Peu de temps après le relativement original La Femme à l'étoile, Anthony Pastor nous revient avec un nouveau western, dans un cadre très différent du précédent. Je serais même tenté de dire que le western ici n’est là que pour le décor, pour former un cadre balisé, pour une histoire qui a tout du drame antique, et qui est centré sur les relations entre quelques rares personnages.
N’était la colorisation, la couverture ressemble à celles de westerns old school (un Jerry Spring par exemple). Mais c’est justement cette colorisation qui est originale, avec un rendu tenant parfois plus de la peinture que de la BD pure. Mais ce rendu est chouette. Le dessin lui-même est intéressant, mais il y a parfois quelques menus défauts (pour les personnages, certains chevaux en mouvement).
L’histoire est légère dans sa narration, et lourde dans ses détails. Peu de texte, de dialogues, comme si l’intrigue elle aussi s’effaçait derrière le drame. Pastor ne livre pas toutes les clés, nous laisse deviner, imaginer certains détails. Mais l’on parvient à comprendre ce qui lie et oppose le héros, Billy, aux deux hommes « tenant » la région où il revient, à la mort de sa mère.
Ces deux hommes auraient pu être son père, mais il veut régler des comptes et s’en aller. Le destin ou une certaine folie vont trancher ces liens. Une intrigue aussi sèche que les paysages grandioses entraperçus au détour de quelques belles planches.
Le sujet m’intéresse vraiment, et j’ai depuis longtemps suivi l’évolution politiques et économique de la société, continuant avec le Monde diplomatique – entre autres – à me familiariser avec certaines évolutions. Les partis pris des auteurs me conviennent a priori aussi, tant je suis d’accord pour dire que le chômage n’est ni une fatalité ni une catastrophe pour tout le monde (après, mon côté un peu anar me pousse aussi à critiquer le salariat, mais c’est autre chose).
Je reconnais que les auteurs se sont sérieusement documentés pour bâtir leur documentaire. Mais, si je ne serai pas aussi sévère que gruizzli dans mon avis, je suis assez d’accord avec lui sur le fait que cet album manque cruellement de fluidité. En fait, il manque ce que la BD peut apporter à ce type de projet : être aéré, mêler passages ludiques et d’autres plus sérieux. Car sinon, autant se plonger dans un bon bouquin.
Du coup, la lecture se révèle parfois indigeste, et il faut probablement posséder de bonnes connaissances de base (sur concepts, idées, mais aussi sur les protagonistes qui apparaissent ici) pour ne pas décrocher.
Mais je ne voudrais pas non plus descendre ce travail. D’abord il est sérieux et argumenté. Ensuite il doit pousser les lecteurs éventuels à aller plus loin et à questionner et remettre en cause un système politique, médiatique et économique inique. Et ne pas accepter que toute critique d’un système soit rejetée dans la poubelle plus que floue du populisme (voir le traitement de la crise récente des « Gilets jaunes »).
L’invisibilisation des chômeurs, et plus généralement de la précarité (voir les différentes « catégories » de « chercheurs d’emploi », voir les reportages sur la fraude aux assedic sans que la fraude fiscale – bien plus importante – ne soit spécialement stigmatisée, etc.).
Un sujet central, mais dont le traitement manque de fluidité selon moi.
Note réelle 3,5/5.
2.5
Une série pour ados mettant en vedette un super-héros adolescent. Ce qui a attiré mon attention est que le personnage principal ne dispose que de quelques minutes pour utiliser ses pouvoirs. C'est une idée intéressante, mais après la lecture des deux tomes je n'ai pas l'impression que l'auteur utilise son idée à son plein potentiel.
Il faut dire aussi que c'est surtout de la vraie BD popcorn et je n'ai rien contre les séries qui n'existent que pour divertir, mais la série m'a moyennement convaincu. Les personnages sont des clichés sortis de n'importe quelle série américaine se passant dans un lycée. Les personnages sont tellement caricaturaux par moment, notamment le méchant proviseur qui pense au collectif (un crime contre l'humanité aux États-Unis pour ceux qui le savent pas), que je me demandais si je ne lisais pas une parodie, Les événements sont aussi souvent du déjà vu.
