Je rejoins en partie les remarques de Ro et Noirdésir sur les difficultés de cette série. Toutefois la thématique est tellement bouleversante que je ne peux me résoudre à mettre une note moyenne.
Je connais assez bien cette tragédie humaine qui renvoie vraiment à Ubu tellement les situations furent absurdes, criminelles et de pure folie. La construction assez décousue de Séra renvoie à cette incohérence criminelle édifiée par les Khmers rouges au rang de pensée idéologique révolutionnaire.
Par exemple le rappel que le port de simples lunettes vous condamnait à mort reste un sommet d'inhumanité du siècle dernier. Séra ne fait pas dans le voyeurisme morbide par respect pour les millions de morts. C'est comme si il voulait nous amener devant un tableau géant avec le visage souriant des victimes que l'on se doit de ne pas oublier.
C'est un devoir de mémoire que nous nous devons de perpétuer d'autant plus que nombres de criminels n'ont pas été jugés mais pire n'ont eu aucun remords et pour certains ont continué les actions armées pendant des années.
Le graphisme de Séra est hyper réaliste à la limite de la photographie. Le noir des tenues Khmers, le brun de la terre et le rouge du sang dominent dans une atmosphère lourde d'angoisse.
Aucune éclaircie ne vient alléger cette ambiance.
Une lecture mémoire d'une série au visuel et à la construction singulière mais pour un résultat très touchant.
La fraîcheur des débutants
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Matt Wagner est un familier de Batman : il l'a déjà mis en scène, entre autres, dans Trinité - Batman/Superman/Wonder Woman et Batman/Grendel. Il revient au personnage pour développer l'une de ses premières aventures qui se situe un an après la première apparition de l'homme chauve-souris. Dans ce tome, il affronte les machinations d'Hugo Strange. Dès la première page, la maîtrise de Matt Wagner (ici au scénario et aux dessins) éclate et le lecteur est immédiatement en immersion grâce à une référence à un fait bien connu du mythe. Un personnage sirote son café en lisant son journal qui fait sa une sur la disparition de Red Hood (futur Joker, évoqué dans The Killing Joke). L'histoire est campée à la fois au début du Batman, et à la fois elle a sa place dans la perspective de ce qu'il deviendra.
Matt Wagner mêle adroitement les aspects très ordinaires, mondains de la vie Bruce Wayne, ses rendez-vous amoureux manqués, ses échanges sarcastiques avec Alfred, et ses acrobaties en tant que Batman. Il a choisi de situer son histoire au tout début du mythe ce qui lui permet de nous faire découvrir le métier de Batman en même temps que son personnage principal, et d'inclure des erreurs de débutant qui lui donne plus crédibilité et d'humanité. Ce point de vue procure une fraîcheur bienvenue à l'histoire et la naïveté de Bruce Wayne confronté à ses premiers véritables monstres fait surgir, par contraste, des instants poétiques inattendus.
Je ne saurais trop vous recommander cette histoire qui sait nous faire redécouvrir un personnage que l'on croyait connaître. De plus Matt Wagner est un professionnel chevronné qui donne un ton unique à sa narration à la fois par le point de vue de débutant qu'il fait adopter à Batman, et à la fois par des dessins d'une précision exquise où chaque trait est nécessaire, où il n'y a pas de place pour le superflu ou l'esbrouffe gratuite. Tout est parfaitement maîtrisé. Et le mieux, c'est qu'après ce tome, il y en a un deuxième dans la même veine : Batman et le Moine Fou, encore meilleur.
J’ai lu cet album car j’espérais m’informer sur un sujet dont je sais peu de choses, et à ce titre, il a parfaitement rempli son rôle.
Mat Let, dont c’est le premier album BD, a passé du temps avec les volontaires de diverses associations s’occupant d’une « salle de shoot », où les drogués peuvent venir s’injecter en toute sécurité. Les questions abondent : les associations fournissent-elles les drogues ? Quel genre de personne visite ce genre d’établissement ? Qu’en pensent les résidents du coin ? Il y a-t-il une suivie, des aides pour aider les usagers à arrêter ? Les nombreux témoignages de volontaires mais aussi d’usagers permettent d’apporter des réponses à ces questions cruciales. La postface de Médecins du Monde résume parfaitement la situation, et propose même des solutions sur le long terme à nos politiciens.
La réalisation de l’album est excellente, la narration est fluide, le dessin est élégant et lisible. Si je devais chipoter, je dirais que les fonds souvent clairs font qu’il est parfois difficile de voir à qui sont rattachés les phylactères.
Un album « témoignages » intéressant et instructif, qui me laisse sur la même impression que le récent Traversées - La Route de l'aventure chez le même éditeur, à savoir une admiration et un respect sans fin pour ces volontaires, véritables héros des temps modernes.
Thriller horrifique en plein, Nailbiter a réussi à me tenir en haleine jusqu’au dernier tome. Et même si je n’ai pas trop apprécié ce dernier et les explications qu’il apporte (il y a je pense certaines incohérences avec des événements décrits précédemment), je trouve que la série est réussie dans l’ensemble et vaut le détour.
De quoi ça cause ? D’un étrange bled perdu des Etats-Unis duquel sont issus un nombre étonnant de tueurs en série. Et non seulement le nombre a de quoi effrayer, mais en plus ces tueurs ont tous un modus operandi différent et des manies étranges. Warren, un de ces tueurs assez étonnamment acquitté, va vite se retrouver associé à l’inspecteur Finch dans une quête de la vérité qui tient quelque peu du jeu du chat et de la souris. Autour d’eux gravitent moult personnages, apportant à l’intrigue une richesse en profondeur et matière à renouvellement.
Le suspense est constamment relancé. Les scènes d’horreur s’enchainent. Mais surtout, les personnages ne cessent de se dévoiler, et c’est certainement l’aspect que j’ai préféré. A commencer par Warren dont on ne sait jamais trop s’il est à plaindre ou à blâmer.
Le dessin est agréable, très lisible. Les personnages sont bien typés. Les scènes d’horreur sont très gores à défaut d’être réellement angoissantes mais ce n’est pas un réel problème.
Franchement, dans l’ensemble et dans son genre, c’est une série qui vaut le coup d’œil. Avec une conclusion plus convaincante, j’aurais poussé jusqu’au 4/5 avec coup de cœur. Ici, mon ressenti oscille entre le 3/5 et le 4/5.
