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Couverture de la série Deux Filles nues
Deux Filles nues

Très bel album ! Luz parvient à traiter « par la bande » la montée du nazisme, de l’intolérance, du racisme quasiment sans en parler directement. Ou plutôt en le faisant du point de vue de l’art, des créateurs, des collectionneurs, des galeristes, des amateurs. Et d’un tableau donc, intitulé « Deux filles nues », qui va passer devant pas mal d’yeux, de mains en mains, comme une balise ou un témoin de son triste temps. J’ai bien aimé la construction narrative et graphique, qui montre souvent les Nazis au travers de fenêtres, ou seulement au travers de quelques passages express de Goebbels, voire Hitler pour un discours haineux. Leurs sous-fifres censés faire appliquer leurs lois sont vraiment grotesques. L’hypocrisie de certains dignitaires nazis au moment des saisies d’œuvres d’art – art prétendument dégénéré (au passage, voulant vilipender l’art moderne, les Nazis ont sans doute involontairement présenté une des plus belles expositions d’art moderne avec leur « tournée « Entartete Kunst ») est incroyable. Comme l’est le cynisme et/ou l’hypocrisie de ceux qui ont acheté à vil prix certains de ces tableaux vendus en Suisse par les Nazis. La narration est fluide, presque légère. Aérée (comme la mise en page d’ailleurs). Et intelligente. Si on n’est pas ici dans le rentre-dedans jouissif de certains albums de l’époque Charlie (je pense à l’excellent et très drôle Les Mégret Gèrent la Ville), le travail plus « posé » de Luz n’est pas ici moins efficace. Ainsi, avec une économie de moyens, Luz parvient à traiter d’un sujet douloureux, mais aussi de questions artistiques en nous proposant un album qui donne à voir et à réfléchir. Une grande réussite en tout cas.

05/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Mediator - Un crime chimiquement pur
Mediator - Un crime chimiquement pur

Vous aimez vous énerver ? Non ? Alors passez votre chemin, puisque c'est le genre de BD qui énerve tout du long. Emmené par Hippocrate dans les arcanes du scandale du Médiator, la BD remonte assez loin en nous présentant le monsieur Servier à l'origine de cette saloperie, le premier scandale de médicament autour de la même molécule (l'Isoméride), puis l'apparition de Irène Fanchon et son combat. Le tout avec des détails bien étayés (et vu les procès que Servier fait à tout va c'est nécessaire) et sourcés en permanence. Une présentation glaçante d'effroi ... En fin de compte, l'histoire nous apprend l'impunité des cols blancs, les liens entre politique et entreprises, notamment sur la question de la justice (à deux visages malheureusement), mais aussi le silence dans les contrôles, le lobbying ... Bref, rien de neuf sous le soleil, mais encore une fois mis en forme de façon à comprendre comment une entreprise à permis de faire tuer des centaines de personnes en toute impunité, alors qu'elle savait. Et qu'elle a cachée, niée, etc .... Une entreprise gérée par un gars nommée à la plus haute distinction française par Sarkozy. En dehors de l'histoire affolante (et passionnante) du Médiator et le portait de Irène Franchon qui a eu un courage immense et une opiniâtreté qui fait plaisir, je dois bien dire que j'ai assez peu aimé le dessin. C'est du classique, j'avais déjà vu le trait de l'autrice dans une autre BD et je suis assez peu fan. Les visages notamment font très durs et fermés, souvent dans les mêmes postures. Ça manque un peu de vie, mais le découpage est très bien pour suivre avec tout les détails techniques tout en restant clair. Une saine lecture, contrairement aux médicaments qu'ils vendaient ...

