Nouvelle adaptation d'une light novel racontant la réincarnation d'un japonais dans un monde de fantasy, en quoi Conqueror of the Dying Kingdom se différencie-t-il des si nombreux isekai parus ces dernières années au Japon et en France ? Pour le moment, peu de choses mais il n'en demeure pas moins que la lecture de ce manga est plutôt agréable.
Yuri, le héros, a été réincarné dans un monde parallèle, similaire à la Terre avec juste un développement resté à un stade proche de la Renaissance, sans magie a priori mais avec tout de même des aigles géants qui servent de montures pour les voyages et les combats. Et dès sa naissance, Yuri a gardé les souvenirs de sa vie passée, une mémoire d'adulte dans un corps d'enfant donc. Appréciant sa nouvelle vie et sa famille aimante, il va dès lors utiliser avec sagesse ses connaissances et son intelligence pour aider son peuple et le protéger du danger, qu'il s'agisse de résoudre des intrigues de cour ou d'utiliser son savoir scientifique pour éviter une épidémie ou permettre certains développements.
Même s'il parait facile que le héros puisse avoir une telle connaissance dans des domaines si différents et qu'il puisse s'en sortir enfant dans des situations qui auraient pu lui être fatales, le ton reste relativement crédible et mature. Le rythme est posé, sans les grandes envolées excentriques de certains shonen, et on se laisse porter par la lecture. On notera aussi comme particularité que l'auteur n'hésite pas à laisser le temps passer, puisque notamment plus de 10 années se seront écoulées entre le début du premier tome et la fin du second. Toutefois malgré ce temps qui passe, l'histoire évolue peu et au bout de deux tomes, on se demande encore où l'auteur veut en venir et s'il va mettre pour de bon en place une intrigue plus développée à l'image de cette menace qu'on nous annonce s'approcher mais dont on ne voit rien pour le moment.
C'est un isekai plaisant et plutôt intelligent mais il manque pour le moment d'une véritable accroche pour donner une vraie envie de lire la suite.
Même si les titres se ressemblent et l'esprit est similaire, Ceux qui me touchent n'est pas lié à Ceux qui me restent des mêmes auteurs. C'est une histoire totalement indépendante. C'est celle de Fabien, père d'une petite fille de 5 ans qui se morfond dans une vie professionnelle qu'il déteste mais que les circonstances l'empêchent de quitter. En effet, malgré ses études artistiques, il travaille désormais dans un abattoir pour porcs et les finances de son couple ne lui permettent pas d'autres horizons. Le jour où certains éléments d'une histoire imaginée pour endormir sa fille se reflètent dans sa réalité, il y voit le signe d'une possible porte de sortie.
Pour situer mon avis, il faut savoir que je suis peu sensible aux purs romans graphiques, surtout quand ceux-ci sont plutôt sombres. Par exemple, je n'avais pas aimé Ceux qui me restent même si c'était beaucoup du fait d'une narration qui m'avait embrouillé. Ceux qui me touchent est nettement plus clair et linéaire en comparaison et a davantage réussi à m'accrocher malgré l'horizon obscur et fermé de la vie d'un héros auquel je ne me suis guère attaché. Par contre, je ne suis toujours pas amateur du graphisme, même s'il n'est pas essentiel ici.
C'est une histoire sur la difficile conciliation entre espoirs de jeunesse et dure réalité de la vie familiale et de son équilibre financier. C'est aussi l'histoire de quelqu'un qui va suivre une intuition pour tenter d'échapper à un quotidien désespéré. Et aussi saugrenue que soit cette intuition, elle a l'avantage de se rapprocher de l'esprit artistique de la jeunesse du héros.
Comme le rythme narratif est plutôt bon, j'ai su être capté par cette intrigue et ma curiosité a été attisée à l'idée de voir où le héros et les auteurs allaient en venir. Est-ce que cette intuition allait avoir un petit côté magique ?
Je ne dévoilerai pas la fin mais les auteurs font justement le choix d'envisager les deux possibilités, qu'il s'agisse d'un cruel retour à la réalité ou d'un espoir que le conte de fées se réalise. Cette touche optimiste finale compense pour moi l'amertume des pages précédentes et c'est bien.
Je ne connaissais le Livre de la Jungle que via le dessin animé de Disney et quelques autres adaptations librement inspirées de Kipling et de ce fameux dessin animé. Je n'ai jamais lu le roman originel de Rudyard Kipling et c'est par le biais de la lecture coup sur coup de son adaptation en manga et de cette adaptation en BD que je l'ai découvert pour de bon. A noter que cet album ne reprend que les aventures de Mowgli et pas d'autres contes du roman. Et on constate bien vite que si Disney a bien repris les éléments essentiels du roman, il les a complètement remaniés à sa manière et l'histoire originale de Mowgli est bien plus sérieuse et cruelle également. Le personnage de Mowgli lui-même est bien plus mature et volontaire, au point même de défier avec hargne tous ceux qui lui barrent la route voire de se venger sans pitié contre eux.
