C'est cru (l'hémoglobine gicle à tout va).
C'est séquentiel (l'on passe successivement d'aventures en aventures sans qu'il y ait vraiment une arche entre-elles dans le récit).
C'est binaire (bouffer son prochain ou être bouffé par son prochain, telle est la question ... de survie).
Et pourtant, l'histoire est paradoxalement humaniste (éloge des liens familiaux, du dévouement dans l'amour filial et matrimonial, le rejet de situations de dominance, de l'injustice, et du racisme, ode à la liberté individuelle et au travail d'équipe, etc...).
Je suis directement totalement entré dans l'histoire.
Et me suis très vite puissamment attaché au personnage principal, tant c'est bien narré. Et quelle claque graphiquement !
Une oeuvre qui détonne, un feu d'artifice haut en couleurs, cruel, tribal, et à la fois humaniste (c'est particulier d'employer ce vocable pour des personnages animaliers), magnifiquement croqué sur le papier, qui part dans tous les sens, et dont moi lecteur, ai été immédiatement enchaîné au récit, ... et été bien triste quand il s'est achevé au troisième tome.
Une expérience !
Lecture de l'intégrale N/B en format italien tout en superbes crayonnés ; c'est très beau visuellement !
3* ou 4* ... hésitation.
Même si 4* peut sembler généreux, 3* aurait été trop sévère pour cette série qui reste une belle réussite tant du point de vue graphique que scénaristique, étant entendu qu'elle est adressée à un public enfantin pré-adolescent et que c'est dans cet esprit qu'il convient de la lire. L'auteur s'est cherché une fin un peu tirée par les ficelles, d'où mon hésitation sur la cotation.
Sympathique moment de lecture et d'évasion, surtout du fait du très beau crayonné N/B.
Voilà un album apparemment peu connu, et qui mérite nettement mieux que le relatif anonymat où il semble confiné. Des défauts, certes, mais de réelles qualités font de ce « Kosmo » une lecture plus que recommandable.
Commençons par les défauts. D’abord, vu que plus de dix ans ont passé et que, malgré mes recherches, aucun second tome n’est paru, il semble bien que cette série soit abandonnée : c’est bien dommage, mais ne doit pas vous empêcher d’acheter et de lire cet album, qui peut – malgré l’ouverture de fin d’album, se lire comme un one shot.
Autre défaut – qui me gêne beaucoup car je suis pointilleux dans ce domaine –, ce sont les trop nombreuses fautes d’orthographe (une bonne dizaine au moins) qui ponctuent les dialogues : cela nuit à la lecture et discrédite (un petit peu) le travail éditorial.
Pour le reste, je n’ai trouvé que des points positifs à cet album. Le dessin, très moderne (proche de Blain je trouve, que ce soit pour le trait, l’utilisation de « ratures » pour le remplissage de certains corps ou décors, la colorisation aussi parfois) est plutôt agréable.
L’histoire en elle-même est assez captivante. Les Etats-Unis (en prenant les devants sur des expéditions européennes et chinoises) envoient quatre couples d’astronautes dans une fusée à l’autre bout de la galaxie pour en savoir plus sur une météorite aux propriétés intéressantes venu s’écraser au Nouveau Mexique : la quasi-totalité de l’album se déroule dans la fusée, et narre les relations entre ces couples.
L’histoire est bien menée d’abord, avec une introduction intrigante, et une présentation du huis-clos bien faite, avec une montée en tension qu’on pressent, mais qui va crescendo jusqu’à l’explosion finale (on est alors dans une atmosphère policière, presque proche des « Dix petits nègres »). L’arrière-plan d’aventure, de Science-Fiction s’accommode très bien de ce côté dramatique.
Enfin les deux dernières pages, qui font le lien avec les premières (l’ensemble de l’album est donc une sorte de flash-back) sont surprenantes, quasi humoristiques (l’humour était déjà présent dans certains dialogues ou situations durant le voyage, qui a quand même duré 18 ans !), et appellent clairement une suite. Même si cet album peut se suffire, j’aurais volontiers continué l’aventure avec les personnages de Witko, surtout que le ton semblait être encore plus au délire et au second degré.
Et qu’on pouvait aussi attendre des « rebondissements » avec l’arrivée des expéditions européennes et chinoises…
***********************************
MAJ après lecture de la seconde version:
J’avais été quelque peu frustré, après ma lecture de l’album « Kosmo » - qui m’avait bien plu –, car j’avais l’impression que la fin manquait, que l’histoire avait été abandonnée en plan, assez brutalement, en laissant trop de questions de côté.
Et voilà que je tombe sur un nouvel album, publié trois ans plus tard chez le même éditeur, et reprenant l’ancien, en le complétant de « bonus ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit, plus que d’un second tome complétant une « intégrale ». En effet, après l’histoire originelle, ce sont de petites histoires courtes (d’une à une dizaine de pages) qui ont été ajoutées par Witko, complétant des pans de l’histoire, en amont et en aval de celle publiée précédemment.
Cela comble certains trous, répond à certaines questions – mais pas à toutes (hélas ?). C’est aussi plus inégal que la première longue histoire. Certains nouveaux passages sont réussis, amusants, d’autres le sont moins.
