Raja est une fresque épique en trois tomes qui nous plonge au IVe siècle av. J.-C., à l'époque où Kautilya, redoutable guerrier et stratège, rêve de devenir le souverain unique capable d'unifier le sous-continent indien. L'histoire, riche en action et en grand spectacle, évoque autant les récits mythologiques comme Gilgamesh ou la vie de Bouddha que certains mangas stratégiques à la Bokko (Stratège), où un seul homme bouleverse le monde grâce à sa force, son intelligence et son audace.
Le cadre est particulièrement intéressant : l'Inde est alors morcelée en une multitude de royaumes, tandis que les conquêtes d'Alexandre le Grand, brièvement évoquées, influencent les événements. Kautilya, maître d'armes surdoué au service d'un prince, affiche une ambition démesurée. Présenté comme un héros quasi mythologique, il refuse même le trône que lui offre son roi, préférant conquérir l'Inde par ses propres moyens. Le récit enchaîne ainsi les démonstrations de sa force, de son génie tactique et de son audace, face à d'autres figures hors du commun qu'il surpasse immanquablement.
Cette exagération assumée, typique du manga, pourra rebuter certains lecteurs mais donne aussi au récit un souffle grandiloquent et un rythme soutenu, permettant à l'histoire de s'achever en seulement trois volumes. En définitive, l'ensemble se lit avec plaisir : derrière les excès, on découvre un contexte historique indien soigné et dépaysant, qui donne à cette aventure héroïque un charme certain.
Auteurs d'origine du Canada, je suis tombé sur le 1er tome il y a quelques années.
La lecture m'avais laissé sur la fin, j'avais envie connaitre la suite.
Mais BD pas, ou très mal distribuée en France, quasi impossible à trouver.
J'ai récemment acquis l'intégral qui vient d'être édité (2024).
Tome 1 (2014) : Un robot amnésique essai de comprendre son histoire.
Tome 2 (2015) : Conflit avec les autochtones habitants sur la planète.
Tome 3 (2020) : Démêlement de l'intrigue, mais...
Scénario et dessins plutôt bien maitrisés, même si je trouve les couleurs des 2 premiers tomes trop sombres.
On reste un peu sur sa fin, ça ressemble plus à une "tranche de vie" qu'une histoire pleinement finie.
D'ailleurs je suis incapable de dire si c'est fini ou pas, Fin ou A Suivre clairement pas identifié.
Et vu l'espacement des tomes, je doute sur une suite.
A lire.
Ce genre de fantastique est assez souvent traité, de façon inégale et, en ce qui me concerne, souvent de façon décevante. La production de Corbeyran est elle aussi pléthorique, et aussi inégal.
Disons qu’ici on est dans une très honnête moyenne du genre – pas forcément ce que je préfère a priori – et que les amateurs y trouveront un récit pas hyper original, mais globalement bien fichu.
C’est le même duo que pour L'Homme Bouc, dans le même univers (il y a quelques rappels, mais globalement ça peut tout à fait se lire de façon indépendante), un univers qui peut éventuellement avoir d’autres suites, tant la dernière planche relance un éventuel suspens à ce propos.
Du polar fantastique donc, qui lorgne parfois sur certaines séries télé, mais en se maintenant quand même un cran au-dessus. Du classique bien fait.
Le dessin de Morinère est plutôt chouette (c'est même le point fort de l'album je trouve). Même si je pense préférer son travail en Noir et Blanc sur l’album précédent, sa colorisation n’est pas mal, et ses planches nocturnes sont réussies (seuls certains visages manquent parfois un peu de détails).
Cet album n’est pas récent, et je m’étonne que les quelques lecteurs/aviseurs de Snug ne l’aient pas encore lu.
En tout cas les amateurs du bonhomme barbu à bonnet se retrouveront ici en terrain connu, puisque Snug use de son dessin assez minimaliste et proche du fanzinat (remarque qui n’est pas ici péjorative) et franc parler pour dézinguer ce qui le gonfle. Si le travail salarié en prend encore un coup, c’est le monde de la musique (pas très classique, hein !) qui est ici le plus visé par l’ire de l’auteur.