Le dessin de TieKo est ici très pro, très soigné. On sent qu'il subit lui-même l'influence des décors du film Disney car on reconnait les mêmes aspects d'une Inde fantasmée et de quelques lieux marquants de l'histoire de Mowgli, mais je ne lui en ferai pas reproche et j'ai trouvé que c'était un bel album. Ca fait plaisir de voir un si bel ensemble pour mettre en image un classique de la littérature.
L'adaptation est fidèle, parfois un tout petit peu trop car quelques scènes sont très verbeuses. Mais en tout cas, elle est bien mise en scène et se lit agréablement. Une bonne manière de découvrir la fameuse œuvre de Rudyard Kipling, même si au final je préfère la version Disney que je trouve mieux rythmée... en forcément forte de ses excellents chansons.
Je ne connaissais le Livre de la Jungle que via le dessin animé de Disney et quelques autres adaptations librement inspirées de Kipling et de ce fameux dessin animé. Je n'ai jamais lu le roman originel de Rudyard Kipling et c'est par le biais de la lecture coup sur coup de cette adaptation en manga et d'une autre adaptation en BD que je l'ai découvert pour de bon.
A noter que ce manga ne se contente pas de reprendre les seules aventures de Mowgli mais il adapte aussi l'intégralité des contes du premier livre. Car Kipling a écrit deux livres de la Jungle et les aventures de Mowgli n'en forment qu'une partie. Rien que pour m'avoir appris ça, je remercie ce manga.
Le graphisme n'est toutefois pas terrible. C'est un style manga qui rappelle celui de Tezuka avec des animaux aux grand yeux et aux visages ultra expressifs. Ca ressemble à un style pour enfants même si le ton du récit est à mi-chemin entre enfantin et adulte ; en effet, comme le récit est plutôt fidèle aux romans, on y retrouve le même ton réaliste et parfois assez cruel. Mais pour ce qui est de la technique graphique, ce n'est pas formidable. Certains animaux sont mêmes complètement ratés, comme notamment les éléphants qui semblent avoir été dessinés par un enfant qui n'a jamais vu un tel animal en vrai. La mise en scène reste toutefois correcte et l'histoire se lit plutôt bien.
C'est ainsi grâce à cette lecture que j'ai pu constater que si Disney a bien repris dans son dessin animé les éléments essentiels du roman, il les a complètement remaniés à sa manière et l'histoire originale de Mowgli est bien plus sérieuse et cruelle également. Le personnage de Mowgli lui-même est bien plus mature et volontaire, au point même de défier avec hargne tous ceux qui lui barrent la route voire de se venger sans pitié contre eux.
J'ai pu aussi découvrir qu'au delà des aventures de Mowgli, le livre de la jungle comporte d'autres contes n'ayant rien à voir ou presque.
Avec l'histoire du phoque Kotick, nous sommes dans une ambiance nordique rappelant davantage les récits de Jack London.
Avec les aventures de la mangouste Rikki-Tikki-Tavi, nous sommes plus dans un récit d'aventure animalière pour la jeunesse avec des combats et du courage.
Avec le jeune cornac Toomai, on retrouve un décor nettement plus humain, les animaux n'y étant pas ici dotés de la parole, qui donne une vision intéressante d'une portion de l'Inde à l'époque.
Et enfin, avec la dernière histoire, Au Service de la Reine, on a une très courte fable glorifiant l'organisation de l'armée coloniale britannique et de ses nombreux animaux.
Aucun de ces récits ne m'a vraiment marqué mais je les ai tous trouvés intéressants à différents niveaux et j'ai été heureux que ce manga me permette de les découvrir de façon simple et légère.
Un petit 3 pour cette nouvelle incursion dans le roman après le tordant Et si l'amour c'était aimer ?. Mais cette fois-ci un vrai, avec uniquement des photos avec de vrais gens.
C'est toujours du Fabcaro mais que l'on sent bridé, peut-être par Eric Judor qui donne ici beaucoup de sa personne. et accapare le récit.
Le récit plus linéaire évite trop d'écarts et j'ai la sensation de relire les poilants romans-photo de Fluide Glacial, qui me font plus sourire que rire.
Bref, je suis un chouia déçu bien que grand fan à la fois de Fabcaro et Judor, j'en attendais beaucoup mais ai lu un petit délire de bande de copains se mettant tous en scène.
Le livre est beau et de bonne qualité mais le prix est élevé au regard du temps de lecture.
Je continue mon exploration du monde de Munoz après avoir découvert l'excellent L'Inconnue du bar (Dans la tête de...). Ce volume compile les histoires qu'il avait fait pour feu le magazine Aaaarg, magazine éphémère de bande dessinée, avec principalement des dessins humoristiques légendés. Ce qui fait rapidement défaut donc, puisque la lecture est très très rapide, entrecoupée de seulement une petite histoire de l'éditeur qui recherche son auteur. Donc ne vous attendez pas à plus de 10 min avant de finir l'ouvrage.
