D’Ivan Brunetti, je connaissais déjà HO !, que j’avais plutôt apprécié, et qui me semble, à tous points de vue, d’un abord plus aisé pour qui ne connait pas cet auteur.
Parce qu’autant le dire tout de suite, il est assez clivant, et ce recueil (qui regroupe les numéros de la revue qu’il publiait chez Fantagraphics et diverses choses publiées dans pas mal de revues) n’est pas destiné à plaire à l’amateur exclusif de Franco-Belge.
Graphiquement, Brunetti use d’à peu près tous les styles, du réaliste (parfois), à divers styles plus ou moins caricaturaux, en allant vers des traits très simples parfois. Voilà pour les personnages, car les décors sont, eux, très souvent évacués.
Surtout, c’est la volonté évidente de Brunetti de faire du « rentre-dedans » qui saute aux yeux. En effet, beaucoup de passages sont remplis de scato, de trash, d’une certaine provocation, qui de mon point de vue perd de sa force par sa trop grande accumulation. Il est donc évident que le lecteur doit lire par petits bouts cette somme, pour ne pas se lasser. On est parfois proche de ce que certains auteurs ont pu publier dans des collectifs comme Le Dernier Cri.
D’autant plus que le texte est parfois très – trop – abondant (c’est le cas de la première histoire), et que la logorrhée verbale, assortie d’un dessin provocateur et souvent très petit (comme la police de caractère), n’aide pas à entrer dans l’univers de l’auteur. Il faut en tout mieux ne pas lire l’album d’un seul coup. Et je pense que ça a été mon erreur.
Comme pour d’autres auteurs de l’undergroud américain (comme Joe Matt par exemple), une grande partie des histoires (courtes ou longues) sont autobiographiques, et, comme Matt, Brunetti joue là aussi sur une autoflagellation, n’épargnant pas plus son alter ego que le lecteur, ou toute valeur de la société américaine.
Gros et long cri de haine, de dégoût, au milieu duquel le lecteur qui aura résisté au flot provocateur pourra trouver des clés de lecture d’une personnalité écorchée mais vive, qui ne semble pas aussi négative qu’elle cherche à nous le faire croire. Quelques petites pointes d’humour (noir évidemment) parsèment l’ensemble.
A feuilleter avant d’acheter, voire d’emprunter, c’est assez spécial (commencez avec l’ouvrage cité en début d’avis pour faire connaissance avec cet auteur).
Note réelle 2,5/5.
Je me rappelais de l'ancienne édition avec des albums à la couverture rose pastel, à l'époque auto-édités. Malheureusement ils n'avaient jamais croisé ma route et j'ai donc profité de l'intégrale Glénat pour rattraper ça. Il semblerait que l'histoire ait été réécrite et redessinée pour cette intégrale. On a David de Thuin qui fait le roi des bourdons car le héros a bon cœur et sauvé un bourdon, cela m'a rappelé un autre super héros, celui de Nicolas de Crécy avec super monsieur fruit. Devant une apparente légèreté de façade, surtout si on se fie de prime abord à ces dessins qui peuvent aussi bien cibler un jeune public qu'un lectorat adulte, le ton est tout de même sérieux avec un contexte familial compliqué, notamment avec son frère qui vit chez lui et sa mère qui ne reconnait plus. De plus il y a certainement une part d'autofiction, le personnage principal étant un jeune auteur de bande dessinée qui cherche à percer, du moins à vivre de son art.
Peut-on la ranger dans la catégorie humour. Oui, aussi bien que dans la catégorie roman graphique par les thèmes abordés. Cela se lit très bien, pas un chef d’œuvre non plus, j'ai déjà oublié comment ça se termine...
Le dessin animalier en ligne claire m’a directement fait penser à un mélange de Raymond Macherot et de Trondheim. C’est plutôt sympa à voir (même si un chat sans vibrisses, ça m’a longuement perturbé) mais à l’heure actuelle, voir une bande dessinée avec ce type de trait ne permet plus d’en deviner le ton.