Il reste le dessin qui est dynamique et pas mal, mais j'ai trouvé les scènes d'action confuses, et d'ailleurs certains éléments du scénario sont un peu durs à comprendre. Ça se laisse lire, mais je suis clairement pas le public cible et je ne pense pas lire la suite.
Les auteurs ont choisi de traiter sous forme de roman graphique un sujet hélas de plus en plus d’actualité, même s’il est souvent mal traité – et maltraité – par la plupart des médias, à savoir l’immigration clandestine venue d’Afrique noire (ici le Niger) via la Libye, jusqu’en Europe.
Je trouve que ce récit possède les défauts de ses qualités. A savoir que la narration est agréable, fluide, alternant passages durant la traversée de la Méditerranée et passages antérieurs, depuis le départ, avec toutes étapes hautement risquées. Le dessin est plaisant – même si les personnages semblent tous avoir une tête un peu trop ronde. En tout cas on s’attache à Ebo et à son frangin, à leur struggle for life, à la foi ancrée profondément en eux « qu’ils vont y arriver ».
Mais du coup ce dessin un peu rondouillard et le suivi du voyage au plus près occulte un peu – beaucoup – les causes de ces migrations, ainsi que les politiques européennes délocalisant le contrôle auprès de dictature (la Libye par exemple). Ça n’est donc pas un documentaire à charge (et le happy-end n’est sans doute pas représentatif de la majorité de ce type de migrations). Reste un récit qui se laisse lire agréablement.
Comme le sous-entend le sous-titre de cet album, très bien documenté, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne date pas d’hier, et remonte à une époque très lointaine. C’est au IXe siècle qu’est créée la Rus’ de Kyiv, considérée alors comme « l’un des plus grands Etats de l’Europe médiévale ». C’est ensuite que les choses se sont gâtées, notamment avec les invasions mongoles du XIIIe siècle qui réduisirent en cendres l’Ukraine sous sa forme originelle, laquelle tenta de survivre en tant que « principauté de Galicie-Volhynie », avant d’être dépecée à nouveau par la Pologne et la Lituanie. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour voir l’Ukraine refaire surface sous l’influence des Cosaques, des « hommes libres vivant en communautés autonomes ». Ceux-ci avaient créé les « Sitch », centres politiques et militaires, avant d’être soumis définitivement en 1764 par l’impératrice russe Catherine II. Les derniers Cosaques trouvèrent alors refuge sur les bords du Danube, mais ce sont eux qui ont contribué à forger l’identité ukrainienne moderne.
Ce n’est là qu’un modeste résumé de mille ans d’Histoire, mais on ne va pas se mentir, les liens entre les pays d’Europe orientale sont tellement intriqués qu’il est parfois difficile d’y voir parfaitement clair pour nous autres, Européens de l’Ouest. Difficile d’être affirmatif quant à l’objectivité du livre, mais si l’on recoupe certaines informations en allant sur Wikipédia, on constate que le clivage entre le nord-ouest « pro-occidental » et le sud-est « pro-russe » du pays n’est pas nouveau puisqu’il remonte à l’époque des Cosaques. Ce que l’ouvrage, au demeurant très instructif, n’évoque absolument pas. Ce que l’on retiendra surtout après cette lecture, c’est que l’esprit de résistance ukrainien a toujours été très puissant et ne semble pas près de s’éteindre. Cela bien sûr ne remet pas en cause l’ignoble agression de Vladimir Poutine, qui dans son « opération spéciale » n’a pas mesuré l’ampleur de la détermination des Ukrainiens, lui qui pensait au départ que l’affaire serait pliée en quelques jours…
