Le scénario, malgré quelques longueurs, - il faut bien l'avouer - tourne bien et garde bien ses objectifs. L'univers un peu SF, un peu Steampunk et légèrement décalé fonctionne à merveille et on se surprend parfois à vouloir explorer un peu plus Kolonie aux côtés des héros...
Le 4/5 est surtout là pour le graphisme toujours magnifique et original, les personnages sont facilement identifiables et charismatiques, même si l'arrivée de Ruotolo perturbe un peu le système, on reste sans difficulté dans le monde créé par Frezzato...
Avec ses "Quelques" Sempé nous fait une démonstration extraordinaire de son talent : le crayon à la main, il crée un univers poétique entre tous reconnaissable : le monde de Sempé, est familier et intemporel, peuplé d'individus qui nous ressemblent énormément, tiraillés entre des rêves sublimes et un quotidien dérisoire.
Il fait là dans chacun de ses albums une représentation du genre humain toutes situations confondues.
Des "petites gens" aux plus sophistiqués, simples, philosophes, meneurs d’hommes, passifs, hâbleurs, doux rêveurs, optimistes : le tableau est complet ! Il nous décrit l'Homme dans toute sa splendeur, ses rêveries et ses décadences... Et le fait avec maestria, car c'est un maître, un virtuose des mots bien trouvés en accord parfait avec son trait, qu'on ne peut confondre avec aucun autre ! Si nostalgique parfois, si humain toujours…
Contrairement à beaucoup, c'est avec tendresse, avec douceur qu'il fait passer ses messages le plus souvent, même pour dénoncer les plus idiots de nos travers. Douceur, sobriété, intelligence... l’information passe, ne choque pas, mais percute bien ce qui rend cette série si particulière, si unique, si jouissive et si intelligente.
J’ai la chance d’avoir chez mes parents une bdtheque qui m'a offert tout gamin des lectures qu'on ne rencontre pas partout.
J’ai bien essayé de lui piquer cette série, mais elle s’en est aperçue et j’ai dû, à mon grand regret lui rendre ses ouvrages si magiques qui ont bercé mon enfance et que j’ai appris à comprendre avec les années. Tant mieux ils ont retrouvé la place qu’ils n’auraient jamais du quitter.
Personnellement je trouve cette série abordable même pour les plus jeunes. Tout de même pas autant que le petit Nicolas (qui n’est d’ailleurs pas une BD contrairement a ses "Quelques").
Comme vous l’aurez compris, je conseille évidement l’achat de cette série difficile sinon impossible à trouver en occasion mais qui reste abordable neuve et surtout beaucoup plus accessible que sa série grand format très belle mais très chère.
Pour tout les fervents adeptes de Sempé il y a aussi ses BD transposées en tout petit format et vraiment pas chères, comme Saint-Tropez qui du très grand format passe de plus de 30 euros à à peine plus de 5.
Bon évidement pour 5 € on a le format "livre de poche" au lieu du maxi grand format, mais… chacun fait ses choix.
Le juste milieu étant les "quelques".
Un indispensable-indiscutable tout de même.
18/20
Pour un 700ème avis, il me fallait une série exceptionnelle. Ça sera 'Swamp Thing' de l'excellent Alan Moore. Je précise que je n'ai lu que les intégrales 2 et 3 parus dans les années 2004-2005.
Tout d'abord, je dois avouer que je n'avais pas très bien compris le début. Il faut dire que je ne connaissais pas Jason Woodrue et ses motivations (à la relecture, je me suis rendu compte qu'on nous l'expliquait, mais j'ai dû zapper ça pendant ma première lecture). Heureusement, dès que je les ai comprises, tout m'a paru clair et j'ai pu enfin savourer les histoires de cette plante.
Alan Moore a vraiment du talent pour exploiter le potentiel de ses personnages. Bien sur, la plupart des auteurs savent bien exploiter leurs personnages, mais selon moi Moore fait partie de ces rares auteurs qui savent bien exploiter à 100 % le potentiel de leurs créations (bien qu'ici il s'agisse d'un héros créé par un autre). Cela se voit très bien dans les pouvoirs qu'a le Swamp Thing.
