Voilà une histoire qui semble n’avoir ni queue ni tête (et la première planche, très touffue, hyper chargée et confuse peut dérouter celui qui découvre là le travail de Vanoli). Je dirais plutôt qu’elle n’a ni début ni fin. On est donc là dans un univers – caractéristique de l’auteur – qui ne correspond pas aux canons habituels du neuvième art.
Alors que les premières cases débordent de la violence des batailles, l’histoire se déroule plutôt sur un rythme lent, contemplatif. Elle se passe dans une Chine ou un Japon médiéval (mais quelques termes hautement anachroniques apportent de petites touches étranges), alternant les dialogues entre deux bonhommes errant et illustration d’une sorte de conte.
C’est en fait une chouette balade, que le dessin typique de Vanoli magnifie (il faut être réceptif à son style, mais moi j’aime vraiment beaucoup son dessin en à-plats, son Noir et Blanc gras dont le rendu est parfois proche de certaines gravures).
Exercice fragile, qui peine visiblement à trouver ses lecteurs (presque un avis tous les dix ans sur le site !), mais qui mérite qu’on y jette un coup d’œil.
Hey ! Un p'tit voyage dans notre jeunesse quand nous découvrions la richesse de la fantasy, ça vous dit ??? Voilà que Delcourt édite une adaptation de Mickael Moorcock réalisée par Mike Baron et le tout jeune Mike Mignola ! Alors oui la version américaine à déjà 30 ans, mais ça a plutôt bien vieilli, donnant à l'ensemble un petit côté vintage pas désagréable, surtout quand on aime l'univers de Moorcock et le comics des années 80'.
Le Prince Corum Jjhalen surnommé le Prince à la Robe Ecarlate voit son royaume et son peuple anéanti par les terribles Mabden, horde sauvage qui rase tout sur son passage. Corum sauvera sa peau mais y laissera un oeil et une main. Mu par la vengeance il fera alliance avec un demi dieu qui, en échange d'un "petit service" lui octroiera une nouvelle main et un nouvel oeil magiques ou maléfiques... A cette occasion il tombera aussi amoureux de la belle Rhalina qu'il promettra de revenir chercher quand il aura accompli sa mission.
Nous sommes donc bien là sur le bon vieux terreau de la fantasy qu'affectionne Moorcock, avec toute l'ambivalence de ses personnages et des différents plans régissants l'univers où ils évoluent. Ce premier tome s'il surprend au premier abord par ce côté un peu suranné se laisse mine de rien rapidement apprivoisé et c'est avec délice que j'ai retrouvé ces arcanes de la fantasy sous le trait d'un Mignola qui n'a pas encore le trait si typé qu'on lui connait aujourd'hui mais déjà un talent remarquable.
C'est donc avec curiosité et enthousiasme que je lirais la suite de cette série prévue en 4 tomes.
Gaëlle Geniller signe avec cette BD son premier album en assurant le dessin et le scénario. Et pour une première, c'est plutôt une réussite !
Voilà en effet un album jeunesse plein de fraicheur qui aborde le thème de la différence de façon subtile et très poétique. Deux jeunes garçons vivent normalement avec leur parents jusqu'au jour où l'aîné se réveille étrangement un matin avec des fleurs qui lui poussent sur la tête. Paniqué au début, puis rassuré par les membres de sa famille, il va petit à petit apprivoiser ce nouvel ornement et même réussir à communiquer avec elles pour son plus grand bonheur. Reste que le regard des autres ne va pas être aussi évident à digérer et faire accepter cette différence ne se fera pas sans mal.
C'est presque un conte tinté d'une petite touche de fantastique que nous livre Gaëlle Geniller pour traiter d'un sujet aussi univers que la différence. C'est fait de façon intelligente, tout en douceur tant dans la narration que dans son trait et sa palette. Différence, acceptation de soi, regard des autres et communication, voilà quatre petits fils conducteurs qui tissent une bien belle histoire dans un écrin graphique au diapason.
Une auteure à suivre et à découvrir !
Au bout de quelques pages de lecture de cet album, j'ai cru l'avoir déjà lu. Et cela m'étonnait car comme j'y accrochais bien, je me disais que je m'en serais quand même bien souvenu. Ce n'est qu'après coup que j'ai réalisé que j'avais déjà lu la biographie de ce même personnage dans Alexandre Jacob - Journal d'un anarchiste cambrioleur. Mais effectivement, j'ai bien davantage accroché à cet album là, "Le Travailleur de la nuit".
