Les derniers avis (47781 avis)

Couverture de la série San Francisco 1906
San Francisco 1906

Les auteurs se sont bien documentés à propos du tremblement de terre qui a frappé San Francisco en 1906, ainsi que ses conséquences. C’est visible dans l’intéressant dossier concluant chacun des deux albums, mais aussi dans l’intrigue elle-même. Car les personnages inventés et l’histoire originale s’imbriquent parfaitement dans la grande Histoire et intègre bien les personnages « historiques » (dirigeants politiques, militaires de la ville, le ténor Caruso). Si j’avais un petit bémol à évoquer, ce serait l’intrigue, que j’ai trouvé un peu légère. Et notre femme de chambre embarquée malgré elle dans une guerre entre gangs chinois et mafieux manque d’originalité. Les péripéties qui l’entourent servent avant tout de prétexte pour nous balader dans la ville frappée par le séisme. Mais le séisme et ses conséquences – y compris la politique radicale du chef militaire – permettent de compenser le fil rouge un peu léger, en dynamisant le récit. Les parallèles avec l’histoire de Judith et Holopherne sont un peu obscurs parfois, mais finalement ça ajoute un petit plus – et permet de revoir de jolis tableaux de Klimt. Le dessin est inégal, mais globalement je l’ai bien aimé, et certaines planches sont vraiment très belles. Un diptyque intéressant, qui utilise bien un événement dramatique pour donner du coffre au récit de base.

09/07/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
Couverture de la série Dragon & Caméléon
Dragon & Caméléon

Une nouvelle série qui met en scène l'univers -impitoyable- de l'industrie du manga au Japon. Avec cette fois-ci un argument fantastique, puisqu'un mangaka célèbre et un de ses "extras" échangent leurs corps à la suite d'une chute dans un escalier. On n'en saura pas plus sur les raisons de ce transfert à l'issue de ce premier tome, mais l'essentiel est ailleurs : la façon dont les deux hommes vont investir leurs nouveaux statuts, l'un pour "rester" au sommet, l'autre pour lui tailler des croupières en attendant mieux. Et c'est plutôt prenant, même si on n'est que dans la tête du "dragon", le sensei obligé de faire des extras pour exister en attendant mieux. Le "caméléon", lui, qui n'a comme seul talent que d'imiter graphiquement à la perfection les autres, et en particulier le "dragon". Car celui-ci, en plus d'avoir les dents qui rayent le parquet, cache une zone d'ombre qui est juste effleurée vers la fin de ce premier tome, et cela rajoute une couche d'originalité et de frisson dans cette histoire d'échange de corps. Il y a aussi la dimension de satire -toute relative- du monde de l'édition manga au Japon, avec un aperçu des relations entre auteurs et assistants, mais aussi entre auteurs et éditeurs. De plus les chapitres sont entrecoupés de petits bonus à ce sujet, narrés par différents personnages du manga. Intéressant. Le dessin de Ryo Ishiyama est vraiment bon, sans être exceptionnel. Attendons la suite pour en savoir plus, mais c'est vraiment sympa, en attendant.

08/07/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Détour par Epsilon
Détour par Epsilon

Sur une Terre postapocalyptique où les humains sains vivent dans des cités fortifiées, la jeune Tom a été exilée, enceinte, de sa ville. Elle n'a pour tout bagage qu'un sac à dos contenant du matériel de survie et une carte indiquant la route vers une autre cité en bord de mer. Livrée à elle-même, mais accompagnée d'une étrange petite fille muette, elle va traverser les étendues sauvages d'un monde dévasté où rôdent les pourris, des humains que la maladie a déformés et rendus aussi idiots que dangereux. Par chance, elle croisera la route d'un homme sain comme elle, qui décidera de la protéger dans cet environnement hostile. C'est une histoire assez classique dans son genre. Beaucoup de déjà-vu pour qui a lu d'autres récits postapo. Les seules vraies particularités sont, d'une part, que l'héroïne est enceinte, et d'autre part, le mystère qui entoure son exil et la nature de la fillette qui l'accompagne. Pour cette dernière, on devine assez vite sa nature, sans vraiment comprendre ses motivations ni ce qui a poussé l'autrice à l'intégrer au récit. Quant à l'exil, on n'en saura jamais la raison. Le premier tome suit donc une pérégrination vers l'Est avec deux seuls personnages centraux. Le second tome, lui, se pose dans une communauté humaine dirigée, comme si souvent dans ce genre de récits, par un personnage autoritaire aux intentions discutables. Je n'en dis pas plus, mais il faut reconnaître que rien ne vient vraiment bousculer cette intrigue assez convenue. L'histoire se clôt au bout du second tome, avec une fin qui laisse quelques questions ouvertes, mais qui reste globalement satisfaisante. Côté dessin, c'est léger, sans être remarquable, mais suffisamment bien fait pour assurer une narration fluide et agréable. Bref, ça se lit comme un bon divertissement au rythme prenant, mais ça ne marquera ni par son originalité ni par sa profondeur.

