oui, sans doute, 5, étonante, magnifique, le mellieur dessin, le mellieur scéneario, la mellieure ambientation. Presque la mellieure BD que j'ai lu, sans aucune doute la mellieure du genre. Pour le passionés de la aviation, de l'histoire, de la 2 eme guerre, de la BD
Après près de dix ans de recherches assidues sur le catharisme, je peux dire que je connais bien ce sujet. Cette série est la seule qui peut prétendre rendre correctement la situation et l'état d'esprit, notamment des croyants et des sympathisants de l'époque.
Il est regrettable qu'après avoir largement profité de le vente de la série en 10 albums, la maison d'édition ait fait paraître un seul tome de l'intégrale privant ainsi un nouveau lectorat de la seconde moitié de la saga. Organiser ainsi la mort d'une œuvre est ridicule car parmi les lecteurs il n'y a pas que des personnes désireuses d'acheter pour l'auteur. Il y en a au moins autant qui sont intéressées par le sujet. Du coup je n'ai rien acheté d'autre de cet auteur et j'ai été dégoûté d'acheter quoi que ce soit de Glénat.
Depuis longtemps, les Compagnons du Crépuscule était une série que je considérais comme culte. Néanmoins, je ne l'avais pas lue depuis au moins quinze ans et j'appréhendais de la redécouvrir aujourd'hui, craignant de trouver qu'elle avait trop vieilli ou de découvrir des défauts que mes yeux désormais plus acérés en matière de bande dessinée pourraient trouver.
Je suis heureux de pouvoir dire que mon avis reste inchangé, c'est une bande dessinée véritablement excellente.
Les Compagnons du Crépuscule, c'est une série médiévale fantastique.
Rares sont celles qui mettent autant l'accent sur le terme médiéval car François Bourgeon a effectué un formidable travail documentaire pour redonner vie au Moyen-Âge français de l'époque de la Guerre de Cent Ans. Décors, costumes, architecture, état d'esprit et coutumes sont parfaitement respectées et bien rendues. Cela va jusqu'aux dialogues qui sont écrits en grande partie en vieux français, les rendant parfois un peu plus compliqués à comprendre mais ajoutant nettement à l'ambiance du récit.
Quant au fantastique, il s'insère à des degrés divers de tome en tome. Globalement, il s'inspire des légendes médiévales, essentiellement d'inspiration celtique avec des influences druidiques et l'apparition d'un discret Merlin dans le dernier tome. Mais nous sommes loin d'un récit d'heroïc-fantasy, même si le second tome va un peu plus loin que les autres dans ce domaine.
Chaque tome forme une histoire complète, avec chacun une ambiance assez différente. L'ensemble est relié par les personnages évidemment, par un fil rouge narratif évoquant un mystérieux conflit entre des puissances immortelles et symboliques, Noire, Rouge et Blanche, mais aussi par quelques moments clés se répétant de tome en tome tels que le texte d'introduction, certains dialogues et scènes comme les différentes fois où l'Anicet essaie un casque et se fait successivement traiter de chaudron, marmite et casserole.
Le premier tome met en scène la rencontre entre les 3 personnages principaux. On y trouve d'abord la Mariotte, jolie rousse rebelle et pas toujours très chanceuse. Puis l'Anicet, beau gosse mais très lâche, égoïste et assez détestable. Et enfin le Chevalier, défiguré et sans domaine, poursuivant une folle quête inspirée par ses rêves. L'intrigue de ce tome n'est pas passionnante mais met en place l'ambiance de la série, entre réalisme médiéval et légendes fantastiques à la croisée du rêve.
Le second tome est nettement plus orienté vers l'imaginaire et la poésie. Son récit, aventureux et débridé, est proche de la fantasy avec des créatures surnaturelles et un monde caché. Très beau, j'aime la façon dont il se raconte en parallèle un récit plus druidique, très celtique. Il y règne en outre une légère ambiance hippie tant au niveau des personnages que de certains costumes comme celui de la dame blanche.
Le troisième tome est le plus gros et le plus abouti. C'est le final grandiose de la série. Nos héros arrivent cette fois dans un décor urbain, celui d'une ville et d'un château pleins de vie, de dangers et de personnages divers et variés.
Le Dernier Chant des Malaterre est un chef d'oeuvre ne serait-ce qu'au niveau du dessin, de la recherche historique, de la beauté et du réalisme ultra-fouillé de ses décors. Bourgeon a fait un travail de documentation énorme afin de construire cette bande dessinée. Mais au-delà de cette justesse du détail et du réalisme, l'histoire en elle-même est captivante et envoûtante. Le scénario est complexe car il concrétise des notions acquises dans les deux premiers tomes et ne s'offre pas tout cru au lecteur. Il y a une part de fantastique, de magie et beaucoup d'humanité dans cette oeuvre. Et le final de toute cette aventure médiévale est tout simplement beau et intelligent.
Une pièce maîtresse dans toute bédéthèque à mes yeux.
Bien sûr culte !
Comment comprendre que l'idée de lutte des classes ait eu autant de succès si l'on n'a pas expérimenté ce genre d'ambiance ?
Les pères qui bossent à la mine et les enfants qui se rassemblent en bandes excitées et rivales, les mamas qui crient depuis la cuisine, les devoirs sur la toile cirée, les terrains vagues qui permettent toutes les libertés mais aussi toutes les cruautés, les invectives entre communautés, mais des mélanges fréquents aussi, surtout entre les enfants... Moi, je l'ai vécu en petit, dans la seule mine d'Anthracite des Alpes. Arabes, Turcs, Ritals et Matheysins au service des Houillères du Dauphiné.
Évidemment cela semble un peu désuet pour les plus jeunes, mais le regard de Baru est tellement juste que je pense qu'il peut faire toucher du doigt ce sentiment à la fois de variété et d'horizon bouché qui nous habitait minots dans ces cités minières toutes noircies par les fumées...
Le trait gras, l'aquarelle baveuse mais aux couleurs vives, rend à merveille ce bouillonnement juvénile des bandes de gamins gueulant entre les maisons à la sortie de l'école.
