Les séries de François Bourgeon sont visiblement des incontournables de la bande dessinée. Et il suffit d’en lire une pour comprendre pourquoi.
C’est sans nul doute difficile à aborder, un graphisme singulier, des couleurs vieillottes, beaucoup de texte et un vocabulaire tellement riche que l’on perd parfois pied. Mais ce dernier critère rend ses œuvres uniques, la documentation ultra-poussée de l’auteur donne une incroyable authenticité à ses histoires.
Dans celle-ci, Bourgeon décortique le monde de la marine du 17ème siècle. Il nous entraîne sur les mers et les océans en compagnie d’une fille de noble désavouée et d’un simple marin.
Isa et Hoel, pour fuir une France hostile, suivent le commerce triangulaire, la déportation des esclaves africains, poussés par le vent de l’aventure avec un grand A. Une histoire plausible qui vous tient en haleine dans un contexte historique terriblement authentique. Grâce aux charismes des quelques personnages principaux on suit avec bonheur ce voyage teinté d’humour, de violence, d’érotisme, de suspense.
On pourrait en parler pendant des heures, mieux vaut la lire et la relire.
Lorsque que le neuvième art mélange Histoire et fiction, il est patent que l'impact est juste et puissant. La division des événements historiques par le biais des cases permet de s'attarder sur des parcelles de vie, ancrées dans une réalité vécue. A jamais, la bande dessinée nous fait preuve de son efficience lorsqu'elle devient un moyen pour une fin historique. Elle est mémoire, elle devient peu à peu une nouvelle arme contre l'ineffable de l'Histoire.
Sera, qui signe ici la fin d'un cycle sur la dictature des Khmers Rouges au Cambodge, s'installe avec ferveur et raison au niveau du panthéon des témoins de l'Histoire par le crayon, avec autant de puissance qu'un Art Spiegelman. Ce livre de 120 planches est une merveille de l'art séquentiel, Sera nous plonge par l'intensité d'une narration frivole et multi langues dans les décombres d'un pays bouleversé. Il parcourt avec brio les degrés de l'âme humaine, de ces hommes et de ces femmes, qui représentent une humanité meurtrie, désenchantée et écorchée. La narration se mêle avec le documentaire, le dessinateur s'insère avec omniprésence dans son récit, comme pour s'allier avec ses personnages, comme pour nous prouver qu'il prouve.
Les personnages, chez Sera, sont des reflets de tous les hommes, de nous tous qui devons comprendre et ne pas oublier que l'homme est capable du pire. Les personnages nous fixent du regard, ils sont multiples, mais jamais anonymes car centrés dans l'image. Ils nous prennent comme témoins, comme porteurs d'une mémoire qui ne doit jamais disparaître. On les sent vivre. Là est l'art de Sera, les personnages transcendent la feuille de papier, ils sont opaques, on sent une existence et une vie, ils semblent réels.
C'est pourquoi, incontestablement, ce livre est bouleversant. On ressent l'horreur et la puanteur de la terre, on entend les sons, le vent silencieux, le cliquetis des armes. Lendemains de cendres est une synesthésie, une prouesse de la bande dessinée.
Chaque case est un délice visuel, les techniques se mélangent et s'épousent.
Essentielle et singulière, cette oeuvre incontournable de Sera est un cri de renaissance pour un neuvième art, trop souvent en manque de perfection.
J'aime beaucoup cette série qui était innovatrice pour l'époque. C'est rempli de personnages minables, de sang, de sexe, de drogue... J'adore ! Yann et Conrad font exploser les tabous dans cette bd hilarante qui tire sur tout ce qui bouge. Je vous conseille surtout les 5 albums qui composent la saga en Chine.
La psychologie des personnages est bien emmenée. On voit tout de suite que les personnages sont sans scrupules et feront tous pour arriver à leurs fins. Le scénario est composé d'histoires qui se croisent et se décroisent au rythme des albums.
Le dessin de Conrad, excellent au début, rend bien l'atmosphère que veut mettre Yann dans la série.
Le titre de cet album aurait pu être Renaissance, tant il redéfinit en profondeur l'homme d'acier rouge et or.
