J'étais passé complètement à côté de cette BD dans ma jeunesse, n'en ayant entendu parler que des années plus tard. Mais comme j'aime beaucoup Carlos Giménez et que j'aime la science-fiction, j'avais très envie de la découvrir. Et coup de chance, je suis tombé cette semaine sur un bouquiniste qui avait tous les albums sauf un.
Je dois me ranger aux avis des lecteurs précédents : c'est une série sympathique mais emplie de trop de défauts pour ne pas décevoir un peu un lecteur adulte.
Elle a tout de même une grande qualité à mes yeux : le graphisme de Gimenez que j'aime beaucoup. Un peu raide et influencé par d'autres auteurs pour les premières histoires, il me plait pourtant déjà, et il gagne ensuite en assurance et en autonomie pour les derniers tomes. J'aime son mélange entre des personnages semi réalistes et certains personnages secondaires, robots et IA, aux traits plus cartoons et humoristiques. Quant aux décors et véhicules, ils sont très inspirés des BD de science-fiction de l'époque, en particulier de Valérian, série dont on voit très vite que les deux auteurs espagnols ont essayé de se rapprocher quitte à parfois ressembler à un ersatz maladroit.
On notera rapidement que les éditeurs français n'ont pas publié les histoires dans leur ordre chronologique. C'est en effet le tome 2 français, "Le Cimetière de l'Espace", qui contient les vrais premiers épisodes de la série et en particulier l'explication de comment Daniel Blancor, adolescent des années 1970, s'est retrouvé projeté dans le futur et renommé Dani Futuro. Après cela, nous avons droit à des histoires courtes de taille variable, en moyenne une douzaine de pages, avant de devenir des histoires en un tome sur la fin de la série. D'abord limitées à un futur proche avec juste quelques planètes du système solaire colonisées par les humains, elles tourneront à du Space Opera sans limite avec des civilisations humaines partout dans l'univers et un gros gloubi-boulga sans cohérence scientifique qui mélange les galaxies, les nébuleuses et autres objets interstellaires comme on pouvait en trouver dans les pulps de science-fiction aventureuse.
Comme les ingrédients sont très proches de ceux de la série Valérian, on aurait pu obtenir des intrigues aussi bonnes et variées, mais celles de Dani Futuro sont bien plus basiques et convenues, bien plus enfantines aussi. La majorité reprennent une trame similaire de la découverte d'un nouveau lieu/nouvelle planète, d'un peuple en danger ou asservi, d'un méchant à combattre, et du gentil ado et de sa copine qui triomphent du mal et tout le monde est content à la fin. Certaines histoires sortent un peu de ce carcan stéréotypé, comme notamment "Une Planète en Héritage" qui a l'originalité de ne pas avoir Dani pour héros mais seulement sa copine Iris et d'autres protagonistes. Mais pour le reste, les intrigues sont trop désuètes et immatures pour satisfaire un lecteur moderne et adulte.
Seul demeure le dessin que je trouve toujours excellent et que j'aurais aimé voir mis au service d'un scénario de SF plus abouti et plus original.
Un polar rural qui se déroule volontairement sur un rythme atone. Très peu de personnages, des paysages désertiques entièrement recouverts de neige et deux fermes isolées, tout concourt finalement à écraser l’intrigue et à la ramener à quelques bribes auxquelles le lecteur doit se raccrocher pour suivre.
Au milieu de ce quasi néant, deux vieux garçons taiseux (les « dialogues » entre l’un deux et son chien sont presque les plus développés) dans leur ferme. L’aspect polar arrive sans s’imposer franchement. Ça n’est que vers la fin – et encore assez brutalement – que le lecteur est éclairé par rapport à certains comportements.
Dessin et colorisation accompagnent bien le récit et sont eux aussi très sobres. Quelques taches de couleurs (souvent du rouge sang) tranchent avec un ensemble très blanc ou grisâtre.
