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Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Le Dernier modèle
Le Dernier modèle

Mince… On n’a pas eu le temps de faire avec le manteau. - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2007. Il a été réalisé par Stéphane Levallois pour le scénario, les dessins, les lavis de gris. Il comprend cent-cinquante-sept pages de bandes dessinées. Il comporte une deuxième partie intitulée 2ème étage gauche, de seize pages, constituée d’illustrations en pleine page, des êtres humains portant un masque intégral, évoquant de plus ou moins loin un masque à gaz. Dans un petit deux-pièces d’un immeuble parisien, Stéphane est assis sur tabouret, le crayon à papier à la main. Il s’adresse à son manteau qui posé en position assise sur le fauteuil en face de lui, et il lui déclare que ce sera ce manteau qui sera la vedette de l’histoire. Un peu plus tard, il se rend, vêtu de ce manteau, chez Florence, une copine. Elle le fait enter et lui propose d’aller dans sa chambre. Elle explique que sa mère n’est pas là, que sa sœur est partie avec sa copine, et que son père est dépourvu de tout courage. C’est un minable, il n’a rien dans le ventre. Elle continue : sa sœur est lesbienne. Stéphane a sorti son camescope de son étui et il indique à son amie qu’il est prêt. Elle ouvre sa robe et dévoile sa nudité. Il s’exclame qu’elle n’est pas grosse du tout. Elle demande si elle doit passer le manteau et il répond par l’affirmative. Il explique qu’il demandera aux autres modèles de faire de même : le manteau donnera une unité à l’exposition. Elle le passe, puis s’assoit sur le bord du lit et regarde la caméra comme il lui demande. Elle le regarde, les jambes serrées, et les mains posées sur les genoux. Plus tard, Stéphane se rend dans la galerie Atome qui a promis d’exposer ses œuvres et il est reçu par la galeriste. Elle l’appelle Mon chou, et lui confirme que ce sera une exposition personnelle, rien que pour lui, seul. Elle continue : Francis et elle en ont discuté. Dans un mois et demi, à la fin de celle de Declerc. Elle explique qu’il pourrait y avoir trois grandes pièces, pas plus, une trentaine de pièces à exposer, des nus de femmes, des petits formats pour que l’on puisse les vendre. Et elle lui donne son congé en lui demandant d’aller leur faire des choses magnifiques. Un autre artiste arrive et elle l’appelle également mon chou. Une fois dehors, Stéphane se demande comment il va faire, car il n’a pas les moyens de se payer des modèles professionnels. Il trouve la solution : demander à ses amies de poser nues. Plus tard, il appelle son père et il lui dit que son travail va bénéficier d’une exposition, le vernissage devrait avoir lieu début septembre à la galerie Atome, elle durerait un mois environ. Son père l’informe que Monette ne va pas très bien : elle a maintenant quatre-vingt-huit ans, et elle s’ennuie. Elle est à l’hospice en banlieue, il est possible de s’y rendre par le train. Bien qu’il trouve ça loin, le fils promet d’aller lui rendre visite. Il faudra qu’il trouve le temps quand il sera moins débordé. Plus tard, il se rend chez son deuxième modèle : Florence. La moitié inférieure d’une femme nue dans la partie gauche de la couverture et la possibilité qu’il s’agisse du dernier modèle de l’artiste. Le début du récit permet de rapidement comprendre la situation : Stéphane est un jeune artiste qui doit réaliser une commande pour remplir la commande d’une exposition de ses œuvres. Il va rencontrer plusieurs de ses amies qui vont accepter de poser nues pour lui, avec le même manteau, alors qu’il les filme, pour pouvoir décider dans son appartement de la posture dans laquelle il les représentera. C’est ainsi qu’il se rend chez Florence, Cécile et Solène, les deux premières habitant chez leurs parents. Sa petite amie Élise accepte également de poser pour lui. Et l’exposition a bien lieu, ses parents faisant le déplacement pour le voir. Les caractéristiques visuelles des cases de l’artiste sont identiques à celle de la couverture qui est d’ailleurs une image en pleine page, extraite de la page vingt-six. Le dessinateur utilise un trait de contour fin, comme un peu tremblé ou hésitant, peut-être avec le crayon à papier qu’il tient à la main dans la première planche. Il nourrit ces contours assez aérés avec des lavis de gris pour apporter des reliefs, parfois souligner une texture ou un ombrage. Il ajuste le nombre de cases par page au moment raconté, parfois avec deux ou trois cases pour une page, parfois plus. Il n’accorde pas une grande importance à la représentation des décors, parfois quelques traits pour un angle de mur, parfois absents. Le lecteur constate rapidement qu’il s’agit d’une bande dessinée qui se lit à un rythme rapide. La première séance de pose débute en page six et Florence se dénude en page huit, dans un dessin en pleine page. Le lecteur constate que cela n’a rien de sexuel. Stéphane n’indique pas combien de refus il a essuyé, ni même s’il y en a eu un seul. Les séances de pose vont de soi : l’artiste arrive sur place, et la jeune femme se déshabille, ne portant déjà plus aucun vêtement. Elles n’exposent par leur motivation. La séance se déroule avec prise de vue par un caméscope qui permettra à Stéphane de trouver l’instant où la pose est la plus parlante, la plus intéressante sur le plan artistique. Les termes et les conditions sont