Avec ce nouveau diptyque, Jean-Claude Servais continue à explorer les richesses de « sa » Gaume. L’abbaye d’Orval en est un des lieux les plus emblématiques et en retracer l’histoire est, à mon avis, une bonne idée.
Mais, comme d’habitude chez Servais, l’histoire nous est présentée sous la forme d’une fiction qui verra s’opposer un jeune moine et un commerçant cupide. A nouveau, le manichéisme est très présent dès le début de ce récit. Je ne peux pas dire que cela m’enchante mais l’artiste m’a tellement habitué à ce procédé que je ne suis pas vraiment surpris de l’intrigue qui sert de support à cette évocation du lieu.
Malheureusement, l’album met du temps à démarrer. Dans les premières planches, l’artiste remonte à la source de la création du site. Et c’est le moins que l’on puisse dire puisque l’on apprend même l’origine de l’ordre des moines bénédictins (cisterciens, si l’on veut être plus précis), propriétaires de l’abbaye ou encore l’origine du nom d’Orval d’après la célèbre légende évoquée en couverture de cette première partie.
Mais la partie la plus intéressante du récit débute après une bonne trentaine de pages. J’ai vraiment bien apprécié la description du lieu peu avant la révolution française. L’abbaye est alors au sommet de sa démesure et bien éloignée de ses valeurs charitables. Paradoxalement, c’est également la plus grosse « entreprise » de la région, avec une section « sidérurgie » d’importance.
J’aurais aimé que Jean-Claude Servais se concentre sur cet aspect. Certains détails me laissent espérer que ce sera le cas dans la seconde partie du récit. Comment une petite abbaye de province est-elle devenue un énorme pôle économique, au point de sombrer dans la mégalomanie et l’exubérance, et d’attiser les jalousies d’une population qui, à l’origine, ne lui était pas réfractaire ? Voilà vraiment le sujet qui m’intéresse dans ce récit, et cette première partie me frustre quelque peu.
Reste l’aspect graphique.
Magnifique, une fois de plus, pour les amateurs de dessin classique dans mon genre.
Je constate cependant une légère évolution du trait vers une certaine simplification (mais est-ce le terme exact ?). L’artiste ne hachure plus autant ses planches et laisse ainsi plus de latitudes à Raives (son coloriste). Le relief de ses visages est ainsi plus suggéré par des nuances d’ombre et de lumière issues de la colorisation qu’auparavant. Cet aspect n’est pas pour me déplaire. Par contre, je trouve, par moment, les couleurs trop vives et un peu artificielles.
Malgré ce petit défaut, les planches qui composent cet album sont des « accroches l’œil » imparables. J’ai régulièrement interrompu ma lecture pour m’attarder sur ce dessin, et plus particulièrement certains vues d’ensemble du site, tout simplement magnifiques. Le bestiaire de Servais est, quant à lui, toujours aussi admirable, et l’artiste multiplie les présences d’oiseaux et d’insectes, qui enrichissent encore ces planches.
Très beau graphiquement, et pas totalement convaincant au niveau du scénario, cette première partie d’Orval confirme finalement mon opinion sur ce très grand artiste qu’est Jean-Claude Servais (voir mes autres avis à ce sujet).
Un coup de coeur graphique, cependant, pour cette évocation d'un lieu qui m'est cher.
PS : ne croyez pas trouver ici une quelconque allusion à la bière. Les moines Trappistes ne se sont installés à Orval qu’en 1927, soit bien après l’époque évoquée dans le présent album. La brasserie sera alors créée afin de financer une partie du chantier de reconstruction de l’abbaye … mais ceci est une autre histoire.
Une fille qui fait de la BD, ça ne court pas les rues ; une fille qui fait une BD sur la piraterie encore moins… Laureline Mattiussi était entré en BD à la Boîte à Bulles avec un recueil d’historiettes sur les petites hontes enfantines, et ça ne s’était pas trop bien passé.
Ici elle change de style pour coller de façon plus pratique au thème, celui de l’aventure dans le milieu de la piraterie. On voit un peu l’influence d’Isaac le pirate, mais Laureline s’en affranchit pour proposer sa propre lecture du mythe et, surtout, donner à son récit des tournants inattendus. Ainsi après une banale histoire de pillage entre pirates et de course-poursuite pimentée d’un peu de sexe, le récit bascule dans une sorte de non-sense, certains desdits pirates se retrouvant captifs et dans une situation pour le moins inédite. Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue, mais sachez que ça m’a vraiment surpris, et que du coup, ma lecture s'en est trouvée relancée. dans le second tome l'intrigue avance de façon un peu plus chaotique, mais l'auteure applique à peu près les mêmes recettes que dans la première moitié du diptyque : piraterie, sexe, absurde.