De plus, les différentes histoires que contiennent les deux intégrales sont un pur régal. J'adore surtout la mise en scène. Elle est exceptionnelle. Il suffit de lire les histoires 'Rite de printemps' et 'Manne céleste' pour s'en rendre compte. Que s'est beau ! Ça serait d'ailleurs encore plus beau si c'était en couleur. Je n'ai rien contre le noir et blanc, mais dans certaines cases je ne distingue pas parfaitement ce qui se passe. Il faut que je regarde attentivement pour bien voir. De plus, même si j'aime les proses de Moore, je trouve que dans certains cas c'est un peu lourd. Heureusement, globalement, les proses sont absolument géniales ! Je me demande ce que cela donne en VO. Surement des proses encore plus extraordinaires !
J'ai découvert cette série avec la réédition en cours.
Le dessin de Gillon est juste superbe, un trait fin et détaillé, des constructions chiadées, une vraie "touche" dans le traité. La nouvelle mise en couleur est vraiment splendide, du ton sur ton qui donne corps aux images, et des ambiances plus sombres que dans l'original, ce qui colle évidemment mieux à la trame scénaristique emplie de mélancolie et de tragédie. Le graphisme est le point fort de cette série.
La narration en surprendra plus d'un, elle est très ampoulée, empruntant un vocabulaire et des constructions de phrases à la littérature, voir à la poésie. Ca donne un ton parfois trop décalé, jusqu'à en être risible, parfois. Ca relève chez les auteurs une volonté très "présomptueuse" qui peut refroidir. Reste une imagination dans les situations du héros juste succulentes, des péripéties intéressantes, des personnages hauts en couleurs, à la psychologie travaillée. Ca se lit avec énormément d'intérêt et ce voyage en vaut vraiment la peine.
A noter tout de même, un ton un peu machiste dans l'ensemble de la BD, qui pourra aussi rebuter.
Voici une bande dessinée que j'ai lue et relue trois fois depuis son achat, et sur laquelle j'ai du mal à m'exprimer tant le sujet est fort.
C'est en effet une véritable claque, une bombe évidement à ne pas mettre entre toutes les mains.
L'objet éditorial en lui-même est superbe : une belle jaquette représentant une scène champêtre voire bucolique : une petite fille dort dans l'herbe !
Que nenni, Fabien Velhmann et Marie Pommepuy nous ont concocté un conte macabre, cruel, parfois gore, sordide et..., bon j'arrête là les adjectifs tant on sort dégouté de cette histoire, même complètement retourné tant le décalage est fort entre le dessin (presque de l'illustration de livre d'enfant) et la cruauté du récit.
Le scénario n'explique pas tout, et c'est d'ailleurs une volonté des auteurs. Qu'est-il arrivé à cette fillette, qui est l'homme habitant la forêt (son père, son assassin, un quidam ?), qui sont ces étranges créatures sorties du corps d'Aurore (pour ma part, je pense qu'il s'agit de la production de son cerveau, de ces histoires que se racontent les petites filles... mais cela n'engage que moi) ? Mais c'est au lecteur d'imaginer le passé et la suite de cette aventure.
Un récit qui, au fil des saisons et de la décomposition du corps (tiens cela me fait songer au poème de Baudelaire intitulé Une charogne, lisez-le, vous verrez) nous met mal à l'aise, voire nous répugne mais bon sang que c'est réussi !
Une excellente bande dessinée,
L'évènement de ce trimestre.
Bunker est mon coup de coeur du moment, ainsi que de nombreuses BD de Bec (Prométhée, Sanctuaire..., je posterai des avis ultérieurement sur ces derniers).
L'intrigue élaborée par Bec et Betbeder est bien menée le long des 3 tomes parus à ce jour. L'histoire se présente ainsi dans le tome 1 : une frontière existe entre notre monde et un autre monde méconnu et dangereux. Cette frontière est gardée par des nombreux soldats qui s'installent dans des bunkers (d'où le titre).
Dans les tomes 2 et 3, nos héros prennent forme et l'histoire se complexifie grandement par des rapports conflictuels entre les différents peuples du nord et du sud, mais également au sein même de l'état major des forces du nord. Il est difficile d'expliquer la suite sans trop en dire et donc de gâcher le plaisir de la lecture. Mais la science fiction commence à prédominer grandement, et le héros que l'on croyait insipide dans le premier tome commence à se dévoiler.
