L’adaptation d’une nouvelle est toujours un exercice délicat, reprendre Barbey d’Aurevilly était un sacré pari. LILAO le relève en extrayant les passages qu’il considère décisifs du récit.
L’édition est d’excellente facture avec de nombreuses explications qui viennent agrémenter l’adaptation graphique elle-même.
Le dessin est en noir et nuance de gris, tout en atmosphères, en douceur, en nuances, en courbes. Les textes sont en dessous des dessins ce qui donne la sensation du roman illustré.
Côté scénario, il est incassable, en prenant les passages forts et en réalisant les enchainements de façon habile LILAO exprime toute la puissance du récit. Tantôt érotique avec une beauté du début de tome qui mêle sensualité et sexualité. Ici l’amour pourtant vénal et grossier est représenté avec tant de finesse que c’est beau et non vulgaire. Toute la tenue de la femme, ses positions sensuelles mais pas aguicheuses la rendent mystérieuse inaccessible et captivante.
L’histoire qu’elle raconte ensuite est rendu avec toute son horreur avec une tension crescendo qui aboutit à cette scène inouïe qui scellera le début de sa déchéance volontaire.
Enfin la chute qui se fait dans des salons pour hommes parisiens et se conclut sur le tombeau est magistrale dans son implacabilité, dans la volonté de la femme ayant été au bout de son châtiment.
Amour, Eros, idéal, violence, châtiment, auto destruction, devoir, illusion, manipulation, charisme, rapport de la femme à l’homme, libre arbitre : tous ces thèmes surgissent des planches et de l’histoire pour nous intégrer et nous mettre en position de comprendre cette femme. Nous sommes nous même avec Robert de Tressignies, d’abord épanoui par l’eros puis transporté par l’agape devant le drame que cette femme raconte. Comme lui aussi la fin nous bouleversera et nous aussi irons nous recueillir devant le tombeau de cette femme dont la situation ne nous empêchera pas d’avoir de l’admiration.
Brillamment mis en planches, ce scénario prend ici une expression graphique très réussie grâce à la fluidité des planches et la justesse des nuances. LILAO accomplit un merveilleux travail et s’il avait lui-même écrit l’histoire cet album aurait mérité la note maximale tant à chaque instant le lecteur est captivé. LILAO livre ici son premier ouvrage, attention talent, je lui prédis un très grand avenir au moins en dessinateur…
A posséder et lire comme un bijou tant l’exercice d’adaptation est réussie.
Makyo retourne vers ses racines, c’est avec une volonté d’authentique qu’il nous livre ce récit. Le dessin n’est pas toujours parfait, certains mouvements sont maladroits et même si le trait de crayon est assuré la couleur utilisée est très verte. Bref certaines images sont un peu figées.
Pour le scénario les deux tomes n’ont rien à voir, si le premier tome est à terre, le second est un huis clos en mer. Petit miracle, qui ne connait pas son passé. Sa mère génétique on sait grosso modo son histoire, mais son père ?
Beaucoup d’émotion se dégage de ce récit. Les personnages sont naturels et très humains, les uns ne cachent pas leur faiblesse, les autres la montrent en voulant la cacher ! Les trois pères potentiels (4 ?) sont émouvants chacun à leur manière et tous soignent de leur attention l’enfant. Finalement cet enfant est la somme de chacune de leurs qualités, ce qui lui donnera la chance de réussir ce que eux n’ont pas pu (su) faire. Réflexion sur la transmission, les origines, l’attachement, ce roman graphique est une bouffée d’air frais breton, même si le dessin est parfois maladroit, cela accentue le côté touchant du scénario. A découvrir absolument et à acheter.
Ceci dit il ne faut pas voir non plus un album référence, car le scénario comporte quelques faiblesses (naufrages et rescapés, lecture, don pour la médecine) vite oubliées à la lecture mais présentes.
Pour cet album, j’ai voulu attendre longtemps avant de donner un avis pour savoir si la première impression survivrait, ce qui me vaut de ne le noter que maintenant alors qu’il est depuis le début dans ma collection.
L’édition est très belle, le matériel est solide et joliment relié le papier très agréable à toucher. L’album a un nombre de pages généreux.
