2.5
Une lecture légère comme c'est le cas des autres collections d'albums qui se lisent en 2 minutes.
Pour rendre une histoire courte mémorable, il faut une idée forte et j'ai l'impression que les auteurs réussis à moitié. En effet, j'aime bien l'idée de départ, mais la fin m'a un peu déçu. C'est pas mauvais, mais un peu banal comme fin je trouve. J'ai plus apprécié les discussions entre les membres de la famille pour savoir quoi faire de la bouteille. J'ai retrouvé les dialogues savoureux que j'aime tant chez Trondheim. Le dessin est sympa.
À lire si on est un fan de Trondheim et qu'on veut tout lire de lui.
Sfar continue son autobiographique et ses questions sur l'avenir des juifs depuis la monté de l'antisémite.
C'est un livre très dense et très long, un peu long avec des longueurs. Il parle de sa famille, de l'actualité du moment (comme l'élection législative française de 2024...et il parle même pas des résultats, j'imagine que ça va l'être dans sa prochaine autobiographie de 500 pages), l'histoire de la diaspora juive, la guerre à Gaza....On va croiser plusieurs personnages historiques et aussi des gens que rencontrent Sfar durant la production de son livre.
C'est un livre riche en thématique et peut-être un peu trop. Par exemple, le voyage de Sfar à Tel-Aviv aurait pu être l'objet de sa propre BD. Ce n'est pas un livre à lire en entier parce qu'à la longue on dirait que l'auteur tourne un peu en ronds et se répète. Je ne suis pas certains d'adhéré 100 % au discours de l'auteur, mais au moins il me pousse à réfléchir et j'aime mieux ça que ceux qui ont comme seul argument des slogans. Il y a des passages que j'ai bien aimé et d'autres moins....faut dire que parfois il y a tellement de textes que c'est un peu illisible. Mention spécial lorsque les notes de bas de pages sont plus longs que le reste du texte de la page !
Persuadé de retrouver dans le Nouveau Monde une vision religieuse qu'il croit être celle du paradis, un jeune noble s'embarque vers les colonies, plein de foi et d'idéaux. Mais une fois sur place, il découvre surtout la brutalité, l'hypocrisie et la folie des hommes. À travers ses yeux, on passe de l'espoir mystique à la désillusion la plus sombre : la foi devient fanatisme, la mission divine vire à la barbarie, et le paradis espéré se change en enfer.
Nicolas Presl livre un récit dérangeant, entièrement muet. Tout passe par le dessin si personnel de l'auteur. Malgré l'absence de dialogues, la narration est fluide, très visuelle, avec des compositions soignées et des symboles clairs. On sent une maîtrise technique réelle et une ambition artistique presque biblique dans la mise en scène de la chute morale du héros. Le voyage prend la forme d'une descente aux enfers, à la fois religieuse et humaine. Ses thématiques mêlent foi, désir, culpabilité et violence coloniale dans une atmosphère tragique. Même si l'approche reste parfois exigeante, j'ai trouvé le fond assez fort et chargé d'une portée morale et symbolique qui dépasse le simple cadre du récit historique.
Toutefois, comme pour Priape, la précédente oeuvre du même auteur, j'ai toujours du mal avec son style graphique. Son trait taillé à la serpe, très anguleux, privilégie les déformations et une forme de laideur volontaire. C'est certes expressif et percutant, mais cette esthétique des corps et des visages a tendance à me rebuter, ce qui m'empêche de pleinement entrer dans le récit. On ne peut cependant pas nier que cette dureté visuelle renforce le malaise général, certainement voulu par l'auteur.
Divine Colonie est une œuvre singulière, clairement pensée pour bousculer le lecteur. J'ai trouvé l'ensemble fort et riche en symboles, mais aussi assez austère, voire étouffant. C'est le genre de BD que je referme en me disant qu'il faut saluer la démarche artistique, sans pour autant avoir envie d'y replonger immédiatement.
3e album de la récente collection Waves créée chez Delcourt, et c'est sans doute celui qui m'aura le moins emballé.
Cet album présenté comme un remake de Frankenstein peine à embarquer le lecteur ; il m'aura fallu attendre les deux tiers de la BD pour enfin être accroché par le récit.
