La seconde guerre mondiale, des sénégalais enrôlés dans l'armée française pour combattre en Europe, et un album qui s'entame sur une scène d'enfants se recueillant sur la tombe de soldats morts pour la France... Forcément, on se dit que ça va mal finir et que le récit ne sera pas des plus gais.
Et pourtant cette bande dessinée suinte d'optimisme et de bonne humeur.
C'est l'histoire d'un élève-séminariste de Dakar qui se retrouve forcé de rejoindre les rangs des tirailleurs sénégalais au sein desquels son éducation et son caractère bien formé vont rapidement l'élever au rang de sous-officier. Fait prisonnier, il est déporté avec ses compatriotes dans un village Breton par les allemands qui vont les y utiliser comme aides pour les travaux des fermiers locaux. Et c'est là que, malgré les conditions de l'Occupation, va se former un tissu social plein d'humanité où les sénégalais, les bretons et les allemands vont vivre en bonne entente tant que la cruauté de la guerre ne les attendra pas.
C'est une lecture très agréable mettant en scène des personnages originaux qu'on prend plaisir à suivre. Les décors du Sénégal en 1939 puis de la Bretagne campagnarde durant la seconde guerre mondiale sont intéressants et plutôt rares. L'ambiance est pleine de bienveillance et d'espoir, au point que cela manque parfois un peu de crédibilité face à tous ces sourires et ces échanges culturels, mais c'est un parti pris qui me plait et, dans tous les cas, on devine sans peine que les choses ne dureront pas de manière aussi heureuse dans le second tome.
A cela s'ajoute le style graphique de Fournier, tout en douceur et en rondeurs, qui accroît l'ambiance de conte doux-amer de cette série.
C'est un très sympathique premier tome et j'espère que la suite sera du même niveau.
Toujours le même protocole d'expérience sociologique pour Léo: on prend une micro-société humaine qui doit coloniser un monde nouveau, sans espoir de retour.
En explorant les diverses possibilités de ce pitch de départ, on ne s'ennuie pas. On retrouve des points communs avec la série Aldébaran et ses suivantes (une jeune femme comme personnage clef, un vieille femme comme soutien, et autour des seconds rôles consistants, des inventions technologiques curieuses, des êtres vivants inquiétants mais pas encore très originaux dans ce premier tome) mais aussi des nouveautés : cette atmosphère tyrolienne du début qui montre un paysage très conventionnel peu habituel chez Léo, un pseudo-bucheron canadien, deux jumelles déroutantes...
Le dessin est ici colorisé et ombré de manière un peu lourde (un coté pellicule allemande à la Derrick) voire fermée. Mais on ne peut pas s'empêcher d'être intrigué, et d'avoir envie de savoir ce qui va arriver à ce groupe qui part en reconnaissance vers un monde inconnu....
Après la lecture des deux tomes suivant et des autres avis, je suis amusée de l'agacement de Mac Arthur a propos de la scientifique... Une formation scientifique n'empêche pas de dire des banalités dans les moments déstabilisants...
Pour l'histoire, elle continue de me captiver, même si les péripéties sentimentales prennent peut-être un tour de reality-show par moment. Un peu de frivolité est peut-être nécessaire pour faire avaler l'angoisse de la situation. Toujours des bestioles agressives, des énigmes, des complots, des indices qui ne concordent pas... Bref c'est bien ficelé, et les dessins des personnages, un peu figés, (avec un coté Martine à la plage, désagréable) sont compensés par des situations pleines de suspens, et des dialogues assez vraisemblables. Les décors très réalistes sont à observer...Ils vont prendre une importance inattendue dans l'intrigue.
Pour les fans d'Aldébaran c'est incontournable, pour les autres... Faut essayer.
Je commencerais simplement en remerciant Paco dont la critique de cette BD m’a donné envie de la lire. Cette série est simplement énorme. Les auteurs sont à mon avis complètement barrés pour imaginer un truc pareil, mais j’y adhère sans mesure.