Et bien ! Pour un premier album, je trouve que Clara Lodewick nous sort un très bel album. Son récit, qui s’articule autour de la médisance, de la mesquinerie et de l’effet de masse, m’a semblé très juste dans son analyse. Il s’en dégage beaucoup d’humanité, dans le bon sens comme dans le mauvais.
Au niveau du dessin, c’est sans doute plus perfectible mais l’autrice a déjà une belle patte. Son découpage est clair, les personnages sont faciles à distinguer et leurs émotions passent au travers du dessin. Les cadrages proposent finalement peu de gros plans mais plutôt des tableaux d’ensemble qui permettent de visualiser plusieurs protagonistes dans un même temps, ce qui, je trouve, est très judicieux par rapport à l’histoire qui nous est racontée.
L’histoire, elle, m’a beaucoup touché. Clara Lodewick nous plonge au cœur d’un petit village flamand, son concours avicole, son club de foot, son épicerie… et sa mentalité de village. A partir d’une répartie bien sentie, et peut-être un peu maladroite, la médisance va sévir au détriment de Merel, célibataire à l’âge mûr. La rumeur enfle, et avec elle, la méchanceté et l’hypocrisie.
J’ai beaucoup aimé le fait que l’autrice ne pousse pas le bouchon trop loin. On reste sur une histoire réaliste, avec des personnages que l’on a le sentiment d’avoir croisés dans la vie réelle, avec des comportements, des réactions parfois stupides de méchanceté, parfois touchants et humbles.
Vraiment un album qui m’a beaucoup plu, et qui devrait plaire aux amateurs de romans graphiques.
Corentin est l’une des séries les plus anciennes du Journal Tintin puisque ce héros est présent dès 1946 dans l’hebdomadaire. Avec Hergé et Jacobs, Cuvelier est donc un des fondateurs du journal Tintin. Les deux premières histoires de Corentin font
64 et 62 pages ( L’extraordinaire odyssée de Corentin, les nouvelles aventures de Corentin). C’est l’époque où les rebondissements devaient s’enchaîner pour tenir en haleine le lecteur, parfois sans grande cohérence dans le récit. Les dialogues sont également très fournis un peu comme avec Jacobs. Tu n n’en reste pas moins étonnamment surpris par la qualité réaliste du dessin de Cuvelier; un dessin bien moins figé que celui d’un Jacques Martin par exemple qui officiait dans le journal Tintin à la même période. Puis Cuvelier pour qui la Bd était un art mineur repris la série quelques années plus tard en faisant cette fois appel à des scénaristes ( Van Hamme, Greg), et pas des moindres. « Le poignard magique » est un album de transition: énormément de cases par planche pour rester dans les clous des 62,planches, beaucoup de texte et un dessin qui évolue. A partir du « signe du Cobra » la série gagne en qualité: les récits sont plus structurés malgré les 44 planches, les couleurs de qualité pour l’époque, et le dessin des Cuvelier est toujours plus remarquable. Une des particularités de cette courte série est que le personnage de Corentin vieilli ce qui est très rare dans le monde de la Bd, et très novateur pour l’époque. La série prend fin en 1976 dans le Journal Tintin. On peut s’y replonger avec plaisir pour s’imprégner de cette bd d’aventures, ou un jeune breton se retrouve au Royaume des Indes en quête d’exotisme et d’aventures comme l’était le public de la Bd à cette époque d’après guerre.
J'aime beaucoup Mortelle Adèle.
Et j'ai déjà 6 livres ,1 roman et 3 grandes aventures !
J'aime beaucoup, car grâce à Adèle, je me sens moins seule, des fois. J'aimerais bien être comme Adèle des fois, car elle dit ce qu'elle pense sur celles qui les embêtent, et j'aime sa personnalité, ses cheveux roux, avec deux grosses couettes derrière et son uniforme.
Elle montre qu'on peut être qui on veut, où on veut.
Et les dessins sont bien faits et l'imagination ne manque pas.
Poussez vous les moches !
Je me suis régalé. Ça m'aura occupé 2 belles soirées. Petite appréhension au début par rapport au dessin, que j'ai fini par vraiment apprécier au fil des tomes (même si j'ai toujours eu un peu de mal avec les visages).
Friand des séries post-apocalyptiques, il ne m'en faut pas beaucoup pour apprécier une lecture de ce genre. J'ai rarement eu l'occasion de lire une série de ce type sur plusieurs tomes, donc c'était d'autant plus cool, surtout que j'ai adoré du début à la fin.
Le scénario, qui pourrait sembler de déjà vu au premier abord, se révèle finalement vachement original, intéressant, et franchement bien construit. Les 12 (13 avec Alice) sont tous attachants à leur manière, j'ai eu un gros coup de coeur pour Arkady, que j'ai particulièrement appréciée pour sa douceur et sa joie de vivre.(Et c'est aussi le seul visage dont j'ai aimé le dessin et les expressions)
Comme Gaston, j'ai vraiment bien aimé les dialogues, surtout l'humour souvent sarcastique que j'ai trouvé très réussi.
Il n'y a pas énormément de violence (quoique), mais quand il y en a, il faut admettre que le dessinateur n'a pas été timide sur l'hémoglobine. Alors c'est vrai qu'en général, j'aime que la violence, s'il y en a, soit réaliste, mais ici c'était peut-être un peu trop ?
La mise en page souvent découpée en 4 grandes cases, voire moins, est vraiment agréable à lire. Les cases sont la plupart du temps bien remplies, et en tant qu'amateur de post-apo, j'ai été servi comme il se doit en détails et décors. Mention spéciale pour les ciels magnifiques, très réalistes, on a l'impression que ce sont de vraies photos (peut-être que c'est le cas), en tout cas, ça n'a rien à voir avec le reste, et pourtant, ça colle parfaitement au décor.
En bref, une très bonne histoire, j'ai vraiment passé un bon moment. Je ne pense pas spoiler en disant que c'est du post-apo fantastique. Il ne me reste plus qu'à découvrir d'autres séries de cet auteur...
Une enquête visuellement envoûtante
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Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie parue en 1993. L'histoire se déroule après les évènements de Devil's Reign.