Un récit qui se laisse lire, mais il m’a manqué quelque chose (je ne saurais trop préciser quoi) pour que je le trouve plus captivant. Je reste un peu sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Heredia est un nom qui me disait quelque chose, mais en fait je ne connaissais – sans l’avoir lu – que celui du poète Jose-Maria de Heredia, m’étonnant bêtement de ne pas voir évoqué ce pan de sa vie dans cette biographie. Bref, erreur corrigée au bout d’un moment, cet album m’ayant fait découvrir ce personnage ayant joué un rôle relativement important dans la vie politique parisienne puis française du dernier quart du XIXème siècle.
Sa trajectoire est intéressante, illustrant la fin de l’esclavage dans les colonies, et l’évolution sociale et politique en France durant cette période. Sa trajectoire personnelle est tout aussi intéressante. Débutant sa vie française (il est l’héritier d’une riche famille de planteurs de la Havane) comme un noceur, il va peu à peu s’assagir – dans sa vie familiale, finalement très rangée et bourgeoise – comme dans sa vie professionnelle et politique.
Républicain, radical de gauche, il va voter la plupart des textes (loi autorisant les syndicat, lois Ferry sur l’instruction, diminution du temps de travail) réformateurs de l’époque, se montrant souvent engagé (modérément, puisqu'il oppose pas mal de tabous bourgeois aux idées communardes et communistes) et en avance sur son époque (concernant les femmes par exemple).
J’ai juste un peu tiqué par rapport au ton un peu hagiographique d’Ozanam. On a l’impression parfois que c’est Heredia qui à lui tout seul donne le ton, imprime le mouvement, est LE type et homme politique parfait, à nos yeux contemporains. C’est un peu exagéré, manichéen, et peut-être anachronique. Et, à vouloir ne montrer que le beau côté de la médaille, certaines contradictions sont masquée. Ainsi sur toute une page Heredia critique les zoos humains. Il a effectivement raison de le faire, mais pour le coup c'est très anachronique pour un homme politique de l'époque. Surtout, dans la même page, il défend la colonisation et l'empire colonial français. Or, les zoos humains sont une cause de la colonisation, par la propagande diffusée (ils entretiennent une imagerie positive du point de vue du colonisateur et diffuse des stéréotypes racistes). L'un ne va pas sans l'autre.
Mais je suis quand même content d’avoir pu découvrir ce personnage, sûrement moins important qu’Ozanam nous le laisse croire, mais en tout cas qui ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il est tombé (et les attaques dont il a fait l’objet dans les années 1880-90, sur ses origines, sa couleur de peau, ses ascendances en partie juives, etc. me le rendent par réaction plus estimable, moi qui hais xénophobie et racisme).
Dans une petite maison au fond de la forêt, un père vit avec ses deux filles et leur raconte des histoires pour les consoler de la mort de leur mère. Mais quand les deux fillettes ramènent une renarde blessée chez elles, le père s'énerve d'apprendre que la plus âgée a utilisé une mélodie capable de soigner les blessures. Malheureuse, Erinn s'enfuit dans la forêt, plus tard suivie par sa sœur et la renarde. Là, par-delà le lac, elles vont réaliser que les contes rejoignent la réalité.
Malgré son titre, cette histoire n'adapte aucune légende Irlandaise en particulier mais s'inspire de leur culture et en emprunte quelques éléments. Après une poignée de pages d'introduction à la manière d'illustrations un peu naïves, l'autrice révèle son véritable graphisme qui est très joli. C'est un trait aérien et lâché rappelant celui de Cyril Pedrosa rehaussé de belles couleurs vivantes et légèrement pastels. Ce graphisme instaure une atmosphère de conte tendre, de beauté mais aussi de légèreté comme notamment dans la représentation de la renarde qui dégage un réel humour avec sa mèche qui lui masque les yeux et ses pancartes pour s'exprimer.
L'histoire tient effectivement du conte tout en mélangeant de nombreux thèmes tels que le secret de famille, le deuil, la confiance en soi ou encore le rejet des préjugés. La majorité des personnages sont très bons, en particulier les deux fillettes, la renarde et la vieille femme. J'aime moins par contre le comportement du père qui s'explique mal, ainsi que celui de l'antagoniste qui est un peu trop lisse et manichéen. Si l'intrigue tient la route et présente beaucoup de bons passages, je trouve toutefois qu'elle s'éparpille un peu trop au risque de briser son rythme et de perdre le lecteur dans une succession de péripéties parfois dispensables, comme celles dans les ruines du temple.
