Après avoir lu Fables, j'avais envie de continuer un peu dans cet univers qui m'a tout de même beaucoup plu, et puis ma copine avait acheté le tome et je ne pouvais pas passer à côté !
"Fables - Cendrillon" est un double récit dynamique où la fameuse Cendrillon officie en tant qu'agent secrète dans le monde des Fables, et dans lequel elle rencontre Aladdin puis un autre personnage de l'univers qui n'a pas été réellement introduit dans la série mère.
Disons le tout net, ça ne casse pas trois pattes à un canard. C'est le genre de série sympathique et amusante, plus détente que réflexion. J'ai apprécié le commentaire qui est glissé sur la question du bonheur dans la première histoire, mais la seconde fait plus action décérébré entre les deux femmes qui s'opposent. L'intrigue est plutôt mince, évoluant sur le mode de péripéties : elle débarque dans un lieu, péripéties, elle va ailleurs, péripéties etc … Ca enchaine trop vite à mon gout, ne permettant pas vraiment de s'attacher aux personnages ni aux évènements. C'est dommage, je trouve qu'il y aurait eu matière à faire mieux.
Le deuxième scénario, complètement orienté baston, est aussi parasité par des flashbacks permanents qui sont assez désagréables. On comprend vite que les scènes de flashback s'enchaineront avec les scènes du présent, recollant les morceaux, mais j'ai trouvé le procédé vite lourd. Heureusement, il y a une apparition d'Anansi que j'ai trouvé excellente, le personnage étant très intéressant dans le peu de temps qui lui est consacré.
Donc pour ma part c'est du sympathique sans plus. Ca poursuit l'univers de Fables mais je pense que ce n'était pas franchement nécessaire. C'est pour les fans de la série et ceux qui aiment la baston bourrine.
L’histoire – vraie – a aussi été traitée par Chloé Cruchaudet dans Groenland Manhattan. Et je dois dire que « Minik » souffre plutôt de la comparaison.
Graphiquement d’abord. Si le dessin d’Hippolyte n’est pas dénué de qualité, je l’ai aussi trouvé brouillon et pas toujours très lisible.
Mais le récit lui aussi m’a un peu déçu (début et fin sont différents de « Groenland Manhattan »), Marzano n’arrive pas suffisamment à mettre en avant l’horreur, le racisme. Et la personnalité de Peary s’en sort mieux ici (injustement d’ailleurs).
Bon, sinon, ça se laisse lire, et le sujet est quand même assez fort pour retenir l’attention. Le sort de cet « Esquimo », seul survivant de sa famille (les autres membres sont morts de la grippe en arrivant à New-York), qui peine à s’adapter à son nouvel environnement, très loin de la neige et de la glace de son enfance, et surtout qui découvre, par hasard, que son père – contrairement à ce qui lui avait été dit et promis – est exhibé comme un vulgaire artefact au Museum d’histoire naturelle.
Au passage, vers le début, Alfred Krober fait un rapide passage (il rejoindra ensuite la Californie pour devenir un grand ethnologue – et publiera avec sa femme Theodora un livre bouleversant sur « Ishi »).
Une histoire vraie bouleversante – même si d’autres ont été victimes des mêmes maux – mais qui ici ne m’a pas vraiment convaincu.
Note réelle 2,5/5.
Je n’ai hélas pas pu mettre la main sur le second tome, paru seulement en auto-édition, et difficilement trouvable. Reste donc la frustration d’une histoire incomplète pour moi, au moment où elle prenait une tournure surprenante (les deux héros et leur arche de Noé devant semble-t-il partir pour le Pôle Nord).
Ce premier tome se déroule à Paris, dans un moment indéfini. L’eau est devenue très rare et très chère et, brusquement, sans que ce soit pour le moment expliqué, un déluge s’abat sur la ville, la Seine asséchée se transformant en oued, l’eau recouvrant les rues.
Nous ne voyons que deux personnages (étonnamment la ville semble être vide ?), un ado qui trouve refuge sur une péniche dirigée par une gamine. Leur péniche va rapidement se transformer en arche de Noé, recueillant pas mal d’animaux – dont ceux d’un zoo (ils finissent d’ailleurs l’album dans la ménagerie de la grande galerie de l’évolution !).