Quelque part dans un tripot, un homme joue et gagne au poker, de grosses sommes. Il s'appelle Calhoun, c'est un Grendel, une sorte de templier dédié au culte de Grendel, ayant prêté serment aux valeurs d'Orion Assante, premier Grendel-Khan du nom. Calhoun redistribue l'argent qu'il a gagné à des institutions charitables comme des orphelinats. Josef Mantovani n'est pas un Grendel, il a échoué aux tests. Il exerce le métier de détective privé et un propriétaire de restaurant lui a demandé d'enquêter sur meurtre de son frère. Son enquête l'amène à la nouvelle Orléans. Il y a également Alfred Bixby qui était comptable pour un groupe de Grendel, qui a pété les plombs, qui a revêtu l'habit et qui se prend pour un chevalier pourfendant les dragons (sa consommation de psychotropes est franchement déraisonnable). Il y a Gloria DeVere, une Grendel anglaise dont l'objectif est de sauvegarder les œuvres d'art des siècles passés. Justement un de ses informateurs lui a indiqué la présence d'une pièce inestimable à la Nouvelle Orléans. Dan cette ville se trouve également Renute, un autre Grendel qui est attiré par les pratiques vaudous.
En 1989, Matt Wagner estime qu'il a dit tout ce qu'il avait à dire avec le concept de Grendel. Il décide donc d'ouvrir le monde qu'il a créé à d'autres auteurs. Il ouvre sa création à un moment qui se situe plusieurs siècles dans l'avenir, après un effondrement global de la civilisation humaine et sa reconstruction par Orion Assante, un visionnaire exceptionnel qui a utilisé l'image de Grendel comme symbole de ses actions. Après sa mort le monde est toujours en phase de reconstruction et Grendel est le symbole d'une forme de police hétérogène et avec des idéaux chevaleresques.
James Robinson propose donc de suivre trois Gendel en titre et un en esprit dont les actions vont les amener à se rencontrer à la Nouvelle Orléans. le premier choc est visuel. le texte de Diana Schutz en fin de volume explique que Teddy Christiansen a mis 14 mois pour réaliser les 6 épisodes, et ça se voit. Il travaille directement à la peinture avec une vision pleinement formée de cet étrange future. La première page est une vue subjective d'un joueur de poker attablé à une partie, en pleine page. La fumée de cigarettes possède une densité impressionnante (elle est presque littéralement à couper au couteau). Les autres joueurs sont plongés dans une pénombre marron inquiétante. La deuxième page joue le contraste des couleurs puisqu'elle est dominée par une teinte rouge vive, dans le bureau de Mantovani. Les couleurs vertes de la jungle sud américaine où se trouve Bixby nagent dans une éclatante luminosité. Tout du long, Christiansen éclabousse ses pages de couleurs enchanteresses, osant tous les mélanges, y compris des compositions roses et vertes irrésistibles.
Les qualités de cet illustrateur ne s'arrêtent pas aux couleurs vibrantes, il y a une densité dans vision créatrice qui transforme chaque scène en un voyage exceptionnel, sans recourir à des mises en page alambiquées ou des dessins indéchiffrables. Sous son pinceau chaque personnage acquiert une densité de caractère incroyable. Gloria DeVere a la fois l'allure d'un garçon manqué, une légère préciosité qui sied à sa qualité de conservatrice, une forme trapue qui trahit son habitude de se battre. Elle est à l'opposé de tout cliché pour être unique. Les crises d'hallucinations de Bixby constitue des gemmes graphiques de délire maîtrisé, avec une reprise des codes visuels créés par Bernie Mireault dans The Devil Inside. Christiansen s'extirpe des lieux communs habituels des comics pour créer un junky bien parti, dangereux, avec une forme de noblesse inattendue. le récit de Robinson se trouve littéralement transfiguré par les riches visuels de Christiansen.
Le récit en lui-même s'avère intrigant pour le lecteur qui s'interroge sur la nature des liens qui rapprochent les quatre Grendel, sur la nature du complot ourdi à la Nouvelle Orléans et sur les raisons du meurtre initial pour lequel Mantoni a été embauché. Mais Robinson n'arrive pas à profiter pleinement de la thématique liée à Grendel. Il utilise les Grendel pour montrer que la violence corrompt cet ordre aux objectifs purs et altruistes. Mais les personnages ont du mal à dépasser leurs actions. Ils n'ont pas de vraie personnalité au-delà de la mission qu'ils se sont chacun assignés. Robinson privilégie franchement l'intrigue et le mystère lié à l'enquête aux dépends de vrais points de vue des Grendel. du coup le récit qui aurait pu donner des points de vue croisé sur les faits et les évènements reste dans le domaine de l'aventure, sans s'aventurer dans le polar psychologique ou social.
Ce premier récit franchisé dans le monde de Grendel se révèle une aventure graphique épatante, un mystère intéressant, mais avec des personnages qui ont du mal à exister en tant qu'individus.
Eobard Thawne
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Ce tome (édition 2015 d'Urban comics) regroupe les 5 épisodes de la minisérie parue en 2011. Cette histoire met fin à la continuité de l'univers partagé DC, telle qu'elle avait été développée depuis 1985 à partir de Crisis on Infinite Earths. Urban a placé en début de recueil, l'épisode 8 de la série Flash qui sert de prélude à Flashpoint.
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- Flash 8 (scénario de Geoff Johns, dessins et encrage de Scott Kolins) – Cet épisode raconte comment Eobard Thawne en est venu à maîtriser la source d'énergie qui donne ses pouvoirs à Flash.
Le choix d'Urban s'avère judicieux, puisque le lecteur peut découvrir les origines de ce personnage un peu mystérieux qui vient du futur. Geoff Johns dresse le portrait d'un individu égocentrique faisant un usage logique (à ses yeux) de sa découverte sur ses capacités à influer sur le temps, et sur le déroulement des événements.
Scott Kolins dessine en mode un peu plus canalisé qu'à son habitude, avec un bon niveau de détails pour donner de la consistance à ce récit qui se déroule dans un futur très lointain, sans rien perdre de sa capacité à représenter une énergie débridée et crépitante quand le récit le nécessite. 4 étoiles pour une introduction nécessaire au professeur Zoom.
