Du Donbass au Sahel, deux journalistes de Jeune Afrique nous livrent un reportage en images sur la fameuse milice Wagner : l'histoire secrète des mercenaires de Poutine après 3 ans d'enquête.
On a entendu beaucoup de choses et leurs contraires sur la tristement fameuse milice russe Wagner qu'il était bien commode de diaboliser autour de son patron Evgueni Prigojine, mais qui lui survit sans problème depuis sa mort en août 2023.
Benjamin Roger et Mathieu Olivier sont tous deux journalistes : autant dire que cette BD n'est pas un album d'aventures de guerre mais une très sérieuse BD-reportage.
Ils ont travaillé tous deux pour le magazine Jeune Afrique et connaissent donc parfaitement leur sujet.
Thierry Chavant s'est engagé à leurs côtés pour illustrer cette enquête qui s'étend sur plusieurs années et plus d'un continent.
Cette bande dessinée est une façon bien commode d'améliorer sa connaissance du sujet : l'ascension du groupe Wagner, les exactions commises, les enjeux financiers, la géopolitique africaine, ...
Le récit est très documenté : basé sur les investigations des deux journalistes et les témoignages recueillis, c'est un gros travail de plusieurs années qui nous est résumé dans ces planches.
[...] Nous ne sommes pas des soldats, juste des mercenaires Wagner.
[...] On n'est pas ici pour les médailles ou vaincre les nazis, juste pour toucher la solde et rentrer en un seul morceau.
[...] On est des mercenaires, pas des soldats ! Tout ça, c'est du business !
Simple et sans fioritures, le dessin de Thierry Chavant est tout au service du texte et il sait même s'estomper ou s'éloigner quand les horreurs sont trop dures pour notre regard.
L'album, très pédagogique, use de la voix off, de témoignages et de dialogues entre personnages de fiction.
Le récit est découpé en plusieurs mouvements (tel un drame lyrique wagnérien !) et n'hésite pas à faire des aller-retour entre les époques et les lieux pour nous brosser un tableau aussi intelligible que possible.
Cet album est aussi le portrait des principaux dirigeants de Wagner : le fameux oligarque Evgueni Prigojine qui fit d'abord fortune dans la restauration (!) avant de s'associer avec un mercenaire expérimenté, Dimitri Outkine, qui sera le commandant opérationnel de Wagner, Prigojine restant le grand chef et le grand financier.
Mais en bons journalistes, les auteurs ne se contentent pas des leaders médiatiques et nous avons droit à tous les principaux acteurs du groupe Wagner et quelques personnages de fiction pour fluidifier le récit.
On retrouve même quelques figures de la diplomatie française ... qui ne sort pas vraiment grandie de ce tableau.
Après quelques faits d'armes au Donbass en Ukraine en 2014 ou en Syrie en 2016, la "compagnie" (c'est le surnom interne de Wagner) se déploie à Bangui en CentrAfrique (sous la coupe de Bokassa jusqu'en 1996) et bientôt au Mali.
Dans chaque pays, un scénario bien éprouvé se répète : corruption des dirigeants locaux, élimination des gêneurs, déploiement de mercenaires, formation de troupes locales, propagande anti-française et ... surexploitation des ressources minières (de l'or, notamment) qui sont exportées à l'étranger en toute illégalité, une contrebande source de gigantesques profits pour Wagner et la Russie.
La diplomatie française sous-estimera l'influence grandissante de Wagner et des russes jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
Dans le centre du Mali, en mars 2022, le village peul de Moura est le lieu d'un massacre perpétré au nom de la lutte anti-terroriste : plus de 500 victimes ... dont à peine une trentaine de djihadistes.
Mais au plan militaire et face aux rebelles, les mercenaires de Wagner ne sont finalement pas beaucoup plus efficaces que leurs prédécesseurs européens ou américains : "l'État Islamique au Grand Sahara (EIGS), la filiale sahélienne de l'État Islamique, a repris progressivement pied".
Bientôt la folle guerre d'Ukraine vient de nouveau brasser les cartes : le groupe Wagner y rapatrie le gros de ses troupes, dépense des millions de dollars et envoie au casse-pipe des dizaines de milliers de "volontaires" dont les fameux prisonniers de droit commun.
Mais rapidement le torchon brûle entre Wagner et le Kremlin : en juin 2023, un convoi de mercenaires roule vers Moscou et il faudra la médiation du biélorusse Alexandre Loukachenko pour éteindre ce début d'incendie.
Hélas, Prigogine et Outkine ont oublié que "Vladimir Poutine ne pardonne jamais la traîtrise. Le maître du Kremlin n'oublie jamais rien". C'est lui dont l'ombre menaçante et inquiétante clôture l'album !
J'ai souvent souligné que le western est le genre que j'apprécie le moins, mais cette fois-ci je dois bien dire que le récit est bien plus intéressant que d'autres que j'ai pu lire. Déjà parce qu'on parle d'une femme, chose plus rare qu'on ne le pense, tandis que le récit s'articule non pas autour d'actes violents mais autour d'une vie. Une vie qui sera brisée par des actes violents ...