Les festivals, les cafés accueillant des musiciens (Snug a tâté des deux) sont passé sa la moulinette, de façon jouissive et le plus souvent bien sentie.
Découpé en courts chapitres, cet album propose une lecture à la fois rafraichissante et engagée, mais que j’ai trouvé plaisante.
Le dessin de Sylvain Bordesoules est très lumineux. Son travail à l’aquarelle est proche dans le rendu de celui de Pignocchi (un auteur que j’aime beaucoup – et pas seulement pour son travail graphique). En tout cas ces aquarelles lumineuses sont pour beaucoup dans l’empathie qu’on ressent pour les quelques femmes que nous suivons. En effet, leur vie est loin d’être facile, mais leur combattivité, leur propension à vivre malgré les contingences, sont sublimées par ce dessin coloré.
D’ailleurs c’est étrange, ce roman graphique a de petits airs de documentaire, tant on suit au plus près ces femmes. Dont on ne nous présente qu’une tranche de vie (la fin est un peu abrupte je trouve). Mais on s’attache à elle, à leurs défauts, leur côté ordinaire et unique à la fois. Même si, du coup, l'ordinaire peine parfois - sur la longueur - à captiver. Il manque sans doute ici une dimension socio-politique à la Ken Loach.
La lecture est en tout cas plaisante.
Note réelle 3,5/5.
Étrange album que celui-ci. Avec une intrigue a priori assez creuse – il ne se passe véritablement pas grand-chose. Mais pourtant j’ai plutôt apprécié ma lecture, d’une histoire assez noire et planante, où une certaine poésie s’invite (avec un parallèle avec un texte de Shakespeare).
L'histoire se développe dans des décors post-apocalypse, une Terre désolée, abandonnée, qui ne sert plus que de dépotoir aux autres planètes où se sont réfugiés les hommes. aucune explication n'est donné sur ce qui s'est passé sur Terre, ni sur ce qu'est la vie "ailleurs". Nous nous concentrons sur un éboueur, échoué accidentellement sur la Terre/poubelle.
En refermant l’album, je me suis dit qu’il aurait tout aussi bien pu être écrit dans les années 1970, ou début des années 1980, et publié par les Humanoïdes Associés, tant on y retrouve des similitudes avec ce qu’ils proposaient à l’époque. Ma remarque est valable pour le thème et son traitement, mais aussi pour le découpage des cases et la colorisation de certaines planches.
Mais je me suis aussi dit que l’histoire était un chouia trop obscure dans sa première moitié (la lecture de la quatrième de couverture aide à ne pas se perdre), et globalement pas assez développée. C’est dommage.
Une lecture sympathique, mais sans plus me concernant.
Dessin et narration sont plutôt agréables, aérés, et on peut aisément s’attacher aux personnages, dans un récit fortement autobiographique.
Mais ce récit justement ressemble souvent à un empilement d’anecdotes. Tous les protagonistes de la famille (élargie à quelques amis) y passent, se croisent, sous l’œil d’un gamin espiègle – le narrateur et auteur. La lecture est plaisante, mais rien dans cette histoire n’est réellement inoubliable.
Reste une vision d’une région de la Catalogne des années 1990, dans sa version touristique populaire, et globalement une fraicheur intéressante des différents épisodes.
Le dessin n’est ni très précis ni très fouillé, mais il passe bien et lui aussi se révèle sympathique.
Le maître de California Hill en question, c’est Leland Stanford. Et cet album se présente au départ comme une sorte de biographie. Puis se greffe l’histoire de Eadweard Muybridge, photographe inventif et personnage complexe, recruté par Stanford. Enfin, dans le dernier tiers de l’album, l’intérêt se concentre sur une célèbre série de photos de cheval au galop de Muybridge (que je connaissais comme tout le monde je pense via son utilisation avec un appareil préfigurant le cinéma).
