Alors que cette BD s'entame sur une trame très historique, dans un cadre d'Angleterre du XVIIe siècle où un jeune lord va rencontrer Isaac Newton et se passionner avec lui pour l'étude de l'optique, elle prend par la suite un aspect presque proche du conte ou du moins avec une petite touche de fantastique. C'est frais et agréable, avec une fin heureuse comme je les aime.
J'ai aimé son dessin très coloré. Les auteurs ont d'ailleurs pris le parti de nommer chaque chapitre selon l'une des couleurs de l'arc-en-ciel et de réaliser les planches de chacun d'entre eux dans la teinte dominante de la couleur en question. Je ne l'ai constaté qu'au troisième ou quatrième chapitre, c'est dire si c'est bien fait et cela n'entrave pas la bonne lecture et l'appréciation du graphisme. Cela ne sert pas vraiment l'histoire mais c'est joli, bien fait et cela ajoute à l'ambiance un peu merveilleuse du récit.
Celui-ci intrigue tout d'abord car on se demande où les auteurs veulent nous mener avec cette histoire de passionné de recheche scientifique sur les arcs-en-ciel, passion teinté de culture gaélique et d'histoires de leprechauns et de leurs trésors. Puis on s'étonne de voir ce jeune garçon envoyé dans une drôle de mission d'espionnage... en France. Et là arrive alors la touche de conte romantique, une histoire mignonne et touchante comme cette pauvre et jolie fille qu'il rencontre.
J'ai trouvé ça charmant. Pas inoubliable ni forcément marquant, mais original et touchant : j'ai refermé l'album avec le sourire.
Note : 3,5/5
Une relecture puissante et audacieuse du mythe de Captain America. La Vérité revisite l’histoire du super-soldat en révélant l’existence d’Isaiah Bradley, un soldat afro-américain ayant subi des expériences similaires à celles de Steve Rogers, mais dans des conditions bien plus cruelles.
Le scénario de Robert Morales aborde des thèmes forts comme le racisme et l’injustice, ancrant le récit dans une réalité historique troublante. Le style graphique de Kyle Baker, avec ses traits anguleux et son approche expressive, peut surprendre, mais il renforce l’impact émotionnel de l’histoire.
Un récit marquant, engagé et essentiel pour les fans de Captain America et ceux qui aiment les comics qui osent aborder des sujets de société.
Quelle claque mes aïeux, mais quelle claque ! Graphiquement parlant je ne peux que m'esbaudir devant tant de maestria. Tout comme Alix je ne connaissais aucun des deux auteurs, mais vraiment chapeau bas messieurs.
Tous les codes du thriller bien noir sont ici présents ; le flic un peu déglingué, des meurtres bien crades, et la quête de l'assassin ponctuée de rebondissements dont un twist final que personnellement je n'avais pas vu venir. L'on aurait pu craindre un scénario un peu alambiqué, mais c'est tout le contraire qui se produit, tout est fluide, d'ailleurs bravo pour le découpage, avec au milieu de l'album une pause, une respiration qui comme dans une tragédie grecque permet au lecteur de littéralement s'immerger dans la psychée de notre enquêteur.
Et puis il y a le dessin de Alessandro Manzella, alors là les aminches on est sur du lourd, un faux air de Ben Templesmith, mais plus maitrisé, c'est un bonheur de contempler ces pages.
Vous l'aurez compris une belle découverte pour ma part (ce fût mon premier achat à Angoulême cette année), une série que je ne peux que fortement conseiller.
Je voudrais vous demander une faveur karmique.
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Ce tome comprend une histoire indépendante de toute autre, racontée sous la forme d'un roman-photo. Il a été réalisé par Amélie Laval et édité par les éditions FLBLB. Il fait intervenir 47 acteurs. Les rôles principaux sont interprétés par Shuey-Shyen Duong (Ky Duyen Canac) et Cécile Peyrot (Fondamente). Cécile Rémy est responsable de la photographie. Aucun animal n'a été maltraité durant le shooting du Syndicat des algues brunes. L'édition originale date du premier trimestre 2018. Cette histoire comprend 211 pages de photo-roman.
Ky Duyen Canac (championne vietnamienne de l'art martial Vovinam Viet Vo Dao) déambule dans les ruelles d'une ville du sud de ce qui s'appelait précédemment la France, aujourd'hui appelée région Soleil Lavande dans le pays Avrupa. Elle finit par trouver l'adresse qu'elle cherche au 140 d'une rue. Elle tire la clé d'accès d'une enveloppe qu'elle avait dans sa poche et monte dans les étages jusqu'à l'appartement qui fut celui de son père Serge Canac. L'appartement est visiblement vide depuis plusieurs jours. Les différents miroirs et surfaces vitrées répondent à Ky Duyen Canac qu'ils ne savent pas quand le propriétaire reviendra. Elle ressort de l'appartement et regagne la rue où elle marche en écoutant le message que lui avait laissé son père. Elle se fait agresser dans une rue déserte par 2 hommes tenant des propos racistes, qualifiés de presse-citrons. Elle riposte en utilisant son art martial. Un homme se retrouve étendu sans connaissance à terre, l'autre tombe de tout son long et son corps se transforme en mousse savonneuse. Une femme (Fondamente) se porte au secours de Ky Duyen Canac, l'aide à se relever et l'emmène jusqu'à un taxi. Canac est légèrement blessée à l'épaule.
Chemin faisant, Ky Duyen Canac explique qu'elle est championne olympique d'art martial, et Fondamente explique que l'homme qui s'est transformé en mousse devait être un barbotard, c’est-à-dire un être humain de quatrième génération. Elles se font déposer au pied de l'immeuble de Fondamente qui invite Ky dans son appartement et qui soigne son épaule. Ky explique à son hôtesse qu'elle est venue pour voir son père qui lui avait envoyé un double des clés de son appartement. Fondamente explique qu'elle est journaliste et qu'elle essaiera de se renseigner sur Serge Canac. Elle ajoute qu'elle aimerait voyager en Asie mais que les individus de groupe sanguin A et O n'ont pas le droit de sortir du territoire et elle est du groupe A. Ky indique qu'il n'y a pas ce genre de problème au Vietnam car il n'y a plus d'humains générationnels là-bas. Fondamente s'en va finir un article ; Ky effectue quelques katas avant de se coucher sur le canapé. Elle se réveille seule dans l'appartement le lendemain matin. Elle petit-déjeune d'une soupe à la lavande. Puis elle effectue des exercices d'assouplissement. Fondamente rentre sur ces entrefaites et lui propose d'aller manger à l'extérieur.
Étonnant qu'il puisse encore paraître de nouveaux romans-photos en 2018, qui plus est qui ne s'inscrivent pas dans le genre romance. Pourtant le lecteur découvre dès les premières pages, qu'il s'agit d'un roman-photo en bonne et due forme, avec des photographies soignées, pouvant aller jusqu'à 10 dans une page, dans des lieux variés, pour une histoire entre thriller politique et enquête. Amélie Laval a construit son récit comme une bande dessinée, avec des photographies à la place de dessins dans des cases. Le lecteur de BD retrouve donc une forme de narration séquentielle très familière, classique dans son ordonnancement, avec des cases rectangulaires, sagement alignées en bande, les unes au-dessus des autres. La taille des cases varie en fonction de la nature de la séquence et de ce qui est montré, des cases étroites, ou des cases de la larguer de la page, des petites cases, ou quelques photographies en pleine page. En choisissant ce mode de narration essentiellement descriptif, l'autrice se confronte à la problématique du budget. Alors qu'en bande dessinée, l'artiste dispose d'un budget illimité pour les effets spéciaux et les décors (sous réserve du temps passé à les représenter), le roman-photo est tributaire soit des décors naturels, soit des décors de studio, mais ce n'est alors plus le même prix. L'artiste a pris le parti des décors naturels, et le lecteur peut apprécier au fil du récit leur diversité : ruelles, cage d'escalier, intérieurs d'appartement, café, voirie urbaine, autoroutes, paysages naturels, supermarché, calanque, port, salle de réunion. À l'opposé de longues pages en plan fixe dans 3 lieux sans âme, Amélie Laval donne à voir de nombreux environnements, très ordinaires pris séparément, constituant un décor élaboré et varié dans leur effet cumulatif.