Peu d’explication, peu de textes et de cases, ça se lit très vite. Mais c’est globalement agréable.
D’abord parce que le dessin (simple et très peu détaillé – en particulier les décors sont réduits à la portion congrue) est assez dynamique, lisible et sympa.
Ensuite parce que les dialogues entre les deux gamins, jouant sur un peu d’humour, sont eux-aussi très vivants.
Bon, une intrigue simple, dont me manque la seconde moitié, ça reste frustrant. Mais si vous avez la possibilité de tomber sur les deux tomes, c’est une lecture qui peut intéresser. Plutôt un jeune lectorat (adolescent) d’ailleurs.
Un album d'histoires courtes sur le sujet du racisme.
On parle surtout de la manière dont les noirs ont été traités et exposés comme des animaux. La dernière histoire qui parle de l'holocauste m'a semblé être un peu hors-sujet par rapport aux autres histoires. Si on parlait du racisme, de la discrimination en général, cela ne serait pas un problème, mais tout le reste se concentrait sur ce que subissaient les noirs alors ce récit ne colle pas trop avec le reste. Le dessinateur Amazing Améziane utilise différents styles de dessins tout le long de l'album et le résultat est plutôt réussi.
Mon problème vient plus du coté du scénario. Les histoires sont pas mal, mais la narration est souvent un peu trop bavarde (surtout sur la dernière histoire qui est la moins bonne selon moi) et cela casse la fluidité des récits. Cela reste un album salutaire qui rappelle des choses pas très jolies, mais ce n’est pas parce qu'une BD parle de sujets importants que je vais automatiquement dire que c'est excellent.
2.5
Un one-shot qui parle d'un événement que je ne connaissais pas: en 1971 une émeute éclate dans une prison peuplée majoritairement par des noirs qui en ont marre du traitement violent et raciste qu'ils subissent. Comme on est dans l'Amérique de Nixon, c'est la force et la répression qui règne et le gouverneur Nelson Rockefeller va ordonner l'assaut de la prison, causant plusieurs morts, incluant des otages que les forces de l’ordre étaient censées sauver.
On suit les événements à partir du témoignage d'un des meneurs de la révolte des prisonniers. On va donc voir les dérives d'un système qui préfère la répression et punir au lieu d'aider à la réinsertion et qui est en plus dominé par des racistes qui n'aiment pas les noirs. Si on connait un peu l'histoire des États-Unis et qu'on est un peu politisé, on ne risque pas d'apprendre grand chose sur ce que subissent les noirs, mais cela reste un événement intéressant à découvrir.
Malheureusement, je n'ai pas trop aimé le dessin d'Amazing Améziane sur cette BD. Le style réaliste est trop froid pour moi et la mise en scène n’est pas très fluide par moment. Du coup, même si le sujet est intéressant, je n'ai pas été très passionné par le résultat final. Cela se laisse lire, mais c'est pas un immanquable.
Roland Cros a été enseignant, photographe et documentariste. Artiste de land-art, il pratique aussi la gravure sur bois, sur lino et parfois même à la tronçonneuse. Et cet album est sa première BD.
Un album qui commence par une préface de l'auteur. Il explique que lors d'une visite aux archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence, il a découvert en tapant son nom de famille dans le moteur de recherche, à la rubrique "bagne de Guyane", qu'une ribambelle d'homonymes apparaissait. Plusieurs de ces individus portaient le même prénom que son père, mais un bagnard sort du lot, il était né dans le même canton que son père, à un siècle d'écart.
On va donc suivre le parcours de ce Louis Cros, dit "Minel", matricule n°8157 né à Lacaune dans le Tarn le 7 octobre 1832 et décédé au bagne colonial de Guyane le 6 novembre 1867.
Roland Cros a pris la liberté de déplacer les événements au début du XXe siècle, à l'apogée du bagne et d'imaginer une histoire au plus près de la réalité historique avec le peu d'informations qu'il disposait sur le passé de ce Louis Cros. Un récit linéaire, des petits larcins qui l'amèneront à devenir un "incorrigible" qu'il faut éloigner de la métropole à son séjour au bagne de Guyane. Un scénario réaliste sur l'injustice sociale et les cruelles conditions des détenus où la corruption régnait dans les camps, mais il est sans surprises. Quelques scènes m'ont fait penser au film "Papillon" de Franklin Schaffner avec le mythique Steve McQueen.