Oubliez ce que vous avez pu lire sur ce personnage et plongez dans cette passionnante histoire qu'offre Extremis. Warren Ellis démontre une fois de plus qu'il est un scénariste avec qui il faut compter. A mes yeux, son Iron Man explose littéralement tous ceux qui ont été écrits précédemment. Ellis réinvente totalement le personnage, sous sa plume, les points forts de la série sont transcendés, les valeurs bonnes ou mauvaises du personnages sont utilisées de la meilleure des façon. Les lourdeurs, les éléments inutiles ont disparus.
Comme si Warren Ellis avait tiré la substantifique moelle du personnage afin d'en reconstruire un squelette parfait, avant de le recouvrir d'une chair impressionnante de vivacité, puis d'une armure d'or à l'éclat incomparable. En plus de nous offrir ce magnifique personnage, ce nouveau Tony Stark, Ellis le fait évoluer dans une histoire à l'excellent scénario, à l'intensité dramatique forte. Tout cela bien sur sans oublier de nous gratifier d'une bonne dose de causticité.
Ultime cadeau du scénariste, la réécriture des origines du personnage, simplement une transposition contemporaine et épurée de ce qui avait déja été écrit. Si ce passage de quelques pages n'est pas le climax scénaristique que l'on était en droit d'attendre, c'est néanmoins inséré dans l'histoire principale avec beaucoup de cohérence, et cela comblera de joie les nouveaux lecteurs. Et puis c'est l'occasion de revoir l'armure grise des débuts dessinée par Adi Granov.
Adi Granov est un dessinateur exceptionnel, son style est extraordinairement soigné, et si l'on peut reprocher aux dessins un aspect un peu statique, on ne peut en revanche qu'admirer la beauté des illustrations. A croire qu'Adi Granov est né pour dessiner Iron Man...
J'ai adoré cette lecture, j'aimais bien Iron Man, mais sans plus. Ce livre me l'a fait redécouvrir sous un autre angle. Si je ne devais conseiller qu'un album aux lecteurs interessés par ce héros ambigu, ce serait Extremis.
Cet Iron Man est définitif, à la fin, une fois l'histoire bouclée, tout est dit. Pas de suite à attendre, pas de détails non révélés, l'histoire est riche, aboutie, absolue.
Iconique aujourd'hui, culte demain. Incontournable.
JJJ
Qu'il est triste de voir un tel monument si mal noté... Certes, il s'agit d'une BD assez spéciale, mais cela vaut vraiment le coup de s'y attarder.
Déjà, il y a le dessin. Bon, tout le monde n'a peut-être pas eu comme moi son premier coup de coeur graphique en lisant "kidnapping en teletrans" dans son enfance, mais comment résister au charme du trait de Chaland, limpide et élégant, avec un jeu de pleins et de déliés si élaborés. Ce n'est pas a priori mon style de dessin préféré, et pourtant je tombe sous le charme à chaque fois que je pose les yeux dessus.
Et, surtout, il y a le fond de la BD, qui est d'une incroyable richesse. Le jeune Albert en lui-même, tout d'abord, est un personnage tout à fait fascinant, cynique, égoïste, haïssable mais en même temps vraiment attachant. Et puis il y a le monde dans lequel il évolue, un monde imaginaire qui tient beaucoup bien sûr de la Belgique pendant la deuxième guerre mondiale, mais qui contient en fait de fines allusions à la guerre contre les asiatiques du "secret de l'espadon", de Blake et Mortimer. Ce monde est plein de références, de mises en abîme. Ce procédé est parfois frustrant : j'ai eu par moments l'impression qu'il me manquait des billes pour comprendre toute la portée d'un gag, notamment quand on sent qu'ils parlent de l'histoire de la Belgique ; mais ils m'ont fait réfléchir, surtout dans le contexte actuel.
Surtout, il ne faut pas aborder cette BD en se disant qu'on va rire aux éclats. Non, on va rire jaune, et ressentir un mélange complexe de tendresse, de cynisme, de nostalgie. Et, une fois le livre refermé, on gardera une empreinte durable de ces sentiments, et on sera pris d'une envie de décortiquer l'album et d'y réfléchir longuement.
En guise de conclusion, je dirais qu'après en avoir entendu parler pendant des années, j'ai donc fini par lire "le jeune Albert" sur la tard. Je ne le regrette pas. J'ai vraiment eu l'impression de lire une oeuvre marquante, riche et passionnante, un des chef-d'oeuvres de la BD.