Le lecteur retrouve la même approche naturaliste et généreuse dans le casting. Au fil de ces 211 pages, il observe une cinquantaine d'individus différents, interprétés par autant d'acteurs. Amélie Laval n'a pas choisi d'en faire des modèles de beauté esthétique, préférant conserver une apparence normale. Là encore cette apparente banalité peut masquer la variété, ainsi que l'effet que cela produit. Le lecteur plonge en fait dans un monde quasi identique au sien, croisant des individus normaux, se conduisant de manière normale. Le registre narratif n'est pas celui du spectaculaire, mais un registre qui privilégie la narration et la cohérence interne. Le lecteur narquois peut n'y voir que la nécessité (budget contraint) qui fait loi, mais au fil des pages il s'impose une impression globale de choix narratif en phase avec la nature du récit. Les expressions des visages sonnent juste, ainsi que les postures des acteurs. Qui plus est, les mouvements lors des affrontements physiques apparaissent réels, à l'opposé d'une exagération spectaculaire, évitant l'écueil de tomber dans le ridicule. Le lecteur voit les personnages évoluer comme s'il s'agissait d'individus croisés dans la rue, dans une représentation de la réalité très proche de la sienne. La narration neutralise ainsi le risque de la moquerie ou de l'autodérision involontaire en optant pour un premier degré refusant les facilités pour enjoliver les apparences, tels que filtres photographiques, effets bon marché, ou retouches infographiques en post production. Du coup, l'intrusion des éléments d'anticipation (pour le coup réalisés avec des moyens limités) passe plus facilement, que ce soit les morts qui se transforment en mousse, ou ceux qui portent une combinaison intégrale en fausse fourrure. L'autrice n'essaye pas de faire passer ces éléments pour des effets spéciaux haute technologie. Elle ne cache pas au lecteur leur nature basique, lui laissant la possibilité de les prendre en l'état sans raillerie.
Indépendamment de son goût pour le roman-photo ou pour la bande dessinée, le lecteur se laisse donc facilement entraîner dans cette narration visuelle, plutôt riche, utilisant des découpages de planche spécifiques à la BD, un peu déconcertante par la précision des photographies qui ne laissent pas de place à l'imagination comme le font les dessins. Le lecteur est tenté de prendre le temps de détailler chaque photographie pour y déceler des éléments signifiants, alors qu'il ne s'agit que de la densité d'informations visuelles propre à la photographie. La précision photographique laisse également moins de marge de manœuvre à l'autrice pour détourner la fonction première de l'objet qui est montré. Pourtant, Amélie Laval réussit quand même à induire des fonctions inhabituelles dans des objets de la vie de tous les jours : les surfaces vitrées ou les glaces qui servent d'écran, les berlingots en plastique qui contiennent des produits inusuels, une chipolata comme produit de contrebande vendu à la sauvette, du varech comme manifestation psychique d'une maladie, ou une innocente brosse à dents comme outil de pollinisation. À nouveau le traitement premier degré et précis de ces détournements d'objet ne tombe pas dans l'écueil de la moquerie suscitée par un manque de moyen financier, mais s'accompagne plutôt d'une sensation poétique ou surréaliste. S'étant habitué à cette narration visuelle naturaliste, le lecteur est d'autant plus surpris quand il découvre une case (enfin une photographie) ou une séquence en décalage avec sa réalité, comme par exemple le troupeau de moutons en pleine ville ou les algues sur le notaire.
Dans un premier temps, le lecteur peut s'interroger sur la forte pagination de cette histoire, mais il constate rapidement que l'autrice a tiré profit de la richesse des lieux et de la variété des personnages, pour réaliser une quarantaine de planches sans texte, ni phylactère, laissant les images raconter l'histoire, offrant au lecteur la possibilité de gérer sa vitesse de lecture. Pour autant, le récit s'avère ambitieux et consistant. Il peut être lu au premier degré comme un thriller d'action, avec une enquête sur le sort de Serge Canac, le père de Ky Duyen Canac, mêlé à une sombre histoire d'intérêts financiers et de magouilles géopolitiques. Au fil des séquences, le lecteur voit également apparaître plusieurs thématiques : l'immigration, la séparation d'avec le père, l'écologie, la politique extérieure, une forme d'eugénisme. Dans le cadre d'un récit d'anticipation comme celui-ci, une partie des thèmes ne sert qu'à nourri le contexte du récit, mais une autre constitue un regard personnel de l'autrice sur des bouleversements sociétaux en devenir, ou sur des composantes de la société déjà en train de la transformer. Amélie Laval utilise bien le genre Anticipation comme un révélateur par processus de contraste, de certaines caractéristiques de la société contemporaine.
En découvrant cet ouvrage, le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il a peut-être été aiguillé par la référence qui y est faite par Jan Baetans dans La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 26 - Le roman-photo (2018, avec Clémentine Mélois), tout en sachant par avance que son ambition littéraire ne saurait égaler celle de Droit de regards (1985) de Marie-Françoise Plissart, avec Benoît Peeters. Il perçoit vite la richesse de de la mise en images du récit, constatant qu'il s'agit d'une narration professionnelle avec un niveau d'exigence et de finition élevé de la part de l'auteur : que ce soit la qualité des photographies, le jeu des acteurs et la distribution, ou la variété des lieux. Il plonge dans un récit d'anticipation bien ficelé, mis en scène avec intelligence, portant un regard sur certains aspects de la société moderne, sous la forme d'une enquête mâtinée de thriller. Cette lecture se révèle à la fois atypique, exhalant des saveurs inusuelles, et un récit entraînant et intelligent.
Un récit captivant qui mélange habilement aventure, mystère et science-fiction. Serge Lehman tisse une intrigue intrigante autour du retour de Neige Agopian à Paris, où son passé ressurgit et entraîne ses amis dans une enquête aussi fascinante qu’inquiétante. Le concept des « Navigateurs » apporte une dimension énigmatique qui garde le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.
Le dessin de Francesco De Caneva, en noir et blanc, colle parfaitement à l’ambiance du récit. Son style précis et détaillé renforce le mystère et apporte une intensité dramatique aux scènes les plus marquantes. Les jeux de contrastes et d’ombres subliment l’atmosphère, donnant une vraie profondeur à l’univers.
Un album maîtrisé, aussi beau que passionnant, qui séduira les amateurs de récits mêlant mystère et exploration. Une belle réussite !
Contrairement à la plupart des lecteurs ci-dessous, je ne connaissais pas la série originale. J'ai donc lu ce titre avec la seule attente d'un bon moment de lecture, au vu de la réputation de ce western croisé polar.