Il y a parfois des Bd qu'on souhaite, qu'on désire, qu'on espère, qu'on attend fièvreusement tant on est passionné par un sujet, on se dit : "Si un auteur pouvait exaucer mon voeu". Eh bien pour moi, une sorte de rêve s'est réalisé lorsque je suis tombé sur "le Trône d'argile" ; c'est tout à fait ce que je voulais : une Bd médiévale, mais sur la période que je connais le mieux et que j'ai longtemps étudiée, à savoir la fin de règne de Charles VI le roi fou, au moment où son fils le dauphin Charles est trop fébrile pour lui succéder, juste à l'instant où se fait l'entrée en scène de Jeanne d'Arc pour bouter l'Anglais hors de France.
Car à ce moment-là, la France est dans une situation catastrophique, et qui aurait pu l'être encore plus, les Anglais sont quasiment les maîtres du pays, ils sont mauvais, arrogants, envieux, à l'image de leur roi Henry V qui symbolise cette Angleterre conquérante voulant écraser une France qui faillit devenir anglaise.
D'emblée, je suis soufflé par le côté extrêmement sérieux et hyper documenté des auteurs dont les recherches ont dû être longues et minutieuses, je le sens constamment au fur et à mesure que le récit avance, dans l'abondance de détails qu'ils assènent. Pour un passionné et un connaisseur, c'est le rêve, pour les lecteurs moins férus de cette période historique, ça risque d'être un peu ardu, car il y a tant d'informations à digérer. Mais tout est clairement expliqué et la narration n'est pas lourde, ça doit intéresser aussi le lecteur basique, et les médaillons en fin d'albums seront très utiles pour identifier ces nombreux personnages.
Il faut savoir qu'ici, les acteurs de cette histoire sont tous de très grands personnages, il n'y a aucun personnage fictif, c'est de la grande Histoire de France qui est contée avec justesse, tout est relaté avec une exactitude rigoureuse, malgré l'utilisation de cette Histoire et de personnages réels soulevant des thèses très hardies mais plausibles (le prétendu assassinat des 2 dauphins frères de Charles pour qu'il puisse régner, ou encore le "faux" empoisonnement d'Henry V ; ces faits n'ont jamais été prouvés, surtout le premier). De même que parmi de rares erreurs, j'ai décelé celle de Capeluche, ancien bourreau de Paris qui n'est pas renvoyé hors de la ville comme précisé ici, mais qui fut exécuté sans pitié sur ordre de Jean Sans Peur parce que sa cruauté gênait la politique du duc.
Le souci de reproduire les visages de ces grands personnages est à peu près conforme aux gravures connues, et le respect minutieux des armures, des costumes et des décors force le respect ; le dessinateur s'applique dans de somptueuses reconstitutions d'édifices dont plusieurs ont été détruits ou modifiés (le Louvre, l'Hôtel Saint-Pol, le château de Saumur, la cathédrale de Troyes, le château de Montereau...), et le soin apporté aux détails d'architecture est remarquable.
On s'aperçoit que la politique est au coeur du problème car les auteurs attachent de l'importance aux scènes de dialogues ; ils soulignent le rôle essentiel joué par Yolande d'Anjou, une femme de tête dont les historiens ont souvent négligé sa part active dans cette période cruciale, son portrait est donc conforme ici, sauf pour son choix porté sur la petite Jeanne qui est une pure invention des auteurs, mais encore une fois, c'est un cas plausible.
L'action n'est pas pour autant oubliée, on a droit aussi à de belles scènes de batailles. Mais le grand morceau de bravoure reste l'entrevue sur le pont de Montereau car il conditionne toute la série, c'est un événement considérable par les retombées désastreuses qui découlent de son issue fatale, faisant rebondir la rivalité entre Armagnacs et Bourguignon, et amenant le honteux traité de Troyes ; normalement c'est Tanneguy qui a levé sa hache et abattu le duc parce que celui-ci avait porté la main à son épée, mais certains historiens réfutent aujourd'hui cette hypothèse, et ce serait un certain chevalier Robert de Loire (assimilé ici à Ambroise de Loré) qui l'aurait simplement poignardé. En tout cas, la vision un peu floue donnée par les auteurs est tout à fait plausible elle aussi, car il a dû y avoir une belle panique sur ce pont. Toujours est-il que la guerre de Cent Ans ne touche pas à sa fin, elle s'envenime.
Il faut savoir que cette guerre n'a pas été déclarée comme c'est mentionné dans la série parce qu'on a refusé la couronne de France à Edouard III après la mort du dernier Capétien, mais bel et bien parce que ce même Edouard voulait récupérer la Guyenne confisquée, héritage des Plantagenêts acquis depuis Aliénor d'Aquitaine.
Je dirais enfin un mot sur le dessin : c'est du travail d'orfèvre, du grand art, il est tellement riche en détails que certaines cases sont un vrai plaisir à scruter ; illustrer un sujet aussi fort avec un graphisme d'une telle perfection, c'est une osmose totale, et j'ai rarement vu une Bd historique aussi précise, aussi juste dans son traitement et aussi belle graphiquement. Un chef-d'oeuvre absolu qui m'a laissé pantois, qui mérite les éloges et dont j'attends anxieux la conclusion.
ADDITIF SUR LE TOME 6
C'est toujours aussi somptueux et magnifique, je suis en admiration devant une telle leçon d'Histoire, de la grande Histoire qui m'apporte de grandes sensations, comme si je vivais en live les événements de cette sombre période, et qui dans ce tome montre toute la geste de Jeanne d'Arc telle que c'était préfiguré à la fin du tome précédent, depuis son entraînement par Baudricourt et son départ de Vaucouleurs jusqu'à la belle victoire de Patay, qui succède aux reconquêtes sur les armées anglaises de Jargeau, Beaugency et Meung, et avec en point d'orgue le fameux siège d'Orléans. La description de la reprise des Tourelles (et non des Tournelles comme c'est imprimé par endroits) est remarquable, magnifiée par une double page sensationnelle, de même qu'un plan du siège permet aux néophytes de situer les emplacements. Autre belle double page : quand Jeanne reconnait le dauphin à Chinon (sans jamais l'avoir vu), il aurait été dommage de rater une scène aussi capitale ; aujourd'hui, lorsqu'on visite cette pauvre salle délabrée et sans toiture, l'imagination doit galoper pour recréer tout ça. Le dessin est toujours au top même si je trouve que par endroits, Théo est un peu moins appliqué, mais ce n'est qu'une impression. Il ne devrait plus y avoir qu'1 tome pour conclure enfin cette formidable épopée, ou peut-être est-ce fini, les auteurs ayant décidé de ne pas montrer le sacre à Reims, puis la capture à Compiègne et la fin tragique de Jeanne sur son bûcher ; après tout, le trône d'argile est sauvé, il ne reste plus qu'à finaliser la reconquête sur l'Anglais, ce que fera Charles VII grâce à Dunois, ce n'était pas au départ une Bd de plus sur Jeanne d'Arc, elle n'est qu'un maillon dans cet écheveau.
