocie les rançons, le tout dans les déserts arabo-libyens ou d'Aghanistan, bref on est dans un environnement qui comme je le disais, nourrit les médias occidentaux, celui des conflits armés dans le monde arabe. Il y a même eu des films modernes sur ces sujets qui montraient des actions immersives comme le Royaume, Green Zone, Horse Soldiers ou Démineurs... donc même si le sujet ne me passionne pas outre mesure et que je suis peu familier de ces décors, je suis un peu au courant par ces films. La Bd propose une immersion militaire grâce à un récit très réaliste et bien dosé qui nous plonge dans la dangerosité d'une approche à haute tension, et le dessin participe énormément à cette immersion. Fabio Pezzi, je me souviens pratiquement pas de son implication dans Alamo parce que je l'ai lu il y a trop longtemps, mais sur Down Under, je m'en souviens parfaitement, je qualifiais son dessin de racé et d'élégant, ici c'est pareil, il y a une application qui fait plaisir à voir, les éléments de décor sont peut-être un peu plus soignés que les personnages, mais c'est vraiment pour chipoter, le rendu graphique est de première qualité, Pezzi retranscrit bien les paysages arides d'Afghanistan, du Mali ou de Libye. Le tome 1 sert surtout à installer cette ambiance chaotique et militaire en définissant soigneusement le contexte, tandis que le tome 2 déroule réellement l'intrigue avec la préparation de la mission et l'intervention du groupe paramilitaire ; ce tome s'avère évidemment plus rythmé, avec des scènes violentes, et propose une narration à forte tension bien entretenue, le tout est bien documenté sur cette actu brûlante et explosive, on sent que la scénariste est bien au courant de tout cet environnement géopolitique, le récit est très consistant et bien tenu du début à la fin. Je reproche juste un truc à ce diptyque à qui sans ça j'aurais donné les 4 étoiles : il se termine de façon trop abrupte sans nous donner certaines réponses qu'on était en droit d'attendre (espérons un autre diptyque qui réparera cette lacune). Mais dans l'ensemble, ça reste une bonne Bd, je me suis surpris à l'apprécier alors que d'ordinaire les actions militaires dans ces régions arides ne m'intéressent pas.
Nettoyage à sec
Après la très prometteuse BD Béatrice, Mertens nous revient avec ce roman graphique quelque peu décevant. Les qualités sont toujours là et immenses : des illustrations et des couleurs parfois merveilleuses, une capacité à faire du décor un personnage quasi central de l'intrigue, l'économie de mots favorable à l'univers graphique... Mais il y a aussi cette banalité dans l'originalité : le parcours prévisible de ce loser est attendu des pages et des pages avant son dénouement, le charme redondant du coup du parapluie s'émousse davantage qu'il ne convainc, idem pour les numéros du loto, la lassitude vis-à-vis de l'insupportable nouveau collègue, etc. L'absurdité pathétique de la finitude du héros parachève l'impression générale de déjà-vu ; constater que ce pied-de-nez final d'une banalité confondante se présente telle une merveilleuse ironie du sort rendrait même plutôt amer. Mertens est capable de nous offrir un chef-d’œuvre ; s'entourer d'un scénariste pourrait l'y aider. Il serait triste d'en rester à ces seuls Béatrice & "Nettoyage à sec", au demeurant fort agréables à lire.
Les Brûlures
Joli roman graphique de Bonneau et Zidrou. Le style charbonneux-chaleureux (mais parfois brouillon) de Bonneau influe comme toujours fortement sur l'intrigue, la rendant davantage vaporeuse que précise. Il faut accepter de ne suivre qu'une esquisse d'intrigue policière entremêlée à une délicate rencontre amoureuse. L'enquête importe moins que le portrait d'un homme fatigué par la vie mais encore animé d'une foi en l'humanité, malgré son quotidien souvent sordide d'inspecteur. La beauté surgit parfois au détour d'une case, pour notre plus grand plaisir.
Storm
Ce qui saute aux yeux, c’est le dessin de Lawrence, parfois hyperréaliste. C’est alors entre Segrelles ou Jeronaton (mais en bien meilleur que ce dernier, en tout cas avec un rendu plus naturel !), mais avec des décors plus fouillés, un aspect moins lisse, moins artificiel je trouve. Mais ça s’adoucit parfois. En tout cas le dessin très classique et dynamique, fluide, agréable, colle parfaitement à ces récits d’aventures assez fourre-tout. Fourre-tout, en effet, cette série pioche un peu partout (plus ou moins consciemment, je ne connais pas assez les auteurs). Il y a un peu de Sylve parfois (par exemple dans le tome « L’enfer vert »), de la planète des singes. Ailleurs ce sera plus SF, avec souvent pas mal de Fantasy (créatures diverses), les décors sont très variés. Globalement on ne s’ennuie pas trop, c’est rythmé, à l’ancienne, les rebondissements s’enchainent, comme si on craignait de perdre le lecteur en route au moindre temps mort. Mais bon, les albums que j’ai lus (je ne suis pas allé au-delà des albums scénarisés par Matena) sont rapidement lassants. L’univers un peu (beaucoup parfois) kitsch, la répétition du schéma rencontre des méchants/« défaite des méchants » manque de surprise. Storm, tel Flash Gordon, est physiquement, moralement parfait, et Redhair (on ne s’est vraiment pas foulé pour son nom !) n’est généralement là que pour afficher sa plastique, et jouer la belle enlevée/à sauver, comme très souvent dans ce genre de bandes (voir Flash Gordon, ou, dans le même genre, Le Rayon U). Le mélange de modernité et de mondes frustres a aussi souvent été traité. Et, comme ici, avec un truc qui me gêne souvent, à savoir une régression trop forte par rapport au temps réellement écoulé. Un ou deux albums peuvent être distrayants à la lecture, mais ils ne sont pas faciles à dégotter. En tout cas je ne suis pas fan de cette série, qui fait son âge (peut-être même un peu plus !). Note réelle 2,5/5.