Par contre j'ai adoré ce qu'il en a fait, avec des planches d'un humour sauvage et acide, toujours dans un ton noir. J'ai beaucoup ri à la lecture, lui qui arrive à trouver des horreurs parfaitement adaptées à ce genre de dessin. Il y a des trouvailles géniales, mais surtout il y a toujours cet humour qui est à la fois acide et un peu triste sur une réalité sordide. C'est presque le développement de ce qui se verra ensuite dans ses autres séries. Je dirais que cette BD est parfaite pour entrer dans le monde étrange et noir de Munoz.
L'histoire principale qui sert de liant, sans jamais être véritablement liée aux dessins, est amusante avec cet éditeur qui pète un câble et décide de rechercher son auteur en suivant les clichés qu'il a sur les artistes. C'est sanglant mais surtout très con, je me suis bien amusé. Elle est plutôt courte, mais je suis d'accord avec Gaston : plus longue, elle aurait été redondante.
En somme une bien bonne BD d'humour noire, trop vite lue à mon gout, mais qui a le mérite de nous faire rire jaune. J'apprécie beaucoup Munoz, décidément !
Fabcaro semble avoir trouvé son mode de fonctionnement et nous sort une nouvelle BD parodiant les romans photos, dans la même veine que Et si l'amour c'était aimer ? mais avec cette fois-ci un roman photo pur jus, écrit en collaboration avec Eric Judor et mettant en scène celui-ci dans sa vie bien rangée d'employé de bureau qui se sent inutile et mal vu. Au cours d'un stage de Vaudou, il apprend à maitriser un pouvoir faisant de lui un homme regardé et envié. Très vite, tout dégénère.
La trame est assez classique, plutôt amusante et on sent que Fabcaro se plait à parodier les bureaux, les employés lambdas, les stages de coaching en tout genre ainsi que le monde des médias. L'ensemble passe par des planches à chute, pas toutes aussi réussies mais globalement amusantes et certaines franchement drôles. Le mélange des coiffures, des vêtements, des décors tous très typés vieillots ajoute à une sorte d'ambiance rétro qu'on moque gentiment.
Cependant, j'avoue que la BD reste plutôt en-deça de ce que Fabcaro nous a déjà pondu, et j'aurais tendance à recommander plutôt Et si l'amour c'était aimer ? qui est dans la même veine mais est carrément plus barrée et m'a beaucoup plus fait rire. Ici ça reste potache gentil, avec ce côté rigide des romans photos, le tout dans une déco ringarde et des dialogues absurdes. Ce n'est clairement pas mauvais, mais ça fait un peu répétition d'autres albums sans que ça ne les égale. Pour les fans de Fabcaro en priorité, les nostalgiques des roman-photos des vieux magazines aussi ou simplement pour rire un peu. Mais on est pas dans la grosse poilade non plus.
J'ai lu cet album dans les rayonnages de la librairie, en me demandant qu'est-ce que c'était que cet improbable cross-over. Tebo, que je connais surtout pour sa période Tchô ! avec Samson et Néon, faisant une BD sur les Schtroumpf, pourquoi pas après tout ? Même si son humour me semblait assez mal compatible, finalement je me suis retrouvé à être très agréablement surpris par la lecture. C'est frais, un parfait hommage et une très bonne histoire.
Si le graphisme reste totalement dans le style de Tebo, avec un côté qui me rappelle d'autres productions de Tchô !, Tebo arrive tout de même à nous pondre un truc qui ressemble beaucoup à du Peyo et ses Schtroumpfs ordinaires. D'ailleurs l'histoire fait à la fois parfaitement hommage à la production classique, mais aussi adapte son humour et ses références à l'ensemble. C'est un savant mélange très bien dosé à mon gout, avec une petite histoire qui n'est pas sans quelques pointes d'humour qui m'ont fait franchement rire. A la fois bel hommage et BD intéressante en tant que tel, l'album est d'une originalité rafraichissante chez les petits lutins bleus qui me semblaient franchement tourner en rond depuis plusieurs albums. Les fans apprécieront !
Cet album revient sur le rôle joué par deux acteurs célèbres (David Niven et Peter Ustinov) dans une opération de contre-espionnage menée par le MI5 durant la seconde guerre mondiale. L’auteur, Jean Harambat, nous prévient cependant que tout ce qui nous est raconté n’est pas vrai… mais n’est pas faux non plus. Nous nous retrouvons donc devant une interprétation romancée d’un fait historique, et chez moi, ce genre de procédé a tendance à mal passer. Mais bon, j’avais adoré « La Fuite du cerveau » de Gomont, dont la démarche est finalement assez similaire.