04/09/2025 (modifier)
Par Josq
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Slava
Slava

J’ai encore des larmes dans les yeux quand je commence à rédiger cet avis. Je viens juste de refermer le troisième tome… Enfin, c’était peut-être il y a dix minutes, voire plus. Le temps qu’il m’a fallu pour encaisser ça. Mon épouse me regarde, l’air étonné, un peu amusé, ou peut-être aussi gâteux. Sans doute un peu de tout ça. Je suis dévasté. Littéralement dévasté. J'ai l'impression que je viens de perdre un ami proche, je sens que le monde s'écroule autour de moi, et pourtant, tout est là, debout, immobile. Je ne comprends pas ce regard qui ne comprend pas ma douleur. Pourtant, il faut bien que la vie reprenne... Si je commence mon avis par cette courte introspection, ce n’est pas pour raconter ma vie. Mais cette scène un peu cocasse, ce mari qui n’arrive plus à retenir ses larmes devant une bande dessinée, sous le regard gentiment décontenancé de son épouse qui ne parvient pas à comprendre, c’est une scène de Pierre-Henry Gomont. Elle s’insère logiquement dans la suite du récit, elle a été créée par lui de toute pièce. On dit que le silence après Mozart est encore du Mozart, et les larmes après du Gomont sont encore du Gomont. Que dire de plus, après cela ? Tant de choses et si peu. On a l’impression que plus on va ajouter des mots, moins ils seront efficaces. Et pourtant, il faut en parler ! Il faut parler de ce fabuleux dessin de Pierre-Henry Gomont, aux couleurs si maîtrisées. La première fois que j'ai ouvert cette bande dessinée, j'ai craint d'être rebuté par ce dessin que je croyais brouillon, mais j'ai été séduit par ces couleurs délicates. Et j'ai découvert peu à peu, avec un émerveillement grandissant, la magie de ce trait d'un Sempé des temps nouveaux. Peu de dessinateurs savent exprimer avec autant de justesse que Gomont cette complexité des sentiments au travers de leur dessin. Chez lui, il y a une tonalité humoristique évidente qui n'entrave jamais la noirceur du récit. Ce qu'il a à nous dire est sombre, très sombre, mais il le dit avec la naïveté rêveuse d'un enfant. Slava est une œuvre majeure. Pas seulement une bande dessinée majeure, non. Elle est une œuvre d'art majeure. Elle transcende les formats pour nous offrir quelque chose qui ressemblerait à une forme d'art total. Visuel, évidemment, tant la splendeur et la justesse du dessin de Gomont transparaît à chaque page. Narratif, comment le nier ? Cette montée en puissance dans le tome 3 est une pure merveille d'orfèvrerie narrative. Et cette écriture... Les textes de Slava sont dignes du meilleur des romans. La puissance d'un Dumas et d'un Céline étrangement réunis dans une sorte d'épopée à la Audiard. Car bien sûr, cette alliance entre l'art narratif et l'art visuel ne peut qu'évoquer le cinéma. Quand on sort de là, on a l'impression d'avoir vu un immense film. Comment nos réalisateurs peuvent-il passer à côté de Slava ? (Non, en vrai, ça vaut mieux, peut-être que Dupontel réussirait à en faire quelque chose, mais c'est sûrement le seul !) Slava est tout aussi bruyant. Même si ses onomatopées sont en russe, elles claquent à nos oreilles autant que des répliques parfaitement écrites. On entend tout. Et comment ne pas être saisi aux tripes par cette symphonie du chaos que Gomont orchestre si bien ? Tout comme ces personnages de théâtre, qui relèvent aussi bien de la pantomime et de la commedia dell'arte que du plus puissant drame shakespearien ? Là est tout le génie de Gomont : dans le refus du choix. La pantomime survient en plein cœur de la tragédie (ou inversement), et pourtant, le tout est d'une homogénéité exemplaire ! Bref, je crois que je pourrais continuer longtemps, mais il ne faut pas. J'ai vécu une épopée en compagnie de Slava, Nina, Lavrine et Volodia. Je me suis hissé au sommet et suis tombé dans les mêmes gouffres qu'eux, en même temps qu'eux. Personne ne peut imaginer la grandeur de cette épopée qu'ils m'ont fait vivre. Même s'il y a quelques moments où le soufflé retombe un peu dans le 2e tome. Même si la vulgarité prend parfois le pas, ou que l'équilibre du récit est menacé par cette dépiction de toutes les bassesses humaines. Même si, à certains moments, on aimerait que le scénario avance (un peu) plus vite. Cette épopée que j'ai vécue, donc, personne ne peut l'imaginer mais tout le monde peut la vivre. Vivre, revivre cette tragédie de la Russie d'Eltsine. Voir, revoir la noblesse de l'âme russe, capable de surmonter toutes les tragédies. Regarder, admirer le spectacle de quelques îlots d'humanité incapables de sombrer dans les flammes d'une infernale décadence où le diable du capitalisme veut l'entraîner. Et pleurer. Pleurer les morts qu'un récit trop réel nous inflige. Pleurer la grandeur passée d'une nation qui vendit son âme à des ogres cupides et désincarnés. Pleurer la force de ces hommes et de ces femmes qui réussirent à vivre au milieu des tempêtes. Pleurer l'héroïsme de ceux qui surent faire preuve de courage et d'abnégation contre les lâches et les puissants. Pleurer face à la beauté d'un spectacle qui résonnera encore bien longtemps dans nos cœurs. Pleurer, car quand on ne sait plus quoi dire, il nous reste toujours les larmes pour l'exprimer. Pleurer. Se taire. Et contempler.