Et c’est cette dernière partie que j’ai trouvé la plus intéressante, avec quelques réflexions sur les débuts du cinéma.
Car Leland Stanford (au passage j’ai appris l’origine du nom de cette célèbre université californienne) est un personnage original, mais hautement antipathique. Mégalomane, c’est l’un des « barons voleurs » qui se sont immensément enrichis aux États-Unis à la fin du XIXème siècle. On le voit ici mépriser les lois, ses nombreux employés, voire sa femme et ses « amis », seuls les chevaux trouvant grâce à ses yeux. C’est d’ailleurs à leur propos qu’il recrute Muybridge (pour prouver qu’aucun sabot d’un cheval au galop ne touche le sol), qui va faire preuve de créativité pour mener à bien sa mission. Ce qui concerne Stanford n’est pas inintéressant, mais le type est abjecte, tandis que la longue enquête et le procès autour de Muybridge sont trop longs : là aussi on ne s’attache pas à lui.
Tout ça se laisse lire, et sur la fin les auteurs ménagent quelques surprises, remettant en cause une partie de ce l’on vient de lire.
A lire à l’occasion, mais il m’a manqué un je ne sais quoi pour davantage entrer dans cette histoire, inspirée de faits et de personnages réels.
Je suis moins généreux dans ma notation que pour leur très bon Z comme don Diego. Il est vrai qu’on est moins surpris aujourd’hui (les deux auteurs ont quand même pas mal publié depuis, souvent dans des registres similaires – et nombreux ont été les auteurs à explorer le même filon). Mais je pense aussi que cette série est un cran en dessous. D’abord parce que, issue du Journal de Spirou, il y a un certain frein au niveau d’un type d’humour. Ensuite parce que je trouve qu’ici tout est sur le même ton, le même rythme endiablé. Il n’y a pas assez de rupture, et l’avalanche de gags et de situations grotesques anesthésie un peu le lecteur.
Mais bon, ça reste quand même quelque chose d’agréable à lire, malgré l’overdose qui guette. L’humour très con, voire débile fonctionne quand même. Les deux héros – avatars des auteurs – sont particulièrement gratinés : croyant arriver à Niort pour un festival de BD, et suite à un quiproquo, ils se retrouvent au Mexique à la place de deux scientifiques, embarqués dans une aventure improbable, qui use en les détournant de tous les clichés du genre et de la région. A chaque fois, nos deux neuneus – impassibles face aux difficultés – dépassent les limites que l’on croyait précédemment admises pour leur connerie.
En parallèle, leur collègue Bouzard a accueilli les deux scientifiques (qu’il croit être Fabcaro et Erre), ce qui donne d’autres situations décalées et permet quelques respirations dans la mécanique du duo d’imbéciles au Mexique.
Rien d’extraordinaire donc, mais un album gentiment crétin. Les pages étant remplies de gags, même inégaux, les amateurs du genre trouveront forcément quelques moments plaisants. Une lecture détente sympathique, même si les auteurs ont produit plus percutant ailleurs.
Vu l'état de l'environnement de nos jours, on risque de voir débarquer un paquet de ce genre de fable écologique pendant un bon moment !
Il y a une étrange épidémie qui fait en sorte que des humains ne font plus qu'un avec la nature. Si certains aiment leur nouvelle condition, d'autres ont peur et je pense que j'ai pas besoin d'en dire plus. Les personnages agissent comme on l'a déjà vu plusieurs fois dans ce style de récit. C'est pas mauvais, ça se laisse lire, mais au final ce n'est pas une lecture qui m'a vraiment marqué. Ça manque quand même un peu d'originalité et les personnages ne sont pas mémorables.
Le dessin est agréable et offre quelques scènes poétiques pas trop mal, mais pas assez pour que l'album sorte du lot de la surproduction de BD qui sort chaque année. En gros, le genre d'album que je lis une fois et rien ne me donne envie de le relire même si je n'ai pas grand chose de négatif à dire.