convenus hors champ, hors page du récit. Les paroles échangées sont limitées : quelques propos de circonstances, quelques directives données par l’artiste quant à ce qu’il recherche, ce dont il a besoin pour pouvoir réaliser ses dessins, une réaction ou deux. Une séance interrompue par l’arrivée inopinée de la mère du modèle, une fatigue à la fin d’une séance. Le lecteur en déduit que ces moments sont dépourvus de toute tension sexuelle, de toute forme de séduction. Aucune ambiguïté, aucune tentation, un consentement explicite, une forme d’activité de nature purement professionnelle pour lui, et d’aide apportée à un ami pour elles. Les séances de pose occupent dix-sept pages de la bande dessinée, le visionnage des prises de vue deux pages, et, pour être complet, Stéphane a une relation sexuelle avec Élise pendant quatre pages, sans rapport avec une séance de pose. Le reste de l’ouvrage, c’est-à-dire sa majeure partie, est consacré au quotidien banal de Stéphane : se rendre chez ses amies, se rendre à la galerie Atome, réaliser les dessins qui seront exposés, discuter avec sa copine, se rendre à l’hospice pour aller voir Monette, se rendre chez ses parents en banlieue, et bien sûr participer au vernissage de son exposition. La narration visuelle présente une grande facilité de lecture. La bande dessinée comprend quarante-cinq pages muettes, et vingt-cinq dessins en pleine page. Les dessins appartiennent à un registre descriptif et réaliste, avec un rendu éloigné de la représentation photographique du fait de la grande simplification des traits, de la fluctuation entre des formes uniquement détourées, c’est-à-dire du noir & blanc, et des formes rehaussées par les lavis de gris. Les caractéristiques de la représentation, les cadrages, le choix de ce qui est montré rendent compte du regard subjectif de l’auteur, de ce sur quoi se porte son attention, les êtres humains, leur posture et certains éléments de son environnement. Pour autant, il se passe bien d’autres choses. En y repensant après coup, le lecteur se souvient de moments et de visions aussi disparates que : une grande affiche publicitaire pour l’Amer Picon, l’enseigne d’un Leader Price, la tête d’un cheval, une silhouette en train de courir évoquant Giacometti, un robinet de baignoire qui fuit, un petit carton au contenu mystérieux posé dans une immense pièce entièrement vide, un jardin à la française, une bibliothèque en verre (en pleine page), un exercice d’équilibre de yoga sur une seule jambe, le cadavre d’un petit oiseau dans la cuvette des WC, une main tenant un pistolet pointé à bout portant sur Stéphane, et un masque à gaz. En y repensant, les brefs échanges avec les modèles suffisent pour leur insuffler une personnalité, avec des réactions différentes qui s’ajoutent à l’absence de toute ambiguïté relationnelle. L’artiste apprend incidemment la réaction de deux modèles à l’exposition ce qui confirme qu’il s’agit d’êtres humains à la vie indépendante et autonome. D’ailleurs, le lecteur prend conscience que les situations qui lui sont présentées sont des moments choisis et triés à dessein, pour former un récit. Certainement, l’histoire s’apparente à une autofiction de la part de l’auteur, un regard jeté en arrière sur cette période de sa vie et sur ce projet. Le lecteur comprend qu’il découvre les souvenirs que Stéphane en a gardés, associés à une portion de son état d’esprit. Il évoque avec naturel ce projet artistique qui sort de l’ordinaire pour le commun des mortels, ainsi que sa relation avec Simone Frossard, surnommée Monette, et il y a cet élément fantastique qu’est un individu fantomatique portant un masque à gaz. En fonction des scènes et en fonction de sa sensibilité, le lecteur peut y voir un autre indistinct et silencieux, une présence de l’altérité, d’un être humain totalement étranger au projet de Stéphane, à sa vie d’artiste à ses aspirations et à ses ambitions, dont les traits du visage sont masqués. À la fois cela le rend anonyme et cela masque ses émotions, l’artiste se retrouvant en présence d’une personne sans réaction, totalement étrangère à son art, et possiblement totalement insensible également. Il peut aussi bien s’agir d’une métaphore sur le gouffre qui sépare l’artiste des personnes qui ne possèdent pas ce don, que la réalité diffuse de la masse chez laquelle son art ne suscite aucune réaction. Le lecteur peut également y voir une partie de la conscience de l’artiste qui n’est pas impliquée dans son activité, qui la considère avec détachement, avec recul sans être touché ou affecté, autrement que sur le plan matériel. Le dernier modèle : la promesse de participer à des séances de pose de nu, et aussi de vivre un moment déterminant dans la pratique artistique du personnage qui ne recourra plus à des modèles vivants (puisqu’il s’agit du dernier). La narration visuelle très personnelle séduit rapidement le lecteur par son accessibilité, sa facilité de lecture, et sa façon de montrer les personnes, leurs activités et les lieux. Le récit tient la promesse implicite de la couverture, tout en évoquant une phase très personnelle de la vie de l’auteur, son rapport à son activité artistique, son incidence sur ses amies et ses parents, sur Monette qui l’apprécie pour lui-même détaché de sa pratique artistique. Une réflexion tout en sous-entendu sur les relations de l’artiste avec les personnes de son entourage. Déconcertant.