La Faute aux Chinois
Étrange album que celui-ci, avec une histoire assez inclassable, qui mélange allègrement des genres très différents. En effet, ça démarre comme une chronique ordinaire de gens ordinaires, un homme et une femme qui se lancent dans un mariage foireux, qui foire. Avec un troisième larron, le frère de la dame, omniprésent, avec une personnalité ambigüe. Puis une couche s’ajoute, avec un passage progressif à un thriller improbable, le type et son beauf montant une affaire de tueurs à la petite semaine. Enfin, comme un fil rouge, initié par le titre, on a aussi une critique assez noire de la mondialisation, des délocalisations et autres « dégraissages » financiers. L’ensemble est parfois un peu bancal, mais globalement la lecture est agréable, aidée en cela par un dessin simple et fluide, la colorisation, ocre et terne, étant raccord avec le ton général de l’intrigue. Le résultat du mélange des genres est intéressant, assez dynamique, même si du coup on peut ressortir frustré qu’aucun ne soit trop développé.
Broz
Le dessin est très dense, les planches sont très chargées. Impression renforcée par la quasi absence de limite, d’espace, entre les « cases ». On est donc un peu saturé, surtout que les dix premières planches nous montrent une bataille, sorte de gigantesque mêlée dans laquelle les combattants s’entretuent, dans un maelstrom pas toujours clair (dans un style certes différent, ça m’a un peu fait penser au Druillet de Salammbô). Mais globalement le dessin est plutôt chouette, et assez original pour le genre fantasy, assez loin du style passe-partout de chez Soleil par exemple. On entre de plain-pied dans l’action donc, il n’y a pas de longue séquence de présentation. Cela donne donc du rythme – même si du coup la psychologie des personnages est un peu mise en retrait. La suite du premier tome est plus « calme », tournant aux joutes verbales entre certains protagonistes (quelques pointes d'humour), les dialogues prennent alors le pas sur les images – qui restent belles. L’action reprend dans le second tome, alors que le dessin est encore très chouette, avec des planches dont les décors sont somptueux (et j’aime bien la colorisation, sombre, où un rouge volcanique domine). Mais, hélas, le lecteur est laissé en plan à la fin de ce second tome, l’histoire et la série étant abandonnées. C’est bien dommage (je me voyais bien mettre une étoile supplémentaire).
Edmund Kemper
Un autre album de la collection dirigé par le controversé Stéphane Bourgoin et disons que ça présence m'a plus agacé qu'avec le one-shot sur Ted Bundy. Déjà dès le départ sur la quatrième de couverture on nous dit que Bourgoin a rencontré Edmund Kemper ce qui est peut-être le cas, mais comme il a tellement menti, c'est un peu difficile de démêler le vrai du faux (et franchement j'ai autre chose à foutre de ma vie). Alors qu'il y avait rien de ce genre pour Ted Bundy, indiquant que la rencontre entre l'intervieweur et Bundy était fictive et seulement un procédé narratif, là ça donne l'impression que tout ce qui s'est passé dans le livre est arrivé pour de vrai. Surtout qu'alors que dans l'album sur Bundy, l'intervieweur était effacé et faisait juste poser des questions et discuter avec Bundy, ici il y a des trucs comme Kemper qui dit qu'il connait très bien la très bonne réputation du double fictif de Bourgoin et qui va carrément lui dire un truc qu'il n'a apparemment jamais dit à personne avant. Bon, ce genre de trucs qui arrive juste trois-quatre fois durant 120 pages, mais c'est le genre de petits détails qui gâchent mon plaisir de lecture. Sinon, ça se laisse lire si on est passionné par les histoires de tueurs en séries. Le problème est qu'à la longue ils finissent tous par se rassembler un peu et hormis le fait qu'il a été arrêté pour avoir tué ses grands-parents durant son adolescence, le parcours de Kemper comporte tous les clichés du genre: enfance malheureuse avec toutes les femmes de sa famille, qui sont des vraies harpies (expliquant pourquoi plus tard il attaque des femmes et a fini par buter sa mère), des pulsions sexuelles malsaines développées durant l'enfance, mutilations d'animaux, choix méthodiques des victimes, etc et etc. Cela n'est pas comme Ted Bundy qui lui sort du lot parce qu'il a eu une jeunesse relativement normale (hormis la situation avec ses parents) et qu'on a l'impression qu'avec son intelligence et son charisme il aurait pu avoir une bonne vie et qu'il a aucune 'excuse' pour devenir un tueur. Le graphisme est correct. À emprunter.