Le destin tragique d'un anonyme parmi des milliers d'autres.
Un récit à la narration muette et d'une image par planche, celle-ci se trouve sur le recto de chaque feuille. Cros a utilisé la gravure sur bois pour illustrer son récit. Il a pris pour modèle Frans Masereel.
Du très beau travail avec un superbe noir et blanc juste rehaussé de gris, il est très expressif avec de nombreux détails.
Deux planches sur fond noir pour nous faire découvrir les rêves de notre bagnard.
90 magnifiques gravures !
L'album se termine par une postface de Jean-Marc Delpech, historien et enseignant. Les bagnes coloniaux sont nés de la loi du 30 mai 1854 et issus d'une triple volonté : amender, coloniser, éloigner et ainsi à la création du bagne de Guyane qui recevra jusqu'en 1938 un flot presque continu d'incorrigibles. Cette loi prévoit aussi le doublage de la peine en résidence en Guyane.
Une curiosité instructive.
Une biographie romancée de celui qui allait devenir Zeami, créateur du théâtre nô japonais. Nous y suivons le jeune Oniyasha, fils d'un maître du théâtre sarugaku, l'ancêtre du nô. Ce jeune garçon est fasciné par le théâtre et par la danse, et s'interroge en permanence sur le mouvement du corps humain et sur les émotions que la danse dégage.
Je n'y connais strictement rien en théâtre nô et je n'avais même pas idée qu'il avait un lien quelconque avec la danse, ou du moins le mouvement corporel. Ce manga nous le fait découvrir de manière un peu aérienne. En effet, le futur Zeami est présenté comme un enfant complètement dans la lune, inconscient du monde qui l'entoure à partir du moment où il part dans ses pensées ou bien focalise son attention sur un sujet bien précis. Et il voit de tels sujets d'attention presque partout, dans les animaux, les mouvements des hommes, la danse des femmes.
Si le dessin de ce manga est de belle qualité, la mise en scène n'est pas toujours claire. Les premières pages de la série par exemple sont confuses et on met du temps à comprendre de qui on parle et qui fait quoi. Par la suite, les choses se font plus compréhensibles mais l'inadvertance du héros qui part sans arrêt dans ses pensées n'aide pas à bien suivre et comprendre les motivations et actions de chaque protagoniste. En définitive, loin d'un documentaire ou d'une biographie terre à terre, The World is Dancing s'écoule avec la même insouciance que celle du héros, entre réflexions un peu hallucinées sur la danse et le mouvement, et abrupts retours à la réalité dont le jeune Oniyasha semble tellement détaché.
Je reste assez circonspect pour le moment, mais la série se termine en 6 tomes donc je demande à voir la suite.
Trondheim se lance dans une histoire de super-héros presque sérieuse. Je dis presque car forcément avec cet auteur il y a une bonne part d'humour dans les situations, la mise en scène et les dialogues. Mais avec Stan et Vince au dessin, on se rapproche visuellement des séries américaines où les vrais gentils combattent les vrais méchants.
C'est une série que j'ai trouvée divertissante, avec quelques bonnes idées et aussi quelques passages surprenants. Mais je n'y ai pas retrouvé l'excellence et l'originalité d'autres séries de Trondheim : il y a ici moins d'idées, davantage de convenu. En outre, je ne me suis pas attaché aux personnages, les trouvant parfois même un peu pénibles dans leurs réactions et leurs comportements.
Je suis ressorti de ce triptyque avec l'impression d'avoir un unique album un peu dilué, qui divertit bien mais s'oublie aussi un peu vite.
J'ai un sentiment indécis envers cette BD : je n'arrive pas à figer mon opinion.