C'est en grande partie grâce au dessin qui est de très bonne qualité. J'aime le soin du détail apporté aux décors tandis que c'est le soin au dynamisme et à l'expressivité qui est apporté aux personnages. J'aime les couleurs à la fois sobres et chaudes. C'est élégant et très agréable à la lecture.
La narration aussi est très bonne car on n'est vraiment plongé dans ce récit biographique comme dans une histoire d'aventure, dense et mouvementée. Quelle vie a vécu ce personnage ! Et quelle personnalité ! Moi qui n'ai aucun penchant anarchiste et qui réprouve les voleurs et autres escrocs, je me suis senti proche de cet homme et de son état d'esprit que j'ai trouvé très juste malgré ses actes criminels.
Le récit évite le manichéisme, montrant que nul homme n'est parfait, et grâce à cela il se révèle sincère et touchant.
Excellent album !
Je ne suis pas un fan absolu des BD avec des cow-boys et des indiens. Mais en plongeant dans la série Catamount et plus particulièrement dans le tome 3, je dois avouer que je suis conquis. Dans la catégorie western, c’est une série à mettre dans votre bibliothèque ! Le dessin de Benjamin Blasco-Martinez est sombre mais c’est pour mieux mettre en avant une violence palpable que nous retrouvons sur presque toutes les pages. Les paysages sont juste admirables. J’ai adoré.
Le trait léché et travaillé de Loïc Malnati se rapproche davantage de l’illustration que de la bd proprement dite. Chaque case est un chef d’œuvre qui mérite d’être exposé. Etre tatoueur aide manifestement à développer une telle singularité dans le trait.
Cet album rassemble deux récits courts « Silence » et « fleur éternelle ». En première lecture, j’avoue avoir eu une préférence nette pour le deuxième qui mélange subtilement peine et espoir, mort et vie avec, comme symbole, une fleur imaginaire. J’ai particulièrement été sensible au traitement tout en finesse et douceur de cette histoire triste.
En m’intéressant à cette bd sur le net en vue de l’aviser, je me suis rendu compte que Silence, le premier Conte Mécanique, évoque l'attentat de la promenade des anglais à Nice. Une seconde lecture m’a permis de mieux appréhender les desseins de l’auteur et d’en saisir sa pleine signification. Et je dois dire qu’il réalise un sacré tour de force en abordant un événement aussi tragique de manière aussi poétique. Le message n’est pas en reste en développant un optimisme inébranlable.
Bref, voici une bd à part d’un auteur qui l’est tout autant. Un second opus est prévu pour septembre 2019 avec Stephen Desberg au scénario.
Clairement, je ne m’attendais pas à autant aimer cet album. Et un grand merci à Gruizzli pour avoir attiré l’attention de Little Miss Giggles dessus, me permettant par ricochet de le découvrir à mon tour.
Tout d’abord, la technique du récit à quatre mains est magistralement maîtrisée. Le pari de changer d’auteure à chaque page était pourtant très audacieux mais le rythme narratif n’est jamais perturbé par cette technique. Au contraire, serais-je tenté de dire, il est constamment relancé. A un point tel qu’il m’a été impossible d’interrompre ma lecture avant la dernière page.
Ensuite vient le sujet. Cette histoire d’amour qui se dessine lentement, progressivement, sans même que les deux personnages ne s’en rendent compte, nous est racontée avec sensibilité. C’est un récit moderne, jeune et pourtant subtil et mature. Ce contraste entre le modernisme de la forme et la maturité du propos m’a réellement foutu une bonne claque dans la tronche (et dieu que ça fait du bien !)
Alors oui, bon, il y a peut-être quelques (rares) raccourcis faciles qui pourraient un peu tempérer mon enthousiasme, un côté « feel good story » parfois un peu trop sucré pour un palais saturé comme le mien… mais je serais hypocrite si je n’avouais pas avoir été profondément touché par cette histoire.
C’est une très grosse surprise pour moi, et j’en suis ravi. Lecture hautement recommandée à tout amateur de comédie romantique ! Les autres sont également invité à y jeter un œil attentif, ne fusse que pour la maîtrise technique de cette narration à quatre mains et deux cerveaux.