08/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Chants du Chaos
Les Chants du Chaos

La série ne m'intéressait vraiment pas plus que ça, mais j'avoue qu'après avoir lu tant d'avis sur le site la descendant en flèche j'ai été intriguée. Le défaut qui semblait revenir le plus souvent concernant cette œuvre était visiblement l'emploi d'expression anachroniques et bien trop "parlées", vulgaires pourrait-on même dire. C'est ce point, justement, qui a attiré mon attention, car le sujet du ton et du vocabulaire des dialogues dans la fiction m'intéressent particulièrement et que la pertinence (ou non) du langage grossier dans une œuvre cherchant à insuffler des émotions est un sujet que je trouve sincèrement fascinant. L'emploi d'expression vulgaires est loin (très loin) d'être un défaut à mes yeux et privilégier une prose sentant bon notre parlé contemporain peut toujours être une bonne façon de donner du peps à un échange voire de créer des répliques d'une justesse touchante (et même souvent très belles). Hey, de nombreux-ses parolier-e-s se sont même spécialisé-e dans l'écriture de dialogues maniant habilement la construction de phrases complètes et de vulgarité bien sentie. Je me sens obligée de vous parler de cela en ouverture d'avis car je pensais sincèrement avoir à faire ici à des gens réfractaires par simple principe à l'emploi de langages anachroniques et/ou vulgaire dans la fantaisie, chose que je trouverais donc un peu absurde et malvenue puisque un rejet catégorisé et absolu comme celui-ci fermerait la porte à bon nombre de possibilités narratives. Cependant, sans rejoindre les reproches bien sévères de mes précesseur-euse-s, je comprend d'où vient le rejet dans le cas présent. Ce n'est pas tant un défaut de langage anachronique ou d'expressions vulgaires, c'est surtout que le ton des dialogues semble continuellement avoir le cul entre deux chaises. Les dialogues ne semblent jamais vraiment savoir choisir entre dialogues révérencieux et familiers, soutenus et simples. Rien de bien grave en réalité, les dialogues servent leur office sans être affligeant, mais il n'en sont pas non plus extraordinaires. C'est le constat avec lequel je termine la lecture de ce premier album d'ailleurs : bon, efficace, mais pas non plus extraordinaire. L'œuvre a des qualités, à commencer par son dessin et ses couleurs magnifiques, et le scénario, à base de créatures sanguinaires et mystérieuses tuant sans distinction les habitants d'un territoire enfermé dans une gigantesque enceinte, n'est pas mauvais. Je n'ai pourtant pas vraiment accroché à l'histoire que veut raconter cette série, alors que les histoires de mystère, de fantastique, d'éveil à la sexualité (particulièrement, comme ici, homosexuelle) me plaisent normalement. L'œuvre n'est pas mauvaise, je ne vais pas lui rentrer dans le lard comme les avis précédents, mais ne pas la trouver mauvaise ne signifie pas que je vais la trouver excellente pour autant. Les idées de bases sont bonnes, l'exécution m'a laissée sur ma faim. Il y a une bonne histoire qui sommeille là-dedans, j'aurais aimé la lire, sincèrement. Le résultat est bon mais aurait pu facilement être mieux. Rien n'est perdu cependant, il ne s'agit là que du début de l'histoire, la suite a toutes les chances de pouvoir s'améliorer, surtout que, encore une fois, la prémisse et le graphisme sont très bons. A voir ce que la suite donnera (pas sûre cependant de poursuivre l'aventure). (Note réelle 2,5)

08/07/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Replay - Mémoires d'une famille
Replay - Mémoires d'une famille

