La série la plus récente d'Aka Akasaka débarque en français et je dois dire que ce premier tome m'a un peu déçu au début.
Il faut dire que je pense que j'avais de trop grosses attentes parce que j'aime bien les deux grosses séries de cet auteur complet devenu maintenant scénariste seulement et je pensais que j'allais immédiatement adorer celle-ci aussi. Le point de départ est que deux ados qui ont des sentiments envers l'autre ne savent pas quoi faire alors ils font appel à la même agence sans le savoir qu'ils ont tous les deux un coach qui les aide dans leur histoire romantique. Et comme le scénario est d'Akasaka, c'est aussi une comédie romantique avec du drame.
J'ai trouvé que niveau humour c'était correct, mais je n'ai pas rigolé. Je n'étais pas trop fan des personnages (il faut dire que le personnage principal masculin est un peu agaçant) et l'histoire ne me captivait pas trop, mais après les premiers chapitres qui développent bien la situation, j'ai commencé à trouver qu'il y avait des éléments intéressants qui s'ajoutaient à l'intrigue et les derniers chapitres m'ont un peu passionné et là j'ai envie de connaitre la suite. Si le second tome est aussi bien, je pense que je vais augmenter ma note à 4 étoiles.
Une bande dessinée pour ados, qui se lit tout aussi bien pour un adulte.
Généralement les bd pour ados c'est moyennement ma tasse de thé. Avec celle ci j'ai bien accroché.
Les dessins déjà et la fluidité de l'histoire.
En dehors de la méchante professeur raciste qui espionne les élèves, que j'ai trouvé peu vraisemblable et peu crédible, l'ensemble se tiens bien.
On sent la fibre adolescente au travers de l'histoire et c'est je crois que c'est ce que j'ai le plus apprécié.
Petit bémol également sur le côté "bobo de gauche" de l'histoire et des personnages, mais rien de bien méchant.
Une bd franchement chouette pour vos ados et peut être pour vous même !
Mouais.
Si j’ai lu l’album sans réel déplaisir, je n’ai pas trouvé l’histoire emballante.
J’avais lu il y a un certain temps Little Tulip, mais j’avais déjà été moins intéressé par la partie se déroulant aux États-Unis (celle se déroulant au goulag m’avait davantage captivé). Ici, mis à part quelques très rares flash-backs, on reste à New-York, dans un récit polar finalement très classique, sans trop de surprises, si ce n’est cette femme barjot, plus ou moins sorcière ou vampire.
Les parties fantastiques (sur la fin), les passages avec Mama paradis ou l’Albatros, tout ça ne m’a pas convaincu (quelques facilités – voir un cul-de-jatte escalader les immeubles et se mouvoir presque plus vite qu’un valide !?).
Le dessin de Boucq est bon, même si je ne suis pas fan de certains visages (féminins en particulier et des carrures imposantes données à presque tout le monde – y compris ceux ne faisant pas du body-building comme l’héroïne).
Note réelle 2,5/5.
Un polar étonnant, étouffant qui, même si mêle plusieurs époques et plusieurs groupes d’individus, se déroule dans un quasi huis-clos, dans un quartier de banlieue, voire même dans un seul immeuble, promis à la démolition (la lutte des derniers habitants face à la police venue les déloger sert même de fil rouge au récit).
Du coup il n’y a pas beaucoup d’action. Même si le récit est très noir, avec une montée en tension jusqu’aux explosions finales, à tous les niveaux des récits parallèles.
Si je suis un peu moins enthousiaste que mes prédécesseurs, j’ai trouvé que les parties obscures de l’intrigue s’éclairaient en se complétant sur la fin. Et j’ai bien aimé dessin et colorisation.
Note réelle 3,5/5.
On peut reprocher à cet album d’être un peu trop linéaire, mais surtout « scolaire », dans le ton employé, mais aussi parfois dans les textes, les commentaires accompagnant les moments importants de la vie de Nelson Mandela.
Mais il n’en reste pas moins intéressant, et finalement très lisible. On apprend en tout cas à bien connaître le bonhomme (je ne connaissais pas sa vie avant son incarcération au début des années 1960). Cela permet de mieux comprendre le cheminement intellectuel de Mandela, ses modèles pour l’action, alors qu’il commence à basculer, avant d’être définitivement arrêté, de la non-violence à l’action violente.
Il faut dire que le régime d’Apartheid ne lui laissait pas d’autres choix, et qu’il devait faire face à la violence policière, à la persécution judiciaire.
C’est en tout cas quelqu’un qui a fait preuve de courage, de persévérance, qui n’a jamais trahi ses idéaux de jeunesse, et qui a su, alors que l’Histoire basculait du bon côté le concernant, faire preuve de clairvoyance et d’une autre forme de courage pour faire en sorte que la transition politique se fasse de manière là encore pacifique.
Une biographie un peu convenue, mais pas si désagréable, qui met en lumière une belle personne.
Des courtes aventures du quotidien (cinq pages pour chaque histoire), une petite sorcière débrouillarde mais parfois gaffeuse, du fantastique gentillet et des petits récits plein de positivités, pas de doute : nous sommes ici dans une première lecture.
Les aventures de Zouk sont mignonettes, ne cherchent pas nécessairement à inculquer une leçon ou une morale (si ce n'est d'écouter ses parents et de ne pas faire trop de bêtises) et visent principalement le divertissement enfantin.
La lecture ne m'a pas transcendée, mais il faut dire qu'avec rare exception les lectures de primo-jeunesse ne sont pas celles qui me parlent le plus.
