Un album avec un concept intéressant, mais qui ne s'adresse clairement qu'aux bédéphiles parce que je ne suis pas certain qu'un lecteur qui lit de la bd que de temps à autres risque de trouver cela passionnant.
12 auteurs ont dessiné le même scénario et c'est intéressant de voir les résultats. Vu que c'est le même scénario chaque fois, mon intérêt a varié selon si j'aimais le style du dessinateur ou non et globalement j'ai bien aimé cette exercice et aussi les interviews des auteurs qui sont intéressantes (je me demande d'ailleurs pourquoi il n'y a pas d'interviews pour certains d'entre-eux ?). Ma préférée est la planche de Goossens qui arrive à faire un truc complètement décalé qui m'a fait explosé de rire alors que j'avais déjà lu le même texte quelques fois avant d'arriver à sa planche.
Un jour, le scénariste de cette bande dessinée auto-biographique a tout laissé tomber et il est parti faire le tour de la France sur le pouce.
C'est un album instructif car je ne connaissais pas la plupart des villes et des villages présentés dans cet ouvrage. On a droit à certaines anecdotes sur ces lieux (du genre cette ville est la ville d'origine d'une personne connue), mais le gros de l'album porte sur les rencontres que l'auteur a faites durant son voyage en auto-stop.
J'ai lu ce one-shot sans trop de problèmes. Le dessin est très bon et la narration fluide. J'ai eu du plaisir à voir le scénariste rencontrer tous ces gens et leur parler. J'ai trouvé cela assez intéressant de voir autant de gens différents et de les voir parler de leurs vies.
Un bon petit album qui mérite d'être mieux connu.
Assez fan en général des albums de la collection Métamorphose et Noctambule de chez Soleil, je sors une nouvelle fois conquis par cette lecture.
Déjà, cet album réalisé par ByMöko n'est qu'une des facettes d'un projet artistique plus vaste. L'auteur a en effet agrégé autour de celui-ci des webmasters, musiciens, danseurs, etc. pour proposer au lecteur curieux un univers artistique d'une grande richesse ; j'aime ce genre de projets croisant différents médias, surtout quand c'est bien réalisé comme ici.
Mais revenons à la BD. "Au pied de la falaise" nous propose un récit initiatique qui va nous raconter le quotidien d'Akou et son passage progressif à l'âge adulte. Construits en courts chapitres se terminant souvent par une petite morale, cela n'a pas été sans me rappeler le personnage traditionnel arabe de Nasr Eddin Hodja qui impose sa philosophie de façon très subtile et souvent avec humour. Ici Akou avance dans la vie en traversant diverses épreuves, jusqu'à devoir à son tour répondre aux questions et attentes des autres.
Cet album est assez envoûtant grâce tout d'abord à ce dessin magnifique qui rend parfaitement les ambiances de cette vie africaine. Cadrages, découpages, colorisation et finesse du trait, on est proche de l'animation tant tout cela est maîtrisé. Il n'est donc pas difficile de se laisser marabouter par cet album magnifique empreint de petites sagesses universelles.
Une très belle découverte que je conseille vivement !
Aaaaah Fabcaro.
Le mec qui parvient à te faire rire avec le néant. Oui oui, le néant, car l'auteur aborde ici la période qui a suivi la sortie (et le succès surréaliste) de Zaï Zaï Zaï Zaï. Cette période de sidération, où le succès te tombe dessus sans prévenir et est à deux doigts de te tuer en tant qu'auteur. Un auteur qui est tiraillé entre ses séries "de commande" (puisqu'il a repris Gai-Luron et Achille Talon, puis Blake et Mortimer -euh non attendez...), et son oeuvre plus personnelle, enfin celle où il se met en scène avec le sens de l'auto-dérision que ses fans connaissent bien.
"Pause" est donc une suite de gags sur Fabcaro lui-même, sur la création, sa famille, le succès, les femmes, le champagne, la coke... On le sent dépassé par tout ça, lui qui est un monstre d'humilité. Et on rit, on rit, à chaque page, parce que ça fait du bien de prendre une pause avec cet auteur.
Must have.
Si un mot devait, à mes yeux, résumer le travail d'Alan Moore, ce serait iconoclasme.
Moore est un iconoclaste, autrement dit un "briseur d'images" ou, dans une acception moins radicale, un auteur qui s'autorise des libertés avec le matériau dont il s'inspire, que celui-ci soit clairement identifiable (c'est le cas ici avec l'oeuvre d'H.P. Lovecraft) ou moins strictement défini (les univers de Wells et Stevenson dans La Ligue des Gentlemen Extraordinaires par exemple).
C'est à mon sens la première chose que le lecteur abordant Providence (mais aussi Neonomicon, mini-série qui lui est rattachée) doit avoir en tête. Et l'iconoclasme rime souvent avec extravagance, outrance et ironie. Et, encore une fois : liberté. Toutefois, cette liberté n'est pas non plus inconciliable avec un certain souci de fidélité et même de maniaquerie référentielle envers l'oeuvre/l'auteur dont on s'inspire. De fait, l'oeuvre de Moore est bien une brillante (re)lecture de l'oeuvre de Lovecraft dont elle conserve nombre d'éléments très lovecratiens qui devrait ravir les amateurs de cet univers tels que l'époque où se situe l'action (1919), le narrateur cultivé mais assez passif voir résigné, l'ambiance calfeutrée des bibliothèques où sommeillent - mais attention à leur réveil subit ! - de vieux grimoires interdits dont se servent les occultistes pour invoquer quelque entité innommable et une Amérique à deux visages où se côtoient dans une même histoire et une même mythologie des érudits peuplant des villes hautement "civilisées" comme Boston ou New-York mais aussi ces paysans "dégénérés" de l'arrière pays.