17/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Le Cercle des Intrépides
Le Cercle des Intrépides

Au royaume d'Enégaur, la jeune Devane est chargée par son père forgeron de reforger l'épée légendaire du roi. Sauf que par la maladresse d'un de ses amis, un ptérodactyle idiot s'empare de l'épée. Devane et ses amis partent alors d'urgence à sa recherche avant que les gardes du roi ne se rendent compte de la disparition. Commence alors une suite d'aventures loufoques et mouvementées pour cette petite bande qui se fait appeler le Cercle des Intrépides. C'est une série jeunesse d'héroïc-fantasy humoristique. Le dessin de Massimo Di Leo est inspiré de l'animation et du jeu vidéo. Son style est burlesque, avec des personnages très expressifs aux allures parfois volontairement débiles. C'est un graphisme dynamique qui se prête bien autant à l'action qu'à l'humour. Son encrage épais et le peu de détails de ses planches et décors souvent vides laissent toutefois un léger sentiment qu'un format d'album plus réduit aurait mieux convenu. L'histoire est rythmée, prenante et pleine d'humour. Les auteurs ne se prennent pas au sérieux et il en découle une histoire échevelée, narrée par un troubadour qui n'hésite pas à s'insérer lui-même dans l'intrigue et à ajouter sa propre touche humoristique. Les personnages sont pleins de drôlerie, souvent loufoques comme ce fermier misanthrope radicalement idiot ou cette race de vers géants qui dansent le twist, et en même temps relativement crédibles comme la relation entre les trois héros. Il se passe plein de choses, le sourire est toujours présent et l'histoire a le bon goût de se terminer en un tome laissant espérer une suite d'aventures de ce type, entre humour et aventure. Je n'ai qu'un regret, c'est que l'abondance de loufoque empêche le fond de l'intrigue aventureuse de prendre totalement prise puisqu'on sait que de toute manière tout est pour de rire. Mais je me suis quand même bien amusé et j'en lirai davantage avec plaisir.

