Un premier tome de très bonne facture.
J'étais pourtant un peu sur la réserve avant ma lecture, le dessin ne fait pas partie de ceux que j'apprécie le plus.
Enfin une biographie digne de ce nom pour cet immense artiste. Artiste atypique, profondément humain et toujours pas remplacé. Combien de chanteurs ont arrêté le tour de chant en pleine gloire ?
Artiste reconnu mondialement, il suffit de voir le nombre de reprises de ses chansons : Bowie, Sting, Nina Simone, Joseph Gordon-Lewitt ..... pour les plus connus.
Le mot qu'il détestait : la médiocrité. Il s'efforcera toujours de la combattre et sa vie ne sera faite que de nouveaux défis.
Il aura touché à tout : acteur, réalisateur, comédie musicale, pilote d'avion, barreur de son voilier .....
Tome 1
Salva Rubio ne fait aucune concession, on y découvre un Brel avec ses contradictions, son amour des femmes, ses peurs et sa persévérance. Et il lui en aura fallut de la persévérance pour arriver à la reconnaissance avec son allure de grand déglingué et son physique ingrat.
On y découvre un Paris d'après guerre où le milieu artistique déborde de talent, ainsi que les rencontres qui vont marquer sa vie d'artiste et d'homme. On y voit le "tout Paris" du music hall. Jojo qui deviendra son meilleur ami, ce lien entre les hommes qu'il trouve beau et fort.
Et surtout "Miche" son épouse qui a toujours soutenu son Jacques malgré les infidélités. Son éducation catholique fera qu'il ne divorcera jamais.
Du l'usine de cartonnage à papa comme point de départ, puis Paris et les petites salles, la période des vaches maigres, enfin l'olympia en première partie de Philippe Clay.
Une narration maîtrisée et captivante.
Voilà la première partie des trois vie du grand Jacques.
Tome 2
Un album qui commence le 16 mai 1967 à Roubaix, Brel vient de donner son dernier concert.
Un album qui retrace la vie du grand Jacques de 1958 à 1967, la période qui va le mener à la gloire. Le début ne sera pas facile, il entre en conflit avec sa maison de disques Philips. Il faudra qu'Eddie Barclay intervienne en proposant Johnny Hallyday en échange de Brel pour débloquer la situation.
Un second tome qui tourne autour de la complexité du bonhomme, les raisons qui ont poussé Brel a arrêter le tour de chant, sa relation avec les femmes (toujours marié, mais une nouvelle maîtresse et les autres ...), sa vie de bohème, toujours sur la route pour donner des concerts (il en fait plus de 300 par an) et le lien indéfectible qui le lie à ses musiciens et à Jojo.
Une narration toujours autant maîtrisée avec ces pages où la voix off de Brel ajoute une profondeur au récit, une voix off qui reprend des extraits d'interview de l'artiste, elles viennent régulièrement s’immiscer le long de l'album.
Un album qui se termine avec Brel à la barre de son voilier l'Askoy, il est prêt à parcourir deux océans .....
Voilà la seconde partie des trois vies du grand Jacques.
En postface, l'auteur nous éclaire sur la réalisation de ce deuxième opus.
Tome 3.
Avec ce dernier volet, Brel se réinvente, il va produire une comédie musicale où il aura le rôle principal : l'homme de la mancha. Ensuite, il sera acteur dans 10 films dont L'Aventure c'est l'aventure de Lelouche et "L'emmerdeur" de Molinaro, dans le rôle du désormais célèbre François Pignon. Il réalisera aussi deux films, "Frantz" où il donne la réplique à Barbara et "Far West" qui sera assassiné par la critique et boudé par le public. Dès lors il va prendre du recul avec le show-business. Il aura entre temps passé son brevet de pilote et obtenu son diplôme pour barrer un voilier (Il rêvait d'être Saint-Exupéry et Magellan). Avec les femmes c'est toujours aussi compliqué (il sera accusé d'adultère). Il décide de faire le tour du monde sur son voilier, L'Askoy II. C'est Maddly Bamy, une ex-clodette, qui va l'accompagner. Un voyage qui le mènera jusqu'aux îles Marquise. C'est sur ce rocher perdu dans le Pacifique qu'il finira sa vie, un bout de terre où personne ne le reconnaît. Il y rendra de nombreux services en faisant des navettes avec son petit avion entre son île d'Hiva-Oa et Tahiti. En 1977 sort son dernier album (un million de disques vendus en une journée) et meurt en 1978 d'une embolie pulmonaire. Il est enterré au cimetière d'Atuona à Hiva-Oa, non loin de la tombe de Paul Gauguin.
Et toujours cette narration maîtrisée et captivante.
Une postface très instructive sur la réalisation de cette BD.
Un crayonné proche du fusain, un trait gras et des couleurs sombres donnent une âme au récit. Mes réticences du début ont disparu.
Il s'en dégage une ambiance vintage du plus bel effet.
Une biographie complète, avec de nombreuses anecdotes, que je ne peux que conseiller.
Et pour les curieux, je recommande le bouquin d'Olivier Todd, "Jacques Brel : une vie".
Cela commence comme un grand classique : une petite fille laissée par ses parents pour passer un été avec son grand-père. Sauf que la forêt dans laquelle il habite seul est complètement magique, peuplée d'animaux qui parlent, d'arbres qui se baladent, de lutins et de puissants esprits du jour, de la nuit ou encore de la forêt elle-même. Le grand-père d'Hannah en est le gardien et sa mère était amie des créatures des lieux. Mais comme Hanah n'a pas grandi ici et vient de la ville, elle est rejetée par l'esprit de la forêt qui veut la faire fuir. Hannah, son grand-père et quelques-uns des habitants de la forêt doivent alors braver les dangers pour convaincre l'esprit qu'elle fait partie de la famille du gardien et a sa place en ces lieux.
C'est une histoire légère et emplie d'autant d'humour que de magie. Elle est dessinée avec un trait tout rond, mignon et expressif tout en accentuant les aspects humoristiques des personnages. La petite brochette de personnages est attachante et relativement originale, que ce soit le gentil grand-père qui ne maitrise pas tout mais ne se laisse pas faire, la petite fille apeurée mais pas bête, ou encore l'amusant Infiniticochon qui se régénère quand on lui coupe un jarret pour le manger. L'histoire est simple mais prenante car elle permet de découvrir cette forêt magique pleine d'insolite et de quelques dangers. D'ailleurs on apprécie les illustrations des pages de garde de l'album qui montrent la progression de la découverte du plan de la forêt comme celle d'un jeu vidéo qui se dévoile peu à peu au fil de l'avancée du joueur.
La série s'adresse en théorie à un jeune public mais un adulte peut la lire avec un grand sourire et l'envie de voir où elle va nous mener. En cela, la fin du premier tome est un peu frustrante car on découvre avec surprise que l'histoire est loin d'être finie malgré les 100 pages de l'album et la quantité de choses qu'il s'y est passée. Il faudra donc attendre la suite pour en avoir le fin mot et savoir comment la petite Hannah va se faire accepter par la forêt.
J’étais très intriguée par cette série depuis que Ro l’a postée sur le site il y a de cela presque dix jours. Les jolis décors à l’esthétique grecque, les personnages aux bouilles adorables, la promesse d’aventure(s), … Tout ça titille des cordes sensibles chez moi.