Car pour une bonne partie de cette histoire, j'ai eu le ressenti d'y suivre une jeune européenne un peu bobo qui utilise sa richesse et ses facilités d'occidentale pour se rendre dans un pays pauvre pour satisfaire ses envies d'ailleurs, de ne pas faire comme tout le monde et d'avoir une belle histoire aventureuse à raconter en revenant. J'ai eu beaucoup de mal à croire à son amitié avec cette petite fille de 10 ans de moins qu'elle, là encore la voyant comme une relation artificielle faite pour satisfaire l'ego de l'autrice et avoir quelque chose auquel se raccrocher pour son histoire à ramener à ses potes en France... ou à raconter en BD comme ça a été justement fait ici...
Et en parallèle, il y a visiblement une vraie part de sincérité. Dès le départ, l'autrice admet sans honte que c'est purement pour elle qu'elle fait ce voyage, pour essayer de se retrouver. Et cette amitié, elle ne le dit pas clairement, mais on sent qu'elle la force justement pour se faire du bien à elle. Et cela se voit notamment dans son retour au Vietnam la seconde fois, quand elle cherche cette fille qu'elle croit avoir marqué autant qu'elle l'a marquée alors qu'elle l'a plus ou moins oubliée de son côté. Et c'est après cet épisode qu'une amitié plus réelle semble effectivement se mettre en place. Certes l'autrice utilise toujours cette amie lointaine pour se faire du bien à elle, pour se ressourcer loin de sa petite vie parisienne, mais elle va finalement lui offrir à elle aussi autre chose qu'une simple amie européenne et les finances qui vont avec. Elle va la voir évoluer, elles vont partager, la petite fille va devenir une jeune femme au caractère affirmé qui n'hésitera pas à la contredire, à ébranler sa façon de penser, et à finalement l'assagir en lui faisant comprendre qu'il n'est pas grave de ne pas savoir exactement où l'on va et qu'il ne faut pas avoir peur d'un "peut-être".
A côté de ça, j'ai bien apprécié le dessin et notamment sa représentation de la fameuse région de Sapa et de la jeune fille en tenue traditionnelle.
Et j'ai aussi découvert un peu la culture Hmong et sa relation avec les autres Vietnamiens dont je ne savais rien.
Bref, même si je ne suis toujours pas certain de mon avis envers le fond de cette BD et l'intention de son autrice, je trouve que c'est quand même une bonne BD et une intéressante histoire.
L’intérêt principal de ce recueil de courts récits est historique. Il met en effet en avant le travail de son auteur, Bonten Tarô, dont la trajectoire personnelle et professionnelle est digne d’un roman d’aventure. Ce recueil se centre toutefois sur une période précise de sa carrière, qui se situe entre la fin des années 60 et le milieu des années 70. Il permet de montrer l’étendue du talent de l’auteur, sa capacité à s’adapter à différentes thématiques, son évolution au fil des années. De plus, extraits de périodiques, ces courts récits sont, je pense (mais je ne suis pas un spécialiste en la matière), représentatifs de ce que les illustrés proposaient comme manga pour adultes à l’époque.
Entrecoupés d’interviews, de photographies d’époque et d’explications historiques, ces récits constituent donc avant tout un témoignage de la production de son auteur, qui permet de mieux cerner son potentiel mais aussi les contraintes auxquelles ses œuvres devaient se plier.
Le recueil regroupe les récits par thématiques : sexe et violence, récits de guerre, récits d’épouvante, et même une biographie. C’est donc assez hétéroclite même si l’on cerne assez facilement les penchants naturels de l’auteur (et son goût pour le sexe et les tatouages, notamment). Les histoires sont très naïves, profondément machistes et fonctionnent vraiment à la manière des feuilletons de l’époque, la plupart des planches se terminant sur un suspense destiné à donner l’envie au lecteur de connaître la suite. Honnêtement, comparé aux productions actuelles, le résultat est assez médiocre… mais je les ai lues comme de vrais objets de curiosité, comme j’aurai lu de vieux comics des années 50 ou 60, et en tenant compte du format imposé. Et là, je trouve que cet album présente un réel intérêt. Il m’aura en tous les cas permis de découvrir une facette du manga tel que réalisé à l’époque, ainsi qu’un auteur indéniablement talentueux.