Ici, le ton est assez sérieux. Nous suivons le parcours d’un jeune auteur de bandes dessinées qui galère pour se faire une place alors que sa mère est hospitalisée pour dégénérescence sénile (je vous avais prévenu). L’humour n’est pourtant pas absent et on se retrouve avec un ton doux-amer. Par ailleurs, l’auteur allume bien le milieu de l’édition.
A cet aspect ‘roman de vie’ s’ajoute une dimension plus fantaisiste, plus fantastique. En effet, le personnage principal va se retrouver doté de superpouvoirs pour… avoir sauvé un bourdon de la noyade. Il pourra ainsi concurrencer un autre superhéros veillant déjà sur la cité.
Cet aspect fantastique trouve une explication logique à la fin du récit, qui se termine donc avec ce sentiment d’avoir lu non pas un récit fantastique mais une œuvre plus intimiste, qui parle du mal-être, de la maladie mentale mais aussi de la difficulté de sortir une œuvre personnelle dans le monde de la bande dessinée.
Œuvre personnelle, cet album l’est assurément. L’approche du thème central est originale, le dessin animalier en ligne claire nous sort des stéréotypes du genre. Mais je ne suis quand même pas pleinement convaincu. Original, certes mais parfois un peu bancal dans sa construction et pas vraiment convainquant dans sa conclusion, il s’agit là pour moi d’un bon emprunt de bibliothèque mais ce n’est pas le genre d’album que je relirai régulièrement.
Tous les gags ne m’ont pas fait rire, loin de là, mais j’en ai tout de même suffisamment appréciés pour ne pas regretter mon achat. Tom Gauld développe un humour principalement basé sur l’opposition entre ses personnages inexpressifs et les situations absurdes dans lesquels il les place. D’autres gags déclinent des thématiques tout aussi absurdes comme des titres de livres ou des légendes de cartes de vœux destinés à des scientifiques.
Le format à l’italienne est, je pense, le format le mieux adapté pour ce genre de concept de gags en une case ou, plus rarement, en strips de trois cases. La taille assez réduite du livre est elle aussi adéquate, le style graphique de Tom Gauld étant très épuré.
J’avoue ne pas avoir compris certains gags mais j’en ai adoré d’autres. La plupart du temps, les plus convainquant étaient ceux mettant en scène des personnages humains. C’est en tous les cas, un livre d’humour à essayer. Je pense qu’un simple feuilletage vous permettra rapidement de voir si vous serez sensible à l’humour développé ou non.
Une des premières séries de Crisse, avec une héroïne encore enfant dans un univers de fantasy japonisante très sympathique. Je ne suis en général pas grande fan des univers fantasy mais je trouve que celui-ci ressemble à la fois au pays imaginaire de la série Olivier Rameau et aux mondes de Bambi et autres Disney, surtout dans le premier tome. Nahomi est une petite princesse qui s'ennuie dans le palais royal. Elle dispose de noisettes magiques qui lui permettent d'atteindre des mondes oniriques : ce premier volume reste très frais et enfantin avec la découverte du royaume du débonnaire roi Panda où Nahomi vivra plusieurs petites histoires. Dans les deux autres volumes, l'histoire suit plus les codes habituels de la fantasy, il s'agit d'éviter une guerre en combattant et en menant une sorte de quête. On voit que peu à peu Crisse affirme son style avec ses guerrières peu vêtues. Mais dans cette série de jeunesse, elles ne sont pas encore ''trop'' tout et restent à peu près humaines. Le dessin de Crisse dans les décors et les personnages imaginaires est fouillé et coloré. Ce Japon médiéval est fantasmé mais magnifique. Une bien agréable petite série adaptée aux jeunes ados (et aux plus grands).
Très bonne BD mais dans le genre glauque nordique... Faut aimer.
Les polars n'ont pas pour vocation de respirer la joie de vivre, certes, mais les romans scandinaves donnent souvent naissance à une espèce de tristesse du quotidien, dans laquelle surgissent des personnages qui fermentent des déviances psychologiques de longue haleine qui finissent par aboutir au drame.