Cette légère confusion et ce problème de rythme m'ont empêché de savourer pleinement une histoire qui pourtant fourmille de qualités et qui est superbement mise en images.
Après 70 ans de silence Guy-Pierre Gautier a exprimé le besoin de transmettre une mémoire utile aux jeunes générations. C'est son petit fils, Tiburce Oger qui recueille et met en forme le récit poignant du résistant déporté. Oger livre un récit sobre et précis. A partir d'une scène initiale de remise de décoration, la chronologie remonte aux années 20/30 pour un bref rappel de la situation familiale de Guy-Pierre. La suite se déroule d'un façon simple en suivant la chronologie des événements. L'action résistante du jeune homme d'abord via des tracts puis des sabotages au sein des FTPF. Le récit ne fait pas dans l’esbroufe, la région n'est pas sous pression sauf sur la base sous-marine de La Rochelle et c'est presque avec surprise que l'on retrouve Guy-Pierre en prison (française). Les faits, les dates et les noms des amis sont là qui rendent la narration comme un quasi documentaire presque distant. L'intensité augmente un moment au moment des interrogatoires pour retomber quelque peu. Puis c'est l'épisode de Dachau à mon avis le plus marquant du récit. Personnellement c'est cette dernière partie qui m'a le plus saisi. Si les deux premières parties m'ont semblé en retrait par rapport à une œuvre comme Madeleine, résistante; la partie déportation est bouleversante et sincère. Là encore il y a beaucoup de précisions dans les dates, les organisations et le vécu au quotidien des prisonniers.
Si le graphisme proposé par Oger n'est pas mon préféré il colle parfaitement bien au récit. C'est surtout vrai pour les scènes d'interrogatoires ou la partie sur Dachau. Ces visages meurtris et ces corps tordus et déformés rendent très bien les souffrances endurées.
Une bonne lecture pour faire mémoire. Un bon 3.
J’ai lu la réédition parue chez Mangetsu. Ils ont gardé la couverture de Tonkam, mais ont dû ajouter du contenu. En effet, les posteurs précédents ne parlent que de Frankenstein (ou alors de deux histoires supplémentaires), alors qu’ici il y en a dix en sus de celle qui donne son titre au recueil.
L’histoire de Frankenstein entame ce recueil, et les amateurs de ce récit y retrouveront quelque chose de très classique, un roman noir et gothique que Junji Ito revisite en n’apportant pas trop de touche personnelle. Ça reste presque en retrait de ce qu’il fait d’habitude (à part les apparitions des créatures de Frankenstein, ou quelques cases en gros plans d’une femme guillotinée).
Les histoires qui accompagnent ce classique sont inégales, et sans doute issues de périodes différentes du maître japonais de l’horreur. Elles sont de plus en plus croutes. Mais la plupart mettent en avant un fantastique qui joue sur le gore, un malaise, pour emporter le lecteur à l’écart de la norme et du réel – tout en s’y enfouissant. I y a là quelque chose de plus proche de ce que fait Ito, j’ai presque préféré certaines de ces petites histoires au récit presque « retenu » - visuellement en tout cas – de Frankenstein.
Un recueil qui plaira aux amateurs d’Ito je pense (son dessin au trait fin et classique, clair et fluide, puis sombre et nerveux lorsque l’horreur s’invite, est toujours aussi réussi).
Enquête fouillée et roborative.
A l'époque où Giscard était président, Action Directe essayait de faire trembler le capitalisme en faisant exploser des bureaux de grandes entreprises, en assassinant des patrons... Pour assurer leur clandestinité et trouver les moyens de leurs projets, ils réalisaient aussi des braquages spectaculaires.
Les services du renseignement français étaient sur les dents et c'est cette histoire que raconte l'escamoteur.
En particulier l'histoire d'un indicateur étrange et fascinant.
Ce documentaire est mis en image dans des lavis sépia ou gris de Payne suivant les époques représentées.
Le visage séducteur de Gabriel Chahine, l'escamoteur, est suffisamment réussit pour nous faire avaler ses aventures parfaitement invraisemblables et pourtant réelles...