Sur ce plan, Providence fait déjà honneur à l'oeuvre de HPL et en conserve l'essentiel de la saveur. Toutefois, contrairement à d'autres auteurs qui se limitent à des tentatives d'adaptations - et non de recréation - à la fois graphiques et narratives, le propos de Moore est bien plus ambitieux. Et c'est là que nous retrouvons l'iconoclaste et l'analyste qu'est Alan Moore, qui ne se contente pas de simplement raconter une histoire.
Mais alors, que fait-il d'autre ?
Ce que fait toujours Alan Moore dans ses meilleures oeuvres : s'interroger sur le sens de ses créations. Je ne suis pas un intellectuel et je ne vais pas me prendre pour Umberto Eco en vous bombardant de termes (dont je ne saisi moi-même qu'imparfaitement le sens profond) comme exégèse, analyse méta-textuelle, mise en abyme, sémiotique, approche socio-culturelle, psychanalyse jungienne, inconscient collectif, et autres notions tout aussi tarabiscotées.
Je me contenterai de dire que la lecture de Providence se situe sur plusieurs niveaux et qu'elle jongle avec des sujets tels que l'oeuvre de HPL, l'Amérique puritaine de l'époque et ses comportements considérés comme "déviants" (dans le cas présent : l'homosexualité), sur le fantastique et l'occultisme, le pouvoir des rêves, sur la psychanalyse et l'appropriation de l'oeuvre d'un auteur (HPL en l’occurrence) par un autre auteur (devinez qui).
Avec iconoclasme, bien sûr.
Et une bonne dose d'érudition.
Finalement, l'auteur du "Nom de la Rose" n'est pas si loin.
Sur le plan narratif, Moore a eu cette idée astucieuse de rassembler plusieurs nouvelles de Lovecraft parmi les plus importantes et de les incorporer dans une grande histoire cohérente dont le fil conducteur est la recherche d'un livre impie (le Kitab Al-Hikmah Al-Najmiya ou "Livre de la Sagesse des Etoiles", ersatz évident du Necronomicon) par un journaliste qui se démène avec ses propres démons intérieurs... et autres monstruosités bien moins métaphoriques. Toutefois, les nouvelles ne sont pas reprises telles quelles (raison pour laquelle le terme adaptation n'est pas pertinent ici) et le scénariste va jusqu'à changer tous les noms des personnages et références diverses. Il ne s'agit pas d'un artifice ayant la prétention d'éclipser la nomenclature lovecratienne mais ce choix fait partie du jeu littéraire auquel se livre Moore.
Moore et le dessinateur Jacen Burrows, dont le style propret et assez conventionnel par ailleurs, insistant davantage sur l'apparence de soi-disant normalité et rationalité à laquelle Robert Black s'accroche désespérément, optent pour un fantastique finalement assez suggestif et ambigu... traversé ça et là par quelques fulgurances outrancières qui désarçonnent d'autant plus le lecteur. C'est d'ailleurs pour moi une différence importante avec Neonomicon, dont la crudité et l'excès dans le viscéral me porte plutôt à lui préférer nettement Providence et ses nuances.
En effet, si l'on excepte quelques scènes d'horreur "frontale" (mais perçue par le protagoniste de manière confuse et/ou lacunaire), l'inquiétude est plutôt savamment distillée par les rencontres déconcertantes, les dialogues, les quelques informations parcellaires grappillées par le personnage et dont il ne saisit pas toujours le sens exact. Bref, sur ce plan, on est bien sur les terres de HPL et de certains autres écrivains fantastiques de son époque.
Si l'on ajoute que chaque chapitre se clôture par des extraits du journal de Robert Black, qui permettent d'éclairer les scènes graphiques par des impressions personnelles, nous sommes ici bel et bien en présence d'un véritable roman graphique qui demande une lecture attentive et assidue.
Providence n'est pas la bande dessinée la plus abordable du monde, c'est un fait.
Même en la considérant de la manière la plus superficielle et en faisant fi de son contenu réflexif sous-jacent pour simplement "lire une bonne histoire", le lecteur devra en accepter ses parti-pris extrêmes : une somme considérable de textes dont certains (la narration manuscrite de Robert Black) peuvent sembler rébarbatifs, un manque certain d'action au profit de nombreuses scènes dialoguées qui donnent à l'ensemble un côté un peu statique (amateur d'action et de dynamisme, s'abstenir !) et un découpage spartiate qui se présente la plupart du temps en quatre grandes cases d'égale longueur.
De plus, une bonne connaissance préalable de l'oeuvre de H.P. Lovecraft apporte un "plus" indéniable, même si elle n'est sans doute pas absolument nécessaire (pas plus que la lecture de Neonomicon même si, là encore, elle apportera un supplément de compréhension globale) et peut même être une porte d'entrée vers les écrits de HPL.
Ceci étant dit, il ne faudrait pas non plus décourager le lecteur éventuel, d'autant que cette oeuvre - que je considère comme une des meilleures réussites d'Alan Moore et l'une de mes préférées - ne paraît pas avoir suscité l'enthousiasme qu'elle était en droit d'obtenir.
3.5
Je connaissais cet album depuis sa sortie il y a maintenant plus de 10 ans à cause d'une affaire de mauvaise impression qui avait provoqué un mini-scandale à l'époque.
Cet album met en vedette un cambrioleur et le gros de l'album porte sur ses pensées (mais ne vous en faites pas il y a aussi de l'action). J'ai trouvé cela original de voir, par exemple, un cambrioleur expliquer quelle tenue est la mieux adaptée à son travail. Le personnage principal est attachant et j'ai bien aimé le suivre dans cette aventure remplie de dialogues savoureux et de surprises.
Un bon scénario divertissant servi avec un très beau dessin expressif et dynamique en noir et blanc.