Coté dessin, dans le tome 1 on se régale des dessins de Bec notamment sur les paysages montagneux et les hélicoptères. Dans les tomes 2 et 3, c'est un autre dessinateur qui prend le relais, un certain Genzianella, j'avoue avoir été choqué de ce changement au début du tome 2... par la suite je m'y suis plutôt habitué, voire totalement au tome 3. Surtout que l'on ressent bien que Bec veille, on reconnaît sa supervision dans la mise en page et dans les cadrages, je peux me tromper mais je ne pense pas que Genzianella était totalement libre, on ressent trop l'empreinte de Bec. C'est la main de Genzianella mais le cerveau de Bec qui la dirige.
Au final, un très bonne Bd pour les fans d'intrigues et de science-fiction.
J'attendais avec impatience la sortie de "Canoë Bay", annoncée à grand renfort de publicité dans diverses revues de bd.
Je dois dire que c'est la première bande dessinée que j'achète chez Daniel Maghen, nouvel arrivant dans le 9ème art. En effet, ses précedentes bd étaient assez "creuses" au niveau scénaristique.
Mais c'est surtout le nom des auteurs, Patrick Prugne et Tiburce Oger, qui a attiré mon attention. Ils avaient signé la très réussie L'auberge du Bout du Monde.
C'est avec plaisir que je remarque que la bande dessinée arrive à sortir du carcan des 48 pages réglementaires, en nous offrant comme ici 76 pages de lecture. Enfin, autre avantage de la présente édition, le "bonus", un superbe cahier de croquis d'une vingtaine de pages.
En outre, le grand format de ce livre permet de nous en mettre plein la vue... Les planches de Prugne sont en effet d'une beauté à vous couper le souffle !
Bien sûr, le scénario emprunte des éléments à Stevenson (L'île au trésor), à Les Passagers du vent (un héros jeune, des aventures maritimes et une fin très ouverte), à Plume aux vents (pour la localisation de l'intrigue) et à beaucoup d'histoires de pirates mais le talent est là, cette bd se lit d'une traite et on s'attache très vite aux personnages, en particulier à ce vieux roublard de John Place, chef charismatique truculent et parfaitement réussi !
Un one shot, une histoire de pirates (je sais après Long John Silver et Le Diable des sept mers, vous en avez peut-être assez, mais pas moi), un dessin superbe, un objet éditorial somme toute très réussi... Bref une pépite.
A lire évidemment.
Apres mon initiation au genre western avec Chinaman je me suis lancé voilà quelques semaines dans cette série qui m’a complètement emballé.
Ce qui à l’air de commencer simplement avec un hold-up se poursuit par une course effrénée.
Les personnages évoluent : les bons ne sont pas si bons que cela et les mauvais ont des excuses... Ils sont même nuancés, ce qui permet de nuancer ses opinions en cours de lecture. Rien de manichéen pourtant.
Au fil du temps les tomes s'améliorent au fur et à mesure.
Je crois qu’à la vue de la réussite totale de cette histoire les notes données au tout début de la série ne sont pas très révélatrices car elles ne concernent que le premier tome.
Plusieurs histoires sont imbriquées, attaques à main armée, recherche du père, course au trésor, il y a dans chaque tome de quoi contenter le lecteur.
Vraiment une bonne série à découvrir. Aventure, action, mystère, romance, tout y est.
Chose étonnante, à signaler, également, aucun personnages n’est épargné, chacun peut mourir à tout instant, on ne peut pas savoir qui sera le prochain, cela apporte plus de tension et plus de suspense.
(18/20)
Après L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, Gilles Larher et Sébastien Vassant nous proposent encore une fois un récit décalé, attachant et doté de savoureux dialogues ! Ce livre, c’est « La voix des hommes qui se mirent » (où ils vont chercher leurs titres ce duo ?!), une bd qui je j’espère vous fera également passé un bon moment de lecture !
Que nous raconte « La voix des hommes qui se mirent » ? Cette bd est décomposée en une quinzaine de courts récits où des hommes viennent témoigner sur leur rapport avec les femmes.