Voilà bien la première fois que j’envoie un message à un éditeur pour le féliciter sur un de ses albums. Il faut dire que "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" réunit à mes yeux d’énormes qualités. Mais avant de les détailler, parlons un peu de son environnement. Loïc Dauvillier est un sympathique auteur, que nous avions rencontré récemment. J’ai lu plusieurs de ses albums à la suite de son interview, comme La petite famille, Ce qu'il en reste, La Boucherie, ou encore Passages. Sans parler de ses adaptations de classiques littéraires ou créations pour la jeunesse. Il se dégageait de ses œuvres une infinie sensibilité, une finesse dans le récit et une constance dans la qualité que je n’ai pas encore rencontrées ailleurs. Cet album choral, co-écrit avec Sibylline et mis en images par trois jeunes dessinateurs, était donc l’une de mes grosses attentes de ce second trimestre 2007.
Et puis voilà, il est là, et je l’ai lu. La première phrase est comme un coup dans l’estomac : « Longtemps je me suis couché de bonne heure… ». Si vous avez fait quelques études de lettres ou si vous avez lu des classiques, vous connaissez cet incipit ; c’est bien celui d’Un Amour de Swann, roman de Marcel Proust. D’entrée Dauvillier et Sibylline placent donc leur BD sous le patronage de l’un des plus grands auteurs de la littérature française. D’ailleurs l’essentiel de la BD peut lui être comparé sur un élément de style, puisqu’une énorme place est laissée aux pensées, à l’introspection.
Les scénaristes nous proposent de rentrer dans l’esprit de leurs protagonistes, de leurs contradictions, de leurs peurs, de leurs frustrations. Encore une fois, l’acuité de l’auteur m’impressionne, me fait tomber de ma chaise à deux ou trois reprises.
"Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" conte trois tranches de vie, trois instants intenses, tous liés au canal Saint-Martin, qui passe à Paris. Le titre est très évocateur, puisqu’il sous-entend une rupture, une blessure aussi, avec un repère spatial précis. Le canal est aussi une évocation de la vie, dans le sens d’une rivière qui coule, mais aussi d’un cours d’eau charriant toutes sortes de saletés. Un beau titre donc, à l’image de son écriture. Sensible, intense, capable de résumer en quelques mots toute une vie, c’est un sommet du scénario. Les thèmes sont un peu les mêmes que dans "Ce qu’il en reste" : l’érosion du couple, la torture de l’indifférence, la ténuité des relations. Des sujets forts, contemporains, difficiles à traiter.
Cette finesse se retrouve aussi dans la petite postface de Sibylline, un modèle d’écriture elle aussi. Mais un album, ce n’est pas qu’une histoire écrite, car sinon il s’agirait d’un roman. Il faut que la mise en images soit au diapason.
Et c’est indubitablement le cas. Dauvillier et Sibylline ont entraîné dans leur projet trois jeunes auteurs déjà remarqués : Capucine (Corps de Rêves, Le Philibert de Marilou), que j’aimais déjà beaucoup, François Ravard (Le portrait, Viking !) et Jérôme d’Aviau, remarqué pour Ce qu'il en reste, déjà scénarisé par Loïc Dauvillier. Trois dessinateurs aux styles assez proches, semi-réalistes voire réalistes, rompus aux descriptions du quotidien. J’ai eu un peu de mal avec le style « brut », granuleux, hachuré de Capucine, au départ, mais très vite je me suis installé dans l’ambiance. Attention tout de même, il y a une scène crue à la fin de sa partie. François Ravard, lui, a choisi de donner une tonalité très sombre, torturée à souhait, qui colle bien à la noirceur, ou plutôt au désespoir du propos. Quant à Jérôme d’Aviau, il propose une alternative plus « comique », plus expressive que ses deux confrères.
Désespérées, impromptues, passionnées, les trois histoires sont intenses, et font passer un excellent moment de lecture. "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" est donc un must du roman graphique, à lire de toute façon.
A noter que le fameux canal Saint-Martin a fait parler de lui récemment sur un tout autre registre, l’installation de tentes pour SDF par une association. Cela n’a rien à voir, mais c’est pour information.