La bande dessinée est plutôt captivante, alternant les passages historiques et les séquences documentaires, où l’on est immergé dans le quotidien de la guerre en cours, avec des illustrations saisissantes qui rendent bien compte de l'horreur et l’absurdité d’un conflit où les civils trinquent énormément lors des bombardements des habitations. A noter que le livre a été réalisé par des auteurs ukrainiens, notamment Mariam Naiem pour la partition narrative. Intellectuelle ukrainienne d’origine afghane, celle-ci s’efforce par son travail de mettre en lumière les enjeux de cette guerre, en dénonçant la politique de domination de l’Etat russe. Quant aux illustrations, elles ont été produites à quatre mains : par Ivan Kypibida pour la partie historique et Yulia Vus pour la partie documentaire. La mise en page est très vivante et permet de suivre sans être guetté une seconde par l’ennui un dossier tout de même relativement dense. On notera la tonalité dominante de l’orange dans ce parti pris bichromique, choix fort logique puisqu’il évoque la fameuse révolution orange de 2004. Le livre montre d’ailleurs comme cette révolution avait été marquée par l’empoisonnement du candidat Viktor Iouchtchenko par les sbires de Poutine (eh oui, on peut dire que la guerre couvait déjà à l’époque, ce dernier n’ayant pas réussi à imposer son protégé Ianoukovytch lors d’élections frauduleuses).
Ainsi, si « Ukraine » apparaît plus comme un ouvrage davantage militant que véritablement historique, ce que l’on peut fort bien comprendre, il permet de saisir la détermination inébranlable du camp ukrainien face à un dictateur sanguinaire et manipulateur. On espère juste que le soutien de Donald Trump ne compliquera pas la situation en prolongeant inutilement cette guerre barbare et anachronique.
Un manga humoristique sexy venant du Japon où il y a du bon et du moins bon.
Tout d'abord, on n'échappe pas aux clichés du genre revenus mille fois avec ce mec qui se retrouve dans une habitation peuplée de belles femmes à grosses poitrines (poitrines qui vont bien sûr se faire beaucoup tripoter) et il y a des arcs comme sauver le temple de la faillite ou encore il y a des filles qui n'aiment pas le gars au début et veulent le voir partir et bien sûr elles changent d'idées.
Malgré cela, il y a quand même des gags un peu plus originaux qui fonctionnent bien et m'ont fait rire (l'accident d'auto par exemple). Le personnage principal est pas mal non plus. Dans ce genre de récits, le héros est soit un puceau qui a peur des filles nues ou un gros pervers qui est tout de même aimé des filles malgré un comportement de violeur en puissance. Ici, le héros a vécu une enfance malheureuse à cause d'un père coureur de jupon, et du coup veut supprimer tous ses désirs sexuels. Je trouve ça intéressant et j'aimerais bien que le héros finisse par explorer sa sexualité d'une manière qu'il aime sans être du trou-du-cul comme son père, mais bon on est dans du manga mainstream, alors ça va sûrement être juste le truc classique du mec qui finit heureux après s'être mis en couple avec la fille qu'il aime et qu'il a vue nue par accident 10000 fois.
La lecture est globalement agréable malgré les clichés si on est allergique au genre, mais je pense pas suivre le manga jusqu’à la fin si ça dure des dizaines de tomes. Pour l'instant, c'est typique le genre de manga dont j'aime bien lire les premiers tomes, mais que je finis par abandonner parce que j'ai d'autres séries à lire et je n'ai pas une envie folle de savoir la fin. Le point fort de la série est le dessin qui est vraiment très bon.
Je n’ai lu que les 2 premiers tomes.
Si le genre isekai est bien dispensable, cette série arrive à se démarquer d’agréables façons de ses consœurs. Il y a un petit côté frais qui s’en dégage pour les habitués.
On a donc le classique humain qui se voit réincarner dans un monde Fantasy mais c’est rempli de petits éléments loufoques. Ces derniers m’ont d’ailleurs fait un peu peur au début mais finalement ça matche plutôt bien.