17/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Goldorak
Goldorak

J’avais une dizaine d’années lorsque des épisodes de « Goldorak » ont commencé à être diffusés en France. J’en ai vu un certain nombre, et j’ai gardé souvenir de quelques rares images, de quelques expressions (cornofulgur, fulguropoint). Mais l’ensemble s’est en grande partie estompé de ma mémoire. Je n’ai en fait jamais été fan de ce genre de dessins animés. C’est donc a priori sans enthousiasme que j’ai suivi le buzz autour de la sortie de cet album, que je lis quelques temps après, « pour voir ». Je suis sorti de ma lecture globalement satisfait, la lecture est plaisante, et les auteurs ont proposé aux lecteurs autre chose – et bien plus – qu’un simple fan service (c'en est quand même, hein !), que l’exploitation grossière et maladroite de la nostalgie de ceux qui ont découvert avec Goldorak l’animation japonaise. L’imposant – et très intéressant – dossier final confirme que tous les auteurs sont des fans, mais aussi qu’ils ont fourni un gros travail pour actualiser en le prolongeant le travail de l’auteur originel. Et c’est clair que tous les fans ont dû se gaver de cette énorme madeleine de Proust ! Pour les autres, le court résumé en introduction plante bien le décor. Et l’histoire se laisse même lire sans avoir en tête la saga d’origine. On a là quelque chose de plus moderne, d’un peu moins naïf et manichéen (même c’est loin d’en être exempt). Dessin et colorisation sont vraiment excellents. Il y a là une réelle plus-value par rapport aux animes d’origine. Un album qui se laisse lire donc, un bel objet, sans doute un grand plaisir pour les auteurs. Mais, si l’on fait abstraction de la nostalgie, je serai moins enthousiaste que certains de mes prédécesseurs.

16/03/2025 (modifier)
Par Simili
Note: 3/5
Couverture de la série Adieu Birkenau
Adieu Birkenau

Dans "Adieu Birkenau" nous suivons Ginette Kolinka dans son rôle de passeuse de mémoire de la Shoah. J'ai trouvé cet ouvrage moins "traumatisant" que Maus. J'entends par là que les passages vraiment durs sont ici plus ou moins occultés. Cela vient certainement du fait que nous suivons Ginette accompagnant une classe de collégiens. Toutes les horreurs n'étant pas forcément bonnes à dire à de jeunes oreilles. Il n'en reste pas moins que Ginette Kolinka mit 50 ans avant de pouvoir parler de ce qu'elle vécut. Cela situe quand même le traumatisme pour les rescapés Graphiquement c'est réussi, les personnages sont relativement bien réalisés. L'usage de la couleur venant là aussi atténuer la dureté du sujet. Au final j'aurais tendance à recommander cet ouvrage aux adolescents (14-15 ans) quand je conseillerais Maus à des personnes plus "mûres". Il n'en reste pas moins plaisant mais n'a pas su procurer chez moi la même émotion que l'oeuvre d'Art Spiegelman.