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- Flashpoint (scénario de Geoff Johns, dessins d'Adam Kubert, encrage de Sandra Hope et Jesse Delperdang) - Barry Allen est le Flash, un superhéros costumé qui coure tellement vite que cela lui permet de courir sur l'eau. Il est basé à Central City, une ville fictive des États-Unis. Il fait partie de la Justice League of America (JLA). Il tire ses pouvoirs d'une source d'énergie appelée Speed Force, et il existe de nombreux autres superhéros dont les pouvoirs sont basés sur une vitesse surhumaine qui puisent à la même source.
Un collègue du laboratoire de police le tire de son assoupissement sur la paillasse et Barry Allen n'a plus de pouvoir. L'un de ses pires ennemis est le superhéros attitré de Central City : Citizen Cold (Leonard Snart). Nora Allen (sa mère) est toujours vivante, et Iris (sa femme dans la réalité d'origine) fréquente un autre homme. Il ne reste qu'un seul recours à Barry Allen : prendre contact avec Batman qui a lui aussi quelque peu changé. de son coté Victor Stone tente de rallier les différents superhéros de cette réalité pour enrayer la guerre qui sévit en Europe, entre New Themyscira (les amazones de Wonder Woman ont envahi et conquis le Royaume Uni) et New Atlantis (Aquaman a fait sombrer toute l'Europe occidentale et les atlantes se sont installés dans les cités submergées.
Flashpoint rentre dans la catégorie des crossovers, ces histoires qui rassemblent des dizaines de superhéros pour lutter contre des évènements cataclysmiques, avec des répercussions dans la quasi-intégralité des séries mensuelles de l'éditeur. Réussir un crossover demande un dosage d'une grande précision pour répondre aux contraintes imposées : faire apparaître un maximum de superhéros (les plus connus, et un bon échantillon des plus oubliés), concevoir une menace globale qui n'a pas déjà été vue 100 fois, orchestrer des combats titanesques avec des dizaines de personnages, et trouver un petit peu de place pour caser les émotions des uns et des autres (pour que le lecteur puisse développer un peu d'empathie).
Pour ce crossover, DC Comics a sorti l'artillerie lourde avec 15 miniséries de 3 épisodes chacune et 4 numéraux spéciaux. Ce déploiement gigantesque de titres supplémentaires profite à Geoff Johns : il se concentre uniquement sur l'intrigue principale en laissant le soin aux miniséries de développer. du coup Barry Allen a de la place pour exister (le nouveau Batman aussi), le lecteur a le temps d'apprécier ses émotions et peut s'impliquer dans les enjeux. Pour être parfaitement honnête, il vaut mieux connaître l'histoire de Barry Allen (au moins depuis "Rebirth") pour apprécier pleinement l'histoire. La contrepartie est que la version de la réalité de Flashpoint est plus évoquée que visitée. le résultat est prenant avec une montée en puissance progressive, de vrais défis pour Barry Allen et pour Batman, et une résolution satisfaisante. C'est une bonne histoire de superhéros, même si un ou deux détails déconcertent, tels que la manière dont Barry Allen récupère ses pouvoirs, ou son doigt cassé par Batman.
Coté graphique, DC Comics a confié les illustrations à une valeur sure : Andy Kubert, encré par Sandra Hope et Jesse Delperdang. Ils créent des images de superhéros traditionnelles, avec majoritairement un niveau de détails satisfaisant (sauf le dernier épisode qui compte 15 pages dépourvues de tout décor). Andy Kubert s'attache essentiellement aux personnages pour leur donner une apparence travaillée. Il est visible à la lecture qu'il a pris du temps pour créer des variations sur les costumes traditionnels des superhéros de l'univers DC. Pour les fans de cet univers, il est facile de reconnaître les superhéros habituels, et les nouvelles apparences constituent autant de petits cadeaux supplémentaires (je garde un bon souvenir de Element Woman (Emily Sung)). Parmi les autres bons cotés de ses illustrations, il y a la mise en page fluide, et un nombre de cases par pages de 5 à 7. Andy Kubert n'abuse pas des pleines pages et il prend le temps de construire des séquences de cases élaborées. Pour le reste, Andy Kubert propose des illustrations où les expressions des visages manquent de subtilité (il règne une certaine uniformité dans les visages). le rendu des décors correspond à une vision simpliste, plus qu'à une interprétation d'auteur. Et la largeur des épaules de Batman a tendance à varier de façon déconcertante. le lecteur retrouve donc Andy Kubert égal à lui-même : appliqué dans l'apparence des personnages, et dans la construction des enchaînements de cases, peu convaincant dans les expressions et dans la vision artistique. Enfin il est évident que les délais pour produire le dernier épisode ont dû être très serrés. Malgré tout, l'aspect graphique reste supérieur à la production de masse des comics de superhéros.
Flashpoint constitue un crossover bien ficelé, avec des illustrations de professionnels. Geoff a tiré le meilleur parti de la brièveté du récit pour se concentrer sur Flash et un ou deux autres personnages, tout en réussissant à donner une idée de l'ampleur des différences de ce monde par rapport à l'univers DC traditionnel. Il reste que les dessins restent limités au style comics en plus fouillés et plus dynamiques, et que le scénario débouche sur une résolution arbitraire qui laisse songeur.
Et après ? En 2004/2005, Geoff Johns entame sa progression inéluctable au sein de DC Comics en concevant et écrivant le retour d'Hal Jordan au poste de Green Lantern (dans Green Lantern rebirth). En 2009, il fait de même pour Barry Allen en le réinstituant dans le costume de Flash (voir Flash rebirth). Johns déclare dans les interviews que le temps est venu pour DC Comics de remettre sur le devant de la scène les incarnations les plus célèbres des personnages. Il est assez ironique et paradoxal de voir qu'en 2011, c'est ce même défenseur de la tradition qui se charge de fermer la porte de l'univers partagé DC tel qu'il existait depuis son redémarrage en 1985 avec Crisis on Infinite Earths. En septembre 2011, DC Comics frappe un grand coup (marketing) en redémarrant l'intégralité de ses séries au numéro 1 ; cet évènement est baptisé The new 52 (recueil des 52 nouveaux numéros 1).