À l’occasion de la sortie du dernier tome d’Antarès, qui est le troisième cycle de cette saga, j’ai relu le premier cycle, Aldébaran. Lors de mes premières lectures, j’avais adoré. Entretemps, j’ai lu les diverses critiques de cette série, notamment sur les dialogues et les relations entre les personnages, un point sur lequel je suis habituellement assez exigeant mais qui ne m’avait pourtant pas spécialement dérangé. En ayant cela en tête, j’appréhendais un peu cette nouvelle relecture car je craignais de ne plus voir que ce prétendu défaut.
Eh bien, il n’en fut rien. Il est vrai que les relations entre personnages sont inhabituelles. Mais je le vois plutôt comme une évolution des mœurs, avec notamment un franc-parler beaucoup plus important sur les questions d’attraction sexuelle (ou de non-attraction) que ce à quoi nous sommes généralement habitués. Une fois acceptée cette différence culturelle par rapport à notre ici et maintenant, j’ai au contraire trouvé que les relations entre personnages étaient assez crédibles et sonnaient plus vrai que dans bien d’autres séries.
La relation à la nudité mérite également des commentaires. Il est intéressant que la nudité féminine soit déconnectée du tout aspect provocateur ou vulgaire ou de toute notion liée à notre bon vieux péché originel biblique. Mais je ne peux pas éviter de souligner que l’auteur met beaucoup plus souvent à poil ses personnages féminins que ses personnages masculins.
De manière générale, il y a beaucoup à dire dans cette série sur les questions liées au genre, en bon et en moins bon. D'un côté, j’apprécie beaucoup le fait qu’il y ait des personnages féminins forts, l’héroïne Kim Keller bien sûr, mais d’autres aussi, comme l’incontournable Alexia. J’apprécie, bien sûr, que leurs qualités premières soient avant toutes morales et intellectuelles, plus que plastiques (même si ce n’est pas exclusif). De l’autre, j’ai tout de même regretté quelques clichés de comportement, ainsi que le fait que toutes les femmes aient un corps quasiment identique, de même que la plupart des hommes d’ailleurs, comme s’il n’y avait qu’un canon de beauté possible.
Mais assez disserté. Aldébaran, c’est avant tout un univers d’une énorme originalité, ce qui n’est pas aisé dans un genre aussi exploré que la science-fiction. Ici la technologie n’est pas centrale, bien au contraire, puisque les colons d'Aldébaran, coupés de tout contact avec la terre, n’ont pas eu les ressources matérielles, les compétences et le temps de rebâtir une civilisation aussi avancée techniquement que celle de la planète mère.
On a également évité un autre poncif de la science-fiction, et en particulier du planet-opera, qui est celui de la planète hostile, dotée d’une faune et d’une flore menaçantes. Ici, rien de tout cela, ou presque : la plupart des zones d'Aldébaran sont dotées d’une vie plutôt amicale, à l’exception des marécages, des zones profondes des océans, et de quelques rares espèces ailleurs, comme les oiseaux nommés « javelots ». Ainsi, les personnages évoluent dans un paysage la plupart du temps paisible, émaillé de merveilles botaniques ou zoologiques.
C’est là que réside un immense talent de Léo : imaginer et dessiner des plantes et des animaux particulièrement beaux et originaux. Son dessin, d’ailleurs, est d’une rare pureté pour cela. Son style surprend davantage pour les têtes de ses personnages, comme certains l’ont dit, mais cela ne m’a pas dérangé et, en tout cas, le dessin est toujours d’une très grande lisibilité.
L’animal le plus fascinant, c’est la Mantrisse elle-même, qui est le centre de toutes les attentions. Chaque tome apporte son lot de révélations sur elle, au cours de ses « manifestations » qui sont toutes plus fascinantes les unes que les autres. Les parts de connu et de mystère restant sur cet organisme extra-terrestre sont très bien équilibrées : ainsi, elle conserve son aura mythique, sans qu’il s’agisse d’un pur nuage de fumée scénaristique (contrairement à ce qu’on trouve chez Lovecraft par exemple, dans un tout autre genre).
Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’univers imaginé par Léo. Par exemple, j’ai apprécié qu’il évoque le contexte politique (dictature, exploitation des femmes comme reproductrices) mais sans en rajouter des tonnes ; car cette idée, bien qu’elle ait parfaitement sa place ici, a déjà été exploitée de long en large ailleurs. Excellent choix, donc, de l’évoquer par petites touches : le lecteur est capable de compléter, et ce n’est pas le centre de l’histoire.
Bref, ce premier cycle est parfaitement construit. L’histoire avance en permanence, et de façon parfaitement logique, jusqu'à son dénouement. J’apprécie aussi que l’auteur donne une vraie fin à ce premier cycle, sans terminer sur un énorme cliffhanger comme c’est trop souvent la norme. Cette série a un grand succès, et c’est amplement mérité. Elle se pose en référence incontournable dans son genre, quoiqu'on puisse penser de ses petits péchés. Bref, c’est une série culte.
On rigole, on rigole et puis bêtement je m’aperçois que je n'ai pas encore avisé cette série mythique de la BD franco belge. Et pourtant elle mérite toute l'attention et son succès depuis des lustres en est la preuve. Avec "Gaston", la BD, pas l'autre posteur, c'est la seule Bande qui m'a vraiment fait rire et ce notamment grâce à Rantanplan et aux Dalton.