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Raja
Raja est une fresque épique en trois tomes qui nous plonge au IVe siècle av. J.-C., à l'époque où Kautilya, redoutable guerrier et stratège, rêve de devenir le souverain unique capable d'unifier le sous-continent indien. L'histoire, riche en action et en grand spectacle, évoque autant les récits mythologiques comme Gilgamesh ou la vie de Bouddha que certains mangas stratégiques à la Bokko (Stratège), où un seul homme bouleverse le monde grâce à sa force, son intelligence et son audace. Le cadre est particulièrement intéressant : l'Inde est alors morcelée en une multitude de royaumes, tandis que les conquêtes d'Alexandre le Grand, brièvement évoquées, influencent les événements. Kautilya, maître d'armes surdoué au service d'un prince, affiche une ambition démesurée. Présenté comme un héros quasi mythologique, il refuse même le trône que lui offre son roi, préférant conquérir l'Inde par ses propres moyens. Le récit enchaîne ainsi les démonstrations de sa force, de son génie tactique et de son audace, face à d'autres figures hors du commun qu'il surpasse immanquablement. Cette exagération assumée, typique du manga, pourra rebuter certains lecteurs mais donne aussi au récit un souffle grandiloquent et un rythme soutenu, permettant à l'histoire de s'achever en seulement trois volumes. En définitive, l'ensemble se lit avec plaisir : derrière les excès, on découvre un contexte historique indien soigné et dépaysant, qui donne à cette aventure héroïque un charme certain.
Far out
Auteurs d'origine du Canada, je suis tombé sur le 1er tome il y a quelques années. La lecture m'avais laissé sur la fin, j'avais envie connaitre la suite. Mais BD pas, ou très mal distribuée en France, quasi impossible à trouver. J'ai récemment acquis l'intégral qui vient d'être édité (2024). Tome 1 (2014) : Un robot amnésique essai de comprendre son histoire. Tome 2 (2015) : Conflit avec les autochtones habitants sur la planète. Tome 3 (2020) : Démêlement de l'intrigue, mais... Scénario et dessins plutôt bien maitrisés, même si je trouve les couleurs des 2 premiers tomes trop sombres. On reste un peu sur sa fin, ça ressemble plus à une "tranche de vie" qu'une histoire pleinement finie. D'ailleurs je suis incapable de dire si c'est fini ou pas, Fin ou A Suivre clairement pas identifié. Et vu l'espacement des tomes, je doute sur une suite. A lire.
L'Enfant démon
Ce genre de fantastique est assez souvent traité, de façon inégale et, en ce qui me concerne, souvent de façon décevante. La production de Corbeyran est elle aussi pléthorique, et aussi inégal. Disons qu’ici on est dans une très honnête moyenne du genre – pas forcément ce que je préfère a priori – et que les amateurs y trouveront un récit pas hyper original, mais globalement bien fichu. C’est le même duo que pour L'Homme Bouc, dans le même univers (il y a quelques rappels, mais globalement ça peut tout à fait se lire de façon indépendante), un univers qui peut éventuellement avoir d’autres suites, tant la dernière planche relance un éventuel suspens à ce propos. Du polar fantastique donc, qui lorgne parfois sur certaines séries télé, mais en se maintenant quand même un cran au-dessus. Du classique bien fait. Le dessin de Morinère est plutôt chouette (c'est même le point fort de l'album je trouve). Même si je pense préférer son travail en Noir et Blanc sur l’album précédent, sa colorisation n’est pas mal, et ses planches nocturnes sont réussies (seuls certains visages manquent parfois un peu de détails).
La vie est trop Kurt
Cet album n’est pas récent, et je m’étonne que les quelques lecteurs/aviseurs de Snug ne l’aient pas encore lu. En tout cas les amateurs du bonhomme barbu à bonnet se retrouveront ici en terrain connu, puisque Snug use de son dessin assez minimaliste et proche du fanzinat (remarque qui n’est pas ici péjorative) et franc parler pour dézinguer ce qui le gonfle. Si le travail salarié en prend encore un coup, c’est le monde de la musique (pas très classique, hein !) qui est ici le plus visé par l’ire de l’auteur. Les festivals, les cafés accueillant des musiciens (Snug a tâté des deux) sont passé sa la moulinette, de façon jouissive et le plus souvent bien sentie. Découpé en courts chapitres, cet album propose une lecture à la fois rafraichissante et engagée, mais que j’ai trouvé plaisante.