Gung Ho est incontestablement une très bonne série ! La surprise d'un premier tome un peu sorti de nulle part a laissé place à la confirmation grâce à quatre tomes prenants et bien balancés. Il n'en reste plus qu'un pour conclure la saga (à l'heure où je remets à jour mon avis) et je me demande un peu comment les auteurs vont faire pour nous offrir une fin digne de ce nom tant les pistes à explorer demeurent nombreuses.
Pourtant le scénario est des plus classiques puisque nous nous retrouvons dans un univers post-apocalyptique avec un camp fortifié isolé menacé par des ennemis extérieurs et avec des adolescents en vedettes.
Mais la première chose que l’on remarque en feuilletant la série, c’est le dessin de Thomas Von Kummant. Extrêmement travaillé et d’aspect synthétique, il ne m’a pas subjugué au premier coup d’œil. Pourtant, à la lecture, je suis définitivement tombé sous son charme. La colorisation est des plus osées, les cases sont fouillées et si le travail sur bases photographiques est évident, le résultat final est des plus esthétiques et personnels. De plus, malgré ce procédé, le trait reste dynamique et lisible. Ce style permet clairement au lecteur de plonger dans un autre univers, dans quelque chose de différent.
Puis vient un scénario bien pensé. Ce qui m’a marqué à ce niveau, c’est le travail par couples. Nous avons deux dirigeants obligés de travailler ensemble mais que tout oppose, deux adolescents en vedette, eux aussi unis de prime abord mais aux comportements finalement fort différents, deux groupes d’adolescents clairement définis, sans oublier la césure qui existe entre les adolescents et enfants d’une part et les adultes d’autre part. Ces multiples duos permettent bien des variations et une grande richesse dans le panel des personnages proposés.
Je soulignerais ensuite un suspense bien entretenu. Longtemps on ignore tout de la menace extérieure. Et si l’on sent la tension, on se demande bien sous quelle forme cette menace va nous apparaître. Je vous en laisse la surprise, c’est un des très bons moments du premier tome. Mais, alors que les tomes s'enchaînent, les rivalités s'exacerbent et les personnages gagnent en profondeur, en complexité.
Enfin, ce type d’histoire nous donne envie d’en savoir plus à bien des points de vue. Nous avons tout à découvrir et notre curiosité est titillée à de multiples reprises. Du coup, je peux clairement déclarer qu'après quatre tomes, je ne suis pas rassasié.
En définitive, cette série se dévore avec grand plaisir. Je vous invite clairement à vous laisser tenter.
Une oeuvre dans la droite ligne de 13 reason why (pour ceux qui connaissent à la fois le roman et la série sur Netflix). Mélinda n'a jamais réussi à parler de son viol tant l'épreuve a été difficile à vivre.
Elle est devenue une sorte de paria au sein de son lycée pour avoir appeler la police lors de cette fête où elle avait trop bu et où l'on a abusé d'elle. Cependant, elle n'est pas aller jusqu'au bout de sa démarche de dénonciation. Du coup, elle va perdre progressivement ses amies et ses parents sont trop éloignés de ses préoccupations. Ses résultats scolaires vont chuter sauf dans une seule matière à savoir les arts plastiques qui laissent s'exprimer ses émotions cachées. Elle sera même victime d'harcèlement scolaire.
C'est une oeuvre qui s'étale sur presque 400 pages. C'est long car on va avoir droit à beaucoup de souffrances qui s'expriment autrement que par des mots. Les victimes ont souvent du mal à se faire entendre après une agression. C'est également très difficile de voir son bourreau tous les jours dans le lycée et qu'il fait comme si de rien n'était en étant sûr de sa supériorité. La beauté masculine n'excuse pas tout bien au contraire.
C'est comme un journal intime qu'on lit entre les mains. C'est touchant sur un sujet tabou. Le ton reste toujours juste sans tomber dans le pathologique. Une oeuvre qui mériterait d'être un peu plus connue car utile pour une prise de conscience. Non, c'est non !
Exceptionnel et grandiose !
C'est pour moi LE roman graphique de ce début d'année qui nous propose un récit apocalyptique sans zombies à la démarche saccadée et pathétique, et qui dans sa cruelle possibilité nous donne à réfléchir sur certains aspects de notre monde.