On sent que les auteurs sont vraiment relâchés dans ce qu’ils font, le rythme du récit colle parfaitement aux aventures de ce détective cibopathe. Ces dernières sont servies par un trait dynamique et des dessins riches en détails. A ce sujet, la version française est bien faite avec un vrai travail sur la qualité des traductions.
Côté scénario, pas évident d’en parler sans trop en dire, car découvrir cet univers fait partie des plaisirs de la lecture. Mais les « épisodes » s’enchainent sans baisse de rythme et chaque tome de l’édition française nous laisse dans l’impatience de lire la suite. Et les auteurs semblent ne rien se refuser.
A découvrir.
Mise à jour après la lecture des 12 tomes de la série :
Je me tate à aller jusqu'à culte, mais on est au moins à 4,5/5.
Peut être quelques légers essoufflements à noter de temps en temps, mais l'ensemble reste quand même puissamment génial.
Sans rien spoiler, la conclusion est sans concession et montre toute la détermination des auteurs à mener leur barque où ils le souhaitaient.
Le dessin reste riche et plein de détails tout le long de la série.
On voit apparaître de-ci de-là (pas facile à placer celui là!) des privates jokes assez ouvertes pour être comprises par le lecteur.
Du ton très léger du début, on suit l'histoire petit à petit vers un univers un peu plus sombre.
Les personnages s'étoffent au fur et à mesure que l'histoire avance de façon construite, leurs relations gagnent en profondeur. On n'est pas dans de la bande dessinée hautement psychologique, mais l'ensemble reste cohérent du début à la fin.
Je recommande les yeux fermés (pas facile pour lire une bd) cette série, qui manie humour et originalité avec une finesse suffisamment rare pour être notée.
Mangez du poulet et lisez Tony Chu!
Une génération française s’annonce être une série fleuve où l’on va suivre le destin de trois personnages. Ainsi, la suite directe du tome 1 se fera dans le tome 4 et ainsi de suite. Il y aura une première saison puis d’autres qui suivront. Il faut le savoir avant de s’embarquer dans cette longue aventure surtout pour un achat. Les lecteurs ont trop souvent été pris comme des vaches à lait. Il faut par conséquent avoir un peu de méfiance vis-à-vis de ces séries concepts.
Ceci dit, cela ne m’empêche pas de décerner un 4 étoiles car la lecture de ce premier tome a été plutôt convaincante. On assiste à la débâcle de la première armée du monde à savoir l’armée française face au génie de la deutsche qualitât. L’histoire individuelle est mêlée avec des séquences de la grande histoire comme pour souligner le contexte de l’époque.
Ainsi, on peut voir les tirades assassines du colonel De Gaulle ou encore l’inimitié entre Edouard Daladier et Paul Reynaud. On sait que ces deux hommes politiques ont précipité la France dans le gouffre ainsi que le généralissime Gamelin qui a brillé pour son incompétence notoire en pensant par exemple que la forêt des Ardennes était infranchissable. Pour autant, on ne leur demanda aucun compte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en se concentrant surtout sur les hommes de Vichy qui ont également servi de paratonnerre. C’est intéressant de voir une réécriture de l’histoire qui pourra tromper la plupart des lecteurs mais bon, c’est une vision qu’il faudra respecter.
Pour le reste, j’ai trouvé le graphisme fort agréable et précis ce qui procure un véritable plaisir de lecture. C’était très fluide avec des péripéties certes attendus mais assez bien exploités dans ce série chorale. Les personnages sont suffisamment intéressants pour suivre leurs péripéties face aux déchaînements de la grande Histoire.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un album de Will Eisner que je n'avais jamais lu et j'ai été bien content lorsque je suis tombé sur cet album que je ne connaissais pas du tout !