Une atmosphère qui laisse un goût amer, avec le sentiment que rien de toute cette histoire n'aurait pu être évité.
Pourtant ça commence en été 1923 sous le soleil d'une balade à vélo de deux élégantes jeunes filles, l'une est une fille à papa perverse dont on suit les aventures, de ci-de là, avec une sorte de détachement.
Puis l'action se décale en 2003, une enquête débute par la découverte du corps sans vie de Sara, petite fille de la voisine de l'enquêteur. Le jeu consiste à raccorder les deux histoires, apparemment sans lien. Les romans de Läckberg mettent souvent en scène la vie privée des policiers en même temps que l'enquête, ce qui augmente l'impression de danger encouru.
Les dessins sont expressifs et colorés, les visages marqués et justes, ils évoquent facilement la profondeur des sentiments. Le deuxième de couverture représente des feuilles mortes sur un fond sombre, et même ces simples feuilles semblent être brassées dans un vent de mélancolie. Les décors du passé sont variés et les seconds rôles bien campés. Pour la partie contemporaine, le décors s'efface : seuls les personnages sont précis, le reste est réduit à quelques surfaces colorées. Et c'est ce vide silencieux qui reste après la lecture....
Un truc qui est sûr quand tu t’attaques à cette série, c’est que tu ne sais pas trop quelle direction tu vas prendre. Nous sommes sur un mélange des genres. On fleurte avec le polar mais on rajoute une dose de science-fiction avec quelques notions historiques. Et pourtant la lecture est aisée sans prise de tête avec de nombreux rebondissements.
Concernant le scénario, rien à dire. C’est fluide. Du suspens. Les personnages sont fouillés. Un bon moment de lecture en perspective. Mais. Oui il y a un mais. Le dessin est pourri. Le trait est épais. Les visages sont grotesques. Pourtant il y avait de la matière à se régaler pour dessiner des truands avec des tronches terribles. Il n y a que les oiseaux du tome 1 qui sont plutôt réussis. C’est trop peu.
Dans certaines cases, il n y a même pas de décor. Un fond bleu. Un fond jaune. Et voilà . Il est vrai que pour chaque album, nous sommes sur la base de 200 pages. Il faut sans doute faire vite pour boucler au plus vite la sortie des albums. Pas le temps de faire dans le détail. Et pourtant le graphisme a été réalisé à quatre mains !
Me concernant le travail est bâclé et cela altère bien évidemment la qualité de cette série. Quelle dommage.
Pour le côté histoire, je suis sur une notation 4 étoiles mais pour la partie dessin ma note est beaucoup plus sévère, avec un 2 étoiles seulement et c’est amplement suffisant. Note moyenne 3 étoiles.
Une histoire fouillée avec un scénario bien ourlé.
2 qualités pour ce livre :
1. La mécanique dramatique qui suit le parcours de deux personnages à des époques différentes et les deux histoires vont se rejoindre au cours de l'album. Il s'agit d'une adaptation d'un livre de Tatiana de Rosnay. Le sujet de la seconde guerre mondiale commence à nous fatiguer à force d'être remouliné sans cesse, mais ici, l'idée de nous l'apporter par une journaliste américaine qui doit faire un papier sur la rafle du vel d'hiv est renforcée par le fait qu'elle est sensée déménager dans un appartement qui a appartenu à des juifs en 1942. Son histoire personnelle va se trouver changée par ses recherches qui vont la pousser à chercher la petite Sarah 70 ans plus tard....
2. Le dessin est un lavis gris avec les têtes blondes des principaux protagonistes en 1942, et 2002 en gris tout simple. Les cases sont délimitées par le jus du lavis et dans une rondeur contrastée pour la période 42 et dans un gris pale plus carré pour la période actuelle. Je trouve le procédé à la fois simple efficace et très élégant, et vraiment agréable à suivre.
Cependant 3 bémols
1. Des silhouettes noires entourent l'histoire du passé, ce sont des miliciens, des nazis ou des policiers français, comme si le dessinateur n'avait pas souhaité leur donner un visage ; ce parti pris me gène parce qu'il laisse planer l'idée que ces gens étaient des monstres. Et malheureusement ce n'était que des humains.