Une bonne série dans son genre tout de même, je pense.
C'est une histoire touchante sur la jeunesse, l'estime de soi, notre rapport à notre apparence et à ce que les autres perçoivent de nous. Les petites reines sont les trois "boudins de l'année", une cérémonie organisée par des camarades de classe visant à noter et classer les filles les plus moches du bahut. Face à cette cruauté typique de cet âge-là, nos trois jeunes filles prennent contact et décident de se lancer dans un pari audacieux : faire une épopée à vélo cet été pour vendre des boudins. L'étape finale ? L'Élysée, car Mireille (boudin de bronze) compte bien apprendre son existence à son père qui ne la jamais connu et à qui elle en veut.
Un road trip plein de positivité, des protagonistes imparfaites mais si humaines, qui mûrissent aussi, un propos sur le harcèlement et l'estime de soi, ... c'est touchant.
L'album ne m'a pas nécessairement transcendée et j'ai presque honte de ne lui donner QUE 3 étoiles, parce qu'encore une fois je lui reconnais beaucoup de qualités. Donc 3 étoiles, pour refléter mon appréciation positive mais modérée de l'œuvre. Œuvre qui reste bien, hein, j'insiste.
Le dessin de Magali Le Huche n'est pas forcément ma came mais je lui reconnais d'être quand-même assez joli.
Je n'ai pas lu le roman dont l'album est adapté, je ne pourrais donc en toute logique pas parlé du travail d'adaptation en lui-même.
Enième adaptation du conte de Dickens que je vois/lis, celle-ci se démarque par trois points essentiels.
Le premier est le dessin de Munuera qui est toujours très bon et qui réussit ici à éviter ses petits tics de personnages trop dynamiques. Il adopte le même style que dans Bartleby, le scribe ou dans Peter Pan de Kensington à savoir des personnages très expressifs et proches de l'animation posés sur des décors plus réalistes mais très brumeux. C'est une belle esthétique et il n'y a vraiment aucun reproche à faire sur le plan technique et de la beauté du trait. Je note en particulier la justesse des expressions de Scrooge, notamment pour faire transparaitre une once de doute sous sa carapace de certitude. Mais il en ressort tout de même à mes yeux une impression de manque de profondeur, comme des décors plats de théâtre et un rendu légèrement claustrophobique.
Le second point est le choix d'avoir fait de Scrooge une femme. Si sur le fond humaniste, je comprends parfaitement que la psychologie d'un genre ou d'un autre puisse être la même dans le cas de cette histoire, c'est plus l'incongruité historique qui m'a troublé, celle de voir une femme tenir le rôle d'une riche financière solitaire et détestée de tous dans une Angleterre Victorienne qui, dans la réalité, n'aurait jamais toléré ça. En outre, Munuera la représente comme une femme relativement jeune, plutôt belle et très élégante, ce qui se démarque trop du personnage de vieux bougon du Ebenezer Scrooge auquel je suis habitué. Ce choix permet toutefois à l'auteur d'introduire quelques sujets de réflexion supplémentaires à ceux de Dickens, notamment sur la place des femmes et de ce que la société attend d'elle.
Et enfin, dernier point, Munuera a fait le choix d'un développement de personnage et du conte en lui-même sensiblement différent. Là où le Scrooge de Dickens réalise peu à peu ses erreurs et change par la force du remord et de la leçon apportée par les spectres, celle de Munuera reste sur ses positions jusqu'au bout et c'est par défi envers Dieu et ses spectres qu'elle va finalement agir pour le Bien. L'esprit du conte est déformé vers quelque chose de différent, pas forcément plus bête mais juste un peu surprenant. Je n'ai toutefois pas bien ressenti la montée en puissance vers le point de changement, ce qui a finalement amené Scrooge à décider de changer radicalement de façon d'agir, puisque pas de façon de penser. Entre la fin de la visite du troisième spectre et l'épilogue de l'histoire, il y a comme une rupture que les pages précédentes du récit n'explique pas aussi bien que dans le conte original.
Outre son très bon graphisme, Munuera apporte donc sa propre touche au conte de Dickens, ce qui est heureux car une simple redite du conte trop connu m'aurait ennuyé et ce qui introduit des changements pas bêtes, amenant leurs propres sujets de réflexion, même si certains éléments m'ont un peu troublé et pas entièrement convaincu.
Toutes ces horreurs commises… Et ce n’étaient malheureusement que des hommes…
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Cédric Apikian pour le scénario, par Denis Rodier pour les dessins, et Elise Follin pour les couleurs. Il se termine avec un dossier de quatorze pages, réalisé par Nicolas Ferard, constitué pour un tiers de photographie d’archives. Il comprend cent-trente-cinq pages de bande dessinée. Un autocollant met en avant que le scénariste a également écrit La Ballade du soldat Odawaa (2019) réalisé avec Christian Rossi, et le dessinateur est celui de La Bombe (2020) scénarisé par Alcante (Didier Swysen) & Laurent-Frédéric Bollée.