J'ai lu "Stigmates" il y a quelques années, et c'est assurément une des BDs les plus marquantes qu'il m'ait été données de lire.
L'art de Mattotti y est à son sommet, dans un noir et blanc magistral qui nous prouve que ce maître des couleurs est tout aussi à son aise dans le monochrome expressioniste. La force qui se dégage de ce graphisme est impossible à décrire. Elle saute à la figure du lecteur, qui sera au choix emballé ou dérangé par le déluge d'impressions et de sentiments qui se dégage du moindre trait, de la moindre case.
Le scénario n'est pas en reste : il est très fort lui aussi, dérangeant, immersif jusqu'à la nausée parfois.
Soyez donc prévenus : Si "stigmates" est à n'en point douter un véritable chef d'oeuvre, ce n'est pas une lecture légère et divertissante qu'on lit le soir en rentrant du boulot pour se libérer la tête. C'est un concentré d'émotions fortes, apportées tant par le dessin que par l'intrigue, qui peut je pense déranger des lecteurs qui ne voudraient pas "se mettre en danger".
Bon, il y pas de doute cette série est un must.
La construction du scénario est vraiment très poussée bien que je ne m'explique pas certaines choses (j'hésite donc entre 4/5 et 5/5) je mets cela sur le fait que je n'ai encore fait qu'une lecture (si à la deuxième je trouve toujours des bugs je mettrais 4/5).
------ SPOILER ----------------
Je parle du fait que :
1) je ne comprends pas qui a inventé le moteur anti-G (Mario le ramène du futur et le présente à un ingénieur mais il a bien fallu une première fois que quelqu'un l'invente or le postulat de l'auteur est que le temps est immuable donc rien n'a jamais pu être autrement)
2) la scène où les descendants de Kalish viennent le sauver me semble impossible puisque le postulat est bien que l'on ne puisse rien changer à l'Histoire.
Si quelqu'un peut m'éclairer je prends volontiers l'explication.
------ FIN DU SPOILER ----------------
Mais sinon, c'est une BD qui m'a trituré les méninges et ça j'adore.
A lire A lire A lire
Je vous conseille de ne pas trop vous arrêter sur les avis relatifs à "Trois Ombres" (notamment l'avis qui précède le mien, et en révèle trop à mon goût), mais de passer directement à la lecture de cette bédé formidable. Parler de son scénario, une histoire qui sonne très juste, touche droit au coeur et ne laissera personne indifférent, serait priver les lecteurs qui se plongeront pour la première fois dans ce très bel album du grand plaisir de la découverte. Je n'en dirai donc pas plus, sinon que ces "Trois Ombres" résonnent terriblement en moi. Bien qu'il s'agisse d'un récit fortement ancré dans l'imaginaire, on sent tout un vécu derrière. Le dessin est en accord parfait avec l'histoire, vraiment splendide.
Un mot sur la réédition de "Fils de Chine" parue en 2007 dans la collection Patrimoine BD de chez Glénat, dirigée par Henri Filippini.
Ce très bel album comprend plus de 215 pages. Il intègre la totalité (contrairement à la première édition qui ne comptait qu'un peu plus de 150 pages) de cette bande parue dans Vaillant du numéro 281 (01/10/1950) au numéro 426 (12/07/1953), du 431 (16/08/1953) au numéro 450 (27/12/1953), enfin du numéro 485 (29/08/1954) au numéro 514 (20/03/1955).
La première partie reprend l'album de 1978 en noir et blanc, tandis que la deuxième partie (pages 151 à 201) est en couleurs !
L'album comprend également un petit dossier final de 10 pages sur Paul Gillon.
Roger Lécureux et Paul Gillon étaient jeunes, ils avaient dans les 25 ans. Et Paul Gillon dessinait comme un Dieu !! Rien que pour celà, mais aussi pour le parcours de Lécureux et pour l'histoire de la Bande dessinée (l'importance de Vaillant - Je vous recommande "Vaillant le journal le plus captivant, 1942-1969 : La véritable histoire d'un journal mythique" par Hervé Cultru), il faut découvrir ce grand classique de la Bande dessinée française !
Un grand merci à Jacques Glénat et Henri Filippini pour leur travail...