2. Cette stylisation du problème est renforcée par des dialogues légèrement ampoulés, écrits plutôt qu'oraux et c'est vraiment gênant, tout du long. L'adaptation, ce n'est pas recoller les mots des dialogues du roman. Je pense qu'un style plus direct permettrait au lecteur de mieux s'identifier aux personnages.
3. Les seconds rôles manquent parfois un peu d'épaisseur, et je pense que c'est aussi dû à ces dialogues où chacun à le même niveau de langage, et donc les caractères sont gommés, vieux et jeunes, citadins et paysans, tous parlent de la même manière, cela rend lisse une situation qui ne l'était assurément pas.
Pour conclure, c'est une BD qui pourrait être étudiée en classe au collège, quand on parle de la seconde guerre mondiale, (on y voit les rôles de certains paysans qui ont aidé sans être résistants, de la police française) et faire aussi réfléchir sur les niveaux de langage, en français, sur les lavis en dessin... Bref un outil pédagogique transversal comme ils disent.
Une BD de compagnie, fraîche et actuelle.
Vous le savez peut-être, nous vivons une époque nouvelle où une part grandissante des ingénieurs et universitaires quittent leur travail ou leurs études pour réapprendre un métier dit "manuel". En réalité, on devrait dire "à part manuelle", parce que les relations avec les clients, les fournisseurs, l'organisation du travail, le choix de son équipe, la conception de son environnement de travail, sont des compétences relationnelles et intellectuelles, tout aussi nécessaires que le savoir faire purement technique (lui-même à part manuelle seulement).
Bref avec cette nouvelle vague de retour au local, au concret et à la bonne bouffe, cette BD tombe à pic et raconte le destin d'un fils de boucher.
Le dessin est très attachant, avec deux partis pris qui pourraient s'opposer mais finissent par se compléter
- une vivacité du trait qui ne rentre pas dans tous les détails, mais évoque le mouvement de la vie, et s’arrête sur les points importants avec humour et générosité.
- un coté un peu veille France que la première page illustre bien avec la vitrine symétrique, sa tête de vache dorée, le tablier , la vendeuse à forte poitrine et l'apprenti souriant, des prénoms et des noms choisis pour faire rire.
Le scénario a un petit problème de rythme puisqu'il décrit l'ascension du jeune homme dans tous ses détails avec un coté un peu documentaire même s'il reste chargé d'humour, et passe un peu vite sur les éléments dramatiques et familiaux qui auraient pu être exploités plus efficacement. Mais l'histoire est jolie et par moment surprenante. Les personnages ont une certaine épaisseur grâce aux dialogues savoureux et qui par des petits rien donnent des indices sur les caractères de chacun.
C'est une BD du moment, dont je conseille la lecture, roborative, (par son sujet comme par son épaisseur).
Pas mal, mais vraiment sans plus, comme le dit Agecanonix dans son avis, l'effet de surprise n'est plus là. J'ai abordé cet univers des terres d'Arran par le biais de la série Orcs et gobelins, est-ce dû au fait que je découvrais la chose, j'y ai en tout cas pris beaucoup de plaisir. Ici, avec ses mages, j'ai trouvé que les histoires étaient plutôt "plan-plan", exception faite peut être du troisième tome qui m'a semblé contenir un scénario un poil plus élaboré que les trois autres, on y trouve une dimension que je n'oserais qualifier de "Shakespearienne", mais au moins y a t'il une histoire qui se tient mieux que les autres.
Le dessin est plutôt agréable, comme dans l'autre série déjà cité aucun auteur ne se démarque vraiment, l'on dirait qu'il y a un cahier des charges et au final tout cela finit par se ressembler un peu.
Sans doute pas essentiel, cette série est cependant plaisante, je vais toutefois attendre un peu pour aller voir du côté de Elfes série du même univers mais qui me parait bien longue.