Environs de Berlin, mi-avril 1945 : l’Armée rouge encercle la capitale du Reich. La ville est la proie des flammes, sous un feu nourri de canons, sous les bombardements des alliés, sous les tirs de roquettes, sous les chenilles des chars. Un enfer de flammes. Des soldats qui avancent l’arme au poing, au milieu des incendies. Le jour de vengeance est arrivé. Berlin, le vingt avril 1945, pour son cinquante-sixième anniversaire : Adolf Hitler passe en revue de jeunes recrues militaires, encore des adolescents de seize ans. Il demande le nom de l’un d’eux et il lui pince l’oreille ; celui-ci répond : Gustav Müller. La cérémonie se termine, les camarades de l’adolescent le félicite pour le geste dont il a bénéficié. En arrière-plan, un haut gradé indique au cameraman de ne pas filmer pour rien, ils n’utiliseront pas ces images. Il indique au lieutenant Walter Frentz qu’il a bien servi pendant toutes ces années, qu’il est temps pour Frentz de faire ses adieux au Führer, et il lui conseille de filer. Il ne pense pas qu’ils se reverront. Il ajoute qu’il y a un dernier avion qui décolle et il lui suggère d’en profiter.
Le premier mai 1945, au sud-est de Berlin, la bataille de Halbe, dans la forêt de la Spree. La neuvième armée allemande en débâcle est sévèrement accrochée par l’armée russe et notamment le premier front ukrainien. Les soldats allemands sont pilonnés : l’un d’eux conseille à un autre dénommé Egon Krabe de se sauver. Le premier est pulvérisé par une explosion d’une violence inouïe. Krabe se met à courir de toutes ses forces, il se retrouve au beau milieu d’une route encombrée de carcasses de voiture. Un gradé allemand arrive et se met à abattre un fuyard après l’autre, méthodiquement. Enfin il arrive devant Krabe, mais il est fauché à son tour. Krabe enterre sa sacoche au pied d’un arbre, et il reprend sa fuite. Berlin, devant le Reichstag le deux mai 1945, le soldat Yakov dessine le visage de sa mère à la craie sur un pilier. Un soldat interpelle ses camarades : Kaldeï remet ça avec son drapeau ! Il est monté au sommet du Reichstag et il est en train de mettre en scène sa photo avec un troisième drapeau. Un autre soldat explique que depuis que Kaldeï a vu le cliché des Américains à Iwo Jima, il n’en dort plus. Un autre espère qu’il aura pensé à enlever ses montres. Mi-juillet 1945, Walter Frentz passe au même endroit que Egon Krabe, et il récupère sa sacoche avec l’appareil photographie à l’endroit indiqué : elle contient les trois Kameras. Parfait.
Un titre énigmatique, évoquant l’existence d’une troisième caméra. Une narration proposant de suivre plusieurs fils narratifs, tous dans la même chronologie, des personnages qui ne sont pas forcément nommés. Berlin en ruine, les alliés dans la place, des Allemands dont l’environnement a été réduit en ruines. Le lecteur relève de ci de là des éléments historiques. Pour commencer, le scénariste indique les dates tout au long de son récit : mi-avril 1945, vingt avril 1945… mi-juillet 1945, jusqu’à Berlin-Tempelhof, en juin 1946, avec un épilogue à Montévideo, en Uruguay en 1980. Ensuite chaque lieu est indiqué, que ce soit Berlin ou ses environs. En fonction de sa familiarité avec l’Histoire de cette époque et de cette région, le lecteur peut relever certaines références. La bataille de Halbe : elle s’est déroulée entre le 24 avril et le 1er mai 1945 opposant la 9e armée allemande et l'Armée rouge. Peut-être plus accessible : Le Drapeau rouge sur le Reichstag, cliché d'Evgueni Khaldeï pris le 2 mai 1945 sur le toit du palais du Reichstag, à Berlin. Un des soldats indique même qu’il s’agit du troisième essai du photographe, fait développé dans le dossier en fin d’ouvrage qui explicite les deux premières tentatives, l’une à l’aéroport de Templehof, l’autre sur les hauteurs de la porte de Brandebourg. Les circonstances du cliché de Joe Rosenthal à Iwo Jima sont également détaillées. Il identifie également le nom de Jesse Owens (1913-1980) cité à deux reprises : quadruple médaillé d'or lors des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin, et considéré depuis comme le premier sportif noir de renommée internationale.
Le lecteur découvre les derniers jours de la destruction de Berlin à la fin de la seconde guerre mondiale : il prend conscience de l’importance de cette séquence d’ouverture au fil du récit, alors que les personnages évoluent littéralement dans un champ de ruines, qu’ils soient allemands, et même berlinois, ou militaire dans l’une des armées d’occupation. Cela pèse lourdement sur leurs actes. L’efficacité des dessins de l’artiste fonctionne parfaitement pour rendre compte de cette désolation, de cette destruction massive et systématique, de cet acharnement patent. Les premières pages montrent la puissance de feu concentrée pour pilonner la ville, avec une mise en couleur dans des tons marron-orange, pour une ambiance à la fois étouffante et macabre. Puis viennent les visions de la ville depuis la rue : les immeubles éventrés, les décombres jonchant la voie publique, les panaches des incendies, les vitres toutes explosées des immeubles, les traces de pillage, les enfants crapahutant dans les ruines à la recherche de matériaux récupérables au mépris de leur sécurité, les quelques devantures protégées par des planches de bois, les accès aux immeubles encombrés de débris qu’il faut enjamber, les pièces d’appartement avec un trou béant dans le mur, les sous-sols enténébrés par manque d’électricité, etc. L’un des points culminants de cette désolation se trouve lors d’un itinéraire nocturne en Jeep, alors que l’équipage doit faire demi-tour, l’artère étant coupée par des gravas amoncelés en travers.