Je reste sur ma note précédente, mais avec un peu plus de regret quand même, ces « bonus » n’étant pas toujours à la hauteur de ce qui les avait précédés (qui peut de toute façon se lire indépendamment).
Graphiquement, ouvrage le plus abouti de ce qu'à pu sortir Sébastien Flao, avec des recherches sur la lumière très réussies dans sa couleur directe, et quelques magnifiques pages entières et double pages sans texte en pur ravissement visuel.
Les personnages sont magnifiquement campés, tous avec une épaisseur psychologique et une justesse rare dans le monde de la BD. Ils transpirent de vérité et d'évidence.
L'auteur semble connaître la région et les habitants comme sa poche tant les protagonistes sont bien rendus dans un naturel déconcertant, et au bout des 2 tomes, il me semble avoir réellement voyagé dans un village côtier du Kenya donnant sur l'océan indien avec non loin un archipel de mangroves.
L'histoire est bien menée avec rythme, et l'on s'attache directement à tous les personnages bons comme mauvais, signe d'un très grand talent narratif.
Un très belle réussite ! Bravo à son auteur !
J’avais acheté à sa sortie l’intégrale, et n’ai donc pas eu à souffrir du manque de considération de Fluide Glacial pour ses lecteurs/acheteurs. En effet, cette intégrale, outre un petit inédit en introduction, reprend les deux albums parus séparément, mais aussi un troisième album inédit (ce qui fait un joli bras d’honneur aux acheteurs des deux premiers : le même éditeur avait fait la même chose avec Colt Bingers l'insoumis !).
Bon, cette précision énervée faite. Arrivons à la série elle-même. Et je dois dire que je l’ai trouvée bien marrante, et très recommandable, pour tous les lecteurs adeptes d’humour un peu décalé, un peu noir (vaguement trash) – et en tout cas pas cathos extrémistes !
En effet, le commando en question est composé d’une bombasse cherchant comme le Christ à souffrir pour sa foi (elle se flagelle, embrasse les lépreux, etc.), d’un tueur irlandais citant les répliques de ses films cultes, et d’une sorte de gnome moinillon adepte de potions, drogues et autres poisons.
Très typés et atypiques, ces trois-là sont chargés des basses œuvres du Vatican, et sont le bras armés d’Albuferque, conseiller du pape (et qui se verrait bien à sa place). Le pape lui-même est bien déjanté, et en tout cas loin, très loin de l’image que veut donner de lui l’Eglise.
Le ton (et le dessin) est parfois proche de Larcenet, jouant sur la parodie, l’humour potache teinté de noir, et les bons mots. Les missions qui sont confiées au commando Torquemada sont déjà bien barrées, mais ils ont en plus une façon bien à eux de les mener à bien – à mal devrais-je dire ! – pour le bonheur de nos zygomatiques.
Les deux premiers albums (le deuxième est clairement mon préféré) sont vraiment bien fichus et drôles. J’ai trouvé le troisième un peu en deçà – même si quelques passages sont quand même assez poilants.
Note réelle 3,5/5.
C'est avec la réédition de luxe en 2 tomes à l'occasion des 90 ans qu'aurait eu Tezuka que je me suis penché sur cette série que je n'avais pas encore lu de lui. Si c'est une de ses séries les plus connues et les plus apprécié, ce n'est pour ce qui me concerne pas celle que j'ai préféré malgré toutes ses qualités.
Tezuka traite dans cette série de la seconde Guerre Mondiale et construit son intrigue autour de trois personnages prénommés Adolf. Hitler fait bien sûr parti du trio, viennent s'y adjoindre deux jeunes garçons vivant au japon. L'un est un juif, fils d'un boulanger, l'autre est à moitié japonais par sa mère et moitié allemand par son père qui travaille pour le consulat du Reich. Nos deux jeunes garçons vont forcément se rencontrer et lier une amitié malgré le contexte historique et la réprobation du père allemand. Ce dernier va d'ailleurs l'envoyer en Allemagne poursuivre ses études dans l'une des écoles des jeunesses hitlérienne les plus renommée.
Voilà pour la base, car à coté de ça, Tezuka étoffe très largement son récit avec une foule de personnages qui vont graviter autour de ces Adolf. Ce sont toutes ces petites histoires plutôt que la Grande Histoire qui font la force narrative de Tezuka ; car au lieu de nous raconter la seconde Guerre Mondiale, ses horreurs et la noirceurs de l'âme humaine, il nous dépeint tout cela judicieusement par ces petits rien, ces choix, ces convictions ou ces reniements qui permettent à de telles atrocités de voir le jour ou à quelques anonymes de nous permettre de croire encore un peu dans le genre humain.
Concernant son dessin, pas grand chose à rajouter, sinon qu'il est toujours aussi impressionnant d'efficacité de fluidité et d'avant garde pour l'époque.
"L'histoire des 3 Adolf" se révèle donc comme une oeuvre majeure d'Osamu Tezuka, même si je lui ai préféré Ayako ou encore Barbara.