Ceci dit, j’adore David Niven et j’apprécie Peter Ustinov. Et très sincèrement, mes passages préférés auront été ceux dans lesquels Jean Harambat retranscrit mot à mot des extraits de leurs autobiographies. Outre ces passages, j’ai beaucoup aimé les 4/5ème de l’album. C’est drôle, vivant, et on a le sentiment de pouvoir faire la part des choses entre ce qui est vrai et ce qui est exagéré ou romancé. C’est dans la dernière partie du récit et surtout lors de la grande scène finale que ça a vraiment coincé chez moi. A mes yeux, le récit tombe exagérément dans le vaudeville burlesque. Hommage au cinéma des années 1930, clin d’œil à Errol Flynn, je comprends la démarche de l’auteur mais j’aurais préféré rester dans une veine plus réaliste, plus plausible vis-à-vis des faits historiques.
Côté dessin, rien à redire. Le style convient parfaitement au ton même si le trait n’est pas des plus précis. C’est léger et décomplexé, avec un peu de raideur dans le trait, ce qui cadre bien avec l’image dégagée par les personnages.
De grands moments durant lesquels j’ai vraiment éclaté de rire (surtout lors de ma lecture d’extraits de l’autobiographie de David Niven), des passages plaisants, et des moments plus faiblards. Dans l’ensemble, je vais dire que c’est pas mal mais on n’est pas passé loin d’un 4/5 pour ma pomme.
PS : j'ai lu l'album dans sa version en format réduit et à bas prix et je dois quand même dire qu'à certains moments il faut avoir de bons yeux !
Pure coïncidence, cette bande dessinée, je l’ai lue quelques jours avant les émeutes de début juillet. Et comme on a pu le voir, certains politiques, en particulier l’extrême-droite avec comme chef de file le venimeux Eric « Gargamel » Zemmour, n’ont pas manqué de brandir une fois de plus le thème du « grand remplacement ». Ces derniers seraient donc bien inspirés d’entamer la lecture de cet ouvrage passionnant et documenté, qui traite de l’immigration depuis 1870 à nos jours. Car c’est dans cette seconde moitié du XIXe siècle qu’ont commencé les premiers mouvements de population au sein de l’Hexagone. A l’époque déjà, les Bretons et les Auvergnats, qui venaient s’installer dans la capitale en quête d’une vie meilleure, suscitaient l’hostilité des Parisiens. Suivis par les Italiens, les Belges et les Polonais qui furent appelés par la République, car en effet, le besoin de main d’œuvre était criant dans une France en pleine phase d’industrialisation. En 1886, les étrangers représentaient déjà une population de 1,2 millions, tandis que la démographie des Français, elle, stagnait ! C’est dans ces années que fut voté, afin de contrer le droit du sang des nationalistes, le droit du sol, condition nécessaire pour mieux intégrer ces populations et accessoirement grossir les rangs de l’armée française…
Bref, l’ouvrage est passionnant, entrecoupé d’anecdotes et de témoignages de célébrités et d’anonymes dont les parents et aïeux n’étaient pas « de souche » ! Saviez-vous par exemple que la baguette était liée à la construction du métro parisien et aux immigrés qui y travaillaient ? Ou encore que la musette (oui, celle des bals) a été créée avec l’apport de l’accordéon par les Italiens ? Sans parler évidemment du couscous, devenu plat préféré des Français (mais ça tout le monde le sait déjà…).En déroulant le fil de cette histoire de l’immigration, on prend conscience de la richesse que celle-ci a apporté à la nation, mais aussi du fait que les étrangers ont été régulièrement pointés du doigt par les politiques les plus démagogues, enclins à titiller les peurs et les bas instincts. La défense de l’identité « gauloise », cet argument électoral nécessitant peu de rigueur intellectuelle, a souvent fonctionné et bien hélas fonctionne encore, en se répercutant surtout sur les lois successives qui ont fini par transformer aujourd’hui l’acquisition de la nationalité française (ou de la simple carte de séjour) en parcours du combattant.
En ce qui concerne la partition graphique, Sébastien Vassant, adepte du format documentaire et historique (« Juger Pétain », « Politique qualité », « La Veille du Grand Soir »…) produit un dessin hyper lisible et donc très approprié. Son style, moins relâché et artistique que dans d’autres de ses productions, est tout à fait conforme aux codes du genre. La mise en page est variée et accompagne bien le texte. Le bémol se situe au niveau des représentations des personnages, plus ou moins célèbres, qu’on a parfois beaucoup de mal à reconnaître.
Cela ne retire rien à l’intérêt de ce document que l’on peut considérer comme un ouvrage de salut public, à l’heure où le gouvernement s’apprête à présenter un énième projet de loi immigration, déjà repoussé en raison des controverses qu’il a suscitées. Mais surtout en raison de la montée en puissance des discours haineux vis-à-vis d’une frange de la population issue de l’immigration récente « de couleur », des discours qui pourraient pour la première fois favoriser l’arrivée au pouvoir d’un parti d’extrême-droite aux prochaines présidentielles. Dans un tel contexte, on se prend à espérer que « La Fabrique des Français » soit largement diffusée dans les écoles et les bibliothèques de « France et de Navarre ». Un livre très instructif qui apaise le débat, à lire évidemment de toute urgence !