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Misery loves comedy
D’Ivan Brunetti, je connaissais déjà HO !, que j’avais plutôt apprécié, et qui me semble, à tous points de vue, d’un abord plus aisé pour qui ne connait pas cet auteur. Parce qu’autant le dire tout de suite, il est assez clivant, et ce recueil (qui regroupe les numéros de la revue qu’il publiait chez Fantagraphics et diverses choses publiées dans pas mal de revues) n’est pas destiné à plaire à l’amateur exclusif de Franco-Belge. Graphiquement, Brunetti use d’à peu près tous les styles, du réaliste (parfois), à divers styles plus ou moins caricaturaux, en allant vers des traits très simples parfois. Voilà pour les personnages, car les décors sont, eux, très souvent évacués. Surtout, c’est la volonté évidente de Brunetti de faire du « rentre-dedans » qui saute aux yeux. En effet, beaucoup de passages sont remplis de scato, de trash, d’une certaine provocation, qui de mon point de vue perd de sa force par sa trop grande accumulation. Il est donc évident que le lecteur doit lire par petits bouts cette somme, pour ne pas se lasser. On est parfois proche de ce que certains auteurs ont pu publier dans des collectifs comme Le Dernier Cri. D’autant plus que le texte est parfois très – trop – abondant (c’est le cas de la première histoire), et que la logorrhée verbale, assortie d’un dessin provocateur et souvent très petit (comme la police de caractère), n’aide pas à entrer dans l’univers de l’auteur. Il faut en tout mieux ne pas lire l’album d’un seul coup. Et je pense que ça a été mon erreur. Comme pour d’autres auteurs de l’undergroud américain (comme Joe Matt par exemple), une grande partie des histoires (courtes ou longues) sont autobiographiques, et, comme Matt, Brunetti joue là aussi sur une autoflagellation, n’épargnant pas plus son alter ego que le lecteur, ou toute valeur de la société américaine. Gros et long cri de haine, de dégoût, au milieu duquel le lecteur qui aura résisté au flot provocateur pourra trouver des clés de lecture d’une personnalité écorchée mais vive, qui ne semble pas aussi négative qu’elle cherche à nous le faire croire. Quelques petites pointes d’humour (noir évidemment) parsèment l’ensemble. A feuilleter avant d’acheter, voire d’emprunter, c’est assez spécial (commencez avec l’ouvrage cité en début d’avis pour faire connaissance avec cet auteur). Note réelle 2,5/5.
Le Roi des bourdons
Je me rappelais de l'ancienne édition avec des albums à la couverture rose pastel, à l'époque auto-édités. Malheureusement ils n'avaient jamais croisé ma route et j'ai donc profité de l'intégrale Glénat pour rattraper ça. Il semblerait que l'histoire ait été réécrite et redessinée pour cette intégrale. On a David de Thuin qui fait le roi des bourdons car le héros a bon cœur et sauvé un bourdon, cela m'a rappelé un autre super héros, celui de Nicolas de Crécy avec super monsieur fruit. Devant une apparente légèreté de façade, surtout si on se fie de prime abord à ces dessins qui peuvent aussi bien cibler un jeune public qu'un lectorat adulte, le ton est tout de même sérieux avec un contexte familial compliqué, notamment avec son frère qui vit chez lui et sa mère qui ne reconnait plus. De plus il y a certainement une part d'autofiction, le personnage principal étant un jeune auteur de bande dessinée qui cherche à percer, du moins à vivre de son art. Peut-on la ranger dans la catégorie humour. Oui, aussi bien que dans la catégorie roman graphique par les thèmes abordés. Cela se lit très bien, pas un chef d’œuvre non plus, j'ai déjà oublié comment ça se termine...