Un double album surprenant.
Pour moi, La Nuit de l'Inca préfigure le chef d'œuvre que sera Les Cinq Conteurs de Bagdad. Conte très agréable à parcourir, il n'en recèle pas moins une critique du fanatisme religieux. Lecture à tiroir (même si le tiroir est ici bien visible) comme je les affectionne, ce bon diptyque nous transporte au temps des Incas et nous remémore inévitablement, comme l'a dit un autre posteur, quelques souvenirs de Tintin et le temple du soleil tout en étant plus intéressant à mon avis.
Primo, il faut noter le style particulier de Duchazeau qui pourra en rebuter plus d'un. Très hachuré et comportant beaucoup d'aplats, on pourrait de prime abord penser qu'il n'est là que pour donner à Fabien Vehlmann l'occasion d'exprimer son talent de conteur. Pourtant, je dois reconnaître lui avoir trouvé un certain charme, un je ne sais quoi d'enchanteur. Il donne à ce récit une saveur particulière, un exotisme graphique en quelque sorte.
Secundo, le scénario est vraiment intéressant. Sous ses airs de "je m'intéresse à une époque dépassée et à une civilisation disparue", la fable racontée reste toujours d'actualité. Critique ouverte du gouvernement religieux et non de la religion, le récit se charge de mettre en exergue les facettes de la dictature au sein des mouvements religieux. Le sujet est traité de façon subtile et intelligente, sans alourdir le récit, qui d'ailleurs se suffit à lui-même. On y retrouve des personnages attachants, à la psychologie évoluée, une trame qui tient la route, mais plutôt légère si l'on passe à côté du message délivré. Mais c'est surtout l'ambiance, renforcée par le dessin, qui confère à cet ouvrage un dépaysement bienvenu.
En définitive, une fable optimiste, sincère et surtout agréable à parcourir.
J'ai lu Arabico... quel choc ! Les BD comme celles-ci sont rares. C'est un récit très engagé car très personnel, subjectif (pour une fois !). Vécu de l'intérieur, avec les tripes, et le cœur!
Certes, l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il parle de la violence des institutions policières, mais il confirme le sentiment de malaise et d'urgence dans lequel vit la population pauvre des quartiers qu'on dit sensibles.
Certains n'apprécieront pas du tout les partis pris, parleront de caricature... mais c'est vite oublier que l'auteur est aussi dessinateur de presse ! Qu'il sait de quoi il parle. Et que pour une fois, un récit de banlieue ne parle pas de drogue, d'armes à feu, de délinquance gratuite...
J'ai particulièrement adoré la construction. La tension est la, dès le début... l'intrigue est posée. C'est une formidable intrigue a tiroir ou tout se rejoint pour un final, certes sombre, mais lucide, doux, humain, et implacable!
Cette BD deviendra culte, a coup sûr! J'attends les 2 autres tomes avec impatience. Ils confirmeront tout le talent de son auteur, qui est arrivé avec une oeuvre coup de poing, pour faire bouger les consciences. Salutaire ! Un moment de lecture inoubliable. Merci !!!
Comme toutes les BD « documentaires » de Guy Delisle, je trouve ce livre très bien écrit et très intéressant.
Servi par un dessin simple mais efficace et compréhensible, l’auteur raconte sa vie pendant un an en Birmanie, une dictature (comme la plupart du temps dans ses livres). C’est très intéressant de le suivre dans ce pays à l’autre bout de la planète, tellement diffèrent du nôtre, tant au niveau des coutumes que du rythme de vie.
Une BD très intéressante.
Une Bd super, une grande aventure, un dessin très percutant, des personnages attachants.
J’aime beaucoup le style de Blain (tout comme beaucoup d’auteur de la collection Poisson Pilote ; Duchazeau ou Sfar), avec Isaac Le Pirate il arrive à nous entrainer dans une grande épopée, qui nous tient en haleine à la fin de chaque tome. On ne s’ennuie jamais.