Je ne connaissais pas l'histoire de Naduah, mais le récit est intéressant et original. J'ai apprécié ce détail de montrer le tout du point de vu d'une petite fille et de ne pas insister outre mesure sur les actes de violence. Seulement la vie de Naduah -ou ce que les auteurs en disent- et la façon dont l'humanité l'a dépossédé deux fois de ce qu'elle avait de vie. Loin des clichés de l'ouest sauvage, Naduah est une BD qui rappelle que ces scènes de films et de BD souvent dantesque et sanglante cachent également des souffrances pour les femmes.
La BD est servie par un dessin qui colle tout à fait à l'atmosphère, avec une utilisation des décors et des couleurs qui plonge dans les grandes plaines. C'est beau, bien mené et je suis franchement content de l'avoir lu. Il est assez originale de tomber sur un tel récit et c'est ce qui me semble justifier ma note. La BD est un peu courte, quelques pages en plus n'auraient pas fait de mal. Mais oui, c'est sympa !
Une série jeunesse, mais le lecteur adulte que je suis ne l’a pas trouvée trop mièvre ou naïve. Mon ressenti serait de 3 étoiles tirant sur le niveau supérieur, j’arrondirai à 4 pour le public cible.
En fait l’album arrive à évoquer un sujet sensible et grave (les conséquences de la catastrophe de Fukushima, la mort d’un être cher) en le faisant de façon douce, autour de deux gamins pleins de vie et de ressources.
Deux gamins qui ont perdu leurs parents dans la catastrophe (le tsunami), et qui veulent à tout prix amener les cendres de leur grand-mère décédée dans sa maison abandonnée dans la zone fortement irradiée et désormais interdite. En particulier le plus jeune, Osamu, qui depuis les drames qui l’ont touché mélange rêve et réalité, préférant la compagnie des Yôkaï à celle des humains.
L’album se lit vite, car il y a peu de textes. Et aussi parce que la narration est fluide, rythmée (c’est une sorte de course-poursuite entre Osamu, sa sœur Akiko, et les autorités contrôlant la zone dangereuse.
Si les auteurs sont bien européens, on est dans un univers japonisant. Bien sûr pour le cadre. Mais aussi parce que le dessin de Michaël Crouzat – en particulier pour les visages et leurs expressions – joue sur des influences de manga. On est aussi parfois dans quelque chose de proche de ce que les studios Ghibli ont pu proposer (Miyazaki bien sûr, mais aussi Takahata), en particulier lorsque les Yokaï apparaissent, mais aussi pour la présence d’une nature plus que résiliente.
Bon, ce sont surtout les plus jeunes qui y trouveront leur compte quand même. J’ai en particulier trouvé un peu trop grosses les ficelles pour tout ce qui touche aux interventions des autruches.
Note réelle 3,5/5.
Voila une BD bien étrange et pourtant tout à fait dans le genre de ce que j'ai lu avec Dans un rayon de soleil qui présente des thématiques communes mais surtout les mêmes procédés qui ajoutent l'étrangeté au récit.
Mélange de road-trip, fable, métaphore fantastique et histoire classique, "Sur la route de West" est indéniablement une œuvre qui surprend. Elle ne conviendra pas à tout le monde, mais (les notes des aviseurs en sont témoins) convient très bien à certaines personnes. Il faut dire que l'autrice ne fait rien pour faciliter le travail d'un lecteur ou d'une lectrice : histoire cryptique avec de nombreuses clés de lectures permettant d'imaginer bon nombre de développement, personnages mutiques pendant une bonne partie du récit avant de dévoiler ce qui les ronge, arrivé d'un fantastique qui semble faire métaphore d'une peur, ou d'une reconstruction ... Bref, le récit demande un investissement de la part de son lectorat, tout en restant en essence très facile d'accès. Le récit est fluide, la lecture facile et l'ensemble, bien que conséquent, ne prend pas une heure à terminer.
En fait, ce qui est fascinant, c'est tout les détails que l'autrice ajoute pour parler visuellement. Les hommes par exemple : présence menaçante dès que l'un se présente dans le cadre (que ce soit justifié ou non), menace voilée pour ces deux femmes qui préfèrent les femmes. J'en connais qui s'insurgerait ("On est pas tous comme ça !") mais j'aime beaucoup que lorsque la BD part du regard de ces deux jeunes femmes, alors ils deviennent tous danger potentiel. Aucun visage d'homme ne sera montré, juste des dentition de sourire carnassier, incarnant les prédateurs qu'elles redoutent. Ce qui rejoint certaines thématiques développées dans le récit ... De même les choix visuels dans les différences de tailles joue particulièrement sur l'ambiance : grandes étendues vides, zones immenses et contraste de la petite voiture et sa petite caravane. Lorsque le trajet devient course-poursuite, le décor devient abstrait et toujours aussi grand, perdant deux petites femmes dans un monde semble-t-il toujours plus hostile.