Côté dessins, nous sommes en face de planches en dégradé gris et une autre couleur, tantôt or, tantôt ocre, parfois noir, parfois moutarde, parfois violet. Toujours dans des nuances pastels des couleurs avec une constante marron-or très réussie. Le trait est peu visible, il s’agit plutôt de dégradés contrastés. La mise en image est très réussie avec des prises de vues tout à fait adéquates pour chaque situation sans que l’on sente les vues forcées.
Côté scénario maintenant, cette BD est muette. Non seulement il n’y a aucun texte, mais en plus il n’y a aucune lettre dans les décors reconnaissable. Ceci est fort à propos dans la mesure ou le thème est celui du migrant. Thème universel, la migration est présentée ici de façon universelle sans qu’il y ait de lieu précis, de langue précise et même de date précise ça pourrait s’adapter à n’importe quel migrant à n’importe quelle époque.
Tout commence avec la séparation brutale, non seulement des racines mais surtout des proches, un homme va donc quitter sa famille pour aller chercher meilleur sort à l’étranger en espérant faire venir sa famille un jour. Pourquoi il part ? Parce qu’il a peur, peur d’on ne sait quoi mais qui est magnifiquement représenté par cette queue de monstre dont l’ombre irise les murs. Après la séparation vient le voyage, présenté ici dans toute son humanité et sa misère, seul et ayant le même espoir que nombre d’autres portant tout autant sur eux leur désespoir sur ce grand bateau. Impersonnel, brutal même, incompréhensible vient la sélection et la validation de son entrée en territoire d’espoir. Sélectionné suivant des critères si justement montrés ici comme arbitraires certains vont être acceptés à l’examen de passage. On ne saura pas ce qu’il en est pour les autres, mais ici notre vagabond passe. L’acceptation finale est validée par un homme dans l’administration du pays d'accueil, il s'agit du premier signe d’humanité perçu dans le récit, c’est bien un homme qui tamponne le visa, homme inconnu mais dont on aimerait l’embrasser tant la démarche pour en arriver là fut dure et combien un retour ne serait pas envisageable.
Alors c’est la découverte, découverte de ce nouveau monde avec les petites économies prévues, découverte des us. Seul au milieu d’une civilisation nouvelle le dépaysement est prévisible, il est admirablement croqué dans cet album. Même les indispensables ustensiles quotidiens peuvent être des découvertes. Le petit animal qui suivra notre migrant tout rond et mignon comme tout est adopté aussi bien par le héros que par le lecteur. Sans aide c’est difficile, et ce n’est qu’avec un nouveau contact humain d’aide que notre héros trouvera enfin un rythme dans cette nouvelle vie. D’essais en essais dans des job que l’on devine difficile notre déraciné va trouver ses marques. Bien sur quelques peurs de l’ancien monde subsisteront, mais avec l’humanité des accueillants : tout va mieux. Et qui sont ces accueillants ? Eux même d’anciens migrants, non pas du même pays, eux aussi ont leurs peurs et eux aussi ont connu ce chemin, maintenant ils sont heureux d’être sortis de leur peur même en ayant des vies difficiles : au moins ici ils sont heureux, heureux comme cet enfant joyeux. Une lettre et la situation suffisamment stable va permettre d’enfin pouvoir revoir la famille, cette seule attache qui manque à l’équilibre de notre déraciné. Une fois la cellule enfin au complet l’apprentissage va être transmis, les fantômes du passés peuvent être oubliés. Et mieux, la petite fille de nouveau épanouie va pouvoir à son tour aider les nouveaux migrants…
Une telle justesse, une telle simplicité, une telle universalité sont choses rares dans la BD comme dans d’autres arts. D’étapes en étapes nous sommes transportés, nous même migrants en départ d’un danger et en partance pour un Eden idéal. Le plus touchant dans cet ouvrage c’est l’humanité qui s’en dégage, chaque étape positive dans le parcours s’avère venir d’autrui et être humaine. Hymne à la tolérance, à l’amour au sens chrétien de l’agape ou à la charité au sens bouddhiste cet album est un bijou brut. De ses couleurs à son scénario en passant par ses nuances, tout est transcrit pour remettre l’homme au cœur des préoccupations terrestres. La relecture est un régal qui permet d’aller plus loin et de voir par delà le non texte dans des détails qui ont un profond sens humaniste. Mon coup de cœur initial n’était donc pas qu’une tocade. Cet ouvrage rentre dans le cercle fermé des œuvres références que tout être humain devrait si ce n’est avoir lu en tous cas ressentir au fond de lui.