Nous suivrons donc, un bon père de famille, la cinquantaine qui se verra intégrer dans un jeu vidéo de drague et ce dans la peau de la jeune méchante. Des ingrédients relativement improbables de prime abord mais qui fonctionnent, je suivrai avec plaisir la suite de ces aventures.
Même si moins généreux dans ma notation, je suis bien raccord avec Gaston niveau ressenti. L’idée aperçue dans le 2eme tome est bien vue et originale (alors que tellement bête et évidente) et les valeurs autour du perso sont positives.
Une œuvre sympathique pour les amateurs du genre. Le caractère de notre héros fonctionnaire vétéran arrive à créer un décalage aux situations classiques et l’humour m’a suffisamment amusé (le coup de l’éventail pour retenir les noms …).
Si je ne dis pas de bêtise, c’est la première collaboration entre les 2 auteurs, et cette dernière sonne comme une évidence, leurs univers respectifs n’étant pas si éloignés.
Ils nous pondent donc une comédie du quotidien (enfin ici à l’Élysée tout de même) fluide et très agréable à suivre. Je ne m’emballe pas plus mais un ressenti à cheval entre le pas mal et le franchement bien.
J’ai eu exactement ce que j’attendais à la vue du titre (et du résumé). Lecture bien sympathique donc, mais sans doute un poil trop légère pour me contenter pleinement.
Ça peut paraître un peu lisse sur certains sujets de fond (migrants et politique), l’intrigue principale (et habilement camouflée) restant une rom’ com improbable.
On n’y croit pas vraiment et on n’échappe pas à quelques poncifs ou facilités mais c’est animé par une belle galerie de personnages.
Pas totalement comblé mais j’en suis sorti avec le sourire, l’humour passe bien (l’ex, le conseiller en com’ …), il y a une belle énergie.
Une intrigue que je verrai très facilement portée sur grand écran.
Cet album pourrait presque être lu comme le « making of » du tome 3 de Monsieur Jean. En tout cas les amateurs des deux auteurs et de cette série seront immanquablement intéressés, car il livre quelques clés de lecture sur leur vie, leur travail, Monsieur Jean étant probablement en partie un de leurs avatars.
Écrit un peu au fil de la plume, dans un style vif et délié, l’album propose une lecture agréable, sympathique. Pleine d’autodérision aussi (voir le début avec le chauffeur de taxi), chacun des auteurs se mettant en partie à nu, dans un récit autobiographique qui nous renseigne aussi sur le monde de la BD (les auteurs étant proches des Humanos – en plein renouvellement et en proie à des difficultés financières – et de L’Association, où l’album sera finalement publié).
En tout cas, c’est une lecture que j’ai bien aimée. Rien d’extraordinaire, mais c’est dynamique, parfois drôle, et intéressant, par-delà auteurs et éditeurs, l’album mérite un petit détour.
C’est essentiellement l’aspect graphique qui m’a attiré – et qui m’a aussi globalement contenté. En effet, j’ai bien aimé la couverture, et le dessin, qui use d’un Noir et Blanc tranché et très esthétique. Sam Rictus ayant côtoyé Le Dernier Cri, je m’attendais à quelque chose de plus trash (au niveau de l’histoire aussi d’ailleurs), mais finalement ce dessin reste relativement classique.
L’intrigue est moins emballante. Elle se laisse lire, mais sans plus, car elle manque de profondeur, de fond. Nous suivons le développement d’une épidémie – type peste – dans une ville, à une époque indéterminée (des aspects médiévaux pour décors et habitations, d’autres presque XIXème ou XXème siècles pour certains costumes et les fusils employés par l’armée). Confinés dans une quarantaine angoissante dans cette ville, certains essayent de s’échapper, payant des passeurs, au risque de se faire tuer (par les passeurs ou l’armée qui veille). Ça n'est pas inintéressant, mais il manque quand même quelque chose pour rendre plus captivante l’intrigue, qui se finit un peu brutalement.