Pendant quelques semaines, le scénariste Aurélien Ducoudray et le dessinateur Jeff Pourquié ont partagé le quotidien des soignants et des malades de la Chesnaie, une clinique psychiatrique révolutionnaire. Dans ce lieu très ouvert, les patients sont davantage considérés comme des personnes à part entière que comme des malades. Cette BD-docu est le récit d’une expérience atypique.
Jadis, la folie faisait peur et on préférait la contenir dans des lieux cachés du monde et cernés de hauts murs. Plutôt que de tenter de les comprendre et de les insérer dans la société, on appliquait à nos « fous » des traitements radicaux qui plutôt que de les soigner, les maintenaient dans leur mal voire l’aggravaient. Les asiles étaient pour eux la destination finale, une sorte de cauchemar terrifiant pour les gens dits normaux. La Chesnaie est une clinique très particulière, qui depuis soixante ans recourt à des méthodes thérapeutiques dont les tenants souhaitaient inverser la vapeur. Ainsi, il s’agit d’un lieu ouvert, où patients et « moniteurs » partagent le même quotidien, où les blouses blanches et tous signes distinctifs sont proscrits. Les auteurs ont donc cohabité avec ces personnes pendant quelques semaines, et leur expérience, si l’on en croit la BD, fut pour le moins enrichissante.
De façon étonnante, la première réaction d’Aurélien Ducoudray en arrivant sur le site fut de constater que tout le monde avait l’air normal ! Bien sûr, certains pathologies sont plus aiguës que d’autres, et les cas d’agressivité ou de crise ne sont pas rares, mais dans l’ensemble, la cohabitation semble se dérouler sans trop d’accros. En tout cas, des accros pas suffisamment graves pour empêcher l’établissement de continuer l’expérience. Car à la Chesnaie, il y a aussi beaucoup de vie, avec quantité d’activités sociales est culturelles à disposition des malades. Bien sûr, tout n’est pas rose, la clinique connaît des moments de tension, mais ni plus ni moins que dans la société « normale »,. C’est ainsi qu’au fil des pages, on découvre cette institution hors-normes à travers le regard bienveillant et parfois amusé des auteurs. On réalise que les fous ne sont pas si fous, qu’il y a 36.000 sortes de pathologies, que l’écoute et le respect sont indispensables pour les maintenir dans le monde réel et les amener pourquoi pas sur la voie de la guérison. Des structures d’hébergement hors-clinique ont été mises en place pour redonner leur autonomie aux patients qui le souhaitent. D’ailleurs, une des monitrices témoigne qu’elle a d’abord été patiente à la Chesnaie, l’administration étant beaucoup plus souple à une certaine époque.
On apprécie beaucoup le regard plein d’humanité porté par Aurélien Ducoudray sur cet univers méconnu, et nous, lecteurs peut-être bien trop normaux, lui sommes reconnaissants de nous faire profiter de son expérience. Le dessin au bord de l’esquisse de son compère Jeff Pourquié traduit bien l’ambiance qui règne dans cette institution. Dans un ouvrage dominé par des alternances de monochromes, la folie, elle, est incarnée par des explosions de couleurs, comme si le dessinateur lui-même se laissait gagner par cette folie, dans une démarche, inconsciente ou pas, qui contribue à la faire sienne pour mieux la dédramatiser.
Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, « La Troisième population » n’est pas celle des fous. Il s’agit des « extérieurs » qui viennent à la Chesnaie « pour donner quelque chose aux première [les patients] et deuxième [les moniteurs et médecins, ndr] populations ». Ce qu’ont donné Ducoudray et Pourquié durant leur séjour en tant qu’extérieurs, ce sont les ateliers BD qu’ils ont proposé aux patients, entraînant des échanges riches, parfois amusants, que cette bande dessinée relate avec bonheur et un certain humour. Non, la maladie mentale n’est pas si glauque, et si l’image qu’on peut en avoir est telle, c’est probablement lié à la façon dont les institutions et les médias la considèrent. Ce livre montre tout le contraire, nous invitant à modifier radicalement notre point de vue.
3.5
Une bonne mini-série qui met en vedette des super-héros Marvel qui n'avaient pas été utilisés depuis les années 40.
On suit donc un groupe de super-héros de la seconde guerre mondiale qui se retrouve dans le monde moderne après avoir été endormi durant des décennies. Ils vont donc apprendre à vivre dans un nouvel environnement et au cours de la série on va apprendre que certains membres possèdent de terribles secrets.
L'intrigue est bien menée et chaque personnage est charismatique et bien développé même si certains des douze sont plus mis en avant que d'autres. Le rythme est parfait. Il est un peu lent, mais c'est pour mieux développer les personnages et bien montrer leurs personnalités et du coup j'ai toujours eu la sensation qu'il se passait quelque chose d'intéressant. Le seul défaut que je trouve est que le dénouement dans le second tome m'a semblé un peu trop rapide.
En tout cas, une bonne série à lire si on veut un truc de super-héros intelligent qui met en avant la psychologie des personnages. Le dessin est pas mal.