Cette BD fait revivre une époque suffisament recente pour que ses acteurs soit encore vivants mais assez éloignée pour que l'évolution des mentalités apparaisse de manière intéressante. Il s'agit d'une sorte de roman d'aventure ou tout est vrai. L'imaginaire des films de gangster devenu réalité, avec les moyens du bord.
Les terroristes d'hier et ceux d'aujourd'hui se confrontent dans notre esprit. La justification religieuse a remplacé la justification politique.
En réalité, ces groupuscules semblent le résultat d'une sorte de vide dans l'espoir présenté aux nouvelles générations.
L'action violente a toujours entraîné des retours de manivelle bien légitimes. Contre le capitalisme, des films, des BD, l'économie sociale et solidaire, les réglementations environnementales, certains economistes, le GIEC commencent à créer une nébuleuse qui imagine la fin du capitalisme tardif... Mais la société de consommation, elle, semble difficile à déboulonner.
Cette BD m'a intéressée mais elle peut véhiculer une certaine tristesse devant le renouvellement incessant des jeunesses exaspérées et désespérées qui se tirent des balles dans le pied , plutôt que de pousser légèrement et continuement vers d'autres horizons... En diminuant sa consommation et donc son "niveau de vie".
Une biographie romancé sur la gangster Virginia Hill qui a réussit a tenir le coup dans un univers d'hommes.
Un bon point pour cette biographie est que c'est long donc on peut développer sur la vie de Virginia Hill sans aller trop vite. Dommage toutefois que cela devient un peu répétitif et qu'on ne verre rien de sa vie durant ses dernières années d'existence, donnant ainsi une fin très expédié alors que je voulais voir ce qui lui arrivait ensuite. C'est intéressant de voir le milieu criminel d'un point de vue féminin, mais si au final j'ai pas eu l'impression d'avoir découvert une nouvelle facette de la mafia.
Je suis un peu mitigé face au dessin. Il est pas mauvais, mais je le trouve un peu trop expressif sur plusieurs cases comme si on était dans une série humoristique. J'ai rien contre un peu d'humour, par sur certaines scènes on dirait presqu'on est dans une série parodique ou un truc comme ça. Au final, une biographie qui parle d'une femme haute en couleur, mais qui ne m'a pas trop marqué.
Du médiéval fantastique à la fois classique et original. On est plongé dans la Bohême au tournant de l'an mil, à l'heure où les croyances populaires se mêlent aux superstitions chrétiennes. Et un dragon pointe le bout de son nez...
L'intrigue n'abuse jamais du fantastique, et le dragon lui-même n'est pas trop présent. Inspirée de légendes millénaires, cette histoire se laisse lire agréablement.
Le dessin est assez spécial, mais je m'y suis fait. J'ai par contre d'emblée beaucoup aimé la colorisation.
Je découvre ces auteurs tchèques avec cet album. Je serais curieux de voir ce qu'ils feront par la suite.
Une lecture sympathique, de laquelle j'attendais sans doute davantage.
Le dessin est simple, agréable et très lisible, mais sans trop de détails. Disons qu'il fait le travail et est assez expressif.
Mais je l'aurais bien vu davantage jouer sur du caricatural comique. Car je pensais que ça allait partir dans cette direction.
En fait c'est une sorte de satire de l'emballement médiatique, des réseaux sociaux en particulier (l'ex Twitter est ici singé), après qu'un photographe amateur ait photographié une bestiole bizarre au fin fond de l’Écosse, surtout après qu'il ait mis ces photos sur les réseaux sociaux.
A côté de ça une multinationale énigmatique menant des expériences secrètes cherche à ne pas apparaître au grand jour.
L'histoire se laisse lire, mais m'a laissé sur ma faim. En effet, par delà les quelques invraisemblances (autour de la bestiole photographiée), j'ai trouvé que la plupart des idées étaient peu développées. C'est le cas du rôle de la multinationale, ou de l'aspect vaguement polar autour du hacker. Mais c'est aussi le cas finalement de l'emballement médiatique lui-même. Tout se finit un peu brutalement sans pousser les explications.
Du pas mal sans plus me concernant.
