Les derniers avis (39406 avis)

Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Je mourrai pas gibier
Je mourrai pas gibier

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant la BD, mais j'ai accroché très vite à cette ambiance de villages perdus dans la France, ces villages de ceux d'en-bas, que j'ai pu découvrir à de maintes reprises dans mes voyages. Ces villages paumés qui ne sont pas reluisant, abritant "le sel de la terre" qui semble parfois être bien merdeux ... Bref, la BD m'a happé très vite autour du geste de ce jeune garçon, et nous entraine ensuite dans la résolution de tout ceci. Comment en est-on arrivé ici ? Et, bien que le lien se fasse assez naturellement entre l'idée et les fusillades en lycée, nous avons ici une veine très française : celle de la misère sociale de ces pauvres gens "qui sont nés quelque part", comme disait Brassens. Ici, ce sont des querelles de clocher, les brouilles entre ceux du bois et ceux de la vigne, la violence sociétale et les maladies du travail. Le récit brasse plusieurs choses dans sa critique, et j'ai aimé que l'apparition de l'élément déclencheur ne vienne qu'après une série d'autres considérations. Sur les riches, sur les pauvres, sur la vie dans ces villages, sur les caractères de chacun. Et j'ai eu des souvenirs en tête, en le lisant, revoyant certaines personnes que j'ai côtoyés, mais aussi certains lieux que j'ai traversé. La misère sociale est bien là, et si l'on pense qu'elle a disparu, c'est que l'on vit bien plus souvent en ville que dans ces campagnes. Tout cela pour dire que j'ai été porté par le récit et estomaqué par son déroulé. Il y a là une violence, très forte et impactante, mais qui s'est avant tout distillée sous plusieurs formes. D'une violence autorisée, toujours latente, à une explosion lorsque ce fut de trop. Une violence sans retour, crue, mais qui nous rappelle aussi combien ces petites violences "légitimes" sont pires. Une excellente BD, que je recommande. La lecture a été marquante, et je dois dire qu'elle a quelque chose qui passe dans le dessin, dans le texte, qui donne envie de découvrir la suite, jusqu'à cette fin brutale qui s'arrête lorsque plus rien d'important n'est à dire. Je voulais lire la BD depuis un long moment, et je ne regrette pas le moins du monde.

21/10/2021 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Dans la tête de Sherlock Holmes
Dans la tête de Sherlock Holmes

Les auteurs étant de passage au festival de Illzach, j'ai suivi les conseils de Calimeranne pour une petite dédicace et enfin découvrir cette BD qui avait fait l'unanimité lors de sa sortie. Et je n'en suis pas du tout déçu, je crois bien que c'est une de mes meilleures découvertes de ces derniers jours ! La BD est une réelle surprise, une réelle bonne surprise qui plus est. Et surtout, parce que je crois bien que c'est la BD la plus inventive que j'ai vue récemment. Rien que par la couverture, le ton est donné. Et les pages ! Mon dieu, ces pages ! Une merveille d'inventivité, et je ne veux même pas savoir combien de temps cela a pris pour les faire. Une ingéniosité qui est présente quasiment à chaque page, dans le découpage, la mise en scène des cases, l'alliance texte/dessin. Ça c'est de la BD intelligente, de celle qui sait utiliser au maximum les possibilités de son média pour le plaisir de l'histoire et de la lecture. Réellement, je suis sous le charme de cette colorisation, de ce trait et de cette façon de paginer les cases. Une inventivité et un sens de la composition qui va de pair avec l'histoire, c'est une réussite totale. Surtout dans le cadre d'une enquête de Sherlock Holmes. Et à ce niveau là, le scénariste est à saluer : il a réussi à retranscrire en bande-dessinée toute l'ambiance victorienne de Conan Doyle, avec les manières de Sherlock Holmes, les intonations pédantes et parfois méchantes envers Watson, sa façon de réfléchir et de déduire, tout est exactement dans l'esprit des Sherlock Holmes que j'ai dévorés au lycée. A la fois une excellente enquête non-officielle de Sherlock Holmes, un hommage bien senti et une BD réussie qui donne envie de découvrir la suite de l'histoire. Cette enquête est à ranger directement dans les meilleures de l'inspecteur. J'attends avec impatience le tome 2 pour voir la façon dont tout ceci se conclura, et pour une enquête c'est du tout bon. Je pourrais être encore plus enthousiaste mais je vais éviter de donner trop envie. En tout cas, je remercie sincèrement Calimeranne de m'avoir conseillé de le découvrir, parce que c'est une vraie belle découverte. J'ai toujours bien aimé les enquêtes de Sherlock Holmes, sa façon de faire et ses déductions qui nécessitent du calme plutôt que de l'action, et ici c'est tout ce que j'aime mis en image de façon magnifique. Recommandée, très recommandée ! Mise à jour après le tome 2 : La fin s'est faite attendre, mais pour mon plus grand plaisir. En effet, la conclusion sera à la hauteur du reste et les idées de mises en scène se développent en tout sens. A mon sens, c'est un régal de tout les instants sur la compositions des pages et l'inventivité qui en ressort. Je ne saurais mieux dire que : cette BD exploite le plus parfaitement possible le médium de la BD. D'autre part, le deuxième volume se concentre sur la résolution de l'enquête et donc de l'histoire. Celle-ci est bien surprenante, parlant de différentes choses autour du colonialisme et de l'état d'esprit de l'époque. La BD semble prendre ici un avis critique de la situation, et j'aime beaucoup ce petit renversement des valeurs victoriennes, amenant Sherlock Holmes à plus de profondeur que celui de Conan Doyle. Bref, l'histoire est géniale, la mise en situation est parfaitement gérée, la narration est parfaitement prenante ... Non, rien à reprocher à cette BD ! Une réussite majeure, un incontournable.