Un petit OVNI que cette vieille BD.
En fait le point commun des quatre récits est le temps, ses dérapages, ses pièges...
Je n'ai pas apprécié toutes les histoires de la même façon, ce qui est logique. J'ai eu du mal à rentrer dans la première. La faute peut-être à un côté psychédélique qui me pose toujours problème à la lecture. Amateur de SF, j'ai lu quelques nouvelles d'Harlan Ellison, et j'aime aussi l'humour noir et grinçant dont il fait souvent preuve. Mais là, je ne sais pas, l'adaptation ne me semble pas très bonne, pas très linéaire. Et le dessin d'Alex Niño ne m'a pas plu sur ce segment, trop fouillis.
Le récit suivant, adapté de Robert E. Howard, m'a beaucoup plus accroché. Je crois qu'il s'agit de la première de son cycle romanesque consacré à Conan. Tout de suite j'ai senti un rythme, une palpitation, aidés par un dessin qui me semble plus appliqué ; bien sûr, il y a cette propension à en rajouter au niveau des décors, mais Niño s'est aussi appliqué sur les anatomies de Conan et des créatures, ce qui rajoute de la cohérence au récit.
En ce qui concerne les Hommes-dieux, le récit m'a semblé un peu moins intéressant, mais le dessin est parmi les meilleurs à ce moment. Je lui ai trouvé, sur ce segment plutôt que sur les autres, une certaine parenté avec celui de Carlos Gimenez, auteur également versé dans les récits futuristes.
Le dernier récit est l'adaptation d'un classique de Michael Moorcock, grand auteur de fantasy comme Robert E. Howard ; ici c'est une sorte de fantasme judéo-chrétien qui est mis en scène... Si le récit est plutôt intéressant (mais avec une adaptation chaotique à mon goût), le dessin est pas mal, dans un registre moins "SF" que dans les autres récits.
Au final, il s'agit d'un recueil assez intéressant, qui nous présente quatre déclinaisons sur le thème du temps. Quatre déclinaisons très différentes, provenant d'auteur intéressants pris séparément, toutes dessinées par le même artiste, malheureusement oublié à notre époque, mais qui dans le registre réaliste, avait vraiment un grand talent.
Un bon 3,5/5.
Pour ma part je n'ai pas lu l'œuvre originale mais j'ai beaucoup apprécié cette adaptation et ne regrette pas mon achat motivé par la couverture puis un feuilletage rapide.
J'aime le style très sombre des dessins et ai été touché par l'histoire. Je pense que l'auteur ne doit pas être très loin de ce qu'il voulait faire car ça a marché pour moi qui ne suis pas un grand lecteur et ai commandé la nouvelle originale de Kafka.
Je recommande vivement cet album :)
Magnifique surprise que cette série qui mérite bien tous ces avis positifs. J’ai tout de suite été attiré par le premier tome, avec sa couverture envoûtante et ses dessins si agréables. Je l’ai tout simplement dévoré, ainsi que sa suite : un pur bon moment de BD.
L’histoire nous emporte dans un pays imaginaire, sous l’emprise d’un régime totalitaire qui réprime la pratique de la pêche et favorise l’agriculture. La mer disparaît petit à petit, pompée par des canaux qui irriguent les champs. Le décor est placé pour faire place à un tourbillon de révolte, de répression et d’amour. D’horreur aussi, car sous ses apparences de BD toute gentille, « Le Désespoir du Singe » est une série très sombre, qui fait subir mille tourments à ses personnages. Chaque tome est passionnant et se lit très facilement en raison d’une mise en scène bien pensée et audacieuse. Certaines scènes sont vraiment excellentes et s’imprègnent durablement dans la mémoire du lecteur.
En ce qui concerne les dessins d’Alfred, je suis également conquis. De cet auteur je n’avais lu qu'Abraxas, qui ne m’avait pas laissé une forte impression, et je me suis ici retrouvé face à un graphisme admirablement maîtrisé, véhiculant de nombreuses émotions et servant donc l’histoire à merveille. Les couleurs collent très bien aux multiples atmosphères, joyeuses ou désespérément sombres. Ca m’a donné envie de découvrir d’autres œuvres du dessinateur.
A découvrir absolument en tout cas. J’ai pour ma part adoré et je recommande l’achat de cette petite série qui prend aux tripes. L’histoire est puissante et passionnante même si le propos n’est pas très original. J’espère que le tome final (la série fera finalement 3 tomes me semble-t-il) sera à la hauteur des attentes suscitées. Il ne nous reste qu’à attendre...