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Les Passagers du vent
Les séries de François Bourgeon sont visiblement des incontournables de la bande dessinée. Et il suffit d’en lire une pour comprendre pourquoi. C’est sans nul doute difficile à aborder, un graphisme singulier, des couleurs vieillottes, beaucoup de texte et un vocabulaire tellement riche que l’on perd parfois pied. Mais ce dernier critère rend ses œuvres uniques, la documentation ultra-poussée de l’auteur donne une incroyable authenticité à ses histoires. Dans celle-ci, Bourgeon décortique le monde de la marine du 17ème siècle. Il nous entraîne sur les mers et les océans en compagnie d’une fille de noble désavouée et d’un simple marin. Isa et Hoel, pour fuir une France hostile, suivent le commerce triangulaire, la déportation des esclaves africains, poussés par le vent de l’aventure avec un grand A. Une histoire plausible qui vous tient en haleine dans un contexte historique terriblement authentique. Grâce aux charismes des quelques personnages principaux on suit avec bonheur ce voyage teinté d’humour, de violence, d’érotisme, de suspense. On pourrait en parler pendant des heures, mieux vaut la lire et la relire.
Lendemains de cendres
Lorsque que le neuvième art mélange Histoire et fiction, il est patent que l'impact est juste et puissant. La division des événements historiques par le biais des cases permet de s'attarder sur des parcelles de vie, ancrées dans une réalité vécue. A jamais, la bande dessinée nous fait preuve de son efficience lorsqu'elle devient un moyen pour une fin historique. Elle est mémoire, elle devient peu à peu une nouvelle arme contre l'ineffable de l'Histoire. Sera, qui signe ici la fin d'un cycle sur la dictature des Khmers Rouges au Cambodge, s'installe avec ferveur et raison au niveau du panthéon des témoins de l'Histoire par le crayon, avec autant de puissance qu'un Art Spiegelman. Ce livre de 120 planches est une merveille de l'art séquentiel, Sera nous plonge par l'intensité d'une narration frivole et multi langues dans les décombres d'un pays bouleversé. Il parcourt avec brio les degrés de l'âme humaine, de ces hommes et de ces femmes, qui représentent une humanité meurtrie, désenchantée et écorchée. La narration se mêle avec le documentaire, le dessinateur s'insère avec omniprésence dans son récit, comme pour s'allier avec ses personnages, comme pour nous prouver qu'il prouve. Les personnages, chez Sera, sont des reflets de tous les hommes, de nous tous qui devons comprendre et ne pas oublier que l'homme est capable du pire. Les personnages nous fixent du regard, ils sont multiples, mais jamais anonymes car centrés dans l'image. Ils nous prennent comme témoins, comme porteurs d'une mémoire qui ne doit jamais disparaître. On les sent vivre. Là est l'art de Sera, les personnages transcendent la feuille de papier, ils sont opaques, on sent une existence et une vie, ils semblent réels. C'est pourquoi, incontestablement, ce livre est bouleversant. On ressent l'horreur et la puanteur de la terre, on entend les sons, le vent silencieux, le cliquetis des armes. Lendemains de cendres est une synesthésie, une prouesse de la bande dessinée. Chaque case est un délice visuel, les techniques se mélangent et s'épousent. Essentielle et singulière, cette oeuvre incontournable de Sera est un cri de renaissance pour un neuvième art, trop souvent en manque de perfection.
Les Innommables
J'aime beaucoup cette série qui était innovatrice pour l'époque. C'est rempli de personnages minables, de sang, de sexe, de drogue... J'adore ! Yann et Conrad font exploser les tabous dans cette bd hilarante qui tire sur tout ce qui bouge. Je vous conseille surtout les 5 albums qui composent la saga en Chine. La psychologie des personnages est bien emmenée. On voit tout de suite que les personnages sont sans scrupules et feront tous pour arriver à leurs fins. Le scénario est composé d'histoires qui se croisent et se décroisent au rythme des albums. Le dessin de Conrad, excellent au début, rend bien l'atmosphère que veut mettre Yann dans la série.