26/12/2022 (MAJ le 04/09/2025) (modifier)
Par rodo
Note: 5/5
Couverture de la série Des souris et des hommes
Des souris et des hommes

Je rejoins plusieurs avis sur la qualité des dessins en ajoutant ma touche personnelle : je comprends que l'on n'apprécie pas mais on peut reconnaitre de magnifiques planches, un travail somptueux sur l'aquarelle noire (ou encre de chine par endroit ?). Pour ma part les dessins m'ont touché voire émerveillé. J'ai lu le roman de Steinbeck il y a de nombreuses années : le huis clos complexe et les personnages trempés sont très bien retranscrits. La difficulté de savoir "qui est qui" me semble plus une volonté de retranscrire à la fois la froideur des personnages, l'universalité du rêve, et l'identification possible à tous les acteurs ou à aucun (sauf Lennie peut-être qui d'ailleurs est plus reconnaissable). A lire.

04/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Speak
Speak

Cette lecture m'a beaucoup remué même si je ne suis pas une femme. Emily Carroll adapte d'une façon magistrale le roman de Laurie Halse Anderson où cette dernière livre son expérience dramatique d'un événement criminel subi dans son adolescence. En s'appuyant sur le texte de la romancière , l'autrice livre un visuel très poignant qui nous enferme dans le huis clos de la tête de Melinda. La prouesse du récit est de faire de nous, lecteurs et lectrices , des témoins intérieurs mais aussi extérieurs à Melinda. L'axe principal est représenté par la découverte de l'intériorité de Melinda qui se réfugie dans le mutisme quasi total et le sommeil. Le mal-être de Melinda grandit en nous au fur et à mesure de l'année scolaire de seconde vécue par l'élève comme un long chemin de croix parsemé d'injustices, de déceptions mais aussi d'une nouvelle perception plus cynique et lucide sur la vanité de son entourage. Mais nous sommes aussi impliqués dans le cas Melinda. Les autrices montrent comment il peut être difficile de comprendre ce comportement. En effet le changement d'attitude de la JF est décrit avec la perception de son entourage: parents, amies ou professeurs. Les réponses sont maladroites (parents) ou bienveillantes (binôme, prof d'art) mais Melinda n'est pas abandonnée même si aucun ne peut parvenir à la réponse exacte dans cet environnement social huppé où la criminalité doit rester en dehors de ce cercle et réservé au domaine des infos TV. J'ai beaucoup apprécié la construction du récit qui lentement nous dévoile l'horreur d'une situation vécue par de nombreuses victimes à savoir vivre sous le regard goguenard et impuni de son bourreau. Le final est libérateur . Il est renforcé par cette liste de centres d'aide et d'écoute pour ce type de situation. Car comme le souligne le titre concis mais puissant, l'enjeu principal est de libérer la parole. Une parole qui a souvent été étouffée par un environnement peu réceptif voire hostile à traiter cette situation. La thématique est très lourde mais elle est traité de façon si intelligente qu'elle s'adresse à un très large public: les JF dès l'entrée au collège, les parents , les profs et les garçons possibles prédateurs. Une très belle lecture.