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Dani Futuro
J'étais passé complètement à côté de cette BD dans ma jeunesse, n'en ayant entendu parler que des années plus tard. Mais comme j'aime beaucoup Carlos Giménez et que j'aime la science-fiction, j'avais très envie de la découvrir. Et coup de chance, je suis tombé cette semaine sur un bouquiniste qui avait tous les albums sauf un. Je dois me ranger aux avis des lecteurs précédents : c'est une série sympathique mais emplie de trop de défauts pour ne pas décevoir un peu un lecteur adulte. Elle a tout de même une grande qualité à mes yeux : le graphisme de Gimenez que j'aime beaucoup. Un peu raide et influencé par d'autres auteurs pour les premières histoires, il me plait pourtant déjà, et il gagne ensuite en assurance et en autonomie pour les derniers tomes. J'aime son mélange entre des personnages semi réalistes et certains personnages secondaires, robots et IA, aux traits plus cartoons et humoristiques. Quant aux décors et véhicules, ils sont très inspirés des BD de science-fiction de l'époque, en particulier de Valérian, série dont on voit très vite que les deux auteurs espagnols ont essayé de se rapprocher quitte à parfois ressembler à un ersatz maladroit. On notera rapidement que les éditeurs français n'ont pas publié les histoires dans leur ordre chronologique. C'est en effet le tome 2 français, "Le Cimetière de l'Espace", qui contient les vrais premiers épisodes de la série et en particulier l'explication de comment Daniel Blancor, adolescent des années 1970, s'est retrouvé projeté dans le futur et renommé Dani Futuro. Après cela, nous avons droit à des histoires courtes de taille variable, en moyenne une douzaine de pages, avant de devenir des histoires en un tome sur la fin de la série. D'abord limitées à un futur proche avec juste quelques planètes du système solaire colonisées par les humains, elles tourneront à du Space Opera sans limite avec des civilisations humaines partout dans l'univers et un gros gloubi-boulga sans cohérence scientifique qui mélange les galaxies, les nébuleuses et autres objets interstellaires comme on pouvait en trouver dans les pulps de science-fiction aventureuse. Comme les ingrédients sont très proches de ceux de la série Valérian, on aurait pu obtenir des intrigues aussi bonnes et variées, mais celles de Dani Futuro sont bien plus basiques et convenues, bien plus enfantines aussi. La majorité reprennent une trame similaire de la découverte d'un nouveau lieu/nouvelle planète, d'un peuple en danger ou asservi, d'un méchant à combattre, et du gentil ado et de sa copine qui triomphent du mal et tout le monde est content à la fin. Certaines histoires sortent un peu de ce carcan stéréotypé, comme notamment "Une Planète en Héritage" qui a l'originalité de ne pas avoir Dani pour héros mais seulement sa copine Iris et d'autres protagonistes. Mais pour le reste, les intrigues sont trop désuètes et immatures pour satisfaire un lecteur moderne et adulte. Seul demeure le dessin que je trouve toujours excellent et que j'aurais aimé voir mis au service d'un scénario de SF plus abouti et plus original.
Grossir le ciel
Un polar rural qui se déroule volontairement sur un rythme atone. Très peu de personnages, des paysages désertiques entièrement recouverts de neige et deux fermes isolées, tout concourt finalement à écraser l’intrigue et à la ramener à quelques bribes auxquelles le lecteur doit se raccrocher pour suivre. Au milieu de ce quasi néant, deux vieux garçons taiseux (les « dialogues » entre l’un deux et son chien sont presque les plus développés) dans leur ferme. L’aspect polar arrive sans s’imposer franchement. Ça n’est que vers la fin – et encore assez brutalement – que le lecteur est éclairé par rapport à certains comportements. Dessin et colorisation accompagnent bien le récit et sont eux aussi très sobres. Quelques taches de couleurs (souvent du rouge sang) tranchent avec un ensemble très blanc ou grisâtre. Un récit qui se laisse lire, mais il m’a manqué quelque chose (je ne saurais trop préciser quoi) pour que je le trouve plus captivant. Je reste un peu sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Severiano de Heredia - Élu de la République