Iron Man - Extremis
Le titre de cet album aurait pu être Renaissance, tant il redéfinit en profondeur l'homme d'acier rouge et or. Oubliez ce que vous avez pu lire sur ce personnage et plongez dans cette passionnante histoire qu'offre Extremis. Warren Ellis démontre une fois de plus qu'il est un scénariste avec qui il faut compter. A mes yeux, son Iron Man explose littéralement tous ceux qui ont été écrits précédemment. Ellis réinvente totalement le personnage, sous sa plume, les points forts de la série sont transcendés, les valeurs bonnes ou mauvaises du personnages sont utilisées de la meilleure des façon. Les lourdeurs, les éléments inutiles ont disparus. Comme si Warren Ellis avait tiré la substantifique moelle du personnage afin d'en reconstruire un squelette parfait, avant de le recouvrir d'une chair impressionnante de vivacité, puis d'une armure d'or à l'éclat incomparable. En plus de nous offrir ce magnifique personnage, ce nouveau Tony Stark, Ellis le fait évoluer dans une histoire à l'excellent scénario, à l'intensité dramatique forte. Tout cela bien sur sans oublier de nous gratifier d'une bonne dose de causticité. Ultime cadeau du scénariste, la réécriture des origines du personnage, simplement une transposition contemporaine et épurée de ce qui avait déja été écrit. Si ce passage de quelques pages n'est pas le climax scénaristique que l'on était en droit d'attendre, c'est néanmoins inséré dans l'histoire principale avec beaucoup de cohérence, et cela comblera de joie les nouveaux lecteurs. Et puis c'est l'occasion de revoir l'armure grise des débuts dessinée par Adi Granov. Adi Granov est un dessinateur exceptionnel, son style est extraordinairement soigné, et si l'on peut reprocher aux dessins un aspect un peu statique, on ne peut en revanche qu'admirer la beauté des illustrations. A croire qu'Adi Granov est né pour dessiner Iron Man... J'ai adoré cette lecture, j'aimais bien Iron Man, mais sans plus. Ce livre me l'a fait redécouvrir sous un autre angle. Si je ne devais conseiller qu'un album aux lecteurs interessés par ce héros ambigu, ce serait Extremis. Cet Iron Man est définitif, à la fin, une fois l'histoire bouclée, tout est dit. Pas de suite à attendre, pas de détails non révélés, l'histoire est riche, aboutie, absolue. Iconique aujourd'hui, culte demain. Incontournable. JJJ
Le Jeune Albert
Qu'il est triste de voir un tel monument si mal noté... Certes, il s'agit d'une BD assez spéciale, mais cela vaut vraiment le coup de s'y attarder. Déjà, il y a le dessin. Bon, tout le monde n'a peut-être pas eu comme moi son premier coup de coeur graphique en lisant "kidnapping en teletrans" dans son enfance, mais comment résister au charme du trait de Chaland, limpide et élégant, avec un jeu de pleins et de déliés si élaborés. Ce n'est pas a priori mon style de dessin préféré, et pourtant je tombe sous le charme à chaque fois que je pose les yeux dessus. Et, surtout, il y a le fond de la BD, qui est d'une incroyable richesse. Le jeune Albert en lui-même, tout d'abord, est un personnage tout à fait fascinant, cynique, égoïste, haïssable mais en même temps vraiment attachant. Et puis il y a le monde dans lequel il évolue, un monde imaginaire qui tient beaucoup bien sûr de la Belgique pendant la deuxième guerre mondiale, mais qui contient en fait de fines allusions à la guerre contre les asiatiques du "secret de l'espadon", de Blake et Mortimer. Ce monde est plein de références, de mises en abîme. Ce procédé est parfois frustrant : j'ai eu par moments l'impression qu'il me manquait des billes pour comprendre toute la portée d'un gag, notamment quand on sent qu'ils parlent de l'histoire de la Belgique ; mais ils m'ont fait réfléchir, surtout dans le contexte actuel. Surtout, il ne faut pas aborder cette BD en se disant qu'on va rire aux éclats. Non, on va rire jaune, et ressentir un mélange complexe de tendresse, de cynisme, de nostalgie. Et, une fois le livre refermé, on gardera une empreinte durable de ces sentiments, et on sera pris d'une envie de décortiquer l'album et d'y réfléchir longuement. En guise de conclusion, je dirais qu'après en avoir entendu parler pendant des années, j'ai donc fini par lire "le jeune Albert" sur la tard. Je ne le regrette pas. J'ai vraiment eu l'impression de lire une oeuvre marquante, riche et passionnante, un des chef-d'oeuvres de la BD.