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Conqueror of the Dying Kingdom
Nouvelle adaptation d'une light novel racontant la réincarnation d'un japonais dans un monde de fantasy, en quoi Conqueror of the Dying Kingdom se différencie-t-il des si nombreux isekai parus ces dernières années au Japon et en France ? Pour le moment, peu de choses mais il n'en demeure pas moins que la lecture de ce manga est plutôt agréable. Yuri, le héros, a été réincarné dans un monde parallèle, similaire à la Terre avec juste un développement resté à un stade proche de la Renaissance, sans magie a priori mais avec tout de même des aigles géants qui servent de montures pour les voyages et les combats. Et dès sa naissance, Yuri a gardé les souvenirs de sa vie passée, une mémoire d'adulte dans un corps d'enfant donc. Appréciant sa nouvelle vie et sa famille aimante, il va dès lors utiliser avec sagesse ses connaissances et son intelligence pour aider son peuple et le protéger du danger, qu'il s'agisse de résoudre des intrigues de cour ou d'utiliser son savoir scientifique pour éviter une épidémie ou permettre certains développements. Même s'il parait facile que le héros puisse avoir une telle connaissance dans des domaines si différents et qu'il puisse s'en sortir enfant dans des situations qui auraient pu lui être fatales, le ton reste relativement crédible et mature. Le rythme est posé, sans les grandes envolées excentriques de certains shonen, et on se laisse porter par la lecture. On notera aussi comme particularité que l'auteur n'hésite pas à laisser le temps passer, puisque notamment plus de 10 années se seront écoulées entre le début du premier tome et la fin du second. Toutefois malgré ce temps qui passe, l'histoire évolue peu et au bout de deux tomes, on se demande encore où l'auteur veut en venir et s'il va mettre pour de bon en place une intrigue plus développée à l'image de cette menace qu'on nous annonce s'approcher mais dont on ne voit rien pour le moment. C'est un isekai plaisant et plutôt intelligent mais il manque pour le moment d'une véritable accroche pour donner une vraie envie de lire la suite.
Ceux qui me touchent
Même si les titres se ressemblent et l'esprit est similaire, Ceux qui me touchent n'est pas lié à Ceux qui me restent des mêmes auteurs. C'est une histoire totalement indépendante. C'est celle de Fabien, père d'une petite fille de 5 ans qui se morfond dans une vie professionnelle qu'il déteste mais que les circonstances l'empêchent de quitter. En effet, malgré ses études artistiques, il travaille désormais dans un abattoir pour porcs et les finances de son couple ne lui permettent pas d'autres horizons. Le jour où certains éléments d'une histoire imaginée pour endormir sa fille se reflètent dans sa réalité, il y voit le signe d'une possible porte de sortie. Pour situer mon avis, il faut savoir que je suis peu sensible aux purs romans graphiques, surtout quand ceux-ci sont plutôt sombres. Par exemple, je n'avais pas aimé Ceux qui me restent même si c'était beaucoup du fait d'une narration qui m'avait embrouillé. Ceux qui me touchent est nettement plus clair et linéaire en comparaison et a davantage réussi à m'accrocher malgré l'horizon obscur et fermé de la vie d'un héros auquel je ne me suis guère attaché. Par contre, je ne suis toujours pas amateur du graphisme, même s'il n'est pas essentiel ici. C'est une histoire sur la difficile conciliation entre espoirs de jeunesse et dure réalité de la vie familiale et de son équilibre financier. C'est aussi l'histoire de quelqu'un qui va suivre une intuition pour tenter d'échapper à un quotidien désespéré. Et aussi saugrenue que soit cette intuition, elle a l'avantage de se rapprocher de l'esprit artistique de la jeunesse du héros. Comme le rythme narratif est plutôt bon, j'ai su être capté par cette intrigue et ma curiosité a été attisée à l'idée de voir où le héros et les auteurs allaient en venir. Est-ce que cette intuition allait avoir un petit côté magique ? Je ne dévoilerai pas la fin mais les auteurs font justement le choix d'envisager les deux possibilités, qu'il s'agisse d'un cruel retour à la réalité ou d'un espoir que le conte de fées se réalise. Cette touche optimiste finale compense pour moi l'amertume des pages précédentes et c'est bien.
Le Livre de la Jungle (Glénat)
Je ne connaissais le Livre de la Jungle que via le dessin animé de Disney et quelques autres adaptations librement inspirées de Kipling et de ce fameux dessin animé. Je n'ai jamais lu le roman originel de Rudyard Kipling et c'est par le biais de la lecture coup sur coup de son adaptation en manga et de cette adaptation en BD que je l'ai découvert pour de bon. A noter que cet album ne reprend que les aventures de Mowgli et pas d'autres contes du roman. Et on constate bien vite que si Disney a bien repris les éléments essentiels du roman, il les a complètement remaniés à sa manière et l'histoire originale de Mowgli est bien plus sérieuse et cruelle également. Le personnage de Mowgli lui-même est bien plus mature et volontaire, au point même de défier avec hargne tous ceux qui lui barrent la route voire de se venger sans pitié contre eux. Le dessin de TieKo est ici très pro, très soigné. On sent qu'il subit lui-même l'influence des décors du film Disney car on reconnait les mêmes aspects d'une Inde fantasmée et de quelques lieux marquants de l'histoire de Mowgli, mais je ne lui en ferai pas reproche et j'ai trouvé que c'était un bel album. Ca fait plaisir de voir un si bel ensemble pour mettre en image un classique de la littérature. L'adaptation est fidèle, parfois un tout petit peu trop car quelques scènes sont très verbeuses. Mais en tout cas, elle est bien mise en scène et se lit agréablement. Une bonne manière de découvrir la fameuse œuvre de Rudyard Kipling, même si au final je préfère la version Disney que je trouve mieux rythmée... en forcément forte de ses excellents chansons.