Est-il encore besoin de présenter le chant des Stryges ? A mon avis non, car on a là la série phare de son auteur. En 20 ans d'existence elle est devenue un incontournable du genre, et je pense qu'elle a clairement marqué de son empreinte la BD fantastique. D'ailleurs de nombreuses séries parallèles et spin-off son venus enrichir l'univers des Stryges au fil des années.
3 cycles de 6 albums, ce fut long mais ça y est on connait le dénouement.
La série démarre sur les chapeaux de roues et les premiers tomes plantent un décor des plus intéressant. Un héros charismatique associée à une jolie héroïne, une bonne dose d’action, et surtout un scénario très bien ficelé qui joue avec des mystères palpitants. La référence à X-files est on ne peut plus appropriée. L'aspect fantastique est suggéré au début, et monte crescendo au fil du premier cycle. C'est extrêmement bien fichu, et ça donne une histoire prenante.
La fin du premier cycle est bien trop ouverte et ne répond pas vraiment à nos interrogations, mais au contraire en rajoute.
Il y a par la suite quelques longueurs et les tomes sont inégaux. Les revirements de situations un peu nombreux, tout comme les traitres. On ne sait plus qui sont les gentils, qui sont les méchants, qui est avec les Stryges, qui est contre. C'est sans doute nécessaire pour une série aussi longue, mais parfois on s'y perd un peu. Le second cycle est d'ailleurs assez bavard en anecdotes et les aventures de Kevin contre les Stryges deviennent un peu trop secondaires. Les changements de coloristes ne font pas que du bien à la cohérence d'ensemble et les tomes 9 et 10 piquent un peu les yeux.
Par contre, que cette fin de second cycle est bien vue. Habilement préparée depuis le début, à part de très minces indices on ne la voit pas vraiment venir. Elle redistribue les cartes, elle prépare à merveille le dernier cycle qui s'annonce forcément sous un autre angle.
J'ai également pris beaucoup de plaisir avec le 3e cycle. On est très loin de l'intrigue du début, les enquêtes de Kevin pour découvrir les mystères aux frontières du réel et du fantastique sont oubliées. Mais l'intrigue est tout de même intéressante. Quel sort attend les hybrides ? les humains ? les Stryges ? Que va faire Debbrah ? Plein d'éléments qui tiennent à nouveau en haleine. Le final du 17e tome est spectaculaire et tranchant. Pour moi la série aurait pu s'arrêter là. Le 18e tome est un peu différent et constitue une sorte d'épilogue en fin de compte.
Le chant des Stryges est une série fleuve avec des hauts et des bas, qui aura réussi à me tenir en haleine pendant toute la durée. Une série que je suis content de posséder dans ma bibliothèque, que je recommande volontiers aux amateurs de fantastique. Mais 18 tomes, je ne la relirais pas tous les ans :)
Quand on se visualise mentalement la Guerre de Trente Ans, l'image d'asiatiques en armure virevoltant aux côtés des belligérants lors de batailles rangées n'est pas celle qui nous vient immédiatement à l'esprit. c'est pourtant avec cette anecdote historiquement vérifiable que l'auteur d'Issak (2 tomes sortis) va fonder son concept de base, particulièrement original et captivant.
Il faut dire que la Guerre de Trente Ans n'est pas le cadre historique le plus répandu dans le petit monde du manga, plus habitué à l'Europe médiévale, l'Epoque d'Edo, le Japon contemporain, ou alors des oeuvres prospectives et futuristes en tous genres. Ce choix m'a plu d'autant plus que je ne maîtrise cette période que très vaguement; en plus d'être un vrai plaisir de lecture, ces deux premiers tomes se sont révélés être un (petit) cours d'histoire.
1620. L'air au-dessus du Saint Empire Romain Germanique est plombé. Plombé par la haine religieuse qui étouffe les coeurs et détruit la raison. Alors que protestants et catholiques se trucident quotidiennement dans des massacres interminables, au sud-ouest, dans la région du Palatinat du Rhin, la petit-fille d'un forgeron va être sauvée d'un viol par un vagabond armé d'un mousquet, un asiatique qui a fuit son Japon natal pour se mettre aux service des forces protestantes. Cet acte héroïque va désormais lier la jeune roturière et le guerrier nippon, et ils vont poursuivre ensemble un chemin parcouru de rivières de sang et de cadavres désarticulés au beau milieu d'un empire à l'agonie.
Je n'ai aucune idée du nombre de tomes encore à paraître, mais les deux premiers auront largement suffit à m'enthousiasmer pour cette superbe série. Magnifié par une illustration que je trouve splendide, avec un trait fin et délicat tout en étant percutant dans sa transcription de l'horreur, le manga tisse une intrigue simple mais haletante ou les desseins personnels se mêlent à la cause commune. Les batailles sont monumentales et immersives : les armures, les vêtements, les canons, les charges de cavalerie...on se croirait réellement dans le feu de l'action, soufflé d'admiration comme tous les autres soldats devant les exploits et la ruse du sniper-mercenaire venu du Japon : il y a pas à dire, le type à la classe !
En un mot comme en cent, je suis conquis. Une fresque homérique violente, une rencontre entre l'Orient et l'Occident passionnante et fructueuse.