25/11/2019 (MAJ le 21/10/2021) (modifier)
Couverture de la série Les couleurs de l'infamie
Les couleurs de l'infamie

A ma première lecture, j'avais trouvé cet album pour le moins atypique dans son récit, son dessin et ses couleurs. Au moment d'aviser j'ai eu la surprise de constater que cette série n'avait obtenu que des une étoile sur tous les avis la concernant. Cette improbabilité statistique a vraiment piqué ma curiosité. J'ai donc relu attentivement l'album après avoir fait quelques recherches sur les auteurs que je ne connaissais pas. Déjà j'aimais bien ces couleurs vives, ces visages un peu naïfs (cela me rappelle le Douanier-Rousseau) et cette peinture du Caire. Je ne connais pas Le Caire mais je connais d'autres très grandes villes africaines comme Lagos ou Nairobi et je retrouve ce grouillement humain si jeune, dynamique et dangereux. Avais je donc affaire à deux auteurs débutants qui s'étaient ratés complétement ? Surprise surprise. Golo (Guy Nadaud) est loin d'être un "peintre en bâtiment", il connait le dessin, il connait la BD, il connait Le Caire. C'était probablement la meilleure personne pour illustrer cette histoire. Quant à Albert Cossery, j'ai découvert une personnalité vraiment atypique et attachante. Né riche au Caire, il vient à Paris où il fait la fête au côté de Boris Vian, Juliette Gréco ou Albert Camus (excusez du peu)!! Il se retrouve dans la frugalité et fait du dénuement un art de vivre. La flânerie et la contemplation remplacent alors les soirées et le champagne. Donc relecture plus attentive de l'album et j'y trouve des richesses non vues avant. Pour les dessins j'y trouve la figure de l'auteur dans toutes ces sages qui observent le théâtre vivant qui se joue autour d'eux. Mieux vaut rire des turpitudes qui nous entourent, c'est peut être le meilleur moyen de s'en détacher J'y retrouve de plus en plus d'humanité comme une balade dans ces quartiers populaires du Caire. Pour l'écrit je distingue deux niveaux. La narration off, l'œuvre d'un étranger qui manie notre langue avec cette délicatesse de ceux qui en ont découvert les trésors que nous ne voyons plus. Une vraie poésie. Ensuite il y les dialogues écrits par un égyptien qui représente des égyptiens. Monsieur Cossery connaissait les codes de son pays probablement mieux que nous en terme de bienséance, de politesse ou de fausses insultes. Tout cela me paraît d'une justesse parfaite. Quatre étoiles, c'est pas si cher payé!