Akira... comment décrire Akira...
En fait, prenez une histoire un poil futuriste style néo-Tokyo sans virer trop dans la science fiction, ajoutez y un coté sombre, pollué, avec la dimension destroy d'un Mad Max mais en urbain ... le tout sur fond d'expériences génétiques sur des cobayes qui deviennent incontrôlables et surpuissants, tellement puissants qu'ils se mettent en danger eux-mêmes !
Voilà, grosso-modo c'est ça Akira. Bon je fais dans le court car inutile de parler plus sur un manga que tout le monde connais et qui a gravé l'histoire du genre au fer rouge !
D’ailleurs si vous lisez ces lignes, c'est que vous n'avez sans doute pas encore lu l'oeuvre d'Otomo ! Franchement c'est pas sérieux ! Courrez vite vous lancer dans cette aventure ! Elle ne laisse personne de marbre !
NB : j'ai lu l'édition couleur qui est géniale, en noir et blanc ça donne aussi très bien, mais préférez la version couleur si vous le pouvez ! C’est tellement rare un manga en couleur et qui plus est qui y gagne au change !
Et aussi, pas la peine de regarder le DVD pour voir si le manga mérite d'être lu, le DVD est vraiment trop rapide, fait l'impasse sur énormément de choses et perds beaucoup d'intérêt !!!
Un scénario vraiment original, qui a une profonde dimension humaine, et qui a la fin nous ferais presque verser la ptite larme. Vraiment ce manga est cultissime !
Acheté en édition brochée regroupant les deux volumes, 400 pages de lecture où on ne décroche pas, où on se plait à découvrir comment le héros gère sa jeunesse retrouvée, sa vision adulte de la vie d'un enfant, voir surtout de sa propre enfance et des problèmes de famille qu'il n'avait pas conscience à cet âge...
Je lis beaucoup de mangas différents, de l'action, des thrillers, du fantastique, et celui là je l'ai acheté pour découvrir un manga à part que tout le monde aime apparemment. Et maintenant j'ai enfin mon avis :
Si vous ne l'avez pas, il vous le faut ! C'est un indispensable à toute biblio de manga un tant soit peu ouverte sur les genres !!!
Etonnant ouvrage que ce Pinocchio rassemblant toutes les réactions les plus vives et les plus controversées !
Il n'y a pas grand chose à rajouter aux précédents et excellents autres avis (qu'ils soient positifs ou pas) car cette oeuvre rassemble et diverge mais quelle prouesse que d'avoir su raconter une histoire revisitée avec autant de brio et sans aucune parole !
Beaucoup n'aimeront pas le coté trash de Pinocchio ainsi que son caractère passif mais le découpage en multiples récits est épatant, le soin apporté aux couleurs ainsi qu'aux différents styles est réjouissant (pour peu on se croirait dans un Mutafukaz revu par un Disney sous acides) et les références sont nombreuses, du Géant de Fer, chef d'oeuvre d'animation pour l'utilisation du robot en tant qu'arme de destruction massive ou même des films muets de Charlie Chaplin avec panoplie de personnages désuets, cruels ou tout simplement attachants.
Le tour de force est d'avoir su enrober le tout d'un humour à base de slapsticks, qui a su emprunter l'univers scato de Vuillemin pour nous en balancer une oeuvre pétrie de poésie absurde !
Très fort ! la page n° 129 résume à elle seule tout le bien condensé en quelques dessins de ce que j'estime de cet OVNI...
Que dire sur cette BD ?
Son thème traditionnellement tabou s'affiche de plus en plus dans les médias.
Mais il reste souvent abstrait.
La force de cette BD est de démontrer les mécanismes de la violence conjugale tant physiques que psychologiques.
La narration est fluide et la lecture est relativement rapide. Mais l'objectif est atteint : passer un message fort. Apporter des images sur ces mots sans tomber dans le voyeurisme ou le sensationnel.
Je suis surpris par la force du contenu alors que le dessin reste léger.
Je ne trouve pas de défaut à ce one shot. La note maximum me parait justifiée.
Un coup de coeur pour la sensibilité et le travail merveilleux des auteurs.