Et puis, c’est Kerascoët au dessin. J’adore Kerascoët ! Facilement parmi mes dessinateur-ice-s préféré-e-s du medium. Leurs personnages ont toujours des designs sobres et élégants, des visages très expressifs et charmants, je trouve leur trait sincèrement très chiadés, … Ouais, les voir au dessin, ça m’annonce du bon, ne serait-ce que visuellement.
Fort heureusement, l’histoire est elle aussi intéressante.
Elle commence sur l’île de l’Atlantide, visiblement coupée du reste du monde depuis la disparition il y a fort longtemps de l’électricité (pardon, "l’élektricité"), l’énergie que les habitant-e-s étaient les seul-e-s à maîtriser et qui leur permettait d’alimenter des machines très complexes. Mais aujourd’hui, c'est dommage, l’élektricité à disparu. Tout du moins, c’est ce que l’on pense, car un jeune garçon du nom d’Icare découvre un beau jour qu’il est un "élu", quelqu’un capable de produire et de contrôler l’élektricité. Mauvaise surprise en réalité, car on raconte qu’un mystérieux peuple venu des mers aurait par le passé enlevé tous-tes les élu-e-s atlantes.
Voilà, une base simple mais très prometteuse. Et l’exécution est plus que bonne. Icare, le jeune garçon timide et un peu gringalet, et Kalio, la jeune fille sage et autoritaire qui l’accompagne et pour qui il a le béguin, sont très attachant-e-s. Les personnages secondaires sont tout aussi charmants (tout spécialement la sœur de Kalio et la grand-mère d’Icare). Et, comme dit Ro, il se dégage déjà dès ce premier album une ambiance qui n’est pas sans rappeler les Mystérieuses Cités d’Or.
Franchement, c’est un très bon départ de série. J’attend déjà le second tome avec impatience.
Le coup de cœur pour un premier tome de 48 pages est peut-être risqué, mais je suis honnêtement charmée par les promesses de cette histoire. Et puis, si ça peut aider à la visibilité de la série et assurer qu’elle puisse être menée à terme, j’ai envie de dire qu’elle le mérite bien. On n’a qu’à dire que c’était un coup de foudre.
Des contes pour comprendre
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la série, initialement parus en 2021 (pour la VO), écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Matt Lesniewski qui a également assuré le lettrage (pour la VO). La mise en couleurs a été réalisée par Bill Crabtree. Les couvertures ont été réalisées par Lesniewski, les couvertures variantes par Malashi Ward, Jill Thompson, Patric Reynolds, Marguerite Sauvage, Tyler Bence. Le tome se termine avec 5 pages extraites du carnet de croquis de l'artiste.
Il y a une vingtaine d'années de cela, la jeune fille Crimson se glisse dans le bureau de son père qui est en train de travailler. Elle sait que si elle se montre discrète, elle peut lire et le regarder travailler. Elle va sur la pointe des pieds, chercher sur une étagère, son livre préféré : un recueil de contes slaves. Elle s'installe dans le grand fauteuil profond et se met à lire dans le calme de ce bureau. Au temps présent, elle conduit sa voiture dans les rues de Saint-Pétersbourg pour se rendre à un rendez-vous avec un médecin. Elle travaille pour le groupe Cardinal Perennial Pharmaceuticals en tant que représentante. Elle-même est sous traitement, des médicaments produits par le même laboratoire : elle a conscience de son état et vit bien avec. Ce jour-là, elle déroule son argumentaire de vente bien rodé, mais elle n'est pas venue pour réaliser une vente. Elle termine son intervention sur le fait que ces médicaments ont prouvé leur efficacité sur quatre types de schizophrénie. Un instant, elle a la sensation que son interlocuteur a une tête de loup. Elle peut confier un an de stock au médecin, en échange d'un service. Elle souhaite savoir s'il a déjà vu un patient nommé Anton Shubin.
Le médecin explique qu'il ne peut pas divulguer ce genre d'information. Elle le prend à la gorge d'un geste vif pour l'étrangler et il finit par céder et lui confier le dossier de son patient. Crimson s'en va, le médecin lui promettant de porter plainte. Elle se rend à l'adresse figurant dans le dossier, dans un quartier pauvre. Elle monte dans la cage d'escalier en piteux état et frappe à la porte 73. Un homme âgé entrouvre le battant et le referme après qu'elle se soit présentée. Elle parle plus fort et indique qu'elle peut lui confier un tube complet à titre gracieux. Anton Shubin entrebâille rapidement la porte et saisit le tube. Crimson tire violemment la porte pour la refermer, Shubin reculant de douleur, puis elle donne un violent coup de pied pour l'ouvrir en grand. L'homme est à terre et lui demande ce qu'elle veut. Elle lui intime de parler de lui pour commencer : c'est un tueur. Est-ce qu'il se souvient ? Il y a vingt ans, se souvient-il de ce qu'il a fait, de son père à elle ? Est-ce lui qui l'a assassiné en l'étranglant avec une corde, puis en le poignardant dans le dos ? Il explique qu'il se cache de ses anciens employeurs pour qui il était un assassin. Il sait qu'il n'a pas tué le père de Crimson car il n'utilise pas de poignard. Cette réponse évoque un conte à Crimson et elle se met à le raconter : l'histoire d'un jeune garçon, à la recherche d'un boulot. Il voulait être mineur, et donc les mineurs lui ont proposé de passer un test, une épreuve : descendre jusqu'au fond de la mine avec une torche enflammée.
Après un véritable chef d'œuvre MIND MGMT , et une autre série Dept. H, Matt Kindt a décidé de réaliser des histoires courtes avec des artistes différents à chaque fois pour plusieurs éditeurs. Le premier contact avec le récit s'établit avec la couverture : elle est un peu chargée et semble promettre une aventure de type Fantasy, avec la présence étrange d'une jeune femme avec une valise, et cette chaîne d'ADN en médicaments. La première page évoque le plaisir de la lecture des contes durant l'enfance, avec des dessins descriptifs avec un fort niveau de détails. La deuxième séquence en 3 pages montre le monde réel, à nouveau avec un bon niveau de détails, des personnages avec une tête un peu grande (Crimson Flower) ou un peu petite pour le médecin, et cette case inattendue dans laquelle ce dernier a une tête de loup. Dans la séquence suivante, l'artiste et le scénariste semblent prendre plus de liberté : le corps distordu d'Anton Shubin, le passage au mode conte avec un jeune garçon fluet et petit et les mineurs à la carrure trop large pour être plausible, et le torse comme un tonneau. Le récit fonctionne donc sur une dynamique de mystère, ou plutôt d'énigme incitant le lecteur à se prêter au jeu, en faisant des hypothèses sur les capacités physiques de Crimson Flower, sur le parallèle entre la réalité et les contes, sur cette quête de vengeance pour le meurtre du père, sur la réalité même de la façon dont Crimson interprète les faits, voire les invente de toute pièce.