L'album nous raconte l'histoire de deux soeurs jumelles, Frances et Maura, passionnées par les sciences. On frôle l'occulte et le fantastique s'invite naturellement dans leur environnement jusqu'à un incident tragique lors d'une expérience au cours de laquelle Maura décède. Francès n'aura de cesse de faire revenir sa soeur à la vie ; détermination qui finira par payer, car une de ses expériences conduit au miracle... ou presque... Car si c'est bien le corps rafistolé de Maura, au niveau conscience et souvenirs, ce n'est pas la même... "Maura", aidée de la "vraie" (qui apparait dans les miroirs) va tenter de donner le change jusqu'au moment ou elle va péter les plombs...
Et pour le coup, c'est à partir de ce moment que le récit décolle... Dommage, car on en est déjà au dernier tiers de l'album !
Côté graphisme Talia Dutton impose une patte qui manque peut-être encore un peu de maturité mais prometteur. Sa gestion des noirs au niveau encrage m'a beaucoup plu, et ses découpages sont souvent biens pensés. Je suis moins enthousiaste sur cette colorisation monochrome qui joue sur un camaïeu de bleus.
Bref, un début d'album qui prend trop de temps à lancer véritablement l'histoire, un déséquilibre qui pénalise l'appréciation globale de cette BD.
2.5/5
Cette collection du Cycliste avait l’intérêt de pouvoir faire découvrir un auteur pour pas cher, dans un format très peu épais qui hélas avait aussi l’inconvénient de frustrer le lecteur qui, comme moi ici – aurait bien vu l’histoire se développer davantage. Mais c’était sans doute la première publication de Supiot.
Un conte oriental vite lu donc, mais pas sans intérêt. D’abord, si l’intrigue en elle-même n’est pas très étoffée, et si elle est un peu linéaire, la narration, essentiellement sous forme de commentaires en appui du dessin est déroulée sous une forme un peu poétique (le texte est discrètement versifié).
Le point fort de cet album reste quand même le dessin de Martin, qui lui aussi débutait. Si son trait est parfois – rarement en fait – mal assuré – il est le plus souvent très bon, et très beau. Un beau Noir et Blanc, avec un trait fin dans les deux premiers tiers du récit, puis plusieurs styles et techniques se superposent sur la fin, avec un résultat très plaisant.
Un petit conte sympathique.
J’ai lu l’édition originale parue chez Rakham. Celle de La boîte à bulles a semble-t-il ajouté des couleurs – si j’en crois ce que j’ai vu dans la galerie. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, le Noir et Blanc de la version que j’ai lue était pas mal, même si le dessin lui, était un peu brouillon (mais très lisible et raccord avec le ton léger adopté).
Comme le rappelle Jodorowsky dans sa préface, les auteurs ne sont jamais allés en Afrique (du moins avant de publier cet album). Mais ça n’est pas vers l’humour un peu décalé d’un Fabcaro sur Carnet du Pérou qu’ils nous amènent, mais plutôt vers quelque chose de plus de jovial et ironique.
Une ironie accentuée par le retour en Europe, et l’impossibilité pour le narrateur de rendre crédible ce qu’il avait vécu : a-t-il oui ou non fait tomber la pluie par magie ?
Le récit est court, vite lu, mais plutôt plaisant. Ça n’est pas le regard européen condescendant sur l’Africain arriéré et superstitieux qui est mis en avant, au contraire, il y a un retournement des stéréotypes, et c’est presque l’Européen qui est « manipulé » par le chef africain.
Je suis un grand adepte d’humour en tous genres, et plus particulièrement d’humour con, absurde et/ou trash. C’est tout ça que j’espérais trouver dans ce recueil, dont j’avais acheté l’album à Quai des bulles l’année dernière je crois – il est resté enfoui sous l’une de mes piles à lire depuis…
Je découvre les auteurs avec cet album, que j’ai trouvé sympa, même si je suis resté quelque peu sur ma faim. Sur ma faim concernant le côté pas assez punchy de certains gags, j’attendais – affaire de goût ici bien sûr – quelque chose de plus trash.
Reste que ça se laisse lire agréablement. Le dessin minimaliste convient très bien à ce genre de production et au format gag.
Quelques humains parfois, mais le plus souvent des animaux, ou des arbres des montagnes, des icebergs, voilà pour le casting, éclectique et improbable.
Comme le laisse à penser la couverture, l’essentiel des strips tournent autour de la Terre en danger, menacée par l’action humaine, le réchauffement climatique, etc.
Il y a un peu de trash, mais le ton qui domine est plutôt un peu d’absurde pince sans rire, quelque chose d’assez british (je pense à Gauld par exemple – ou aux Monthy Python, en moins corrosif et absurde quand même pour ces derniers).