Le lecteur apprécie de retrouver l’efficacité et la conviction de la narration visuelle de Denis Rodier : une école européenne ayant harmonieusement intégré quelques éléments comics. Il se montre d’une conviction épatante qu’il s’agisse d’une séquence de massacre en forêt, d’une descente dans un sous-sol sans lumière, ou bien d’un moment calme dans un bureau. Le lecteur prend plaisir à suivre ainsi les personnages. Tout d’abord le lieutenant Frentz : le scénariste prend les choses en cours de route, après la dernière activité professionnelle de prise de vue auprès d’Adolf Hitler. Le lecteur subit avec lui les avanies auxquelles il est confronté, curieux de savoir s’il s’en sortira, d’en découvrir plus sur ses motivations, et encore plus curieux de comprendre son rôle vis-à-vis de cette troisième Kamera. En contrepoint, il suit Elke, une jeune femme ayant subi des épreuves indicibles pendant la guerre, et obéissant servilement au capitaine Strauss, un officier nazi qui se cache dans Berlin, au comportement destructeur. Il devient un ennemi qui s’oppose à un groupe de soldats (Santinelli, Weitz et le lieutenant Horowitz), qui dirige un petit groupe Götz (muet), Gustav Müller (amoureux de Elke), Kurt, et qui maltraite Elke. De temps à autre, une discussion ou une enquête vient apporter un élément d’information supplémentaire sur la troisième Kamera.
La révélation relative à ce mystérieux appareil étant différée de séquence en séquence, le lecteur s’intéresse plus à un enjeu sous-jacent évoqué à quelques reprises : la dénazification. Les soldats américains se rendent auprès de Donaldson chargé de développer des pellicules, avec un gamin débutant comme seul aide. Il évoque l’équipe de George Stevens (1904-1875) et celle de John Ford (1894-1973), tous les deux réalisateurs. Plus loin, le capitaine Horowitz et son aide croisent Budd & Stuart Schulberg qui ont participé à rassembler les preuves contre les criminels de guerre en vue du procès de Nuremberg. S’il ne dispose pas de ces références, le lecteur les retrouve développées dans le dossier en fin d’ouvrage. Celui-ci, rédigé par Nicolas Férard (conseiller historique) aborde de nombreux aspects : Une école pour les reporters de guerre (formation et technologie), Reporters des premiers jours de la guerre jusqu’à la chute de Berlin, Reporters nazis ou simplement reporters ?, Pourquoi la 3e Kamera ?,Quand Autant en emporte le vent devient Das Leben geht weiter, Que deviennent ces reporters après la guerre ?, Le marché noir à Berlin, Budd et Stuart Schulberg deux frères associés au réalisateur John Ford pour le procès de Nuremberg, Qui est le fameux Walter Frentz ?, La mythique photo de Evgueni Khaldeï sur le Reichstag, le tout agrémenté de nombreuses photographies d’époque. Ce dossier s’avère aussi enrichissant qu’intéressant. Il vient apporter des informations complémentaires sur des faits et des pratiques évoqués dans l’intrigue, et indiquer ce qu’il en est de la réalité historique de la vie de Walter Frentz à cette époque. Il participe à adoucir la révélation finale sur les clichés contenus dans le troisième appareil photographie.
Une couverture aussi mystérieuse qu’alléchante, indiquant la dynamique de l’intrigue sur le contenu de cette 3e Kamera. Une narration visuelle dynamique et intrigante immergeant le lecteur dans Berlin détruite, avec un excellent équilibre entre reconstitution historique, tension et suspense, zones d’ombre et réalité des conditions de vie. Une intrigue mettant habilement en scène les faits historiques pour y tisser une fiction plausible. Une solide reconstitution avec une mécanique narrative privilégiant la plausibilité à la dramatisation.
Un recueil d'histoires de John Constantine qui forme un arc parce que si ce sont des histoires courtes, on retrouve au fil des numéros un mystérieux méchant que Constantine va bien sûr affronter dans le dernier récit.
Cela fait du bien de voir que les histoires d'Hellblazer ne sont pas affectées par les mêmes problèmes que les comics modernes à savoir des histoires en 5 parties où on dirait qu'il ne se passe pas grand chose la plupart du temps. Ici, les histoires sont des one-shot ou en deux ou trois parties, c'est verbeux et il s'en passe des choses à chaque page.
On retrouve selon moi les qualités et les défauts de la série Hellblazer. Parmi les qualités, le personnage de John Constantine est amusant, l'humour noir marche bien, il y a un coté anarchiste amusant et les histoires sont originales. Malheureusement, comme c'est souvent le cas avec Constantine je trouve que les intrigues deviennent un peu trop complexes. Parfois, je ne comprends pas trop comment Constantine réussit à vaincre les méchants. C'est peut-être parce que je n'ai pas de grandes connaissances en ésotérisme ou un truc du genre.
Il y a plusieurs dessinateurs sur l'album et deux illustrent la plupart des récits. Je n'ai pas trop aimé le dessin de Bergara. Son style n'est pas mauvais, mais ne marche pas avec l'univers de la série. Celle de Campbell est beaucoup mieux pour créer le style d'atmosphère que j'aime retrouver dans un récit mettant en vedette John Constantine. Malheureusement, lors du dernier récit son dessin devient trop abstrait pour moi. Je comprends qu'on peut aimer ça, mais moi j'aime bien lorsque je suis capable de comprendre ce qui se passe juste en regardant le dessin.