04/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Voyage au centre du microbiote
Voyage au centre du microbiote

Quelle belle surprise! Cette vulgarisation sur l'étude du microbiote est d'une rare intelligence. Pourtant la lecture n'est pas forcément très engageante au premier abord. Le texte est rempli de termes scientifiques liés à l'intestin, les apartés philosophiques ou littéraires sont nombreux et l'argumentation qui défend l'importance de la diversité environnementale ou le risque d'une uniformisation mortifère est d'un très bon niveau. Cette enquête sur l'infiniment petit de nos intestins m'a captivé de bout en bout. La thématique que je découvre, pourrait être aride. Toutefois les auteurs y intègrent une fiction aux "senteurs" de blockbuster sur une île du Pacifique où tout dérape d'une façon très convaincante. Cela permet d'introduire une belle dose d'humour et de dérision dans cette urgence à prendre conscience de notre fragilité et de notre dépendance à l'invisible qui nous construit. J'ai beaucoup aimé cette présentation non agressive avec un champs d'étude encore vierge. Un champs d'étude qui pourrait à la fois nous mener vers un meilleur bien être mais aussi une meilleure connaissance de nous même et de la relation organique qui nous lie à l'extérieur. Pascal, Descartes illustrent par leurs pensées différents passages de la démonstration des auteurs. Entre biologie et philosophie cette série peut servir à mieux comprendre la complexité de la vie. C'est érudit sans être pédant. Le graphisme de Héloïse Chochois procure une narration visuelle très fluide et très agréable parfaitement en accord avec le texte. L'autrice a su créer des personnages très attachants.

04/09/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Extinctions - Le Crépuscule des espèces
Extinctions - Le Crépuscule des espèces

Une très sympathique BD pour comprendre l'enjeu autour des extinctions d'espèces. Je comprend l'avis de Ro mais c'est mieux passé pour ma part, avec une lecture qui semble très axée pour enfant et donc didactique, que je trouve réussie. La BD a une histoire mais qui est carrément anecdotique, servant presque uniquement de prétexte à chaque chapitre pour développer un discours autour de l'extinction d'espèces : qu'est-ce que c'est, comment ça marche, qu'est-ce qu'on vit, d'où ça vient ? L'ensemble est découpé en chapitres clairs et simple, chacun permettant de lier ce que font les personnages aux questions de comment l'humain a découvert et crée les extinctions d'espèces. De nombreux exemples sont cités, des cartes apportent la compréhension de l'enjeu territorial ... C'est vraiment clair et didactique, avec une vraie volonté de créer une approche ludique et facile, notamment dans le dessin. L'humour est aussi présent, avec un brisage de quatrième mur à propos de la BD parfois. En somme, une bonne BD pour jeune mais qui peut être lu par des plus vieux sur la question de ce qu'est l'extinction. Il manque un peu de consistance dans l'histoire principale, mais je ne pense pas que ce soit l'idée de ce genre de BD. Et je note que bien que ce sujet me soit un peu connu, c'est une lecture qui m'a tout de même apporté des informations. Je rajouterais juste que si la fin est amère et manque de positif, il faut bien dire que la réalité donne malheureusement raison au désespoir ... Une BD pas mal du tout, un bon 3.5 qui vaudra le coup pour les plus jeunes mais ne décevra pas les plus vieux non plus.

03/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Gorilles du Général
Les Gorilles du Général

Bah franchement rien à redire, on sent le truc calibré blockbuster mais quand les auteurs sont au diapason … que du bonheur ! Je ne suis pas un inconditionnel de Dorison (ça passe souvent mais ça peut méchamment dériver aussi), ici ça se lit super bien. Ce n’est encore que le 1er tome mais l'auteur sait tenir son lecteur. Personnages, ambiances et époque, tout est justement placé, en plus l’album bénéficie d’une belle pagination. L’histoire m’a paru généreuse et le dossier final « jeux des 7 erreurs » est très sympa, on apprécie d’autant plus le savoir faire du scénariste. Cette fluidité dans les péripéties doit également beaucoup à la partie graphique. C’est de très très haute tenue sur la longueur, parfaitement agencé et détaillé. Tout est bien campé pour nous immerger dans ce 1959 français, du bon et gros boulot. Ça fait plaisir. Bref une réalisation difficilement critiquable, pro de a à z. Après ça ne fait pas tout mais j’ai senti le soin et le petit plus dans le cas présent. Je ne suis absolument pas féru de cette période de notre histoire, mais décidément, après Un général, des généraux, j’aime la redécouvrir de si belle façon.

