Les derniers avis (44855 avis)

Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Arca ou la nouvelle Eden
Arca ou la nouvelle Eden

Lecture très sympa, en effet. Tout comme Paul le Poulpe, j'ai trouvé l'intrigue solide et le scénario maitrisé. Les choses prennent le temps de s'installer, puis se dévoilent lentement, à mesure que grandit un certain malaise. Les thématiques, certes maintes fois traitées en SF, comme dans d'autres genres, ouvrent ici sur un horizon d'avenir, là où habituellement les histoires s'achèvent par un dénouement tragique, voire carrément apocalyptique. D'apocalypse il est certes question dans Arca, et comment ne pas y songer alors que le sujet plane quotidiennement sur l'actualité. Par exemple, j'ai récemment appris qu'à 50C°, la viande commençait à cuire... Mais Bref ! Arca ? il s'agit bien entendu d'une référence à l'Arche d'un certain Noé. Les auteurs nous racontent en effet que pour échapper à la destruction de la planète, l'humanité a trouvé refuge sur un énorme vaisseau spatial nommé Arca. Et il se trouve que son commandant est également son concepteur ; un richissime milliardaire qui a instauré à bord un système social extrêmement réglementé et hiérarchisé, ceci afin de préserver la paix et l'harmonie jusqu'à Eden, une planète lointaine censée accueillir tout notre petit monde. On s'en doute, l'envers du décor est nettement moins philanthrope... Cette BD m'a fait songer à Elysium, le film de Neill Blomkamp, qui s'appuie sur le même postulat de départ : en gros, les riches s'occupent de tout, à commencer par organiser leur propre survie. Arca m'a également rappelé la BD Sentient de Jeff Lemire dont elle reprend certains éléments, dont le principal : les enfants y sont les principaux protagonistes. C'est important ici, car on y décèle clairement des analogies avec la situation que nous vivons désormais sur la planète (la Terre hein ?). La jeunesse est l'avenir de l'espèce humaine. Le dessin est pas mal même s'il contient quelques maladresses (les mains notamment), et le découpage est dynamique. La mise en couleur est plus discutable, mais reste globalement bien sentie, à condition de ne pas regarder de trop près la texture des peaux aux effets un peu étranges parfois. Les dialogues sont bons, même si là encore, on tombe sur des phrases mal troussées, des mots manquants, des expressions approximatives, qui révèlent un manque criant de relecture. Mais enfin, tout cela ne gâte cependant pas la lecture. Tout est fluide, et on découvre cet univers cohérent sans déceler de faille réelles. Rien à redire sur le scénario : ça roule. Pour ma part, c'est la fin un peu précipitée qui m'a un peu gêné. Je me suis dit : "quoi ? déjà ?". En 6 pages, tout se précipite. J'aurais juste apprécié quelques pages supplémentaires. Là, j'ai eu un peu le sentiment que les auteurs étaient pressés de boucler leur affaire. Néanmoins, le "message" (tin tin tin !!!) est très positif, ce qui n'est pas si courant par les temps qui courent. Et dans la SF en général. Pour finir, les choix éditoriaux sont assez convaincants : livre agréable à lire, beau grain de papier... Une bonne lecture aisément recommandable, au sujet de laquelle je suis probablement un peu sévère quant à la note attribuée (mais bon, pas possible de mettre 3,5...).

27/04/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 3/5
Couverture de la série Plutona
Plutona