La BD est dense et sa lecture interroge sur plein de points. Son sujet est dur, âme sensible s'abstenir, mais a quelque chose de réconfortant. La recherche d'une échappatoire à cela, essayant de s'en sortir malgré tout. Elle a surtout beaucoup de choses en elle, de petits détails qui ne semblent pas en être, de questionnements qui restent à la fin et qui font sa force. Je pense qu'elle a de quoi marquer ses lecteurs, Tillie Walden étant une autrice assez unique dans le paysage de la BD actuelle. Il est difficile de recommander cette BD si atypique, mais si vous avez l'impression que c'est pour vous, alors foncez !
Ce one-shot est adapté d'un roman qui se base sur les souvenirs d'enfances de l'écrivain Gaël Faye.
On parle encore une fois du génocide rwandais quoique cette fois-ci l'action va principalement se passer dans le Burundi voisin où les événements du Rwanda vont pourrir la relation entre les Tutsis et les Hutus. Ajoutons qu'en plus le personnage principal est issu d'une famille mixte et qu'il est à moitié Français par son père, ce qui fait qu'il vit plus confortablement que la plupart des gens du pays et qu'on va croiser quelques blancs dans son entourage qui ont encore des préjugés hérités des colonies.
Le héros et ses amis essayent le plus possible de continuer à vivre une enfance normale, mais petit à petit la violence s'installe et le comportement des adultes qui l'entourent change. Il va finir par grandir et vraiment comprendre ce qui se passe et son enfance innocente va disparaitre. C'est vraiment une BD sombre que je ne conseille pas à ceux qui n'aiment pas les récits qui rendent dépressif, surtout que c'est basé sur des faits réels, ça ne se passe pas dans un monde imaginaire. Le récit est captivant et certaines scènes sont très fortes et vraiment horribles. C'est une lecture qui m'a marqué et bouleversé parce qu'elle montre toute la violence dont l'être humain est capable pour des raisons absurdes.
J'avais cette BD dans le viseur pratiquement depuis sa sortie et lorsqu'elle a (enfin) été disponible dans ma bibliothèque je n'ai pas hésité une seconde. Et pour être franc, la lecture fut un poil décevante, sans doute parce que enhardi par les lectures que j'ai déjà fait sur la question capitalistique. Mais l'ouvrage reste très bien et apporte quelques réponses supplémentaires, surtout historique, sur la construction et la déconstruction du capitalisme.
La BD établie une famille fictive dont la généalogie va permettre d'avoir un aperçu du fonctionnement du capitalisme non-seulement sur les individus mais aussi dans le temps long par le biais de l'héritage. La BD met bien en lumière la façon dont le processus s’établit de manière même insidieuse, les nantis n'étant quasiment jamais conscient des mécanismes à l’œuvre dans l'établissement de la richesse, de même qu'ils ne perçoivent pas l'injustice profonde dont ils jouissent.
La Bd balaye le modèle économique des pays européens et des USA dans les grandes lignes sur pas mal d'années, avec les différentes tendances qui se sont dégagées ainsi que les échecs des politiques économiques (échecs dans la redistribution et l'équité, mais réussite sur le plan de l'enrichissement individuel). Elle met en lumière l'ampleur de cette arnaque que constitue le néo-libéralisme dont les effets sont aujourd'hui délétère pour nos sociétés, pour le climat et pour nos démocraties. Les auteurs se fendent d'ailleurs à la fin de propositions très intéressantes pour ne pas rester avec le gout amer de ce qui a été expliqué mais envisager d'autres voies pour s'en sortir. En tout cas ça ne passera pas par Macron, ça c'est sur !
La BD est bien servie par son dessin, simple mais très clair, qui arrive à faire passer la grosse quantité d'informations sans trop déboussoler. La lecture reste très fluide malgré la quantité de pages et même parfois amusantes. Mes réserves sont plus du côté personnel, constant que je ressors de cette BD sans finalement avoir appris grand-chose mais surtout parce que je me suis déjà bien intéressé au sujet de diverses manières et que finalement les sujets se recoupent. La BD est une bonne synthèse, une bonne première approche également, tout en restant accessible. Je laisse donc ma note à 4* mais je vais personnellement me concentrer sur des BD plus poussées sur le sujet.
J'ai eu la chance de rencontrer Stanislas Gros au festival de BD de Saint Denis en Val hier. Un auteur trop rare dont j'avais apprécié l'adaptation du Portrait de Dorian Gray sortie il y a déjà 17 ans (2008).
Sa ligne claire reste expressive et reconnaissable, mais on est ici dans un registre d'aventure-comédie beaucoup plus léger.
Malgré la présence de requins, robots à tête de mort et autres rats, l'histoire pourra convenir à un public assez jeune.
Je dirais que le ton se rapproche du Roi et l'oiseau ou de certaines séries animées des années 90 (Batman, Belphégor,...)