On prend énormément de plaisir à la lecture de cette série.
Dommage que cela fasse quatre ans qu’il n’y a pas de nouveau tome.
Mes camarades ont bien posé les enjeux de la lecture de "Droit du sol" ; à cela se rajoute le débat lancé par le Ministre de l'Immigration et de l'identité nationale sur, justement, cette identité nationale.
Qu'est-ce qu'être français ?
C'est parler la langue française ? C'est naître sur le territoire ? C'est s'intégrer, aller à l'école, trouver du boulot ? Je ne pense pas qu'il y ait de réponse définitive ; mais, à 5 000 ou 10 000 kilomètres de la métropole, le concept même prend toute son importance. A Mayotte, nouveau département, se croise natifs qui essaient de survivre, parfois en vendant leur corps, métropolitains aux motivations diverses, allant de l'humanitaire à la concupiscence la plus crasse. L’atout de Charles Masson est d'essayer de présenter un panorama vaste de toutes ces identités, qui essaient toutes de tirer profit de leur appartenance à la nation française... Avec en toile de fond l'arrivée au pouvoir de Sarkozy et sa conception toute particulière de l'identité française... Masson essaie de nuancer son propos, il n'y a pas de bons ou de mauvais maorais, de bons ou de mauvais métropolitains... C'est bien, mais en plus de nuancer, il aurait bien fait d'approfondir le débat sous-jacent. Des tas de questions sont posées par ce one shot, peu trouvent de réponse, ou du moins de prises de position... Dommage, car l'ouvrage aurait ainsi pu avoir un véritable retentissement, et participer lui aussi au débat...
Cependant la lecture fut intéressante, même si j'aurais aimé découvrir un peu plus la culture de Mayotte...
Un petit 3,5/5 mérité.
Un joli coup de cœur pour moi !
Malgré des œuvres parfois contestées, pouvant mêler violence et sexe, Jodorowski arrive une nouvelle fois à nous surprendre, en restant cependant dans le même créneau. Si le scénario, à la clôture du premier opus, peut se résumer en quelques lignes (magouilles d’un cardinal pour accéder au trône papal), l’auteur enrobe le récit de différents éléments le rendant pour le moins original… Attention, cet album n’est pas à mettre en toutes les mains. Je vous laisse découvrir mais la couverture, pour le moins réussie, en dit long!
Le rythme est également très maîtrisé : les pages défilent et le lecteur est immergé dans la Rome du XVIème siècle. Nul doute que la qualité graphique extraordinaire y est aussi pour quelque chose ; le travail sur le dessin et les couleurs est tout simplement superbe!
Une nouvelle fois, je suis vraiment satisfait d’avoir découvert un premier volume de cette qualité. Je vois plus la série se terminer en trois qu’en deux tomes car j’attends encore pas mal de rebondissements dans ce récit historique qui étonne et dégoute… Coup de cœur à découvrir si le "too much" de l'auteur ne vous fait pas peur!
A relire et relire. Le contexte des EinsatzGruppen autorise une histoire d'hommes qui ne laissent pas leur âme dériver vers les abimes de l'indicible. Leur objet est de conquérir ou de conserver l'amour de l'être aimée dans cette période où tout s'écroule. Beaucoup d'humanité au travers de cette oeuvre duelle et duale.
Cette série fut pour moi une belle découverte.
Graphiquement d’abord. Pontarolo a un style qui me plait et qui, par certains aspects de son trait, ressemble à celui de Bilal.
L’univers ensuite est assez intéressant avec cette cité métal dévorée par la rouille grimpante.
J’apprécie l’évolution du récit qui part du cas Naciré, simple cheminot amouraché d’une aiguilleuse, pour aboutir à des considérations qui prennent beaucoup plus d’ampleur et concerne le monde dans lequel Naciré vit. Cet album est à la fois une caricature de l’absurdité de la guerre et un plaidoyer en faveur de la sauvegarde de l’environnement. On sent que Pontarolo a bien cadenassé son récit dès le départ, ne laissant pas de place à l’improvisation. Cela donne une histoire de science-fiction riche et cohérente sans entamer les effets de surprise. Le message véhiculé par cette série est universel mais reste bien à propos au vu de l’amnésie de certains.