Azur Asphalte
Le dessin de Sylvain Bordesoules est très lumineux. Son travail à l’aquarelle est proche dans le rendu de celui de Pignocchi (un auteur que j’aime beaucoup – et pas seulement pour son travail graphique). En tout cas ces aquarelles lumineuses sont pour beaucoup dans l’empathie qu’on ressent pour les quelques femmes que nous suivons. En effet, leur vie est loin d’être facile, mais leur combattivité, leur propension à vivre malgré les contingences, sont sublimées par ce dessin coloré. D’ailleurs c’est étrange, ce roman graphique a de petits airs de documentaire, tant on suit au plus près ces femmes. Dont on ne nous présente qu’une tranche de vie (la fin est un peu abrupte je trouve). Mais on s’attache à elle, à leurs défauts, leur côté ordinaire et unique à la fois. Même si, du coup, l'ordinaire peine parfois - sur la longueur - à captiver. Il manque sans doute ici une dimension socio-politique à la Ken Loach. La lecture est en tout cas plaisante. Note réelle 3,5/5.
L'Arpenteur
Étrange album que celui-ci. Avec une intrigue a priori assez creuse – il ne se passe véritablement pas grand-chose. Mais pourtant j’ai plutôt apprécié ma lecture, d’une histoire assez noire et planante, où une certaine poésie s’invite (avec un parallèle avec un texte de Shakespeare). L'histoire se développe dans des décors post-apocalypse, une Terre désolée, abandonnée, qui ne sert plus que de dépotoir aux autres planètes où se sont réfugiés les hommes. aucune explication n'est donné sur ce qui s'est passé sur Terre, ni sur ce qu'est la vie "ailleurs". Nous nous concentrons sur un éboueur, échoué accidentellement sur la Terre/poubelle. En refermant l’album, je me suis dit qu’il aurait tout aussi bien pu être écrit dans les années 1970, ou début des années 1980, et publié par les Humanoïdes Associés, tant on y retrouve des similitudes avec ce qu’ils proposaient à l’époque. Ma remarque est valable pour le thème et son traitement, mais aussi pour le découpage des cases et la colorisation de certaines planches. Mais je me suis aussi dit que l’histoire était un chouia trop obscure dans sa première moitié (la lecture de la quatrième de couverture aide à ne pas se perdre), et globalement pas assez développée. C’est dommage.
Marée haute
Une lecture sympathique, mais sans plus me concernant. Dessin et narration sont plutôt agréables, aérés, et on peut aisément s’attacher aux personnages, dans un récit fortement autobiographique. Mais ce récit justement ressemble souvent à un empilement d’anecdotes. Tous les protagonistes de la famille (élargie à quelques amis) y passent, se croisent, sous l’œil d’un gamin espiègle – le narrateur et auteur. La lecture est plaisante, mais rien dans cette histoire n’est réellement inoubliable. Reste une vision d’une région de la Catalogne des années 1990, dans sa version touristique populaire, et globalement une fraicheur intéressante des différents épisodes. Le dessin n’est ni très précis ni très fouillé, mais il passe bien et lui aussi se révèle sympathique.