Le Livre de la Jungle (Manga)
Je ne connaissais le Livre de la Jungle que via le dessin animé de Disney et quelques autres adaptations librement inspirées de Kipling et de ce fameux dessin animé. Je n'ai jamais lu le roman originel de Rudyard Kipling et c'est par le biais de la lecture coup sur coup de cette adaptation en manga et d'une autre adaptation en BD que je l'ai découvert pour de bon. A noter que ce manga ne se contente pas de reprendre les seules aventures de Mowgli mais il adapte aussi l'intégralité des contes du premier livre. Car Kipling a écrit deux livres de la Jungle et les aventures de Mowgli n'en forment qu'une partie. Rien que pour m'avoir appris ça, je remercie ce manga. Le graphisme n'est toutefois pas terrible. C'est un style manga qui rappelle celui de Tezuka avec des animaux aux grand yeux et aux visages ultra expressifs. Ca ressemble à un style pour enfants même si le ton du récit est à mi-chemin entre enfantin et adulte ; en effet, comme le récit est plutôt fidèle aux romans, on y retrouve le même ton réaliste et parfois assez cruel. Mais pour ce qui est de la technique graphique, ce n'est pas formidable. Certains animaux sont mêmes complètement ratés, comme notamment les éléphants qui semblent avoir été dessinés par un enfant qui n'a jamais vu un tel animal en vrai. La mise en scène reste toutefois correcte et l'histoire se lit plutôt bien. C'est ainsi grâce à cette lecture que j'ai pu constater que si Disney a bien repris dans son dessin animé les éléments essentiels du roman, il les a complètement remaniés à sa manière et l'histoire originale de Mowgli est bien plus sérieuse et cruelle également. Le personnage de Mowgli lui-même est bien plus mature et volontaire, au point même de défier avec hargne tous ceux qui lui barrent la route voire de se venger sans pitié contre eux. J'ai pu aussi découvrir qu'au delà des aventures de Mowgli, le livre de la jungle comporte d'autres contes n'ayant rien à voir ou presque. Avec l'histoire du phoque Kotick, nous sommes dans une ambiance nordique rappelant davantage les récits de Jack London. Avec les aventures de la mangouste Rikki-Tikki-Tavi, nous sommes plus dans un récit d'aventure animalière pour la jeunesse avec des combats et du courage. Avec le jeune cornac Toomai, on retrouve un décor nettement plus humain, les animaux n'y étant pas ici dotés de la parole, qui donne une vision intéressante d'une portion de l'Inde à l'époque. Et enfin, avec la dernière histoire, Au Service de la Reine, on a une très courte fable glorifiant l'organisation de l'armée coloniale britannique et de ses nombreux animaux. Aucun de ces récits ne m'a vraiment marqué mais je les ai tous trouvés intéressants à différents niveaux et j'ai été heureux que ce manga me permette de les découvrir de façon simple et légère.
Guacamole Vaudou
Un petit 3 pour cette nouvelle incursion dans le roman après le tordant Et si l'amour c'était aimer ?. Mais cette fois-ci un vrai, avec uniquement des photos avec de vrais gens. C'est toujours du Fabcaro mais que l'on sent bridé, peut-être par Eric Judor qui donne ici beaucoup de sa personne. et accapare le récit. Le récit plus linéaire évite trop d'écarts et j'ai la sensation de relire les poilants romans-photo de Fluide Glacial, qui me font plus sourire que rire. Bref, je suis un chouia déçu bien que grand fan à la fois de Fabcaro et Judor, j'en attendais beaucoup mais ai lu un petit délire de bande de copains se mettant tous en scène. Le livre est beau et de bonne qualité mais le prix est élevé au regard du temps de lecture.