Mais attention, ils ne viennent pas que pour nous raconter leurs vies sexuelles (d’ailleurs, ils en parlent peu dans cette bd…) ! Non, car la plupart des personnes nous parlent de la gent féminine sous forme anecdotes croustillantes, humoristiques (toutefois, il faut savoir que c’est un comique masculin… car ce sont de vrais discussions entre hommes !), touchantes et surtout incroyablement tendres envers elles !
Quoi ?! Vous, les filles, vous n’êtes pas convaincues que les hommes parlent de leur(s) femme(s) avec respect et tendresse ?! Et bien, allez ouvrir ce bouquin et jetez-y un coup d’œil directement sur la nouvelle sur « Norbert » (aux pages 110-130 si mes souvenirs sont bons) pour vous en faire une idée ! Pour moi, ce court récit est le plus émouvant et le plus beau de cette bd !
Pour le reste, j’ai adoré les dialogues de Gilles Larher ! Comme dans L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, je suis très admiratif sur la capacité de cet auteur à nous proposer des commentaires drôles, émouvants, riches, très travaillés et fins !
Encore une fois, je trouve étonnant que le scénariste Gilles Larher n’ait pas eu une carrière de comique ou de comédien !
Graphiquement, Sébastien Vassant nous présente un style épuré en noir et blanc qui –à mon avis- convient très bien au scénario de Gilles Larher. Les personnages sont expressifs, suffisamment différenciables pour qu’on ne les confond pas. Les décors, les découpages, la mise en pages me sont apparus irréprochables.
J’avais beaucoup apprécié L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, le premier album du duo Gilles Larher et Sébastien Vassant mais cette fois-ci, j’ai carrément adoré leur deuxième bd en commun « La voix des hommes qui se mirent » où j’ai pris énormément de plaisirs de la lire !
Encore une fois, j’y ai aimé les dialogues de Gilles Vassant que je considère (déjà !) comme un des meilleurs spécialistes du genre et le dessin épuré de Sébastien Vassant.
Surtout, je trouve que l’album est suffisamment touchant et respectueux envers les femmes (qui sont le sujet principal de la bd) pour que vous preniez également beaucoup de bonheurs à le feuilleter !
Mon (gros) coup de cœur du mois !
Berserk. Un mot doux, qui évoque un paysage avec beaux horizons, des personnages féériques et acidulés et un univers idyllique.
J'espère que vous vous rendez compte que je plaisante. Rien qu'avec ce titre, le ton est donné.
Dans cette série, nous suivons la quête de Guts, le guerrier noir qui souhaite retrouver Griffith, un ancien partenaire d'arme pour le tuer. Mais entre temps, Griffith devient un dieu maléfique et marque Guts d'une cicatrice dans le cou qui attire tous les démons à lui. Bien entendu tout cela est bien plus complexe, il y a des trahisons, des coups montés, des stratèges dans différents royaumes mais il y a surtout un univers et un héros avec un historique de folie.
Tout d'abord Guts : On suit ces frasques depuis son plus jeune âge, et tout ce qu'il a du endurer pendant se jeunesse (viol, meurtre, bannissement, etc.). Ensuite on le voit évoluer dans son adolescence puis en tant qu'adulte. Bref, un travail de taré pour un personnage violent, torturé et attachant à la fois.
Ensuite, l'univers: plusieurs royaumes avec chacun un gouvernement différent à sa tête (monarchie, autonome, etc.) et bien entendu, à chaque peuple ses caractéristiques (chevalier, guerriers orientaux, etc.). Ça commence à faire beaucoup de etc.
Le dessin quant à lui est sublime. Sombre, glauque et gore, mais les émotions des personnages sont à coupées au couteau. Kentaro Miura montre son talent dans les scènes de combat entre Guts et les démons qui sont tout simplement épiques !
Comme je l'ai dit auparavant le scénario est énorme avec beaucoup de détails et de travail. Le héros devient de plus en plus fort au fil des tomes et c'est tout ce que l'on demande.
Pour les amateurs d'action, de monstres et démons, d'héroïc-fantasy et de fresques épiques, cette série est pour vous !