Encore aujourd'hui il m'arrive de relire un des épisode de cette burlesque saga du grand ouest qui pastiche avec beaucoup d'humour la grande et officielle histoire, dégommant au passage quelques mythes.
Un seul bémol pour moi. Le fait que je ne sais plus trop quand, Lucky Luke a remplacé sa cigarette par cet espèce de brin d'herbe, alors oui il ne fallait pas inciter notre belle jeunesse au fléau du tabagisme, mais merde, allons nous être obligés un jour de retoucher tous ces vieux films où les acteurs fumaient comme des pompiers ? (Bogart sans sa clope c'est autre chose!! ) Mais pour revenir à ces BD outre que beaucoup d'entre elles n'ont pas subi les ravages du temps elles sont encore aujourd'hui un bon moyen pour les jeunes générations de découvrir le 9 ème art.
Vive Lucky Luke donc, une série pleine d'humour qui résiste au temps et dont tout bédéphile se doit de posséder quelques exemplaires sur ses étagères.
Fabcaro est un auteur qui se remet constamment en question pour nous proposer des oeuvres différentes. Certes, le registre reste l'humour. Cependant, il quitte l'autodérision pour nous proposer une critique de notre actuelle société qui est intolérante et qui se complet dans une espèce de victimisation couverte par les médias complaisants. J'ai adoré évidemment car le propos est d'une immense subtilité et d'une finesse rare.
J'en démords pas avec cet auteur dont j'admire le travail avec toujours la découverte de nouvelles trouvailles. Tout part d'une carte de fidélité non présentée dans un magasin et cela se transforme en véritable chasse à l'homme digne d'un road movie psychologique.
Je ne suis pas fan de l'absurde mais ici, ce sont des faits qui sont exagérés pour nous démontrer le véritable visage d'une société qui perd ses valeurs. Du coup, c'est profondément vrai et non absurde. Un regard certes décalé mais lucide.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5
Rapide flashback : même si j'en ai très peu parlé ici et là, j'ai lu beaucoup d'aventures des personnages de Mickey ou de Donald dans ma jeunesse.
Le journal de Mickey, Mickey Parade et compagnie font partie de mes classiques.
Malgré une nette préférence pour les aventures de Donald et de ses neveux ou du célébrissime Picsou, l'univers de Mickey, souvent moins drôle, n'avait aucun secret pour moi....
Puis paf on grandit, on oublie et, et, et.... Quelle ne fut pas ma surprise de voir Trondheim au scénario d'une commande et d'un partenariat de 4 albums Glénat sur la souris la plus célèbre de Disney !
Avec Keramidas aux commandes qui a fait ses armes dans un studio Disney section animation avant de voler de ses propres ailes, c'était déjà l'assurance d'un joli duo pour réanimer la souris au short rouge dans un univers déjanté... Pari tenu car ce joli album toilé est non seulement une madeleine de Proust incontestable mais une oeuvre culte de plus pour les papas de Lapinot et de l'excellente trilogie Alice au pays des Singes !!!
Jouant des contraintes imposées par Disney (pas d'alcool ou armes à feu entres autres), Trondheim a du se régaler en concoctant un scénario rythmé et complètement déjanté s'affranchissant même des transitions désuètes puisque son histoire est entrecoupée de pans béants dans sa narration.
Une histoire incomplète, comment cela ? Très simple, les auteurs ont fait mine de retrouver un récit incomplet et jamais publié en français qu'ils auraient traduit et réhabilité...
En fait chaque planche est numérotée et il en manque pas mal volontairement, libre au lecteur de se constituer lui même les transitions nécessaires.
Vous êtes perdu ? Pas du tout ! Il ne faut pas oublier que Trondheim est passé maitre dans le style Oubapo et que l'ensemble n'est que prétexte à une succession de gags de haute volée en une page et dont il est facile de relier les pages manquantes.
Sur base d'un traditionnel vol de Picsou par Pat Hibulaire et les Rapetou, Trondheim et Keramidas nous basculent en 44 pages dans l'univers complet, drôle et absurde de Mickeyville ! Ainsi Donald et Mickey forment un sacré duo, toujours en mouvement. Qu'ils soient rapetissés, explorent un temple inca ou aillent même sur la lune, leurs péripéties vont vous rappeler votre jeunesse et vous faire marrer car oui on rit des codes Disney détournés par les auteurs de façon non seulement respectueuse mais référentielle.
Pour ma part, Mickey n'aura jamais été aussi drôle sur papier que dans cette aventure où il sera affublé d'un Donald fidèle à lui-même.
Keramidas est un auteur complet dont le style dynamique et cartoon s'adapte parfaitement au style rétro et vintage de Mickey.
Il faut également souligner le travail exemplaire de Brigitte Findakly aux couleurs "restaurées" et aux nombreuses taches et effets vieillis de la bd (n'oubliez pas qu'il s'agit d'un trésor perdu puis retrouvé) lui donnant un effet "Grindhouse" des plus réussis.
Bref, la réussite est totale. On lit d'abord par curiosité forcément puis on tombe sous le charme en à peine 3 pages....
Merci Trondheim et Keramidas de nous offrir un tel bijou sur un univers aussi éculé et balisé que celui de Mickey et de Donald ! Ruez vous vite dessus, vous ne le regretterez pas d'autant plus que le prix de 15 euros est tout à fait inhabituel pour un album de cette qualité éditoriale.
115 avis ... je doute que le mien change quoique ce soit aux statistiques...
J'ai découvert Thorgal en album quand le tome 3 venait de paraître, et ensuite, année après année, j'ai découvert patiemment et annuellement la suite de cette longue et belle épopée.
D'emblée, c'est le travail du dessinateur et peintre polonais Rosinski qui m'a le plus touché ; quel graphisme ; quelle claque visuelle, et quel talent !
Vient ensuite les scénarios réussis de Van Hamme, qui soit dit en passant, en tant que scénariste, a eu bien de la chance d'être secondé par un tel maestro du dessin. Certainement le meilleur de son époque (± 1977 ). Ensemble, ça détonnait !
Le passage à Sente crée une creux scénaristique évident.
Vivement que Dorison dans les prochains épisodes trouve ses marques dans cet univers qui devrait lui aller comme un gant.