Un grand-père ayant combattu pour l'Autriche durant la Première Guerre mondiale, d'abord sur le front russe puis sur le front italien, avant de devoir fuir le nazisme vingt ans plus tard pour s'exiler à Cuba, laissant temporairement le reste de sa famille en Europe. Un père ayant vécu enfant avec sa tante, réfugiée juive comme lui, sous l'Occupation en France. Et lui-même, Jordan Mechner, ayant grandi à New York et Los Angeles avant de s'installer dans le sud de la France, qui compile ici les souvenirs de ses parents et les siens propres, lui qui est surtout connu pour être le créateur du jeu vidéo Prince of Persia et de ses suites. Autant dire qu'il avait beaucoup de choses à raconter, et cela aurait pu tenir en plusieurs romans graphiques. Il a pourtant fait le choix de tout regrouper dans un seul récit familial. Était-ce judicieux ? D'une certaine manière, oui. Cela permet de tout raconter à la fois, sans enfermer le lecteur dans un unique récit sur la vie en Autriche au début du XXe siècle, ou sur le nazisme et l'Occupation, ou sur la création de jeux vidéo, ou encore sur la vie personnelle du narrateur. Il raconte tout en parallèle dans un gros album de plus de 300 pages, qu'il dessine lui-même. Mais ce choix a aussi ses limites, car il y mélange tout. Chaque récit suit à peu près une chronologie propre, mais ils s'intercalent les uns avec les autres, par blocs de deux pages en moyenne, et l'on saute régulièrement de l'un à l'autre de façon abrupte. Il y a aussi énormément de personnages, de noms, à chaque époque, ce qui rend parfois la lecture confuse, malgré un arbre généalogique en début d'album. On peut vite s'y perdre, confondre les figures, ou ne plus savoir à qui l'auteur fait référence. Ces sauts d'une époque à l'autre donnent l'impression d'une narration hachée. Cela empêche de s'attacher pleinement à l'un ou l'autre des parcours de vie. Et c'est dommage, car chacun de ces récits aurait mérité plus d'espace. On lit rarement des témoignages sur les habitants de l'ancienne Autriche-Hongrie, et encore moins sur leur vécu de la Première Guerre mondiale. On connaît le nazisme et la Shoah, bien sûr, mais plus rarement à travers les yeux d'un gamin réfugié avec sa jeune tante, débrouillarde et pleine de ressources. Et enfin, parce que Prince of Persia sur Atari ST a marqué mon enfance, j'étais curieux d'en apprendre davantage sur sa création et sur son auteur, aussi à l'origine de Karateka et qui collaborera plus tard avec Ubisoft pour sortir Les Sables du Temps. Hélas, cette partie reste un peu survolée : malgré de nombreux passages, on ne suit jamais vraiment le développement complet d'un de ces jeux, de son début à sa fin. J'ai donc trouvé cette lecture intéressante, et on sent bien que l'auteur avait énormément de choses à dire. Mais la structure narrative aurait, à mon avis, gagné à être différente, pour mieux transmettre les émotions, favoriser l'attachement aux personnages et éviter de perdre le fil entre les époques et les récits.

08/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Downlands
Downlands

J’ai été un peu moins enthousiasmé que mes prédécesseurs par cet album, mais je lui reconnais des qualités. Et ma lecture – poussive au départ – s’est finalement révélée plaisante. En effet au départ j’ai été dérouté par le côté graphique, mais aussi par une intrigue qui semblait décousue. Mais je me suis finalement – et assez rapidement – fait aux deux. Si la colorisation n’est a priori pas mon truc, car trop froide et informatique, elle accompagne bien le travail graphique de l’auteur (que je découvre ici). Un travail graphique qui relève presque plus de l’illustration, ou de certains cartoons des années 1950, avec des personnages anguleux et statiques, décors et personnages donnant parfois l’impression d’être des collages sur un fond de vieux papier peint. Quant à l’intrigue, l’auteur semble s’être inspiré de pas mal de légendes du sud de l’Angleterre (ce qu’il confirme dans un petit dossier final), qui lui ont permis de traiter de façon un peu originale des thèmes assez classiques : les fantômes, la mort et le deuil. Un traitement très vaguement polar, une sorte d’histoire d’une rue et de ses drames (présentés en début d’album par une galerie de portraits, des articles de presse), l’auteur amène gentiment du mystère un peu désuet. Une lecture sympathique.

08/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Le Fauve de Corleone
Le Fauve de Corleone

J’attendais quelque chose de plus fouillé et dynamique, mais cet album reste quand même bien fichu, pour nous présenter la vie et « l’œuvre » d’un des pires dirigeants de la mafia, Salvatore « Toto » Riina, devenu tristement célèbre lors de l’assassinat spectaculaire du juge Falcone, qu’il avait commandité. C’est un récit « clinique », sans trop de fioriture ni de parties « romancées », qui présente rapidement les conditions dans lesquelles le jeune Toto a basculé dans la violence extrême, pour ensuite gravir tous les échelons le menant au « sommet » d’une des grandes familles mafieuses. Le récit est forcément construit autour d’une accumulation d’assassinats, mais je trouve que si le mafieux est mis à jour, le personnage lui-même – et le système mafieux aussi en fait – reste un peu trop à mon goût en retrait. Reste que Morvan montre bien la froideur absolue de ces hommes qui tuent sans scrupules et pratiquent la politique la plus violente pour se maintenir au sommet, éliminant collègues frileux ou critiques, policiers, journaliste et magistrats trop intègres ou fouineurs. La complicité de milieux politiques et policiers est un peu laissé de côté ici, ce qui explique, en plus du côté un peu « sec » du récit, mon petit bémol. Le dessin et la colorisation de Percio accompagne bien ce récit. Un trait épais, gras, charbonneux, raccord avec une biographie noire d’un sale type, duquel ne sort aucun des aspects héroïques qui parfois permettent à un salaud d’avoir une belle face à montrer.