En découvrant le premier conte, le lecteur reconnaît le plaisir que prend le scénariste à entremêler la réalité avec la fiction, à jouer sur le rapport entre les deux, à créer une mise en abîme. Ici, le conte est une fiction dans la fiction, et renvoie le lecteur au fait que l'histoire qu'il lit est toute aussi fictive que l'histoire dans l'histoire. S'il entretient des réserves sur l'adéquation des particularités des dessins avec l'histoire au temps présent, le lecteur est vite conquis par sa pertinence pour les contes. Il retrouve la manière d'exagérer des morphologies pour que des personnages incarnent plus un état ou un caractère marqué, ainsi que les environnements avec des éléments oniriques. Le jeune garçon avec sa torche exsude une envie de bien faire et une forme d'insouciance de la jeunesse, progressant dans des tunnels sans étai, plus une forme de grotte que de mine. Le second conte survient dans le deuxième épisode, alors que Crimson Flower essaye d'échapper à deux assassins professionnels avec une longue expérience. Elle devient une héroïne, une chasseresse, et ses deux poursuivants deviennent des créatures démoniaques ailées. Il suffit du premier conte pour que le lecteur comprenne la pertinence du choix de cet artiste. Après coup, il comprend que les bizarreries de ses dessins au temps présent dans le monde réel agissent comme des rémanences de la narration des contes. Pour une raison qui est à découvrir, la réalité est empreinte du ton des contes. Ceux-ci servent-ils à Crimson Flower pour donner sens aux événements ? Y a-t-il une dimension fantastique à prendre au premier degré, avec la coexistence des deux mondes ? S'agit-il du pouvoir des ennemis contre lesquels elle se bat ? Faut-il envisager une autre possibilité ?
Le récit est court, seulement 4 épisodes, et les auteurs ne font pas de remplissage. Chaque numéro fait avancer l'intrigue et comporte un conte (3 même dans l'épisode 3), ainsi que des scènes d'action. Le lecteur a bien compris que Crimson Flower a vu son père assassiné sous yeux et qu'elle a juré de se venger. Elle est à la recherche de son assassin, ce qui l'amène à se confronter à des tueurs pour leur poser la question de savoir si c'est eux qui ont perpétré ce meurtre. Les dessins montrent une jeune femme costaud sans être bodybuildée, pas si habile que ça au combat à main nu, profitant souvent des circonstances pour s'en sortir, plutôt que de vaincre par la force ou par ses compétences de combattante. Elle se bat contre des hommes à la mine patibulaire, ce qui les rend immédiatement coupables des pires exactions dans le contexte de ce type de bande dessinée. Le lecteur entretient un doute, mais il est levé par les aveux d'Anton Bushin. Pour autant, la dynamique ludique l'incite à prêter attention à tous les détails, à se demander si telle remarque, ou tel geste est bien cohérent avec l'idée qu'il se fait de la situation. Il tombe sous le charme des contes qui fonctionnent parfaitement, pouvant être transposés directement à la situation de Crimson Flower à ce moment-là. Il réfléchit à la manière dont la morale du conte peut s'appliquer à l'héroïne, et finit par prendre conscience que son vrai nom n'ait jamais prononcé. Il se dit qu'elle est une sorte de justicière qui élimine des assassins, peut-être grâce au fruit de son enquête, peut-être pour partie par chance. Progressivement une autre possibilité commence à apparaître.
Étrange : une couverture intrigante, mais un peu chargée, pas facile à déchiffrer entre cette guerrière médiévale, ces mineurs à la mine renfrognée, et cet ADN de médicaments. Un peu bizarre au début, ces dessins qui malmènent un peu la morphologie, qui montrent des personnages peu avenants, y compris l'héroïne, dans les mauvais quartiers d'un monde réaliste. Irrésistible cette narration ludique associant des doutes sur la perception de la réalité par le personnage principal, et ses efforts pour comprendre les événements ou les comportements de ses opposants grâce à la sagesse de contes slaves qu'elle lisait quand elle était petite. Quoi qu'il en soit, la dynamique de la vengeance accroche le lecteur assurant un divertissement de bonne qualité. Puis le premier conte rend évidente la qualité de la narration graphique, et la manière dont les contes colorent la compréhension de Crimson Flower, dont ils contaminent la réalité. Le thème de l'intrication à double sens entre réalité et fiction se pose également comme une évidence. L'histoire acquiert encore plus d'épaisseur quand il s'avère que les différents mystères participent d'une unique énigme qui ajoute une interaction supplémentaire entre fiction et réalité pour une histoire fonctionnant au premier degré et en abîme.
J'ai découvert L'Île de Minuit sans grande conviction au début, en lecture à suivre dans le journal Spirou. Mais contrairement à Tanis, une série parue simultanément, qui a vu peu à peu mon intérêt s'émousser, la BD de Lylian et Grebil n'a eu de cesse de l'augmenter. Voici mon avis à l'issue du premier tome.
L'autre point commun avec Tanis, c'est que ce qui m'a emporté de prime abord, c'est le dessin. Je trouve le trait de Grebil élégant, plaisant à l'œil sans tomber dans les excès d'une modernité criarde. Avec ses couleurs chaleureuses, il m'a emporté dans les méandres de cette série que je craignais trop exclusivement destinée à la jeunesse.
Bien sûr, on ne perdra jamais de vue le public cible du récit, mais Lylian a le bon goût d'instaurer un mystère suffisamment captivant pour susciter l'attention d'un public plus expérimenté sans le lasser. On ne pourra pas ne pas voir planer sur ce scénario les dangereuses ombres de Lost, Sa Majesté des Mouches et Seuls, dont on espère que cette nouvelle série ne sera pas un simple palimpseste. Mais jusqu'à présent, Lylian semble avoir réussi à tracer sa route, quoiqu'on a toujours peur de revenir en terrain connu...
Quoiqu'il en soit, je sors de ce premier tome amplement satisfait. L'univers est bon, le mystère est vraiment accrocheur, la qualité graphique et narrative de l'ensemble est tout à fait convaincante. J'avoue qu'arrivé à ce stade, j'ai un peu du mal à voir comment les multiples twists dont on imagine que la suite du scénario sera jonchée pourraient me surprendre, tant j'ai l'impression que ce genre de récit mystérieux a été trop balisé pour qu'on puisse en découvrir un embranchement encore inconnu, mais je me suis pris à vraiment espérer que pourtant, Lylian ait réussi à découvrir un tel embranchement. Affaire à suivre, on espère dans le moins longtemps possible !
Le nouveau Jim Bishop, forcément j'y vais les yeux fermés.
Après Lettres perdues et Mon ami Pierrot, voici "L'Enfantôme", et cet album est différent des deux précédents.
Différent puisqu'ici le récit ne se déroule pas dans un univers fantastique, mais dans le monde réel des années 90/2000.
Différent graphiquement, si dans les deux autres albums cités ci-dessus, la touche manga était bien présente, elle prend ici une place beaucoup plus importante. Cet album est un hommage aux mangas qui ont bercé la jeunesse de Jim Bishop. Un trait tout en rondeur, expressif et dynamique aux couleurs moins chatoyantes qu'à l'accoutumé. Quelques belles planches en noir et blanc. Tous ces yeux sur la couverture ne sont pas là par hasard, le regard des autres...
Différent dans le contenu, d'abord il puise dans le vécu de l'auteur, ensuite l'intrigue m'a désarçonné avec ce premier gros chapitre qui se focalise sur le contrat qui va lier nos deux adolescents (le boutonneux et la bizarre) avec l'étrange conseiller d'orientation : vous réussissez votre année scolaire ou sinon vos parents vous butent ! Un nouveau système basé sur la peur pour motiver la petite troupe. Mais y a un truc qui déconne, car les gamins vont vite s'apercevoir qu'ils risquent réellement leur peau. Violent dans tous les sens du terme !
Différent dans le genre, si du fantastique sera bien présent, avec la présence de la Mort, de fantômes et d'un mystérieux détective au doux nom de postmortem, dans le deuxième (et dernier) chapitre. Des passages horrifiques vont venir se greffer à l'histoire dans la première partie du récit.