Il y avait bien longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi fort. Imaginez un gros roman graphique de 380 pages qui dès sa lecture entamée ne vous lâche plus. Nul doute qu'en tant qu'amateur de BD, vous soyez également un adepte du cinéma, et donc vous connaissez forcément Alejandro Gonzàles Inarritu et plus particulièrement deux de ses films : "21 grammes" et "Babel". C'est à ces films "chorale" que fait indubitablement penser cette histoire. Grâce à un découpage nerveux et intelligemment pensé, nous passons d'un personnage à l'autre. J'aime particulièrement Yoyo et ses devinettes.
Dans un futur pas trop éloigné, "le Chuchoteur" est recherché par toutes les polices du pays car il pirate les ondes du plus grand réseau d'information qui soit, TV Net. Il diffuse des messages à une population qu'il juge docile et trop aliénée par le pouvoir. Qui est cet homme qui heurte les consciences de uns et fait trembler le pouvoir ? Est-ce un des membres de ce groupe de rock qui malgré la situation cherche à enregistrer un album ? Est-ce ce vieil écrivain en mal d'inspiration ? L'assassin aux ordres d'une puissante multinationale ? Quand en plus une terrible épidémie véhicule un virus dit de "la dépression" qui se propage sur toute la planète (quelques instants avant leur mort les personnes infectées pleurent des larmes de sang ), plutôt que de soigner la population les autorités préfèrent se concentrer sur la capture du "Chuchoteur".
Au scénario, dessin et colorisation, Colo, un auteur que je connaissais pas. Ce gars est un furieux que ce soit au niveau de la construction, du découpage et de la lente mais inéluctable montée en tension. Il n'y a rien à redire. Le dessin est dans un style semi-réaliste avec surtout un découpage qui insère des pages notamment celles où "le Chuchoteur" s'exprime, sans parler des récits que l'écrivain vieilli ne racontera jamais. Je ne sais qu'ajouter de plus pour vous donner envie de lire ce gros pavé qui renouvelle le genre du récit apocalyptique et de fort belle manière qui plus est.
Merci aux Éditions du Long Bec d'avoir eu l'audace de sortir ce gros pavé, merci à Fabrice scénariste à ses heures, ici chargé de l'adaptation des dialogues.
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Le Bon Endroit
Voilà une histoire qui semble n’avoir ni queue ni tête (et la première planche, très touffue, hyper chargée et confuse peut dérouter celui qui découvre là le travail de Vanoli). Je dirais plutôt qu’elle n’a ni début ni fin. On est donc là dans un univers – caractéristique de l’auteur – qui ne correspond pas aux canons habituels du neuvième art. Alors que les premières cases débordent de la violence des batailles, l’histoire se déroule plutôt sur un rythme lent, contemplatif. Elle se passe dans une Chine ou un Japon médiéval (mais quelques termes hautement anachroniques apportent de petites touches étranges), alternant les dialogues entre deux bonhommes errant et illustration d’une sorte de conte. C’est en fait une chouette balade, que le dessin typique de Vanoli magnifie (il faut être réceptif à son style, mais moi j’aime vraiment beaucoup son dessin en à-plats, son Noir et Blanc gras dont le rendu est parfois proche de certaines gravures). Exercice fragile, qui peine visiblement à trouver ses lecteurs (presque un avis tous les dix ans sur le site !), mais qui mérite qu’on y jette un coup d’œil.
Les Chroniques de Corum
Hey ! Un p'tit voyage dans notre jeunesse quand nous découvrions la richesse de la fantasy, ça vous dit ??? Voilà que Delcourt édite une adaptation de Mickael Moorcock réalisée par Mike Baron et le tout jeune Mike Mignola ! Alors oui la version américaine à déjà 30 ans, mais ça a plutôt bien vieilli, donnant à l'ensemble un petit côté vintage pas désagréable, surtout quand on aime l'univers de Moorcock et le comics des années 80'. Le Prince Corum Jjhalen surnommé le Prince à la Robe Ecarlate voit son royaume et son peuple anéanti par les terribles Mabden, horde sauvage qui rase tout sur son passage. Corum sauvera sa peau mais y laissera un oeil et une main. Mu par la vengeance il fera alliance avec un demi dieu qui, en échange d'un "petit service" lui octroiera une nouvelle main et un nouvel oeil magiques ou maléfiques... A cette occasion il tombera aussi amoureux de la belle Rhalina qu'il promettra de revenir chercher quand il aura accompli sa mission. Nous sommes donc bien là sur le bon vieux terreau de la fantasy qu'affectionne Moorcock, avec toute l'ambivalence de ses personnages et des différents plans régissants l'univers où ils évoluent. Ce premier tome s'il surprend au premier abord par ce côté un peu suranné se laisse mine de rien rapidement apprivoisé et c'est avec délice que j'ai retrouvé ces arcanes de la fantasy sous le trait d'un Mignola qui n'a pas encore le trait si typé qu'on lui connait aujourd'hui mais déjà un talent remarquable. C'est donc avec curiosité et enthousiasme que je lirais la suite de cette série prévue en 4 tomes.