16/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Fight Girls
Fight Girls

J’avais découvert Frank Cho avec Psychopark, que j’avais plutôt apprécié. Je le retrouve ici dans un genre très différent, éloigné des strips humoristiques, avec une histoire un peu SF, mais qui mise surtout sur l’aventure et l’action. Si cette histoire se laisse lire – c’est dynamique, très rythmé – ça n’est pas non plus inoubliable. C’est même assez classique et presque trop linéaire dans sa construction. Nous suivons une dizaine de femmes, qui doivent passer (et y survivre !) des épreuves, dans des environnements hyper hostiles, la gagnante devenant reine (c'est clairement plus dangereux que d'essayer une chaussure de vair !). S’ensuivent plusieurs épreuves, au cours desquelles des monstres divers et variés (parfois venus de la préhistoire !), ainsi que la rivalité entre ces femmes vont éclaircir les rangs. C’est un peu bourrin et basique. Même si Cho tente de donner plus de coffre à l’intrigue avec une histoire/enquête parallèle, ça reste quand même un scénario un peu trop simpliste. Le dessin est du comics classique – plutôt bon dans son genre (avec une colorisation informatique dont je ne suis pas fan). Un petit défouloir que l’on peut emprunter. Mais ça m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.

16/03/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Cas David Zimmerman
Le Cas David Zimmerman

Je suis très étonné d'être le premier à chroniquer cette BD. Notons que je n'y mets aucune fierté ni aucun mérite perso, mais j'avais tellement entendu parler d'elle depuis sa sortie que je pensais vraiment la trouver ici-même. En outre, il me semblait que les œuvres précédentes de Lucas Harari avaient reçu un écho extrêmement favorable. Par ailleurs, j'abordais ma lecture avec pas mal d'a priori car La dernière rose de l'été m'avait laissé complètement de marbre. Cela étant dit, je reste très partagé sur le cas David Zimmerman. D'abord, je suis assez stupéfait par le travail sur les couleurs qui contribue grandement à l'ambiance générale. C'est même carrément splendide sur les pages pleines, magnifiques, notamment les vues générales de nuit (P94-95 par exemple). Car à mon sens, l'ambiance est l'élément le plus important de cette histoire. Elle imprègne chaque page d'un voile fantastique, comme chez Charles Burns, disons la BD made in US en général. Il y a beaucoup de pages muettes d'ailleurs, ce qui fait que cette énorme pavé est finalement engloutie assez vite. Le travail de Roman Gigou, le coloriste, compense en grande partie une certaine rigidité que je ne peux m'empêcher de percevoir dans le dessin, ce qui m'avait au passage vraiment freiné dans La Dernière Rose... Rigidité des visages et rectitude des architectures, tout cela resterait sans doute assez froid sans l'impact visuel des couleurs. Ici, tout cela est évité. En effet, plus on avance, plus l’œil semble détendre les lignes, si bien que très vite, le dessin devient même très séduisant. On se retrouve sans trop s'en rendre compte, complètement happé dans ces grandes pages crépusculaires. Je me suis surpris à admirer longuement certaines cases, d'autant plus que l'édition, comme toujours chez Sarbacane, est très classieuse : papier de qualité, agréable sous les doigts, trame à gros points (j'aime !)... Enfin, le scénario est très bien foutu, terriblement intrigant, et rapidement mis en place. Il vous maintient en haleine jusqu'au bout. Toutes mes réticences se sont évanouies dès l'entame du deuxième chapitre. On sent derrière tout ça des préoccupations très actuelles sur l'identité de genre. Tout cette affaire de passage d'un corps à l'autre par un hypothétique "corps" étranger renvoie de toute évidence à cette question (on songera au passage au film It Follows). L'intégration d'un sujet social dans une fiction, fantastique qui plus est, est ici parfaitement réussie, et très fluide. Alors où est le problème ? Ben à vrai dire, j'ai été proportionnellement très déçu par cette fin qui m'a laissé sur ma faim. Bien sur, j'y ai beaucoup cogité pour en conclure finalement que les auteurs militaient peut-être en faveur du libre choix du genre pour les individus, tout en soutenant l'acceptation de son corps. Bof ! Pas très satisfaisant... Donc oui, fin pour moi un peu facile, et en même temps peu explicite, mais également sujet qui ne me concerne pas, même si j'y suis par ailleurs sensible... Bref ! Je garde cette BD un très bon souvenir de lecture, sans oublier le fait que je lui trouve un aspect fantastique et social très très bien intégré, toutefois un peu gâté par cette fin triste, sans lueur, et pour moi peu saisissable. Une fois refermée Le cas David Zimmerman, j'ai eu le sentiment qu'on me mettait à la porte après une excellente soirée, sentiment assez frustrant. Ce 3/5 n'est pas vraiment représentatif de ce que je pense, c'est pourquoi pour ne pas donner l'impression que je boude ou juge, je lui colle malgré tout un coup de cœur.