Une vraie curiosité, à réserver aux amateurs désireux de se replonger dans une production aujourd’hui dépassée mais qui aura constitué une étape importante dans l’évolution du manga à travers les décennies.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Fables - Cendrillon
Après avoir lu Fables, j'avais envie de continuer un peu dans cet univers qui m'a tout de même beaucoup plu, et puis ma copine avait acheté le tome et je ne pouvais pas passer à côté ! "Fables - Cendrillon" est un double récit dynamique où la fameuse Cendrillon officie en tant qu'agent secrète dans le monde des Fables, et dans lequel elle rencontre Aladdin puis un autre personnage de l'univers qui n'a pas été réellement introduit dans la série mère. Disons le tout net, ça ne casse pas trois pattes à un canard. C'est le genre de série sympathique et amusante, plus détente que réflexion. J'ai apprécié le commentaire qui est glissé sur la question du bonheur dans la première histoire, mais la seconde fait plus action décérébré entre les deux femmes qui s'opposent. L'intrigue est plutôt mince, évoluant sur le mode de péripéties : elle débarque dans un lieu, péripéties, elle va ailleurs, péripéties etc … Ca enchaine trop vite à mon gout, ne permettant pas vraiment de s'attacher aux personnages ni aux évènements. C'est dommage, je trouve qu'il y aurait eu matière à faire mieux. Le deuxième scénario, complètement orienté baston, est aussi parasité par des flashbacks permanents qui sont assez désagréables. On comprend vite que les scènes de flashback s'enchaineront avec les scènes du présent, recollant les morceaux, mais j'ai trouvé le procédé vite lourd. Heureusement, il y a une apparition d'Anansi que j'ai trouvé excellente, le personnage étant très intéressant dans le peu de temps qui lui est consacré. Donc pour ma part c'est du sympathique sans plus. Ca poursuit l'univers de Fables mais je pense que ce n'était pas franchement nécessaire. C'est pour les fans de la série et ceux qui aiment la baston bourrine.
Minik
L’histoire – vraie – a aussi été traitée par Chloé Cruchaudet dans Groenland Manhattan. Et je dois dire que « Minik » souffre plutôt de la comparaison. Graphiquement d’abord. Si le dessin d’Hippolyte n’est pas dénué de qualité, je l’ai aussi trouvé brouillon et pas toujours très lisible. Mais le récit lui aussi m’a un peu déçu (début et fin sont différents de « Groenland Manhattan »), Marzano n’arrive pas suffisamment à mettre en avant l’horreur, le racisme. Et la personnalité de Peary s’en sort mieux ici (injustement d’ailleurs). Bon, sinon, ça se laisse lire, et le sujet est quand même assez fort pour retenir l’attention. Le sort de cet « Esquimo », seul survivant de sa famille (les autres membres sont morts de la grippe en arrivant à New-York), qui peine à s’adapter à son nouvel environnement, très loin de la neige et de la glace de son enfance, et surtout qui découvre, par hasard, que son père – contrairement à ce qui lui avait été dit et promis – est exhibé comme un vulgaire artefact au Museum d’histoire naturelle. Au passage, vers le début, Alfred Krober fait un rapide passage (il rejoindra ensuite la Californie pour devenir un grand ethnologue – et publiera avec sa femme Theodora un livre bouleversant sur « Ishi »). Une histoire vraie bouleversante – même si d’autres ont été victimes des mêmes maux – mais qui ici ne m’a pas vraiment convaincu. Note réelle 2,5/5.
Eno One
Je n’ai hélas pas pu mettre la main sur le second tome, paru seulement en auto-édition, et difficilement trouvable. Reste donc la frustration d’une histoire incomplète pour moi, au moment où elle prenait une tournure surprenante (les deux héros et leur arche de Noé devant semble-t-il partir pour le Pôle Nord). Ce premier tome se déroule à Paris, dans un moment indéfini. L’eau est devenue très rare et très chère et, brusquement, sans que ce soit pour le moment expliqué, un déluge s’abat sur la ville, la Seine asséchée se transformant en oued, l’eau recouvrant les rues. Nous ne voyons que deux personnages (étonnamment la ville semble être vide ?), un ado qui trouve refuge sur une péniche dirigée par une gamine. Leur péniche va rapidement se transformer en arche de Noé, recueillant pas mal d’animaux – dont ceux d’un zoo (ils finissent d’ailleurs l’album dans la ménagerie de la grande galerie de l’évolution !). Peu d’explication, peu de textes et de cases, ça se lit très vite. Mais c’est globalement agréable. D’abord parce que le dessin (simple et très peu détaillé – en particulier les décors sont réduits à la portion congrue) est assez dynamique, lisible et sympa. Ensuite parce que les dialogues entre les deux gamins, jouant sur un peu d’humour, sont eux-aussi très vivants. Bon, une intrigue simple, dont me manque la seconde moitié, ça reste frustrant. Mais si vous avez la possibilité de tomber sur les deux tomes, c’est une lecture qui peut intéresser. Plutôt un jeune lectorat (adolescent) d’ailleurs.