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La série la plus récente d'Aka Akasaka débarque en français et je dois dire que ce premier tome m'a un peu déçu au début. Il faut dire que je pense que j'avais de trop grosses attentes parce que j'aime bien les deux grosses séries de cet auteur complet devenu maintenant scénariste seulement et je pensais que j'allais immédiatement adorer celle-ci aussi. Le point de départ est que deux ados qui ont des sentiments envers l'autre ne savent pas quoi faire alors ils font appel à la même agence sans le savoir qu'ils ont tous les deux un coach qui les aide dans leur histoire romantique. Et comme le scénario est d'Akasaka, c'est aussi une comédie romantique avec du drame. J'ai trouvé que niveau humour c'était correct, mais je n'ai pas rigolé. Je n'étais pas trop fan des personnages (il faut dire que le personnage principal masculin est un peu agaçant) et l'histoire ne me captivait pas trop, mais après les premiers chapitres qui développent bien la situation, j'ai commencé à trouver qu'il y avait des éléments intéressants qui s'ajoutaient à l'intrigue et les derniers chapitres m'ont un peu passionné et là j'ai envie de connaitre la suite. Si le second tome est aussi bien, je pense que je vais augmenter ma note à 4 étoiles.
Eddie & Noé
Une bande dessinée pour ados, qui se lit tout aussi bien pour un adulte. Généralement les bd pour ados c'est moyennement ma tasse de thé. Avec celle ci j'ai bien accroché. Les dessins déjà et la fluidité de l'histoire. En dehors de la méchante professeur raciste qui espionne les élèves, que j'ai trouvé peu vraisemblable et peu crédible, l'ensemble se tiens bien. On sent la fibre adolescente au travers de l'histoire et c'est je crois que c'est ce que j'ai le plus apprécié. Petit bémol également sur le côté "bobo de gauche" de l'histoire et des personnages, mais rien de bien méchant. Une bd franchement chouette pour vos ados et peut être pour vous même !
New York cannibals
Mouais. Si j’ai lu l’album sans réel déplaisir, je n’ai pas trouvé l’histoire emballante. J’avais lu il y a un certain temps Little Tulip, mais j’avais déjà été moins intéressé par la partie se déroulant aux États-Unis (celle se déroulant au goulag m’avait davantage captivé). Ici, mis à part quelques très rares flash-backs, on reste à New-York, dans un récit polar finalement très classique, sans trop de surprises, si ce n’est cette femme barjot, plus ou moins sorcière ou vampire. Les parties fantastiques (sur la fin), les passages avec Mama paradis ou l’Albatros, tout ça ne m’a pas convaincu (quelques facilités – voir un cul-de-jatte escalader les immeubles et se mouvoir presque plus vite qu’un valide !?). Le dessin de Boucq est bon, même si je ne suis pas fan de certains visages (féminins en particulier et des carrures imposantes données à presque tout le monde – y compris ceux ne faisant pas du body-building comme l’héroïne). Note réelle 2,5/5.
Les Assiégés
Un polar étonnant, étouffant qui, même si mêle plusieurs époques et plusieurs groupes d’individus, se déroule dans un quasi huis-clos, dans un quartier de banlieue, voire même dans un seul immeuble, promis à la démolition (la lutte des derniers habitants face à la police venue les déloger sert même de fil rouge au récit). Du coup il n’y a pas beaucoup d’action. Même si le récit est très noir, avec une montée en tension jusqu’aux explosions finales, à tous les niveaux des récits parallèles. Si je suis un peu moins enthousiaste que mes prédécesseurs, j’ai trouvé que les parties obscures de l’intrigue s’éclairaient en se complétant sur la fin. Et j’ai bien aimé dessin et colorisation. Note réelle 3,5/5.
Nelson Mandela - Une vie au service de la liberté
On peut reprocher à cet album d’être un peu trop linéaire, mais surtout « scolaire », dans le ton employé, mais aussi parfois dans les textes, les commentaires accompagnant les moments importants de la vie de Nelson Mandela. Mais il n’en reste pas moins intéressant, et finalement très lisible. On apprend en tout cas à bien connaître le bonhomme (je ne connaissais pas sa vie avant son incarcération au début des années 1960). Cela permet de mieux comprendre le cheminement intellectuel de Mandela, ses modèles pour l’action, alors qu’il commence à basculer, avant d’être définitivement arrêté, de la non-violence à l’action violente. Il faut dire que le régime d’Apartheid ne lui laissait pas d’autres choix, et qu’il devait faire face à la violence policière, à la persécution judiciaire. C’est en tout cas quelqu’un qui a fait preuve de courage, de persévérance, qui n’a jamais trahi ses idéaux de jeunesse, et qui a su, alors que l’Histoire basculait du bon côté le concernant, faire preuve de clairvoyance et d’une autre forme de courage pour faire en sorte que la transition politique se fasse de manière là encore pacifique. Une biographie un peu convenue, mais pas si désagréable, qui met en lumière une belle personne.
Zouk
Des courtes aventures du quotidien (cinq pages pour chaque histoire), une petite sorcière débrouillarde mais parfois gaffeuse, du fantastique gentillet et des petits récits plein de positivités, pas de doute : nous sommes ici dans une première lecture. Les aventures de Zouk sont mignonettes, ne cherchent pas nécessairement à inculquer une leçon ou une morale (si ce n'est d'écouter ses parents et de ne pas faire trop de bêtises) et visent principalement le divertissement enfantin. La lecture ne m'a pas transcendée, mais il faut dire qu'avec rare exception les lectures de primo-jeunesse ne sont pas celles qui me parlent le plus. Une bonne série dans son genre tout de même, je pense.