Heredia est un nom qui me disait quelque chose, mais en fait je ne connaissais – sans l’avoir lu – que celui du poète Jose-Maria de Heredia, m’étonnant bêtement de ne pas voir évoqué ce pan de sa vie dans cette biographie. Bref, erreur corrigée au bout d’un moment, cet album m’ayant fait découvrir ce personnage ayant joué un rôle relativement important dans la vie politique parisienne puis française du dernier quart du XIXème siècle. Sa trajectoire est intéressante, illustrant la fin de l’esclavage dans les colonies, et l’évolution sociale et politique en France durant cette période. Sa trajectoire personnelle est tout aussi intéressante. Débutant sa vie française (il est l’héritier d’une riche famille de planteurs de la Havane) comme un noceur, il va peu à peu s’assagir – dans sa vie familiale, finalement très rangée et bourgeoise – comme dans sa vie professionnelle et politique. Républicain, radical de gauche, il va voter la plupart des textes (loi autorisant les syndicat, lois Ferry sur l’instruction, diminution du temps de travail) réformateurs de l’époque, se montrant souvent engagé (modérément, puisqu'il oppose pas mal de tabous bourgeois aux idées communardes et communistes) et en avance sur son époque (concernant les femmes par exemple). J’ai juste un peu tiqué par rapport au ton un peu hagiographique d’Ozanam. On a l’impression parfois que c’est Heredia qui à lui tout seul donne le ton, imprime le mouvement, est LE type et homme politique parfait, à nos yeux contemporains. C’est un peu exagéré, manichéen, et peut-être anachronique. Et, à vouloir ne montrer que le beau côté de la médaille, certaines contradictions sont masquée. Ainsi sur toute une page Heredia critique les zoos humains. Il a effectivement raison de le faire, mais pour le coup c'est très anachronique pour un homme politique de l'époque. Surtout, dans la même page, il défend la colonisation et l'empire colonial français. Or, les zoos humains sont une cause de la colonisation, par la propagande diffusée (ils entretiennent une imagerie positive du point de vue du colonisateur et diffuse des stéréotypes racistes). L'un ne va pas sans l'autre. Mais je suis quand même content d’avoir pu découvrir ce personnage, sûrement moins important qu’Ozanam nous le laisse croire, mais en tout cas qui ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il est tombé (et les attaques dont il a fait l’objet dans les années 1880-90, sur ses origines, sa couleur de peau, ses ascendances en partie juives, etc. me le rendent par réaction plus estimable, moi qui hais xénophobie et racisme).
La Princesse d'Hazelwood - Une légende Irlandaise
Dans une petite maison au fond de la forêt, un père vit avec ses deux filles et leur raconte des histoires pour les consoler de la mort de leur mère. Mais quand les deux fillettes ramènent une renarde blessée chez elles, le père s'énerve d'apprendre que la plus âgée a utilisé une mélodie capable de soigner les blessures. Malheureuse, Erinn s'enfuit dans la forêt, plus tard suivie par sa sœur et la renarde. Là, par-delà le lac, elles vont réaliser que les contes rejoignent la réalité. Malgré son titre, cette histoire n'adapte aucune légende Irlandaise en particulier mais s'inspire de leur culture et en emprunte quelques éléments. Après une poignée de pages d'introduction à la manière d'illustrations un peu naïves, l'autrice révèle son véritable graphisme qui est très joli. C'est un trait aérien et lâché rappelant celui de Cyril Pedrosa rehaussé de belles couleurs vivantes et légèrement pastels. Ce graphisme instaure une atmosphère de conte tendre, de beauté mais aussi de légèreté comme notamment dans la représentation de la renarde qui dégage un réel humour avec sa mèche qui lui masque les yeux et ses pancartes pour s'exprimer. L'histoire tient effectivement du conte tout en mélangeant de nombreux thèmes tels que le secret de famille, le deuil, la confiance en soi ou encore le rejet des préjugés. La majorité des personnages sont très bons, en particulier les deux fillettes, la renarde et la vieille femme. J'aime moins par contre le comportement du père qui s'explique mal, ainsi que celui de l'antagoniste qui est un peu trop lisse et manichéen. Si l'intrigue tient la route et présente beaucoup de bons passages, je trouve toutefois qu'elle s'éparpille un peu trop au risque de briser son rythme et de perdre le lecteur dans une succession de péripéties parfois dispensables, comme celles dans les ruines du temple. Cette légère confusion et ce problème de rythme m'ont empêché de savourer pleinement une histoire qui pourtant fourmille de qualités et qui est superbement mise en images.