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Le Grand Duc
oui, sans doute, 5, étonante, magnifique, le mellieur dessin, le mellieur scéneario, la mellieure ambientation. Presque la mellieure BD que j'ai lu, sans aucune doute la mellieure du genre. Pour le passionés de la aviation, de l'histoire, de la 2 eme guerre, de la BD
Mémoire de cendres
Après près de dix ans de recherches assidues sur le catharisme, je peux dire que je connais bien ce sujet. Cette série est la seule qui peut prétendre rendre correctement la situation et l'état d'esprit, notamment des croyants et des sympathisants de l'époque. Il est regrettable qu'après avoir largement profité de le vente de la série en 10 albums, la maison d'édition ait fait paraître un seul tome de l'intégrale privant ainsi un nouveau lectorat de la seconde moitié de la saga. Organiser ainsi la mort d'une œuvre est ridicule car parmi les lecteurs il n'y a pas que des personnes désireuses d'acheter pour l'auteur. Il y en a au moins autant qui sont intéressées par le sujet. Du coup je n'ai rien acheté d'autre de cet auteur et j'ai été dégoûté d'acheter quoi que ce soit de Glénat.
Les Compagnons du Crépuscule
Depuis longtemps, les Compagnons du Crépuscule était une série que je considérais comme culte. Néanmoins, je ne l'avais pas lue depuis au moins quinze ans et j'appréhendais de la redécouvrir aujourd'hui, craignant de trouver qu'elle avait trop vieilli ou de découvrir des défauts que mes yeux désormais plus acérés en matière de bande dessinée pourraient trouver. Je suis heureux de pouvoir dire que mon avis reste inchangé, c'est une bande dessinée véritablement excellente. Les Compagnons du Crépuscule, c'est une série médiévale fantastique. Rares sont celles qui mettent autant l'accent sur le terme médiéval car François Bourgeon a effectué un formidable travail documentaire pour redonner vie au Moyen-Âge français de l'époque de la Guerre de Cent Ans. Décors, costumes, architecture, état d'esprit et coutumes sont parfaitement respectées et bien rendues. Cela va jusqu'aux dialogues qui sont écrits en grande partie en vieux français, les rendant parfois un peu plus compliqués à comprendre mais ajoutant nettement à l'ambiance du récit. Quant au fantastique, il s'insère à des degrés divers de tome en tome. Globalement, il s'inspire des légendes médiévales, essentiellement d'inspiration celtique avec des influences druidiques et l'apparition d'un discret Merlin dans le dernier tome. Mais nous sommes loin d'un récit d'heroïc-fantasy, même si le second tome va un peu plus loin que les autres dans ce domaine. Chaque tome forme une histoire complète, avec chacun une ambiance assez différente. L'ensemble est relié par les personnages évidemment, par un fil rouge narratif évoquant un mystérieux conflit entre des puissances immortelles et symboliques, Noire, Rouge et Blanche, mais aussi par quelques moments clés se répétant de tome en tome tels que le texte d'introduction, certains dialogues et scènes comme les différentes fois où l'Anicet essaie un casque et se fait successivement traiter de chaudron, marmite et casserole. Le premier tome met en scène la rencontre entre les 3 personnages principaux. On y trouve d'abord la Mariotte, jolie rousse rebelle et pas toujours très chanceuse. Puis l'Anicet, beau gosse mais très lâche, égoïste et assez détestable. Et enfin le Chevalier, défiguré et sans domaine, poursuivant une folle quête inspirée par ses rêves. L'intrigue de ce tome n'est pas passionnante mais met en place l'ambiance de la série, entre réalisme médiéval et légendes fantastiques à la croisée du rêve. Le second tome est nettement plus orienté vers l'imaginaire et la poésie. Son récit, aventureux et débridé, est proche de la fantasy avec des créatures surnaturelles et un monde caché. Très beau, j'aime la façon dont il se raconte en parallèle un récit plus druidique, très celtique. Il y règne en outre une légère ambiance hippie tant au niveau des personnages que de certains costumes comme celui de la dame blanche. Le troisième tome est le plus gros et le plus abouti. C'est le final grandiose de la série. Nos héros arrivent cette fois dans un décor urbain, celui d'une ville et d'un château pleins de vie, de dangers et de personnages divers et variés. Le Dernier Chant des Malaterre est un chef d'oeuvre ne serait-ce qu'au niveau du dessin, de la recherche historique, de la beauté et du réalisme ultra-fouillé de ses décors. Bourgeon a fait un travail de documentation énorme afin de construire cette bande dessinée. Mais au-delà de cette justesse du détail et du réalisme, l'histoire en elle-même est captivante et envoûtante. Le scénario est complexe car il concrétise des notions acquises dans les deux premiers tomes et ne s'offre pas tout cru au lecteur. Il y a une part de fantastique, de magie et beaucoup d'humanité dans cette oeuvre. Et le final de toute cette aventure médiévale est tout simplement beau et intelligent. Une pièce maîtresse dans toute bédéthèque à mes yeux.
Les Années Spoutnik
Bien sûr culte ! Comment comprendre que l'idée de lutte des classes ait eu autant de succès si l'on n'a pas expérimenté ce genre d'ambiance ? Les pères qui bossent à la mine et les enfants qui se rassemblent en bandes excitées et rivales, les mamas qui crient depuis la cuisine, les devoirs sur la toile cirée, les terrains vagues qui permettent toutes les libertés mais aussi toutes les cruautés, les invectives entre communautés, mais des mélanges fréquents aussi, surtout entre les enfants... Moi, je l'ai vécu en petit, dans la seule mine d'Anthracite des Alpes. Arabes, Turcs, Ritals et Matheysins au service des Houillères du Dauphiné. Évidemment cela semble un peu désuet pour les plus jeunes, mais le regard de Baru est tellement juste que je pense qu'il peut faire toucher du doigt ce sentiment à la fois de variété et d'horizon bouché qui nous habitait minots dans ces cités minières toutes noircies par les fumées... Le trait gras, l'aquarelle baveuse mais aux couleurs vives, rend à merveille ce bouillonnement juvénile des bandes de gamins gueulant entre les maisons à la sortie de l'école.