Le Roi des bourdons
Le dessin animalier en ligne claire m’a directement fait penser à un mélange de Raymond Macherot et de Trondheim. C’est plutôt sympa à voir (même si un chat sans vibrisses, ça m’a longuement perturbé) mais à l’heure actuelle, voir une bande dessinée avec ce type de trait ne permet plus d’en deviner le ton. Ici, le ton est assez sérieux. Nous suivons le parcours d’un jeune auteur de bandes dessinées qui galère pour se faire une place alors que sa mère est hospitalisée pour dégénérescence sénile (je vous avais prévenu). L’humour n’est pourtant pas absent et on se retrouve avec un ton doux-amer. Par ailleurs, l’auteur allume bien le milieu de l’édition. A cet aspect ‘roman de vie’ s’ajoute une dimension plus fantaisiste, plus fantastique. En effet, le personnage principal va se retrouver doté de superpouvoirs pour… avoir sauvé un bourdon de la noyade. Il pourra ainsi concurrencer un autre superhéros veillant déjà sur la cité. Cet aspect fantastique trouve une explication logique à la fin du récit, qui se termine donc avec ce sentiment d’avoir lu non pas un récit fantastique mais une œuvre plus intimiste, qui parle du mal-être, de la maladie mentale mais aussi de la difficulté de sortir une œuvre personnelle dans le monde de la bande dessinée. Œuvre personnelle, cet album l’est assurément. L’approche du thème central est originale, le dessin animalier en ligne claire nous sort des stéréotypes du genre. Mais je ne suis quand même pas pleinement convaincu. Original, certes mais parfois un peu bancal dans sa construction et pas vraiment convainquant dans sa conclusion, il s’agit là pour moi d’un bon emprunt de bibliothèque mais ce n’est pas le genre d’album que je relirai régulièrement.
Le Département des théories fumeuses
Tous les gags ne m’ont pas fait rire, loin de là, mais j’en ai tout de même suffisamment appréciés pour ne pas regretter mon achat. Tom Gauld développe un humour principalement basé sur l’opposition entre ses personnages inexpressifs et les situations absurdes dans lesquels il les place. D’autres gags déclinent des thématiques tout aussi absurdes comme des titres de livres ou des légendes de cartes de vœux destinés à des scientifiques. Le format à l’italienne est, je pense, le format le mieux adapté pour ce genre de concept de gags en une case ou, plus rarement, en strips de trois cases. La taille assez réduite du livre est elle aussi adéquate, le style graphique de Tom Gauld étant très épuré. J’avoue ne pas avoir compris certains gags mais j’en ai adoré d’autres. La plupart du temps, les plus convainquant étaient ceux mettant en scène des personnages humains. C’est en tous les cas, un livre d’humour à essayer. Je pense qu’un simple feuilletage vous permettra rapidement de voir si vous serez sensible à l’humour développé ou non.
Nahomi
Une des premières séries de Crisse, avec une héroïne encore enfant dans un univers de fantasy japonisante très sympathique. Je ne suis en général pas grande fan des univers fantasy mais je trouve que celui-ci ressemble à la fois au pays imaginaire de la série Olivier Rameau et aux mondes de Bambi et autres Disney, surtout dans le premier tome. Nahomi est une petite princesse qui s'ennuie dans le palais royal. Elle dispose de noisettes magiques qui lui permettent d'atteindre des mondes oniriques : ce premier volume reste très frais et enfantin avec la découverte du royaume du débonnaire roi Panda où Nahomi vivra plusieurs petites histoires. Dans les deux autres volumes, l'histoire suit plus les codes habituels de la fantasy, il s'agit d'éviter une guerre en combattant et en menant une sorte de quête. On voit que peu à peu Crisse affirme son style avec ses guerrières peu vêtues. Mais dans cette série de jeunesse, elles ne sont pas encore ''trop'' tout et restent à peu près humaines. Le dessin de Crisse dans les décors et les personnages imaginaires est fouillé et coloré. Ce Japon médiéval est fantasmé mais magnifique. Une bien agréable petite série adaptée aux jeunes ados (et aux plus grands).