Même si je suis maintenant curieuse d'en savoir plus sur le passé de Red Dust, ne pas connaître le personnage ne m'a pas gênée dans ma lecture, ce tome se suffit à lui-même en une vraie histoire complète.
Le mélange des genres fonctionne très bien, que l'on soit amateur de western, de polar, ou des deux. On se laisse porter par le road-trip des personnages, avec des informations distillées tout doucement, jusqu'au final. Les héros sont attachants, intéressants, et l'histoire bien amenée, mais un peu prévisible, comme déjà dit par d'autres lecteurs. Les évocations du passé sont émouvantes, et c'est là que j'aurais voulu en savoir plus (je n'ai plus qu'à lire la série !).
Graphiquement, c'est sublime. Le noir et blanc sert parfaitement l'ambiance du récit, certaines cases ont l'air de vieilles photos, on s'arrête dessus pour les admirer avant de reprendre sa lecture.
En bref, une très belle BD, que je pourrais relire avec plaisir, mais sans surprise.
Ça doit faire 2 ans que je connais cette série, je l’ai découverte en achetant les tomes dans le désordre dans une boutique de BD d’occasion dans la ville de mes études.
J’ai décidé d’écrire un avis pour la polémique idiote : non la BD n’est pas raciste, au contraire, notre héroïne est musulmane et algérienne, beaucoup de personnes d’origines diverses sont dans la BD et traitées avec justesse. Certaines représentations sont datées certes, mais les auteurs sont contre le racisme, il suffit de lire le premier tome pour le comprendre, à croire que les gens à l’origine de cette polémique n’ont même pas lu un album entier.
Il s’agit d’une série humoristique et touchante mais aussi juste et bienveillante sur le quotidien de plusieurs enfants malades à l’hôpital, ainsi que leur évolution. Un sujet touchant et dans lequel de nombreux enfants pourront s’identifier. Notre héroïne Zita est attachante, tout comme sa bande d’amis.
Je recommande fortement.
En bon scénariste amateur de mythologie, de fantastique et de fantasy, Nicolas Jarry nous propose une nouvelle histoire pour la jeunesse qui va aller chercher du côté du fantastique et de la sorcellerie. C'est avec François Gomes au dessin que s'ouvre cette série et que je découvre l'auteur.
Malo, la douzaine, aime trainer en solitaire dans les friches urbaines et la forêt. Fils du flic de service de la ville, pas toujours facile de se faire de vrais amis. Et quand d'autres enfants commencent à être retrouvés plongés dans le comas sans explication, plus question de se balader dehors ! Mais si les adultes ne semblent pas comprendre le pourquoi du comment de ces mystérieux comas, la petite bande que va finir par rejoindre Malo en connait la véritable cause et va devoir lutter pour sauver l'équilibre du monde...
Si les personnages de notre petite troupe sont un brin convenus et la trame principale du récit pas plus révolutionnaire non plus, cette série fourmille de bonnes idées. Cette petite ville, pivot pour des créatures oniriques ou cauchemardesque, semble avoir un lourd passé où le fantastique a pu prendre racine. C'est par touches successives que commence à se dessiner cet univers, porté par le graphisme efficace de François Gomes. J'ai beaucoup aimé la représentation des "familiers" de nos jeunes protagonistes ; entre leur aspect physique et leurs pouvoirs, le lecteur est vite embarqué par cette petite troupe originale. Le premier tome pose donc les bases de cet petit monde en pleine effervescence et se termine en ouvrant sur de nouvelles possibilités et de nouveaux dangers...
Je suis curieux de découvrir la suite de cette histoire
*** Tomes 2 & 3 ***
Après un premier tome très prometteur, la suite et fin de cette série jeunesse tient toutes ses promesses.
C'est même en allant chercher du côté de Lovecraft que nos auteurs nous proposent au final une saga qui gagne en originalité au fil des tomes. Si cet aspect lovecraftien passera sans doute au dessus de la tête des jeunes lecteurs, des graines seront certainement plantées pour leur culture générale, et les adultes amateurs du genre gouteront ces références.
Graphiquement, François Gomes assure un travail efficace qui donne et garde toute son efficacité ; ses créatures sont originales et les décors ne sont pas en reste, surtout la ville. Il assure une parfaite mise en image du scénario de Nicolas Jarry. C'est frais, intriguant, l'aventure omniprésente et les rebondissements bien amenés.
Bref, une série, qui loin de démériter, gagne en bonnes idées et en efficacité au fil de ses trois tomes.
Des superpouvoirs pour quoi faire ?
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Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre, initialement paru sous la forme d'une minisérie en 6 épisodes en 2013, écrite par Brian Wood, dessinée et encrée par Ming Doyle et mise en couleurs par Jordie Bellaire.
Dans un futur relativement lointain, Mara Prince est une jeune femme de 17 ans championne de volleyball. Dans ce futur aux réalités économiques peu reluisantes, le sport a pris une importance capitale dans les relations entre les nations, les sommes en jeu sont colossales et les sportifs de haut niveau sont des stars, bénéficiant de contrats mirifiques avec des sponsors, de leur propre chaîne de télévision à leur gloire, etc. Mara Prince est une star parmi les stars, richissime à million, inégalée dans ses capacités. Mais un jour lors d'un match hors tournoi, elle éprouve une étrange sensation lui permettant de se déplacer à une vitesse surhumaine et de passer de l'autre côté du filet pour faire dévier la balle venant juste de quitter les mains de la joueuse au service. Les caméras ont tout enregistré et la notoriété de Mara augmente encore. Par contre son avenir de sportive est compromis. Cette société maudit les tricheurs et les déchoit. Bien vite l'armée s'intéresse à Mara. Il lui reste à décider quoi faire de sa vie avec ses superpouvoirs d'une ampleur incommensurable.
Brian Wood est un scénariste prolifique à la biographie impressionnante. On y trouve aussi bien des histoires pour des franchises comme X-Men (Alpha & Omega ou Primer), Star Wars (In the shadow of Yavin), ou encore Conan (Queen of the black coast). Il a déjà à son actif un grand nombre de séries originales ou d'histoires complètes : The New York Four, la série DMZ, la série de vikings Northlanders ou encore la série The massive (à commencer par Black Pacific). Il propose ici une histoire complète en 1 tome.
Ce récit se décompose en 3 actes distincts : (1) la présentation de Mara en championne exceptionnelle et la société dans laquelle elle évolue, (2) la réaction de cette société à la découverte des pouvoirs de Mara, et (3) le choix de vie de Mara. La première partie laisse une impression mitigée entre reprise d'éléments déjà existants dans notre société (à commencer par le vedettariat sans borne des athlètes de haut niveau, au hasard dans le football), et immersion totale aux côtés de cette jeune femme compétente, motivée et très sympathique, un pur produit de la société dans laquelle elle a grandi et de l'éducation qu'elle a reçu. Brian Wood réussit à faire exister cette Mara et la société qui l'entoure en quelques pages, en montrant à quel point Mara est d'une efficacité exemplaire, et en illustrant la maxime qui veut que l'on se sent seul quand on est au sommet. Il sait montrer en quelques cases l'attachement qui unit Mara à Ingrid Seven, sa seconde dans l'équipe, mais aussi sa meilleure amie et confidente. Il n'y a à aucun moment une trace d'infantilisme ou de mièvrerie dans la manière dont elles se comportent. Ingrid apprécie Mara, elles partagent entre elles leurs expériences (en particulier sur l'art et la manière de maximiser les profits dans leurs contrats avec les sponsors), et il n'y a aucun doute qu'Ingrid a intégré que tant que Mara sera présente, elle sera à jamais la seconde meilleure. Brian Wood sait à partir de quelques dialogues et de quelques pensées intérieures, appuyées par quelques nouvelles brèves donner l'impression au lecteur de connaître les personnages et l'environnement dans lequel ils évoluent.