Nous n'irons plus ensemble au canal Saint-Martin
Voilà bien la première fois que j’envoie un message à un éditeur pour le féliciter sur un de ses albums. Il faut dire que "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" réunit à mes yeux d’énormes qualités. Mais avant de les détailler, parlons un peu de son environnement. Loïc Dauvillier est un sympathique auteur, que nous avions rencontré récemment. J’ai lu plusieurs de ses albums à la suite de son interview, comme La petite famille, Ce qu'il en reste, La Boucherie, ou encore Passages. Sans parler de ses adaptations de classiques littéraires ou créations pour la jeunesse. Il se dégageait de ses œuvres une infinie sensibilité, une finesse dans le récit et une constance dans la qualité que je n’ai pas encore rencontrées ailleurs. Cet album choral, co-écrit avec Sibylline et mis en images par trois jeunes dessinateurs, était donc l’une de mes grosses attentes de ce second trimestre 2007. Et puis voilà, il est là, et je l’ai lu. La première phrase est comme un coup dans l’estomac : « Longtemps je me suis couché de bonne heure… ». Si vous avez fait quelques études de lettres ou si vous avez lu des classiques, vous connaissez cet incipit ; c’est bien celui d’Un Amour de Swann, roman de Marcel Proust. D’entrée Dauvillier et Sibylline placent donc leur BD sous le patronage de l’un des plus grands auteurs de la littérature française. D’ailleurs l’essentiel de la BD peut lui être comparé sur un élément de style, puisqu’une énorme place est laissée aux pensées, à l’introspection. Les scénaristes nous proposent de rentrer dans l’esprit de leurs protagonistes, de leurs contradictions, de leurs peurs, de leurs frustrations. Encore une fois, l’acuité de l’auteur m’impressionne, me fait tomber de ma chaise à deux ou trois reprises. "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" conte trois tranches de vie, trois instants intenses, tous liés au canal Saint-Martin, qui passe à Paris. Le titre est très évocateur, puisqu’il sous-entend une rupture, une blessure aussi, avec un repère spatial précis. Le canal est aussi une évocation de la vie, dans le sens d’une rivière qui coule, mais aussi d’un cours d’eau charriant toutes sortes de saletés. Un beau titre donc, à l’image de son écriture. Sensible, intense, capable de résumer en quelques mots toute une vie, c’est un sommet du scénario. Les thèmes sont un peu les mêmes que dans "Ce qu’il en reste" : l’érosion du couple, la torture de l’indifférence, la ténuité des relations. Des sujets forts, contemporains, difficiles à traiter. Cette finesse se retrouve aussi dans la petite postface de Sibylline, un modèle d’écriture elle aussi. Mais un album, ce n’est pas qu’une histoire écrite, car sinon il s’agirait d’un roman. Il faut que la mise en images soit au diapason. Et c’est indubitablement le cas. Dauvillier et Sibylline ont entraîné dans leur projet trois jeunes auteurs déjà remarqués : Capucine (Corps de Rêves, Le Philibert de Marilou), que j’aimais déjà beaucoup, François Ravard (Le portrait, Viking !) et Jérôme d’Aviau, remarqué pour Ce qu'il en reste, déjà scénarisé par Loïc Dauvillier. Trois dessinateurs aux styles assez proches, semi-réalistes voire réalistes, rompus aux descriptions du quotidien. J’ai eu un peu de mal avec le style « brut », granuleux, hachuré de Capucine, au départ, mais très vite je me suis installé dans l’ambiance. Attention tout de même, il y a une scène crue à la fin de sa partie. François Ravard, lui, a choisi de donner une tonalité très sombre, torturée à souhait, qui colle bien à la noirceur, ou plutôt au désespoir du propos. Quant à Jérôme d’Aviau, il propose une alternative plus « comique », plus expressive que ses deux confrères. Désespérées, impromptues, passionnées, les trois histoires sont intenses, et font passer un excellent moment de lecture. "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" est donc un must du roman graphique, à lire de toute façon. A noter que le fameux canal Saint-Martin a fait parler de lui récemment sur un tout autre registre, l’installation de tentes pour SDF par une association. Cela n’a rien à voir, mais c’est pour information.