Le Tailleur de pierre
Très bonne BD mais dans le genre glauque nordique... Faut aimer. Les polars n'ont pas pour vocation de respirer la joie de vivre, certes, mais les romans scandinaves donnent souvent naissance à une espèce de tristesse du quotidien, dans laquelle surgissent des personnages qui fermentent des déviances psychologiques de longue haleine qui finissent par aboutir au drame. Une atmosphère qui laisse un goût amer, avec le sentiment que rien de toute cette histoire n'aurait pu être évité. Pourtant ça commence en été 1923 sous le soleil d'une balade à vélo de deux élégantes jeunes filles, l'une est une fille à papa perverse dont on suit les aventures, de ci-de là, avec une sorte de détachement. Puis l'action se décale en 2003, une enquête débute par la découverte du corps sans vie de Sara, petite fille de la voisine de l'enquêteur. Le jeu consiste à raccorder les deux histoires, apparemment sans lien. Les romans de Läckberg mettent souvent en scène la vie privée des policiers en même temps que l'enquête, ce qui augmente l'impression de danger encouru. Les dessins sont expressifs et colorés, les visages marqués et justes, ils évoquent facilement la profondeur des sentiments. Le deuxième de couverture représente des feuilles mortes sur un fond sombre, et même ces simples feuilles semblent être brassées dans un vent de mélancolie. Les décors du passé sont variés et les seconds rôles bien campés. Pour la partie contemporaine, le décors s'efface : seuls les personnages sont précis, le reste est réduit à quelques surfaces colorées. Et c'est ce vide silencieux qui reste après la lecture....
Le Dernier Atlas
Un truc qui est sûr quand tu t’attaques à cette série, c’est que tu ne sais pas trop quelle direction tu vas prendre. Nous sommes sur un mélange des genres. On fleurte avec le polar mais on rajoute une dose de science-fiction avec quelques notions historiques. Et pourtant la lecture est aisée sans prise de tête avec de nombreux rebondissements. Concernant le scénario, rien à dire. C’est fluide. Du suspens. Les personnages sont fouillés. Un bon moment de lecture en perspective. Mais. Oui il y a un mais. Le dessin est pourri. Le trait est épais. Les visages sont grotesques. Pourtant il y avait de la matière à se régaler pour dessiner des truands avec des tronches terribles. Il n y a que les oiseaux du tome 1 qui sont plutôt réussis. C’est trop peu. Dans certaines cases, il n y a même pas de décor. Un fond bleu. Un fond jaune. Et voilà . Il est vrai que pour chaque album, nous sommes sur la base de 200 pages. Il faut sans doute faire vite pour boucler au plus vite la sortie des albums. Pas le temps de faire dans le détail. Et pourtant le graphisme a été réalisé à quatre mains ! Me concernant le travail est bâclé et cela altère bien évidemment la qualité de cette série. Quelle dommage. Pour le côté histoire, je suis sur une notation 4 étoiles mais pour la partie dessin ma note est beaucoup plus sévère, avec un 2 étoiles seulement et c’est amplement suffisant. Note moyenne 3 étoiles.
Elle s'appelait Sarah
Une histoire fouillée avec un scénario bien ourlé. 2 qualités pour ce livre : 1. La mécanique dramatique qui suit le parcours de deux personnages à des époques différentes et les deux histoires vont se rejoindre au cours de l'album. Il s'agit d'une adaptation d'un livre de Tatiana de Rosnay. Le sujet de la seconde guerre mondiale commence à nous fatiguer à force d'être remouliné sans cesse, mais ici, l'idée de nous l'apporter par une journaliste américaine qui doit faire un papier sur la rafle du vel d'hiv est renforcée par le fait qu'elle est sensée déménager dans un appartement qui a appartenu à des juifs en 1942. Son histoire personnelle va se trouver changée par ses recherches qui vont la pousser à chercher la petite Sarah 70 ans plus tard.... 2. Le dessin est un lavis gris avec les têtes blondes des principaux protagonistes en 1942, et 2002 en gris tout simple. Les cases sont délimitées par le jus du lavis et dans une rondeur contrastée pour la période 42 et dans un gris pale plus carré pour la période actuelle. Je trouve le procédé à la fois simple efficace et très élégant, et vraiment agréable à suivre. Cependant 3 bémols 1. Des silhouettes noires entourent l'histoire du passé, ce sont des miliciens, des nazis ou des policiers français, comme si le dessinateur n'avait pas souhaité leur donner un visage ; ce parti pris me gène parce qu'il laisse planer l'idée que ces gens étaient des monstres. Et malheureusement ce n'était que des humains. 2. Cette stylisation du problème est renforcée par des dialogues légèrement ampoulés, écrits plutôt qu'oraux et c'est vraiment gênant, tout du long. L'adaptation, ce n'est pas recoller les mots des dialogues du roman. Je pense qu'un style plus direct permettrait au lecteur de mieux s'identifier aux personnages. 3. Les seconds rôles manquent parfois un peu d'épaisseur, et je pense que c'est aussi dû à ces dialogues où chacun à le même niveau de langage, et donc les caractères sont gommés, vieux et jeunes, citadins et paysans, tous parlent de la même manière, cela rend lisse une situation qui ne l'était assurément pas. Pour conclure, c'est une BD qui pourrait être étudiée en classe au collège, quand on parle de la seconde guerre mondiale, (on y voit les rôles de certains paysans qui ont aidé sans être résistants, de la police française) et faire aussi réfléchir sur les niveaux de langage, en français, sur les lavis en dessin... Bref un outil pédagogique transversal comme ils disent.