Brian Wood n'est pas le premier scénariste à imaginer l'apparition de superpouvoirs dans un monde réel ou dans un futur proche (Warren Ellis avec sa trilogie Black Summer/ No hero / Supergod, ou encore John Arcudi avec A God somewhere). Il réussit à rendre la personnalité de Mara Prince très palpable et cohérente, et ses actions imprévisibles. Par contre la relative brièveté de l'histoire ne lui permet pas de développer pleinement les réactions de la société autour d'elle, ces dernières restent à l'état de ressort de l'intrigue, sans réelle épaisseur, sans servir de révélateur de cette société.
Ming Doyle avait déjà adapté 2 livres de Cynthia Leitich Smith : Tantalize: Kieren's Story et Eternal: Zachary's Story. Il approche les dessins avec une optique naturaliste qui donne une apparence très prosaïque à ce qu'il dessine, malgré la composante de science-fiction. D'un certain côté cette façon de dessiner peut décevoir les lecteurs avides de spectaculaire ou de sensationnel, de l'autre elle ancre bien le ton du récit dans une forme de normalité. En particulier il a pris soin de donner une physiologie d'athlète à Mara (pas de poitrine surdimensionnée), ce qui participe pour beaucoup à conférer de la crédibilité au personnage. Les éléments visuels de science fiction restent très discrets : un stade à l'architecture inattendue, un modèle de voiture inhabituel, des tenues vestimentaires sortant de l'ordinaire (en particulier l'uniforme militaire). Doyle s'attache surtout à créer une mise en scène vivante et plausible, transcrivant clairement les actions de chaque personnage. De temps à autre, le lecteur pourra regretter qu'un personnage sur deux ait la bouche entrouverte dans une expression du visage peu parlante et peu naturelle. Quelques scènes souffrent également de décors trop sommaires. Au fil des pages, il devient surprenant que les noms des sponsors n'apparaissent pas de manière plus proéminente dans les images, par exemple sur les tenues des joueuses ou sur les parois des stades.
Brian Wood et Ming Doyle proposent leur version de l'avènement d'un individu avec des superpouvoirs dans une société finalement proche de la nôtre. Ils réussissent à faire en sorte que Mara Prince s'incarne devant les yeux du lecteur ce qui génère son empathie et maintient son intérêt tout au long du récit. Le nombre de pages et les limites de Doyle ne permettent pas à l'environnement d'exister pleinement, ni de développer une approche plus étoffée de l'impact de Mara sur la société. L'histoire se termine de manière claire avec la décision de Mara quant à son avenir, il est possible d'y voir une allégorie sur le jeune adulte affirmant sa propre personnalité, achevant d'entrer dans l'âge adulte.
Je fais partie de cette génération qui a grandi avec la série animée "Avatar le dernier maître de l'air". Je ne manquais aucun épisode lorsque cela passait à la télé et, comme beaucoup, j'ai continué à grandement apprécier la série et son univers en grandissant. Alors, quand j'étais au collège et que l'on m'avait appris qu'il existait des comics étendant l'univers, j'avais sauté sur l'occasion. Bon, en vrai, je n'ai pas pu tout de suite sauté sur l'occasion, car lesdits comics n'ont rejoint "officiellement" nos vertes contrées que dernièrement. Je dis "officiellement", car j'ai tout de même eu recours au travail de traduction d'amateur-ice-s en lignes qui avaient justement décidé de partager les comics aux pays francophones. Cette première édition française est donc pour moi une relecture, ayant déjà lu les six tomes via scans il y a de cela des années.
Les six tomes en question reprennent juste après la fin de la série, il me paraît donc évident qu'il est préférable de connaître la série avant d'entamer la lecture. Chaque album est une histoire propre mais toutes se suivent et forment une narration filée. Le but de cette série est vraiment de proposer la suite d'Avatar (et de raconter les prémisses du monde de Korra, mais ça on en parlera plus tard).
Le premier tome est centré sur la problématique des colonies de la nation du feu sur le territoire du Royaume de la Terre et aborde des questions assez intéressantes, comme "que faire des populations désormais installées ici depuis plusieurs générations ?" et "que faire de son héritage culturel ?".
Le deuxième continue l'un des seuls fils narratifs directement nommés dans la série originale et qui n'avait pas encore reçu de conclusion : qu'est-il arrivé à la mère de Zuko et Azula ? Plus que cela, l'album va même chercher à répondre à une autre question, celle des origines. Les origines d'Ursa, leur mère, mais également de Zuko et d'Azula elleux-même. Sont-iels seulement frères et sœurs ? Sont-ce les liens du sang ou les choix qui forment une famille ? Bref, cet album est souvent considéré comme l'un des meilleurs de la série, je peux comprendre pourquoi.
Le troisième met en face en face les avancées scientifiques/technologiques et les habitudes passées. Le premier ne peut être empêché mais cela est-il pour autant forcément négatif ? Est-ce qu'être trop attaché aux rites anciens ne nous bloquerait pas ? Ou est-ce qu'au contraire les oublier trop vite ne nous mettrait-il pas potentiellement en danger ?
Le quatrième est plus terre à terre puisqu'il s'agit d'une histoire d'esprits démoniaques, d'enlèvements d'enfants et de complots. On s'interroge tout de même encore sur la famille, jusqu'où est-on prêt à aller pour les protéger ?
Le cinquième, comme le troisième, traite de l'avancée et de l'industrialisation contre les rites du passé, mais parvient tout de même à se démarquer en traitant également d'une lutte de pouvoir et d'une histoire d'amour.
Le sixième, lui, est beaucoup plus classique, m'a moins convaincue, mais sert surtout à préparer le terrain dans l'univers pour la série animée La Légende de Korra, qui fait suite à tout ceci (bon, suite après plusieurs années intra-diégétiques, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit).
Mon résumé album par album était sans doute très (trop ?) fouillis et pas forcément très explicatif, mais je tenais vraiment à ne pas trop vous en révéler, si ce n'est sur les questionnements et réflexions développés dans ces histoires (l'univers a toujours aimé les réflexions poussées mais simples ramenées à des situations concrètes - concrètes dans un monde de fantasy ici, mais quand-même).
Les dessins ne m'ont pas forcément transcendée, je les trouve acceptables (à noter que le sixième album, bien qu'ayant été dessiné par la même personne ayant fait les autres, a un style assez différent - que je préfère, cela dit).
Conseillerais-je la lecture ? A des personnes ayant vu et apprécié la série d'origine, oui. On reste assez proche du type d'aventures que nos héros vivaient jusque là : des situations politiques et humaines complexes, une forme bon-enfant, des petits passages d'humour (principalement de répliques) et des questionnements moraux en veux-tu en voilà. La qualité est moindre que la série d'origine, la mise en scène différente (forcément, pas le même format), mais toujours de bonne facture.
Pour les personnes n'ayant pas aimé ou ne connaissant pas vraiment la série, non, je ne pense pas que la lecture soit ici très intéressante.