Un récit très dur, il aborde le thème de l'adolescence (mal-être et harcèlement scolaire), une période souvent difficile avec l'incompréhension du monde des adultes, mais aussi celui de l'école, avec la réussite scolaire en point de mire, il n'y pas de place pour les nuls. Jim Bishop démonte une certaine éducation et les parents qui mettent une grosse pression sur les épaules de leurs progénitures. Un système où la compétition entre élèves ne laisse pas de place aux rêveurs, le cœur n'a plus son mot à dire.
Un conte moderne et métaphorique à la narration singulière et violente avec deux parties distinctes (une rupture brutale entre les deux), parfaitement maîtrisée, elle fera fonctionner vos méninges.
Un titre qui prend tout son sens.
J'ai essayé d'en dire le moins possible, laissez-vous surprendre.
Cette série vous arrache volontiers un petit sourire, son dessin donne immédiatement le ton. Dès la deuxième page on sait à quoi s'attendre et la suite ne donne pas tord à cette première impression. Le trait est très agréable, dynamique, tout en rondeur, les visages sont expressifs, et le tout est servi par de chatoyantes couleurs qui donnent des ambiances différentes, mais harmonieuses, à chaque double page.
Pour accompagner ce visuel, les bons mots ne tardent pas à arriver. Les rimes amusantes et les belles tournures de phrases sont nombreuses. Si on ajoute à cela des mousquetaires, des capes, des personnages animaliers... est ce que ça ne vous rappellerait pas quelque chose ? Evidement. Sans atteindre le génie de maitre Ayrolles, il faut reconnaitre que l'auteur s'en sort très bien. Mais nulle compassion n'est évidement possible, parlons plutôt d'un sympathique clin d'oeil. En tout cas, les dialogues sont bien écrits et plutôt amusants. L'univers est réussi, on plonge volontiers dans cette fable teintée de fantastique, d'humour, d'aventures, de capes et d'épées.
Le petit twist qui permet l'entrée en scène des personnages animaliers est très bien vu. On n'a pas juste imposé au lecteur des animaux qui parlent. Non l'histoire explique comment et pourquoi ils sont là. C'est malin et complètement au service de l'histoire. Il sera question dans celle-ci d'une révolte animale. Nos héros vont enquêter à leur risques et périls sur l'origine de ce conflit, pour tenter d'y mettre fin. Ils seront bien aidé par un certain monsieur De La Fontaine. Le clin d'oeil est également très sympa, son rôle à lui aussi est bien trouvé. Qui d'autre que lui aurait pu faire un meilleur lien avec les animaux ?
Au final tout cela s'emboite plutôt bien. On a un récit rythmé et amusant, mélange équilibré d'aventures et de fantastique. Il se passe pas mal de choses, on ne s'ennuie pas. La conclusion appelle une suite, mais ce premier tome raconte une histoire complète et terminée qui se lit comme un one shot.
Voici une bd où le dragon est central et omniprésent. Finalement c'est assez rare quand on y pense, par exemple dans la Geste des chevaliers dragons l'on voit des beaux animaux mais pas à chaque page.
Bref, le thème centré sur le dragon/les dragons est (selon ma propre perception) original et finalement assez rare avec une telle intensité. C'est vraiment ce qui démarque cette bd du reste des autres histoires courantes où il y a souvent un dragon à la fin en tant que boss final.
L'univers de cette BD est également un grand point positif que je ne vais pas commenter pour vous laisser découvrir.
Question dessin c'est très beau, rien à redire c'est également un joli + pour cette bd.
Concernant l'histoire, ça se suit bien sans décrocher. Après ça reste un scénario classique à hyper classique, mais de mon point de vue pas si gênant.
Question personnage, c'est peut-être un peu insuffisant, où les protagonistes ne sont pas vraiment approfondis, voir légèrement caricaturés (je suis méchant car je suis méchant....bref).
Pour les dialogues ça va, rien à voir avec la richesse de certaines bd comme les 5 terres, ça se lit bien, sans plus.
Je regrette peut-être le nom que les auteurs ont choisi de donner à leurs montures car à mon avis ça manque cruellement d'imagination, faisant allusion à une référence archi connue.
Mon bilan : Presque que du +, j'ai vraiment aimé cette bd (un peu trop courte à regret) et je suis très content de l'avoir dans ma bibliothèque.
Bref une bd qui demande à être plus connue, je recommande la découverte sans hésiter pour tous ceux qui n'ont pas peur de se brûler les yeux à la chaleur du dragon.
Si le thème ne vous parle pas trop, peut-être faut-il mieux passer votre chemin.
Je n’ai pas grande inspiration pour vous donner envie de vous jeter sur ce diptyque, si ce n’est de dire que c’est franchement bien.
Heureusement les auteurs n’ont pas la même tare. Johnny Jungle est une lecture inventive, drôle et qui n’oublie pas l’émotion. Ce n’est pas indispensable mais tout me plaît dans cette Bd.
Dessins et couleurs des Jouvray sont toujours aux petits oignons, la narration est impeccable, le coup des affiches de film permet de bien faire respirer l’ensemble en plus de lui donner une cohérence. Classique mais efficace, j’aime bien la fausse simplicité qui s’en dégage.
Quant au scénario, il est super bien vu et profite d’un développement très soigné.
En fait, le tout fait preuve d’une telle maîtrise que vous passerez assurément un bon moment.
A découvrir (que l’on aime Tarzan ou non), on est face à un truc plutôt classe.
Toto l'ornithorynque, c'est une série que j'avais découverte quand j'étais au collège. J'avais été attirée par la couverture, je m'y étais essayée, et même si la série s'adressait à de jeunes enfants, je me rappelle que j'avais trouvé ça très bon.
Des années après, je retombe dessus et je décide de re-tenter l'aventure Toto.
Verdict ? Bah c'est bien, très bien même, mais j'avoue avoir été un chouïa déçue (on ne se refait pas, que voulez-vous). Il est fort probable que cela soit dû à mes attentes de relecture, j'avais gardé d'excellent souvenirs de ma découverte il y a près de dix ans, donc sans la surprise, avec un bagage de connaissance bédéesques plus conséquent et des attentes sans doutes trop grandes, je risquais forcément la déception.
L'œuvre reste bonne cependant. On y suit les aventures de Toto, ornithorynque de son état, et de ses ami-e-s, Wawa le koala, Chichi l'échidné, Riri la chauve-souris et Fafa la phalanger. Chaque aventure portent des messages simples mais bénéfiques pour les jeunes lecteur-ice-s, et même si ces leçons sont souvent classiques elles gardent tout de même leur force par la mise en scène assez poétique des récits.
Les dessins de Yoann sont jolis, pas forcément mon style préféré mais objectivement joli.
J'ai hésité entre mettre 3 et 4 étoiles, je pense partir sur 4, mes réserve viennent sans doute de ma déception susmentionnée. Celle-ci ne pouvant être entièrement imputée à la série je préfère arrondir au supérieur.
(Note réelle 3,5)
Je vais juste terminer mon avis par un petit point (qui n'est pas un reproche si ce n'est un simple détail qui m'a fait rire) : je trouve ça bizarre que le résumé de la série et les deuxièmes et troisièmes de couvertures oublient que c'est une bande de cinq ami-e-s... et non quatre.
RIP Fafa la phalanger, il n'y a visiblement pas que Toto qui ne fait pas attention à toi.