21/10/2021 (modifier)
Couverture de la série Achille
Achille

Cosimo Ferri nous montre dans cette série que le talon n'est pas la seule partie du corps du héros Athénien digne d'intérêt. Je trouve cette BD pour adultes très bien réalisée. Elle respecte le déroulement des 24 chants de l'Illiade. Tous les événements importants y sont : le mariage de Thétis, Hélène et Paris, la flotte grecque, la guerre des dieux, Achille et Hector, le talon et le cheval. Les dessins de C.Ferri sont très justes dans toutes les scènes de combats ou des ébats sexuels. Temples, troupes ou batailles sont bien rendus. Les corps sont sensuels, musclés comme des guerriers ou belles comme des princesses (même esclaves). Les visages bien expressifs et reconnaissables jusqu'au bout. C'est important avec autant de personnages de premier plan. L'introduction d'un calligraphie grecque en ruban chantant est une trouvaille agréable. Le récit est centré sur le héros archétypal grec Achille, ses colères, ses combats, son destin tragique et ses amours. Rien n'est caché de ses ébats avec Déidamie, Iphigénie, Briséis, Polyxéne. Sans oublier son fidèle ami Patrocle ce qui nous vaut de torrides scènes à trois. L'équilibre entre les scènes de combats et les scènes explicites (six ou sept par épisodes) est bon et l'histoire est assez facile à suivre même pour une personne qui découvre l'Iliade. Encore une fois, j'aime bien la place importante de la sexualité dans un récit antique ce qui correspond probablement à la réalité. Après cette lecture vous ne lirez plus Racine du même œil.

20/10/2021 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Tyler Cross
Tyler Cross

Je viens de terminer ces trois albums et j'ai pris un réel plaisir. Tyler Cross : immoral, cynique et beau gosse. Il reçoit des contrats de la mafia. Il est clinique comme un animal à sang froid. Il ne fait rien transpirer de ses émotions. Un professionnel. Trois albums avec des histoires assez classiques mais dans des environnements très différents qui font la force de cette série. Cavale. Pénitencier. La côte Est. La personnalité énigmatique de Tyler apporte une fraîcheur aux récits. Je me suis laissé embarquer dans ses diaboliques aventures avec entrain. Trois tomes qui peuvent se lire indépendamment. Le style semi-caricatural des personnages contribue au charme du dessin et donne un ton rétro et désuet à l'histoire. Les femmes de Brüno sont merveilleusement sexy. Une mise en page audacieuse et des couleurs sombres accentuent le côté obscur qui gravite autour de notre héros. Si vous êtes amateurs de polars, Tyler Cross est fait pour vous. Sans aucun doute.

20/10/2021 (modifier)
Couverture de la série Dionysos
Dionysos

"Avec ma gueule de métèque. De dieu errant. De pâtre grec." en parodiant la chanson de Moustaki, on ne peut pas mieux présenter la carte d'identité de Dionysos. J'aime beaucoup la collection "La Sagesse des Mythes" crée par Luc Ferry et bien soutenue par les dessins de G.Bonacorsi (ici) et le scénario de C.Bruneau. Cette collection rend accessible à des collégiens.nes des concepts fondateurs de la pensée européenne. Quand on découvre le nombre de peintures, de sculptures, de pièces de théâtre, d'œuvres littéraires ou musicales qui reprennent ces mythes, c'est tout un pan très important de notre patrimoine qui est en jeu. A une époque du tout image, le médium BD est un bon moyen pour faire vivre ce patrimoine. Bien sûr, il faut accepter les codes de la pensée antique qui ne correspondent pas à notre époque contemporaine pour rentrer dans le récit. Mais le scénario rend accessible cet abord. Les dessins de G.Bonacorsi sont à mon goût avec de belles expressions des visages, une belle sensualité des corps. Je mets l'accent sur les corps qui sont présentés tels qu'ils doivent être, nus ou très dénudés. La série se veut réaliste et je ne vois aucun voyeurisme dans cette représentation. Les palais, tenues et ambiances sont parfaits. Si je conseille ce livre, je ne conseillerais pas de commencer par lui. Dionysos n'est pas un dieu facile. Dieu de l'Altérité dans toutes ses dimensions, il est le choc entre le chaos et l'ordre. Dionysos représente le combat des contraires qui peut tourner au désastre s'il n'est pas maîtrisé. Il y a des scènes de massacres qui peuvent choquer des jeunes lecteurs ou lectrices. C'est tout l'intérêt de la dernière partie du livre où Luc Ferry explique d'un point de vue philosophique pourquoi Dionysos a une place centrale dans l'Olympe et partant, aussi dans nos vies. A nous de savoir en faire bon usage pour grandir et pas pour se détruire.