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Billy Lavigne
Peu de temps après le relativement original La Femme à l'étoile, Anthony Pastor nous revient avec un nouveau western, dans un cadre très différent du précédent. Je serais même tenté de dire que le western ici n’est là que pour le décor, pour former un cadre balisé, pour une histoire qui a tout du drame antique, et qui est centré sur les relations entre quelques rares personnages. N’était la colorisation, la couverture ressemble à celles de westerns old school (un Jerry Spring par exemple). Mais c’est justement cette colorisation qui est originale, avec un rendu tenant parfois plus de la peinture que de la BD pure. Mais ce rendu est chouette. Le dessin lui-même est intéressant, mais il y a parfois quelques menus défauts (pour les personnages, certains chevaux en mouvement). L’histoire est légère dans sa narration, et lourde dans ses détails. Peu de texte, de dialogues, comme si l’intrigue elle aussi s’effaçait derrière le drame. Pastor ne livre pas toutes les clés, nous laisse deviner, imaginer certains détails. Mais l’on parvient à comprendre ce qui lie et oppose le héros, Billy, aux deux hommes « tenant » la région où il revient, à la mort de sa mère. Ces deux hommes auraient pu être son père, mais il veut régler des comptes et s’en aller. Le destin ou une certaine folie vont trancher ces liens. Une intrigue aussi sèche que les paysages grandioses entraperçus au détour de quelques belles planches.
Le Choix du chômage
Le sujet m’intéresse vraiment, et j’ai depuis longtemps suivi l’évolution politiques et économique de la société, continuant avec le Monde diplomatique – entre autres – à me familiariser avec certaines évolutions. Les partis pris des auteurs me conviennent a priori aussi, tant je suis d’accord pour dire que le chômage n’est ni une fatalité ni une catastrophe pour tout le monde (après, mon côté un peu anar me pousse aussi à critiquer le salariat, mais c’est autre chose). Je reconnais que les auteurs se sont sérieusement documentés pour bâtir leur documentaire. Mais, si je ne serai pas aussi sévère que gruizzli dans mon avis, je suis assez d’accord avec lui sur le fait que cet album manque cruellement de fluidité. En fait, il manque ce que la BD peut apporter à ce type de projet : être aéré, mêler passages ludiques et d’autres plus sérieux. Car sinon, autant se plonger dans un bon bouquin. Du coup, la lecture se révèle parfois indigeste, et il faut probablement posséder de bonnes connaissances de base (sur concepts, idées, mais aussi sur les protagonistes qui apparaissent ici) pour ne pas décrocher. Mais je ne voudrais pas non plus descendre ce travail. D’abord il est sérieux et argumenté. Ensuite il doit pousser les lecteurs éventuels à aller plus loin et à questionner et remettre en cause un système politique, médiatique et économique inique. Et ne pas accepter que toute critique d’un système soit rejetée dans la poubelle plus que floue du populisme (voir le traitement de la crise récente des « Gilets jaunes »). L’invisibilisation des chômeurs, et plus généralement de la précarité (voir les différentes « catégories » de « chercheurs d’emploi », voir les reportages sur la fraude aux assedic sans que la fraude fiscale – bien plus importante – ne soit spécialement stigmatisée, etc.). Un sujet central, mais dont le traitement manque de fluidité selon moi. Note réelle 3,5/5.
E-Ratic
2.5 Une série pour ados mettant en vedette un super-héros adolescent. Ce qui a attiré mon attention est que le personnage principal ne dispose que de quelques minutes pour utiliser ses pouvoirs. C'est une idée intéressante, mais après la lecture des deux tomes je n'ai pas l'impression que l'auteur utilise son idée à son plein potentiel. Il faut dire aussi que c'est surtout de la vraie BD popcorn et je n'ai rien contre les séries qui n'existent que pour divertir, mais la série m'a moyennement convaincu. Les personnages sont des clichés sortis de n'importe quelle série américaine se passant dans un lycée. Les personnages sont tellement caricaturaux par moment, notamment le méchant proviseur qui pense au collectif (un crime contre l'humanité aux États-Unis pour ceux qui le savent pas), que je me demandais si je ne lisais pas une parodie, Les événements sont aussi souvent du déjà vu. Il reste le dessin qui est dynamique et pas mal, mais j'ai trouvé les scènes d'action confuses, et d'ailleurs certains éléments du scénario sont un peu durs à comprendre. Ça se laisse lire, mais je suis clairement pas le public cible et je ne pense pas lire la suite.