Je trouve très intéressante la période Hara-Kiri et Charlie Hebdo des années 70 même si pour l'instant je n'ai jamais eu ne serait-ce qu'un exemplaire des journaux du Square entre les mains !
Cette BD tourne autour d'une personne que je ne connaissais pas: Daniel Fuchs, le comptable et un peu l'homme à tout faire des éditions du Square. On retrouve des anecdotes sur ses années de sa vie et c'est très intéressant, drôle et passionnant pour peu qu'on s'intéresse à ce sujet. Je connaissais déjà certaines choses (les bouclages du journal, Choron qui montre sa bite et qui a des problèmes de pognon), mais j'ai appris des choses comme l'ambiance lors des prises de photos pour Hara-Kiri.
Il ne faut pas s'attendre à ce que Fuchs parle de tout dans ses anecdotes et on croise surtout le professeur Choron qui est dépeint de manière complexe. Son génie a rendu Hara-Kiri et Charlie Hebdo célèbres, mais on voit aussi qu'il pouvait être un peu trop con et qu'il est aussi responsable de la mort des journaux dont il était responsable. Je trouve que cela donne un coté sincère à l'ouvrage et évite de faire tomber l'album dans une bête nostalgie où tout était mieux avant et qu'on ne garde en tête que les meilleurs moments d'une période de notre vie.
Ajoutons que le dessin est excellent. À lire si on est passionnée par cette période de la bande dessinée française.
Série pour lecteurs avertis... ou devrais-je plutôt dire pour lecteurs érudits ?
Car si vous voulez l'apprécier à sa juste valeur, il est très fortement conseillé de bien connaître l'oeuvre de Lovecraft... et éventuellement aussi d'avoir lu ou de pouvoir lire en parallèle la série Neonomicon.
Alan Moore offre avec cette série un hommage revisitant l'oeuvre du maître de Providence et, comme à son habitude, il le fait avec une quantité de détails, d'informations et d'érudition qui est assez impressionnante. Pour bien l'assimiler, il m'a fallu prendre le temps de relire soigneusement l'intégrale une seconde fois mais aussi d'acheter et lire la série Neonomicon que je conseille de lire entre le chapitre 10 et 11 de Providence pour vraiment bien tout capter.
Car à la première lecture, j'étais un peu sur ma faim. Le déroulé de l'action en elle-même n'est pas complexe (même si elle devient un peu plus barrée sur la fin) mais suivre précisément les dialogues n'est pas toujours évident. En outre, chaque chapitre est séparé par plusieurs pages de texte issus du journal intime du héros, texte qui apporte beaucoup de profondeur au récit en réexpliquant les faits et pensées de celui-ci mais dont la densité demande du temps et un effort de lecture supplémentaire. Et pour ceux qui, comme moi, ont une bonne connaissance de l'univers Lovecraftien, la recherche de toutes les références et clins d'oeil est un autre effort à ajouter. Et sur les deux derniers chapitres vient en plus le fait de devoir assimiler des faits et personnages de la série Neonomicon pour ceux qui n'ont pas lu cet autre album...
Tout cela fait qu'au final, la lecture de cette série n'est vraiment aisée pour un néophyte et que, comme je l'ai dit plus haut, elle mérite amplement une relecture voire plus pour la savourer pleinement. A titre personnel, je l'ai lue d'abord en 3 ou 4 soirées, puis je suis allé acheter et j'ai lu Neonomicon. J'ai ensuite relu Providence avec la connaissance de ce que je savais de ma première lecture et en appréciant combien l'intrigue recoupait souvent celle de Neonomicon, et du coup en appréhendant nettement mieux son dernier chapitre ébouriffant. Et suite à cela, j'ai aussi regroupé tous mes romans de Lovecraft, j'ai parcouru sur Internet le résumé des histoires auxquelles chaque chapitre de la série fait référence pour me les remettre en mémoire, et j'ai enfin trouvé et parcouru un excellent site web regroupant une foule de commentaires et explications concernant chaque page de ces bandes dessinées d'Alan Moore qui m'a permis de comprendre les quelques références qui m'avaient manqué.
Et ce n'est que suite à cela que je peux confirmer que c'est une très bonne série, même si je sentais son énorme potentiel dès les premières pages.
En quoi consiste-t-elle ?
On y suit Robert Black, jeune journaliste homosexuel qui va parcourir la Nouvelle Angleterre puritaine de 1919 pour remonter la piste d'un ouvrage ésotérique, du groupe secret qui a permis sa diffusion et de tout le monde souterrain au sens propre comme figuré que cela implique. Parti de New York, il va visiter Salem, Athol, Manchester, Boston puis Providence, visitant les lieux réels des nouvelles imaginaires de Lovecraft et étant le témoin de phénomènes de plus en plus inquiétants et surnaturels. Si initialement chaque chapitre fait une référence plus ou moins directe à l'une des nouvelles en particulier de Lovecraft, les références se multiplient au fur et à mesure, jusqu'à une apothéose finale. Je ne peux pas trop en dire mais il faut comprendre que si la série Providence se déroule au début du 20e siècle sur sa grande majorité, elle se termine de nos jours quand elle recoupe au passage le récit de Neonomicon et apporte une conclusion à ces deux récits... et à bien davantage de choses en même temps.
Son discours est excellemment appuyé par le graphisme de Jacen Burrows. Son style réaliste et sa ligne claire, sobre et légèrement désuète s'appliquent très bien à l'ambiance du début 20e siècle. Comme dans Watchmen, Alan Moore dicte des cadrages et mises en scène soigneusement réfléchis qui appuient avec intensité la force du récit tout en lui amenant une profondeur supplémentaire.