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L'Eau et la Terre
Je rejoins en partie les remarques de Ro et Noirdésir sur les difficultés de cette série. Toutefois la thématique est tellement bouleversante que je ne peux me résoudre à mettre une note moyenne. Je connais assez bien cette tragédie humaine qui renvoie vraiment à Ubu tellement les situations furent absurdes, criminelles et de pure folie. La construction assez décousue de Séra renvoie à cette incohérence criminelle édifiée par les Khmers rouges au rang de pensée idéologique révolutionnaire. Par exemple le rappel que le port de simples lunettes vous condamnait à mort reste un sommet d'inhumanité du siècle dernier. Séra ne fait pas dans le voyeurisme morbide par respect pour les millions de morts. C'est comme si il voulait nous amener devant un tableau géant avec le visage souriant des victimes que l'on se doit de ne pas oublier. C'est un devoir de mémoire que nous nous devons de perpétuer d'autant plus que nombres de criminels n'ont pas été jugés mais pire n'ont eu aucun remords et pour certains ont continué les actions armées pendant des années. Le graphisme de Séra est hyper réaliste à la limite de la photographie. Le noir des tenues Khmers, le brun de la terre et le rouge du sang dominent dans une atmosphère lourde d'angoisse. Aucune éclaircie ne vient alléger cette ambiance. Une lecture mémoire d'une série au visuel et à la construction singulière mais pour un résultat très touchant.
Batman et les Monstres
La fraîcheur des débutants - Matt Wagner est un familier de Batman : il l'a déjà mis en scène, entre autres, dans Trinité - Batman/Superman/Wonder Woman et Batman/Grendel. Il revient au personnage pour développer l'une de ses premières aventures qui se situe un an après la première apparition de l'homme chauve-souris. Dans ce tome, il affronte les machinations d'Hugo Strange. Dès la première page, la maîtrise de Matt Wagner (ici au scénario et aux dessins) éclate et le lecteur est immédiatement en immersion grâce à une référence à un fait bien connu du mythe. Un personnage sirote son café en lisant son journal qui fait sa une sur la disparition de Red Hood (futur Joker, évoqué dans The Killing Joke). L'histoire est campée à la fois au début du Batman, et à la fois elle a sa place dans la perspective de ce qu'il deviendra. Matt Wagner mêle adroitement les aspects très ordinaires, mondains de la vie Bruce Wayne, ses rendez-vous amoureux manqués, ses échanges sarcastiques avec Alfred, et ses acrobaties en tant que Batman. Il a choisi de situer son histoire au tout début du mythe ce qui lui permet de nous faire découvrir le métier de Batman en même temps que son personnage principal, et d'inclure des erreurs de débutant qui lui donne plus crédibilité et d'humanité. Ce point de vue procure une fraîcheur bienvenue à l'histoire et la naïveté de Bruce Wayne confronté à ses premiers véritables monstres fait surgir, par contraste, des instants poétiques inattendus. Je ne saurais trop vous recommander cette histoire qui sait nous faire redécouvrir un personnage que l'on croyait connaître. De plus Matt Wagner est un professionnel chevronné qui donne un ton unique à sa narration à la fois par le point de vue de débutant qu'il fait adopter à Batman, et à la fois par des dessins d'une précision exquise où chaque trait est nécessaire, où il n'y a pas de place pour le superflu ou l'esbrouffe gratuite. Tout est parfaitement maîtrisé. Et le mieux, c'est qu'après ce tome, il y en a un deuxième dans la même veine : Batman et le Moine Fou, encore meilleur.
À moindres risques - Immersion en "salle de shoot"
J’ai lu cet album car j’espérais m’informer sur un sujet dont je sais peu de choses, et à ce titre, il a parfaitement rempli son rôle. Mat Let, dont c’est le premier album BD, a passé du temps avec les volontaires de diverses associations s’occupant d’une « salle de shoot », où les drogués peuvent venir s’injecter en toute sécurité. Les questions abondent : les associations fournissent-elles les drogues ? Quel genre de personne visite ce genre d’établissement ? Qu’en pensent les résidents du coin ? Il y a-t-il une suivie, des aides pour aider les usagers à arrêter ? Les nombreux témoignages de volontaires mais aussi d’usagers permettent d’apporter des réponses à ces questions cruciales. La postface de Médecins du Monde résume parfaitement la situation, et propose même des solutions sur le long terme à nos politiciens. La réalisation de l’album est excellente, la narration est fluide, le dessin est élégant et lisible. Si je devais chipoter, je dirais que les fonds souvent clairs font qu’il est parfois difficile de voir à qui sont rattachés les phylactères. Un album « témoignages » intéressant et instructif, qui me laisse sur la même impression que le récent Traversées - La Route de l'aventure chez le même éditeur, à savoir une admiration et un respect sans fin pour ces volontaires, véritables héros des temps modernes.
Nailbiter
Thriller horrifique en plein, Nailbiter a réussi à me tenir en haleine jusqu’au dernier tome. Et même si je n’ai pas trop apprécié ce dernier et les explications qu’il apporte (il y a je pense certaines incohérences avec des événements décrits précédemment), je trouve que la série est réussie dans l’ensemble et vaut le détour. De quoi ça cause ? D’un étrange bled perdu des Etats-Unis duquel sont issus un nombre étonnant de tueurs en série. Et non seulement le nombre a de quoi effrayer, mais en plus ces tueurs ont tous un modus operandi différent et des manies étranges. Warren, un de ces tueurs assez étonnamment acquitté, va vite se retrouver associé à l’inspecteur Finch dans une quête de la vérité qui tient quelque peu du jeu du chat et de la souris. Autour d’eux gravitent moult personnages, apportant à l’intrigue une richesse en profondeur et matière à renouvellement. Le suspense est constamment relancé. Les scènes d’horreur s’enchainent. Mais surtout, les personnages ne cessent de se dévoiler, et c’est certainement l’aspect que j’ai préféré. A commencer par Warren dont on ne sait jamais trop s’il est à plaindre ou à blâmer. Le dessin est agréable, très lisible. Les personnages sont bien typés. Les scènes d’horreur sont très gores à défaut d’être réellement angoissantes mais ce n’est pas un réel problème. Franchement, dans l’ensemble et dans son genre, c’est une série qui vaut le coup d’œil. Avec une conclusion plus convaincante, j’aurais poussé jusqu’au 4/5 avec coup de cœur. Ici, mon ressenti oscille entre le 3/5 et le 4/5.