Dilemmes adultes imposés à des adolescents - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il contient les 5 épisodes, initialement parus en 2015/2016, écrits par Jeff Lemire, dessinés et encrés par Emi Lenox, et mis en couleurs par Jordie Bellaire. Jeff Lemire s'est d'abord fait connaître sur des séries indépendantes comme Sweet Tooth, Trillium ou Descender avec Dustin Nguyen, puis sur quelques séries DC comme Green Arrow avec Andrea Sorrentino, et Marvel comme Old man Logan. Emi Lenox est l'auteure de EmiTown. Quelque part en pleine forêt, non loin de la ville de Metro City, gît le corps inanimé de la superhéroïne Plutona. Teddy (un jeune adolescent) est dans sa chambre, en train de suivre les activités des superhéros de Metro City par le biais de la radio et d'internet, tout en prenant des notes. Diane achève de se préparer, en se maquillant discrètement, et disant au revoir à son chiot Loki. Ray s'est réveillé tout seul. Il pique le paquet de clopes de son père avachi sur le canapé, et le réveille pour qu'il n'oublie pas d'aller travailler. Mie prend son petit déjeuner avec son petit frère Mike, pendant que sa mère lui rappelle qu'elle doit le garder pendant l'après-midi. Ils sont tous prêt à partir et prennent chacun le car de ramassage scolaire qui dessert leur domicile. Chacun croise l'autre dans l'établissement, en donnant le bonjour en fonction de leur relation. Diane est la meilleure copine de Mie, alors que Ray se moque régulièrement de Teddy et l'a affublé d'un surnom péjoratif à connotation sexuelle. À la fin de la journée de classe, Diane, Mie et Mike s'apprêtent à rentrer ensemble, par le car. Elles s'arrêtent devant un talus herbeux, en voyant Ray et Teddy observer l'horizon à l'aide de jumelles. Mike parvient à fausser compagnie à sa grande sœur pendant que son attention est occupée ailleurs. S'apercevant de sa disparition, elle part à sa recherche dans les bois avec les autres. Ils retrouvent sa console de jeux (une Game Boy) par terre. Mike est plus loin devant le cadavre de Plutona. La citation de Scott Snyder (auteur de Wytches est dithyrambique comme il se doit, annonçant une réflexion de haut niveau sur l'héroïsme et l'identité. Cette phrase laudative apparaît sur un dessin un peu naïf, avec des visages simplifiés, des yeux tout ronds, et une mise en couleurs à l'aquarelle. Les dessins à l'intérieur participent de la même approche graphique. Emi Lenox détoure les formes avec un trait encré assez fin. La représentation des visages est sous influence manga, avec des yeux un peu plus grands que la normale, et des expressions simplifiées. Au fil du récit ce choix révèle sa pertinence puisqu'il n'y a presque que des adolescents ou des enfants mis en scène, et que ces yeux plus grands évoquent l'innocence de l'enfance, ainsi que l'émerveillement devant les surprises que recèle le monde. Les auteurs ont conçu des personnages aux apparences personnalisées, sans qu'ils n'en deviennent des caricatures ou des parodies. Ils se reconnaissent au premier coup d'œil et le lecteur voit que Mike est beaucoup plus jeune que les autres. De ce point de vue, l'artiste sait représenter des enfants et des adolescents qui n'ont pas l'apparence d'adultes miniatures. Elle leur attribue des tenues vestimentaires adéquates, sans volonté de faire mode ou tendance. Celle de Mike est passepartout, sans personnalité marquée, attestant que c'est encore sa mère qui choisit ses habits. Celle de Diane montre qu'elle hésite entre conserver une apparence présentable et conformiste de jeune fille de bonne famille et tenter de paraître plus rebelle. Teddy met ce qui lui tombe sous la main, sans volonté de se raccrocher à un groupe ou à un autre. Ray essaye d'accentuer la dureté de son apparence pour passer pour un dur. Mie se tient à l'écart de tout ce qui pourrait la faire paraître féminine, en essayant également de montrer son côté rebelle. En les observant, le lecteur se dit qu'il s'agit de jeunes adolescents entre 12 et 14 ans. En cohérence avec leur âge, Emi Lenox les représente avec des silhouettes pas encore formées, sauf pour Diane, déjà un peu en surpoids. Pour une raison qui lui est propre et qui n'a pas de motif visible, elle a choisi de dessiner les pieds sous forme triangulaire, ce qui est inexplicable puisque dessiner des mains anatomiquement correctes ne lui pose pas de difficulté. Les décors présentent eux aussi un degré de simplification, en cohérence graphique avec les personnages. L'artiste prend bien soin de situer le lieu de chaque séquence, et s'affranchit rarement de dessiner les arrière-plans. Le lecteur peut ainsi contempler quelques maisons de cette banlieue d'une ville de plus grande importance, l'aménagement des chambres de chacun des protagonistes (reflétant à la fois sa personnalité et son