16/03/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Une Saison en Ethiopie
Une Saison en Ethiopie

Je retrouve Karim lebhour après avoir vu son travail à l'ONU. On va le suivre ainsi qu'un autre journaliste dans leur vie quotidienne en Éthiopie. Je connais surtout l'Éthiopie pour des événements qui se sont passés il y a longtemps (seul pays Africain pas colonisé, invasion italienne, renversement de la monarchie par les communistes, la famine...) et donc c'était intéressant de voir à quoi ressemble la vie moderne dans ce pays. C'est donc un pays plus stable que ses voisins et l'économie marche bien, mais c'est aussi un régime autoritaire où l'opposition n'a pas le droit de parler et c'est une même ethnie qui a les bons postes et le pouvoir pendant que les autres ont peu de perspective pour un avenir meilleur. C'est un documentaire pas mal même si comme souvent avec ce type de BD on voit surtout la surface des choses. Il faut dire que l'Éthiopie n'est pas très ouvert à la presse libre et on va voir qu'être journaliste, même étranger, n'est pas facile dans ce pays et si un éthiopien se plaint du régime à un journaliste il a de bonnes chances de finir en prison alors on l'a ferme ou on demande de ne pas être cité dans une dépêche. Le dessin est sympathique.

16/03/2025 (modifier)
Couverture de la série Chassé-croisé au Val Doré
Chassé-croisé au Val Doré

Quel est le point commun entre un garçon exigeant, un chien qui aboie tout le temps, un fantôme de petite fille et un président de la République chasseur de monstre ? Aucun à première vue, si ce n'est qu'un beau jour tout ce petit monde s'est croisé dans la même maison. Ces quatre petites histoires se croisant et s'imbriquant les unes les autres sont assez satisfaisantes à lire. Le fait de passer d'un point de vue d'un évènement à un autre, de constater les différentes narrations qui se rejoignent le temps d'une scène, c'est vraiment intéressant. Chacune des histoires à son sujet, son ambiance (d'ailleurs, bien que Sergio García Sanchez illustre chacun des récits, il modifie son style pour bien individualiser les albums). J'ai personnellement préféré l'histoire de la jeune fille fantôme (qui techniquement est également intimement liée à l'histoire du chien), les sujets du deuil et des liens familiaux étant chers à mon cœur. Mais j'apprécie également l'histoire du président avec tout ce côté loufoque du chef du gouvernement secrètement chargé de tataner du vilain, l'histoire du garçon qui demande toujours trop à ses parents et celle du chien avec la narration nous montrant bien la compréhension propre de cet animal face à tout ce qui l'entoure. Une lecture agréable, amusante et souvent touchante.