Merel
Et bien ! Pour un premier album, je trouve que Clara Lodewick nous sort un très bel album. Son récit, qui s’articule autour de la médisance, de la mesquinerie et de l’effet de masse, m’a semblé très juste dans son analyse. Il s’en dégage beaucoup d’humanité, dans le bon sens comme dans le mauvais. Au niveau du dessin, c’est sans doute plus perfectible mais l’autrice a déjà une belle patte. Son découpage est clair, les personnages sont faciles à distinguer et leurs émotions passent au travers du dessin. Les cadrages proposent finalement peu de gros plans mais plutôt des tableaux d’ensemble qui permettent de visualiser plusieurs protagonistes dans un même temps, ce qui, je trouve, est très judicieux par rapport à l’histoire qui nous est racontée. L’histoire, elle, m’a beaucoup touché. Clara Lodewick nous plonge au cœur d’un petit village flamand, son concours avicole, son club de foot, son épicerie… et sa mentalité de village. A partir d’une répartie bien sentie, et peut-être un peu maladroite, la médisance va sévir au détriment de Merel, célibataire à l’âge mûr. La rumeur enfle, et avec elle, la méchanceté et l’hypocrisie. J’ai beaucoup aimé le fait que l’autrice ne pousse pas le bouchon trop loin. On reste sur une histoire réaliste, avec des personnages que l’on a le sentiment d’avoir croisés dans la vie réelle, avec des comportements, des réactions parfois stupides de méchanceté, parfois touchants et humbles. Vraiment un album qui m’a beaucoup plu, et qui devrait plaire aux amateurs de romans graphiques.
Corentin
Corentin est l’une des séries les plus anciennes du Journal Tintin puisque ce héros est présent dès 1946 dans l’hebdomadaire. Avec Hergé et Jacobs, Cuvelier est donc un des fondateurs du journal Tintin. Les deux premières histoires de Corentin font 64 et 62 pages ( L’extraordinaire odyssée de Corentin, les nouvelles aventures de Corentin). C’est l’époque où les rebondissements devaient s’enchaîner pour tenir en haleine le lecteur, parfois sans grande cohérence dans le récit. Les dialogues sont également très fournis un peu comme avec Jacobs. Tu n n’en reste pas moins étonnamment surpris par la qualité réaliste du dessin de Cuvelier; un dessin bien moins figé que celui d’un Jacques Martin par exemple qui officiait dans le journal Tintin à la même période. Puis Cuvelier pour qui la Bd était un art mineur repris la série quelques années plus tard en faisant cette fois appel à des scénaristes ( Van Hamme, Greg), et pas des moindres. « Le poignard magique » est un album de transition: énormément de cases par planche pour rester dans les clous des 62,planches, beaucoup de texte et un dessin qui évolue. A partir du « signe du Cobra » la série gagne en qualité: les récits sont plus structurés malgré les 44 planches, les couleurs de qualité pour l’époque, et le dessin des Cuvelier est toujours plus remarquable. Une des particularités de cette courte série est que le personnage de Corentin vieilli ce qui est très rare dans le monde de la Bd, et très novateur pour l’époque. La série prend fin en 1976 dans le Journal Tintin. On peut s’y replonger avec plaisir pour s’imprégner de cette bd d’aventures, ou un jeune breton se retrouve au Royaume des Indes en quête d’exotisme et d’aventures comme l’était le public de la Bd à cette époque d’après guerre.
Mortelle Adèle
J'aime beaucoup Mortelle Adèle. Et j'ai déjà 6 livres ,1 roman et 3 grandes aventures ! J'aime beaucoup, car grâce à Adèle, je me sens moins seule, des fois. J'aimerais bien être comme Adèle des fois, car elle dit ce qu'elle pense sur celles qui les embêtent, et j'aime sa personnalité, ses cheveux roux, avec deux grosses couettes derrière et son uniforme. Elle montre qu'on peut être qui on veut, où on veut. Et les dessins sont bien faits et l'imagination ne manque pas. Poussez vous les moches !
FreakAngels
Je me suis régalé. Ça m'aura occupé 2 belles soirées. Petite appréhension au début par rapport au dessin, que j'ai fini par vraiment apprécier au fil des tomes (même si j'ai toujours eu un peu de mal avec les visages). Friand des séries post-apocalyptiques, il ne m'en faut pas beaucoup pour apprécier une lecture de ce genre. J'ai rarement eu l'occasion de lire une série de ce type sur plusieurs tomes, donc c'était d'autant plus cool, surtout que j'ai adoré du début à la fin. Le scénario, qui pourrait sembler de déjà vu au premier abord, se révèle finalement vachement original, intéressant, et franchement bien construit. Les 12 (13 avec Alice) sont tous attachants à leur manière, j'ai eu un gros coup de coeur pour Arkady, que j'ai particulièrement appréciée pour sa douceur et sa joie de vivre.(Et c'est aussi le seul visage dont j'ai aimé le dessin et les expressions) Comme Gaston, j'ai vraiment bien aimé les dialogues, surtout l'humour souvent sarcastique que j'ai trouvé très réussi. Il n'y a pas énormément de violence (quoique), mais quand il y en a, il faut admettre que le dessinateur n'a pas été timide sur l'hémoglobine. Alors c'est vrai qu'en général, j'aime que la violence, s'il y en a, soit réaliste, mais ici c'était peut-être un peu trop ? La mise en page souvent découpée en 4 grandes cases, voire moins, est vraiment agréable à lire. Les cases sont la plupart du temps bien remplies, et en tant qu'amateur de post-apo, j'ai été servi comme il se doit en détails et décors. Mention spéciale pour les ciels magnifiques, très réalistes, on a l'impression que ce sont de vraies photos (peut-être que c'est le cas), en tout cas, ça n'a rien à voir avec le reste, et pourtant, ça colle parfaitement au décor. En bref, une très bonne histoire, j'ai vraiment passé un bon moment. Je ne pense pas spoiler en disant que c'est du post-apo fantastique. Il ne me reste plus qu'à découvrir d'autres séries de cet auteur...