Il y aurait trop à en dire pour commenter ici tous les choix narratifs et les détails de cette série qui est d'une densité exceptionnelle. Je souhaiterais cependant insister sur l'angle par lequel Alan Moore aborde son récit, celui de mettre en scène ce héros dont l'homosexualité est un élément qui reviendra très souvent dans l'intrigue. Par ce biais, il fait le parallèle entre le monde souterrain des homosexuels obligés de vivre cachés dans des Etats-Unis trop puritains et le monde caché du surnaturel Lovecraftien. Mais de ce fait, Alan Moore ajoute aussi une grosse dose de sexualité et d'éléments charnels dans l'intrigue qui s'éloignent fortement de l'ambiance Lovecraftienne classique. Même si j'approuve le fait de jouer sa propre partition et ne pas se contenter de plagier le maître, je ne suis pas particulièrement fan de cet angle du récit. D'autant que cela donne parfois l'impression que le héros rencontre partout d'autres homosexuels, comme s'ils s'attiraient mutuellement dans la rue. Le coup de la récompense offerte par Carcosa dans le chapitre 10 m'a également laissé assez dubitatif.
De même, l'aspect qu'Alan Moore met en avant des histoires de Lovecraft est une facette très humaine alors que justement j'aime davantage le côté déshumanisé et inéluctable du mythe des Grands Anciens où les humains ne sont qu'une poussière dans un temps démesuré à leur échelle et où le danger n'a pas de notion de Bien ou de Mal mais juste de foncièrement inhumain et écrasant. Il y a moins de cosmique et moins d'indicible chez Alan Moore et davantage de sorciers et d'hommes mauvais qui trichent avec les lois du monde humain et de la nature souvent par égoïsme voire par pure méchanceté. Cet aspect plus humain du fantastique Lovecraftien me convient moins que ce que je ressens à la lecture de ses nouvelles.
Ce sont ces réserves qui font que j'ai pas totalement succombé au charme, à la force et à la densité intellectuelle de Providence. Mais à tous ceux qui aiment et connaissent bien Lovecraft, et qui savent de quoi l'auteur de Watchmen est capable, je conseille cette lecture sans hésitation !
Ma tendre épouse m'a dit ce matin que j'avais de drôle de goût en voyant le titre de ce manga. Mais que voulez-vous, j'adore les carnivores et au contraire, je déteste ce qui est végétarien. Bon, mon signe astrologique est le lion. Ceci explique sans doute cela.
Dans ce récit, les lions carnivores sont les méchants de service. Ils ont asservi les pauvres gazelles de Thomson ainsi que les hyènes qui leur servent de garde. Ils s'en prennent surtout aux zèbres et apprécient la chair de leur enfants. Pour autant, ils ont un ennemi: un puissant guépard qui a juré vengeance. Buena la jeune gazelle qui a décidé de lutter contre la tyrannie des lions va partir chercher ce puissant allié pour renverser l'ordre.
On n'est pas dans le Roi Lion ou plutôt dans une version très gore de celui-ci. J'ai beaucoup aimé le déroulé de ce scénario qui aurait pu être naïf mais qui s'est révélé assez passionnant. Il n'y a que trois tomes. Autant vous dire que je les ai dévoré sans aucune pitié ! C'est un manga cruel.
Malgré des critiques élogieuses et des recommandations de notre équipe de choc angoumoisine, j'ai trainé de la patte pour me lancer dans cette lecture. La faute sans doute à une couverture que je trouve ratée -cela n'engage que moi :p - et qui n'arrivait pas à tordre le cou à une motivation en berne.
Comme quoi, il faut par moment savoir se faire violence (rude épreuve que la lecture d'une BD faut dire, hein ^^ ), ou plutôt passer par dessus ses à priori. Car ce premier tome fourni du "Roy des Ribauds" est une très belle réussite. Après un début un peu laborieux (faut bien que je râle un peu !) où les pièces maîtresses de l'échiquier mettent un certain temps à se révéler et trouver leur place, la partie s'emballe gaiement pour notre plus grand bonheur ! Pour tout dire, on ne lâche plus l'album avant la dernière page...
L'intrigue concoctée par Vincent Brugeas est bigrement efficace. Il sait imposer un récit palpitant en l'ancrant dans un cadre parisien du XIIe très bien rendu qui lui confère une légitimité et un terrain de jeu de rêve pour s'amuser. Car bien sûr, ce décor n'est qu'un magnifique prétexte pour dérouler une intrigue pour l'instant très maîtrisée où il essaime des personnages épiques et bien trempés.
D'autant que Ronan Toulhoat a le don de créer des ambiances bien sombres pour emmitoufler ces protagonistes. Une fois accroché vous aurez du mal à lâcher l'affaire, et c'est avec regret que la fin de ce premier tome tombe, car il nous faudra attendre la suite pour étancher votre curiosité.
A suivre donc, et le plus tôt sera le mieux !!!!
*** tome 2 ***
Ah mais que c'est bon de retrouver ce petit monde ! Reste plus qu'à attendre impatiemment le 3e tome maintenant !!!
Car oui ce deuxième opus du "Roy des Ribauds" est trrrrrrrrèès bon !!! Le décor planté et les personnages lachés sur cette fantastique aire de jeu du Paris du XIIe siècle, il n'y a plus qu'à s'enfoncer tranquillement dans un bon gros fauteuil, pop corn en main, et déguster goulument les pérégrinations de nos compères !
Notre Roy des Ribauds s'est foutu dans la merde en assurant une vengeance personnelle, il lui faut maintenant essayer de gérer ce joyeux bordel, en sauvant sa peau si possible !
Brugeas et Toulhoat rehaussent encore le niveau avec cet album, riche en rebondissement, où de nouveaux personnages et de nouveaux pans de cet univers parisien viennent compléter à merveille une trame déjà très réussie. Le tout est parfaitement rendu grâce à des découpages, des cadrages et une mise en page au cordeau qui assurent une tension narrative impeccables.
Alors ???? A quand la suite !