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Les Gardiens du Maser
Le scénario, malgré quelques longueurs, - il faut bien l'avouer - tourne bien et garde bien ses objectifs. L'univers un peu SF, un peu Steampunk et légèrement décalé fonctionne à merveille et on se surprend parfois à vouloir explorer un peu plus Kolonie aux côtés des héros... Le 4/5 est surtout là pour le graphisme toujours magnifique et original, les personnages sont facilement identifiables et charismatiques, même si l'arrivée de Ruotolo perturbe un peu le système, on reste sans difficulté dans le monde créé par Frezzato...
Quelques...
Avec ses "Quelques" Sempé nous fait une démonstration extraordinaire de son talent : le crayon à la main, il crée un univers poétique entre tous reconnaissable : le monde de Sempé, est familier et intemporel, peuplé d'individus qui nous ressemblent énormément, tiraillés entre des rêves sublimes et un quotidien dérisoire. Il fait là dans chacun de ses albums une représentation du genre humain toutes situations confondues. Des "petites gens" aux plus sophistiqués, simples, philosophes, meneurs d’hommes, passifs, hâbleurs, doux rêveurs, optimistes : le tableau est complet ! Il nous décrit l'Homme dans toute sa splendeur, ses rêveries et ses décadences... Et le fait avec maestria, car c'est un maître, un virtuose des mots bien trouvés en accord parfait avec son trait, qu'on ne peut confondre avec aucun autre ! Si nostalgique parfois, si humain toujours… Contrairement à beaucoup, c'est avec tendresse, avec douceur qu'il fait passer ses messages le plus souvent, même pour dénoncer les plus idiots de nos travers. Douceur, sobriété, intelligence... l’information passe, ne choque pas, mais percute bien ce qui rend cette série si particulière, si unique, si jouissive et si intelligente. J’ai la chance d’avoir chez mes parents une bdtheque qui m'a offert tout gamin des lectures qu'on ne rencontre pas partout. J’ai bien essayé de lui piquer cette série, mais elle s’en est aperçue et j’ai dû, à mon grand regret lui rendre ses ouvrages si magiques qui ont bercé mon enfance et que j’ai appris à comprendre avec les années. Tant mieux ils ont retrouvé la place qu’ils n’auraient jamais du quitter. Personnellement je trouve cette série abordable même pour les plus jeunes. Tout de même pas autant que le petit Nicolas (qui n’est d’ailleurs pas une BD contrairement a ses "Quelques"). Comme vous l’aurez compris, je conseille évidement l’achat de cette série difficile sinon impossible à trouver en occasion mais qui reste abordable neuve et surtout beaucoup plus accessible que sa série grand format très belle mais très chère. Pour tout les fervents adeptes de Sempé il y a aussi ses BD transposées en tout petit format et vraiment pas chères, comme Saint-Tropez qui du très grand format passe de plus de 30 euros à à peine plus de 5. Bon évidement pour 5 € on a le format "livre de poche" au lieu du maxi grand format, mais… chacun fait ses choix. Le juste milieu étant les "quelques". Un indispensable-indiscutable tout de même. 18/20
Swamp Thing
Pour un 700ème avis, il me fallait une série exceptionnelle. Ça sera 'Swamp Thing' de l'excellent Alan Moore. Je précise que je n'ai lu que les intégrales 2 et 3 parus dans les années 2004-2005. Tout d'abord, je dois avouer que je n'avais pas très bien compris le début. Il faut dire que je ne connaissais pas Jason Woodrue et ses motivations (à la relecture, je me suis rendu compte qu'on nous l'expliquait, mais j'ai dû zapper ça pendant ma première lecture). Heureusement, dès que je les ai comprises, tout m'a paru clair et j'ai pu enfin savourer les histoires de cette plante. Alan Moore a vraiment du talent pour exploiter le potentiel de ses personnages. Bien sur, la plupart des auteurs savent bien exploiter leurs personnages, mais selon moi Moore fait partie de ces rares auteurs qui savent bien exploiter à 100 % le potentiel de leurs créations (bien qu'ici il s'agisse d'un héros créé par un autre). Cela se voit très bien dans les pouvoirs qu'a le Swamp Thing. De plus, les différentes histoires que contiennent les deux intégrales sont un pur régal. J'adore surtout la mise en scène. Elle est exceptionnelle. Il suffit de lire les histoires 'Rite de printemps' et 'Manne céleste' pour s'en rendre compte. Que s'est beau ! Ça serait d'ailleurs encore plus beau si c'était en couleur. Je n'ai rien contre le noir et blanc, mais dans certaines cases je ne distingue pas parfaitement ce qui se passe. Il faut que je regarde attentivement pour bien voir. De plus, même si j'aime les proses de Moore, je trouve que dans certains cas c'est un peu lourd. Heureusement, globalement, les proses sont absolument géniales ! Je me demande ce que cela donne en VO. Surement des proses encore plus extraordinaires !