Stigmates
J'ai lu "Stigmates" il y a quelques années, et c'est assurément une des BDs les plus marquantes qu'il m'ait été données de lire. L'art de Mattotti y est à son sommet, dans un noir et blanc magistral qui nous prouve que ce maître des couleurs est tout aussi à son aise dans le monochrome expressioniste. La force qui se dégage de ce graphisme est impossible à décrire. Elle saute à la figure du lecteur, qui sera au choix emballé ou dérangé par le déluge d'impressions et de sentiments qui se dégage du moindre trait, de la moindre case. Le scénario n'est pas en reste : il est très fort lui aussi, dérangeant, immersif jusqu'à la nausée parfois. Soyez donc prévenus : Si "stigmates" est à n'en point douter un véritable chef d'oeuvre, ce n'est pas une lecture légère et divertissante qu'on lit le soir en rentrant du boulot pour se libérer la tête. C'est un concentré d'émotions fortes, apportées tant par le dessin que par l'intrigue, qui peut je pense déranger des lecteurs qui ne voudraient pas "se mettre en danger".
Universal War One
Bon, il y pas de doute cette série est un must. La construction du scénario est vraiment très poussée bien que je ne m'explique pas certaines choses (j'hésite donc entre 4/5 et 5/5) je mets cela sur le fait que je n'ai encore fait qu'une lecture (si à la deuxième je trouve toujours des bugs je mettrais 4/5). ------ SPOILER ---------------- Je parle du fait que : 1) je ne comprends pas qui a inventé le moteur anti-G (Mario le ramène du futur et le présente à un ingénieur mais il a bien fallu une première fois que quelqu'un l'invente or le postulat de l'auteur est que le temps est immuable donc rien n'a jamais pu être autrement) 2) la scène où les descendants de Kalish viennent le sauver me semble impossible puisque le postulat est bien que l'on ne puisse rien changer à l'Histoire. Si quelqu'un peut m'éclairer je prends volontiers l'explication. ------ FIN DU SPOILER ---------------- Mais sinon, c'est une BD qui m'a trituré les méninges et ça j'adore. A lire A lire A lire
Trois ombres
Je vous conseille de ne pas trop vous arrêter sur les avis relatifs à "Trois Ombres" (notamment l'avis qui précède le mien, et en révèle trop à mon goût), mais de passer directement à la lecture de cette bédé formidable. Parler de son scénario, une histoire qui sonne très juste, touche droit au coeur et ne laissera personne indifférent, serait priver les lecteurs qui se plongeront pour la première fois dans ce très bel album du grand plaisir de la découverte. Je n'en dirai donc pas plus, sinon que ces "Trois Ombres" résonnent terriblement en moi. Bien qu'il s'agisse d'un récit fortement ancré dans l'imaginaire, on sent tout un vécu derrière. Le dessin est en accord parfait avec l'histoire, vraiment splendide.
Fils de Chine
Un mot sur la réédition de "Fils de Chine" parue en 2007 dans la collection Patrimoine BD de chez Glénat, dirigée par Henri Filippini. Ce très bel album comprend plus de 215 pages. Il intègre la totalité (contrairement à la première édition qui ne comptait qu'un peu plus de 150 pages) de cette bande parue dans Vaillant du numéro 281 (01/10/1950) au numéro 426 (12/07/1953), du 431 (16/08/1953) au numéro 450 (27/12/1953), enfin du numéro 485 (29/08/1954) au numéro 514 (20/03/1955). La première partie reprend l'album de 1978 en noir et blanc, tandis que la deuxième partie (pages 151 à 201) est en couleurs ! L'album comprend également un petit dossier final de 10 pages sur Paul Gillon. Roger Lécureux et Paul Gillon étaient jeunes, ils avaient dans les 25 ans. Et Paul Gillon dessinait comme un Dieu !! Rien que pour celà, mais aussi pour le parcours de Lécureux et pour l'histoire de la Bande dessinée (l'importance de Vaillant - Je vous recommande "Vaillant le journal le plus captivant, 1942-1969 : La véritable histoire d'un journal mythique" par Hervé Cultru), il faut découvrir ce grand classique de la Bande dessinée française ! Un grand merci à Jacques Glénat et Henri Filippini pour leur travail...