D'Onyx et de Bronze
Un album d'histoires courtes sur le sujet du racisme. On parle surtout de la manière dont les noirs ont été traités et exposés comme des animaux. La dernière histoire qui parle de l'holocauste m'a semblé être un peu hors-sujet par rapport aux autres histoires. Si on parlait du racisme, de la discrimination en général, cela ne serait pas un problème, mais tout le reste se concentrait sur ce que subissaient les noirs alors ce récit ne colle pas trop avec le reste. Le dessinateur Amazing Améziane utilise différents styles de dessins tout le long de l'album et le résultat est plutôt réussi. Mon problème vient plus du coté du scénario. Les histoires sont pas mal, mais la narration est souvent un peu trop bavarde (surtout sur la dernière histoire qui est la moins bonne selon moi) et cela casse la fluidité des récits. Cela reste un album salutaire qui rappelle des choses pas très jolies, mais ce n’est pas parce qu'une BD parle de sujets importants que je vais automatiquement dire que c'est excellent.
Big Black - Stand at Attica
2.5 Un one-shot qui parle d'un événement que je ne connaissais pas: en 1971 une émeute éclate dans une prison peuplée majoritairement par des noirs qui en ont marre du traitement violent et raciste qu'ils subissent. Comme on est dans l'Amérique de Nixon, c'est la force et la répression qui règne et le gouverneur Nelson Rockefeller va ordonner l'assaut de la prison, causant plusieurs morts, incluant des otages que les forces de l’ordre étaient censées sauver. On suit les événements à partir du témoignage d'un des meneurs de la révolte des prisonniers. On va donc voir les dérives d'un système qui préfère la répression et punir au lieu d'aider à la réinsertion et qui est en plus dominé par des racistes qui n'aiment pas les noirs. Si on connait un peu l'histoire des États-Unis et qu'on est un peu politisé, on ne risque pas d'apprendre grand chose sur ce que subissent les noirs, mais cela reste un événement intéressant à découvrir. Malheureusement, je n'ai pas trop aimé le dessin d'Amazing Améziane sur cette BD. Le style réaliste est trop froid pour moi et la mise en scène n’est pas très fluide par moment. Du coup, même si le sujet est intéressant, je n'ai pas été très passionné par le résultat final. Cela se laisse lire, mais c'est pas un immanquable.
L'Incorrigible - Itinéraire d'un bagnard ordinaire
Roland Cros a été enseignant, photographe et documentariste. Artiste de land-art, il pratique aussi la gravure sur bois, sur lino et parfois même à la tronçonneuse. Et cet album est sa première BD. Un album qui commence par une préface de l'auteur. Il explique que lors d'une visite aux archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence, il a découvert en tapant son nom de famille dans le moteur de recherche, à la rubrique "bagne de Guyane", qu'une ribambelle d'homonymes apparaissait. Plusieurs de ces individus portaient le même prénom que son père, mais un bagnard sort du lot, il était né dans le même canton que son père, à un siècle d'écart. On va donc suivre le parcours de ce Louis Cros, dit "Minel", matricule n°8157 né à Lacaune dans le Tarn le 7 octobre 1832 et décédé au bagne colonial de Guyane le 6 novembre 1867. Roland Cros a pris la liberté de déplacer les événements au début du XXe siècle, à l'apogée du bagne et d'imaginer une histoire au plus près de la réalité historique avec le peu d'informations qu'il disposait sur le passé de ce Louis Cros. Un récit linéaire, des petits larcins qui l'amèneront à devenir un "incorrigible" qu'il faut éloigner de la métropole à son séjour au bagne de Guyane. Un scénario réaliste sur l'injustice sociale et les cruelles conditions des détenus où la corruption régnait dans les camps, mais il est sans surprises. Quelques scènes m'ont fait penser au film "Papillon" de Franklin Schaffner avec le mythique Steve McQueen. Le destin tragique d'un anonyme parmi des milliers d'autres. Un récit à la narration muette et d'une image par planche, celle-ci se trouve sur le recto de chaque feuille. Cros a utilisé la gravure sur bois pour illustrer son récit. Il a pris pour modèle Frans Masereel. Du très beau travail avec un superbe noir et blanc juste rehaussé de gris, il est très expressif avec de nombreux détails. Deux planches sur fond noir pour nous faire découvrir les rêves de notre bagnard. 90 magnifiques gravures ! L'album se termine par une postface de Jean-Marc Delpech, historien et enseignant. Les bagnes coloniaux sont nés de la loi du 30 mai 1854 et issus d'une triple volonté : amender, coloniser, éloigner et ainsi à la création du bagne de Guyane qui recevra jusqu'en 1938 un flot presque continu d'incorrigibles. Cette loi prévoit aussi le doublage de la peine en résidence en Guyane. Une curiosité instructive.