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Coïncidence
Un album avec un concept intéressant, mais qui ne s'adresse clairement qu'aux bédéphiles parce que je ne suis pas certain qu'un lecteur qui lit de la bd que de temps à autres risque de trouver cela passionnant. 12 auteurs ont dessiné le même scénario et c'est intéressant de voir les résultats. Vu que c'est le même scénario chaque fois, mon intérêt a varié selon si j'aimais le style du dessinateur ou non et globalement j'ai bien aimé cette exercice et aussi les interviews des auteurs qui sont intéressantes (je me demande d'ailleurs pourquoi il n'y a pas d'interviews pour certains d'entre-eux ?). Ma préférée est la planche de Goossens qui arrive à faire un truc complètement décalé qui m'a fait explosé de rire alors que j'avais déjà lu le même texte quelques fois avant d'arriver à sa planche.
La France sur le pouce
Un jour, le scénariste de cette bande dessinée auto-biographique a tout laissé tomber et il est parti faire le tour de la France sur le pouce. C'est un album instructif car je ne connaissais pas la plupart des villes et des villages présentés dans cet ouvrage. On a droit à certaines anecdotes sur ces lieux (du genre cette ville est la ville d'origine d'une personne connue), mais le gros de l'album porte sur les rencontres que l'auteur a faites durant son voyage en auto-stop. J'ai lu ce one-shot sans trop de problèmes. Le dessin est très bon et la narration fluide. J'ai eu du plaisir à voir le scénariste rencontrer tous ces gens et leur parler. J'ai trouvé cela assez intéressant de voir autant de gens différents et de les voir parler de leurs vies. Un bon petit album qui mérite d'être mieux connu.
Au pied de la falaise
Assez fan en général des albums de la collection Métamorphose et Noctambule de chez Soleil, je sors une nouvelle fois conquis par cette lecture. Déjà, cet album réalisé par ByMöko n'est qu'une des facettes d'un projet artistique plus vaste. L'auteur a en effet agrégé autour de celui-ci des webmasters, musiciens, danseurs, etc. pour proposer au lecteur curieux un univers artistique d'une grande richesse ; j'aime ce genre de projets croisant différents médias, surtout quand c'est bien réalisé comme ici. Mais revenons à la BD. "Au pied de la falaise" nous propose un récit initiatique qui va nous raconter le quotidien d'Akou et son passage progressif à l'âge adulte. Construits en courts chapitres se terminant souvent par une petite morale, cela n'a pas été sans me rappeler le personnage traditionnel arabe de Nasr Eddin Hodja qui impose sa philosophie de façon très subtile et souvent avec humour. Ici Akou avance dans la vie en traversant diverses épreuves, jusqu'à devoir à son tour répondre aux questions et attentes des autres. Cet album est assez envoûtant grâce tout d'abord à ce dessin magnifique qui rend parfaitement les ambiances de cette vie africaine. Cadrages, découpages, colorisation et finesse du trait, on est proche de l'animation tant tout cela est maîtrisé. Il n'est donc pas difficile de se laisser marabouter par cet album magnifique empreint de petites sagesses universelles. Une très belle découverte que je conseille vivement !
Pause
Aaaaah Fabcaro. Le mec qui parvient à te faire rire avec le néant. Oui oui, le néant, car l'auteur aborde ici la période qui a suivi la sortie (et le succès surréaliste) de Zaï Zaï Zaï Zaï. Cette période de sidération, où le succès te tombe dessus sans prévenir et est à deux doigts de te tuer en tant qu'auteur. Un auteur qui est tiraillé entre ses séries "de commande" (puisqu'il a repris Gai-Luron et Achille Talon, puis Blake et Mortimer -euh non attendez...), et son oeuvre plus personnelle, enfin celle où il se met en scène avec le sens de l'auto-dérision que ses fans connaissent bien. "Pause" est donc une suite de gags sur Fabcaro lui-même, sur la création, sa famille, le succès, les femmes, le champagne, la coke... On le sent dépassé par tout ça, lui qui est un monstre d'humilité. Et on rit, on rit, à chaque page, parce que ça fait du bien de prendre une pause avec cet auteur. Must have.