Les Petites Reines
C'est une histoire touchante sur la jeunesse, l'estime de soi, notre rapport à notre apparence et à ce que les autres perçoivent de nous. Les petites reines sont les trois "boudins de l'année", une cérémonie organisée par des camarades de classe visant à noter et classer les filles les plus moches du bahut. Face à cette cruauté typique de cet âge-là, nos trois jeunes filles prennent contact et décident de se lancer dans un pari audacieux : faire une épopée à vélo cet été pour vendre des boudins. L'étape finale ? L'Élysée, car Mireille (boudin de bronze) compte bien apprendre son existence à son père qui ne la jamais connu et à qui elle en veut. Un road trip plein de positivité, des protagonistes imparfaites mais si humaines, qui mûrissent aussi, un propos sur le harcèlement et l'estime de soi, ... c'est touchant. L'album ne m'a pas nécessairement transcendée et j'ai presque honte de ne lui donner QUE 3 étoiles, parce qu'encore une fois je lui reconnais beaucoup de qualités. Donc 3 étoiles, pour refléter mon appréciation positive mais modérée de l'œuvre. Œuvre qui reste bien, hein, j'insiste. Le dessin de Magali Le Huche n'est pas forcément ma came mais je lui reconnais d'être quand-même assez joli. Je n'ai pas lu le roman dont l'album est adapté, je ne pourrais donc en toute logique pas parlé du travail d'adaptation en lui-même.
Un chant de Noël (Munuera)
Enième adaptation du conte de Dickens que je vois/lis, celle-ci se démarque par trois points essentiels. Le premier est le dessin de Munuera qui est toujours très bon et qui réussit ici à éviter ses petits tics de personnages trop dynamiques. Il adopte le même style que dans Bartleby, le scribe ou dans Peter Pan de Kensington à savoir des personnages très expressifs et proches de l'animation posés sur des décors plus réalistes mais très brumeux. C'est une belle esthétique et il n'y a vraiment aucun reproche à faire sur le plan technique et de la beauté du trait. Je note en particulier la justesse des expressions de Scrooge, notamment pour faire transparaitre une once de doute sous sa carapace de certitude. Mais il en ressort tout de même à mes yeux une impression de manque de profondeur, comme des décors plats de théâtre et un rendu légèrement claustrophobique. Le second point est le choix d'avoir fait de Scrooge une femme. Si sur le fond humaniste, je comprends parfaitement que la psychologie d'un genre ou d'un autre puisse être la même dans le cas de cette histoire, c'est plus l'incongruité historique qui m'a troublé, celle de voir une femme tenir le rôle d'une riche financière solitaire et détestée de tous dans une Angleterre Victorienne qui, dans la réalité, n'aurait jamais toléré ça. En outre, Munuera la représente comme une femme relativement jeune, plutôt belle et très élégante, ce qui se démarque trop du personnage de vieux bougon du Ebenezer Scrooge auquel je suis habitué. Ce choix permet toutefois à l'auteur d'introduire quelques sujets de réflexion supplémentaires à ceux de Dickens, notamment sur la place des femmes et de ce que la société attend d'elle. Et enfin, dernier point, Munuera a fait le choix d'un développement de personnage et du conte en lui-même sensiblement différent. Là où le Scrooge de Dickens réalise peu à peu ses erreurs et change par la force du remord et de la leçon apportée par les spectres, celle de Munuera reste sur ses positions jusqu'au bout et c'est par défi envers Dieu et ses spectres qu'elle va finalement agir pour le Bien. L'esprit du conte est déformé vers quelque chose de différent, pas forcément plus bête mais juste un peu surprenant. Je n'ai toutefois pas bien ressenti la montée en puissance vers le point de changement, ce qui a finalement amené Scrooge à décider de changer radicalement de façon d'agir, puisque pas de façon de penser. Entre la fin de la visite du troisième spectre et l'épilogue de l'histoire, il y a comme une rupture que les pages précédentes du récit n'explique pas aussi bien que dans le conte original. Outre son très bon graphisme, Munuera apporte donc sa propre touche au conte de Dickens, ce qui est heureux car une simple redite du conte trop connu m'aurait ennuyé et ce qui introduit des changements pas bêtes, amenant leurs propres sujets de réflexion, même si certains éléments m'ont un peu troublé et pas entièrement convaincu.