Hector le Boucher
Une BD de compagnie, fraîche et actuelle. Vous le savez peut-être, nous vivons une époque nouvelle où une part grandissante des ingénieurs et universitaires quittent leur travail ou leurs études pour réapprendre un métier dit "manuel". En réalité, on devrait dire "à part manuelle", parce que les relations avec les clients, les fournisseurs, l'organisation du travail, le choix de son équipe, la conception de son environnement de travail, sont des compétences relationnelles et intellectuelles, tout aussi nécessaires que le savoir faire purement technique (lui-même à part manuelle seulement). Bref avec cette nouvelle vague de retour au local, au concret et à la bonne bouffe, cette BD tombe à pic et raconte le destin d'un fils de boucher. Le dessin est très attachant, avec deux partis pris qui pourraient s'opposer mais finissent par se compléter - une vivacité du trait qui ne rentre pas dans tous les détails, mais évoque le mouvement de la vie, et s’arrête sur les points importants avec humour et générosité. - un coté un peu veille France que la première page illustre bien avec la vitrine symétrique, sa tête de vache dorée, le tablier , la vendeuse à forte poitrine et l'apprenti souriant, des prénoms et des noms choisis pour faire rire. Le scénario a un petit problème de rythme puisqu'il décrit l'ascension du jeune homme dans tous ses détails avec un coté un peu documentaire même s'il reste chargé d'humour, et passe un peu vite sur les éléments dramatiques et familiaux qui auraient pu être exploités plus efficacement. Mais l'histoire est jolie et par moment surprenante. Les personnages ont une certaine épaisseur grâce aux dialogues savoureux et qui par des petits rien donnent des indices sur les caractères de chacun. C'est une BD du moment, dont je conseille la lecture, roborative, (par son sujet comme par son épaisseur).
Mages
Pas mal, mais vraiment sans plus, comme le dit Agecanonix dans son avis, l'effet de surprise n'est plus là. J'ai abordé cet univers des terres d'Arran par le biais de la série Orcs et gobelins, est-ce dû au fait que je découvrais la chose, j'y ai en tout cas pris beaucoup de plaisir. Ici, avec ses mages, j'ai trouvé que les histoires étaient plutôt "plan-plan", exception faite peut être du troisième tome qui m'a semblé contenir un scénario un poil plus élaboré que les trois autres, on y trouve une dimension que je n'oserais qualifier de "Shakespearienne", mais au moins y a t'il une histoire qui se tient mieux que les autres. Le dessin est plutôt agréable, comme dans l'autre série déjà cité aucun auteur ne se démarque vraiment, l'on dirait qu'il y a un cahier des charges et au final tout cela finit par se ressembler un peu. Sans doute pas essentiel, cette série est cependant plaisante, je vais toutefois attendre un peu pour aller voir du côté de Elfes série du même univers mais qui me parait bien longue.