The World is Dancing
Une biographie romancée de celui qui allait devenir Zeami, créateur du théâtre nô japonais. Nous y suivons le jeune Oniyasha, fils d'un maître du théâtre sarugaku, l'ancêtre du nô. Ce jeune garçon est fasciné par le théâtre et par la danse, et s'interroge en permanence sur le mouvement du corps humain et sur les émotions que la danse dégage. Je n'y connais strictement rien en théâtre nô et je n'avais même pas idée qu'il avait un lien quelconque avec la danse, ou du moins le mouvement corporel. Ce manga nous le fait découvrir de manière un peu aérienne. En effet, le futur Zeami est présenté comme un enfant complètement dans la lune, inconscient du monde qui l'entoure à partir du moment où il part dans ses pensées ou bien focalise son attention sur un sujet bien précis. Et il voit de tels sujets d'attention presque partout, dans les animaux, les mouvements des hommes, la danse des femmes. Si le dessin de ce manga est de belle qualité, la mise en scène n'est pas toujours claire. Les premières pages de la série par exemple sont confuses et on met du temps à comprendre de qui on parle et qui fait quoi. Par la suite, les choses se font plus compréhensibles mais l'inadvertance du héros qui part sans arrêt dans ses pensées n'aide pas à bien suivre et comprendre les motivations et actions de chaque protagoniste. En définitive, loin d'un documentaire ou d'une biographie terre à terre, The World is Dancing s'écoule avec la même insouciance que celle du héros, entre réflexions un peu hallucinées sur la danse et le mouvement, et abrupts retours à la réalité dont le jeune Oniyasha semble tellement détaché. Je reste assez circonspect pour le moment, mais la série se termine en 6 tomes donc je demande à voir la suite.
Chloé Densité (Density)
Trondheim se lance dans une histoire de super-héros presque sérieuse. Je dis presque car forcément avec cet auteur il y a une bonne part d'humour dans les situations, la mise en scène et les dialogues. Mais avec Stan et Vince au dessin, on se rapproche visuellement des séries américaines où les vrais gentils combattent les vrais méchants. C'est une série que j'ai trouvée divertissante, avec quelques bonnes idées et aussi quelques passages surprenants. Mais je n'y ai pas retrouvé l'excellence et l'originalité d'autres séries de Trondheim : il y a ici moins d'idées, davantage de convenu. En outre, je ne me suis pas attaché aux personnages, les trouvant parfois même un peu pénibles dans leurs réactions et leurs comportements. Je suis ressorti de ce triptyque avec l'impression d'avoir un unique album un peu dilué, qui divertit bien mais s'oublie aussi un peu vite.