milieu social), des salles de classe, les abords de l'établissement scolaire, les bois (avec des arbres et de l'herbe). Pour cette dernière localisation où se déroule plus de la moitié du récit, Lenox ne cherche pas à donner une idée de l'essence des arbres, ou du type de sol. Il est visible qu'elle se contente de placer quelques arbres et quelques brins d'herbe de ci de là, pour évoquer l'idée d'une forêt plus que pour la représenter. Fort heureusement, Jordie Bellaire effectue un très bon travail de mise en couleurs qui permet de restituer une ambiance ombragée et verte, suffisante pour compléter les dessins. D'une manière générale, elle a opté pour des aplats de couleur uniforme, avec une très légère trace de luminosité, mais sans nullement sculpter les formes ou leur donner plus de volume. Les mises en scène et les découpages de planche sont très efficaces et professionnels. Il y a parfois quelques placements de personnages qui font artificiels, dans un souci de clarté de lecture. Mais le lecteur n'éprouve jamais l'impression qu'Emi Lenox rencontre des difficultés à maîtriser la perspective, ou qu'elle atteint ses limites de capacité graphique. Les pages ne rendent pas une impression d'amateurisme. C'est juste qu'elle est en phase avec le scénario (ou que Jeff Lemire l'a conçu sur mesure) et qu'elle privilégie une apparence simple, ce qui n'obère pas la qualité de la narration graphique. Même sans la citation de Scott Snyder, le lecteur comprend rapidement que l'enjeu du récit est de matérialiser le passage de l'enfance au début du chemin vers l'âge adulte pendant ces quelques jours pour ce groupe de 4 adolescents, (Mike étant encore à quelques années de l'adolescence). Jeff Lemire s'appuie sur un point de départ éprouvé : un groupe de jeunes adolescents se retrouve dans une situation où ils doivent gérer une problématique adulte, sans pouvoir en parler aux adultes. Le corps de la superhéroïne constitue le catalyseur de leur changement. Chacun d'entre eux réagit comme à son habitude, et prend peu à peu conscience de la nature de ses réactions. La belle amitié entre Diane et Mie en prend un coup dans l'aile. Le regard des autres sur Ray évolue dans des directions différentes. La charge que représente Mike est gérée de manière différente. La solitude de leur chambre change également de saveur en fonction de ce qu'ils ont vécu. Le scénariste déroule son histoire en respectant les points de passage obligés de ce genre de récit, avec la sensibilité nécessaire pour faire exister ces adolescents, leurs émotions, leur état d'esprit, sans bulle de pensée, sans verbalisation par des adultes de leur entourage. Le lecteur voit comment ils évoluent dans leur comportement, les adultes restant totalement ignorant de ce qui leur arrive. C'est aussi un peu la limite du récit que de se cantonner à la mise en lumière de ce changement. Finalement l'existence des superhéros n'apporte rien au récit. Il n'y a pas de valeur morale dans le comportement des uns et des autres. Il n'est pas possible de juger leurs actes, mais du coup il devient aussi très difficile de se projeter dans ces personnages. Le lecteur éprouve bien un peu d'empathie pour eux, pour la manière dont ils se retrouvent contraints par leur éducation, par leur milieu social, sans pour autant pouvoir se reconnaître en eux. En fin de chaque chapitre, Jeff Lemire a réalisé entièrement (scénario + dessins) quelques pages consacrés à Plutona, soit 13 au total. Ces séquences mises bout à bout permettent de découvrir comment cette superhéroïne a abouti dans cette forêt, avant d'être découverte par ce groupe de 5 enfants. Il a adopté sciemment une approche graphique à l'apparence plus datée que celle d'Emi Lenox, avec des traits de contours plus fins, vaguement tremblés. Ses dessins semblent un peu plus amateurs que ceux de Lenox, comme s'il s'agissait d'un comics dans le comics, également à destination d'enfants d'une dizaine d'années. Sa narration est impeccable, et le récit est très linéaire, montrant le sens de l'altruisme de Plutona. Néanmoins cette promptitude à se dévouer à la sécurité des autres en fait une héroïne parfaite et imaginaire, par comparaison avec le comportement plus normal de Mie et des autres. Du coup, elle ne peut pas être leur reflet déformé et idéalisé, juste un idéal inaccessible et irréalisable. Cette histoire capture avec doigté le moment où les enfants doivent prendre leurs premières décisions d'adulte, par eux-mêmes, avec toute la dimension contingente et relative du monde adulte. Les dessins dépeignent de vrais adolescents, sans exagération ni condescendance. Le scénario et les dialogues décrivent des comportements plausibles et adaptés. Le résultat final apparaît un peu aride, plus un exercice de style bien maîtrisé, qu'un récit habité.