C’est souvent amusant (provoquant le sourire plus que le rire en fait), mais un peu trop « retenu » par rapport à mes attentes.
Oui bon pas nul mais pas non plus si exceptionnel. Il y a de bonnes idées mais noyées dans un truc finalement un peu plat.
Déjà c’est à ne conseiller qu’aux connaisseurs de l’univers de DC, c’est vraiment la grande réunion de famille, ils y sont quasi tous pour des fois des moments bien bref. Il est vrai que leur personnalité ou histoire est souvent bien différente de ce que l’on connaît, mais sans ce fan service l’histoire apparaîtra encore plus lambda et sans charme.
En fait, DC s’inspire de 1602 (de chez son concurrent) pour la trame et le fond. Ici un monde médiéval fantastique où l’on retrouve une réinterprètation de héros bien connus.
Il y a des choses qui marchent bien, comme le graphisme (typé comics moderne mais lisible et soigné) ou idées intéressantes autour de certains persos, mais c’est parfois vraiment long et en même temps expédié (je me comprends dans la formule). On s’amuse des nouvelles versions mais elles ne resteront pas en mémoire.
C’est loin d’être honteux mais je reste mitigé, un plaisir de lecture trop en dents de scie. Ça oscille entre le chouette, le long, le puéril et une certaine noirceur.
C’est l’histoire de Constance, un jeune enfant continuellement habillé avec une longue jupe et des beaux cheveux que sa grand-mère élève à la dure et à l’isolation du monde. On suit les déboires de Constance qui peine à comprendre ce qui lui arrive, qui subit les déboires imposés par ses grands-parents et qui retrouve parfois certains moments de liberté lorsque Constance interagit avec les enfants de la femme de ménage.
L’oeuvre est souvent vantée d’aborder le sujet de trans-identité. De Constance, il n’y a pourtant aucune volonté de transition, il s’agit plutôt d’une oeuvre sur la maltraitance des enfants qui fait des liens à la fois avec le sentiment de perte mais aussi avec la perte des repères ou de la signification des signes de la société lorsque isolée d’elle. Il y a également des brefs aperçus historiques de la France des années 70.
De manière globale j’ai assez bien aimé cette oeuvre qui a plus de sens et plus de profondeur une fois le twist final révélé. J’aime le style graphique de Lehmann (mais Chumbo, son oeuvre plus récente est d’autant plus poussée sur cet aspect).
Une chouette découverte !
L'histoire de cette BD est tirée d'une histoire vraie, celle d'Olive Oatman. En 1851 elle fut enlevée à 14 ans, avec sa jeune sœur, par la tribu des Yavapais qui ont exterminé toutes les autres personnes du convoi qui devait les mener à Yuma. Les sœurs vivront un an chez cette tribu en tant qu'esclaves avant d'être troquées contre des chevaux et de s'établir dans un village Mohave.
Le récit s'appuie sur le peu que l'on sait sur cette femme, surtout qu'elle ne fit jamais un récit véritablement exhaustif de sa vie chez les amérindiens (5 ans). Mais le peu que l'on sait est bien présent dans ce récit.
Rodolphe nous raconte son histoire au travers le parcours d'un cow-boy, il a pour mission de trouver et détruire tous les livres qui racontent l'histoire d'Olive Oatman chez les amérindiens. Il veut en savoir plus sur le pourquoi de cette étrange mission, Il va donc se mettre à lire ce fameux bouquin et en relate le contenu à son compagnon de voyage. Une narration basée sur ces allers-retours entre présent et passé, et cela rend la lecture agréable, à défaut d'être passionnante. Deux parcours qui vont finir par se rencontrer pour un beau final.
Rodolphe nous dévoile deux cultures amérindiennes très différentes, en particulier celle des Mohaves où les deux sœurs se feront tatouées le corps et le visage à l'encre bleue.
Le dessin de Pierre-Emmanuel Dequet ne fait pas partie de ceux qui m'attire au premier regard, mais au fil des pages j'ai apprécié le soin apporté aux détails pour être au plus proche de ce Far West et particulièrement des peuplades autochtones. La colorisation dans des tons chauds est superbe.
Du bon boulot et mention spéciale pour les grands espaces.
L'album se termine sur une photo d'Olive Oatman prise en 1863.
Pour les curieux.
Note réelle : 3,5.