Le Trône d'argile
Il y a parfois des Bd qu'on souhaite, qu'on désire, qu'on espère, qu'on attend fièvreusement tant on est passionné par un sujet, on se dit : "Si un auteur pouvait exaucer mon voeu". Eh bien pour moi, une sorte de rêve s'est réalisé lorsque je suis tombé sur "le Trône d'argile" ; c'est tout à fait ce que je voulais : une Bd médiévale, mais sur la période que je connais le mieux et que j'ai longtemps étudiée, à savoir la fin de règne de Charles VI le roi fou, au moment où son fils le dauphin Charles est trop fébrile pour lui succéder, juste à l'instant où se fait l'entrée en scène de Jeanne d'Arc pour bouter l'Anglais hors de France. Car à ce moment-là, la France est dans une situation catastrophique, et qui aurait pu l'être encore plus, les Anglais sont quasiment les maîtres du pays, ils sont mauvais, arrogants, envieux, à l'image de leur roi Henry V qui symbolise cette Angleterre conquérante voulant écraser une France qui faillit devenir anglaise. D'emblée, je suis soufflé par le côté extrêmement sérieux et hyper documenté des auteurs dont les recherches ont dû être longues et minutieuses, je le sens constamment au fur et à mesure que le récit avance, dans l'abondance de détails qu'ils assènent. Pour un passionné et un connaisseur, c'est le rêve, pour les lecteurs moins férus de cette période historique, ça risque d'être un peu ardu, car il y a tant d'informations à digérer. Mais tout est clairement expliqué et la narration n'est pas lourde, ça doit intéresser aussi le lecteur basique, et les médaillons en fin d'albums seront très utiles pour identifier ces nombreux personnages. Il faut savoir qu'ici, les acteurs de cette histoire sont tous de très grands personnages, il n'y a aucun personnage fictif, c'est de la grande Histoire de France qui est contée avec justesse, tout est relaté avec une exactitude rigoureuse, malgré l'utilisation de cette Histoire et de personnages réels soulevant des thèses très hardies mais plausibles (le prétendu assassinat des 2 dauphins frères de Charles pour qu'il puisse régner, ou encore le "faux" empoisonnement d'Henry V ; ces faits n'ont jamais été prouvés, surtout le premier). De même que parmi de rares erreurs, j'ai décelé celle de Capeluche, ancien bourreau de Paris qui n'est pas renvoyé hors de la ville comme précisé ici, mais qui fut exécuté sans pitié sur ordre de Jean Sans Peur parce que sa cruauté gênait la politique du duc. Le souci de reproduire les visages de ces grands personnages est à peu près conforme aux gravures connues, et le respect minutieux des armures, des costumes et des décors force le respect ; le dessinateur s'applique dans de somptueuses reconstitutions d'édifices dont plusieurs ont été détruits ou modifiés (le Louvre, l'Hôtel Saint-Pol, le château de Saumur, la cathédrale de Troyes, le château de Montereau...), et le soin apporté aux détails d'architecture est remarquable. On s'aperçoit que la politique est au coeur du problème car les auteurs attachent de l'importance aux scènes de dialogues ; ils soulignent le rôle essentiel joué par Yolande d'Anjou, une femme de tête dont les historiens ont souvent négligé sa part active dans cette période cruciale, son portrait est donc conforme ici, sauf pour son choix porté sur la petite Jeanne qui est une pure invention des auteurs, mais encore une fois, c'est un cas plausible. L'action n'est pas pour autant oubliée, on a droit aussi à de belles scènes de batailles. Mais le grand morceau de bravoure reste l'entrevue sur le pont de Montereau car il conditionne toute la série, c'est un événement considérable par les retombées désastreuses qui découlent de son issue fatale, faisant rebondir la rivalité entre Armagnacs et Bourguignon, et amenant le honteux traité de Troyes ; normalement c'est Tanneguy qui a levé sa hache et abattu le duc parce que celui-ci avait porté la main à son épée, mais certains historiens réfutent aujourd'hui cette hypothèse, et ce serait un certain chevalier Robert de Loire (assimilé ici à Ambroise de Loré) qui l'aurait simplement poignardé. En tout cas, la vision un peu floue donnée par les auteurs est tout à fait plausible elle aussi, car il a dû y avoir une belle panique sur ce pont. Toujours est-il que la guerre de Cent Ans ne touche pas à sa fin, elle s'envenime. Il faut savoir que cette guerre n'a pas été déclarée comme c'est mentionné dans la série parce qu'on a refusé la couronne de France à Edouard III après la mort du dernier Capétien, mais bel et bien parce que ce même Edouard voulait récupérer la Guyenne confisquée, héritage des Plantagenêts acquis depuis Aliénor d'Aquitaine. Je dirais enfin un mot sur le dessin : c'est du travail d'orfèvre, du grand art, il est tellement riche en détails que certaines cases sont un vrai plaisir à scruter ; illustrer un sujet aussi fort avec un graphisme d'une telle perfection, c'est une osmose totale, et j'ai rarement vu une Bd historique aussi précise, aussi juste dans son traitement et aussi belle graphiquement. Un chef-d'oeuvre absolu qui m'a laissé pantois, qui mérite les éloges et dont j'attends anxieux la conclusion. ADDITIF SUR LE TOME 6 C'est toujours aussi somptueux et magnifique, je suis en admiration devant une telle leçon d'Histoire, de la grande Histoire qui m'apporte de grandes sensations, comme si je vivais en live les événements de cette sombre période, et qui dans ce tome montre toute la geste de Jeanne d'Arc telle que c'était préfiguré à la fin du tome précédent, depuis son entraînement par Baudricourt et son départ de Vaucouleurs jusqu'à la belle victoire de Patay, qui succède aux reconquêtes sur les armées anglaises de Jargeau, Beaugency et Meung, et avec en point d'orgue le fameux siège d'Orléans. La description de la reprise des Tourelles (et non des Tournelles comme c'est imprimé par endroits) est remarquable, magnifiée par une double page sensationnelle, de même qu'un plan du siège permet aux néophytes de situer les emplacements. Autre belle double page : quand Jeanne reconnait le dauphin à Chinon (sans jamais l'avoir vu), il aurait été dommage de rater une scène aussi capitale ; aujourd'hui, lorsqu'on visite cette pauvre salle délabrée et sans toiture, l'imagination doit galoper pour recréer tout ça. Le dessin est toujours au top même si je trouve que par endroits, Théo est un peu moins appliqué, mais ce n'est qu'une impression. Il ne devrait plus y avoir qu'1 tome pour conclure enfin cette formidable épopée, ou peut-être est-ce fini, les auteurs ayant décidé de ne pas montrer le sacre à Reims, puis la capture à Compiègne et la fin tragique de Jeanne sur son bûcher ; après tout, le trône d'argile est sauvé, il ne reste plus qu'à finaliser la reconquête sur l'Anglais, ce que fera Charles VII grâce à Dunois, ce n'était pas au départ une Bd de plus sur Jeanne d'Arc, elle n'est qu'un maillon dans cet écheveau.