La 3e Kamera
Toutes ces horreurs commises… Et ce n’étaient malheureusement que des hommes… - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2024. Il a été réalisé par Cédric Apikian pour le scénario, par Denis Rodier pour les dessins, et Elise Follin pour les couleurs. Il se termine avec un dossier de quatorze pages, réalisé par Nicolas Ferard, constitué pour un tiers de photographie d’archives. Il comprend cent-trente-cinq pages de bande dessinée. Un autocollant met en avant que le scénariste a également écrit La Ballade du soldat Odawaa (2019) réalisé avec Christian Rossi, et le dessinateur est celui de La Bombe (2020) scénarisé par Alcante (Didier Swysen) & Laurent-Frédéric Bollée. Environs de Berlin, mi-avril 1945 : l’Armée rouge encercle la capitale du Reich. La ville est la proie des flammes, sous un feu nourri de canons, sous les bombardements des alliés, sous les tirs de roquettes, sous les chenilles des chars. Un enfer de flammes. Des soldats qui avancent l’arme au poing, au milieu des incendies. Le jour de vengeance est arrivé. Berlin, le vingt avril 1945, pour son cinquante-sixième anniversaire : Adolf Hitler passe en revue de jeunes recrues militaires, encore des adolescents de seize ans. Il demande le nom de l’un d’eux et il lui pince l’oreille ; celui-ci répond : Gustav Müller. La cérémonie se termine, les camarades de l’adolescent le félicite pour le geste dont il a bénéficié. En arrière-plan, un haut gradé indique au cameraman de ne pas filmer pour rien, ils n’utiliseront pas ces images. Il indique au lieutenant Walter Frentz qu’il a bien servi pendant toutes ces années, qu’il est temps pour Frentz de faire ses adieux au Führer, et il lui conseille de filer. Il ne pense pas qu’ils se reverront. Il ajoute qu’il y a un dernier avion qui décolle et il lui suggère d’en profiter. Le premier mai 1945, au sud-est de Berlin, la bataille de Halbe, dans la forêt de la Spree. La neuvième armée allemande en débâcle est sévèrement accrochée par l’armée russe et notamment le premier front ukrainien. Les soldats allemands sont pilonnés : l’un d’eux conseille à un autre dénommé Egon Krabe de se sauver. Le premier est pulvérisé par une explosion d’une violence inouïe. Krabe se met à courir de toutes ses forces, il se retrouve au beau milieu d’une route encombrée de carcasses de voiture. Un gradé allemand arrive et se met à abattre un fuyard après l’autre, méthodiquement. Enfin il arrive devant Krabe, mais il est fauché à son tour. Krabe enterre sa sacoche au pied d’un arbre, et il reprend sa fuite. Berlin, devant le Reichstag le deux mai 1945, le soldat Yakov dessine le visage de sa mère à la craie sur un pilier. Un soldat interpelle ses camarades : Kaldeï remet ça avec son drapeau ! Il est monté au sommet du Reichstag et il est en train de mettre en scène sa photo avec un troisième drapeau. Un autre soldat explique que depuis que Kaldeï a vu le cliché des Américains à Iwo Jima, il n’en dort plus. Un autre espère qu’il aura pensé à enlever ses montres. Mi-juillet 1945, Walter Frentz passe au même endroit que Egon Krabe, et il récupère sa sacoche avec l’appareil photographie à l’endroit indiqué : elle contient les trois Kameras. Parfait. Un titre énigmatique, évoquant l’existence d’une troisième caméra. Une narration proposant de suivre plusieurs fils narratifs, tous dans la même chronologie, des personnages qui ne sont pas forcément nommés. Berlin en ruine, les alliés dans la place, des Allemands dont l’environnement a été réduit en ruines. Le lecteur relève de ci de là des éléments historiques. Pour commencer, le scénariste indique les dates tout au long de son récit : mi-avril 1945, vingt avril 1945… mi-juillet 1945, jusqu’à Berlin-Tempelhof, en juin 1946, avec un épilogue à Montévideo, en Uruguay en 1980. Ensuite chaque lieu est indiqué, que ce soit Berlin ou ses environs. En fonction de sa familiarité avec l’Histoire de cette époque et de cette région, le lecteur peut relever certaines références. La bataille de Halbe : elle s’est déroulée entre le 24 avril et le 1er mai 1945 opposant la 9e armée allemande et l'Armée rouge. Peut-être plus accessible : Le Drapeau rouge sur le Reichstag, cliché d'Evgueni Khaldeï pris le 2 mai 1945 sur le toit du palais du Reichstag, à Berlin. Un des soldats indique même qu’il s’agit du troisième essai du photographe, fait développé dans le dossier en fin d’ouvrage qui explicite les deux premières tentatives, l’une à l’aéroport de Templehof, l’autre sur les hauteurs de la porte de Brandebourg. Les circonstances du cliché de Joe Rosenthal à Iwo Jima sont également détaillées. Il identifie également le nom de Jesse Owens (1913-1980) cité à deux reprises : quadruple médaillé d'or lors des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin, et considéré depuis comme le premier sportif noir de renommée internationale. Le lecteur découvre les derniers jours de la destruction de Berlin à la fin de la seconde guerre mondiale : il prend conscience de l’importance de cette séquence d’ouverture au fil du récit, alors que les personnages évoluent littéralement dans un champ de ruines, qu’ils soient allemands, et même berlinois, ou militaire dans l’une des armées d’occupation. Cela pèse lourdement sur leurs actes. L’efficacité des dessins de l’artiste fonctionne parfaitement pour rendre compte de cette désolation, de cette destruction massive et systématique, de cet acharnement patent. Les premières pages montrent la puissance de feu concentrée pour pilonner la ville, avec une mise en couleur dans des tons marron-orange, pour une ambiance à la fois étouffante et macabre. Puis viennent les visions de la ville depuis la rue : les immeubles éventrés, les décombres jonchant la voie publique, les panaches des incendies, les vitres toutes explosées des immeubles, les traces de pillage, les enfants crapahutant dans les ruines à la recherche de