08/07/2025 (modifier)
Couverture de la série La Première Couleur fut le Noir
La Première Couleur fut le Noir

Anne-Sophie Servantie (que je découvre avec cet album) nous propose quelque chose – hélas – déjà pas mal traité, en BD entre autres, à savoir le viol et ses conséquences. En effet, elle a été violée à plusieurs reprises par un oncle (à partir de l’âge de quatre ans), ce qui l’a bien sûr fortement traumatisée, alors que certains membres de sa famille à qui elle s’était ouverte (sa grand-mère en particulier) n’ont pas eu la réaction attendue et souhaitée. L’album se présente formellement comme une psychanalyse dont nous serions témoins, ce qui renforce le caractère cathartique de ce témoignage. Témoignage dans lequel l’auteure évoque la longue amnésie « de défense » qui a suivi les violences subies, mais aussi d’autres chocs consécutifs aux réactions de sa famille lorsque beaucoup plus tard elle essaye de dire ce qui s’est passé. Si la première couleur fut le noir, d’autres se sont ajoutées : la guérison par l’art, mais aussi les couleurs qui apparaissent vers la fin, alors que l’auteure rencontre l’amour, le vrai, et sort de l’enfermement protecteur dans lequel elle cherchait à se cloîtrer. Le dessin est assez simple, mais je l’ai trouvé très agréable à l’œil, fluide. Et l’utilisation parcimonieuse des couleurs est elle aussi plaisante. Sur un sujet douloureux, on a là un album qui ne surjoue pas le pathos, et qui, en sus de permettre à l’auteure/victime d’exorciser la douleur, propose un récit que j’ai apprécié.

08/07/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Kinderzimmer
Kinderzimmer

2.5 Un album qui m'a déçu. J'avais été attiré par la couverture et un rapide coup d'œil sur bdthèque me donnait une seule bonne note et un résumé qui laissait présager une bd historique intéressante. J'aurais peut-être dû au moins ouvrir l'album et le feuilleter un peu avant de l'emprunter parce que je pense que je ne l'aurais pas fait si j'avais vu la mise en page. En effet, si je trouve que le dessin n’est pas trop mal, je ne suis pas du tout fan de la mise en page de l'auteur. Je n'ai rien contre les présentations originales, mais je n'aime pas quand dans une BD le texte est séparé du dessin. Surtout qu'en plus parfois on a droit à des pages avec une petite case dessin et plein de cases textes, c'est vraiment lourd à lire. Dommage parce que je ne connaissais pas l'histoire de ce camp de concentration et il y a des moments forts éparpillés dans le récit. Sauf que je mentirais si je ne dis pas que je me suis quand même un peu ennuyé et que cela m'a tout de même pris deux jours pour venir à bout d'un album qui me semblait un peu impossible à finir.

07/07/2025 (modifier)
Couverture de la série Inlandsis
Inlandsis

Une histoire qui se révèle plus originale qu’il n’y paraissait de prime abord. En effet, je pensais, au vu des premières pages, lire un récit autour de la conquête du Pôle Nord par Peary. Mais Peary lui-même et cet aspect n’occupent finalement que peu de places (quelques planches en début des deux premiers tomes, et certaines vers la fin du troisième). En fait, l’intrigue bascule assez rapidement vers quelque chose de très différent, où le fantastique joue à plein. Une sorte de récit des origines, utilisant univers et mythologie esquimaude, rapidement mélangée avec des aspects vikings. La création des vastes étendues glacées de l’inlandsis, les liens entre hommes et animaux, mais aussi entre les humains, tout ceci nourrit ce récit un peu étrange. L’intrigue et la narration m’ont paru un peu décousues, et il y a quelques longueurs. Disons que tout aurait sans doute pu être traité en deux tomes de 56 pages je pense. Le dessin est plutôt agréable. Et, fait notable, pas si monotone que ça, le blanc étant loin de monopoliser la colorisation. Un triptyque à découvrir.

07/07/2025 (modifier)