Grendel
Une enquête visuellement envoûtante - Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie parue en 1993. L'histoire se déroule après les évènements de Devil's Reign. Quelque part dans un tripot, un homme joue et gagne au poker, de grosses sommes. Il s'appelle Calhoun, c'est un Grendel, une sorte de templier dédié au culte de Grendel, ayant prêté serment aux valeurs d'Orion Assante, premier Grendel-Khan du nom. Calhoun redistribue l'argent qu'il a gagné à des institutions charitables comme des orphelinats. Josef Mantovani n'est pas un Grendel, il a échoué aux tests. Il exerce le métier de détective privé et un propriétaire de restaurant lui a demandé d'enquêter sur meurtre de son frère. Son enquête l'amène à la nouvelle Orléans. Il y a également Alfred Bixby qui était comptable pour un groupe de Grendel, qui a pété les plombs, qui a revêtu l'habit et qui se prend pour un chevalier pourfendant les dragons (sa consommation de psychotropes est franchement déraisonnable). Il y a Gloria DeVere, une Grendel anglaise dont l'objectif est de sauvegarder les œuvres d'art des siècles passés. Justement un de ses informateurs lui a indiqué la présence d'une pièce inestimable à la Nouvelle Orléans. Dan cette ville se trouve également Renute, un autre Grendel qui est attiré par les pratiques vaudous. En 1989, Matt Wagner estime qu'il a dit tout ce qu'il avait à dire avec le concept de Grendel. Il décide donc d'ouvrir le monde qu'il a créé à d'autres auteurs. Il ouvre sa création à un moment qui se situe plusieurs siècles dans l'avenir, après un effondrement global de la civilisation humaine et sa reconstruction par Orion Assante, un visionnaire exceptionnel qui a utilisé l'image de Grendel comme symbole de ses actions. Après sa mort le monde est toujours en phase de reconstruction et Grendel est le symbole d'une forme de police hétérogène et avec des idéaux chevaleresques. James Robinson propose donc de suivre trois Gendel en titre et un en esprit dont les actions vont les amener à se rencontrer à la Nouvelle Orléans. le premier choc est visuel. le texte de Diana Schutz en fin de volume explique que Teddy Christiansen a mis 14 mois pour réaliser les 6 épisodes, et ça se voit. Il travaille directement à la peinture avec une vision pleinement formée de cet étrange future. La première page est une vue subjective d'un joueur de poker attablé à une partie, en pleine page. La fumée de cigarettes possède une densité impressionnante (elle est presque littéralement à couper au couteau). Les autres joueurs sont plongés dans une pénombre marron inquiétante. La deuxième page joue le contraste des couleurs puisqu'elle est dominée par une teinte rouge vive, dans le bureau de Mantovani. Les couleurs vertes de la jungle sud américaine où se trouve Bixby nagent dans une éclatante luminosité. Tout du long, Christiansen éclabousse ses pages de couleurs enchanteresses, osant tous les mélanges, y compris des compositions roses et vertes irrésistibles. Les qualités de cet illustrateur ne s'arrêtent pas aux couleurs vibrantes, il y a une densité dans vision créatrice qui transforme chaque scène en un voyage exceptionnel, sans recourir à des mises en page alambiquées ou des dessins indéchiffrables. Sous son pinceau chaque personnage acquiert une densité de caractère incroyable. Gloria DeVere a la fois l'allure d'un garçon manqué, une légère préciosité qui sied à sa qualité de conservatrice, une forme trapue qui trahit son habitude de se battre. Elle est à l'opposé de tout cliché pour être unique. Les crises d'hallucinations de Bixby constitue des gemmes graphiques de délire maîtrisé, avec une reprise des codes visuels créés par Bernie Mireault dans The Devil Inside. Christiansen s'extirpe des lieux communs habituels des comics pour créer un junky bien parti, dangereux, avec une forme de noblesse inattendue. le récit de Robinson se trouve littéralement transfiguré par les riches visuels de Christiansen. Le récit en lui-même s'avère intrigant pour le lecteur qui s'interroge sur la nature des liens qui rapprochent les quatre Grendel, sur la nature du complot ourdi à la Nouvelle Orléans et sur les raisons du meurtre initial pour lequel Mantoni a été embauché. Mais Robinson n'arrive pas à profiter pleinement de la thématique liée à Grendel. Il utilise les Grendel pour montrer que la violence corrompt cet ordre aux objectifs purs et altruistes. Mais les personnages ont du mal à dépasser leurs actions. Ils n'ont pas de vraie personnalité au-delà de la mission qu'ils se sont chacun assignés. Robinson privilégie franchement l'intrigue et le mystère lié à l'enquête aux dépends de vrais points de vue des Grendel. du coup le récit qui aurait pu donner des points de vue croisé sur les faits et les évènements reste dans le domaine de l'aventure, sans s'aventurer dans le polar psychologique ou social. Ce premier récit franchisé dans le monde de Grendel se révèle une aventure graphique épatante, un mystère intéressant, mais avec des personnages qui ont du mal à exister en tant qu'individus.