Il y a de belles trouvailles visuelles et des dialogues amusants.
Les personnages sont attachants et les 72 planches s'enchaînent rapidement. Comme diraient les poulpes : Il eût été dommage que vous passassiez à côte.
Note réelle : 3.5/5
Voilà une histoire différente qui ne suit aucun des tropes habituels des mangas (à part celui de l'immortel qui ne vieillit pas). Une histoire métaphysique, existentialiste et tragique, souvent émouvante. Il n'y a pas vraiment d'intrigue classique avec un protagoniste et un antagoniste, du moins au début.
Qui dit immortel, dit histoire au long cours avec différentes époques et autant d'arcs, de l'antiquité jusqu'à l'époque futuriste. L'arc contemporain est le moins original et intéressant de tous mais le manga se rattrape avec l'époque futuriste suivante (forcément une dystopie).
Vous saurez dès le premier chapitre si vous accrochez ou pas. Pour ma part, j'ai tout de suite aimé.
3.5
Je trouve cela très étrange que ce comics qui a plusieurs qualités n'ait pas été publié sur ce site jusqu'à présent alors qu'il est publié par un gros éditeur.
Encore une fois, on utilise le mythe arthurien, mais ici je trouve que c'est utilisé de manière originale. Un groupe de nationalistes aidé par une mystérieuse femme ressuscitent le roi Arthur, qui va détruire les ennemis de la Grande-Bretagne... sauf que le roi Arthur est un Breton et il n'aime pas les Anglo-Saxons, alors tout le monde est son ennemi maintenant ! Il y aura bien sûr un petit groupe de héros qui vont tout faire pour stopper Arthur et les machinations de Merlin. Ils sont un peu clichés (la vieille mentor manipulatrice qui sait tout, son petit-fils qui sait rien et sa copine potentielle), mais attachants. Il y a un bon mélange d'action, de comédie et de drame.
On retrouve le mythe d'Arthur, mais au fil des tomes on va aussi voir d'autres figures du folklore anglophone et européen. Je pense que les fans de 'Fables' vont bien apprécier ce mélange de mythes et de légendes. Le côté fantastique est tout de même parfois un peu difficile à comprendre, vu qu'on dirait que tout est possible et il faut avoir un peu de culture pour comprendre qui est qui, quoiqu'on voie surtout des figures mainstream de la littérature anglaise (donc on voit Beowulf et pas Rolland de la chanson de Rolland). Il y aussi des facilités dans le scénario, avec notamment les héros qui semblent capables de se déplacer un peu trop rapidement d'un endroit à un autre, mais bon cela reste du comics de divertissement de qualité.
Le dessin est dynamique et la mise en scène est très lisible.
Ben ça alors, moi qui y allais à reculons, je viens de me prendre une belle ruade dans le popotin.
Un album qui traîne sur ma pile à lire depuis plusieurs semaines, un cadeau de ma chère et tendre. Elle sait que j'aime les animaux, mais là je me suis dit : elle se moque de moi. En effet, il est question d'animaux, mais ici après un procès en bonne et due forme ils sont exécutés par pendaison, comme le veut la procédure fédérale des États-Unis. Horrible me suis-je dit. Et ben non, j'ai dévoré cet album d'une traite.
Un sujet qui peut prêter à sourire, mais il n'en est rien, une réalité qui n'était pas exclusive aux États-Unis, en fin d'album un petit récapitulatif de procès où les accusés sont des animaux et la France n'est pas épargnée.
On va suivre Jack Gilet, bourreau de son état pour animaux. Il se déplace dans tout le pays pour appliquer les condamnations. On va ainsi assister à la pendaison d'un mulet puis d'une truie et enfin de la chèvre Debbie. Et c'est à partir de cette exécution que Jack va devoir partager sa route avec un gamin psychopathe qui veut devenir bourreau, mais pour les humains et de Winifred la propriétaire de la défunte Debbie. Elle veut se venger. Un road movie d'exécution en exécution jusqu'à ce qui devrait être l'apothéose de sa carrière, pendre une éléphante (un fait hélas bien réel qui a eu lieu le 13 septembre 1916). Un Jack Gilet sous le joug de sa mère, un jeune garçon détestable à souhait et une Winifred attendrissante font tout le charme de cette histoire haute en couleur.
Un récit sur la souffrance animale et sur l'absurdité d'une telle pratique, le passage sur la pendaison d'un taureau est difficilement supportable. Bien que le déroulé du récit soit classique et assez prévisible, j'ai passé un excellent moment de lecture. C'est drôle, touchant et subtilement accompagné par des dialogues aux petits oignons.
C'est la première fois que je suis bluffé par le dessin de David Ratte, un dépaysement garanti. J'en ai pris plein les yeux, de superbes planches qui magnifient les contrées sauvages. Et l'utilisation de l'aquarelle sublime l'ensemble.
Superbe !
Une belle surprise.