26/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Kraken (Soleil)
Kraken (Soleil)

Une lecture plaisante. Pourtant, la première moitié du récit, au rythme lent et presque convenu, m’avais fait un temps penser à une sorte de téléfilm de France télévision, avec quelques personnages presque caricaturaux, le rythme lent donc. Mais j’ai passé outre ce départ mollasson, grâce au dessin, vraiment bon, dynamique et agréable. Et aussi parce que l’histoire se densifie, sait ménager quelques effets et retournements, et donne un peu d’épaisseur à quelques personnages. La fin est par contre menée sur un rythme plus rapide – contrastant trop avec ce qui précède – ce qui fait perdre un peu de crédibilité au récit (concernant le coupable des crimes qui endeuillent le petit village de pêcheurs dans lequel prend place cette histoire qui appâte avec du fantastique mais qui reste dans un récit classique finalement).

26/04/2024 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Copenhague
Copenhague

Une BD se déroulant à Copenhague, cela devait bien finir par arriver de la part de l’inséparable duo franco-danois Pandolfo-Risbjerg… D’ailleurs, on pourrait même déceler une part autobiographique dans ce récit déjanté mêlant enquête policière et romance, mais ça, c’est au lecteur qu’il appartiendra d’en juger et uniquement au lecteur… Et pour ce qui est de la déjante, le moins qu’on puisse dire, c’est que les auteurs n’ont pas fait dans la demi-mesure ! L’histoire commence en fanfare, au propre comme au figuré. Dès son arrivée dans la cité scandinave, Nana Miller, parigote un peu olé-olé (qui a décidé de partir une semaine à Copenhague en oubliant de prévenir sa fille, restée seule à la maison !), va se retrouver entrainée dans un tourbillon sonore au rythme des tambours et des trompettes lors d’une parade de soldats royaux, un événement qui va donner le la de l'histoire… Après ce démarrage en trombe, le récit d’Anne-Caroline Pandolfo va se poursuivre sans aucun temps mort en nous entraînant dans les pas frénétiques de Nana Miller et de Thyge Thygesen, un grand type totalement extravagant qui semble débouler d’une autre planète, sorte de croisement entre Pierre Richard et Jacques Tati. L’improbable duo d’enquêteurs improvisés va ainsi se lancer à la poursuite des assassins présumés de la sirène. A l’image de Thyge, cette histoire bien barrée va osciller entre burlesque et poésie, avec une galerie de personnages hauts en couleurs et une meute de toutous pittoresques. C’est à la fois foutraque et charmant, c’est léger et ça se mange sans faim, et si ça ne tient pas forcément au corps, ça fait tout de même du bien par les temps qui courent… Comme à son habitude, Terkel Risbjerg nous livre un dessin splendide et accompagne de façon très fusionnelle la narration de Pandolfo. Le bouquin rend bien hommage à la capitale danoise qu’il chérit sans aucun doute possible, avec des vues nocturnes et enchanteresses de la ville qui donnerait bien envie d’y traîner ses guêtres. Avec « Copenhague », les auteurs nous montrent aussi une ville sous un jour inattendu, bien loin de l’image parfaitement ordonnée que l’on pourrait avoir des mœurs danoises, en tout cas ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Celle-ci prend parfois des airs de cité méditerranéenne où la vie ressemble à un joyeux bazar, il ne manque que Léon la Terreur pour compléter le tableau ! Cette bande dessinée totalement « feel good », en s’inspirant du célèbre conte d’Andersen, donne voix à des sirènes bienveillantes dont on se laissera volontiers ensorceler par le chant, si tant est qu’il éloigne la laideur du monde.