Les Fleurs de Grand frère
Gaëlle Geniller signe avec cette BD son premier album en assurant le dessin et le scénario. Et pour une première, c'est plutôt une réussite ! Voilà en effet un album jeunesse plein de fraicheur qui aborde le thème de la différence de façon subtile et très poétique. Deux jeunes garçons vivent normalement avec leur parents jusqu'au jour où l'aîné se réveille étrangement un matin avec des fleurs qui lui poussent sur la tête. Paniqué au début, puis rassuré par les membres de sa famille, il va petit à petit apprivoiser ce nouvel ornement et même réussir à communiquer avec elles pour son plus grand bonheur. Reste que le regard des autres ne va pas être aussi évident à digérer et faire accepter cette différence ne se fera pas sans mal. C'est presque un conte tinté d'une petite touche de fantastique que nous livre Gaëlle Geniller pour traiter d'un sujet aussi univers que la différence. C'est fait de façon intelligente, tout en douceur tant dans la narration que dans son trait et sa palette. Différence, acceptation de soi, regard des autres et communication, voilà quatre petits fils conducteurs qui tissent une bien belle histoire dans un écrin graphique au diapason. Une auteure à suivre et à découvrir !
Le Travailleur de la nuit
Au bout de quelques pages de lecture de cet album, j'ai cru l'avoir déjà lu. Et cela m'étonnait car comme j'y accrochais bien, je me disais que je m'en serais quand même bien souvenu. Ce n'est qu'après coup que j'ai réalisé que j'avais déjà lu la biographie de ce même personnage dans Alexandre Jacob - Journal d'un anarchiste cambrioleur. Mais effectivement, j'ai bien davantage accroché à cet album là, "Le Travailleur de la nuit". C'est en grande partie grâce au dessin qui est de très bonne qualité. J'aime le soin du détail apporté aux décors tandis que c'est le soin au dynamisme et à l'expressivité qui est apporté aux personnages. J'aime les couleurs à la fois sobres et chaudes. C'est élégant et très agréable à la lecture. La narration aussi est très bonne car on n'est vraiment plongé dans ce récit biographique comme dans une histoire d'aventure, dense et mouvementée. Quelle vie a vécu ce personnage ! Et quelle personnalité ! Moi qui n'ai aucun penchant anarchiste et qui réprouve les voleurs et autres escrocs, je me suis senti proche de cet homme et de son état d'esprit que j'ai trouvé très juste malgré ses actes criminels. Le récit évite le manichéisme, montrant que nul homme n'est parfait, et grâce à cela il se révèle sincère et touchant. Excellent album !
Catamount
Je ne suis pas un fan absolu des BD avec des cow-boys et des indiens. Mais en plongeant dans la série Catamount et plus particulièrement dans le tome 3, je dois avouer que je suis conquis. Dans la catégorie western, c’est une série à mettre dans votre bibliothèque ! Le dessin de Benjamin Blasco-Martinez est sombre mais c’est pour mieux mettre en avant une violence palpable que nous retrouvons sur presque toutes les pages. Les paysages sont juste admirables. J’ai adoré.
Contes Mécaniques
Le trait léché et travaillé de Loïc Malnati se rapproche davantage de l’illustration que de la bd proprement dite. Chaque case est un chef d’œuvre qui mérite d’être exposé. Etre tatoueur aide manifestement à développer une telle singularité dans le trait. Cet album rassemble deux récits courts « Silence » et « fleur éternelle ». En première lecture, j’avoue avoir eu une préférence nette pour le deuxième qui mélange subtilement peine et espoir, mort et vie avec, comme symbole, une fleur imaginaire. J’ai particulièrement été sensible au traitement tout en finesse et douceur de cette histoire triste. En m’intéressant à cette bd sur le net en vue de l’aviser, je me suis rendu compte que Silence, le premier Conte Mécanique, évoque l'attentat de la promenade des anglais à Nice. Une seconde lecture m’a permis de mieux appréhender les desseins de l’auteur et d’en saisir sa pleine signification. Et je dois dire qu’il réalise un sacré tour de force en abordant un événement aussi tragique de manière aussi poétique. Le message n’est pas en reste en développant un optimisme inébranlable. Bref, voici une bd à part d’un auteur qui l’est tout autant. Un second opus est prévu pour septembre 2019 avec Stephen Desberg au scénario.