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Wagner - L'histoire secrète des mercenaires de Poutine
Du Donbass au Sahel, deux journalistes de Jeune Afrique nous livrent un reportage en images sur la fameuse milice Wagner : l'histoire secrète des mercenaires de Poutine après 3 ans d'enquête. On a entendu beaucoup de choses et leurs contraires sur la tristement fameuse milice russe Wagner qu'il était bien commode de diaboliser autour de son patron Evgueni Prigojine, mais qui lui survit sans problème depuis sa mort en août 2023. Benjamin Roger et Mathieu Olivier sont tous deux journalistes : autant dire que cette BD n'est pas un album d'aventures de guerre mais une très sérieuse BD-reportage. Ils ont travaillé tous deux pour le magazine Jeune Afrique et connaissent donc parfaitement leur sujet. Thierry Chavant s'est engagé à leurs côtés pour illustrer cette enquête qui s'étend sur plusieurs années et plus d'un continent. Cette bande dessinée est une façon bien commode d'améliorer sa connaissance du sujet : l'ascension du groupe Wagner, les exactions commises, les enjeux financiers, la géopolitique africaine, ... Le récit est très documenté : basé sur les investigations des deux journalistes et les témoignages recueillis, c'est un gros travail de plusieurs années qui nous est résumé dans ces planches. [...] Nous ne sommes pas des soldats, juste des mercenaires Wagner. [...] On n'est pas ici pour les médailles ou vaincre les nazis, juste pour toucher la solde et rentrer en un seul morceau. [...] On est des mercenaires, pas des soldats ! Tout ça, c'est du business ! Simple et sans fioritures, le dessin de Thierry Chavant est tout au service du texte et il sait même s'estomper ou s'éloigner quand les horreurs sont trop dures pour notre regard. L'album, très pédagogique, use de la voix off, de témoignages et de dialogues entre personnages de fiction. Le récit est découpé en plusieurs mouvements (tel un drame lyrique wagnérien !) et n'hésite pas à faire des aller-retour entre les époques et les lieux pour nous brosser un tableau aussi intelligible que possible. Cet album est aussi le portrait des principaux dirigeants de Wagner : le fameux oligarque Evgueni Prigojine qui fit d'abord fortune dans la restauration (!) avant de s'associer avec un mercenaire expérimenté, Dimitri Outkine, qui sera le commandant opérationnel de Wagner, Prigojine restant le grand chef et le grand financier. Mais en bons journalistes, les auteurs ne se contentent pas des leaders médiatiques et nous avons droit à tous les principaux acteurs du groupe Wagner et quelques personnages de fiction pour fluidifier le récit. On retrouve même quelques figures de la diplomatie française ... qui ne sort pas vraiment grandie de ce tableau. Après quelques faits d'armes au Donbass en Ukraine en 2014 ou en Syrie en 2016, la "compagnie" (c'est le surnom interne de Wagner) se déploie à Bangui en CentrAfrique (sous la coupe de Bokassa jusqu'en 1996) et bientôt au Mali. Dans chaque pays, un scénario bien éprouvé se répète : corruption des dirigeants locaux, élimination des gêneurs, déploiement de mercenaires, formation de troupes locales, propagande anti-française et ... surexploitation des ressources minières (de l'or, notamment) qui sont exportées à l'étranger en toute illégalité, une contrebande source de gigantesques profits pour Wagner et la Russie. La diplomatie française sous-estimera l'influence grandissante de Wagner et des russes jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Dans le centre du Mali, en mars 2022, le village peul de Moura est le lieu d'un massacre perpétré au nom de la lutte anti-terroriste : plus de 500 victimes ... dont à peine une trentaine de djihadistes. Mais au plan militaire et face aux rebelles, les mercenaires de Wagner ne sont finalement pas beaucoup plus efficaces que leurs prédécesseurs européens ou américains : "l'État Islamique au Grand Sahara (EIGS), la filiale sahélienne de l'État Islamique, a repris progressivement pied". Bientôt la folle guerre d'Ukraine vient de nouveau brasser les cartes : le groupe Wagner y rapatrie le gros de ses troupes, dépense des millions de dollars et envoie au casse-pipe des dizaines de milliers de "volontaires" dont les fameux prisonniers de droit commun. Mais rapidement le torchon brûle entre Wagner et le Kremlin : en juin 2023, un convoi de mercenaires roule vers Moscou et il faudra la médiation du biélorusse Alexandre Loukachenko pour éteindre ce début d'incendie. Hélas, Prigogine et Outkine ont oublié que "Vladimir Poutine ne pardonne jamais la traîtrise. Le maître du Kremlin n'oublie jamais rien". C'est lui dont l'ombre menaçante et inquiétante clôture l'album !