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Solo (Martin)
C'est cru (l'hémoglobine gicle à tout va). C'est séquentiel (l'on passe successivement d'aventures en aventures sans qu'il y ait vraiment une arche entre-elles dans le récit). C'est binaire (bouffer son prochain ou être bouffé par son prochain, telle est la question ... de survie). Et pourtant, l'histoire est paradoxalement humaniste (éloge des liens familiaux, du dévouement dans l'amour filial et matrimonial, le rejet de situations de dominance, de l'injustice, et du racisme, ode à la liberté individuelle et au travail d'équipe, etc...). Je suis directement totalement entré dans l'histoire. Et me suis très vite puissamment attaché au personnage principal, tant c'est bien narré. Et quelle claque graphiquement ! Une oeuvre qui détonne, un feu d'artifice haut en couleurs, cruel, tribal, et à la fois humaniste (c'est particulier d'employer ce vocable pour des personnages animaliers), magnifiquement croqué sur le papier, qui part dans tous les sens, et dont moi lecteur, ai été immédiatement enchaîné au récit, ... et été bien triste quand il s'est achevé au troisième tome. Une expérience !
Messire Guillaume
Lecture de l'intégrale N/B en format italien tout en superbes crayonnés ; c'est très beau visuellement ! 3* ou 4* ... hésitation. Même si 4* peut sembler généreux, 3* aurait été trop sévère pour cette série qui reste une belle réussite tant du point de vue graphique que scénaristique, étant entendu qu'elle est adressée à un public enfantin pré-adolescent et que c'est dans cet esprit qu'il convient de la lire. L'auteur s'est cherché une fin un peu tirée par les ficelles, d'où mon hésitation sur la cotation. Sympathique moment de lecture et d'évasion, surtout du fait du très beau crayonné N/B.
Kosmo
Voilà un album apparemment peu connu, et qui mérite nettement mieux que le relatif anonymat où il semble confiné. Des défauts, certes, mais de réelles qualités font de ce « Kosmo » une lecture plus que recommandable. Commençons par les défauts. D’abord, vu que plus de dix ans ont passé et que, malgré mes recherches, aucun second tome n’est paru, il semble bien que cette série soit abandonnée : c’est bien dommage, mais ne doit pas vous empêcher d’acheter et de lire cet album, qui peut – malgré l’ouverture de fin d’album, se lire comme un one shot. Autre défaut – qui me gêne beaucoup car je suis pointilleux dans ce domaine –, ce sont les trop nombreuses fautes d’orthographe (une bonne dizaine au moins) qui ponctuent les dialogues : cela nuit à la lecture et discrédite (un petit peu) le travail éditorial. Pour le reste, je n’ai trouvé que des points positifs à cet album. Le dessin, très moderne (proche de Blain je trouve, que ce soit pour le trait, l’utilisation de « ratures » pour le remplissage de certains corps ou décors, la colorisation aussi parfois) est plutôt agréable. L’histoire en elle-même est assez captivante. Les Etats-Unis (en prenant les devants sur des expéditions européennes et chinoises) envoient quatre couples d’astronautes dans une fusée à l’autre bout de la galaxie pour en savoir plus sur une météorite aux propriétés intéressantes venu s’écraser au Nouveau Mexique : la quasi-totalité de l’album se déroule dans la fusée, et narre les relations entre ces couples. L’histoire est bien menée d’abord, avec une introduction intrigante, et une présentation du huis-clos bien faite, avec une montée en tension qu’on pressent, mais qui va crescendo jusqu’à l’explosion finale (on est alors dans une atmosphère policière, presque proche des « Dix petits nègres »). L’arrière-plan d’aventure, de Science-Fiction s’accommode très bien de ce côté dramatique. Enfin les deux dernières pages, qui font le lien avec les premières (l’ensemble de l’album est donc une sorte de flash-back) sont surprenantes, quasi humoristiques (l’humour était déjà présent dans certains dialogues ou situations durant le voyage, qui a quand même duré 18 ans !), et appellent clairement une suite. Même si cet album peut se suffire, j’aurais volontiers continué l’aventure avec les personnages de Witko, surtout que le ton semblait être encore plus au délire et au second degré. Et qu’on pouvait aussi attendre des « rebondissements » avec l’arrivée des expéditions européennes et chinoises… *********************************** MAJ après lecture de la seconde version: J’avais été quelque peu frustré, après ma lecture de l’album « Kosmo » - qui m’avait bien plu –, car j’avais l’impression que la fin manquait, que l’histoire avait été abandonnée en plan, assez brutalement, en laissant trop de questions de côté. Et voilà que je tombe sur un nouvel album, publié trois ans plus tard chez le même éditeur, et reprenant l’ancien, en le complétant de « bonus ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit, plus que d’un second tome complétant une « intégrale ». En effet, après l’histoire originelle, ce sont de petites histoires courtes (d’une à une dizaine de pages) qui ont été ajoutées par Witko, complétant des pans de l’histoire, en amont et en aval de celle publiée précédemment. Cela comble certains trous, répond à certaines questions – mais pas à toutes (hélas ?). C’est aussi plus inégal que la première longue histoire. Certains nouveaux passages sont réussis, amusants, d’autres le sont moins. Je reste sur ma note précédente, mais avec un peu plus de regret quand même, ces « bonus » n’étant pas toujours à la hauteur de ce qui les avait précédés (qui peut de toute façon se lire indépendamment).