La Fille dans l'écran
Clairement, je ne m’attendais pas à autant aimer cet album. Et un grand merci à Gruizzli pour avoir attiré l’attention de Little Miss Giggles dessus, me permettant par ricochet de le découvrir à mon tour. Tout d’abord, la technique du récit à quatre mains est magistralement maîtrisée. Le pari de changer d’auteure à chaque page était pourtant très audacieux mais le rythme narratif n’est jamais perturbé par cette technique. Au contraire, serais-je tenté de dire, il est constamment relancé. A un point tel qu’il m’a été impossible d’interrompre ma lecture avant la dernière page. Ensuite vient le sujet. Cette histoire d’amour qui se dessine lentement, progressivement, sans même que les deux personnages ne s’en rendent compte, nous est racontée avec sensibilité. C’est un récit moderne, jeune et pourtant subtil et mature. Ce contraste entre le modernisme de la forme et la maturité du propos m’a réellement foutu une bonne claque dans la tronche (et dieu que ça fait du bien !) Alors oui, bon, il y a peut-être quelques (rares) raccourcis faciles qui pourraient un peu tempérer mon enthousiasme, un côté « feel good story » parfois un peu trop sucré pour un palais saturé comme le mien… mais je serais hypocrite si je n’avouais pas avoir été profondément touché par cette histoire. C’est une très grosse surprise pour moi, et j’en suis ravi. Lecture hautement recommandée à tout amateur de comédie romantique ! Les autres sont également invité à y jeter un œil attentif, ne fusse que pour la maîtrise technique de cette narration à quatre mains et deux cerveaux.
Gung Ho
Gung Ho est incontestablement une très bonne série ! La surprise d'un premier tome un peu sorti de nulle part a laissé place à la confirmation grâce à quatre tomes prenants et bien balancés. Il n'en reste plus qu'un pour conclure la saga (à l'heure où je remets à jour mon avis) et je me demande un peu comment les auteurs vont faire pour nous offrir une fin digne de ce nom tant les pistes à explorer demeurent nombreuses. Pourtant le scénario est des plus classiques puisque nous nous retrouvons dans un univers post-apocalyptique avec un camp fortifié isolé menacé par des ennemis extérieurs et avec des adolescents en vedettes. Mais la première chose que l’on remarque en feuilletant la série, c’est le dessin de Thomas Von Kummant. Extrêmement travaillé et d’aspect synthétique, il ne m’a pas subjugué au premier coup d’œil. Pourtant, à la lecture, je suis définitivement tombé sous son charme. La colorisation est des plus osées, les cases sont fouillées et si le travail sur bases photographiques est évident, le résultat final est des plus esthétiques et personnels. De plus, malgré ce procédé, le trait reste dynamique et lisible. Ce style permet clairement au lecteur de plonger dans un autre univers, dans quelque chose de différent. Puis vient un scénario bien pensé. Ce qui m’a marqué à ce niveau, c’est le travail par couples. Nous avons deux dirigeants obligés de travailler ensemble mais que tout oppose, deux adolescents en vedette, eux aussi unis de prime abord mais aux comportements finalement fort différents, deux groupes d’adolescents clairement définis, sans oublier la césure qui existe entre les adolescents et enfants d’une part et les adultes d’autre part. Ces multiples duos permettent bien des variations et une grande richesse dans le panel des personnages proposés. Je soulignerais ensuite un suspense bien entretenu. Longtemps on ignore tout de la menace extérieure. Et si l’on sent la tension, on se demande bien sous quelle forme cette menace va nous apparaître. Je vous en laisse la surprise, c’est un des très bons moments du premier tome. Mais, alors que les tomes s'enchaînent, les rivalités s'exacerbent et les personnages gagnent en profondeur, en complexité. Enfin, ce type d’histoire nous donne envie d’en savoir plus à bien des points de vue. Nous avons tout à découvrir et notre curiosité est titillée à de multiples reprises. Du coup, je peux clairement déclarer qu'après quatre tomes, je ne suis pas rassasié. En définitive, cette série se dévore avec grand plaisir. Je vous invite clairement à vous laisser tenter.