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Brel - Une vie à mille temps
Un premier tome de très bonne facture. J'étais pourtant un peu sur la réserve avant ma lecture, le dessin ne fait pas partie de ceux que j'apprécie le plus. Enfin une biographie digne de ce nom pour cet immense artiste. Artiste atypique, profondément humain et toujours pas remplacé. Combien de chanteurs ont arrêté le tour de chant en pleine gloire ? Artiste reconnu mondialement, il suffit de voir le nombre de reprises de ses chansons : Bowie, Sting, Nina Simone, Joseph Gordon-Lewitt ..... pour les plus connus. Le mot qu'il détestait : la médiocrité. Il s'efforcera toujours de la combattre et sa vie ne sera faite que de nouveaux défis. Il aura touché à tout : acteur, réalisateur, comédie musicale, pilote d'avion, barreur de son voilier ..... Tome 1 Salva Rubio ne fait aucune concession, on y découvre un Brel avec ses contradictions, son amour des femmes, ses peurs et sa persévérance. Et il lui en aura fallut de la persévérance pour arriver à la reconnaissance avec son allure de grand déglingué et son physique ingrat. On y découvre un Paris d'après guerre où le milieu artistique déborde de talent, ainsi que les rencontres qui vont marquer sa vie d'artiste et d'homme. On y voit le "tout Paris" du music hall. Jojo qui deviendra son meilleur ami, ce lien entre les hommes qu'il trouve beau et fort. Et surtout "Miche" son épouse qui a toujours soutenu son Jacques malgré les infidélités. Son éducation catholique fera qu'il ne divorcera jamais. Du l'usine de cartonnage à papa comme point de départ, puis Paris et les petites salles, la période des vaches maigres, enfin l'olympia en première partie de Philippe Clay. Une narration maîtrisée et captivante. Voilà la première partie des trois vie du grand Jacques. Tome 2 Un album qui commence le 16 mai 1967 à Roubaix, Brel vient de donner son dernier concert. Un album qui retrace la vie du grand Jacques de 1958 à 1967, la période qui va le mener à la gloire. Le début ne sera pas facile, il entre en conflit avec sa maison de disques Philips. Il faudra qu'Eddie Barclay intervienne en proposant Johnny Hallyday en échange de Brel pour débloquer la situation. Un second tome qui tourne autour de la complexité du bonhomme, les raisons qui ont poussé Brel a arrêter le tour de chant, sa relation avec les femmes (toujours marié, mais une nouvelle maîtresse et les autres ...), sa vie de bohème, toujours sur la route pour donner des concerts (il en fait plus de 300 par an) et le lien indéfectible qui le lie à ses musiciens et à Jojo. Une narration toujours autant maîtrisée avec ces pages où la voix off de Brel ajoute une profondeur au récit, une voix off qui reprend des extraits d'interview de l'artiste, elles viennent régulièrement s’immiscer le long de l'album. Un album qui se termine avec Brel à la barre de son voilier l'Askoy, il est prêt à parcourir deux océans ..... Voilà la seconde partie des trois vies du grand Jacques. En postface, l'auteur nous éclaire sur la réalisation de ce deuxième opus. Tome 3. Avec ce dernier volet, Brel se réinvente, il va produire une comédie musicale où il aura le rôle principal : l'homme de la mancha. Ensuite, il sera acteur dans 10 films dont L'Aventure c'est l'aventure de Lelouche et "L'emmerdeur" de Molinaro, dans le rôle du désormais célèbre François Pignon. Il réalisera aussi deux films, "Frantz" où il donne la réplique à Barbara et "Far West" qui sera assassiné par la critique et boudé par le public. Dès lors il va prendre du recul avec le show-business. Il aura entre temps passé son brevet de pilote et obtenu son diplôme pour barrer un voilier (Il rêvait d'être Saint-Exupéry et Magellan). Avec les femmes c'est toujours aussi compliqué (il sera accusé d'adultère). Il décide de faire le tour du monde sur son voilier, L'Askoy II. C'est Maddly Bamy, une ex-clodette, qui va l'accompagner. Un voyage qui le mènera jusqu'aux îles Marquise. C'est sur ce rocher perdu dans le Pacifique qu'il finira sa vie, un bout de terre où personne ne le reconnaît. Il y rendra de nombreux services en faisant des navettes avec son petit avion entre son île d'Hiva-Oa et Tahiti. En 1977 sort son dernier album (un million de disques vendus en une journée) et meurt en 1978 d'une embolie pulmonaire. Il est enterré au cimetière d'Atuona à Hiva-Oa, non loin de la tombe de Paul Gauguin. Et toujours cette narration maîtrisée et captivante. Une postface très instructive sur la réalisation de cette BD. Un crayonné proche du fusain, un trait gras et des couleurs sombres donnent une âme au récit. Mes réticences du début ont disparu. Il s'en dégage une ambiance vintage du plus bel effet. Une biographie complète, avec de nombreuses anecdotes, que je ne peux que conseiller. Et pour les curieux, je recommande le bouquin d'Olivier Todd, "Jacques Brel : une vie".
La Forêt d’Oreka
Cela commence comme un grand classique : une petite fille laissée par ses parents pour passer un été avec son grand-père. Sauf que la forêt dans laquelle il habite seul est complètement magique, peuplée d'animaux qui parlent, d'arbres qui se baladent, de lutins et de puissants esprits du jour, de la nuit ou encore de la forêt elle-même. Le grand-père d'Hannah en est le gardien et sa mère était amie des créatures des lieux. Mais comme Hanah n'a pas grandi ici et vient de la ville, elle est rejetée par l'esprit de la forêt qui veut la faire fuir. Hannah, son grand-père et quelques-uns des habitants de la forêt doivent alors braver les dangers pour convaincre l'esprit qu'elle fait partie de la famille du gardien et a sa place en ces lieux. C'est une histoire légère et emplie d'autant d'humour que de magie. Elle est dessinée avec un trait tout rond, mignon et expressif tout en accentuant les aspects humoristiques des personnages. La petite brochette de personnages est attachante et relativement originale, que ce soit le gentil grand-père qui ne maitrise pas tout mais ne se laisse pas faire, la petite fille apeurée mais pas bête, ou encore l'amusant Infiniticochon qui se régénère quand on lui coupe un jarret pour le manger. L'histoire est simple mais prenante car elle permet de découvrir cette forêt magique pleine d'insolite et de quelques dangers. D'ailleurs on apprécie les illustrations des pages de garde de l'album qui montrent la progression de la découverte du plan de la forêt comme celle d'un jeu vidéo qui se dévoile peu à peu au fil de l'avancée du joueur. La série s'adresse en théorie à un jeune public mais un adulte peut la lire avec un grand sourire et l'envie de voir où elle va nous mener. En cela, la fin du premier tome est un peu frustrante car on découvre avec surprise que l'histoire est loin d'être finie malgré les 100 pages de l'album et la quantité de choses qu'il s'y est passée. Il faudra donc attendre la suite pour en avoir le fin mot et savoir comment la petite Hannah va se faire accepter par la forêt.