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La vengeance d'une femme
L’adaptation d’une nouvelle est toujours un exercice délicat, reprendre Barbey d’Aurevilly était un sacré pari. LILAO le relève en extrayant les passages qu’il considère décisifs du récit. L’édition est d’excellente facture avec de nombreuses explications qui viennent agrémenter l’adaptation graphique elle-même. Le dessin est en noir et nuance de gris, tout en atmosphères, en douceur, en nuances, en courbes. Les textes sont en dessous des dessins ce qui donne la sensation du roman illustré. Côté scénario, il est incassable, en prenant les passages forts et en réalisant les enchainements de façon habile LILAO exprime toute la puissance du récit. Tantôt érotique avec une beauté du début de tome qui mêle sensualité et sexualité. Ici l’amour pourtant vénal et grossier est représenté avec tant de finesse que c’est beau et non vulgaire. Toute la tenue de la femme, ses positions sensuelles mais pas aguicheuses la rendent mystérieuse inaccessible et captivante. L’histoire qu’elle raconte ensuite est rendu avec toute son horreur avec une tension crescendo qui aboutit à cette scène inouïe qui scellera le début de sa déchéance volontaire. Enfin la chute qui se fait dans des salons pour hommes parisiens et se conclut sur le tombeau est magistrale dans son implacabilité, dans la volonté de la femme ayant été au bout de son châtiment. Amour, Eros, idéal, violence, châtiment, auto destruction, devoir, illusion, manipulation, charisme, rapport de la femme à l’homme, libre arbitre : tous ces thèmes surgissent des planches et de l’histoire pour nous intégrer et nous mettre en position de comprendre cette femme. Nous sommes nous même avec Robert de Tressignies, d’abord épanoui par l’eros puis transporté par l’agape devant le drame que cette femme raconte. Comme lui aussi la fin nous bouleversera et nous aussi irons nous recueillir devant le tombeau de cette femme dont la situation ne nous empêchera pas d’avoir de l’admiration. Brillamment mis en planches, ce scénario prend ici une expression graphique très réussie grâce à la fluidité des planches et la justesse des nuances. LILAO accomplit un merveilleux travail et s’il avait lui-même écrit l’histoire cet album aurait mérité la note maximale tant à chaque instant le lecteur est captivé. LILAO livre ici son premier ouvrage, attention talent, je lui prédis un très grand avenir au moins en dessinateur… A posséder et lire comme un bijou tant l’exercice d’adaptation est réussie.
Le Coeur en Islande
Makyo retourne vers ses racines, c’est avec une volonté d’authentique qu’il nous livre ce récit. Le dessin n’est pas toujours parfait, certains mouvements sont maladroits et même si le trait de crayon est assuré la couleur utilisée est très verte. Bref certaines images sont un peu figées. Pour le scénario les deux tomes n’ont rien à voir, si le premier tome est à terre, le second est un huis clos en mer. Petit miracle, qui ne connait pas son passé. Sa mère génétique on sait grosso modo son histoire, mais son père ? Beaucoup d’émotion se dégage de ce récit. Les personnages sont naturels et très humains, les uns ne cachent pas leur faiblesse, les autres la montrent en voulant la cacher ! Les trois pères potentiels (4 ?) sont émouvants chacun à leur manière et tous soignent de leur attention l’enfant. Finalement cet enfant est la somme de chacune de leurs qualités, ce qui lui donnera la chance de réussir ce que eux n’ont pas pu (su) faire. Réflexion sur la transmission, les origines, l’attachement, ce roman graphique est une bouffée d’air frais breton, même si le dessin est parfois maladroit, cela accentue le côté touchant du scénario. A découvrir absolument et à acheter. Ceci dit il ne faut pas voir non plus un album référence, car le scénario comporte quelques faiblesses (naufrages et rescapés, lecture, don pour la médecine) vite oubliées à la lecture mais présentes.