Providence
Si un mot devait, à mes yeux, résumer le travail d'Alan Moore, ce serait iconoclasme. Moore est un iconoclaste, autrement dit un "briseur d'images" ou, dans une acception moins radicale, un auteur qui s'autorise des libertés avec le matériau dont il s'inspire, que celui-ci soit clairement identifiable (c'est le cas ici avec l'oeuvre d'H.P. Lovecraft) ou moins strictement défini (les univers de Wells et Stevenson dans La Ligue des Gentlemen Extraordinaires par exemple). C'est à mon sens la première chose que le lecteur abordant Providence (mais aussi Neonomicon, mini-série qui lui est rattachée) doit avoir en tête. Et l'iconoclasme rime souvent avec extravagance, outrance et ironie. Et, encore une fois : liberté. Toutefois, cette liberté n'est pas non plus inconciliable avec un certain souci de fidélité et même de maniaquerie référentielle envers l'oeuvre/l'auteur dont on s'inspire. De fait, l'oeuvre de Moore est bien une brillante (re)lecture de l'oeuvre de Lovecraft dont elle conserve nombre d'éléments très lovecratiens qui devrait ravir les amateurs de cet univers tels que l'époque où se situe l'action (1919), le narrateur cultivé mais assez passif voir résigné, l'ambiance calfeutrée des bibliothèques où sommeillent - mais attention à leur réveil subit ! - de vieux grimoires interdits dont se servent les occultistes pour invoquer quelque entité innommable et une Amérique à deux visages où se côtoient dans une même histoire et une même mythologie des érudits peuplant des villes hautement "civilisées" comme Boston ou New-York mais aussi ces paysans "dégénérés" de l'arrière pays. Sur ce plan, Providence fait déjà honneur à l'oeuvre de HPL et en conserve l'essentiel de la saveur. Toutefois, contrairement à d'autres auteurs qui se limitent à des tentatives d'adaptations - et non de recréation - à la fois graphiques et narratives, le propos de Moore est bien plus ambitieux. Et c'est là que nous retrouvons l'iconoclaste et l'analyste qu'est Alan Moore, qui ne se contente pas de simplement raconter une histoire. Mais alors, que fait-il d'autre ? Ce que fait toujours Alan Moore dans ses meilleures oeuvres : s'interroger sur le sens de ses créations. Je ne suis pas un intellectuel et je ne vais pas me prendre pour Umberto Eco en vous bombardant de termes (dont je ne saisi moi-même qu'imparfaitement le sens profond) comme exégèse, analyse méta-textuelle, mise en abyme, sémiotique, approche socio-culturelle, psychanalyse jungienne, inconscient collectif, et autres notions tout aussi tarabiscotées. Je me contenterai de dire que la lecture de Providence se situe sur plusieurs niveaux et qu'elle jongle avec des sujets tels que l'oeuvre de HPL, l'Amérique puritaine de l'époque et ses comportements considérés comme "déviants" (dans le cas présent : l'homosexualité), sur le fantastique et l'occultisme, le pouvoir des rêves, sur la psychanalyse et l'appropriation de l'oeuvre d'un auteur (HPL en l’occurrence) par un autre auteur (devinez qui). Avec iconoclasme, bien sûr. Et une bonne dose d'érudition. Finalement, l'auteur du "Nom de la Rose" n'est pas si loin. Sur le plan narratif, Moore a eu cette idée astucieuse de rassembler plusieurs nouvelles de Lovecraft parmi les plus importantes et de les incorporer dans une grande histoire cohérente dont le fil conducteur est la recherche d'un livre impie (le Kitab Al-Hikmah Al-Najmiya ou "Livre de la Sagesse des Etoiles", ersatz évident du Necronomicon) par un journaliste qui se démène avec ses propres démons intérieurs... et autres monstruosités bien moins métaphoriques. Toutefois, les nouvelles ne sont pas reprises telles quelles (raison pour laquelle le terme adaptation n'est pas pertinent ici) et le scénariste va jusqu'à changer tous les noms des personnages et références diverses. Il ne s'agit pas d'un artifice ayant la prétention d'éclipser la nomenclature lovecratienne mais ce choix fait partie du jeu littéraire auquel se livre Moore. Moore et le dessinateur Jacen Burrows, dont le style propret et assez conventionnel par ailleurs, insistant davantage sur l'apparence de soi-disant normalité et rationalité à laquelle Robert Black s'accroche désespérément, optent pour un fantastique finalement assez suggestif et ambigu... traversé ça et là par quelques fulgurances outrancières qui désarçonnent d'autant plus le lecteur. C'est d'ailleurs pour moi une différence importante avec Neonomicon, dont la crudité et l'excès dans le viscéral me porte plutôt à lui préférer nettement Providence et ses nuances. En effet, si l'on excepte quelques scènes d'horreur "frontale" (mais perçue par le protagoniste de manière confuse et/ou lacunaire), l'inquiétude est plutôt savamment distillée par les rencontres déconcertantes, les dialogues, les quelques informations parcellaires grappillées par le personnage et dont il ne saisit pas toujours le sens exact. Bref, sur ce plan, on est bien sur les terres de HPL et de certains autres écrivains fantastiques de son époque. Si l'on ajoute que chaque chapitre se clôture par des extraits du journal de Robert Black, qui permettent d'éclairer les scènes graphiques par des impressions personnelles, nous sommes ici bel et bien en présence d'un véritable roman graphique qui demande une lecture attentive et assidue. Providence n'est pas la bande dessinée la plus abordable du monde, c'est un fait. Même en la considérant de la manière la plus superficielle et en faisant fi de son contenu réflexif sous-jacent pour simplement "lire une bonne histoire", le lecteur devra en accepter ses parti-pris extrêmes : une somme considérable de textes dont certains (la narration manuscrite de Robert Black) peuvent sembler rébarbatifs, un manque certain d'action au profit de nombreuses scènes dialoguées qui donnent à l'ensemble un côté un peu statique (amateur d'action et de dynamisme, s'abstenir !) et un découpage spartiate qui se présente la plupart du temps en quatre grandes cases d'égale longueur. De plus, une bonne connaissance préalable de l'oeuvre de H.P. Lovecraft apporte un "plus" indéniable, même si elle n'est sans doute pas absolument nécessaire (pas plus que la lecture de Neonomicon même si, là encore, elle apportera un supplément de compréhension globale) et peut même être une porte d'entrée vers les écrits de HPL. Ceci étant dit, il ne faudrait pas non plus décourager le lecteur éventuel, d'autant que cette oeuvre - que je considère comme une des meilleures réussites d'Alan Moore et l'une de mes préférées - ne paraît pas avoir suscité l'enthousiasme qu'elle était en droit d'obtenir.
Vilebrequin
3.5 Je connaissais cet album depuis sa sortie il y a maintenant plus de 10 ans à cause d'une affaire de mauvaise impression qui avait provoqué un mini-scandale à l'époque. Cet album met en vedette un cambrioleur et le gros de l'album porte sur ses pensées (mais ne vous en faites pas il y a aussi de l'action). J'ai trouvé cela original de voir, par exemple, un cambrioleur expliquer quelle tenue est la mieux adaptée à son travail. Le personnage principal est attachant et j'ai bien aimé le suivre dans cette aventure remplie de dialogues savoureux et de surprises. Un bon scénario divertissant servi avec un très beau dessin expressif et dynamique en noir et blanc.