Les Naufragés du temps
J'ai découvert cette série avec la réédition en cours. Le dessin de Gillon est juste superbe, un trait fin et détaillé, des constructions chiadées, une vraie "touche" dans le traité. La nouvelle mise en couleur est vraiment splendide, du ton sur ton qui donne corps aux images, et des ambiances plus sombres que dans l'original, ce qui colle évidemment mieux à la trame scénaristique emplie de mélancolie et de tragédie. Le graphisme est le point fort de cette série. La narration en surprendra plus d'un, elle est très ampoulée, empruntant un vocabulaire et des constructions de phrases à la littérature, voir à la poésie. Ca donne un ton parfois trop décalé, jusqu'à en être risible, parfois. Ca relève chez les auteurs une volonté très "présomptueuse" qui peut refroidir. Reste une imagination dans les situations du héros juste succulentes, des péripéties intéressantes, des personnages hauts en couleurs, à la psychologie travaillée. Ca se lit avec énormément d'intérêt et ce voyage en vaut vraiment la peine. A noter tout de même, un ton un peu machiste dans l'ensemble de la BD, qui pourra aussi rebuter.
Jolies ténèbres
Voici une bande dessinée que j'ai lue et relue trois fois depuis son achat, et sur laquelle j'ai du mal à m'exprimer tant le sujet est fort. C'est en effet une véritable claque, une bombe évidement à ne pas mettre entre toutes les mains. L'objet éditorial en lui-même est superbe : une belle jaquette représentant une scène champêtre voire bucolique : une petite fille dort dans l'herbe ! Que nenni, Fabien Velhmann et Marie Pommepuy nous ont concocté un conte macabre, cruel, parfois gore, sordide et..., bon j'arrête là les adjectifs tant on sort dégouté de cette histoire, même complètement retourné tant le décalage est fort entre le dessin (presque de l'illustration de livre d'enfant) et la cruauté du récit. Le scénario n'explique pas tout, et c'est d'ailleurs une volonté des auteurs. Qu'est-il arrivé à cette fillette, qui est l'homme habitant la forêt (son père, son assassin, un quidam ?), qui sont ces étranges créatures sorties du corps d'Aurore (pour ma part, je pense qu'il s'agit de la production de son cerveau, de ces histoires que se racontent les petites filles... mais cela n'engage que moi) ? Mais c'est au lecteur d'imaginer le passé et la suite de cette aventure. Un récit qui, au fil des saisons et de la décomposition du corps (tiens cela me fait songer au poème de Baudelaire intitulé Une charogne, lisez-le, vous verrez) nous met mal à l'aise, voire nous répugne mais bon sang que c'est réussi ! Une excellente bande dessinée, L'évènement de ce trimestre.