20/10/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série À la Maison des femmes
À la Maison des femmes

Après l’Afghanistan (Kaboul Disco) et l’Iran (Ainsi se tut Zarathoustra), Nicolas Wild est allé cette fois traîner ses guêtres dans un endroit beaucoup moins exotique, la Seine Saint-Denis, une destination qu’il n’aurait peut-être pas forcément choisie au départ et qui ne fait pas toujours rêver, avec comme point d’ancrage cette « Maison des femmes », structure d’accueil pour femmes en détresse coincée entre l’Hôpital Delafontaine, des barres d’HLM et une bretelle d’autoroute. Un sujet pas vraiment sexy d’emblée et pourtant… on comprend rapidement dès les premières pages pourquoi Nicolas Wild a été convaincu d’en faire une bande dessinée, sur proposition de Nicolas Grivel, « agent littéraire spécialisé en bande dessinée » rencontré au hasard des salons. Ainsi, l’auteur va nous faire découvrir cette Maison des femmes, sorte d’oasis au milieu d’un environnement pas des plus riants mais qui en fait ressortir d’autant plus l’unicité. Un véritable havre de paix pour des femmes qui ont vécu des expériences traumatisantes : violences conjugales, mariages forcés ou excision… Ces femmes sont prises en charge par une équipe très soudée de professionnelles où toute présence masculine reste exceptionnelle mais tolérée. Seuls deux hommes faisaient partie d’une équipe d’une vingtaine de personnes à l’époque où Nicolas Wild fréquentait le lieu. Ce dernier était donc loin d’être en terrain conquis, mais sa présence de gentil bédéaste a été vite facilement acceptée, et si au début il a été quelque peu ébranlé par la dureté des témoignages dont certains ont été retranscrits dans l’ouvrage, il a été vite conquis par l’ampleur de ce projet ambitieux et enthousiasmant, mais aussi par l’ambiance chaleureuse et solidaire qui règne en ces lieux. Pour évoquer son expérience, Wild va se mettre en scène comme il l’avait fait avec ses précédents opus. Une formule qui, à la manière d’un Guy Delisle, fonctionne très bien et confère une certaine authenticité au documentaire. L’humour candide et l’autodérision propre à l’auteur permet aussi d’insuffler un peu de légèreté à des propos âpres que parfois on a presque peine à croire. Le découpage en chapitres aère également la lecture, chacun d’entre eux étant consacré à l’une des protagonistes du livre, principalement des professionnelles ou des patientes livrant leur témoignage. On retiendra notamment celui de Sophie, dont des extraits de la bande dessinée qui lui a permis de raconter son calvaire conjugal tout en le tenant à distance, ont été insérés dans l’ouvrage. Comme il l’a prouvé avec ses précédents opus, Nicolas Wild sait nous prendre par la main pour nous emmener vers des contrées pas des plus engageantes, sans qu’on ait à le regretter une seule seconde, bien au contraire. Et ça, c’est un talent qui n’est pas donné à tout le monde ! Vous l’aurez compris, « La Maison des femmes » est une lecture chaudement recommandée par votre serviteur, non seulement pour toutes les qualités de l’ouvrage énoncées plus haut, mais aussi grâce à l’admiration que l’on peut ressentir en découvrant qu’un tel projet ait pu voir le jour, un projet évitant aux patientes le dédale interminable de formalités administratives, et parfaitement résumé de la bouche même de Ghada Hatem : « Notre volonté, à la Maison des femmes, c’est que chaque personne qui arrive avec un problème reparte avec une solution ».

19/10/2021 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
Couverture de la série Initiation (Motshumi)
Initiation (Motshumi)

Voici une copieuse fresque autobiographique que présente l'artiste sud-africain Mogorosi Motshumi. Bien sûr cela parle apartheid dans ce pays où la société était organisée pour différencier les blancs et les noirs, l'auteur étant dans ce second cas. Ce premier tome évoque surtout son enfance et sa jeunesse de manière chronologique. On y apprend la mort de son père assez jeune, son éducation par sa grand-mère, puis le remariage de sa mère sans qu'il en soit nullement averti avant - sacrée différence de communication parent/enfant par rapport à nos sociétés... - et les relations parfois tendues avec son nouveau beau-père qui est policier de métier, surtout quand Mogorosi fait les 400 coups. On voit l'éducation scolaire qui évolue, les jeunes ne souhaitant pas recevoir l'enseignement, par des professeurs blancs, en langue afrikaans, une langue dérivée de celle des colons néerlandais, ce qui donnera lieu aux émeutes de Soweto en 1976 qui firent de nombreux morts. Ensuite viennent les premières amours, l'auteur se décrivant plutôt comme un Don Juan, et la montée de la contestation. Il présente également ses débuts de dessinateur de presse. Bref tout cela est très intéressant, bien raconté et permet d'avoir un morceau d'histoire du pays à travers ce travail.