Foudroyants
J’étais très intriguée par cette série depuis que Ro l’a postée sur le site il y a de cela presque dix jours. Les jolis décors à l’esthétique grecque, les personnages aux bouilles adorables, la promesse d’aventure(s), … Tout ça titille des cordes sensibles chez moi. Et puis, c’est Kerascoët au dessin. J’adore Kerascoët ! Facilement parmi mes dessinateur-ice-s préféré-e-s du medium. Leurs personnages ont toujours des designs sobres et élégants, des visages très expressifs et charmants, je trouve leur trait sincèrement très chiadés, … Ouais, les voir au dessin, ça m’annonce du bon, ne serait-ce que visuellement. Fort heureusement, l’histoire est elle aussi intéressante. Elle commence sur l’île de l’Atlantide, visiblement coupée du reste du monde depuis la disparition il y a fort longtemps de l’électricité (pardon, "l’élektricité"), l’énergie que les habitant-e-s étaient les seul-e-s à maîtriser et qui leur permettait d’alimenter des machines très complexes. Mais aujourd’hui, c'est dommage, l’élektricité à disparu. Tout du moins, c’est ce que l’on pense, car un jeune garçon du nom d’Icare découvre un beau jour qu’il est un "élu", quelqu’un capable de produire et de contrôler l’élektricité. Mauvaise surprise en réalité, car on raconte qu’un mystérieux peuple venu des mers aurait par le passé enlevé tous-tes les élu-e-s atlantes. Voilà, une base simple mais très prometteuse. Et l’exécution est plus que bonne. Icare, le jeune garçon timide et un peu gringalet, et Kalio, la jeune fille sage et autoritaire qui l’accompagne et pour qui il a le béguin, sont très attachant-e-s. Les personnages secondaires sont tout aussi charmants (tout spécialement la sœur de Kalio et la grand-mère d’Icare). Et, comme dit Ro, il se dégage déjà dès ce premier album une ambiance qui n’est pas sans rappeler les Mystérieuses Cités d’Or. Franchement, c’est un très bon départ de série. J’attend déjà le second tome avec impatience. Le coup de cœur pour un premier tome de 48 pages est peut-être risqué, mais je suis honnêtement charmée par les promesses de cette histoire. Et puis, si ça peut aider à la visibilité de la série et assurer qu’elle puisse être menée à terme, j’ai envie de dire qu’elle le mérite bien. On n’a qu’à dire que c’était un coup de foudre.
Crimson flower
Des contes pour comprendre - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la série, initialement parus en 2021 (pour la VO), écrits par Matt Kindt, dessinés et encrés par Matt Lesniewski qui a également assuré le lettrage (pour la VO). La mise en couleurs a été réalisée par Bill Crabtree. Les couvertures ont été réalisées par Lesniewski, les couvertures variantes par Malashi Ward, Jill Thompson, Patric Reynolds, Marguerite Sauvage, Tyler Bence. Le tome se termine avec 5 pages extraites du carnet de croquis de l'artiste. Il y a une vingtaine d'années de cela, la jeune fille Crimson se glisse dans le bureau de son père qui est en train de travailler. Elle sait que si elle se montre discrète, elle peut lire et le regarder travailler. Elle va sur la pointe des pieds, chercher sur une étagère, son livre préféré : un recueil de contes slaves. Elle s'installe dans le grand fauteuil profond et se met à lire dans le calme de ce bureau. Au temps présent, elle conduit sa voiture dans les rues de Saint-Pétersbourg pour se rendre à un rendez-vous avec un médecin. Elle travaille pour le groupe Cardinal Perennial Pharmaceuticals en tant que représentante. Elle-même est sous traitement, des médicaments produits par le même laboratoire : elle a conscience de son état et vit bien avec. Ce jour-là, elle déroule son argumentaire de vente bien rodé, mais elle n'est pas venue pour réaliser une vente. Elle termine son intervention sur le fait que ces médicaments ont prouvé leur efficacité sur quatre types de schizophrénie. Un instant, elle a la sensation que son interlocuteur a une tête de loup. Elle peut confier un an de stock au médecin, en échange d'un service. Elle souhaite savoir s'il a déjà vu un patient nommé Anton Shubin. Le médecin explique qu'il ne peut pas divulguer ce genre d'information. Elle le prend à la gorge d'un geste vif pour l'étrangler et il finit par céder et lui confier le dossier de son patient. Crimson s'en va, le médecin lui promettant de porter plainte. Elle se rend à l'adresse figurant dans le dossier, dans un quartier pauvre. Elle monte dans la cage d'escalier en piteux état et frappe à la porte 73. Un homme âgé entrouvre le battant et le referme après qu'elle se soit présentée. Elle parle plus fort et indique qu'elle peut lui confier un tube complet à titre gracieux. Anton Shubin entrebâille rapidement la porte et saisit le tube. Crimson tire violemment la porte pour la refermer, Shubin reculant de douleur, puis elle donne un violent coup de pied pour l'ouvrir en grand. L'homme est à terre et lui demande ce qu'elle veut. Elle lui intime de parler de lui pour commencer : c'est un tueur. Est-ce qu'il se souvient ? Il y a vingt ans, se souvient-il de ce qu'il a fait, de son père à elle ? Est-ce lui qui l'a assassiné en l'étranglant avec une corde, puis en le poignardant dans le dos ? Il explique qu'il se cache de ses anciens employeurs pour qui il était un assassin. Il sait qu'il n'a pas tué le père de Crimson car il n'utilise pas de poignard. Cette réponse évoque un conte à Crimson et elle se met à le raconter : l'histoire d'un jeune garçon, à la recherche d'un boulot. Il voulait être mineur, et donc les mineurs lui ont proposé de passer un test, une épreuve : descendre jusqu'au fond de la mine avec une torche enflammée. Après un véritable chef d'œuvre MIND MGMT , et une autre série Dept. H, Matt Kindt a décidé de réaliser des histoires courtes avec des artistes différents à chaque fois pour plusieurs éditeurs. Le premier contact avec le récit s'établit avec la couverture : elle est un peu chargée et semble promettre une aventure de type Fantasy, avec la présence étrange d'une jeune femme avec une valise, et cette chaîne d'ADN en médicaments. La première page évoque le plaisir de la lecture des contes durant l'enfance, avec des dessins descriptifs avec un fort niveau de détails. La deuxième séquence en 3 pages montre le monde réel, à nouveau avec un bon niveau de détails, des personnages avec une tête un peu grande (Crimson Flower) ou un peu petite pour le médecin, et cette case inattendue dans laquelle ce dernier a une tête de loup. Dans la séquence suivante, l'artiste et le scénariste semblent prendre plus de liberté : le corps distordu d'Anton Shubin, le passage au mode conte avec un jeune garçon fluet et petit et les mineurs à la carrure trop large pour être plausible, et le torse comme un tonneau. Le récit fonctionne donc sur une dynamique de mystère, ou plutôt d'énigme incitant le lecteur à se prêter au jeu, en faisant des hypothèses sur les capacités physiques de Crimson Flower, sur le parallèle entre la réalité et les contes, sur cette quête de vengeance pour le meurtre du père, sur la réalité même de la façon dont Crimson interprète les faits, voire les invente de toute pièce. En découvrant le premier conte, le lecteur reconnaît le plaisir que prend le scénariste à entremêler la réalité avec la fiction, à jouer sur le rapport entre les deux, à créer une mise en abîme. Ici, le conte est une fiction dans la fiction, et renvoie le lecteur au fait que l'histoire qu'il lit est toute aussi fictive que l'histoire dans l'histoire. S'il entretient des réserves sur l'adéquation des particularités des dessins avec l'histoire au temps présent, le lecteur est vite conquis par sa pertinence pour les contes. Il retrouve la manière d'exagérer des morphologies pour que des personnages incarnent plus un état ou un caractère marqué, ainsi que les environnements avec des éléments oniriques. Le jeune garçon avec sa torche exsude une envie de bien faire et une forme d'insouciance de la jeunesse, progressant dans des tunnels sans étai, plus une forme de grotte que de mine. Le second conte survient dans le deuxième épisode, alors que Crimson