Bunker
Bunker est mon coup de coeur du moment, ainsi que de nombreuses BD de Bec (Prométhée, Sanctuaire..., je posterai des avis ultérieurement sur ces derniers). L'intrigue élaborée par Bec et Betbeder est bien menée le long des 3 tomes parus à ce jour. L'histoire se présente ainsi dans le tome 1 : une frontière existe entre notre monde et un autre monde méconnu et dangereux. Cette frontière est gardée par des nombreux soldats qui s'installent dans des bunkers (d'où le titre). Dans les tomes 2 et 3, nos héros prennent forme et l'histoire se complexifie grandement par des rapports conflictuels entre les différents peuples du nord et du sud, mais également au sein même de l'état major des forces du nord. Il est difficile d'expliquer la suite sans trop en dire et donc de gâcher le plaisir de la lecture. Mais la science fiction commence à prédominer grandement, et le héros que l'on croyait insipide dans le premier tome commence à se dévoiler. Coté dessin, dans le tome 1 on se régale des dessins de Bec notamment sur les paysages montagneux et les hélicoptères. Dans les tomes 2 et 3, c'est un autre dessinateur qui prend le relais, un certain Genzianella, j'avoue avoir été choqué de ce changement au début du tome 2... par la suite je m'y suis plutôt habitué, voire totalement au tome 3. Surtout que l'on ressent bien que Bec veille, on reconnaît sa supervision dans la mise en page et dans les cadrages, je peux me tromper mais je ne pense pas que Genzianella était totalement libre, on ressent trop l'empreinte de Bec. C'est la main de Genzianella mais le cerveau de Bec qui la dirige. Au final, un très bonne Bd pour les fans d'intrigues et de science-fiction.
Canoë Bay
J'attendais avec impatience la sortie de "Canoë Bay", annoncée à grand renfort de publicité dans diverses revues de bd. Je dois dire que c'est la première bande dessinée que j'achète chez Daniel Maghen, nouvel arrivant dans le 9ème art. En effet, ses précedentes bd étaient assez "creuses" au niveau scénaristique. Mais c'est surtout le nom des auteurs, Patrick Prugne et Tiburce Oger, qui a attiré mon attention. Ils avaient signé la très réussie L'auberge du Bout du Monde. C'est avec plaisir que je remarque que la bande dessinée arrive à sortir du carcan des 48 pages réglementaires, en nous offrant comme ici 76 pages de lecture. Enfin, autre avantage de la présente édition, le "bonus", un superbe cahier de croquis d'une vingtaine de pages. En outre, le grand format de ce livre permet de nous en mettre plein la vue... Les planches de Prugne sont en effet d'une beauté à vous couper le souffle ! Bien sûr, le scénario emprunte des éléments à Stevenson (L'île au trésor), à Les Passagers du vent (un héros jeune, des aventures maritimes et une fin très ouverte), à Plume aux vents (pour la localisation de l'intrigue) et à beaucoup d'histoires de pirates mais le talent est là, cette bd se lit d'une traite et on s'attache très vite aux personnages, en particulier à ce vieux roublard de John Place, chef charismatique truculent et parfaitement réussi ! Un one shot, une histoire de pirates (je sais après Long John Silver et Le Diable des sept mers, vous en avez peut-être assez, mais pas moi), un dessin superbe, un objet éditorial somme toute très réussi... Bref une pépite. A lire évidemment.
Gibier de potence
Apres mon initiation au genre western avec Chinaman je me suis lancé voilà quelques semaines dans cette série qui m’a complètement emballé. Ce qui à l’air de commencer simplement avec un hold-up se poursuit par une course effrénée. Les personnages évoluent : les bons ne sont pas si bons que cela et les mauvais ont des excuses... Ils sont même nuancés, ce qui permet de nuancer ses opinions en cours de lecture. Rien de manichéen pourtant. Au fil du temps les tomes s'améliorent au fur et à mesure. Je crois qu’à la vue de la réussite totale de cette histoire les notes données au tout début de la série ne sont pas très révélatrices car elles ne concernent que le premier tome. Plusieurs histoires sont imbriquées, attaques à main armée, recherche du père, course au trésor, il y a dans chaque tome de quoi contenter le lecteur. Vraiment une bonne série à découvrir. Aventure, action, mystère, romance, tout y est. Chose étonnante, à signaler, également, aucun personnages n’est épargné, chacun peut mourir à tout instant, on ne peut pas savoir qui sera le prochain, cela apporte plus de tension et plus de suspense. (18/20)
La Voix des hommes qui se mirent