Eisner raconte sa vie lors de son engagement durant la seconde guerre mondiale et aussi l'histoire de sa famille. C'est une vraie saga familiale racontée de main de maître par Eisner. Dès les premières pages j'ai retrouvé ce que j'aime chez cet auteur : un dessin excellent qui fait partie de mes styles préférés et une manière de raconter qui rend n'importe quelle anecdote intéressante. On a droit à une galerie de personnages terriblement humains et l'auteur en profite pour montrer le racisme et l’antisémite des États-Unis de cette période.
À lire si on aime l'auteur. Ceux qui sont allergiques à ses romans graphiques peuvent passer leur chemin sans problème.
Je viens de relire la série complète en "original" et pleine de poussière qui me vient de mes parents ou même grands parents peut être. J'y cherchais outre le souvenir des traces de décalage de néocolonialisme ou autre et j'ai été surpris de ne pas en trouver tant que cela. Par contre une chose m'a sauté au yeux : le héros un intrépide aventurier flanqué de deux acolytes ... un vieux marin bougon et un savant un peu fou ... Hergé avait-il lu ces albums dans son enfance... Je me dis que oui mais c'est juste mon avis :) !
Ahlala, que de bons souvenirs avec cette BD-ci. Un mélange des cours d'histoire de l'art et des expositions impressionnistes que j'allais dévorer dans les musées de la région.
Cette BD arrive à mêler de façon très subtile le merveilleux et l'histoire contemporaine, autour de l'art et des artistes (parfois sans talent). J'ai beaucoup aimé la façon dont ils représentent l'art officiel de l'époque par rapport à celui que nous avons retenu au fil de l'histoire. Et les deux ne sont pas toujours liés.
J'ai beaucoup aimé le dessin qui m'a d'ailleurs rappelé Miss Pas Touche, du même scénariste d'ailleurs. Il retranscrit bien l'atmosphère d'un Paris capitale de l'art Pompier et nouveau. C'est également agréable d'avoir ce faux dossier en fin de BD, offrant une petite vision de l'implacable cours de l'histoire sur l'artiste (qui l'a d'ailleurs mérité et pas seulement parce qu'il est mauvais).
Une BD pleine d'idées amusantes et que j'ai bien apprécié. Une belle découverte !
La collection « Ecritures » regroupe des albums adaptant des classiques de la littérature. Et c’est ici très visible, car le texte est très littéraire – mais dans le bon sens du terme ! En effet, les textes sont ciselés, les bons mots font la part belle à une vision poétique et libératrice de la langue.
Stanislas Gros adapte une œuvre très célèbre d’Oscar Wilde, en y ajoutant – comme il s’en explique dans un court dossier final – quelques touches personnelles. En l’occurrence des emprunts à d’autres grands auteurs (Nietzsche ; Huysmans ; Baudelaire – superbe poème tirés des « Fleurs du mal », etc.).
Baudelaire est d’ailleurs un ajout très pertinent, lui qui défendait le dandysme, comme le fait ici Harry, ami de Dorian Gray, qui personnifie un dandysme dédaigneux, très cynique et distancié.
Une histoire célèbre donc (sorte de démarque de Faust), ici très bien adaptée.
Le dessin est au départ assez surprenant, avec un trait très gras mais simple, qui convient en tout cas très bien à cet album.
Bonne idée aussi de glisser, en bas de chaque page de droite le portrait de Dorian Gray vieillissant (on pourrait presque l’utiliser comme flip book), au fur et à mesure que le personnage en chair et en os sombre dans la violence, le mal, le portrait absorbant par sa dégradation le poison exhalé par Dorian (dont il renvoie ainsi comme un miroir la dégradation morale) – qui lui, reste jeune et immaculé, jusqu’ au dénouement final.
Un album chaudement recommandé !
Excellent
Du contenu à la ligne claire.
De la veine de Crumb, Tomine, et de ses congénères comme Chester Brown et Seth, Joe Matt fait partie de ce courant d'auteurs (et dessinateurs..) U.S à la marge de la société.