03/09/2025 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Vertige - 10 ans d'enquêtes sur la crise écologique et climatique
Vertige - 10 ans d'enquêtes sur la crise écologique et climatique

J'ai lu l'édition augmentée de 2024. Une lecture (comme beaucoup d'autres) qui ne donne plus envie de croire en nos hommes/femmes politiques. Une BD où onze récits vont se succéder sur la crise écologique et climatique. Une crise aux conséquences funestes. Il est triste de constater que la responsabilité de l'homme est toujours engagée. Une lecture instructive sur des sujets très différents. Certains de ces thèmes ne m'étaient pas inconnu, en particulier la roche qui se fragilise en montagne, le problème des pesticides aux Antilles, les algues vertes où le fait de payer pour polluer. Elle dresse un constat accablant. Des enquêtes très bien documentées, certaines plus développées que d'autres, elles expliquent, argumentent et proposent car il est toujours possible de freiner ce dérèglement climatique et écologique. J'ai été particulièrement choqué de l'existence de Bio-banques --> ok pour détruire un espace protégé si vous restaurez ailleurs moyennant de grosses compensations financières. Une restauration qui ne pourra jamais remplacer celle détruite. Le fric a toujours le dernier mot avec l'appui des différents lobbyings et de la complaisance de nos politiques. Pour la partie graphique, les dix artistes aux pinceaux nous proposent des rendus classiques pour du documentaire. C'est lisible, fluide et agréable à regarder. Une lecture qui donne le vertige. Je recommande.

03/09/2025 (modifier)
Couverture de la série Mille parages - Fragments bourlingatoires d'ici et d'ailleurs
Mille parages - Fragments bourlingatoires d'ici et d'ailleurs

Une nouvelle fois Simon Hureau nous propose un album fait de simplicité et intéressant. Déjà, comme toujours, il y a ce dessin vif et dynamique, que j’aime beaucoup, que ce soit pour les personnages, les décors (quand il y en a, car parfois c’est assez épuré à ce niveau) ou pour certains détails (comme des insectes), Hureau a vraiment un chouette coup de crayon, et le rendu est très agréable. Surtout, il s’accorde avec les sujets et le ton des nombreux récits regroupés dans cet album, qui peut paraitre parfois un peu fourre-tout, mais qui garde au final une certaine unité. Pas mal d’expériences « exotiques » (dans la jungle ou la brousse, à côtoyer des populations ou une faune sortant de l’ordinaire d’un européen urbain. Mais aussi d’autres récits en Europe, dans lesquels quasiment à chaque fois Hureau – avec quelques comparses parfois – nous raconte des situations qui le présentent comme un gentil loser (plusieurs tentatives de trouver un logement gratuit en Italie, des mariages foireux d’où il s’éclipse pour retomber dans la mouise, etc.). On le voit c’est assez divers, mais cette variété n’empêche pas Hureau de développer une ambiance positive, souvent humoristique, de nous montrer, même au milieu des emmerdes (je pense à cette journée passée au Burkina je crois pour justifier une bête photo de vache prise dans un champ) un certain bon côté des choses. On le voit non pas comme un touriste, mais comme un amoureux des choses, et des gens, qui cherche à connaitre (voir son appétit pour les insectes et le végétal, qu’il développera par la suite dans d’autres albums), et à nous donner à voir ce qui loin de nous ou alors très près mais tout petit échappe à la majorité d’entre nous. Certaines histoires ont été prépubliées en revue (ego comme x, Lapin, etc.), mais cet album mérité un petit détour plaisant. Chaque récit possède des qualités, et tous sont intéressants – et agréables à lire. Note réelle 3,5/5.

03/09/2025 (modifier)