26/04/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
Couverture de la série La Véritable Histoire de Saint-Nicolas
La Véritable Histoire de Saint-Nicolas

L'ambition de réveiller les consciences est inattaquable et fort appréciée. Dénoncer les violences policières, les attaques envers les migrants, les pauvres, les écolos, les idéalistes gauchistes, etc. est assez jubilatoire. L'idée de le faire via une BD quasi sans texte est tout aussi louable et beau. Je regrette à titre personnel ce détour plus assumé vers le conte moderne. Conserver un Saint-Nicolas seulement observateur des dérives de nos sociétés contemporaines ne m'aurait pas déplu. Le conte rend la dénonciation davantage punk (façon Gremlins), mais moins pertinente car plus éloignée de la réalité. Une belle idée néanmoins, pour un bel objet, un beau projet.

26/04/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Regarde les filles
Regarde les filles

Étrange BD que voila. Le parti-pris est assez osé, avec un protagoniste qui ne prononcera aucune parole tout au long du récit mais dont le regard conduira celui-ci. Un regard porté sur le genre féminin, l'éternel mystère de l'homme. La BD est une longue présentation de femmes, toutes celles qui traversent sa vie et marquent son regard jusqu'à la dernière, bien trouvée pour une conclusion qui fait presque plus ouverture. Le récit est assez lent, plutôt contemplatif et ne semble pas réellement se poser en critique ou développement de cette idée de base. On reste dessus et on a un développement sur les années de cette recherche d'image visuelle. Si je regrette un peu qu'on n'ait pas réellement de développement autre, je dois noter que l'auteur va jusqu'au bout de son idée ce qui est déjà appréciable. Maintenant je dois dire que je ne suis pas plus impliqué que ça dans le récit. Les formes féminines me sont agréable à l’œil, oui, mais je n'arrive pas trop à m'identifier à ce côté voyeur parfois trop intrusif à mon gout. En tout cas la BD est étonnante dans sa lecture. Intéressant, pas forcément marquant.

26/04/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Petites éclipses
Petites éclipses

Jim est un auteur bien ancré dans ce qu'il sait faire : parler de crise de couple, de la quarantaine, de tromperie et de l'amour sous différentes formes. On retrouve ici un certain résultat de synthèse de ces sujets, avec cette bande d'amis qui vont se retrouver, s'engueuler et se dire les vérités durant les quatre jours ensemble dans un gite à la campagne. Si le scénario est sur un canevas classique et parfois avec des faux airs de déjà-vu, on a des petits détails qui font mouches. J'ai plusieurs fois souris devant les manifestations d'amitié, les courses-poursuites, piques envoyés et jeux d'eau. On a aussi l'improbable psychologue qui vient jouer le révélateur de tout ce qui est enfoui, et d'autres détails encore. L'ensemble est long à lire et franchement verbeux, mais je ne dirais pas pour autant que c'est chiant. On reste sur des questionnements nombrilistes autour de la trentaine/quarantaine, mais ça ne dépasse pas ce stade. Les personnages sont sympathiques à défaut d'être attachants. Certains développent beaucoup leurs personnalités, d'autres restent en retrait de l'histoire avec des bonnes raisons. On y retrouve une ambiance que j'ai déjà vu dans plusieurs films (on peut penser au "Petits mouchoirs" de Canet), et ça mérite une lecture à mon avis. Pas sur que tout le monde y trouve son compte, je ne suis pas vraiment versé dans les atermoiements de ces héros, mais je reconnais que c'est une lecture qui se fait tout de même bien. Avis aux amateurs.