De la difficulté de créer, de se décider, propice à l’égocentrisme (la parabole de la masturbation est à mourir de rire) Joe Matt offre un bijou d'humour, noir et dérisoire.
Un livre sur le sexe et l'existentialisme.
P.S : Il est regrettable que nos maisons d’édition n'aillent pas puiser plus souvent du coté des indés américains.
Plus je relis cette BD, et plus je l'apprécie. Peinture d'un pays de l'est non-nommé, mais qu'on peut deviner, l'histoire emprunte celle d'une histoire d'amour pour dépeindre la dictature, la prison, la difficulté de revivre. Mais également à travers tout cela, l'amour, l'art, les femmes. C'est un joyeux mélange de saveurs dans cette histoire racontée par une jeune fille qui fume et laisse s'envoler un peu de fumée bleue.
Le dessin de l'album est très prenant, plongeant dans l'atmosphère à la fois chaude (surtout niveau couleur) et sombre, mélange qui donne tout le ton du livre. L'histoire de cette jeune femme, qu'elle raconte comme pour tirer définitivement un trait sur le passé, et touchante et tragique. Tout n'est que dans les détails mais avec une justesse surprenante. Les idées sont magnifiques (le poème sur les cigarettes notamment, mais également ces femmes suivants les camions), et l'émotion me prend à chaque fois. C'est touchant, aussi bien dans l'histoire d'amour que dans tout le reste.
Cependant, je dois bien confesser que la fin m'a semblé de trop. Les dernières cases n'étaient pas indispensable, et il y a peut-être trop de volonté de faire un happy-end. Telle qu'elle était racontée, l'histoire n'en avait pas besoin.
Je ressors de chacune de mes relectures avec cette émotion dans le ventre. C'est une BD qui a su me toucher, et je trouve qu'elle a quelque chose de beau jusque dans son titre. Si vous aimez la sensibilité malgré la violence, cette BD est faite pour vous.
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La seconde guerre mondiale, des sénégalais enrôlés dans l'armée française pour combattre en Europe, et un album qui s'entame sur une scène d'enfants se recueillant sur la tombe de soldats morts pour la France... Forcément, on se dit que ça va mal finir et que le récit ne sera pas des plus gais. Et pourtant cette bande dessinée suinte d'optimisme et de bonne humeur. C'est l'histoire d'un élève-séminariste de Dakar qui se retrouve forcé de rejoindre les rangs des tirailleurs sénégalais au sein desquels son éducation et son caractère bien formé vont rapidement l'élever au rang de sous-officier. Fait prisonnier, il est déporté avec ses compatriotes dans un village Breton par les allemands qui vont les y utiliser comme aides pour les travaux des fermiers locaux. Et c'est là que, malgré les conditions de l'Occupation, va se former un tissu social plein d'humanité où les sénégalais, les bretons et les allemands vont vivre en bonne entente tant que la cruauté de la guerre ne les attendra pas. C'est une lecture très agréable mettant en scène des personnages originaux qu'on prend plaisir à suivre. Les décors du Sénégal en 1939 puis de la Bretagne campagnarde durant la seconde guerre mondiale sont intéressants et plutôt rares. L'ambiance est pleine de bienveillance et d'espoir, au point que cela manque parfois un peu de crédibilité face à tous ces sourires et ces échanges culturels, mais c'est un parti pris qui me plait et, dans tous les cas, on devine sans peine que les choses ne dureront pas de manière aussi heureuse dans le second tome. A cela s'ajoute le style graphique de Fournier, tout en douceur et en rondeurs, qui accroît l'ambiance de conte doux-amer de cette série. C'est un très sympathique premier tome et j'espère que la suite sera du même niveau.