15/03/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Coco et Moumouche
Coco et Moumouche

Coco et Moumouche est une BD pour les tous petits, pour les initier au média BD avec une histoire mignonne. C'est l'histoire de Coco le petit loup qui a décidé de construire en petite tour en jouets. Mais comme il est trop petit, il doit régulièrement aller chercher des outils ou de l'aide pour empiler les pièces les plus hautes. Sauf qu'à chaque fois qu'il revient, la tour est effondrée. Et il découvre que c'est à cause d'une mouche qui se pose à son sommet et la déséquilibre. C'est un album petit format cartonné comportant 3 à 6 cases par page avec un dessin très clair, presque géométrique. La narration est muette mais inclut tout de même quelques bulles de dialogues ou de pensées contenant un dessin explicite permettant de bien comprendre ce qu'elles veulent dire. C'est un bon moyen d'introduire les tous jeunes lecteurs à la BD, à sa manière d'être lue et aussi à certains de ses outils narratifs tels que les lignes de mouvement ou les éclats de surprise. Elle peut donc leur être lue par les parents, avec d'ailleurs un petit guide inclus pour leur expliquer comment bien le leur lire, ou directement par les enfants. La narration graphique est très compréhensible à part un tout petit loupé en tout début d'album où j'ai dû revenir en arrière brièvement pour bien comprendre que le carton de Coco était retombé sur lui. L'histoire est très simple dans son idée et dans sa conclusion, mais elle est racontée de manière mignonne et on referme l'album avec le sourire. Un sympathique petit album pour les très jeunes.

15/03/2025 (modifier)
Couverture de la série In Wonderland
In Wonderland

Comme vous auriez pu vous en douter en lisant le titre de cet album, il s'agit ici d'une histoire inspirée d'Alice au pays des merveilles (surprenant, je sais). Seulement inspirée, car ici pas d'Alice ou de personnages marquants des deux romans et quelques nouvelles de Lewis Caroll autour de cet univers (si ce n'est un ou deux). Ici, nous suivons Elise, jeune orpheline, joueuse, rêveuse et bien élevée (même si constamment animée d'une énergie propre à l'enfance). Le pays des merveilles d'Elise n'a pas grand chose à voir avec celui d'Alice, tout fait plus sens, tout est plus ordonné, il s'agit en fait d'un récit tranche de vie sur une jeune enfant avec la particularité que la forme est fantasque (des animaux qui s'habillent et qui parlent, une sorcière, ...). Là où les aventures d'Alice marquent par leur côté tellement fantasques qu'elles frisent l'absurde, leur parallèle avec les histoires sans queue ni tête que l'on se raconte en enfance et la jolie forme de son texte, ici on cherche davantage la poésie du quotidien. La forme est fantasque mais le fond ne l'est pas, si vous voulez. Elise est une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normale (enfin, pour une jeune fille bourgeoise anglaise du XIXème siècle). Le flegme d'Elise surprend moins, marque moins que celui d'Alice, car ici d'autres personnages agissent en réalité de manière bien "normée", là où Alice était véritablement la seule a rester imperturbable face à toutes les folies qu'elle pouvait observer. L'histoire est sympathique, magnifiquement dessinée (même si certaines cases sont parfois durent à pleinement apprécier car trop chargées), mais j'avoue être un peu restée sur ma fin. Je suis une grande amatrice de l'œuvre de Lewis Caroll et apprécie bon nombre d'adaptations et de réécriture de ses histoires, mais ici je n'ai pas vraiment retrouver cette douce folie, ces personnages et lieux dont l'existence ne tient qu'à un jeu sur les mots ou la langue, ou encore ce pur plaisir de raconter des histoires abracadabrantes comme fin en soi qui marquent pourtant dans l'œuvre d'origine. Les petites histoires composant l'album restent agréables à lire et l'aspect fantaisie du quotidien proche d'une certaine forme de réalisme magique m'a plu, mais j'avoue ne pas avoir retrouvé la magie d'un pays des merveilles comme m'avait promis le titre.

15/03/2025 (modifier)