Aldébaran
À l’occasion de la sortie du dernier tome d’Antarès, qui est le troisième cycle de cette saga, j’ai relu le premier cycle, Aldébaran. Lors de mes premières lectures, j’avais adoré. Entretemps, j’ai lu les diverses critiques de cette série, notamment sur les dialogues et les relations entre les personnages, un point sur lequel je suis habituellement assez exigeant mais qui ne m’avait pourtant pas spécialement dérangé. En ayant cela en tête, j’appréhendais un peu cette nouvelle relecture car je craignais de ne plus voir que ce prétendu défaut. Eh bien, il n’en fut rien. Il est vrai que les relations entre personnages sont inhabituelles. Mais je le vois plutôt comme une évolution des mœurs, avec notamment un franc-parler beaucoup plus important sur les questions d’attraction sexuelle (ou de non-attraction) que ce à quoi nous sommes généralement habitués. Une fois acceptée cette différence culturelle par rapport à notre ici et maintenant, j’ai au contraire trouvé que les relations entre personnages étaient assez crédibles et sonnaient plus vrai que dans bien d’autres séries. La relation à la nudité mérite également des commentaires. Il est intéressant que la nudité féminine soit déconnectée du tout aspect provocateur ou vulgaire ou de toute notion liée à notre bon vieux péché originel biblique. Mais je ne peux pas éviter de souligner que l’auteur met beaucoup plus souvent à poil ses personnages féminins que ses personnages masculins. De manière générale, il y a beaucoup à dire dans cette série sur les questions liées au genre, en bon et en moins bon. D'un côté, j’apprécie beaucoup le fait qu’il y ait des personnages féminins forts, l’héroïne Kim Keller bien sûr, mais d’autres aussi, comme l’incontournable Alexia. J’apprécie, bien sûr, que leurs qualités premières soient avant toutes morales et intellectuelles, plus que plastiques (même si ce n’est pas exclusif). De l’autre, j’ai tout de même regretté quelques clichés de comportement, ainsi que le fait que toutes les femmes aient un corps quasiment identique, de même que la plupart des hommes d’ailleurs, comme s’il n’y avait qu’un canon de beauté possible. Mais assez disserté. Aldébaran, c’est avant tout un univers d’une énorme originalité, ce qui n’est pas aisé dans un genre aussi exploré que la science-fiction. Ici la technologie n’est pas centrale, bien au contraire, puisque les colons d'Aldébaran, coupés de tout contact avec la terre, n’ont pas eu les ressources matérielles, les compétences et le temps de rebâtir une civilisation aussi avancée techniquement que celle de la planète mère. On a également évité un autre poncif de la science-fiction, et en particulier du planet-opera, qui est celui de la planète hostile, dotée d’une faune et d’une flore menaçantes. Ici, rien de tout cela, ou presque : la plupart des zones d'Aldébaran sont dotées d’une vie plutôt amicale, à l’exception des marécages, des zones profondes des océans, et de quelques rares espèces ailleurs, comme les oiseaux nommés « javelots ». Ainsi, les personnages évoluent dans un paysage la plupart du temps paisible, émaillé de merveilles botaniques ou zoologiques. C’est là que réside un immense talent de Léo : imaginer et dessiner des plantes et des animaux particulièrement beaux et originaux. Son dessin, d’ailleurs, est d’une rare pureté pour cela. Son style surprend davantage pour les têtes de ses personnages, comme certains l’ont dit, mais cela ne m’a pas dérangé et, en tout cas, le dessin est toujours d’une très grande lisibilité. L’animal le plus fascinant, c’est la Mantrisse elle-même, qui est le centre de toutes les attentions. Chaque tome apporte son lot de révélations sur elle, au cours de ses « manifestations » qui sont toutes plus fascinantes les unes que les autres. Les parts de connu et de mystère restant sur cet organisme extra-terrestre sont très bien équilibrées : ainsi, elle conserve son aura mythique, sans qu’il s’agisse d’un pur nuage de fumée scénaristique (contrairement à ce qu’on trouve chez Lovecraft par exemple, dans un tout autre genre). Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’univers imaginé par Léo. Par exemple, j’ai apprécié qu’il évoque le contexte politique (dictature, exploitation des femmes comme reproductrices) mais sans en rajouter des tonnes ; car cette idée, bien qu’elle ait parfaitement sa place ici, a déjà été exploitée de long en large ailleurs. Excellent choix, donc, de l’évoquer par petites touches : le lecteur est capable de compléter, et ce n’est pas le centre de l’histoire. Bref, ce premier cycle est parfaitement construit. L’histoire avance en permanence, et de façon parfaitement logique, jusqu'à son dénouement. J’apprécie aussi que l’auteur donne une vraie fin à ce premier cycle, sans terminer sur un énorme cliffhanger comme c’est trop souvent la norme. Cette série a un grand succès, et c’est amplement mérité. Elle se pose en référence incontournable dans son genre, quoiqu'on puisse penser de ses petits péchés. Bref, c’est une série culte.