Centaurus
Toujours le même protocole d'expérience sociologique pour Léo: on prend une micro-société humaine qui doit coloniser un monde nouveau, sans espoir de retour. En explorant les diverses possibilités de ce pitch de départ, on ne s'ennuie pas. On retrouve des points communs avec la série Aldébaran et ses suivantes (une jeune femme comme personnage clef, un vieille femme comme soutien, et autour des seconds rôles consistants, des inventions technologiques curieuses, des êtres vivants inquiétants mais pas encore très originaux dans ce premier tome) mais aussi des nouveautés : cette atmosphère tyrolienne du début qui montre un paysage très conventionnel peu habituel chez Léo, un pseudo-bucheron canadien, deux jumelles déroutantes... Le dessin est ici colorisé et ombré de manière un peu lourde (un coté pellicule allemande à la Derrick) voire fermée. Mais on ne peut pas s'empêcher d'être intrigué, et d'avoir envie de savoir ce qui va arriver à ce groupe qui part en reconnaissance vers un monde inconnu.... Après la lecture des deux tomes suivant et des autres avis, je suis amusée de l'agacement de Mac Arthur a propos de la scientifique... Une formation scientifique n'empêche pas de dire des banalités dans les moments déstabilisants... Pour l'histoire, elle continue de me captiver, même si les péripéties sentimentales prennent peut-être un tour de reality-show par moment. Un peu de frivolité est peut-être nécessaire pour faire avaler l'angoisse de la situation. Toujours des bestioles agressives, des énigmes, des complots, des indices qui ne concordent pas... Bref c'est bien ficelé, et les dessins des personnages, un peu figés, (avec un coté Martine à la plage, désagréable) sont compensés par des situations pleines de suspens, et des dialogues assez vraisemblables. Les décors très réalistes sont à observer...Ils vont prendre une importance inattendue dans l'intrigue. Pour les fans d'Aldébaran c'est incontournable, pour les autres... Faut essayer.
Tony Chu Détective Cannibale
Je commencerais simplement en remerciant Paco dont la critique de cette BD m’a donné envie de la lire. Cette série est simplement énorme. Les auteurs sont à mon avis complètement barrés pour imaginer un truc pareil, mais j’y adhère sans mesure. On sent que les auteurs sont vraiment relâchés dans ce qu’ils font, le rythme du récit colle parfaitement aux aventures de ce détective cibopathe. Ces dernières sont servies par un trait dynamique et des dessins riches en détails. A ce sujet, la version française est bien faite avec un vrai travail sur la qualité des traductions. Côté scénario, pas évident d’en parler sans trop en dire, car découvrir cet univers fait partie des plaisirs de la lecture. Mais les « épisodes » s’enchainent sans baisse de rythme et chaque tome de l’édition française nous laisse dans l’impatience de lire la suite. Et les auteurs semblent ne rien se refuser. A découvrir. Mise à jour après la lecture des 12 tomes de la série : Je me tate à aller jusqu'à culte, mais on est au moins à 4,5/5. Peut être quelques légers essoufflements à noter de temps en temps, mais l'ensemble reste quand même puissamment génial. Sans rien spoiler, la conclusion est sans concession et montre toute la détermination des auteurs à mener leur barque où ils le souhaitaient. Le dessin reste riche et plein de détails tout le long de la série. On voit apparaître de-ci de-là (pas facile à placer celui là!) des privates jokes assez ouvertes pour être comprises par le lecteur. Du ton très léger du début, on suit l'histoire petit à petit vers un univers un peu plus sombre. Les personnages s'étoffent au fur et à mesure que l'histoire avance de façon construite, leurs relations gagnent en profondeur. On n'est pas dans de la bande dessinée hautement psychologique, mais l'ensemble reste cohérent du début à la fin. Je recommande les yeux fermés (pas facile pour lire une bd) cette série, qui manie humour et originalité avec une finesse suffisamment rare pour être notée. Mangez du poulet et lisez Tony Chu!