Là où vont nos pères
Pour cet album, j’ai voulu attendre longtemps avant de donner un avis pour savoir si la première impression survivrait, ce qui me vaut de ne le noter que maintenant alors qu’il est depuis le début dans ma collection. L’édition est très belle, le matériel est solide et joliment relié le papier très agréable à toucher. L’album a un nombre de pages généreux. Côté dessins, nous sommes en face de planches en dégradé gris et une autre couleur, tantôt or, tantôt ocre, parfois noir, parfois moutarde, parfois violet. Toujours dans des nuances pastels des couleurs avec une constante marron-or très réussie. Le trait est peu visible, il s’agit plutôt de dégradés contrastés. La mise en image est très réussie avec des prises de vues tout à fait adéquates pour chaque situation sans que l’on sente les vues forcées. Côté scénario maintenant, cette BD est muette. Non seulement il n’y a aucun texte, mais en plus il n’y a aucune lettre dans les décors reconnaissable. Ceci est fort à propos dans la mesure ou le thème est celui du migrant. Thème universel, la migration est présentée ici de façon universelle sans qu’il y ait de lieu précis, de langue précise et même de date précise ça pourrait s’adapter à n’importe quel migrant à n’importe quelle époque. Tout commence avec la séparation brutale, non seulement des racines mais surtout des proches, un homme va donc quitter sa famille pour aller chercher meilleur sort à l’étranger en espérant faire venir sa famille un jour. Pourquoi il part ? Parce qu’il a peur, peur d’on ne sait quoi mais qui est magnifiquement représenté par cette queue de monstre dont l’ombre irise les murs. Après la séparation vient le voyage, présenté ici dans toute son humanité et sa misère, seul et ayant le même espoir que nombre d’autres portant tout autant sur eux leur désespoir sur ce grand bateau. Impersonnel, brutal même, incompréhensible vient la sélection et la validation de son entrée en territoire d’espoir. Sélectionné suivant des critères si justement montrés ici comme arbitraires certains vont être acceptés à l’examen de passage. On ne saura pas ce qu’il en est pour les autres, mais ici notre vagabond passe. L’acceptation finale est validée par un homme dans l’administration du pays d'accueil, il s'agit du premier signe d’humanité perçu dans le récit, c’est bien un homme qui tamponne le visa, homme inconnu mais dont on aimerait l’embrasser tant la démarche pour en arriver là fut dure et combien un retour ne serait pas envisageable. Alors c’est la découverte, découverte de ce nouveau monde avec les petites économies prévues, découverte des us. Seul au milieu d’une civilisation nouvelle le dépaysement est prévisible, il est admirablement croqué dans cet album. Même les indispensables ustensiles quotidiens peuvent être des découvertes. Le petit animal qui suivra notre migrant tout rond et mignon comme tout est adopté aussi bien par le héros que par le lecteur. Sans aide c’est difficile, et ce n’est qu’avec un nouveau contact humain d’aide que notre héros trouvera enfin un rythme dans cette nouvelle vie. D’essais en essais dans des job que l’on devine difficile notre déraciné va trouver ses marques. Bien sur quelques peurs de l’ancien monde subsisteront, mais avec l’humanité des accueillants : tout va mieux. Et qui sont ces accueillants ? Eux même d’anciens migrants, non pas du même pays, eux aussi ont leurs peurs et eux aussi ont connu ce chemin, maintenant ils sont heureux d’être sortis de leur peur même en ayant des vies difficiles : au moins ici ils sont heureux, heureux comme cet enfant joyeux. Une lettre et la situation suffisamment stable va permettre d’enfin pouvoir revoir la famille, cette seule attache qui manque à l’équilibre de notre déraciné. Une fois la cellule enfin au complet l’apprentissage va être transmis, les fantômes du passés peuvent être oubliés. Et mieux, la petite fille de nouveau épanouie va pouvoir à son tour aider les nouveaux migrants… Une telle justesse, une telle simplicité, une telle universalité sont choses rares dans la BD comme dans d’autres arts. D’étapes en étapes nous sommes transportés, nous même migrants en départ d’un danger et en partance pour un Eden idéal. Le plus touchant dans cet ouvrage c’est l’humanité qui s’en dégage, chaque étape positive dans le parcours s’avère venir d’autrui et être humaine. Hymne à la tolérance, à l’amour au sens chrétien de l’agape ou à la charité au sens bouddhiste cet album est un bijou brut. De ses couleurs à son scénario en passant par ses nuances, tout est transcrit pour remettre l’homme au cœur des préoccupations terrestres. La relecture est un régal qui permet d’aller plus loin et de voir par delà le non texte dans des détails qui ont un profond sens humaniste. Mon coup de cœur initial n’était donc pas qu’une tocade. Cet ouvrage rentre dans le cercle fermé des œuvres références que tout être humain devrait si ce n’est avoir lu en tous cas ressentir au fond de lui.