(Noté réelle 3,5)
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L'Arc-en-Cieliste
Alors que cette BD s'entame sur une trame très historique, dans un cadre d'Angleterre du XVIIe siècle où un jeune lord va rencontrer Isaac Newton et se passionner avec lui pour l'étude de l'optique, elle prend par la suite un aspect presque proche du conte ou du moins avec une petite touche de fantastique. C'est frais et agréable, avec une fin heureuse comme je les aime. J'ai aimé son dessin très coloré. Les auteurs ont d'ailleurs pris le parti de nommer chaque chapitre selon l'une des couleurs de l'arc-en-ciel et de réaliser les planches de chacun d'entre eux dans la teinte dominante de la couleur en question. Je ne l'ai constaté qu'au troisième ou quatrième chapitre, c'est dire si c'est bien fait et cela n'entrave pas la bonne lecture et l'appréciation du graphisme. Cela ne sert pas vraiment l'histoire mais c'est joli, bien fait et cela ajoute à l'ambiance un peu merveilleuse du récit. Celui-ci intrigue tout d'abord car on se demande où les auteurs veulent nous mener avec cette histoire de passionné de recheche scientifique sur les arcs-en-ciel, passion teinté de culture gaélique et d'histoires de leprechauns et de leurs trésors. Puis on s'étonne de voir ce jeune garçon envoyé dans une drôle de mission d'espionnage... en France. Et là arrive alors la touche de conte romantique, une histoire mignonne et touchante comme cette pauvre et jolie fille qu'il rencontre. J'ai trouvé ça charmant. Pas inoubliable ni forcément marquant, mais original et touchant : j'ai refermé l'album avec le sourire. Note : 3,5/5
Captain America - La Vérité
Une relecture puissante et audacieuse du mythe de Captain America. La Vérité revisite l’histoire du super-soldat en révélant l’existence d’Isaiah Bradley, un soldat afro-américain ayant subi des expériences similaires à celles de Steve Rogers, mais dans des conditions bien plus cruelles. Le scénario de Robert Morales aborde des thèmes forts comme le racisme et l’injustice, ancrant le récit dans une réalité historique troublante. Le style graphique de Kyle Baker, avec ses traits anguleux et son approche expressive, peut surprendre, mais il renforce l’impact émotionnel de l’histoire. Un récit marquant, engagé et essentiel pour les fans de Captain America et ceux qui aiment les comics qui osent aborder des sujets de société.
Nuits romaines
Quelle claque mes aïeux, mais quelle claque ! Graphiquement parlant je ne peux que m'esbaudir devant tant de maestria. Tout comme Alix je ne connaissais aucun des deux auteurs, mais vraiment chapeau bas messieurs. Tous les codes du thriller bien noir sont ici présents ; le flic un peu déglingué, des meurtres bien crades, et la quête de l'assassin ponctuée de rebondissements dont un twist final que personnellement je n'avais pas vu venir. L'on aurait pu craindre un scénario un peu alambiqué, mais c'est tout le contraire qui se produit, tout est fluide, d'ailleurs bravo pour le découpage, avec au milieu de l'album une pause, une respiration qui comme dans une tragédie grecque permet au lecteur de littéralement s'immerger dans la psychée de notre enquêteur. Et puis il y a le dessin de Alessandro Manzella, alors là les aminches on est sur du lourd, un faux air de Ben Templesmith, mais plus maitrisé, c'est un bonheur de contempler ces pages. Vous l'aurez compris une belle découverte pour ma part (ce fût mon premier achat à Angoulême cette année), une série que je ne peux que fortement conseiller.
Le Syndicat des algues brunes
Je voudrais vous demander une faveur karmique. - Ce tome comprend une histoire indépendante de toute autre, racontée sous la forme d'un roman-photo. Il a été réalisé par Amélie Laval et édité par les éditions FLBLB. Il fait intervenir 47 acteurs. Les rôles principaux sont interprétés par Shuey-Shyen Duong (Ky Duyen Canac) et Cécile Peyrot (Fondamente). Cécile Rémy est responsable de la photographie. Aucun animal n'a été maltraité durant le shooting du Syndicat des algues brunes. L'édition originale date du premier trimestre 2018. Cette histoire comprend 211 pages de photo-roman. Ky Duyen Canac (championne vietnamienne de l'art martial Vovinam Viet Vo Dao) déambule dans les ruelles d'une ville du sud de ce qui s'appelait précédemment la France, aujourd'hui appelée région Soleil Lavande dans le pays Avrupa. Elle finit par trouver l'adresse qu'elle cherche au 140 d'une rue. Elle tire la clé d'accès d'une enveloppe qu'elle avait dans sa poche et monte dans les étages jusqu'à l'appartement qui fut celui de son père Serge Canac. L'appartement est visiblement vide depuis plusieurs jours. Les différents miroirs et surfaces vitrées répondent à Ky Duyen Canac qu'ils ne savent pas quand le propriétaire reviendra. Elle ressort de l'appartement et regagne la rue où elle marche en écoutant le message que lui avait laissé son père. Elle se fait agresser dans une rue déserte par 2 hommes tenant des propos racistes, qualifiés de presse-citrons. Elle riposte en utilisant son art martial. Un homme se retrouve étendu sans connaissance à terre, l'autre tombe de tout son long et son corps se transforme en mousse savonneuse. Une femme (Fondamente) se porte au secours de Ky Duyen Canac, l'aide à se relever et l'emmène jusqu'à un taxi. Canac est légèrement blessée à l'épaule. Chemin faisant, Ky Duyen Canac explique qu'elle est championne olympique d'art martial, et Fondamente explique que l'homme qui s'est transformé en mousse devait être un barbotard, c’est-à-dire un être humain de quatrième génération. Elles se font déposer au pied de l'immeuble de Fondamente qui invite Ky dans son appartement et qui soigne son épaule. Ky explique à son hôtesse qu'elle est venue pour voir son père qui lui avait envoyé un double des clés de son appartement. Fondamente explique qu'elle est journaliste et qu'elle essaiera de se renseigner sur Serge Canac. Elle ajoute qu'elle aimerait voyager en Asie mais que les individus de groupe sanguin A et O n'ont pas le droit de sortir du territoire et elle est du groupe A. Ky indique qu'il n'y a pas ce genre de problème au Vietnam car il n'y a plus d'humains générationnels là-bas. Fondamente s'en va finir un article ; Ky effectue quelques katas avant de se coucher sur le canapé. Elle se réveille seule dans l'appartement le lendemain matin. Elle petit-déjeune d'une soupe à la lavande. Puis elle effectue des exercices d'assouplissement. Fondamente rentre sur ces entrefaites et lui propose d'aller manger à l'extérieur. Étonnant qu'il puisse encore paraître de nouveaux romans-photos en 2018, qui plus est qui ne s'inscrivent pas dans le genre romance. Pourtant le lecteur découvre dès les premières pages, qu'il s'agit d'un roman-photo en bonne et due forme, avec des photographies soignées, pouvant aller jusqu'à 10 dans une page, dans des lieux variés, pour une histoire entre thriller politique et enquête. Amélie Laval a construit son récit comme une bande dessinée, avec des photographies à la place de dessins dans des cases. Le lecteur de BD retrouve donc une forme de narration séquentielle très familière, classique dans son ordonnancement, avec des cases rectangulaires, sagement alignées en bande, les unes au-dessus des autres. La taille des cases varie en fonction de la nature de la séquence et de ce qui est montré, des cases étroites, ou des cases de la larguer de la page, des petites cases, ou quelques photographies en pleine page. En choisissant ce mode de narration essentiellement descriptif, l'autrice se confronte à la problématique du budget. Alors