Naduah
J'ai souvent souligné que le western est le genre que j'apprécie le moins, mais cette fois-ci je dois bien dire que le récit est bien plus intéressant que d'autres que j'ai pu lire. Déjà parce qu'on parle d'une femme, chose plus rare qu'on ne le pense, tandis que le récit s'articule non pas autour d'actes violents mais autour d'une vie. Une vie qui sera brisée par des actes violents ... Je ne connaissais pas l'histoire de Naduah, mais le récit est intéressant et original. J'ai apprécié ce détail de montrer le tout du point de vu d'une petite fille et de ne pas insister outre mesure sur les actes de violence. Seulement la vie de Naduah -ou ce que les auteurs en disent- et la façon dont l'humanité l'a dépossédé deux fois de ce qu'elle avait de vie. Loin des clichés de l'ouest sauvage, Naduah est une BD qui rappelle que ces scènes de films et de BD souvent dantesque et sanglante cachent également des souffrances pour les femmes. La BD est servie par un dessin qui colle tout à fait à l'atmosphère, avec une utilisation des décors et des couleurs qui plonge dans les grandes plaines. C'est beau, bien mené et je suis franchement content de l'avoir lu. Il est assez originale de tomber sur un tel récit et c'est ce qui me semble justifier ma note. La BD est un peu courte, quelques pages en plus n'auraient pas fait de mal. Mais oui, c'est sympa !
Retour à Tomioka
Une série jeunesse, mais le lecteur adulte que je suis ne l’a pas trouvée trop mièvre ou naïve. Mon ressenti serait de 3 étoiles tirant sur le niveau supérieur, j’arrondirai à 4 pour le public cible. En fait l’album arrive à évoquer un sujet sensible et grave (les conséquences de la catastrophe de Fukushima, la mort d’un être cher) en le faisant de façon douce, autour de deux gamins pleins de vie et de ressources. Deux gamins qui ont perdu leurs parents dans la catastrophe (le tsunami), et qui veulent à tout prix amener les cendres de leur grand-mère décédée dans sa maison abandonnée dans la zone fortement irradiée et désormais interdite. En particulier le plus jeune, Osamu, qui depuis les drames qui l’ont touché mélange rêve et réalité, préférant la compagnie des Yôkaï à celle des humains. L’album se lit vite, car il y a peu de textes. Et aussi parce que la narration est fluide, rythmée (c’est une sorte de course-poursuite entre Osamu, sa sœur Akiko, et les autorités contrôlant la zone dangereuse. Si les auteurs sont bien européens, on est dans un univers japonisant. Bien sûr pour le cadre. Mais aussi parce que le dessin de Michaël Crouzat – en particulier pour les visages et leurs expressions – joue sur des influences de manga. On est aussi parfois dans quelque chose de proche de ce que les studios Ghibli ont pu proposer (Miyazaki bien sûr, mais aussi Takahata), en particulier lorsque les Yokaï apparaissent, mais aussi pour la présence d’une nature plus que résiliente. Bon, ce sont surtout les plus jeunes qui y trouveront leur compte quand même. J’ai en particulier trouvé un peu trop grosses les ficelles pour tout ce qui touche aux interventions des autruches. Note réelle 3,5/5.
Sur la route de West
Voila une BD bien étrange et pourtant tout à fait dans le genre de ce que j'ai lu avec Dans un rayon de soleil qui présente des thématiques communes mais surtout les mêmes procédés qui ajoutent l'étrangeté au récit. Mélange de road-trip, fable, métaphore fantastique et histoire classique, "Sur la route de West" est indéniablement une œuvre qui surprend. Elle ne conviendra pas à tout le monde, mais (les notes des aviseurs en sont témoins) convient très bien à certaines personnes. Il faut dire que l'autrice ne fait rien pour faciliter le travail d'un lecteur ou d'une lectrice : histoire cryptique avec de nombreuses clés de lectures permettant d'imaginer bon nombre de développement, personnages mutiques pendant une bonne partie du récit avant de dévoiler ce qui les ronge, arrivé d'un fantastique qui semble faire métaphore d'une peur, ou d'une reconstruction ... Bref, le récit demande un investissement de la part de son lectorat, tout en restant en essence très facile d'accès. Le récit est fluide, la lecture facile et l'ensemble, bien que conséquent, ne prend pas une heure à terminer. En fait, ce qui est fascinant, c'est tout les détails que l'autrice ajoute pour parler visuellement. Les hommes par exemple : présence menaçante dès que l'un se présente dans le cadre (que ce soit justifié ou non), menace voilée pour ces deux femmes qui préfèrent les femmes. J'en connais qui s'insurgerait ("On est pas tous comme ça !") mais j'aime beaucoup que lorsque la BD part du regard de ces deux jeunes femmes, alors ils deviennent tous danger potentiel. Aucun visage d'homme ne sera montré, juste des dentition de sourire carnassier, incarnant les prédateurs qu'elles redoutent. Ce qui rejoint certaines thématiques développées dans le récit ... De même les choix visuels dans les différences de tailles joue particulièrement sur l'ambiance : grandes étendues vides, zones immenses et contraste de la petite voiture et sa petite caravane. Lorsque le trajet devient course-poursuite, le décor devient abstrait et toujours aussi grand, perdant deux petites femmes dans un monde semble-t-il toujours plus hostile. La BD est dense et sa lecture interroge sur plein de points. Son sujet est dur, âme sensible s'abstenir, mais a quelque chose de réconfortant. La recherche d'une échappatoire à cela, essayant de s'en sortir malgré tout. Elle a surtout beaucoup de choses en elle, de petits détails qui ne semblent pas en être, de questionnements qui restent à la fin et qui font sa force. Je pense qu'elle a de quoi marquer ses lecteurs, Tillie Walden étant une autrice assez unique dans le paysage de la BD actuelle. Il est difficile de recommander cette BD si atypique, mais si vous avez l'impression que c'est pour vous, alors foncez !