Temps Pi
Un petit OVNI que cette vieille BD. En fait le point commun des quatre récits est le temps, ses dérapages, ses pièges... Je n'ai pas apprécié toutes les histoires de la même façon, ce qui est logique. J'ai eu du mal à rentrer dans la première. La faute peut-être à un côté psychédélique qui me pose toujours problème à la lecture. Amateur de SF, j'ai lu quelques nouvelles d'Harlan Ellison, et j'aime aussi l'humour noir et grinçant dont il fait souvent preuve. Mais là, je ne sais pas, l'adaptation ne me semble pas très bonne, pas très linéaire. Et le dessin d'Alex Niño ne m'a pas plu sur ce segment, trop fouillis. Le récit suivant, adapté de Robert E. Howard, m'a beaucoup plus accroché. Je crois qu'il s'agit de la première de son cycle romanesque consacré à Conan. Tout de suite j'ai senti un rythme, une palpitation, aidés par un dessin qui me semble plus appliqué ; bien sûr, il y a cette propension à en rajouter au niveau des décors, mais Niño s'est aussi appliqué sur les anatomies de Conan et des créatures, ce qui rajoute de la cohérence au récit. En ce qui concerne les Hommes-dieux, le récit m'a semblé un peu moins intéressant, mais le dessin est parmi les meilleurs à ce moment. Je lui ai trouvé, sur ce segment plutôt que sur les autres, une certaine parenté avec celui de Carlos Gimenez, auteur également versé dans les récits futuristes. Le dernier récit est l'adaptation d'un classique de Michael Moorcock, grand auteur de fantasy comme Robert E. Howard ; ici c'est une sorte de fantasme judéo-chrétien qui est mis en scène... Si le récit est plutôt intéressant (mais avec une adaptation chaotique à mon goût), le dessin est pas mal, dans un registre moins "SF" que dans les autres récits. Au final, il s'agit d'un recueil assez intéressant, qui nous présente quatre déclinaisons sur le thème du temps. Quatre déclinaisons très différentes, provenant d'auteur intéressants pris séparément, toutes dessinées par le même artiste, malheureusement oublié à notre époque, mais qui dans le registre réaliste, avait vraiment un grand talent. Un bon 3,5/5.
La Métamorphose, de Franz Kafka
Pour ma part je n'ai pas lu l'œuvre originale mais j'ai beaucoup apprécié cette adaptation et ne regrette pas mon achat motivé par la couverture puis un feuilletage rapide. J'aime le style très sombre des dessins et ai été touché par l'histoire. Je pense que l'auteur ne doit pas être très loin de ce qu'il voulait faire car ça a marché pour moi qui ne suis pas un grand lecteur et ai commandé la nouvelle originale de Kafka. Je recommande vivement cet album :)
Le Désespoir du Singe
Magnifique surprise que cette série qui mérite bien tous ces avis positifs. J’ai tout de suite été attiré par le premier tome, avec sa couverture envoûtante et ses dessins si agréables. Je l’ai tout simplement dévoré, ainsi que sa suite : un pur bon moment de BD. L’histoire nous emporte dans un pays imaginaire, sous l’emprise d’un régime totalitaire qui réprime la pratique de la pêche et favorise l’agriculture. La mer disparaît petit à petit, pompée par des canaux qui irriguent les champs. Le décor est placé pour faire place à un tourbillon de révolte, de répression et d’amour. D’horreur aussi, car sous ses apparences de BD toute gentille, « Le Désespoir du Singe » est une série très sombre, qui fait subir mille tourments à ses personnages. Chaque tome est passionnant et se lit très facilement en raison d’une mise en scène bien pensée et audacieuse. Certaines scènes sont vraiment excellentes et s’imprègnent durablement dans la mémoire du lecteur. En ce qui concerne les dessins d’Alfred, je suis également conquis. De cet auteur je n’avais lu qu'Abraxas, qui ne m’avait pas laissé une forte impression, et je me suis ici retrouvé face à un graphisme admirablement maîtrisé, véhiculant de nombreuses émotions et servant donc l’histoire à merveille. Les couleurs collent très bien aux multiples atmosphères, joyeuses ou désespérément sombres. Ca m’a donné envie de découvrir d’autres œuvres du dessinateur. A découvrir absolument en tout cas. J’ai pour ma part adoré et je recommande l’achat de cette petite série qui prend aux tripes. L’histoire est puissante et passionnante même si le propos n’est pas très original. J’espère que le tome final (la série fera finalement 3 tomes me semble-t-il) sera à la hauteur des attentes suscitées. Il ne nous reste qu’à attendre...