Migrant
Les auteurs ont choisi de traiter sous forme de roman graphique un sujet hélas de plus en plus d’actualité, même s’il est souvent mal traité – et maltraité – par la plupart des médias, à savoir l’immigration clandestine venue d’Afrique noire (ici le Niger) via la Libye, jusqu’en Europe. Je trouve que ce récit possède les défauts de ses qualités. A savoir que la narration est agréable, fluide, alternant passages durant la traversée de la Méditerranée et passages antérieurs, depuis le départ, avec toutes étapes hautement risquées. Le dessin est plaisant – même si les personnages semblent tous avoir une tête un peu trop ronde. En tout cas on s’attache à Ebo et à son frangin, à leur struggle for life, à la foi ancrée profondément en eux « qu’ils vont y arriver ». Mais du coup ce dessin un peu rondouillard et le suivi du voyage au plus près occulte un peu – beaucoup – les causes de ces migrations, ainsi que les politiques européennes délocalisant le contrôle auprès de dictature (la Libye par exemple). Ça n’est donc pas un documentaire à charge (et le happy-end n’est sans doute pas représentatif de la majorité de ce type de migrations). Reste un récit qui se laisse lire agréablement.
Ukraine
Comme le sous-entend le sous-titre de cet album, très bien documenté, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne date pas d’hier, et remonte à une époque très lointaine. C’est au IXe siècle qu’est créée la Rus’ de Kyiv, considérée alors comme « l’un des plus grands Etats de l’Europe médiévale ». C’est ensuite que les choses se sont gâtées, notamment avec les invasions mongoles du XIIIe siècle qui réduisirent en cendres l’Ukraine sous sa forme originelle, laquelle tenta de survivre en tant que « principauté de Galicie-Volhynie », avant d’être dépecée à nouveau par la Pologne et la Lituanie. Il faudra attendre la fin du XVe siècle pour voir l’Ukraine refaire surface sous l’influence des Cosaques, des « hommes libres vivant en communautés autonomes ». Ceux-ci avaient créé les « Sitch », centres politiques et militaires, avant d’être soumis définitivement en 1764 par l’impératrice russe Catherine II. Les derniers Cosaques trouvèrent alors refuge sur les bords du Danube, mais ce sont eux qui ont contribué à forger l’identité ukrainienne moderne. Ce n’est là qu’un modeste résumé de mille ans d’Histoire, mais on ne va pas se mentir, les liens entre les pays d’Europe orientale sont tellement intriqués qu’il est parfois difficile d’y voir parfaitement clair pour nous autres, Européens de l’Ouest. Difficile d’être affirmatif quant à l’objectivité du livre, mais si l’on recoupe certaines informations en allant sur Wikipédia, on constate que le clivage entre le nord-ouest « pro-occidental » et le sud-est « pro-russe » du pays n’est pas nouveau puisqu’il remonte à l’époque des Cosaques. Ce que l’ouvrage, au demeurant très instructif, n’évoque absolument pas. Ce que l’on retiendra surtout après cette lecture, c’est que l’esprit de résistance ukrainien a toujours été très puissant et ne semble pas près de s’éteindre. Cela bien sûr ne remet pas en cause l’ignoble agression de Vladimir Poutine, qui dans son « opération spéciale » n’a pas mesuré l’ampleur de la détermination des Ukrainiens, lui qui pensait au départ que l’affaire serait pliée en quelques jours… La bande dessinée est plutôt captivante, alternant les passages historiques et les séquences documentaires, où l’on est immergé dans le quotidien