Flower essaye d'échapper à deux assassins professionnels avec une longue expérience. Elle devient une héroïne, une chasseresse, et ses deux poursuivants deviennent des créatures démoniaques ailées. Il suffit du premier conte pour que le lecteur comprenne la pertinence du choix de cet artiste. Après coup, il comprend que les bizarreries de ses dessins au temps présent dans le monde réel agissent comme des rémanences de la narration des contes. Pour une raison qui est à découvrir, la réalité est empreinte du ton des contes. Ceux-ci servent-ils à Crimson Flower pour donner sens aux événements ? Y a-t-il une dimension fantastique à prendre au premier degré, avec la coexistence des deux mondes ? S'agit-il du pouvoir des ennemis contre lesquels elle se bat ? Faut-il envisager une autre possibilité ? Le récit est court, seulement 4 épisodes, et les auteurs ne font pas de remplissage. Chaque numéro fait avancer l'intrigue et comporte un conte (3 même dans l'épisode 3), ainsi que des scènes d'action. Le lecteur a bien compris que Crimson Flower a vu son père assassiné sous yeux et qu'elle a juré de se venger. Elle est à la recherche de son assassin, ce qui l'amène à se confronter à des tueurs pour leur poser la question de savoir si c'est eux qui ont perpétré ce meurtre. Les dessins montrent une jeune femme costaud sans être bodybuildée, pas si habile que ça au combat à main nu, profitant souvent des circonstances pour s'en sortir, plutôt que de vaincre par la force ou par ses compétences de combattante. Elle se bat contre des hommes à la mine patibulaire, ce qui les rend immédiatement coupables des pires exactions dans le contexte de ce type de bande dessinée. Le lecteur entretient un doute, mais il est levé par les aveux d'Anton Bushin. Pour autant, la dynamique ludique l'incite à prêter attention à tous les détails, à se demander si telle remarque, ou tel geste est bien cohérent avec l'idée qu'il se fait de la situation. Il tombe sous le charme des contes qui fonctionnent parfaitement, pouvant être transposés directement à la situation de Crimson Flower à ce moment-là. Il réfléchit à la manière dont la morale du conte peut s'appliquer à l'héroïne, et finit par prendre conscience que son vrai nom n'ait jamais prononcé. Il se dit qu'elle est une sorte de justicière qui élimine des assassins, peut-être grâce au fruit de son enquête, peut-être pour partie par chance. Progressivement une autre possibilité commence à apparaître. Étrange : une couverture intrigante, mais un peu chargée, pas facile à déchiffrer entre cette guerrière médiévale, ces mineurs à la mine renfrognée, et cet ADN de médicaments. Un peu bizarre au début, ces dessins qui malmènent un peu la morphologie, qui montrent des personnages peu avenants, y compris l'héroïne, dans les mauvais quartiers d'un monde réaliste. Irrésistible cette narration ludique associant des doutes sur la perception de la réalité par le personnage principal, et ses efforts pour comprendre les événements ou les comportements de ses opposants grâce à la sagesse de contes slaves qu'elle lisait quand elle était petite. Quoi qu'il en soit, la dynamique de la vengeance accroche le lecteur assurant un divertissement de bonne qualité. Puis le premier conte rend évidente la qualité de la narration graphique, et la manière dont les contes colorent la compréhension de Crimson Flower, dont ils contaminent la réalité. Le thème de l'intrication à double sens entre réalité et fiction se pose également comme une évidence. L'histoire acquiert encore plus d'épaisseur quand il s'avère que les différents mystères participent d'une unique énigme qui ajoute une interaction supplémentaire entre fiction et réalité pour une histoire fonctionnant au premier degré et en abîme.
L'Île de Minuit
J'ai découvert L'Île de Minuit sans grande conviction au début, en lecture à suivre dans le journal Spirou. Mais contrairement à Tanis, une série parue simultanément, qui a vu peu à peu mon intérêt s'émousser, la BD de Lylian et Grebil n'a eu de cesse de l'augmenter. Voici mon avis à l'issue du premier tome. L'autre point commun avec Tanis, c'est que ce qui m'a emporté de prime abord, c'est le dessin. Je trouve le trait de Grebil élégant, plaisant à l'œil sans tomber dans les excès d'une modernité criarde. Avec ses couleurs chaleureuses, il m'a emporté dans les méandres de cette série que je craignais trop exclusivement destinée à la jeunesse. Bien sûr, on ne perdra jamais de vue le public cible du récit, mais Lylian a le bon goût d'instaurer un mystère suffisamment captivant pour susciter l'attention d'un public plus expérimenté sans le lasser. On ne pourra pas ne pas voir planer sur ce scénario les dangereuses ombres de Lost, Sa Majesté des Mouches et Seuls, dont on espère que cette nouvelle série ne sera pas un simple palimpseste. Mais jusqu'à présent, Lylian semble avoir réussi à tracer sa route, quoiqu'on a toujours peur de revenir en terrain connu... Quoiqu'il en soit, je sors de ce premier tome amplement satisfait. L'univers est bon, le mystère est vraiment accrocheur, la qualité graphique et narrative de l'ensemble est tout à fait convaincante. J'avoue qu'arrivé à ce stade, j'ai un peu du mal à voir comment les multiples twists dont on imagine que la suite du scénario sera jonchée pourraient me surprendre, tant j'ai l'impression que ce genre de récit mystérieux a été trop balisé pour qu'on puisse en découvrir un embranchement encore inconnu, mais je me suis pris à vraiment espérer que pourtant, Lylian ait réussi à découvrir un tel embranchement. Affaire à suivre, on espère dans le moins longtemps possible !
L'Enfantôme
Le nouveau Jim Bishop, forcément j'y vais les yeux fermés. Après Lettres perdues et Mon ami Pierrot, voici "L'Enfantôme", et cet album est différent des deux précédents. Différent puisqu'ici le récit ne se déroule pas dans un univers fantastique, mais dans le monde réel des années 90/2000. Différent graphiquement, si dans les deux autres albums cités ci-dessus, la touche manga était bien présente, elle prend ici une place beaucoup plus importante. Cet album est un hommage aux mangas qui ont bercé la jeunesse de Jim Bishop. Un trait tout en rondeur, expressif et dynamique aux couleurs moins chatoyantes qu'à l'accoutumé. Quelques belles planches en noir et blanc. Tous ces yeux sur la couverture ne sont pas là par hasard, le regard des autres... Différent dans le contenu, d'abord il puise dans le vécu de l'auteur, ensuite l'intrigue m'a désarçonné avec ce premier gros chapitre qui se focalise sur le contrat qui va lier nos deux adolescents (le boutonneux et la bizarre) avec l'étrange conseiller d'orientation : vous réussissez votre année scolaire ou sinon vos parents vous butent ! Un nouveau système basé sur la peur pour motiver la petite troupe. Mais y a un truc qui déconne, car les gamins vont vite s'apercevoir qu'ils risquent réellement leur peau. Violent dans tous les sens du terme ! Différent dans le genre, si du fantastique sera bien présent, avec la présence de la Mort, de fantômes et d'un mystérieux détective au doux nom de postmortem, dans le deuxième (et dernier) chapitre. Des passages horrifiques vont venir se greffer à l'histoire dans la première partie du récit. Un récit très dur, il aborde le thème de l'adolescence (mal-être et harcèlement scolaire), une période souvent difficile avec l'incompréhension du monde des adultes, mais aussi celui de l'école, avec la réussite scolaire en point de mire, il n'y pas de place pour les nuls. Jim Bishop démonte une certaine éducation et les parents qui mettent une grosse pression sur les épaules de leurs progénitures. Un système où la compétition entre élèves ne laisse pas de place aux rêveurs, le cœur n'a plus son mot à dire. Un conte moderne et métaphorique à la narration singulière et violente avec deux parties distinctes (une rupture brutale entre les deux), parfaitement maîtrisée, elle fera fonctionner vos méninges. Un titre qui prend tout son sens. J'ai essayé d'en dire le moins possible, laissez-vous surprendre.