Petit pays
Ce one-shot est adapté d'un roman qui se base sur les souvenirs d'enfances de l'écrivain Gaël Faye. On parle encore une fois du génocide rwandais quoique cette fois-ci l'action va principalement se passer dans le Burundi voisin où les événements du Rwanda vont pourrir la relation entre les Tutsis et les Hutus. Ajoutons qu'en plus le personnage principal est issu d'une famille mixte et qu'il est à moitié Français par son père, ce qui fait qu'il vit plus confortablement que la plupart des gens du pays et qu'on va croiser quelques blancs dans son entourage qui ont encore des préjugés hérités des colonies. Le héros et ses amis essayent le plus possible de continuer à vivre une enfance normale, mais petit à petit la violence s'installe et le comportement des adultes qui l'entourent change. Il va finir par grandir et vraiment comprendre ce qui se passe et son enfance innocente va disparaitre. C'est vraiment une BD sombre que je ne conseille pas à ceux qui n'aiment pas les récits qui rendent dépressif, surtout que c'est basé sur des faits réels, ça ne se passe pas dans un monde imaginaire. Le récit est captivant et certaines scènes sont très fortes et vraiment horribles. C'est une lecture qui m'a marqué et bouleversé parce qu'elle montre toute la violence dont l'être humain est capable pour des raisons absurdes.
Capital & Idéologie
J'avais cette BD dans le viseur pratiquement depuis sa sortie et lorsqu'elle a (enfin) été disponible dans ma bibliothèque je n'ai pas hésité une seconde. Et pour être franc, la lecture fut un poil décevante, sans doute parce que enhardi par les lectures que j'ai déjà fait sur la question capitalistique. Mais l'ouvrage reste très bien et apporte quelques réponses supplémentaires, surtout historique, sur la construction et la déconstruction du capitalisme. La BD établie une famille fictive dont la généalogie va permettre d'avoir un aperçu du fonctionnement du capitalisme non-seulement sur les individus mais aussi dans le temps long par le biais de l'héritage. La BD met bien en lumière la façon dont le processus s’établit de manière même insidieuse, les nantis n'étant quasiment jamais conscient des mécanismes à l’œuvre dans l'établissement de la richesse, de même qu'ils ne perçoivent pas l'injustice profonde dont ils jouissent. La Bd balaye le modèle économique des pays européens et des USA dans les grandes lignes sur pas mal d'années, avec les différentes tendances qui se sont dégagées ainsi que les échecs des politiques économiques (échecs dans la redistribution et l'équité, mais réussite sur le plan de l'enrichissement individuel). Elle met en lumière l'ampleur de cette arnaque que constitue le néo-libéralisme dont les effets sont aujourd'hui délétère pour nos sociétés, pour le climat et pour nos démocraties. Les auteurs se fendent d'ailleurs à la fin de propositions très intéressantes pour ne pas rester avec le gout amer de ce qui a été expliqué mais envisager d'autres voies pour s'en sortir. En tout cas ça ne passera pas par Macron, ça c'est sur ! La BD est bien servie par son dessin, simple mais très clair, qui arrive à faire passer la grosse quantité d'informations sans trop déboussoler. La lecture reste très fluide malgré la quantité de pages et même parfois amusantes. Mes réserves sont plus du côté personnel, constant que je ressors de cette BD sans finalement avoir appris grand-chose mais surtout parce que je me suis déjà bien intéressé au sujet de diverses manières et que finalement les sujets se recoupent. La BD est une bonne synthèse, une bonne première approche également, tout en restant accessible. Je laisse donc ma note à 4* mais je vais personnellement me concentrer sur des BD plus poussées sur le sujet.