Speak
Une oeuvre dans la droite ligne de 13 reason why (pour ceux qui connaissent à la fois le roman et la série sur Netflix). Mélinda n'a jamais réussi à parler de son viol tant l'épreuve a été difficile à vivre. Elle est devenue une sorte de paria au sein de son lycée pour avoir appeler la police lors de cette fête où elle avait trop bu et où l'on a abusé d'elle. Cependant, elle n'est pas aller jusqu'au bout de sa démarche de dénonciation. Du coup, elle va perdre progressivement ses amies et ses parents sont trop éloignés de ses préoccupations. Ses résultats scolaires vont chuter sauf dans une seule matière à savoir les arts plastiques qui laissent s'exprimer ses émotions cachées. Elle sera même victime d'harcèlement scolaire. C'est une oeuvre qui s'étale sur presque 400 pages. C'est long car on va avoir droit à beaucoup de souffrances qui s'expriment autrement que par des mots. Les victimes ont souvent du mal à se faire entendre après une agression. C'est également très difficile de voir son bourreau tous les jours dans le lycée et qu'il fait comme si de rien n'était en étant sûr de sa supériorité. La beauté masculine n'excuse pas tout bien au contraire. C'est comme un journal intime qu'on lit entre les mains. C'est touchant sur un sujet tabou. Le ton reste toujours juste sans tomber dans le pathologique. Une oeuvre qui mériterait d'être un peu plus connue car utile pour une prise de conscience. Non, c'est non !
Aujourd'hui est un beau jour pour mourir
Exceptionnel et grandiose ! C'est pour moi LE roman graphique de ce début d'année qui nous propose un récit apocalyptique sans zombies à la démarche saccadée et pathétique, et qui dans sa cruelle possibilité nous donne à réfléchir sur certains aspects de notre monde. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi fort. Imaginez un gros roman graphique de 380 pages qui dès sa lecture entamée ne vous lâche plus. Nul doute qu'en tant qu'amateur de BD, vous soyez également un adepte du cinéma, et donc vous connaissez forcément Alejandro Gonzàles Inarritu et plus particulièrement deux de ses films : "21 grammes" et "Babel". C'est à ces films "chorale" que fait indubitablement penser cette histoire. Grâce à un découpage nerveux et intelligemment pensé, nous passons d'un personnage à l'autre. J'aime particulièrement Yoyo et ses devinettes. Dans un futur pas trop éloigné, "le Chuchoteur" est recherché par toutes les polices du pays car il pirate les ondes du plus grand réseau d'information qui soit, TV Net. Il diffuse des messages à une population qu'il juge docile et trop aliénée par le pouvoir. Qui est cet homme qui heurte les consciences de uns et fait trembler le pouvoir ? Est-ce un des membres de ce groupe de rock qui malgré la situation cherche à enregistrer un album ? Est-ce ce vieil écrivain en mal d'inspiration ? L'assassin aux ordres d'une puissante multinationale ? Quand en plus une terrible épidémie véhicule un virus dit de "la dépression" qui se propage sur toute la planète (quelques instants avant leur mort les personnes infectées pleurent des larmes de sang ), plutôt que de soigner la population les autorités préfèrent se concentrer sur la capture du "Chuchoteur". Au scénario, dessin et colorisation, Colo, un auteur que je connaissais pas. Ce gars est un furieux que ce soit au niveau de la construction, du découpage et de la lente mais inéluctable montée en tension. Il n'y a rien à redire. Le dessin est dans un style semi-réaliste avec surtout un découpage qui insère des pages notamment celles où "le Chuchoteur" s'exprime, sans parler des récits que l'écrivain vieilli ne racontera jamais. Je ne sais qu'ajouter de plus pour vous donner envie de lire ce gros pavé qui renouvelle le genre du récit apocalyptique et de fort belle manière qui plus est. Merci aux Éditions du Long Bec d'avoir eu l'audace de sortir ce gros pavé, merci à Fabrice scénariste à ses heures, ici chargé de l'adaptation des dialogues.