matériaux récupérables au mépris de leur sécurité, les quelques devantures protégées par des planches de bois, les accès aux immeubles encombrés de débris qu’il faut enjamber, les pièces d’appartement avec un trou béant dans le mur, les sous-sols enténébrés par manque d’électricité, etc. L’un des points culminants de cette désolation se trouve lors d’un itinéraire nocturne en Jeep, alors que l’équipage doit faire demi-tour, l’artère étant coupée par des gravas amoncelés en travers. Le lecteur apprécie de retrouver l’efficacité et la conviction de la narration visuelle de Denis Rodier : une école européenne ayant harmonieusement intégré quelques éléments comics. Il se montre d’une conviction épatante qu’il s’agisse d’une séquence de massacre en forêt, d’une descente dans un sous-sol sans lumière, ou bien d’un moment calme dans un bureau. Le lecteur prend plaisir à suivre ainsi les personnages. Tout d’abord le lieutenant Frentz : le scénariste prend les choses en cours de route, après la dernière activité professionnelle de prise de vue auprès d’Adolf Hitler. Le lecteur subit avec lui les avanies auxquelles il est confronté, curieux de savoir s’il s’en sortira, d’en découvrir plus sur ses motivations, et encore plus curieux de comprendre son rôle vis-à-vis de cette troisième Kamera. En contrepoint, il suit Elke, une jeune femme ayant subi des épreuves indicibles pendant la guerre, et obéissant servilement au capitaine Strauss, un officier nazi qui se cache dans Berlin, au comportement destructeur. Il devient un ennemi qui s’oppose à un groupe de soldats (Santinelli, Weitz et le lieutenant Horowitz), qui dirige un petit groupe Götz (muet), Gustav Müller (amoureux de Elke), Kurt, et qui maltraite Elke. De temps à autre, une discussion ou une enquête vient apporter un élément d’information supplémentaire sur la troisième Kamera. La révélation relative à ce mystérieux appareil étant différée de séquence en séquence, le lecteur s’intéresse plus à un enjeu sous-jacent évoqué à quelques reprises : la dénazification. Les soldats américains se rendent auprès de Donaldson chargé de développer des pellicules, avec un gamin débutant comme seul aide. Il évoque l’équipe de George Stevens (1904-1875) et celle de John Ford (1894-1973), tous les deux réalisateurs. Plus loin, le capitaine Horowitz et son aide croisent Budd & Stuart Schulberg qui ont participé à rassembler les preuves contre les criminels de guerre en vue du procès de Nuremberg. S’il ne dispose pas de ces références, le lecteur les retrouve développées dans le dossier en fin d’ouvrage. Celui-ci, rédigé par Nicolas Férard (conseiller historique) aborde de nombreux aspects : Une école pour les reporters de guerre (formation et technologie), Reporters des premiers jours de la guerre jusqu’à la chute de Berlin, Reporters nazis ou simplement reporters ?, Pourquoi la 3e Kamera ?,Quand Autant en emporte le vent devient Das Leben geht weiter, Que deviennent ces reporters après la guerre ?, Le marché noir à Berlin, Budd et Stuart Schulberg deux frères associés au réalisateur John Ford pour le procès de Nuremberg, Qui est le fameux Walter Frentz ?, La mythique photo de Evgueni Khaldeï sur le Reichstag, le tout agrémenté de nombreuses photographies d’époque. Ce dossier s’avère aussi enrichissant qu’intéressant. Il vient apporter des informations complémentaires sur des faits et des pratiques évoqués dans l’intrigue, et indiquer ce qu’il en est de la réalité historique de la vie de Walter Frentz à cette époque. Il participe à adoucir la révélation finale sur les clichés contenus dans le troisième appareil photographie. Une couverture aussi mystérieuse qu’alléchante, indiquant la dynamique de l’intrigue sur le contenu de cette 3e Kamera. Une narration visuelle dynamique et intrigante immergeant le lecteur dans Berlin détruite, avec un excellent équilibre entre reconstitution historique, tension et suspense, zones d’ombre et réalité des conditions de vie. Une intrigue mettant habilement en scène les faits historiques pour y tisser une fiction plausible. Une solide reconstitution avec une mécanique narrative privilégiant la plausibilité à la dramatisation.
Simon Spurrier présente Hellblazer
Un recueil d'histoires de John Constantine qui forme un arc parce que si ce sont des histoires courtes, on retrouve au fil des numéros un mystérieux méchant que Constantine va bien sûr affronter dans le dernier récit. Cela fait du bien de voir que les histoires d'Hellblazer ne sont pas affectées par les mêmes problèmes que les comics modernes à savoir des histoires en 5 parties où on dirait qu'il ne se passe pas grand chose la plupart du temps. Ici, les histoires sont des one-shot ou en deux ou trois parties, c'est verbeux et il s'en passe des choses à chaque page. On retrouve selon moi les qualités et les défauts de la série Hellblazer. Parmi les qualités, le personnage de John Constantine est amusant, l'humour noir marche bien, il y a un coté anarchiste amusant et les histoires sont originales. Malheureusement, comme c'est souvent le cas avec Constantine je trouve que les intrigues deviennent un peu trop complexes. Parfois, je ne comprends pas trop comment Constantine réussit à vaincre les méchants. C'est peut-être parce que je n'ai pas de grandes connaissances en ésotérisme ou un truc du genre. Il y a plusieurs dessinateurs sur l'album et deux illustrent la plupart des récits. Je n'ai pas trop aimé le dessin de Bergara. Son style n'est pas mauvais, mais ne marche pas avec l'univers de la série. Celle de Campbell est beaucoup mieux pour créer le style d'atmosphère que j'aime retrouver dans un récit mettant en vedette John Constantine. Malheureusement, lors du dernier récit son dessin devient trop abstrait pour moi. Je comprends qu'on peut aimer ça, mais moi j'aime bien lorsque je suis capable de comprendre ce qui se passe juste en regardant le dessin.