La Prisonnière
J'ai eu la chance de rencontrer Stanislas Gros au festival de BD de Saint Denis en Val hier. Un auteur trop rare dont j'avais apprécié l'adaptation du Portrait de Dorian Gray sortie il y a déjà 17 ans (2008). Sa ligne claire reste expressive et reconnaissable, mais on est ici dans un registre d'aventure-comédie beaucoup plus léger. Malgré la présence de requins, robots à tête de mort et autres rats, l'histoire pourra convenir à un public assez jeune. Je dirais que le ton se rapproche du Roi et l'oiseau ou de certaines séries animées des années 90 (Batman, Belphégor,...) Il y a de belles trouvailles visuelles et des dialogues amusants. Les personnages sont attachants et les 72 planches s'enchaînent rapidement. Comme diraient les poulpes : Il eût été dommage que vous passassiez à côte. Note réelle : 3.5/5
To your eternity
Voilà une histoire différente qui ne suit aucun des tropes habituels des mangas (à part celui de l'immortel qui ne vieillit pas). Une histoire métaphysique, existentialiste et tragique, souvent émouvante. Il n'y a pas vraiment d'intrigue classique avec un protagoniste et un antagoniste, du moins au début. Qui dit immortel, dit histoire au long cours avec différentes époques et autant d'arcs, de l'antiquité jusqu'à l'époque futuriste. L'arc contemporain est le moins original et intéressant de tous mais le manga se rattrape avec l'époque futuriste suivante (forcément une dystopie). Vous saurez dès le premier chapitre si vous accrochez ou pas. Pour ma part, j'ai tout de suite aimé.
Once & Future
3.5 Je trouve cela très étrange que ce comics qui a plusieurs qualités n'ait pas été publié sur ce site jusqu'à présent alors qu'il est publié par un gros éditeur. Encore une fois, on utilise le mythe arthurien, mais ici je trouve que c'est utilisé de manière originale. Un groupe de nationalistes aidé par une mystérieuse femme ressuscitent le roi Arthur, qui va détruire les ennemis de la Grande-Bretagne... sauf que le roi Arthur est un Breton et il n'aime pas les Anglo-Saxons, alors tout le monde est son ennemi maintenant ! Il y aura bien sûr un petit groupe de héros qui vont tout faire pour stopper Arthur et les machinations de Merlin. Ils sont un peu clichés (la vieille mentor manipulatrice qui sait tout, son petit-fils qui sait rien et sa copine potentielle), mais attachants. Il y a un bon mélange d'action, de comédie et de drame. On retrouve le mythe d'Arthur, mais au fil des tomes on va aussi voir d'autres figures du folklore anglophone et européen. Je pense que les fans de 'Fables' vont bien apprécier ce mélange de mythes et de légendes. Le côté fantastique est tout de même parfois un peu difficile à comprendre, vu qu'on dirait que tout est possible et il faut avoir un peu de culture pour comprendre qui est qui, quoiqu'on voie surtout des figures mainstream de la littérature anglaise (donc on voit Beowulf et pas Rolland de la chanson de Rolland). Il y aussi des facilités dans le scénario, avec notamment les héros qui semblent capables de se déplacer un peu trop rapidement d'un endroit à un autre, mais bon cela reste du comics de divertissement de qualité. Le dessin est dynamique et la mise en scène est très lisible.
À la poursuite de Jack Gilet
Ben ça alors, moi qui y allais à reculons, je viens de me prendre une belle ruade dans le popotin. Un album qui traîne sur ma pile à lire depuis plusieurs semaines, un cadeau de ma chère et tendre. Elle sait que j'aime les animaux, mais là je me suis dit : elle se moque de moi. En effet, il est question d'animaux, mais ici après un procès en bonne et due forme ils sont exécutés par pendaison, comme le veut la procédure fédérale des États-Unis. Horrible me suis-je dit. Et ben non, j'ai dévoré cet album d'une traite. Un sujet qui peut prêter à sourire, mais il n'en est rien, une réalité qui n'était pas exclusive aux États-Unis, en fin d'album un petit récapitulatif de procès où les accusés sont des animaux et la France n'est pas épargnée. On va suivre Jack Gilet, bourreau de son état pour animaux. Il se déplace dans tout le pays pour appliquer les condamnations. On va ainsi assister à la pendaison d'un mulet puis d'une truie et enfin de la chèvre Debbie. Et c'est à partir de cette exécution que Jack va devoir partager sa route avec un gamin psychopathe qui veut devenir bourreau, mais pour les humains et de Winifred la propriétaire de la défunte Debbie. Elle veut se venger. Un road movie d'exécution en exécution jusqu'à ce qui devrait être l'apothéose de sa carrière, pendre une éléphante (un fait hélas bien réel qui a eu lieu le 13 septembre 1916). Un Jack Gilet sous le joug de sa mère, un jeune garçon détestable à souhait et une Winifred attendrissante font tout le charme de cette histoire haute en couleur. Un récit sur la souffrance animale et sur l'absurdité d'une telle pratique, le passage sur la pendaison d'un taureau est difficilement supportable. Bien que le déroulé du récit soit classique et assez prévisible, j'ai passé un excellent moment de lecture. C'est drôle, touchant et subtilement accompagné par des dialogues aux petits oignons. C'est la première fois que je suis bluffé par le dessin de David Ratte, un dépaysement garanti. J'en ai pris plein les yeux, de superbes planches qui magnifient les contrées sauvages. Et l'utilisation de l'aquarelle sublime l'ensemble. Superbe ! Une belle surprise.