Kililana Song
Graphiquement, ouvrage le plus abouti de ce qu'à pu sortir Sébastien Flao, avec des recherches sur la lumière très réussies dans sa couleur directe, et quelques magnifiques pages entières et double pages sans texte en pur ravissement visuel. Les personnages sont magnifiquement campés, tous avec une épaisseur psychologique et une justesse rare dans le monde de la BD. Ils transpirent de vérité et d'évidence. L'auteur semble connaître la région et les habitants comme sa poche tant les protagonistes sont bien rendus dans un naturel déconcertant, et au bout des 2 tomes, il me semble avoir réellement voyagé dans un village côtier du Kenya donnant sur l'océan indien avec non loin un archipel de mangroves. L'histoire est bien menée avec rythme, et l'on s'attache directement à tous les personnages bons comme mauvais, signe d'un très grand talent narratif. Un très belle réussite ! Bravo à son auteur !
Commando Torquemada
J’avais acheté à sa sortie l’intégrale, et n’ai donc pas eu à souffrir du manque de considération de Fluide Glacial pour ses lecteurs/acheteurs. En effet, cette intégrale, outre un petit inédit en introduction, reprend les deux albums parus séparément, mais aussi un troisième album inédit (ce qui fait un joli bras d’honneur aux acheteurs des deux premiers : le même éditeur avait fait la même chose avec Colt Bingers l'insoumis !). Bon, cette précision énervée faite. Arrivons à la série elle-même. Et je dois dire que je l’ai trouvée bien marrante, et très recommandable, pour tous les lecteurs adeptes d’humour un peu décalé, un peu noir (vaguement trash) – et en tout cas pas cathos extrémistes ! En effet, le commando en question est composé d’une bombasse cherchant comme le Christ à souffrir pour sa foi (elle se flagelle, embrasse les lépreux, etc.), d’un tueur irlandais citant les répliques de ses films cultes, et d’une sorte de gnome moinillon adepte de potions, drogues et autres poisons. Très typés et atypiques, ces trois-là sont chargés des basses œuvres du Vatican, et sont le bras armés d’Albuferque, conseiller du pape (et qui se verrait bien à sa place). Le pape lui-même est bien déjanté, et en tout cas loin, très loin de l’image que veut donner de lui l’Eglise. Le ton (et le dessin) est parfois proche de Larcenet, jouant sur la parodie, l’humour potache teinté de noir, et les bons mots. Les missions qui sont confiées au commando Torquemada sont déjà bien barrées, mais ils ont en plus une façon bien à eux de les mener à bien – à mal devrais-je dire ! – pour le bonheur de nos zygomatiques. Les deux premiers albums (le deuxième est clairement mon préféré) sont vraiment bien fichus et drôles. J’ai trouvé le troisième un peu en deçà – même si quelques passages sont quand même assez poilants. Note réelle 3,5/5.
L'Histoire des 3 Adolf
C'est avec la réédition de luxe en 2 tomes à l'occasion des 90 ans qu'aurait eu Tezuka que je me suis penché sur cette série que je n'avais pas encore lu de lui. Si c'est une de ses séries les plus connues et les plus apprécié, ce n'est pour ce qui me concerne pas celle que j'ai préféré malgré toutes ses qualités. Tezuka traite dans cette série de la seconde Guerre Mondiale et construit son intrigue autour de trois personnages prénommés Adolf. Hitler fait bien sûr parti du trio, viennent s'y adjoindre deux jeunes garçons vivant au japon. L'un est un juif, fils d'un boulanger, l'autre est à moitié japonais par sa mère et moitié allemand par son père qui travaille pour le consulat du Reich. Nos deux jeunes garçons vont forcément se rencontrer et lier une amitié malgré le contexte historique et la réprobation du père allemand. Ce dernier va d'ailleurs l'envoyer en Allemagne poursuivre ses études dans l'une des écoles des jeunesses hitlérienne les plus renommée. Voilà pour la base, car à coté de ça, Tezuka étoffe très largement son récit avec une foule de personnages qui vont graviter autour de ces Adolf. Ce sont toutes ces petites histoires plutôt que la Grande Histoire qui font la force narrative de Tezuka ; car au lieu de nous raconter la seconde Guerre Mondiale, ses horreurs et la noirceurs de l'âme humaine, il nous dépeint tout cela judicieusement par ces petits rien, ces choix, ces convictions ou ces reniements qui permettent à de telles atrocités de voir le jour ou à quelques anonymes de nous permettre de croire encore un peu dans le genre humain. Concernant son dessin, pas grand chose à rajouter, sinon qu'il est toujours aussi impressionnant d'efficacité de fluidité et d'avant garde pour l'époque. "L'histoire des 3 Adolf" se révèle donc comme une oeuvre majeure d'Osamu Tezuka, même si je lui ai préféré Ayako ou encore Barbara.