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Orval
Avec ce nouveau diptyque, Jean-Claude Servais continue à explorer les richesses de « sa » Gaume. L’abbaye d’Orval en est un des lieux les plus emblématiques et en retracer l’histoire est, à mon avis, une bonne idée. Mais, comme d’habitude chez Servais, l’histoire nous est présentée sous la forme d’une fiction qui verra s’opposer un jeune moine et un commerçant cupide. A nouveau, le manichéisme est très présent dès le début de ce récit. Je ne peux pas dire que cela m’enchante mais l’artiste m’a tellement habitué à ce procédé que je ne suis pas vraiment surpris de l’intrigue qui sert de support à cette évocation du lieu. Malheureusement, l’album met du temps à démarrer. Dans les premières planches, l’artiste remonte à la source de la création du site. Et c’est le moins que l’on puisse dire puisque l’on apprend même l’origine de l’ordre des moines bénédictins (cisterciens, si l’on veut être plus précis), propriétaires de l’abbaye ou encore l’origine du nom d’Orval d’après la célèbre légende évoquée en couverture de cette première partie. Mais la partie la plus intéressante du récit débute après une bonne trentaine de pages. J’ai vraiment bien apprécié la description du lieu peu avant la révolution française. L’abbaye est alors au sommet de sa démesure et bien éloignée de ses valeurs charitables. Paradoxalement, c’est également la plus grosse « entreprise » de la région, avec une section « sidérurgie » d’importance. J’aurais aimé que Jean-Claude Servais se concentre sur cet aspect. Certains détails me laissent espérer que ce sera le cas dans la seconde partie du récit. Comment une petite abbaye de province est-elle devenue un énorme pôle économique, au point de sombrer dans la mégalomanie et l’exubérance, et d’attiser les jalousies d’une population qui, à l’origine, ne lui était pas réfractaire ? Voilà vraiment le sujet qui m’intéresse dans ce récit, et cette première partie me frustre quelque peu. Reste l’aspect graphique. Magnifique, une fois de plus, pour les amateurs de dessin classique dans mon genre. Je constate cependant une légère évolution du trait vers une certaine simplification (mais est-ce le terme exact ?). L’artiste ne hachure plus autant ses planches et laisse ainsi plus de latitudes à Raives (son coloriste). Le relief de ses visages est ainsi plus suggéré par des nuances d’ombre et de lumière issues de la colorisation qu’auparavant. Cet aspect n’est pas pour me déplaire. Par contre, je trouve, par moment, les couleurs trop vives et un peu artificielles. Malgré ce petit défaut, les planches qui composent cet album sont des « accroches l’œil » imparables. J’ai régulièrement interrompu ma lecture pour m’attarder sur ce dessin, et plus particulièrement certains vues d’ensemble du site, tout simplement magnifiques. Le bestiaire de Servais est, quant à lui, toujours aussi admirable, et l’artiste multiplie les présences d’oiseaux et d’insectes, qui enrichissent encore ces planches. Très beau graphiquement, et pas totalement convaincant au niveau du scénario, cette première partie d’Orval confirme finalement mon opinion sur ce très grand artiste qu’est Jean-Claude Servais (voir mes autres avis à ce sujet). Un coup de coeur graphique, cependant, pour cette évocation d'un lieu qui m'est cher. PS : ne croyez pas trouver ici une quelconque allusion à la bière. Les moines Trappistes ne se sont installés à Orval qu’en 1927, soit bien après l’époque évoquée dans le présent album. La brasserie sera alors créée afin de financer une partie du chantier de reconstruction de l’abbaye … mais ceci est une autre histoire.
L'Ile au poulailler
Une fille qui fait de la BD, ça ne court pas les rues ; une fille qui fait une BD sur la piraterie encore moins… Laureline Mattiussi était entré en BD à la Boîte à Bulles avec un recueil d’historiettes sur les petites hontes enfantines, et ça ne s’était pas trop bien passé. Ici elle change de style pour coller de façon plus pratique au thème, celui de l’aventure dans le milieu de la piraterie. On voit un peu l’influence d’Isaac le pirate, mais Laureline s’en affranchit pour proposer sa propre lecture du mythe et, surtout, donner à son récit des tournants inattendus. Ainsi après une banale histoire de pillage entre pirates et de course-poursuite pimentée d’un peu de sexe, le récit bascule dans une sorte de non-sense, certains desdits pirates se retrouvant captifs et dans une situation pour le moins inédite. Je n’en dirai pas plus pour ne pas déflorer l’intrigue, mais sachez que ça m’a vraiment surpris, et que du coup, ma lecture s'en est trouvée relancée. dans le second tome l'intrigue avance de façon un peu plus chaotique, mais l'auteure applique à peu près les mêmes recettes que dans la première moitié du diptyque : piraterie, sexe, absurde. Un double album surprenant.