Mes années bêtes et méchantes
Je trouve très intéressante la période Hara-Kiri et Charlie Hebdo des années 70 même si pour l'instant je n'ai jamais eu ne serait-ce qu'un exemplaire des journaux du Square entre les mains ! Cette BD tourne autour d'une personne que je ne connaissais pas: Daniel Fuchs, le comptable et un peu l'homme à tout faire des éditions du Square. On retrouve des anecdotes sur ses années de sa vie et c'est très intéressant, drôle et passionnant pour peu qu'on s'intéresse à ce sujet. Je connaissais déjà certaines choses (les bouclages du journal, Choron qui montre sa bite et qui a des problèmes de pognon), mais j'ai appris des choses comme l'ambiance lors des prises de photos pour Hara-Kiri. Il ne faut pas s'attendre à ce que Fuchs parle de tout dans ses anecdotes et on croise surtout le professeur Choron qui est dépeint de manière complexe. Son génie a rendu Hara-Kiri et Charlie Hebdo célèbres, mais on voit aussi qu'il pouvait être un peu trop con et qu'il est aussi responsable de la mort des journaux dont il était responsable. Je trouve que cela donne un coté sincère à l'ouvrage et évite de faire tomber l'album dans une bête nostalgie où tout était mieux avant et qu'on ne garde en tête que les meilleurs moments d'une période de notre vie. Ajoutons que le dessin est excellent. À lire si on est passionnée par cette période de la bande dessinée française.
Providence
Série pour lecteurs avertis... ou devrais-je plutôt dire pour lecteurs érudits ? Car si vous voulez l'apprécier à sa juste valeur, il est très fortement conseillé de bien connaître l'oeuvre de Lovecraft... et éventuellement aussi d'avoir lu ou de pouvoir lire en parallèle la série Neonomicon. Alan Moore offre avec cette série un hommage revisitant l'oeuvre du maître de Providence et, comme à son habitude, il le fait avec une quantité de détails, d'informations et d'érudition qui est assez impressionnante. Pour bien l'assimiler, il m'a fallu prendre le temps de relire soigneusement l'intégrale une seconde fois mais aussi d'acheter et lire la série Neonomicon que je conseille de lire entre le chapitre 10 et 11 de Providence pour vraiment bien tout capter. Car à la première lecture, j'étais un peu sur ma faim. Le déroulé de l'action en elle-même n'est pas complexe (même si elle devient un peu plus barrée sur la fin) mais suivre précisément les dialogues n'est pas toujours évident. En outre, chaque chapitre est séparé par plusieurs pages de texte issus du journal intime du héros, texte qui apporte beaucoup de profondeur au récit en réexpliquant les faits et pensées de celui-ci mais dont la densité demande du temps et un effort de lecture supplémentaire. Et pour ceux qui, comme moi, ont une bonne connaissance de l'univers Lovecraftien, la recherche de toutes les références et clins d'oeil est un autre effort à ajouter. Et sur les deux derniers chapitres vient en plus le fait de devoir assimiler des faits et personnages de la série Neonomicon pour ceux qui n'ont pas lu cet autre album... Tout cela fait qu'au final, la lecture de cette série n'est vraiment aisée pour un néophyte et que, comme je l'ai dit plus haut, elle mérite amplement une relecture voire plus pour la savourer pleinement. A titre personnel, je l'ai lue d'abord en 3 ou 4 soirées, puis je suis allé acheter et j'ai lu Neonomicon. J'ai ensuite relu Providence avec la connaissance de ce que je savais de ma première lecture et en appréciant combien l'intrigue recoupait souvent celle de Neonomicon, et du coup en appréhendant nettement mieux son dernier chapitre ébouriffant. Et suite à cela, j'ai aussi regroupé tous mes romans de Lovecraft, j'ai parcouru sur Internet le résumé des histoires auxquelles chaque chapitre de la série fait référence pour me les remettre en mémoire, et j'ai enfin trouvé et parcouru un excellent site web regroupant une foule de commentaires et explications concernant chaque page de ces bandes dessinées d'Alan Moore qui m'a permis de comprendre les quelques références qui m'avaient manqué. Et ce n'est que suite à cela que je peux confirmer que c'est une très bonne série, même si je sentais son énorme potentiel dès les premières pages. En quoi consiste-t-elle ? On y suit Robert Black, jeune journaliste homosexuel qui va parcourir la Nouvelle Angleterre puritaine de 1919 pour remonter la piste d'un ouvrage ésotérique, du groupe secret qui a permis sa diffusion et de tout le monde souterrain au sens propre comme figuré que cela implique. Parti de New York, il va visiter Salem, Athol, Manchester, Boston puis Providence, visitant les lieux réels des nouvelles imaginaires de Lovecraft et étant le témoin de phénomènes de plus en plus inquiétants et surnaturels. Si initialement chaque chapitre fait une référence plus ou moins directe à l'une des nouvelles en particulier de Lovecraft, les références se multiplient au fur et à mesure, jusqu'à une apothéose finale. Je ne peux pas trop en dire mais il faut comprendre que si la série Providence se déroule au début du 20e siècle sur sa grande majorité, elle se termine de nos jours quand elle recoupe au passage le récit de Neonomicon et apporte une conclusion à ces deux récits... et à bien davantage de choses en même temps. Son discours est excellemment appuyé par le graphisme de Jacen Burrows. Son style réaliste et sa ligne claire, sobre et légèrement désuète s'appliquent très bien à l'ambiance du début 20e siècle. Comme dans Watchmen, Alan Moore dicte des cadrages et mises en scène soigneusement réfléchis qui appuient avec intensité la force du récit tout en lui amenant une profondeur supplémentaire. Il y aurait trop à en dire pour commenter ici tous les choix narratifs et les détails