Flashpoint
Eobard Thawne - Ce tome (édition 2015 d'Urban comics) regroupe les 5 épisodes de la minisérie parue en 2011. Cette histoire met fin à la continuité de l'univers partagé DC, telle qu'elle avait été développée depuis 1985 à partir de Crisis on Infinite Earths. Urban a placé en début de recueil, l'épisode 8 de la série Flash qui sert de prélude à Flashpoint. - - Flash 8 (scénario de Geoff Johns, dessins et encrage de Scott Kolins) – Cet épisode raconte comment Eobard Thawne en est venu à maîtriser la source d'énergie qui donne ses pouvoirs à Flash. Le choix d'Urban s'avère judicieux, puisque le lecteur peut découvrir les origines de ce personnage un peu mystérieux qui vient du futur. Geoff Johns dresse le portrait d'un individu égocentrique faisant un usage logique (à ses yeux) de sa découverte sur ses capacités à influer sur le temps, et sur le déroulement des événements. Scott Kolins dessine en mode un peu plus canalisé qu'à son habitude, avec un bon niveau de détails pour donner de la consistance à ce récit qui se déroule dans un futur très lointain, sans rien perdre de sa capacité à représenter une énergie débridée et crépitante quand le récit le nécessite. 4 étoiles pour une introduction nécessaire au professeur Zoom. - - Flashpoint (scénario de Geoff Johns, dessins d'Adam Kubert, encrage de Sandra Hope et Jesse Delperdang) - Barry Allen est le Flash, un superhéros costumé qui coure tellement vite que cela lui permet de courir sur l'eau. Il est basé à Central City, une ville fictive des États-Unis. Il fait partie de la Justice League of America (JLA). Il tire ses pouvoirs d'une source d'énergie appelée Speed Force, et il existe de nombreux autres superhéros dont les pouvoirs sont basés sur une vitesse surhumaine qui puisent à la même source. Un collègue du laboratoire de police le tire de son assoupissement sur la paillasse et Barry Allen n'a plus de pouvoir. L'un de ses pires ennemis est le superhéros attitré de Central City : Citizen Cold (Leonard Snart). Nora Allen (sa mère) est toujours vivante, et Iris (sa femme dans la réalité d'origine) fréquente un autre homme. Il ne reste qu'un seul recours à Barry Allen : prendre contact avec Batman qui a lui aussi quelque peu changé. de son coté Victor Stone tente de rallier les différents superhéros de cette réalité pour enrayer la guerre qui sévit en Europe, entre New Themyscira (les amazones de Wonder Woman ont envahi et conquis le Royaume Uni) et New Atlantis (Aquaman a fait sombrer toute l'Europe occidentale et les atlantes se sont installés dans les cités submergées. Flashpoint rentre dans la catégorie des crossovers, ces histoires qui rassemblent des dizaines de superhéros pour lutter contre des évènements cataclysmiques, avec des répercussions dans la quasi-intégralité des séries mensuelles de l'éditeur. Réussir un crossover demande un dosage d'une grande précision pour répondre aux contraintes imposées : faire apparaître un maximum de superhéros (les plus connus, et un bon échantillon des plus oubliés), concevoir une menace globale qui n'a pas déjà été vue 100 fois, orchestrer des combats titanesques avec des dizaines de personnages, et trouver un petit peu de place pour caser les émotions des uns et des autres (pour que le lecteur puisse développer un peu d'empathie). Pour ce crossover, DC Comics a sorti l'artillerie lourde avec 15 miniséries de 3 épisodes chacune et 4 numéraux spéciaux. Ce déploiement gigantesque de titres supplémentaires profite à Geoff Johns : il se concentre uniquement sur l'intrigue principale en laissant le soin aux miniséries de développer. du coup Barry Allen a de la place pour exister (le nouveau Batman aussi), le lecteur a le temps d'apprécier ses émotions et peut s'impliquer dans les enjeux. Pour être parfaitement honnête, il vaut mieux connaître l'histoire de Barry Allen (au moins depuis "Rebirth") pour apprécier pleinement l'histoire. La contrepartie est que la version de la réalité de Flashpoint est plus évoquée que visitée. le résultat est prenant avec une montée en puissance progressive, de vrais défis pour Barry Allen et pour Batman, et une résolution satisfaisante. C'est une bonne histoire de superhéros, même si un ou deux détails déconcertent, tels que la manière dont Barry Allen récupère ses pouvoirs, ou son doigt cassé par Batman. Coté graphique, DC Comics a confié les illustrations à une valeur sure : Andy Kubert, encré par Sandra Hope et Jesse Delperdang. Ils créent des images de superhéros traditionnelles, avec majoritairement un niveau de détails satisfaisant (sauf le dernier épisode qui compte 15 pages dépourvues de tout décor). Andy Kubert s'attache essentiellement aux personnages pour leur donner une apparence travaillée. Il est visible à la lecture qu'il a pris du temps pour créer des variations sur les costumes traditionnels des superhéros de l'univers DC. Pour les fans de cet univers, il est facile de reconnaître les superhéros habituels, et les nouvelles apparences constituent autant de petits cadeaux supplémentaires (je garde un bon souvenir de Element Woman (Emily Sung)). Parmi les autres bons cotés de ses illustrations, il y a la mise en page fluide, et un nombre de cases par pages de 5 à 7. Andy Kubert n'abuse pas des pleines pages et il prend le temps de construire des séquences de cases élaborées. Pour le reste, Andy Kubert propose des illustrations où les expressions des visages manquent de subtilité (il règne une certaine uniformité dans les visages). le rendu des décors correspond à une vision simpliste, plus qu'à une interprétation d'auteur. Et la largeur des épaules de Batman a tendance à varier de façon déconcertante. le lecteur retrouve donc Andy Kubert égal à lui-même : appliqué dans l'apparence des personnages, et dans la construction des enchaînements de cases, peu convaincant dans les expressions et dans la vision artistique. Enfin il est évident que les délais pour produire le dernier épisode ont dû être très serrés. Malgré tout, l'aspect graphique reste supérieur à la production de masse des comics de superhéros. Flashpoint constitue un crossover bien ficelé, avec des illustrations de professionnels. Geoff a tiré le meilleur parti de la brièveté du récit pour se concentrer sur Flash et un ou deux autres personnages, tout en réussissant à donner une idée de l'ampleur des différences de ce monde par rapport à l'univers DC traditionnel. Il reste que les dessins restent limités au style comics en plus fouillés et plus dynamiques, et que le scénario débouche sur une résolution arbitraire qui laisse songeur. Et après ? En 2004/2005, Geoff Johns entame sa progression inéluctable au sein de DC Comics en concevant et écrivant le retour d'Hal Jordan au poste de Green Lantern (dans Green Lantern rebirth). En 2009, il fait de même pour Barry Allen en le réinstituant dans le costume de Flash (voir Flash rebirth). Johns déclare dans les interviews que le temps est venu pour DC Comics de remettre sur le devant de la scène les incarnations les plus célèbres des personnages. Il est assez ironique et paradoxal de voir qu'en 2011, c'est ce même défenseur de la tradition qui se charge de fermer la porte de l'univers partagé DC tel qu'il existait depuis son redémarrage en 1985 avec Crisis on Infinite Earths. En septembre 2011, DC Comics frappe un grand coup (marketing) en redémarrant l'intégralité de ses séries au numéro 1 ; cet évènement est baptisé The new 52 (recueil des 52 nouveaux numéros 1).