Daredevil Noir
Mon premier Marvel Noir et le plaisir de retrouver Matt Murdock. Le quartier Hell's Kitchen dans les années trente, une guerre des gangs se prépare entre le Caïd et Orville avec au milieu une belle jeune femme intriguante, Eliza. Ce DareDevil Noir nous plonge dans les ruelles sordides de Hell's Kitchen où manipulation et trahison seront au rendez-vous. Qui sera le plus fort à ce jeu de dupes ? Un scénario maîtrisé et bien ficelé, mais j'ai eu un peu de mal avec cette histoire "d'amour" à sens unique, elle est un peu tirée par les cheveux. Les rebondissements seront nombreux et je n'ai pas vu venir la révélation sur l'identité de ce tueur à gages. La narration avec la voix off de Daredevil m'a fait penser à certains Batman, elle apporte une touche diabolique au récit même si parfois elle est un peu lourde. Le dessin de Tomm Coker ne fait qu'accentuer la noirceur de ce polar, il maîtrise parfaitement les jeux d'ombres et son trait précis et détaillé est superbe. La colorisation est sombre à souhait et la mise en page n'est pas en reste. Le point fort de ce comics. Une lecture plaisante, mais pas franchement inoubliable.
Crusaders
J'hésite un peu sur la note, parce que j'en ai une vision plutôt négative, mais indéniablement, je passe un assez bon moment quand je suis plongé dans cet univers. C'est de là que vient tout le problème de cette saga : son univers est plutôt séduisant, mais son scénario est inepte. Scénaristiquement, je trouve Crusaders extrêmement faible, car finalement, les fils du récit sont très classiques, mais Christophe Bec nous sort des dialogues incroyablement verbeux pour essayer de déguiser cette simplicité scénaristique. Sérieusement, il y a certains dialogues où j'ai eu envie de refermer la BD tellement je trouvais ça absurde et sans aucun intérêt. A force de vouloir faire complexe, Bec nous balance plein de longs mots pseudo-scientifiques à la suite pour égarer son lecteur. Alors oui, ça marche, mais une fois que le lecteur est paumé, qu'est-ce qui devrait le forcer à continuer la saga ? C'est quand même se tirer une balle dans le pied... Pour ma part, ce qui m'a convaincu de continuer, c'est le dessin de Carvalho. Il est d'une très belle rigueur, ample et grandiose à la fois, et il crée une atmosphère fascinante. Alors ça ne compense pas toujours les dialogues bavards, mais Carvalho réussit régulièrement à nous plonger dans son univers avec une très grande aisance. Et finalement, on revient au problème mentionné ci-dessus : l'univers de Crusaders est bon. Le premier tome nous immisce bien dans cet univers construit et réfléchi, malgré son ton grandiloquent. Mais peu à peu, cette grandiloquence prend le pas et dévore beaucoup de choses. A force de nous parler de créatures de plusieurs centaines de mètres, qui ont des millions voire des milliards d'avance technologique sur nous, et qui habitent dans une structure de plusieurs milliards de kilomètres, en voulant éradiquer des microbes microscopiques qui ont la capacité de détruire l'univers entier, on se sent un peu out... Donc point positif, c'est grandiose. Point négatif : c'est grandiloquent. Mais malgré tout ça, je dois dire qu'aucun des 4 tomes ne m'a rebuté au point de dire stop. Finalement, on peut aussi se laisser prendre par ce côté un peu ludique du jeu instauré par Christophe Bec en mode "quelle race extraterrestre vais-je encore découvrir ?" et surtout "quelle est la prochaine race qui va trahir l'alliance ?". Il instaure juste ce qu'il faut d'énigme pour qu'on ait envie d'en savoir plus et de savoir comment tout ça va se dérouler. Enfin, on en a envie, mais sans impatience non plus... Disons que ça rend cette série lisible à défaut d'être captivante.
Café Panique
Je n’ai pas tout aimé, et n’ai pas non plus forcément tout compris dans ce petit album. Mais je suis suffisamment réceptif à la fraicheur, la liberté de ton, à l’absurde très présents ici, pour finalement avoir apprécié cette lecture. L’ensemble est certes inégal (au niveau des récits et du dessin d’Alfred), mais ces « brèves de comptoir » nous font découvrir un univers populaire sous un jour poétique fortement teinté d’absurde, et quelques touches de surréalisme (le nom des personnages, certaines péripéties) – du Topor quoi ! Les dernières planches laissent à penser qu’Alfred a voulu rendre un hommage à Topor, son œuvre inclassable, présentée comme immortelle. Une lecture à redécouvrir si vous êtes curieux d’un certain anticonformisme et si vous n’êtes pas rétif à un univers absurde et poétique.