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La Bouteille
2.5 Une lecture légère comme c'est le cas des autres collections d'albums qui se lisent en 2 minutes. Pour rendre une histoire courte mémorable, il faut une idée forte et j'ai l'impression que les auteurs réussis à moitié. En effet, j'aime bien l'idée de départ, mais la fin m'a un peu déçu. C'est pas mauvais, mais un peu banal comme fin je trouve. J'ai plus apprécié les discussions entre les membres de la famille pour savoir quoi faire de la bouteille. J'ai retrouvé les dialogues savoureux que j'aime tant chez Trondheim. Le dessin est sympa. À lire si on est un fan de Trondheim et qu'on veut tout lire de lui.
Que faire des juifs ?
Sfar continue son autobiographique et ses questions sur l'avenir des juifs depuis la monté de l'antisémite. C'est un livre très dense et très long, un peu long avec des longueurs. Il parle de sa famille, de l'actualité du moment (comme l'élection législative française de 2024...et il parle même pas des résultats, j'imagine que ça va l'être dans sa prochaine autobiographie de 500 pages), l'histoire de la diaspora juive, la guerre à Gaza....On va croiser plusieurs personnages historiques et aussi des gens que rencontrent Sfar durant la production de son livre. C'est un livre riche en thématique et peut-être un peu trop. Par exemple, le voyage de Sfar à Tel-Aviv aurait pu être l'objet de sa propre BD. Ce n'est pas un livre à lire en entier parce qu'à la longue on dirait que l'auteur tourne un peu en ronds et se répète. Je ne suis pas certains d'adhéré 100 % au discours de l'auteur, mais au moins il me pousse à réfléchir et j'aime mieux ça que ceux qui ont comme seul argument des slogans. Il y a des passages que j'ai bien aimé et d'autres moins....faut dire que parfois il y a tellement de textes que c'est un peu illisible. Mention spécial lorsque les notes de bas de pages sont plus longs que le reste du texte de la page !
Divine colonie
Persuadé de retrouver dans le Nouveau Monde une vision religieuse qu'il croit être celle du paradis, un jeune noble s'embarque vers les colonies, plein de foi et d'idéaux. Mais une fois sur place, il découvre surtout la brutalité, l'hypocrisie et la folie des hommes. À travers ses yeux, on passe de l'espoir mystique à la désillusion la plus sombre : la foi devient fanatisme, la mission divine vire à la barbarie, et le paradis espéré se change en enfer. Nicolas Presl livre un récit dérangeant, entièrement muet. Tout passe par le dessin si personnel de l'auteur. Malgré l'absence de dialogues, la narration est fluide, très visuelle, avec des compositions soignées et des symboles clairs. On sent une maîtrise technique réelle et une ambition artistique presque biblique dans la mise en scène de la chute morale du héros. Le voyage prend la forme d'une descente aux enfers, à la fois religieuse et humaine. Ses thématiques mêlent foi, désir, culpabilité et violence coloniale dans une atmosphère tragique. Même si l'approche reste parfois exigeante, j'ai trouvé le fond assez fort et chargé d'une portée morale et symbolique qui dépasse le simple cadre du récit historique. Toutefois, comme pour Priape, la précédente oeuvre du même auteur, j'ai toujours du mal avec son style graphique. Son trait taillé à la serpe, très anguleux, privilégie les déformations et une forme de laideur volontaire. C'est certes expressif et percutant, mais cette esthétique des corps et des visages a tendance à me rebuter, ce qui m'empêche de pleinement entrer dans le récit. On ne peut cependant pas nier que cette dureté visuelle renforce le malaise général, certainement voulu par l'auteur. Divine Colonie est une œuvre singulière, clairement pensée pour bousculer le lecteur. J'ai trouvé l'ensemble fort et riche en symboles, mais aussi assez austère, voire étouffant. C'est le genre de BD que je referme en me disant qu'il faut saluer la démarche artistique, sans pour autant avoir envie d'y replonger immédiatement.