Akira
Akira... comment décrire Akira... En fait, prenez une histoire un poil futuriste style néo-Tokyo sans virer trop dans la science fiction, ajoutez y un coté sombre, pollué, avec la dimension destroy d'un Mad Max mais en urbain ... le tout sur fond d'expériences génétiques sur des cobayes qui deviennent incontrôlables et surpuissants, tellement puissants qu'ils se mettent en danger eux-mêmes ! Voilà, grosso-modo c'est ça Akira. Bon je fais dans le court car inutile de parler plus sur un manga que tout le monde connais et qui a gravé l'histoire du genre au fer rouge ! D’ailleurs si vous lisez ces lignes, c'est que vous n'avez sans doute pas encore lu l'oeuvre d'Otomo ! Franchement c'est pas sérieux ! Courrez vite vous lancer dans cette aventure ! Elle ne laisse personne de marbre ! NB : j'ai lu l'édition couleur qui est géniale, en noir et blanc ça donne aussi très bien, mais préférez la version couleur si vous le pouvez ! C’est tellement rare un manga en couleur et qui plus est qui y gagne au change ! Et aussi, pas la peine de regarder le DVD pour voir si le manga mérite d'être lu, le DVD est vraiment trop rapide, fait l'impasse sur énormément de choses et perds beaucoup d'intérêt !!!
Quartier lointain
Un scénario vraiment original, qui a une profonde dimension humaine, et qui a la fin nous ferais presque verser la ptite larme. Vraiment ce manga est cultissime ! Acheté en édition brochée regroupant les deux volumes, 400 pages de lecture où on ne décroche pas, où on se plait à découvrir comment le héros gère sa jeunesse retrouvée, sa vision adulte de la vie d'un enfant, voir surtout de sa propre enfance et des problèmes de famille qu'il n'avait pas conscience à cet âge... Je lis beaucoup de mangas différents, de l'action, des thrillers, du fantastique, et celui là je l'ai acheté pour découvrir un manga à part que tout le monde aime apparemment. Et maintenant j'ai enfin mon avis : Si vous ne l'avez pas, il vous le faut ! C'est un indispensable à toute biblio de manga un tant soit peu ouverte sur les genres !!!
Pinocchio (Winshluss)
Etonnant ouvrage que ce Pinocchio rassemblant toutes les réactions les plus vives et les plus controversées ! Il n'y a pas grand chose à rajouter aux précédents et excellents autres avis (qu'ils soient positifs ou pas) car cette oeuvre rassemble et diverge mais quelle prouesse que d'avoir su raconter une histoire revisitée avec autant de brio et sans aucune parole ! Beaucoup n'aimeront pas le coté trash de Pinocchio ainsi que son caractère passif mais le découpage en multiples récits est épatant, le soin apporté aux couleurs ainsi qu'aux différents styles est réjouissant (pour peu on se croirait dans un Mutafukaz revu par un Disney sous acides) et les références sont nombreuses, du Géant de Fer, chef d'oeuvre d'animation pour l'utilisation du robot en tant qu'arme de destruction massive ou même des films muets de Charlie Chaplin avec panoplie de personnages désuets, cruels ou tout simplement attachants. Le tour de force est d'avoir su enrober le tout d'un humour à base de slapsticks, qui a su emprunter l'univers scato de Vuillemin pour nous en balancer une oeuvre pétrie de poésie absurde ! Très fort ! la page n° 129 résume à elle seule tout le bien condensé en quelques dessins de ce que j'estime de cet OVNI...
Inès
Que dire sur cette BD ? Son thème traditionnellement tabou s'affiche de plus en plus dans les médias. Mais il reste souvent abstrait. La force de cette BD est de démontrer les mécanismes de la violence conjugale tant physiques que psychologiques. La narration est fluide et la lecture est relativement rapide. Mais l'objectif est atteint : passer un message fort. Apporter des images sur ces mots sans tomber dans le voyeurisme ou le sensationnel. Je suis surpris par la force du contenu alors que le dessin reste léger. Je ne trouve pas de défaut à ce one shot. La note maximum me parait justifiée. Un coup de coeur pour la sensibilité et le travail merveilleux des auteurs.