Les Brumes de Sapa
J'ai un sentiment indécis envers cette BD : je n'arrive pas à figer mon opinion. Car pour une bonne partie de cette histoire, j'ai eu le ressenti d'y suivre une jeune européenne un peu bobo qui utilise sa richesse et ses facilités d'occidentale pour se rendre dans un pays pauvre pour satisfaire ses envies d'ailleurs, de ne pas faire comme tout le monde et d'avoir une belle histoire aventureuse à raconter en revenant. J'ai eu beaucoup de mal à croire à son amitié avec cette petite fille de 10 ans de moins qu'elle, là encore la voyant comme une relation artificielle faite pour satisfaire l'ego de l'autrice et avoir quelque chose auquel se raccrocher pour son histoire à ramener à ses potes en France... ou à raconter en BD comme ça a été justement fait ici... Et en parallèle, il y a visiblement une vraie part de sincérité. Dès le départ, l'autrice admet sans honte que c'est purement pour elle qu'elle fait ce voyage, pour essayer de se retrouver. Et cette amitié, elle ne le dit pas clairement, mais on sent qu'elle la force justement pour se faire du bien à elle. Et cela se voit notamment dans son retour au Vietnam la seconde fois, quand elle cherche cette fille qu'elle croit avoir marqué autant qu'elle l'a marquée alors qu'elle l'a plus ou moins oubliée de son côté. Et c'est après cet épisode qu'une amitié plus réelle semble effectivement se mettre en place. Certes l'autrice utilise toujours cette amie lointaine pour se faire du bien à elle, pour se ressourcer loin de sa petite vie parisienne, mais elle va finalement lui offrir à elle aussi autre chose qu'une simple amie européenne et les finances qui vont avec. Elle va la voir évoluer, elles vont partager, la petite fille va devenir une jeune femme au caractère affirmé qui n'hésitera pas à la contredire, à ébranler sa façon de penser, et à finalement l'assagir en lui faisant comprendre qu'il n'est pas grave de ne pas savoir exactement où l'on va et qu'il ne faut pas avoir peur d'un "peut-être". A côté de ça, j'ai bien apprécié le dessin et notamment sa représentation de la fameuse région de Sapa et de la jeune fille en tenue traditionnelle. Et j'ai aussi découvert un peu la culture Hmong et sa relation avec les autres Vietnamiens dont je ne savais rien. Bref, même si je ne suis toujours pas certain de mon avis envers le fond de cette BD et l'intention de son autrice, je trouve que c'est quand même une bonne BD et une intéressante histoire.
Sex & Fury
L’intérêt principal de ce recueil de courts récits est historique. Il met en effet en avant le travail de son auteur, Bonten Tarô, dont la trajectoire personnelle et professionnelle est digne d’un roman d’aventure. Ce recueil se centre toutefois sur une période précise de sa carrière, qui se situe entre la fin des années 60 et le milieu des années 70. Il permet de montrer l’étendue du talent de l’auteur, sa capacité à s’adapter à différentes thématiques, son évolution au fil des années. De plus, extraits de périodiques, ces courts récits sont, je pense (mais je ne suis pas un spécialiste en la matière), représentatifs de ce que les illustrés proposaient comme manga pour adultes à l’époque. Entrecoupés d’interviews, de photographies d’époque et d’explications historiques, ces récits constituent donc avant tout un témoignage de la production de son auteur, qui permet de mieux cerner son potentiel mais aussi les contraintes auxquelles ses œuvres devaient se plier. Le recueil regroupe les récits par thématiques : sexe et violence, récits de guerre, récits d’épouvante, et même une biographie. C’est donc assez hétéroclite même si l’on cerne assez facilement les penchants naturels de l’auteur (et son goût pour le sexe et les tatouages, notamment). Les histoires sont très naïves, profondément machistes et fonctionnent vraiment à la manière des feuilletons de l’époque, la plupart des planches se terminant sur un suspense destiné à donner l’envie au lecteur de connaître la suite. Honnêtement, comparé aux productions actuelles, le résultat est assez médiocre… mais je les ai lues comme de vrais objets de curiosité, comme j’aurai lu de vieux comics des années 50 ou 60, et en tenant compte du format imposé. Et là, je trouve que cet album présente un réel intérêt. Il m’aura en tous les cas permis de découvrir une facette du manga tel que réalisé à l’époque, ainsi qu’un auteur indéniablement talentueux. Une vraie curiosité, à réserver aux amateurs désireux de se replonger dans une production aujourd’hui dépassée mais qui aura constitué une étape importante dans l’évolution du manga à travers les décennies.