M is for Monster
3e album de la récente collection Waves créée chez Delcourt, et c'est sans doute celui qui m'aura le moins emballé. Cet album présenté comme un remake de Frankenstein peine à embarquer le lecteur ; il m'aura fallu attendre les deux tiers de la BD pour enfin être accroché par le récit. L'album nous raconte l'histoire de deux soeurs jumelles, Frances et Maura, passionnées par les sciences. On frôle l'occulte et le fantastique s'invite naturellement dans leur environnement jusqu'à un incident tragique lors d'une expérience au cours de laquelle Maura décède. Francès n'aura de cesse de faire revenir sa soeur à la vie ; détermination qui finira par payer, car une de ses expériences conduit au miracle... ou presque... Car si c'est bien le corps rafistolé de Maura, au niveau conscience et souvenirs, ce n'est pas la même... "Maura", aidée de la "vraie" (qui apparait dans les miroirs) va tenter de donner le change jusqu'au moment ou elle va péter les plombs... Et pour le coup, c'est à partir de ce moment que le récit décolle... Dommage, car on en est déjà au dernier tiers de l'album ! Côté graphisme Talia Dutton impose une patte qui manque peut-être encore un peu de maturité mais prometteur. Sa gestion des noirs au niveau encrage m'a beaucoup plu, et ses découpages sont souvent biens pensés. Je suis moins enthousiaste sur cette colorisation monochrome qui joue sur un camaïeu de bleus. Bref, un début d'album qui prend trop de temps à lancer véritablement l'histoire, un déséquilibre qui pénalise l'appréciation globale de cette BD. 2.5/5
Erzurum
Cette collection du Cycliste avait l’intérêt de pouvoir faire découvrir un auteur pour pas cher, dans un format très peu épais qui hélas avait aussi l’inconvénient de frustrer le lecteur qui, comme moi ici – aurait bien vu l’histoire se développer davantage. Mais c’était sans doute la première publication de Supiot. Un conte oriental vite lu donc, mais pas sans intérêt. D’abord, si l’intrigue en elle-même n’est pas très étoffée, et si elle est un peu linéaire, la narration, essentiellement sous forme de commentaires en appui du dessin est déroulée sous une forme un peu poétique (le texte est discrètement versifié). Le point fort de cet album reste quand même le dessin de Martin, qui lui aussi débutait. Si son trait est parfois – rarement en fait – mal assuré – il est le plus souvent très bon, et très beau. Un beau Noir et Blanc, avec un trait fin dans les deux premiers tiers du récit, puis plusieurs styles et techniques se superposent sur la fin, avec un résultat très plaisant. Un petit conte sympathique.
Séjour en Afrique
J’ai lu l’édition originale parue chez Rakham. Celle de La boîte à bulles a semble-t-il ajouté des couleurs – si j’en crois ce que j’ai vu dans la galerie. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, le Noir et Blanc de la version que j’ai lue était pas mal, même si le dessin lui, était un peu brouillon (mais très lisible et raccord avec le ton léger adopté). Comme le rappelle Jodorowsky dans sa préface, les auteurs ne sont jamais allés en Afrique (du moins avant de publier cet album). Mais ça n’est pas vers l’humour un peu décalé d’un Fabcaro sur Carnet du Pérou qu’ils nous amènent, mais plutôt vers quelque chose de plus de jovial et ironique. Une ironie accentuée par le retour en Europe, et l’impossibilité pour le narrateur de rendre crédible ce qu’il avait vécu : a-t-il oui ou non fait tomber la pluie par magie ? Le récit est court, vite lu, mais plutôt plaisant. Ça n’est pas le regard européen condescendant sur l’Africain arriéré et superstitieux qui est mis en avant, au contraire, il y a un retournement des stéréotypes, et c’est presque l’Européen qui est « manipulé » par le chef africain.
War and Peas - Salut la Terre
Je suis un grand adepte d’humour en tous genres, et plus particulièrement d’humour con, absurde et/ou trash. C’est tout ça que j’espérais trouver dans ce recueil, dont j’avais acheté l’album à Quai des bulles l’année dernière je crois – il est resté enfoui sous l’une de mes piles à lire depuis… Je découvre les auteurs avec cet album, que j’ai trouvé sympa, même si je suis resté quelque peu sur ma faim. Sur ma faim concernant le côté pas assez punchy de certains gags, j’attendais – affaire de goût ici bien sûr – quelque chose de plus trash. Reste que ça se laisse lire agréablement. Le dessin minimaliste convient très bien à ce genre de production et au format gag. Quelques humains parfois, mais le plus souvent des animaux, ou des arbres des montagnes, des icebergs, voilà pour le casting, éclectique et improbable. Comme le laisse à penser la couverture, l’essentiel des strips tournent autour de la Terre en danger, menacée par l’action humaine, le réchauffement climatique, etc. Il y a un peu de trash, mais le ton qui domine est plutôt un peu d’absurde pince sans rire, quelque chose d’assez british (je pense à Gauld par exemple – ou aux Monthy Python, en moins corrosif et absurde quand même pour ces derniers). C’est souvent amusant (provoquant le sourire plus que le rire en fait), mais un peu trop « retenu » par rapport à mes attentes.