La Troisième Population
Pendant quelques semaines, le scénariste Aurélien Ducoudray et le dessinateur Jeff Pourquié ont partagé le quotidien des soignants et des malades de la Chesnaie, une clinique psychiatrique révolutionnaire. Dans ce lieu très ouvert, les patients sont davantage considérés comme des personnes à part entière que comme des malades. Cette BD-docu est le récit d’une expérience atypique. Jadis, la folie faisait peur et on préférait la contenir dans des lieux cachés du monde et cernés de hauts murs. Plutôt que de tenter de les comprendre et de les insérer dans la société, on appliquait à nos « fous » des traitements radicaux qui plutôt que de les soigner, les maintenaient dans leur mal voire l’aggravaient. Les asiles étaient pour eux la destination finale, une sorte de cauchemar terrifiant pour les gens dits normaux. La Chesnaie est une clinique très particulière, qui depuis soixante ans recourt à des méthodes thérapeutiques dont les tenants souhaitaient inverser la vapeur. Ainsi, il s’agit d’un lieu ouvert, où patients et « moniteurs » partagent le même quotidien, où les blouses blanches et tous signes distinctifs sont proscrits. Les auteurs ont donc cohabité avec ces personnes pendant quelques semaines, et leur expérience, si l’on en croit la BD, fut pour le moins enrichissante. De façon étonnante, la première réaction d’Aurélien Ducoudray en arrivant sur le site fut de constater que tout le monde avait l’air normal ! Bien sûr, certains pathologies sont plus aiguës que d’autres, et les cas d’agressivité ou de crise ne sont pas rares, mais dans l’ensemble, la cohabitation semble se dérouler sans trop d’accros. En tout cas, des accros pas suffisamment graves pour empêcher l’établissement de continuer l’expérience. Car à la Chesnaie, il y a aussi beaucoup de vie, avec quantité d’activités sociales est culturelles à disposition des malades. Bien sûr, tout n’est pas rose, la clinique connaît des moments de tension, mais ni plus ni moins que dans la société « normale »,. C’est ainsi qu’au fil des pages, on découvre cette institution hors-normes à travers le regard bienveillant et parfois amusé des auteurs. On réalise que les fous ne sont pas si fous, qu’il y a 36.000 sortes de pathologies, que l’écoute et le respect sont indispensables pour les maintenir dans le monde réel et les amener pourquoi pas sur la voie de la guérison. Des structures d’hébergement hors-clinique ont été mises en place pour redonner leur autonomie aux patients qui le souhaitent. D’ailleurs, une des monitrices témoigne qu’elle a d’abord été patiente à la Chesnaie, l’administration étant beaucoup plus souple à une certaine époque. On apprécie beaucoup le regard plein d’humanité porté par Aurélien Ducoudray sur cet univers méconnu, et nous, lecteurs peut-être bien trop normaux, lui sommes reconnaissants de nous faire profiter de son expérience. Le dessin au bord de l’esquisse de son compère Jeff Pourquié traduit bien l’ambiance qui règne dans cette institution. Dans un ouvrage dominé par des alternances de monochromes, la folie, elle, est incarnée par des explosions de couleurs, comme si le dessinateur lui-même se laissait gagner par cette folie, dans une démarche, inconsciente ou pas, qui contribue à la faire sienne pour mieux la dédramatiser. Contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, « La Troisième population » n’est pas celle des fous. Il s’agit des « extérieurs » qui viennent à la Chesnaie « pour donner quelque chose aux première [les patients] et deuxième [les moniteurs et médecins, ndr] populations ». Ce qu’ont donné Ducoudray et Pourquié durant leur séjour en tant qu’extérieurs, ce sont les ateliers BD qu’ils ont proposé aux patients, entraînant des échanges riches, parfois amusants, que cette bande dessinée relate avec bonheur et un certain humour. Non, la maladie mentale n’est pas si glauque, et si l’image qu’on peut en avoir est telle, c’est probablement lié à la façon dont les institutions et les médias la considèrent. Ce livre montre tout le contraire, nous invitant à modifier radicalement notre point de vue.
The Twelve
3.5 Une bonne mini-série qui met en vedette des super-héros Marvel qui n'avaient pas été utilisés depuis les années 40. On suit donc un groupe de super-héros de la seconde guerre mondiale qui se retrouve dans le monde moderne après avoir été endormi durant des décennies. Ils vont donc apprendre à vivre dans un nouvel environnement et au cours de la série on va apprendre que certains membres possèdent de terribles secrets. L'intrigue est bien menée et chaque personnage est charismatique et bien développé même si certains des douze sont plus mis en avant que d'autres. Le rythme est parfait. Il est un peu lent, mais c'est pour mieux développer les personnages et bien montrer leurs personnalités et du coup j'ai toujours eu la sensation qu'il se passait quelque chose d'intéressant. Le seul défaut que je trouve est que le dénouement dans le second tome m'a semblé un peu trop rapide. En tout cas, une bonne série à lire si on veut un truc de super-héros intelligent qui met en avant la psychologie des personnages. Le dessin est pas mal.