Mousquetaires Fantastiques
Cette série vous arrache volontiers un petit sourire, son dessin donne immédiatement le ton. Dès la deuxième page on sait à quoi s'attendre et la suite ne donne pas tord à cette première impression. Le trait est très agréable, dynamique, tout en rondeur, les visages sont expressifs, et le tout est servi par de chatoyantes couleurs qui donnent des ambiances différentes, mais harmonieuses, à chaque double page. Pour accompagner ce visuel, les bons mots ne tardent pas à arriver. Les rimes amusantes et les belles tournures de phrases sont nombreuses. Si on ajoute à cela des mousquetaires, des capes, des personnages animaliers... est ce que ça ne vous rappellerait pas quelque chose ? Evidement. Sans atteindre le génie de maitre Ayrolles, il faut reconnaitre que l'auteur s'en sort très bien. Mais nulle compassion n'est évidement possible, parlons plutôt d'un sympathique clin d'oeil. En tout cas, les dialogues sont bien écrits et plutôt amusants. L'univers est réussi, on plonge volontiers dans cette fable teintée de fantastique, d'humour, d'aventures, de capes et d'épées. Le petit twist qui permet l'entrée en scène des personnages animaliers est très bien vu. On n'a pas juste imposé au lecteur des animaux qui parlent. Non l'histoire explique comment et pourquoi ils sont là. C'est malin et complètement au service de l'histoire. Il sera question dans celle-ci d'une révolte animale. Nos héros vont enquêter à leur risques et périls sur l'origine de ce conflit, pour tenter d'y mettre fin. Ils seront bien aidé par un certain monsieur De La Fontaine. Le clin d'oeil est également très sympa, son rôle à lui aussi est bien trouvé. Qui d'autre que lui aurait pu faire un meilleur lien avec les animaux ? Au final tout cela s'emboite plutôt bien. On a un récit rythmé et amusant, mélange équilibré d'aventures et de fantastique. Il se passe pas mal de choses, on ne s'ennuie pas. La conclusion appelle une suite, mais ce premier tome raconte une histoire complète et terminée qui se lit comme un one shot.
Drakko
Voici une bd où le dragon est central et omniprésent. Finalement c'est assez rare quand on y pense, par exemple dans la Geste des chevaliers dragons l'on voit des beaux animaux mais pas à chaque page. Bref, le thème centré sur le dragon/les dragons est (selon ma propre perception) original et finalement assez rare avec une telle intensité. C'est vraiment ce qui démarque cette bd du reste des autres histoires courantes où il y a souvent un dragon à la fin en tant que boss final. L'univers de cette BD est également un grand point positif que je ne vais pas commenter pour vous laisser découvrir. Question dessin c'est très beau, rien à redire c'est également un joli + pour cette bd. Concernant l'histoire, ça se suit bien sans décrocher. Après ça reste un scénario classique à hyper classique, mais de mon point de vue pas si gênant. Question personnage, c'est peut-être un peu insuffisant, où les protagonistes ne sont pas vraiment approfondis, voir légèrement caricaturés (je suis méchant car je suis méchant....bref). Pour les dialogues ça va, rien à voir avec la richesse de certaines bd comme les 5 terres, ça se lit bien, sans plus. Je regrette peut-être le nom que les auteurs ont choisi de donner à leurs montures car à mon avis ça manque cruellement d'imagination, faisant allusion à une référence archi connue. Mon bilan : Presque que du +, j'ai vraiment aimé cette bd (un peu trop courte à regret) et je suis très content de l'avoir dans ma bibliothèque. Bref une bd qui demande à être plus connue, je recommande la découverte sans hésiter pour tous ceux qui n'ont pas peur de se brûler les yeux à la chaleur du dragon. Si le thème ne vous parle pas trop, peut-être faut-il mieux passer votre chemin.
Johnny Jungle
Je n’ai pas grande inspiration pour vous donner envie de vous jeter sur ce diptyque, si ce n’est de dire que c’est franchement bien. Heureusement les auteurs n’ont pas la même tare. Johnny Jungle est une lecture inventive, drôle et qui n’oublie pas l’émotion. Ce n’est pas indispensable mais tout me plaît dans cette Bd. Dessins et couleurs des Jouvray sont toujours aux petits oignons, la narration est impeccable, le coup des affiches de film permet de bien faire respirer l’ensemble en plus de lui donner une cohérence. Classique mais efficace, j’aime bien la fausse simplicité qui s’en dégage. Quant au scénario, il est super bien vu et profite d’un développement très soigné. En fait, le tout fait preuve d’une telle maîtrise que vous passerez assurément un bon moment. A découvrir (que l’on aime Tarzan ou non), on est face à un truc plutôt classe.
Toto l'ornithorynque
Toto l'ornithorynque, c'est une série que j'avais découverte quand j'étais au collège. J'avais été attirée par la couverture, je m'y étais essayée, et même si la série s'adressait à de jeunes enfants, je me rappelle que j'avais trouvé ça très bon. Des années après, je retombe dessus et je décide de re-tenter l'aventure Toto. Verdict ? Bah c'est bien, très bien même, mais j'avoue avoir été un chouïa déçue (on ne se refait pas, que voulez-vous). Il est fort probable que cela soit dû à mes attentes de relecture, j'avais gardé d'excellent souvenirs de ma découverte il y a près de dix ans, donc sans la surprise, avec un bagage de connaissance bédéesques plus conséquent et des attentes sans doutes trop grandes, je risquais forcément la déception. L'œuvre reste bonne cependant. On y suit les aventures de Toto, ornithorynque de son état, et de ses ami-e-s, Wawa le koala, Chichi l'échidné, Riri la chauve-souris et Fafa la phalanger. Chaque aventure portent des messages simples mais bénéfiques pour les jeunes lecteur-ice-s, et même si ces leçons sont souvent classiques elles gardent tout de même leur force par la mise en scène assez poétique des récits. Les dessins de Yoann sont jolis, pas forcément mon style préféré mais objectivement joli. J'ai hésité entre mettre 3 et 4 étoiles, je pense partir sur 4, mes réserve viennent sans doute de ma déception susmentionnée. Celle-ci ne pouvant être entièrement imputée à la série je préfère arrondir au supérieur. (Note réelle 3,5) Je vais juste terminer mon avis par un petit point (qui n'est pas un reproche si ce n'est un simple détail qui m'a fait rire) : je trouve ça bizarre que le résumé de la série et les deuxièmes et troisièmes de couvertures oublient que c'est une bande de cinq ami-e-s... et non quatre. RIP Fafa la phalanger, il n'y a visiblement pas que Toto qui ne fait pas attention à toi.