de la guerre en cours, avec des illustrations saisissantes qui rendent bien compte de l'horreur et l’absurdité d’un conflit où les civils trinquent énormément lors des bombardements des habitations. A noter que le livre a été réalisé par des auteurs ukrainiens, notamment Mariam Naiem pour la partition narrative. Intellectuelle ukrainienne d’origine afghane, celle-ci s’efforce par son travail de mettre en lumière les enjeux de cette guerre, en dénonçant la politique de domination de l’Etat russe. Quant aux illustrations, elles ont été produites à quatre mains : par Ivan Kypibida pour la partie historique et Yulia Vus pour la partie documentaire. La mise en page est très vivante et permet de suivre sans être guetté une seconde par l’ennui un dossier tout de même relativement dense. On notera la tonalité dominante de l’orange dans ce parti pris bichromique, choix fort logique puisqu’il évoque la fameuse révolution orange de 2004. Le livre montre d’ailleurs comme cette révolution avait été marquée par l’empoisonnement du candidat Viktor Iouchtchenko par les sbires de Poutine (eh oui, on peut dire que la guerre couvait déjà à l’époque, ce dernier n’ayant pas réussi à imposer son protégé Ianoukovytch lors d’élections frauduleuses). Ainsi, si « Ukraine » apparaît plus comme un ouvrage davantage militant que véritablement historique, ce que l’on peut fort bien comprendre, il permet de saisir la détermination inébranlable du camp ukrainien face à un dictateur sanguinaire et manipulateur. On espère juste que le soutien de Donald Trump ne compliquera pas la situation en prolongeant inutilement cette guerre barbare et anachronique.
TenPuru
Un manga humoristique sexy venant du Japon où il y a du bon et du moins bon. Tout d'abord, on n'échappe pas aux clichés du genre revenus mille fois avec ce mec qui se retrouve dans une habitation peuplée de belles femmes à grosses poitrines (poitrines qui vont bien sûr se faire beaucoup tripoter) et il y a des arcs comme sauver le temple de la faillite ou encore il y a des filles qui n'aiment pas le gars au début et veulent le voir partir et bien sûr elles changent d'idées. Malgré cela, il y a quand même des gags un peu plus originaux qui fonctionnent bien et m'ont fait rire (l'accident d'auto par exemple). Le personnage principal est pas mal non plus. Dans ce genre de récits, le héros est soit un puceau qui a peur des filles nues ou un gros pervers qui est tout de même aimé des filles malgré un comportement de violeur en puissance. Ici, le héros a vécu une enfance malheureuse à cause d'un père coureur de jupon, et du coup veut supprimer tous ses désirs sexuels. Je trouve ça intéressant et j'aimerais bien que le héros finisse par explorer sa sexualité d'une manière qu'il aime sans être du trou-du-cul comme son père, mais bon on est dans du manga mainstream, alors ça va sûrement être juste le truc classique du mec qui finit heureux après s'être mis en couple avec la fille qu'il aime et qu'il a vue nue par accident 10000 fois. La lecture est globalement agréable malgré les clichés si on est allergique au genre, mais je pense pas suivre le manga jusqu’à la fin si ça dure des dizaines de tomes. Pour l'instant, c'est typique le genre de manga dont j'aime bien lire les premiers tomes, mais que je finis par abandonner parce que j'ai d'autres séries à lire et je n'ai pas une envie folle de savoir la fin. Le point fort de la série est le dessin qui est vraiment très bon.