26/04/2024 (modifier)
Couverture de la série Les Grands Espaces
Les Grands Espaces

Je ressors de ma lecture un peu perplexe et partagé. Tout d'abord j'ai beaucoup aimé le graphisme de Catherine Meurisse surtout quand elle présente ses grandes planches. Cela rappelle les peintures romantiques (qu'elle cite) ou d'un Lazare Bruandet (qu'elle omet). Son trait humoristique colle parfaitement aux passages drôles et légers qui entourent sa découverte enfantine de la campagne. Le récit s'articule bien autour d'une enfance idéalisée avec des parents qui savent tout faire. La vivacité du trait soutient parfaitement la fluidité du récit et sa cohérence. Malgré tout je reste sur ma faim. En effet cela reste un passage biographique dans lequel je ne me suis pas senti investi. Petit banlieusard je n'ai pas le même souvenir de mes passages à la campagne où les bouses de vaches, les mouches, les taons et le patois d'enfants moqueurs restent bien plus vivaces que la découverte d'un environnement fleuri. Ensuite j'ai trouvé un petit goût du discours de mon grand-père avec un "avant c'était mieux". Enfin certaines piques caricaturales me semblent trop superficielles voire injustes (les lotissements, le Futuroscope). Cela reste à mes yeux une lecture agréable et divertissante qui apporte un bon souffle de fraicheur. Un bon 3

26/04/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Rouge Bonbon
Rouge Bonbon

Troisième lecture de Kiriko Nananan que je fais, même si j'avais lu l'album il y a quelques années et que j'ai complètement oublié de quoi ça parlait. Et globalement, c'est sympathique. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est très bon et recommandé, mais c'est agréable à lire. Nananan nous dépeint en 18 chapitres une sorte de collection d'instants, de moments de la vie de jeunes femmes japonaises. Ce sont des rencontres sans lendemain, des relations parfois amères, des ruptures et des retrouvailles. Chaque moment n'est esquissé que sur 6-8 pages, parfois presque sans dessin. C'est surtout des pensées, quelques moments, le tout esquissant un portrait à un instant donné. L'auteure arrive à faire curieusement ressentir un personnage presque à chaque fois, donnant une tonalité mélancolique à l'ensemble. On navigue dans des portraits de jeune femmes contemporaines qui sont assez souvent en prise avec un mal-être ou des réflexions existentielles. Si vous n'êtes pas fan de ce genre de choses, fuyez comme la peste ! C'est une sorte de collection photographique mais en bande-dessinée, mélancolique et assez triste sur l'amour dans le Japon contemporain. Mais aussi un regard amère sur la femme japonaise, ses attentes et ce qu'elle vit dans son rapport avec les hommes. Intéressant, plutôt sobre et délicat.

26/04/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Celestia
Celestia

Manuele Fior est tout de même un sacré dessinateur. Franchement, ses cases sont foutues comme des tableaux. Tout est bien composé. Il suffit de jeter un œil sur son ouvrage L'Heure des mirages, sorte de compilation de ses travaux hors BD, pour s'en convaincre. C'est d'ailleurs la seule et unique raison qui m'a poussé à acheter Celestia. Fior y développe un univers vraiment original, entre conte, récit post-apo, et poésie. L'ambiance est également très bonne. Et puis j'aime bien l'intérêt de l'auteur pour les collants. Ca apporte une touche grivoise très discrète. Tout ça fait que on pourrait caser Celestia, en se forçant un peu le truc, quelque part entre Les eaux de Mortelune et Les cités obscures. Maintenant, je trouve qu'il y a des scènes un peu inutiles, des dialogues insipides et des personnages peu travaillés ou dont le sens n'apparait pas forcément. Enfin, le rythme est étrange, avec des moments où l'histoire s'emballe d'un coup et où on perd un peu le fil, du coup. On ne sait pas trop où tout cela mène ! J'ai eu l'impression d'avoir affaire à une histoire à moitié. A moitié achevée, à moitié intéressante.

25/04/2024 (modifier)