Une génération française
Une génération française s’annonce être une série fleuve où l’on va suivre le destin de trois personnages. Ainsi, la suite directe du tome 1 se fera dans le tome 4 et ainsi de suite. Il y aura une première saison puis d’autres qui suivront. Il faut le savoir avant de s’embarquer dans cette longue aventure surtout pour un achat. Les lecteurs ont trop souvent été pris comme des vaches à lait. Il faut par conséquent avoir un peu de méfiance vis-à-vis de ces séries concepts. Ceci dit, cela ne m’empêche pas de décerner un 4 étoiles car la lecture de ce premier tome a été plutôt convaincante. On assiste à la débâcle de la première armée du monde à savoir l’armée française face au génie de la deutsche qualitât. L’histoire individuelle est mêlée avec des séquences de la grande histoire comme pour souligner le contexte de l’époque. Ainsi, on peut voir les tirades assassines du colonel De Gaulle ou encore l’inimitié entre Edouard Daladier et Paul Reynaud. On sait que ces deux hommes politiques ont précipité la France dans le gouffre ainsi que le généralissime Gamelin qui a brillé pour son incompétence notoire en pensant par exemple que la forêt des Ardennes était infranchissable. Pour autant, on ne leur demanda aucun compte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale en se concentrant surtout sur les hommes de Vichy qui ont également servi de paratonnerre. C’est intéressant de voir une réécriture de l’histoire qui pourra tromper la plupart des lecteurs mais bon, c’est une vision qu’il faudra respecter. Pour le reste, j’ai trouvé le graphisme fort agréable et précis ce qui procure un véritable plaisir de lecture. C’était très fluide avec des péripéties certes attendus mais assez bien exploités dans ce série chorale. Les personnages sont suffisamment intéressants pour suivre leurs péripéties face aux déchaînements de la grande Histoire.
Au coeur de la tempête (Voyage au coeur de la tempête)
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un album de Will Eisner que je n'avais jamais lu et j'ai été bien content lorsque je suis tombé sur cet album que je ne connaissais pas du tout ! Eisner raconte sa vie lors de son engagement durant la seconde guerre mondiale et aussi l'histoire de sa famille. C'est une vraie saga familiale racontée de main de maître par Eisner. Dès les premières pages j'ai retrouvé ce que j'aime chez cet auteur : un dessin excellent qui fait partie de mes styles préférés et une manière de raconter qui rend n'importe quelle anecdote intéressante. On a droit à une galerie de personnages terriblement humains et l'auteur en profite pour montrer le racisme et l’antisémite des États-Unis de cette période. À lire si on aime l'auteur. Ceux qui sont allergiques à ses romans graphiques peuvent passer leur chemin sans problème.
Zozo
Je viens de relire la série complète en "original" et pleine de poussière qui me vient de mes parents ou même grands parents peut être. J'y cherchais outre le souvenir des traces de décalage de néocolonialisme ou autre et j'ai été surpris de ne pas en trouver tant que cela. Par contre une chose m'a sauté au yeux : le héros un intrépide aventurier flanqué de deux acolytes ... un vieux marin bougon et un savant un peu fou ... Hergé avait-il lu ces albums dans son enfance... Je me dis que oui mais c'est juste mon avis :) !
La Sirène des pompiers
Ahlala, que de bons souvenirs avec cette BD-ci. Un mélange des cours d'histoire de l'art et des expositions impressionnistes que j'allais dévorer dans les musées de la région. Cette BD arrive à mêler de façon très subtile le merveilleux et l'histoire contemporaine, autour de l'art et des artistes (parfois sans talent). J'ai beaucoup aimé la façon dont ils représentent l'art officiel de l'époque par rapport à celui que nous avons retenu au fil de l'histoire. Et les deux ne sont pas toujours liés. J'ai beaucoup aimé le dessin qui m'a d'ailleurs rappelé Miss Pas Touche, du même scénariste d'ailleurs. Il retranscrit bien l'atmosphère d'un Paris capitale de l'art Pompier et nouveau. C'est également agréable d'avoir ce faux dossier en fin de BD, offrant une petite vision de l'implacable cours de l'histoire sur l'artiste (qui l'a d'ailleurs mérité et pas seulement parce qu'il est mauvais). Une BD pleine d'idées amusantes et que j'ai bien apprécié. Une belle découverte !
Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde
La collection « Ecritures » regroupe des albums adaptant des classiques de la littérature. Et c’est ici très visible, car le texte est très littéraire – mais dans le bon sens du terme ! En effet, les textes sont ciselés, les bons mots font la part belle à une vision poétique et libératrice de la langue. Stanislas Gros adapte une œuvre très célèbre d’Oscar Wilde, en y ajoutant – comme il s’en explique dans un court dossier final – quelques touches personnelles. En l’occurrence des emprunts à d’autres grands auteurs (Nietzsche ; Huysmans ; Baudelaire – superbe poème tirés des « Fleurs du mal », etc.). Baudelaire est d’ailleurs un ajout très pertinent, lui qui défendait le dandysme, comme le fait ici Harry, ami de Dorian Gray, qui personnifie un dandysme dédaigneux, très cynique et distancié. Une histoire célèbre donc (sorte de démarque de Faust), ici très bien adaptée. Le dessin est au départ assez surprenant, avec un trait très gras mais simple, qui convient en tout cas très bien à cet album. Bonne idée aussi de glisser, en bas de chaque page de droite le portrait de Dorian Gray vieillissant (on pourrait presque l’utiliser comme flip book), au fur et à mesure que le personnage en chair et en os sombre dans la violence, le mal, le portrait absorbant par sa dégradation le poison exhalé par Dorian (dont il renvoie ainsi comme un miroir la dégradation morale) – qui lui, reste jeune et immaculé, jusqu’ au dénouement final. Un album chaudement recommandé !
Epuisé
Excellent Du contenu à la ligne claire. De la veine de Crumb, Tomine, et de ses congénères comme Chester Brown et Seth, Joe Matt fait partie de ce courant d'auteurs (et dessinateurs..) U.S à la marge de la société. De la difficulté de créer, de se décider, propice à l’égocentrisme (la parabole de la masturbation est à mourir de rire) Joe Matt offre un bijou d'humour, noir et dérisoire. Un livre sur le sexe et l'existentialisme. P.S : Il est regrettable que nos maisons d’édition n'aillent pas puiser plus souvent du coté des indés américains.
Un peu de fumée bleue...
Plus je relis cette BD, et plus je l'apprécie. Peinture d'un pays de l'est non-nommé, mais qu'on peut deviner, l'histoire emprunte celle d'une histoire d'amour pour dépeindre la dictature, la prison, la difficulté de revivre. Mais également à travers tout cela, l'amour, l'art, les femmes. C'est un joyeux mélange de saveurs dans cette histoire racontée par une jeune fille qui fume et laisse s'envoler un peu de fumée bleue. Le dessin de l'album est très prenant, plongeant dans l'atmosphère à la fois chaude (surtout niveau couleur) et sombre, mélange qui donne tout le ton du livre. L'histoire de cette jeune femme, qu'elle raconte comme pour tirer définitivement un trait sur le passé, et touchante et tragique. Tout n'est que dans les détails mais avec une justesse surprenante. Les idées sont magnifiques (le poème sur les cigarettes notamment, mais également ces femmes suivants les camions), et l'émotion me prend à chaque fois. C'est touchant, aussi bien dans l'histoire d'amour que dans tout le reste. Cependant, je dois bien confesser que la fin m'a semblé de trop. Les dernières cases n'étaient pas indispensable, et il y a peut-être trop de volonté de faire un happy-end. Telle qu'elle était racontée, l'histoire n'en avait pas besoin. Je ressors de chacune de mes relectures avec cette émotion dans le ventre. C'est une BD qui a su me toucher, et je trouve qu'elle a quelque chose de beau jusque dans son titre. Si vous aimez la sensibilité malgré la violence, cette BD est faite pour vous.