Le Chant des Stryges
Est-il encore besoin de présenter le chant des Stryges ? A mon avis non, car on a là la série phare de son auteur. En 20 ans d'existence elle est devenue un incontournable du genre, et je pense qu'elle a clairement marqué de son empreinte la BD fantastique. D'ailleurs de nombreuses séries parallèles et spin-off son venus enrichir l'univers des Stryges au fil des années. 3 cycles de 6 albums, ce fut long mais ça y est on connait le dénouement. La série démarre sur les chapeaux de roues et les premiers tomes plantent un décor des plus intéressant. Un héros charismatique associée à une jolie héroïne, une bonne dose d’action, et surtout un scénario très bien ficelé qui joue avec des mystères palpitants. La référence à X-files est on ne peut plus appropriée. L'aspect fantastique est suggéré au début, et monte crescendo au fil du premier cycle. C'est extrêmement bien fichu, et ça donne une histoire prenante. La fin du premier cycle est bien trop ouverte et ne répond pas vraiment à nos interrogations, mais au contraire en rajoute. Il y a par la suite quelques longueurs et les tomes sont inégaux. Les revirements de situations un peu nombreux, tout comme les traitres. On ne sait plus qui sont les gentils, qui sont les méchants, qui est avec les Stryges, qui est contre. C'est sans doute nécessaire pour une série aussi longue, mais parfois on s'y perd un peu. Le second cycle est d'ailleurs assez bavard en anecdotes et les aventures de Kevin contre les Stryges deviennent un peu trop secondaires. Les changements de coloristes ne font pas que du bien à la cohérence d'ensemble et les tomes 9 et 10 piquent un peu les yeux. Par contre, que cette fin de second cycle est bien vue. Habilement préparée depuis le début, à part de très minces indices on ne la voit pas vraiment venir. Elle redistribue les cartes, elle prépare à merveille le dernier cycle qui s'annonce forcément sous un autre angle. J'ai également pris beaucoup de plaisir avec le 3e cycle. On est très loin de l'intrigue du début, les enquêtes de Kevin pour découvrir les mystères aux frontières du réel et du fantastique sont oubliées. Mais l'intrigue est tout de même intéressante. Quel sort attend les hybrides ? les humains ? les Stryges ? Que va faire Debbrah ? Plein d'éléments qui tiennent à nouveau en haleine. Le final du 17e tome est spectaculaire et tranchant. Pour moi la série aurait pu s'arrêter là. Le 18e tome est un peu différent et constitue une sorte d'épilogue en fin de compte. Le chant des Stryges est une série fleuve avec des hauts et des bas, qui aura réussi à me tenir en haleine pendant toute la durée. Une série que je suis content de posséder dans ma bibliothèque, que je recommande volontiers aux amateurs de fantastique. Mais 18 tomes, je ne la relirais pas tous les ans :)
Issak
Quand on se visualise mentalement la Guerre de Trente Ans, l'image d'asiatiques en armure virevoltant aux côtés des belligérants lors de batailles rangées n'est pas celle qui nous vient immédiatement à l'esprit. c'est pourtant avec cette anecdote historiquement vérifiable que l'auteur d'Issak (2 tomes sortis) va fonder son concept de base, particulièrement original et captivant. Il faut dire que la Guerre de Trente Ans n'est pas le cadre historique le plus répandu dans le petit monde du manga, plus habitué à l'Europe médiévale, l'Epoque d'Edo, le Japon contemporain, ou alors des oeuvres prospectives et futuristes en tous genres. Ce choix m'a plu d'autant plus que je ne maîtrise cette période que très vaguement; en plus d'être un vrai plaisir de lecture, ces deux premiers tomes se sont révélés être un (petit) cours d'histoire. 1620. L'air au-dessus du Saint Empire Romain Germanique est plombé. Plombé par la haine religieuse qui étouffe les coeurs et détruit la raison. Alors que protestants et catholiques se trucident quotidiennement dans des massacres interminables, au sud-ouest, dans la région du Palatinat du Rhin, la petit-fille d'un forgeron va être sauvée d'un viol par un vagabond armé d'un mousquet, un asiatique qui a fuit son Japon natal pour se mettre aux service des forces protestantes. Cet acte héroïque va désormais lier la jeune roturière et le guerrier nippon, et ils vont poursuivre ensemble un chemin parcouru de rivières de sang et de cadavres désarticulés au beau milieu d'un empire à l'agonie. Je n'ai aucune idée du nombre de tomes encore à paraître, mais les deux premiers auront largement suffit à m'enthousiasmer pour cette superbe série. Magnifié par une illustration que je trouve splendide, avec un trait fin et délicat tout en étant percutant dans sa transcription de l'horreur, le manga tisse une intrigue simple mais haletante ou les desseins personnels se mêlent à la cause commune. Les batailles sont monumentales et immersives : les armures, les vêtements, les canons, les charges de cavalerie...on se croirait réellement dans le feu de l'action, soufflé d'admiration comme tous les autres soldats devant les exploits et la ruse du sniper-mercenaire venu du Japon : il y a pas à dire, le type à la classe ! En un mot comme en cent, je suis conquis. Une fresque homérique violente, une rencontre entre l'Orient et l'Occident passionnante et fructueuse.