de cette série qui est d'une densité exceptionnelle. Je souhaiterais cependant insister sur l'angle par lequel Alan Moore aborde son récit, celui de mettre en scène ce héros dont l'homosexualité est un élément qui reviendra très souvent dans l'intrigue. Par ce biais, il fait le parallèle entre le monde souterrain des homosexuels obligés de vivre cachés dans des Etats-Unis trop puritains et le monde caché du surnaturel Lovecraftien. Mais de ce fait, Alan Moore ajoute aussi une grosse dose de sexualité et d'éléments charnels dans l'intrigue qui s'éloignent fortement de l'ambiance Lovecraftienne classique. Même si j'approuve le fait de jouer sa propre partition et ne pas se contenter de plagier le maître, je ne suis pas particulièrement fan de cet angle du récit. D'autant que cela donne parfois l'impression que le héros rencontre partout d'autres homosexuels, comme s'ils s'attiraient mutuellement dans la rue. Le coup de la récompense offerte par Carcosa dans le chapitre 10 m'a également laissé assez dubitatif. De même, l'aspect qu'Alan Moore met en avant des histoires de Lovecraft est une facette très humaine alors que justement j'aime davantage le côté déshumanisé et inéluctable du mythe des Grands Anciens où les humains ne sont qu'une poussière dans un temps démesuré à leur échelle et où le danger n'a pas de notion de Bien ou de Mal mais juste de foncièrement inhumain et écrasant. Il y a moins de cosmique et moins d'indicible chez Alan Moore et davantage de sorciers et d'hommes mauvais qui trichent avec les lois du monde humain et de la nature souvent par égoïsme voire par pure méchanceté. Cet aspect plus humain du fantastique Lovecraftien me convient moins que ce que je ressens à la lecture de ses nouvelles. Ce sont ces réserves qui font que j'ai pas totalement succombé au charme, à la force et à la densité intellectuelle de Providence. Mais à tous ceux qui aiment et connaissent bien Lovecraft, et qui savent de quoi l'auteur de Watchmen est capable, je conseille cette lecture sans hésitation !
Les Royaumes Carnivores
Ma tendre épouse m'a dit ce matin que j'avais de drôle de goût en voyant le titre de ce manga. Mais que voulez-vous, j'adore les carnivores et au contraire, je déteste ce qui est végétarien. Bon, mon signe astrologique est le lion. Ceci explique sans doute cela. Dans ce récit, les lions carnivores sont les méchants de service. Ils ont asservi les pauvres gazelles de Thomson ainsi que les hyènes qui leur servent de garde. Ils s'en prennent surtout aux zèbres et apprécient la chair de leur enfants. Pour autant, ils ont un ennemi: un puissant guépard qui a juré vengeance. Buena la jeune gazelle qui a décidé de lutter contre la tyrannie des lions va partir chercher ce puissant allié pour renverser l'ordre. On n'est pas dans le Roi Lion ou plutôt dans une version très gore de celui-ci. J'ai beaucoup aimé le déroulé de ce scénario qui aurait pu être naïf mais qui s'est révélé assez passionnant. Il n'y a que trois tomes. Autant vous dire que je les ai dévoré sans aucune pitié ! C'est un manga cruel.
Le Roy des Ribauds
Malgré des critiques élogieuses et des recommandations de notre équipe de choc angoumoisine, j'ai trainé de la patte pour me lancer dans cette lecture. La faute sans doute à une couverture que je trouve ratée -cela n'engage que moi :p - et qui n'arrivait pas à tordre le cou à une motivation en berne. Comme quoi, il faut par moment savoir se faire violence (rude épreuve que la lecture d'une BD faut dire, hein ^^ ), ou plutôt passer par dessus ses à priori. Car ce premier tome fourni du "Roy des Ribauds" est une très belle réussite. Après un début un peu laborieux (faut bien que je râle un peu !) où les pièces maîtresses de l'échiquier mettent un certain temps à se révéler et trouver leur place, la partie s'emballe gaiement pour notre plus grand bonheur ! Pour tout dire, on ne lâche plus l'album avant la dernière page... L'intrigue concoctée par Vincent Brugeas est bigrement efficace. Il sait imposer un récit palpitant en l'ancrant dans un cadre parisien du XIIe très bien rendu qui lui confère une légitimité et un terrain de jeu de rêve pour s'amuser. Car bien sûr, ce décor n'est qu'un magnifique prétexte pour dérouler une intrigue pour l'instant très maîtrisée où il essaime des personnages épiques et bien trempés. D'autant que Ronan Toulhoat a le don de créer des ambiances bien sombres pour emmitoufler ces protagonistes. Une fois accroché vous aurez du mal à lâcher l'affaire, et c'est avec regret que la fin de ce premier tome tombe, car il nous faudra attendre la suite pour étancher votre curiosité. A suivre donc, et le plus tôt sera le mieux !!!! *** tome 2 *** Ah mais que c'est bon de retrouver ce petit monde ! Reste plus qu'à attendre impatiemment le 3e tome maintenant !!! Car oui ce deuxième opus du "Roy des Ribauds" est trrrrrrrrèès bon !!! Le décor planté et les personnages lachés sur cette fantastique aire de jeu du Paris du XIIe siècle, il n'y a plus qu'à s'enfoncer tranquillement dans un bon gros fauteuil, pop corn en main, et déguster goulument les pérégrinations de nos compères ! Notre Roy des Ribauds s'est foutu dans la merde en assurant une vengeance personnelle, il lui faut maintenant essayer de gérer ce joyeux bordel, en sauvant sa peau si possible ! Brugeas et Toulhoat rehaussent encore le niveau avec cet album, riche en rebondissement, où de nouveaux personnages et de nouveaux pans de cet univers parisien viennent compléter à merveille une trame déjà très réussie. Le tout est parfaitement rendu grâce à des découpages, des cadrages et une mise en page au cordeau qui assurent une tension narrative impeccables. Alors ???? A quand la suite !