19/10/2021 (modifier)
Couverture de la série Tout se complique
Tout se complique

Jean jacques Sempé se définit comme humoriste et dessinateur. Il décrit la vie qui l'entoure d'une manière légère, tendre et quelquefois caustique mais sans méchanceté. Dans "Tout Se Complique" il nous propose des dessins d'humour de la France de 1963. "J'appelle ça la France mademoiselle, et pas n'importe laquelle, la France du Général De Gaulle". ce cher Hubert me pardonnera cet emprunt. Mais quoi de mieux que de l'humour pour décrire l'humour. Ce n'est pas une œuvre politique ni une charge contre un régime mais plutôt des interrogations sur la direction prise. Une France qui perd son passé agricole de planteurs de salades pour aller vers une industrialisation massive. Oui c'était au beau milieu des trente glorieuses et cela embauchait à tour de bras. En contrepartie, c'était le début d'un monde perçu comme de plus en plus gris, de plus en plus inégalitaire, avec ses parvenus grands bourgeois à côté de petits employés tristes et de plus en plus uniformes et interchangeables. Employés qui semblaient voués au " Métro, boulot, dodo" comme horizon Une œuvre sociale qui peint des gens simples et normaux déjà accaparés par la presse people ou les jeux télévisés. Une France du Travail qui enfantera d'une France du Loisir. J.J. Sempé hait la bande dessinée avec ses petites cases et ses grosses lettres (Le réveil culturel 12/03/2018) mais j'espère que la BD ne lui en veut pas comme moi d'ailleurs.

19/10/2021 (modifier)
Par Hervé
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Goldorak
Goldorak

Cinquantenaires de tous pays réjouissez-vous, Goldorak est de retour. Nostalgiques de Recré A2, je vous invite à découvrir le nouvel album de Bajram, Cossu, Dorison, Sentenac et Guillo qui nous font revivre une nouvelle aventure de Goldorak. Et quelle aventure ! Nous retrouvons nos héros vieillis, (la patrouille des aigles) presque désabusés pour certains (Actarus, étrangement barbu, particulièrement éprouvé au début de cet épisode), appelés, encore une fois, à sauver leur pays contre les Golgoths ; mais aussi Procyon, Rigel, Mizar, Banta. Le tour de force est tout de même de ne faire figurer Goldorak qu’à la moitié de l’album, qui compte 136 pages, sans pour autant dénaturer les souvenirs que l’on avait de ce dessin animé. Je dois avouer avoir eu des frissons, lorsque Actarus prononce le mythique " Goldorak Go ! ", une véritable madeleine de Proust, vous dis-je, cet album. Et que dire du fameux « métamorphose ! » , parfaitement dessiné par le trio Bajram, Cossu et Sentenac. Justement côté dessin il faut souligner la qualité du travail, mais aussi les couleurs en parfaites adéquation avec celles du dessin animé et des pages parfois audacieuses (page 64) au niveau du découpage. Quelques clins d’œil sympathiques égrènent la lecture de l’album, comme le disque 45 tours que sort Procyon (page 60). L’album est agrémenté d’un cahier de 16 pages sur la genèse de cette histoire, qui montre, s’il fallait encore le prouver, que les auteurs ont une passion dévorante pour Goldorak depuis leur plus tendre enfance. Cette passion s’est ressentie dans l’album qui, pour moi, est une de mes meilleures lectures de cette année. Finalement, je retire ce que je disais en introduction "cinquantenaires de tous pays réjouissez-vous, Goldorak est de retour !", mes enfants de 20 et 21 ans m’ont emprunté l’album en faisant un « Waouh ! », au vu de la couverture. " Goldorak" en définitive, n’appartient plus exclusivement aux gens de 50 ans ou plus, comme moi et tant mieux. Un grand merci aux auteurs.

18/10/2021 (modifier)