From bureaucrat to villainess
Je n’ai lu que les 2 premiers tomes. Si le genre isekai est bien dispensable, cette série arrive à se démarquer d’agréables façons de ses consœurs. Il y a un petit côté frais qui s’en dégage pour les habitués. On a donc le classique humain qui se voit réincarner dans un monde Fantasy mais c’est rempli de petits éléments loufoques. Ces derniers m’ont d’ailleurs fait un peu peur au début mais finalement ça matche plutôt bien. Nous suivrons donc, un bon père de famille, la cinquantaine qui se verra intégrer dans un jeu vidéo de drague et ce dans la peau de la jeune méchante. Des ingrédients relativement improbables de prime abord mais qui fonctionnent, je suivrai avec plaisir la suite de ces aventures. Même si moins généreux dans ma notation, je suis bien raccord avec Gaston niveau ressenti. L’idée aperçue dans le 2eme tome est bien vue et originale (alors que tellement bête et évidente) et les valeurs autour du perso sont positives. Une œuvre sympathique pour les amateurs du genre. Le caractère de notre héros fonctionnaire vétéran arrive à créer un décalage aux situations classiques et l’humour m’a suffisamment amusé (le coup de l’éventail pour retenir les noms …).
Première Dame
Si je ne dis pas de bêtise, c’est la première collaboration entre les 2 auteurs, et cette dernière sonne comme une évidence, leurs univers respectifs n’étant pas si éloignés. Ils nous pondent donc une comédie du quotidien (enfin ici à l’Élysée tout de même) fluide et très agréable à suivre. Je ne m’emballe pas plus mais un ressenti à cheval entre le pas mal et le franchement bien. J’ai eu exactement ce que j’attendais à la vue du titre (et du résumé). Lecture bien sympathique donc, mais sans doute un poil trop légère pour me contenter pleinement. Ça peut paraître un peu lisse sur certains sujets de fond (migrants et politique), l’intrigue principale (et habilement camouflée) restant une rom’ com improbable. On n’y croit pas vraiment et on n’échappe pas à quelques poncifs ou facilités mais c’est animé par une belle galerie de personnages. Pas totalement comblé mais j’en suis sorti avec le sourire, l’humour passe bien (l’ex, le conseiller en com’ …), il y a une belle énergie. Une intrigue que je verrai très facilement portée sur grand écran.
Journal d'un album
Cet album pourrait presque être lu comme le « making of » du tome 3 de Monsieur Jean. En tout cas les amateurs des deux auteurs et de cette série seront immanquablement intéressés, car il livre quelques clés de lecture sur leur vie, leur travail, Monsieur Jean étant probablement en partie un de leurs avatars. Écrit un peu au fil de la plume, dans un style vif et délié, l’album propose une lecture agréable, sympathique. Pleine d’autodérision aussi (voir le début avec le chauffeur de taxi), chacun des auteurs se mettant en partie à nu, dans un récit autobiographique qui nous renseigne aussi sur le monde de la BD (les auteurs étant proches des Humanos – en plein renouvellement et en proie à des difficultés financières – et de L’Association, où l’album sera finalement publié). En tout cas, c’est une lecture que j’ai bien aimée. Rien d’extraordinaire, mais c’est dynamique, parfois drôle, et intéressant, par-delà auteurs et éditeurs, l’album mérite un petit détour.
Quarantaine
C’est essentiellement l’aspect graphique qui m’a attiré – et qui m’a aussi globalement contenté. En effet, j’ai bien aimé la couverture, et le dessin, qui use d’un Noir et Blanc tranché et très esthétique. Sam Rictus ayant côtoyé Le Dernier Cri, je m’attendais à quelque chose de plus trash (au niveau de l’histoire aussi d’ailleurs), mais finalement ce dessin reste relativement classique. L’intrigue est moins emballante. Elle se laisse lire, mais sans plus, car elle manque de profondeur, de fond. Nous suivons le développement d’une épidémie – type peste – dans une ville, à une époque indéterminée (des aspects médiévaux pour décors et habitations, d’autres presque XIXème ou XXème siècles pour certains costumes et les fusils employés par l’armée). Confinés dans une quarantaine angoissante dans cette ville, certains essayent de s’échapper, payant des passeurs, au risque de se faire tuer (par les passeurs ou l’armée qui veille). Ça n'est pas inintéressant, mais il manque quand même quelque chose pour rendre plus captivante l’intrigue, qui se finit un peu brutalement.