qu'en bande dessinée, l'artiste dispose d'un budget illimité pour les effets spéciaux et les décors (sous réserve du temps passé à les représenter), le roman-photo est tributaire soit des décors naturels, soit des décors de studio, mais ce n'est alors plus le même prix. L'artiste a pris le parti des décors naturels, et le lecteur peut apprécier au fil du récit leur diversité : ruelles, cage d'escalier, intérieurs d'appartement, café, voirie urbaine, autoroutes, paysages naturels, supermarché, calanque, port, salle de réunion. À l'opposé de longues pages en plan fixe dans 3 lieux sans âme, Amélie Laval donne à voir de nombreux environnements, très ordinaires pris séparément, constituant un décor élaboré et varié dans leur effet cumulatif. Le lecteur retrouve la même approche naturaliste et généreuse dans le casting. Au fil de ces 211 pages, il observe une cinquantaine d'individus différents, interprétés par autant d'acteurs. Amélie Laval n'a pas choisi d'en faire des modèles de beauté esthétique, préférant conserver une apparence normale. Là encore cette apparente banalité peut masquer la variété, ainsi que l'effet que cela produit. Le lecteur plonge en fait dans un monde quasi identique au sien, croisant des individus normaux, se conduisant de manière normale. Le registre narratif n'est pas celui du spectaculaire, mais un registre qui privilégie la narration et la cohérence interne. Le lecteur narquois peut n'y voir que la nécessité (budget contraint) qui fait loi, mais au fil des pages il s'impose une impression globale de choix narratif en phase avec la nature du récit. Les expressions des visages sonnent juste, ainsi que les postures des acteurs. Qui plus est, les mouvements lors des affrontements physiques apparaissent réels, à l'opposé d'une exagération spectaculaire, évitant l'écueil de tomber dans le ridicule. Le lecteur voit les personnages évoluer comme s'il s'agissait d'individus croisés dans la rue, dans une représentation de la réalité très proche de la sienne. La narration neutralise ainsi le risque de la moquerie ou de l'autodérision involontaire en optant pour un premier degré refusant les facilités pour enjoliver les apparences, tels que filtres photographiques, effets bon marché, ou retouches infographiques en post production. Du coup, l'intrusion des éléments d'anticipation (pour le coup réalisés avec des moyens limités) passe plus facilement, que ce soit les morts qui se transforment en mousse, ou ceux qui portent une combinaison intégrale en fausse fourrure. L'autrice n'essaye pas de faire passer ces éléments pour des effets spéciaux haute technologie. Elle ne cache pas au lecteur leur nature basique, lui laissant la possibilité de les prendre en l'état sans raillerie. Indépendamment de son goût pour le roman-photo ou pour la bande dessinée, le lecteur se laisse donc facilement entraîner dans cette narration visuelle, plutôt riche, utilisant des découpages de planche spécifiques à la BD, un peu déconcertante par la précision des photographies qui ne laissent pas de place à l'imagination comme le font les dessins. Le lecteur est tenté de prendre le temps de détailler chaque photographie pour y déceler des éléments signifiants, alors qu'il ne s'agit que de la densité d'informations visuelles propre à la photographie. La précision photographique laisse également moins de marge de manœuvre à l'autrice pour détourner la fonction première de l'objet qui est montré. Pourtant, Amélie Laval réussit quand même à induire des fonctions inhabituelles dans des objets de la vie de tous les jours : les surfaces vitrées ou les glaces qui servent d'écran, les berlingots en plastique qui contiennent des produits inusuels, une chipolata comme produit de contrebande vendu à la sauvette, du varech comme manifestation psychique d'une maladie, ou une innocente brosse à dents comme outil de pollinisation. À nouveau le traitement premier degré et précis de ces détournements d'objet ne tombe pas dans l'écueil de la moquerie suscitée par un manque de moyen financier, mais s'accompagne plutôt d'une sensation poétique ou surréaliste. S'étant habitué à cette narration visuelle naturaliste, le lecteur est d'autant plus surpris quand il découvre une case (enfin une photographie) ou une séquence en décalage avec sa réalité, comme par exemple le troupeau de moutons en pleine ville ou les algues sur le notaire. Dans un premier temps, le lecteur peut s'interroger sur la forte pagination de cette histoire, mais il constate rapidement que l'autrice a tiré profit de la richesse des lieux et de la variété des personnages, pour réaliser une quarantaine de planches sans texte, ni phylactère, laissant les images raconter l'histoire, offrant au lecteur la possibilité de gérer sa vitesse de lecture. Pour autant, le récit s'avère ambitieux et consistant. Il peut être lu au premier degré comme un thriller d'action, avec une enquête sur le sort de Serge Canac, le père de Ky Duyen Canac, mêlé à une sombre histoire d'intérêts financiers et de magouilles géopolitiques. Au fil des séquences, le lecteur voit également apparaître plusieurs thématiques : l'immigration, la séparation d'avec le père, l'écologie, la politique extérieure, une forme d'eugénisme. Dans le cadre d'un récit d'anticipation comme celui-ci, une partie des thèmes ne sert qu'à nourri le contexte du récit, mais une autre constitue un regard personnel de l'autrice sur des bouleversements sociétaux en devenir, ou sur des composantes de la société déjà en train de la transformer. Amélie Laval utilise bien le genre Anticipation comme un révélateur par processus de contraste, de certaines caractéristiques de la société contemporaine. En découvrant cet ouvrage, le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il a peut-être été aiguillé par la référence qui y est faite par Jan Baetans dans La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 26 - Le roman-photo (2018, avec Clémentine Mélois), tout en sachant par avance que son ambition littéraire ne saurait égaler celle de Droit de regards (1985) de Marie-Françoise Plissart, avec Benoît Peeters. Il perçoit vite la richesse de de la mise en images du récit, constatant qu'il s'agit d'une narration professionnelle avec un niveau d'exigence et de finition élevé de la part de l'auteur : que ce soit la qualité des photographies, le jeu des acteurs et la distribution, ou la variété des lieux. Il plonge dans un récit d'anticipation bien ficelé, mis en scène avec intelligence, portant un regard sur certains aspects de la société moderne, sous la forme d'une enquête mâtinée de thriller. Cette lecture se révèle à la fois atypique, exhalant des saveurs inusuelles, et un récit entraînant et intelligent.
Les Navigateurs
Un récit captivant qui mélange habilement aventure, mystère et science-fiction. Serge Lehman tisse une intrigue intrigante autour du retour de Neige Agopian à Paris, où son passé ressurgit et entraîne ses amis dans une enquête aussi fascinante qu’inquiétante. Le concept des « Navigateurs » apporte une dimension énigmatique qui garde le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Le dessin de Francesco De Caneva, en noir et blanc, colle parfaitement à l’ambiance du récit. Son style précis et détaillé renforce le mystère et apporte une intensité dramatique aux scènes les plus marquantes. Les jeux de contrastes et d’ombres subliment l’atmosphère, donnant une vraie profondeur à l’univers. Un album maîtrisé, aussi beau que passionnant, qui séduira les amateurs de récits mêlant mystère et exploration. Une belle réussite !