Le Maître de California Hill
Le maître de California Hill en question, c’est Leland Stanford. Et cet album se présente au départ comme une sorte de biographie. Puis se greffe l’histoire de Eadweard Muybridge, photographe inventif et personnage complexe, recruté par Stanford. Enfin, dans le dernier tiers de l’album, l’intérêt se concentre sur une célèbre série de photos de cheval au galop de Muybridge (que je connaissais comme tout le monde je pense via son utilisation avec un appareil préfigurant le cinéma). Et c’est cette dernière partie que j’ai trouvé la plus intéressante, avec quelques réflexions sur les débuts du cinéma. Car Leland Stanford (au passage j’ai appris l’origine du nom de cette célèbre université californienne) est un personnage original, mais hautement antipathique. Mégalomane, c’est l’un des « barons voleurs » qui se sont immensément enrichis aux États-Unis à la fin du XIXème siècle. On le voit ici mépriser les lois, ses nombreux employés, voire sa femme et ses « amis », seuls les chevaux trouvant grâce à ses yeux. C’est d’ailleurs à leur propos qu’il recrute Muybridge (pour prouver qu’aucun sabot d’un cheval au galop ne touche le sol), qui va faire preuve de créativité pour mener à bien sa mission. Ce qui concerne Stanford n’est pas inintéressant, mais le type est abjecte, tandis que la longue enquête et le procès autour de Muybridge sont trop longs : là aussi on ne s’attache pas à lui. Tout ça se laisse lire, et sur la fin les auteurs ménagent quelques surprises, remettant en cause une partie de ce l’on vient de lire. A lire à l’occasion, mais il m’a manqué un je ne sais quoi pour davantage entrer dans cette histoire, inspirée de faits et de personnages réels.
À la poursuite du trésor de Décalécatán
Je suis moins généreux dans ma notation que pour leur très bon Z comme don Diego. Il est vrai qu’on est moins surpris aujourd’hui (les deux auteurs ont quand même pas mal publié depuis, souvent dans des registres similaires – et nombreux ont été les auteurs à explorer le même filon). Mais je pense aussi que cette série est un cran en dessous. D’abord parce que, issue du Journal de Spirou, il y a un certain frein au niveau d’un type d’humour. Ensuite parce que je trouve qu’ici tout est sur le même ton, le même rythme endiablé. Il n’y a pas assez de rupture, et l’avalanche de gags et de situations grotesques anesthésie un peu le lecteur. Mais bon, ça reste quand même quelque chose d’agréable à lire, malgré l’overdose qui guette. L’humour très con, voire débile fonctionne quand même. Les deux héros – avatars des auteurs – sont particulièrement gratinés : croyant arriver à Niort pour un festival de BD, et suite à un quiproquo, ils se retrouvent au Mexique à la place de deux scientifiques, embarqués dans une aventure improbable, qui use en les détournant de tous les clichés du genre et de la région. A chaque fois, nos deux neuneus – impassibles face aux difficultés – dépassent les limites que l’on croyait précédemment admises pour leur connerie. En parallèle, leur collègue Bouzard a accueilli les deux scientifiques (qu’il croit être Fabcaro et Erre), ce qui donne d’autres situations décalées et permet quelques respirations dans la mécanique du duo d’imbéciles au Mexique. Rien d’extraordinaire donc, mais un album gentiment crétin. Les pages étant remplies de gags, même inégaux, les amateurs du genre trouveront forcément quelques moments plaisants. Une lecture détente sympathique, même si les auteurs ont produit plus percutant ailleurs.
Verts
Vu l'état de l'environnement de nos jours, on risque de voir débarquer un paquet de ce genre de fable écologique pendant un bon moment ! Il y a une étrange épidémie qui fait en sorte que des humains ne font plus qu'un avec la nature. Si certains aiment leur nouvelle condition, d'autres ont peur et je pense que j'ai pas besoin d'en dire plus. Les personnages agissent comme on l'a déjà vu plusieurs fois dans ce style de récit. C'est pas mauvais, ça se laisse lire, mais au final ce n'est pas une lecture qui m'a vraiment marqué. Ça manque quand même un peu d'originalité et les personnages ne sont pas mémorables. Le dessin est agréable et offre quelques scènes poétiques pas trop mal, mais pas assez pour que l'album sorte du lot de la surproduction de BD qui sort chaque année. En gros, le genre d'album que je lis une fois et rien ne me donne envie de le relire même si je n'ai pas grand chose de négatif à dire.