Après L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, Gilles Larher et Sébastien Vassant nous proposent encore une fois un récit décalé, attachant et doté de savoureux dialogues ! Ce livre, c’est « La voix des hommes qui se mirent » (où ils vont chercher leurs titres ce duo ?!), une bd qui je j’espère vous fera également passé un bon moment de lecture ! Que nous raconte « La voix des hommes qui se mirent » ? Cette bd est décomposée en une quinzaine de courts récits où des hommes viennent témoigner sur leur rapport avec les femmes. Mais attention, ils ne viennent pas que pour nous raconter leurs vies sexuelles (d’ailleurs, ils en parlent peu dans cette bd…) ! Non, car la plupart des personnes nous parlent de la gent féminine sous forme anecdotes croustillantes, humoristiques (toutefois, il faut savoir que c’est un comique masculin… car ce sont de vrais discussions entre hommes !), touchantes et surtout incroyablement tendres envers elles ! Quoi ?! Vous, les filles, vous n’êtes pas convaincues que les hommes parlent de leur(s) femme(s) avec respect et tendresse ?! Et bien, allez ouvrir ce bouquin et jetez-y un coup d’œil directement sur la nouvelle sur « Norbert » (aux pages 110-130 si mes souvenirs sont bons) pour vous en faire une idée ! Pour moi, ce court récit est le plus émouvant et le plus beau de cette bd ! Pour le reste, j’ai adoré les dialogues de Gilles Larher ! Comme dans L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, je suis très admiratif sur la capacité de cet auteur à nous proposer des commentaires drôles, émouvants, riches, très travaillés et fins ! Encore une fois, je trouve étonnant que le scénariste Gilles Larher n’ait pas eu une carrière de comique ou de comédien ! Graphiquement, Sébastien Vassant nous présente un style épuré en noir et blanc qui –à mon avis- convient très bien au scénario de Gilles Larher. Les personnages sont expressifs, suffisamment différenciables pour qu’on ne les confond pas. Les décors, les découpages, la mise en pages me sont apparus irréprochables. J’avais beaucoup apprécié L'Accablante apathie des dimanches à rosbif, le premier album du duo Gilles Larher et Sébastien Vassant mais cette fois-ci, j’ai carrément adoré leur deuxième bd en commun « La voix des hommes qui se mirent » où j’ai pris énormément de plaisirs de la lire ! Encore une fois, j’y ai aimé les dialogues de Gilles Vassant que je considère (déjà !) comme un des meilleurs spécialistes du genre et le dessin épuré de Sébastien Vassant. Surtout, je trouve que l’album est suffisamment touchant et respectueux envers les femmes (qui sont le sujet principal de la bd) pour que vous preniez également beaucoup de bonheurs à le feuilleter ! Mon (gros) coup de cœur du mois !
Berserk
Berserk. Un mot doux, qui évoque un paysage avec beaux horizons, des personnages féériques et acidulés et un univers idyllique. J'espère que vous vous rendez compte que je plaisante. Rien qu'avec ce titre, le ton est donné. Dans cette série, nous suivons la quête de Guts, le guerrier noir qui souhaite retrouver Griffith, un ancien partenaire d'arme pour le tuer. Mais entre temps, Griffith devient un dieu maléfique et marque Guts d'une cicatrice dans le cou qui attire tous les démons à lui. Bien entendu tout cela est bien plus complexe, il y a des trahisons, des coups montés, des stratèges dans différents royaumes mais il y a surtout un univers et un héros avec un historique de folie. Tout d'abord Guts : On suit ces frasques depuis son plus jeune âge, et tout ce qu'il a du endurer pendant se jeunesse (viol, meurtre, bannissement, etc.). Ensuite on le voit évoluer dans son adolescence puis en tant qu'adulte. Bref, un travail de taré pour un personnage violent, torturé et attachant à la fois. Ensuite, l'univers: plusieurs royaumes avec chacun un gouvernement différent à sa tête (monarchie, autonome, etc.) et bien entendu, à chaque peuple ses caractéristiques (chevalier, guerriers orientaux, etc.). Ça commence à faire beaucoup de etc. Le dessin quant à lui est sublime. Sombre, glauque et gore, mais les émotions des personnages sont à coupées au couteau. Kentaro Miura montre son talent dans les scènes de combat entre Guts et les démons qui sont tout simplement épiques ! Comme je l'ai dit auparavant le scénario est énorme avec beaucoup de détails et de travail. Le héros devient de plus en plus fort au fil des tomes et c'est tout ce que l'on demande. Pour les amateurs d'action, de monstres et démons, d'héroïc-fantasy et de fresques épiques, cette série est pour vous !