La Nuit de l'Inca
Pour moi, La Nuit de l'Inca préfigure le chef d'œuvre que sera Les Cinq Conteurs de Bagdad. Conte très agréable à parcourir, il n'en recèle pas moins une critique du fanatisme religieux. Lecture à tiroir (même si le tiroir est ici bien visible) comme je les affectionne, ce bon diptyque nous transporte au temps des Incas et nous remémore inévitablement, comme l'a dit un autre posteur, quelques souvenirs de Tintin et le temple du soleil tout en étant plus intéressant à mon avis. Primo, il faut noter le style particulier de Duchazeau qui pourra en rebuter plus d'un. Très hachuré et comportant beaucoup d'aplats, on pourrait de prime abord penser qu'il n'est là que pour donner à Fabien Vehlmann l'occasion d'exprimer son talent de conteur. Pourtant, je dois reconnaître lui avoir trouvé un certain charme, un je ne sais quoi d'enchanteur. Il donne à ce récit une saveur particulière, un exotisme graphique en quelque sorte. Secundo, le scénario est vraiment intéressant. Sous ses airs de "je m'intéresse à une époque dépassée et à une civilisation disparue", la fable racontée reste toujours d'actualité. Critique ouverte du gouvernement religieux et non de la religion, le récit se charge de mettre en exergue les facettes de la dictature au sein des mouvements religieux. Le sujet est traité de façon subtile et intelligente, sans alourdir le récit, qui d'ailleurs se suffit à lui-même. On y retrouve des personnages attachants, à la psychologie évoluée, une trame qui tient la route, mais plutôt légère si l'on passe à côté du message délivré. Mais c'est surtout l'ambiance, renforcée par le dessin, qui confère à cet ouvrage un dépaysement bienvenu. En définitive, une fable optimiste, sincère et surtout agréable à parcourir.
Arabico
J'ai lu Arabico... quel choc ! Les BD comme celles-ci sont rares. C'est un récit très engagé car très personnel, subjectif (pour une fois !). Vécu de l'intérieur, avec les tripes, et le cœur! Certes, l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il parle de la violence des institutions policières, mais il confirme le sentiment de malaise et d'urgence dans lequel vit la population pauvre des quartiers qu'on dit sensibles. Certains n'apprécieront pas du tout les partis pris, parleront de caricature... mais c'est vite oublier que l'auteur est aussi dessinateur de presse ! Qu'il sait de quoi il parle. Et que pour une fois, un récit de banlieue ne parle pas de drogue, d'armes à feu, de délinquance gratuite... J'ai particulièrement adoré la construction. La tension est la, dès le début... l'intrigue est posée. C'est une formidable intrigue a tiroir ou tout se rejoint pour un final, certes sombre, mais lucide, doux, humain, et implacable! Cette BD deviendra culte, a coup sûr! J'attends les 2 autres tomes avec impatience. Ils confirmeront tout le talent de son auteur, qui est arrivé avec une oeuvre coup de poing, pour faire bouger les consciences. Salutaire ! Un moment de lecture inoubliable. Merci !!!
Chroniques Birmanes
Comme toutes les BD « documentaires » de Guy Delisle, je trouve ce livre très bien écrit et très intéressant. Servi par un dessin simple mais efficace et compréhensible, l’auteur raconte sa vie pendant un an en Birmanie, une dictature (comme la plupart du temps dans ses livres). C’est très intéressant de le suivre dans ce pays à l’autre bout de la planète, tellement diffèrent du nôtre, tant au niveau des coutumes que du rythme de vie. Une BD très intéressante.
Isaac le pirate
Une Bd super, une grande aventure, un dessin très percutant, des personnages attachants. J’aime beaucoup le style de Blain (tout comme beaucoup d’auteur de la collection Poisson Pilote ; Duchazeau ou Sfar), avec Isaac Le Pirate il arrive à nous entrainer dans une grande épopée, qui nous tient en haleine à la fin de chaque tome. On ne s’ennuie jamais. On prend énormément de plaisir à la lecture de cette série. Dommage que cela fasse quatre ans qu’il n’y a pas de nouveau tome.