Mauvaises mines
Je continue mon exploration du monde de Munoz après avoir découvert l'excellent L'Inconnue du bar (Dans la tête de...). Ce volume compile les histoires qu'il avait fait pour feu le magazine Aaaarg, magazine éphémère de bande dessinée, avec principalement des dessins humoristiques légendés. Ce qui fait rapidement défaut donc, puisque la lecture est très très rapide, entrecoupée de seulement une petite histoire de l'éditeur qui recherche son auteur. Donc ne vous attendez pas à plus de 10 min avant de finir l'ouvrage. Par contre j'ai adoré ce qu'il en a fait, avec des planches d'un humour sauvage et acide, toujours dans un ton noir. J'ai beaucoup ri à la lecture, lui qui arrive à trouver des horreurs parfaitement adaptées à ce genre de dessin. Il y a des trouvailles géniales, mais surtout il y a toujours cet humour qui est à la fois acide et un peu triste sur une réalité sordide. C'est presque le développement de ce qui se verra ensuite dans ses autres séries. Je dirais que cette BD est parfaite pour entrer dans le monde étrange et noir de Munoz. L'histoire principale qui sert de liant, sans jamais être véritablement liée aux dessins, est amusante avec cet éditeur qui pète un câble et décide de rechercher son auteur en suivant les clichés qu'il a sur les artistes. C'est sanglant mais surtout très con, je me suis bien amusé. Elle est plutôt courte, mais je suis d'accord avec Gaston : plus longue, elle aurait été redondante. En somme une bien bonne BD d'humour noire, trop vite lue à mon gout, mais qui a le mérite de nous faire rire jaune. J'apprécie beaucoup Munoz, décidément !
Guacamole Vaudou
Fabcaro semble avoir trouvé son mode de fonctionnement et nous sort une nouvelle BD parodiant les romans photos, dans la même veine que Et si l'amour c'était aimer ? mais avec cette fois-ci un roman photo pur jus, écrit en collaboration avec Eric Judor et mettant en scène celui-ci dans sa vie bien rangée d'employé de bureau qui se sent inutile et mal vu. Au cours d'un stage de Vaudou, il apprend à maitriser un pouvoir faisant de lui un homme regardé et envié. Très vite, tout dégénère. La trame est assez classique, plutôt amusante et on sent que Fabcaro se plait à parodier les bureaux, les employés lambdas, les stages de coaching en tout genre ainsi que le monde des médias. L'ensemble passe par des planches à chute, pas toutes aussi réussies mais globalement amusantes et certaines franchement drôles. Le mélange des coiffures, des vêtements, des décors tous très typés vieillots ajoute à une sorte d'ambiance rétro qu'on moque gentiment. Cependant, j'avoue que la BD reste plutôt en-deça de ce que Fabcaro nous a déjà pondu, et j'aurais tendance à recommander plutôt Et si l'amour c'était aimer ? qui est dans la même veine mais est carrément plus barrée et m'a beaucoup plus fait rire. Ici ça reste potache gentil, avec ce côté rigide des romans photos, le tout dans une déco ringarde et des dialogues absurdes. Ce n'est clairement pas mauvais, mais ça fait un peu répétition d'autres albums sans que ça ne les égale. Pour les fans de Fabcaro en priorité, les nostalgiques des roman-photos des vieux magazines aussi ou simplement pour rire un peu. Mais on est pas dans la grosse poilade non plus.
Qui est ce schtroumpf ?
J'ai lu cet album dans les rayonnages de la librairie, en me demandant qu'est-ce que c'était que cet improbable cross-over. Tebo, que je connais surtout pour sa période Tchô ! avec Samson et Néon, faisant une BD sur les Schtroumpf, pourquoi pas après tout ? Même si son humour me semblait assez mal compatible, finalement je me suis retrouvé à être très agréablement surpris par la lecture. C'est frais, un parfait hommage et une très bonne histoire. Si le graphisme reste totalement dans le style de Tebo, avec un côté qui me rappelle d'autres productions de Tchô !, Tebo arrive tout de même à nous pondre un truc qui ressemble beaucoup à du Peyo et ses Schtroumpfs ordinaires. D'ailleurs l'histoire fait à la fois parfaitement hommage à la production classique, mais aussi adapte son humour et ses références à l'ensemble. C'est un savant mélange très bien dosé à mon gout, avec une petite histoire qui n'est pas sans quelques pointes d'humour qui m'ont fait franchement rire. A la fois bel hommage et BD intéressante en tant que tel, l'album est d'une originalité rafraichissante chez les petits lutins bleus qui me semblaient franchement tourner en rond depuis plusieurs albums. Les fans apprécieront !