Revoir Comanche
Contrairement à la plupart des lecteurs ci-dessous, je ne connaissais pas la série originale. J'ai donc lu ce titre avec la seule attente d'un bon moment de lecture, au vu de la réputation de ce western croisé polar. Même si je suis maintenant curieuse d'en savoir plus sur le passé de Red Dust, ne pas connaître le personnage ne m'a pas gênée dans ma lecture, ce tome se suffit à lui-même en une vraie histoire complète. Le mélange des genres fonctionne très bien, que l'on soit amateur de western, de polar, ou des deux. On se laisse porter par le road-trip des personnages, avec des informations distillées tout doucement, jusqu'au final. Les héros sont attachants, intéressants, et l'histoire bien amenée, mais un peu prévisible, comme déjà dit par d'autres lecteurs. Les évocations du passé sont émouvantes, et c'est là que j'aurais voulu en savoir plus (je n'ai plus qu'à lire la série !). Graphiquement, c'est sublime. Le noir et blanc sert parfaitement l'ambiance du récit, certaines cases ont l'air de vieilles photos, on s'arrête dessus pour les admirer avant de reprendre sa lecture. En bref, une très belle BD, que je pourrais relire avec plaisir, mais sans surprise.
Boule à zéro
Ça doit faire 2 ans que je connais cette série, je l’ai découverte en achetant les tomes dans le désordre dans une boutique de BD d’occasion dans la ville de mes études. J’ai décidé d’écrire un avis pour la polémique idiote : non la BD n’est pas raciste, au contraire, notre héroïne est musulmane et algérienne, beaucoup de personnes d’origines diverses sont dans la BD et traitées avec justesse. Certaines représentations sont datées certes, mais les auteurs sont contre le racisme, il suffit de lire le premier tome pour le comprendre, à croire que les gens à l’origine de cette polémique n’ont même pas lu un album entier. Il s’agit d’une série humoristique et touchante mais aussi juste et bienveillante sur le quotidien de plusieurs enfants malades à l’hôpital, ainsi que leur évolution. Un sujet touchant et dans lequel de nombreux enfants pourront s’identifier. Notre héroïne Zita est attachante, tout comme sa bande d’amis. Je recommande fortement.
Castlewitch
En bon scénariste amateur de mythologie, de fantastique et de fantasy, Nicolas Jarry nous propose une nouvelle histoire pour la jeunesse qui va aller chercher du côté du fantastique et de la sorcellerie. C'est avec François Gomes au dessin que s'ouvre cette série et que je découvre l'auteur. Malo, la douzaine, aime trainer en solitaire dans les friches urbaines et la forêt. Fils du flic de service de la ville, pas toujours facile de se faire de vrais amis. Et quand d'autres enfants commencent à être retrouvés plongés dans le comas sans explication, plus question de se balader dehors ! Mais si les adultes ne semblent pas comprendre le pourquoi du comment de ces mystérieux comas, la petite bande que va finir par rejoindre Malo en connait la véritable cause et va devoir lutter pour sauver l'équilibre du monde... Si les personnages de notre petite troupe sont un brin convenus et la trame principale du récit pas plus révolutionnaire non plus, cette série fourmille de bonnes idées. Cette petite ville, pivot pour des créatures oniriques ou cauchemardesque, semble avoir un lourd passé où le fantastique a pu prendre racine. C'est par touches successives que commence à se dessiner cet univers, porté par le graphisme efficace de François Gomes. J'ai beaucoup aimé la représentation des "familiers" de nos jeunes protagonistes ; entre leur aspect physique et leurs pouvoirs, le lecteur est vite embarqué par cette petite troupe originale. Le premier tome pose donc les bases de cet petit monde en pleine effervescence et se termine en ouvrant sur de nouvelles possibilités et de nouveaux dangers... Je suis curieux de découvrir la suite de cette histoire *** Tomes 2 & 3 *** Après un premier tome très prometteur, la suite et fin de cette série jeunesse tient toutes ses promesses. C'est même en allant chercher du côté de Lovecraft que nos auteurs nous proposent au final une saga qui gagne en originalité au fil des tomes. Si cet aspect lovecraftien passera sans doute au dessus de la tête des jeunes lecteurs, des graines seront certainement plantées pour leur culture générale, et les adultes amateurs du genre gouteront ces références. Graphiquement, François Gomes assure un travail efficace qui donne et garde toute son efficacité ; ses créatures sont originales et les décors ne sont pas en reste, surtout la ville. Il assure une parfaite mise en image du scénario de Nicolas Jarry. C'est frais, intriguant, l'aventure omniprésente et les rebondissements bien amenés. Bref, une série, qui loin de démériter, gagne en bonnes idées et en efficacité au fil de ses trois tomes.
Mara - Plus qu'humaine
Des superpouvoirs pour quoi faire ? - Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre, initialement paru sous la forme d'une minisérie en 6 épisodes en 2013, écrite par Brian Wood, dessinée et encrée par Ming Doyle et mise en couleurs par Jordie Bellaire. Dans un futur relativement lointain, Mara Prince est une jeune femme de 17 ans championne de volleyball. Dans ce futur aux réalités économiques peu reluisantes, le sport a pris une importance capitale dans les relations entre les nations, les sommes en jeu sont colossales et les sportifs de haut niveau sont des stars, bénéficiant de contrats mirifiques avec des sponsors, de leur propre chaîne de télévision à leur gloire, etc. Mara Prince est une star parmi les stars, richissime à million, inégalée dans ses capacités. Mais un jour lors d'un match hors tournoi, elle éprouve une étrange sensation lui permettant de se déplacer à une vitesse surhumaine et de passer de l'autre côté du filet pour faire dévier la balle venant juste de quitter les mains de la joueuse au service. Les caméras ont tout enregistré et la notoriété de Mara augmente encore. Par contre son avenir de sportive est compromis. Cette société maudit les tricheurs et les déchoit. Bien vite l'armée s'intéresse à Mara. Il lui reste à décider quoi faire de sa vie avec ses superpouvoirs d'une ampleur incommensurable. Brian Wood est un scénariste prolifique à la biographie impressionnante. On y trouve aussi bien des histoires pour des franchises comme X-Men (Alpha & Omega ou Primer), Star Wars (In the shadow of Yavin), ou encore Conan (Queen of the black coast). Il a déjà à son actif un grand nombre de séries originales ou d'histoires complètes : The New York Four, la série DMZ, la série de vikings Northlanders ou encore la série The massive (à commencer par Black Pacific). Il propose ici une histoire complète en 1 tome. Ce récit se décompose en 3 actes distincts : (1) la présentation de Mara en championne exceptionnelle et la société dans laquelle elle évolue, (2) la réaction de cette société à la découverte des pouvoirs de Mara, et (3) le choix de vie de Mara. La première partie laisse une impression mitigée entre reprise d'éléments déjà existants dans notre société (à commencer par le vedettariat sans borne des athlètes de haut niveau, au hasard dans le football), et immersion totale aux côtés de cette jeune femme compétente, motivée et très sympathique, un pur produit de la société dans laquelle elle a grandi et de l'éducation qu'elle a reçu. Brian Wood réussit à faire exister cette Mara et la société qui l'entoure en quelques pages, en montrant à quel point Mara est d'une efficacité exemplaire, et en illustrant la maxime qui veut que l'on se sent seul quand on est au sommet. Il sait montrer en quelques cases l'attachement qui unit Mara à Ingrid Seven, sa seconde dans l'équipe, mais aussi sa meilleure amie et confidente. Il n'y a à aucun moment une trace d'infantilisme ou de mièvrerie dans la manière dont elles se comportent. Ingrid