Droit du sol
Mes camarades ont bien posé les enjeux de la lecture de "Droit du sol" ; à cela se rajoute le débat lancé par le Ministre de l'Immigration et de l'identité nationale sur, justement, cette identité nationale. Qu'est-ce qu'être français ? C'est parler la langue française ? C'est naître sur le territoire ? C'est s'intégrer, aller à l'école, trouver du boulot ? Je ne pense pas qu'il y ait de réponse définitive ; mais, à 5 000 ou 10 000 kilomètres de la métropole, le concept même prend toute son importance. A Mayotte, nouveau département, se croise natifs qui essaient de survivre, parfois en vendant leur corps, métropolitains aux motivations diverses, allant de l'humanitaire à la concupiscence la plus crasse. L’atout de Charles Masson est d'essayer de présenter un panorama vaste de toutes ces identités, qui essaient toutes de tirer profit de leur appartenance à la nation française... Avec en toile de fond l'arrivée au pouvoir de Sarkozy et sa conception toute particulière de l'identité française... Masson essaie de nuancer son propos, il n'y a pas de bons ou de mauvais maorais, de bons ou de mauvais métropolitains... C'est bien, mais en plus de nuancer, il aurait bien fait d'approfondir le débat sous-jacent. Des tas de questions sont posées par ce one shot, peu trouvent de réponse, ou du moins de prises de position... Dommage, car l'ouvrage aurait ainsi pu avoir un véritable retentissement, et participer lui aussi au débat... Cependant la lecture fut intéressante, même si j'aurais aimé découvrir un peu plus la culture de Mayotte... Un petit 3,5/5 mérité.
Le Pape Terrible
Un joli coup de cœur pour moi ! Malgré des œuvres parfois contestées, pouvant mêler violence et sexe, Jodorowski arrive une nouvelle fois à nous surprendre, en restant cependant dans le même créneau. Si le scénario, à la clôture du premier opus, peut se résumer en quelques lignes (magouilles d’un cardinal pour accéder au trône papal), l’auteur enrobe le récit de différents éléments le rendant pour le moins original… Attention, cet album n’est pas à mettre en toutes les mains. Je vous laisse découvrir mais la couverture, pour le moins réussie, en dit long! Le rythme est également très maîtrisé : les pages défilent et le lecteur est immergé dans la Rome du XVIème siècle. Nul doute que la qualité graphique extraordinaire y est aussi pour quelque chose ; le travail sur le dessin et les couleurs est tout simplement superbe! Une nouvelle fois, je suis vraiment satisfait d’avoir découvert un premier volume de cette qualité. Je vois plus la série se terminer en trois qu’en deux tomes car j’attends encore pas mal de rebondissements dans ce récit historique qui étonne et dégoute… Coup de cœur à découvrir si le "too much" de l'auteur ne vous fait pas peur!
Airborne 44
A relire et relire. Le contexte des EinsatzGruppen autorise une histoire d'hommes qui ne laissent pas leur âme dériver vers les abimes de l'indicible. Leur objet est de conquérir ou de conserver l'amour de l'être aimée dans cette période où tout s'écroule. Beaucoup d'humanité au travers de cette oeuvre duelle et duale.
Naciré et les machines
Cette série fut pour moi une belle découverte. Graphiquement d’abord. Pontarolo a un style qui me plait et qui, par certains aspects de son trait, ressemble à celui de Bilal. L’univers ensuite est assez intéressant avec cette cité métal dévorée par la rouille grimpante. J’apprécie l’évolution du récit qui part du cas Naciré, simple cheminot amouraché d’une aiguilleuse, pour aboutir à des considérations qui prennent beaucoup plus d’ampleur et concerne le monde dans lequel Naciré vit. Cet album est à la fois une caricature de l’absurdité de la guerre et un plaidoyer en faveur de la sauvegarde de l’environnement. On sent que Pontarolo a bien cadenassé son récit dès le départ, ne laissant pas de place à l’improvisation. Cela donne une histoire de science-fiction riche et cohérente sans entamer les effets de surprise. Le message véhiculé par cette série est universel mais reste bien à propos au vu de l’amnésie de certains. A découvrir !