Dark knights of steel
Oui bon pas nul mais pas non plus si exceptionnel. Il y a de bonnes idées mais noyées dans un truc finalement un peu plat. Déjà c’est à ne conseiller qu’aux connaisseurs de l’univers de DC, c’est vraiment la grande réunion de famille, ils y sont quasi tous pour des fois des moments bien bref. Il est vrai que leur personnalité ou histoire est souvent bien différente de ce que l’on connaît, mais sans ce fan service l’histoire apparaîtra encore plus lambda et sans charme. En fait, DC s’inspire de 1602 (de chez son concurrent) pour la trame et le fond. Ici un monde médiéval fantastique où l’on retrouve une réinterprètation de héros bien connus. Il y a des choses qui marchent bien, comme le graphisme (typé comics moderne mais lisible et soigné) ou idées intéressantes autour de certains persos, mais c’est parfois vraiment long et en même temps expédié (je me comprends dans la formule). On s’amuse des nouvelles versions mais elles ne resteront pas en mémoire. C’est loin d’être honteux mais je reste mitigé, un plaisir de lecture trop en dents de scie. Ça oscille entre le chouette, le long, le puéril et une certaine noirceur.
La Favorite
C’est l’histoire de Constance, un jeune enfant continuellement habillé avec une longue jupe et des beaux cheveux que sa grand-mère élève à la dure et à l’isolation du monde. On suit les déboires de Constance qui peine à comprendre ce qui lui arrive, qui subit les déboires imposés par ses grands-parents et qui retrouve parfois certains moments de liberté lorsque Constance interagit avec les enfants de la femme de ménage. L’oeuvre est souvent vantée d’aborder le sujet de trans-identité. De Constance, il n’y a pourtant aucune volonté de transition, il s’agit plutôt d’une oeuvre sur la maltraitance des enfants qui fait des liens à la fois avec le sentiment de perte mais aussi avec la perte des repères ou de la signification des signes de la société lorsque isolée d’elle. Il y a également des brefs aperçus historiques de la France des années 70. De manière globale j’ai assez bien aimé cette oeuvre qui a plus de sens et plus de profondeur une fois le twist final révélé. J’aime le style graphique de Lehmann (mais Chumbo, son oeuvre plus récente est d’autant plus poussée sur cet aspect). Une chouette découverte !
Blue Tattoo
L'histoire de cette BD est tirée d'une histoire vraie, celle d'Olive Oatman. En 1851 elle fut enlevée à 14 ans, avec sa jeune sœur, par la tribu des Yavapais qui ont exterminé toutes les autres personnes du convoi qui devait les mener à Yuma. Les sœurs vivront un an chez cette tribu en tant qu'esclaves avant d'être troquées contre des chevaux et de s'établir dans un village Mohave. Le récit s'appuie sur le peu que l'on sait sur cette femme, surtout qu'elle ne fit jamais un récit véritablement exhaustif de sa vie chez les amérindiens (5 ans). Mais le peu que l'on sait est bien présent dans ce récit. Rodolphe nous raconte son histoire au travers le parcours d'un cow-boy, il a pour mission de trouver et détruire tous les livres qui racontent l'histoire d'Olive Oatman chez les amérindiens. Il veut en savoir plus sur le pourquoi de cette étrange mission, Il va donc se mettre à lire ce fameux bouquin et en relate le contenu à son compagnon de voyage. Une narration basée sur ces allers-retours entre présent et passé, et cela rend la lecture agréable, à défaut d'être passionnante. Deux parcours qui vont finir par se rencontrer pour un beau final. Rodolphe nous dévoile deux cultures amérindiennes très différentes, en particulier celle des Mohaves où les deux sœurs se feront tatouées le corps et le visage à l'encre bleue. Le dessin de Pierre-Emmanuel Dequet ne fait pas partie de ceux qui m'attire au premier regard, mais au fil des pages j'ai apprécié le soin apporté aux détails pour être au plus proche de ce Far West et particulièrement des peuplades autochtones. La colorisation dans des tons chauds est superbe. Du bon boulot et mention spéciale pour les grands espaces. L'album se termine sur une photo d'Olive Oatman prise en 1863. Pour les curieux. Note réelle : 3,5.