apprécie Mara, elles partagent entre elles leurs expériences (en particulier sur l'art et la manière de maximiser les profits dans leurs contrats avec les sponsors), et il n'y a aucun doute qu'Ingrid a intégré que tant que Mara sera présente, elle sera à jamais la seconde meilleure. Brian Wood sait à partir de quelques dialogues et de quelques pensées intérieures, appuyées par quelques nouvelles brèves donner l'impression au lecteur de connaître les personnages et l'environnement dans lequel ils évoluent. Brian Wood n'est pas le premier scénariste à imaginer l'apparition de superpouvoirs dans un monde réel ou dans un futur proche (Warren Ellis avec sa trilogie Black Summer/ No hero / Supergod, ou encore John Arcudi avec A God somewhere). Il réussit à rendre la personnalité de Mara Prince très palpable et cohérente, et ses actions imprévisibles. Par contre la relative brièveté de l'histoire ne lui permet pas de développer pleinement les réactions de la société autour d'elle, ces dernières restent à l'état de ressort de l'intrigue, sans réelle épaisseur, sans servir de révélateur de cette société. Ming Doyle avait déjà adapté 2 livres de Cynthia Leitich Smith : Tantalize: Kieren's Story et Eternal: Zachary's Story. Il approche les dessins avec une optique naturaliste qui donne une apparence très prosaïque à ce qu'il dessine, malgré la composante de science-fiction. D'un certain côté cette façon de dessiner peut décevoir les lecteurs avides de spectaculaire ou de sensationnel, de l'autre elle ancre bien le ton du récit dans une forme de normalité. En particulier il a pris soin de donner une physiologie d'athlète à Mara (pas de poitrine surdimensionnée), ce qui participe pour beaucoup à conférer de la crédibilité au personnage. Les éléments visuels de science fiction restent très discrets : un stade à l'architecture inattendue, un modèle de voiture inhabituel, des tenues vestimentaires sortant de l'ordinaire (en particulier l'uniforme militaire). Doyle s'attache surtout à créer une mise en scène vivante et plausible, transcrivant clairement les actions de chaque personnage. De temps à autre, le lecteur pourra regretter qu'un personnage sur deux ait la bouche entrouverte dans une expression du visage peu parlante et peu naturelle. Quelques scènes souffrent également de décors trop sommaires. Au fil des pages, il devient surprenant que les noms des sponsors n'apparaissent pas de manière plus proéminente dans les images, par exemple sur les tenues des joueuses ou sur les parois des stades. Brian Wood et Ming Doyle proposent leur version de l'avènement d'un individu avec des superpouvoirs dans une société finalement proche de la nôtre. Ils réussissent à faire en sorte que Mara Prince s'incarne devant les yeux du lecteur ce qui génère son empathie et maintient son intérêt tout au long du récit. Le nombre de pages et les limites de Doyle ne permettent pas à l'environnement d'exister pleinement, ni de développer une approche plus étoffée de l'impact de Mara sur la société. L'histoire se termine de manière claire avec la décision de Mara quant à son avenir, il est possible d'y voir une allégorie sur le jeune adulte affirmant sa propre personnalité, achevant d'entrer dans l'âge adulte.
Avatar - Le dernier maître de l'air
Je fais partie de cette génération qui a grandi avec la série animée "Avatar le dernier maître de l'air". Je ne manquais aucun épisode lorsque cela passait à la télé et, comme beaucoup, j'ai continué à grandement apprécier la série et son univers en grandissant. Alors, quand j'étais au collège et que l'on m'avait appris qu'il existait des comics étendant l'univers, j'avais sauté sur l'occasion. Bon, en vrai, je n'ai pas pu tout de suite sauté sur l'occasion, car lesdits comics n'ont rejoint "officiellement" nos vertes contrées que dernièrement. Je dis "officiellement", car j'ai tout de même eu recours au travail de traduction d'amateur-ice-s en lignes qui avaient justement décidé de partager les comics aux pays francophones. Cette première édition française est donc pour moi une relecture, ayant déjà lu les six tomes via scans il y a de cela des années. Les six tomes en question reprennent juste après la fin de la série, il me paraît donc évident qu'il est préférable de connaître la série avant d'entamer la lecture. Chaque album est une histoire propre mais toutes se suivent et forment une narration filée. Le but de cette série est vraiment de proposer la suite d'Avatar (et de raconter les prémisses du monde de Korra, mais ça on en parlera plus tard). Le premier tome est centré sur la problématique des colonies de la nation du feu sur le territoire du Royaume de la Terre et aborde des questions assez intéressantes, comme "que faire des populations désormais installées ici depuis plusieurs générations ?" et "que faire de son héritage culturel ?". Le deuxième continue l'un des seuls fils narratifs directement nommés dans la série originale et qui n'avait pas encore reçu de conclusion : qu'est-il arrivé à la mère de Zuko et Azula ? Plus que cela, l'album va même chercher à répondre à une autre question, celle des origines. Les origines d'Ursa, leur mère, mais également de Zuko et d'Azula elleux-même. Sont-iels seulement frères et sœurs ? Sont-ce les liens du sang ou les choix qui forment une famille ? Bref, cet album est souvent considéré comme l'un des meilleurs de la série, je peux comprendre pourquoi. Le troisième met en face en face les avancées scientifiques/technologiques et les habitudes passées. Le premier ne peut être empêché mais cela est-il pour autant forcément négatif ? Est-ce qu'être trop attaché aux rites anciens ne nous bloquerait pas ? Ou est-ce qu'au contraire les oublier trop vite ne nous mettrait-il pas potentiellement en danger ? Le quatrième est plus terre à terre puisqu'il s'agit d'une histoire d'esprits démoniaques, d'enlèvements d'enfants et de complots. On s'interroge tout de même encore sur la famille, jusqu'où est-on prêt à aller pour les protéger ? Le cinquième, comme le troisième, traite de l'avancée et de l'industrialisation contre les rites du passé, mais parvient tout de même à se démarquer en traitant également d'une lutte de pouvoir et d'une histoire d'amour. Le sixième, lui, est beaucoup plus classique, m'a moins convaincue, mais sert surtout à préparer le terrain dans l'univers pour la série animée La Légende de Korra, qui fait suite à tout ceci (bon, suite après plusieurs années intra-diégétiques, hein, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Mon résumé album par album était sans doute très (trop ?) fouillis et pas forcément très explicatif, mais je tenais vraiment à ne pas trop vous en révéler, si ce n'est sur les questionnements et réflexions développés dans ces histoires (l'univers a toujours aimé les réflexions poussées mais simples ramenées à des situations concrètes - concrètes dans un monde de fantasy ici, mais quand-même). Les dessins ne m'ont pas forcément transcendée, je les trouve acceptables (à noter que le sixième album, bien qu'ayant été dessiné par la même personne ayant fait les autres, a un style assez différent - que je préfère, cela dit). Conseillerais-je la lecture ? A des personnes ayant vu et apprécié la série d'origine, oui. On reste assez proche du type d'aventures que nos héros vivaient jusque là : des situations politiques et humaines complexes, une forme bon-enfant, des petits passages d'humour (principalement de répliques) et des questionnements moraux en veux-tu en voilà. La qualité est moindre que la série d'origine, la mise en scène différente (forcément, pas le même format), mais toujours de bonne facture. Pour les personnes n'ayant pas aimé ou ne connaissant pas vraiment la série, non, je ne pense pas que la lecture soit ici très intéressante. (Noté réelle 3,5)