Lucky Luke
On rigole, on rigole et puis bêtement je m’aperçois que je n'ai pas encore avisé cette série mythique de la BD franco belge. Et pourtant elle mérite toute l'attention et son succès depuis des lustres en est la preuve. Avec "Gaston", la BD, pas l'autre posteur, c'est la seule Bande qui m'a vraiment fait rire et ce notamment grâce à Rantanplan et aux Dalton. Encore aujourd'hui il m'arrive de relire un des épisode de cette burlesque saga du grand ouest qui pastiche avec beaucoup d'humour la grande et officielle histoire, dégommant au passage quelques mythes. Un seul bémol pour moi. Le fait que je ne sais plus trop quand, Lucky Luke a remplacé sa cigarette par cet espèce de brin d'herbe, alors oui il ne fallait pas inciter notre belle jeunesse au fléau du tabagisme, mais merde, allons nous être obligés un jour de retoucher tous ces vieux films où les acteurs fumaient comme des pompiers ? (Bogart sans sa clope c'est autre chose!! ) Mais pour revenir à ces BD outre que beaucoup d'entre elles n'ont pas subi les ravages du temps elles sont encore aujourd'hui un bon moyen pour les jeunes générations de découvrir le 9 ème art. Vive Lucky Luke donc, une série pleine d'humour qui résiste au temps et dont tout bédéphile se doit de posséder quelques exemplaires sur ses étagères.
Zaï Zaï Zaï Zaï
Fabcaro est un auteur qui se remet constamment en question pour nous proposer des oeuvres différentes. Certes, le registre reste l'humour. Cependant, il quitte l'autodérision pour nous proposer une critique de notre actuelle société qui est intolérante et qui se complet dans une espèce de victimisation couverte par les médias complaisants. J'ai adoré évidemment car le propos est d'une immense subtilité et d'une finesse rare. J'en démords pas avec cet auteur dont j'admire le travail avec toujours la découverte de nouvelles trouvailles. Tout part d'une carte de fidélité non présentée dans un magasin et cela se transforme en véritable chasse à l'homme digne d'un road movie psychologique. Je ne suis pas fan de l'absurde mais ici, ce sont des faits qui sont exagérés pour nous démontrer le véritable visage d'une société qui perd ses valeurs. Du coup, c'est profondément vrai et non absurde. Un regard certes décalé mais lucide. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5
Mickey's Craziest Adventures
Rapide flashback : même si j'en ai très peu parlé ici et là, j'ai lu beaucoup d'aventures des personnages de Mickey ou de Donald dans ma jeunesse. Le journal de Mickey, Mickey Parade et compagnie font partie de mes classiques. Malgré une nette préférence pour les aventures de Donald et de ses neveux ou du célébrissime Picsou, l'univers de Mickey, souvent moins drôle, n'avait aucun secret pour moi.... Puis paf on grandit, on oublie et, et, et.... Quelle ne fut pas ma surprise de voir Trondheim au scénario d'une commande et d'un partenariat de 4 albums Glénat sur la souris la plus célèbre de Disney ! Avec Keramidas aux commandes qui a fait ses armes dans un studio Disney section animation avant de voler de ses propres ailes, c'était déjà l'assurance d'un joli duo pour réanimer la souris au short rouge dans un univers déjanté... Pari tenu car ce joli album toilé est non seulement une madeleine de Proust incontestable mais une oeuvre culte de plus pour les papas de Lapinot et de l'excellente trilogie Alice au pays des Singes !!! Jouant des contraintes imposées par Disney (pas d'alcool ou armes à feu entres autres), Trondheim a du se régaler en concoctant un scénario rythmé et complètement déjanté s'affranchissant même des transitions désuètes puisque son histoire est entrecoupée de pans béants dans sa narration. Une histoire incomplète, comment cela ? Très simple, les auteurs ont fait mine de retrouver un récit incomplet et jamais publié en français qu'ils auraient traduit et réhabilité... En fait chaque planche est numérotée et il en manque pas mal volontairement, libre au lecteur de se constituer lui même les transitions nécessaires. Vous êtes perdu ? Pas du tout ! Il ne faut pas oublier que Trondheim est passé maitre dans le style Oubapo et que l'ensemble n'est que prétexte à une succession de gags de haute volée en une page et dont il est facile de relier les pages manquantes. Sur base d'un traditionnel vol de Picsou par Pat Hibulaire et les Rapetou, Trondheim et Keramidas nous basculent en 44 pages dans l'univers complet, drôle et absurde de Mickeyville ! Ainsi Donald et Mickey forment un sacré duo, toujours en mouvement. Qu'ils soient rapetissés, explorent un temple inca ou aillent même sur la lune, leurs péripéties vont vous rappeler votre jeunesse et vous faire marrer car oui on rit des codes Disney détournés par les auteurs de façon non seulement respectueuse mais référentielle. Pour ma part, Mickey n'aura jamais été aussi drôle sur papier que dans cette aventure où il sera affublé d'un Donald fidèle à lui-même. Keramidas est un auteur complet dont le style dynamique et cartoon s'adapte parfaitement au style rétro et vintage de Mickey. Il faut également souligner le travail exemplaire de Brigitte Findakly aux couleurs "restaurées" et aux nombreuses taches et effets vieillis de la bd (n'oubliez pas qu'il s'agit d'un trésor perdu puis retrouvé) lui donnant un effet "Grindhouse" des plus réussis. Bref, la réussite est totale. On lit d'abord par curiosité forcément puis on tombe sous le charme en à peine 3 pages.... Merci Trondheim et Keramidas de nous offrir un tel bijou sur un univers aussi éculé et balisé que celui de Mickey et de Donald ! Ruez vous vite dessus, vous ne le regretterez pas d'autant plus que le prix de 15 euros est tout à fait inhabituel pour un album de cette qualité éditoriale.
Thorgal
115 avis ... je doute que le mien change quoique ce soit aux statistiques... J'ai découvert Thorgal en album quand le tome 3 venait de paraître, et ensuite, année après année, j'ai découvert patiemment et annuellement la suite de cette longue et belle épopée. D'emblée, c'est le travail du dessinateur et peintre polonais Rosinski qui m'a le plus touché ; quel graphisme ; quelle claque visuelle, et quel talent ! Vient ensuite les scénarios réussis de Van Hamme, qui soit dit en passant, en tant que scénariste, a eu bien de la chance d'être secondé par un tel maestro du dessin. Certainement le meilleur de son époque (± 1977 ). Ensemble, ça détonnait ! Le passage à Sente crée une creux scénaristique évident. Vivement que Dorison dans les prochains épisodes trouve ses marques dans cet univers qui devrait lui aller comme un gant.