Opération Copperhead
Cet album revient sur le rôle joué par deux acteurs célèbres (David Niven et Peter Ustinov) dans une opération de contre-espionnage menée par le MI5 durant la seconde guerre mondiale. L’auteur, Jean Harambat, nous prévient cependant que tout ce qui nous est raconté n’est pas vrai… mais n’est pas faux non plus. Nous nous retrouvons donc devant une interprétation romancée d’un fait historique, et chez moi, ce genre de procédé a tendance à mal passer. Mais bon, j’avais adoré « La Fuite du cerveau » de Gomont, dont la démarche est finalement assez similaire. Ceci dit, j’adore David Niven et j’apprécie Peter Ustinov. Et très sincèrement, mes passages préférés auront été ceux dans lesquels Jean Harambat retranscrit mot à mot des extraits de leurs autobiographies. Outre ces passages, j’ai beaucoup aimé les 4/5ème de l’album. C’est drôle, vivant, et on a le sentiment de pouvoir faire la part des choses entre ce qui est vrai et ce qui est exagéré ou romancé. C’est dans la dernière partie du récit et surtout lors de la grande scène finale que ça a vraiment coincé chez moi. A mes yeux, le récit tombe exagérément dans le vaudeville burlesque. Hommage au cinéma des années 1930, clin d’œil à Errol Flynn, je comprends la démarche de l’auteur mais j’aurais préféré rester dans une veine plus réaliste, plus plausible vis-à-vis des faits historiques. Côté dessin, rien à redire. Le style convient parfaitement au ton même si le trait n’est pas des plus précis. C’est léger et décomplexé, avec un peu de raideur dans le trait, ce qui cadre bien avec l’image dégagée par les personnages. De grands moments durant lesquels j’ai vraiment éclaté de rire (surtout lors de ma lecture d’extraits de l’autobiographie de David Niven), des passages plaisants, et des moments plus faiblards. Dans l’ensemble, je vais dire que c’est pas mal mais on n’est pas passé loin d’un 4/5 pour ma pomme. PS : j'ai lu l'album dans sa version en format réduit et à bas prix et je dois quand même dire qu'à certains moments il faut avoir de bons yeux !
La Fabrique des Français - Histoire d’un peuple et d’une nation de 1870 à nos jours
Pure coïncidence, cette bande dessinée, je l’ai lue quelques jours avant les émeutes de début juillet. Et comme on a pu le voir, certains politiques, en particulier l’extrême-droite avec comme chef de file le venimeux Eric « Gargamel » Zemmour, n’ont pas manqué de brandir une fois de plus le thème du « grand remplacement ». Ces derniers seraient donc bien inspirés d’entamer la lecture de cet ouvrage passionnant et documenté, qui traite de l’immigration depuis 1870 à nos jours. Car c’est dans cette seconde moitié du XIXe siècle qu’ont commencé les premiers mouvements de population au sein de l’Hexagone. A l’époque déjà, les Bretons et les Auvergnats, qui venaient s’installer dans la capitale en quête d’une vie meilleure, suscitaient l’hostilité des Parisiens. Suivis par les Italiens, les Belges et les Polonais qui furent appelés par la République, car en effet, le besoin de main d’œuvre était criant dans une France en pleine phase d’industrialisation. En 1886, les étrangers représentaient déjà une population de 1,2 millions, tandis que la démographie des Français, elle, stagnait ! C’est dans ces années que fut voté, afin de contrer le droit du sang des nationalistes, le droit du sol, condition nécessaire pour mieux intégrer ces populations et accessoirement grossir les rangs de l’armée française… Bref, l’ouvrage est passionnant, entrecoupé d’anecdotes et de témoignages de célébrités et d’anonymes dont les parents et aïeux n’étaient pas « de souche » ! Saviez-vous par exemple que la baguette était liée à la construction du métro parisien et aux immigrés qui y travaillaient ? Ou encore que la musette (oui, celle des bals) a été créée avec l’apport de l’accordéon par les Italiens ? Sans parler évidemment du couscous, devenu plat préféré des Français (mais ça tout le monde le sait déjà…).En déroulant le fil de cette histoire de l’immigration, on prend conscience de la richesse que celle-ci a apporté à la nation, mais aussi du fait que les étrangers ont été régulièrement pointés du doigt par les politiques les plus démagogues, enclins à titiller les peurs et les bas instincts. La défense de l’identité « gauloise », cet argument électoral nécessitant peu de rigueur intellectuelle, a souvent fonctionné et bien hélas fonctionne encore, en se répercutant surtout sur les lois successives qui ont fini par transformer aujourd’hui l’acquisition de la nationalité française (ou de la simple carte de séjour) en parcours du combattant. En ce qui concerne la partition graphique, Sébastien Vassant, adepte du format documentaire et historique (« Juger Pétain », « Politique qualité », « La Veille du Grand Soir »…) produit un dessin hyper lisible et donc très approprié. Son style, moins relâché et artistique que dans d’autres de ses productions, est tout à fait conforme aux codes du genre. La mise en page est variée et accompagne bien le texte. Le bémol se situe au niveau des représentations des personnages, plus ou moins célèbres, qu’on a parfois beaucoup de mal à reconnaître. Cela ne retire rien à l’intérêt de ce document que l’on peut considérer comme un ouvrage de salut public, à l’heure où le gouvernement s’apprête à présenter un énième projet de loi immigration, déjà repoussé en raison des controverses qu’il a suscitées. Mais surtout en raison de la montée en puissance des discours haineux vis-à-vis d’une frange de la population issue de l’immigration récente « de couleur », des discours qui pourraient pour la première fois favoriser l’arrivée au pouvoir d’un parti d’extrême-droite aux prochaines présidentielles. Dans un tel contexte, on se prend à espérer que « La Fabrique des Français » soit largement diffusée dans les écoles et les bibliothèques de « France et de Navarre ». Un livre très instructif qui apaise le débat, à lire évidemment de toute urgence !