Ma guerre
Après 70 ans de silence Guy-Pierre Gautier a exprimé le besoin de transmettre une mémoire utile aux jeunes générations. C'est son petit fils, Tiburce Oger qui recueille et met en forme le récit poignant du résistant déporté. Oger livre un récit sobre et précis. A partir d'une scène initiale de remise de décoration, la chronologie remonte aux années 20/30 pour un bref rappel de la situation familiale de Guy-Pierre. La suite se déroule d'un façon simple en suivant la chronologie des événements. L'action résistante du jeune homme d'abord via des tracts puis des sabotages au sein des FTPF. Le récit ne fait pas dans l’esbroufe, la région n'est pas sous pression sauf sur la base sous-marine de La Rochelle et c'est presque avec surprise que l'on retrouve Guy-Pierre en prison (française). Les faits, les dates et les noms des amis sont là qui rendent la narration comme un quasi documentaire presque distant. L'intensité augmente un moment au moment des interrogatoires pour retomber quelque peu. Puis c'est l'épisode de Dachau à mon avis le plus marquant du récit. Personnellement c'est cette dernière partie qui m'a le plus saisi. Si les deux premières parties m'ont semblé en retrait par rapport à une œuvre comme Madeleine, résistante; la partie déportation est bouleversante et sincère. Là encore il y a beaucoup de précisions dans les dates, les organisations et le vécu au quotidien des prisonniers. Si le graphisme proposé par Oger n'est pas mon préféré il colle parfaitement bien au récit. C'est surtout vrai pour les scènes d'interrogatoires ou la partie sur Dachau. Ces visages meurtris et ces corps tordus et déformés rendent très bien les souffrances endurées. Une bonne lecture pour faire mémoire. Un bon 3.
Frankenstein (Junji Ito)
J’ai lu la réédition parue chez Mangetsu. Ils ont gardé la couverture de Tonkam, mais ont dû ajouter du contenu. En effet, les posteurs précédents ne parlent que de Frankenstein (ou alors de deux histoires supplémentaires), alors qu’ici il y en a dix en sus de celle qui donne son titre au recueil. L’histoire de Frankenstein entame ce recueil, et les amateurs de ce récit y retrouveront quelque chose de très classique, un roman noir et gothique que Junji Ito revisite en n’apportant pas trop de touche personnelle. Ça reste presque en retrait de ce qu’il fait d’habitude (à part les apparitions des créatures de Frankenstein, ou quelques cases en gros plans d’une femme guillotinée). Les histoires qui accompagnent ce classique sont inégales, et sans doute issues de périodes différentes du maître japonais de l’horreur. Elles sont de plus en plus croutes. Mais la plupart mettent en avant un fantastique qui joue sur le gore, un malaise, pour emporter le lecteur à l’écart de la norme et du réel – tout en s’y enfouissant. I y a là quelque chose de plus proche de ce que fait Ito, j’ai presque préféré certaines de ces petites histoires au récit presque « retenu » - visuellement en tout cas – de Frankenstein. Un recueil qui plaira aux amateurs d’Ito je pense (son dessin au trait fin et classique, clair et fluide, puis sombre et nerveux lorsque l’horreur s’invite, est toujours aussi réussi).
L'Escamoteur
Enquête fouillée et roborative. A l'époque où Giscard était président, Action Directe essayait de faire trembler le capitalisme en faisant exploser des bureaux de grandes entreprises, en assassinant des patrons... Pour assurer leur clandestinité et trouver les moyens de leurs projets, ils réalisaient aussi des braquages spectaculaires. Les services du renseignement français étaient sur les dents et c'est cette histoire que raconte l'escamoteur. En particulier l'histoire d'un indicateur étrange et fascinant. Ce documentaire est mis en image dans des lavis sépia ou gris de Payne suivant les époques représentées. Le visage séducteur de Gabriel Chahine, l'escamoteur, est suffisamment réussit pour nous faire avaler ses aventures parfaitement invraisemblables et pourtant réelles... Cette BD fait revivre une époque suffisament recente pour que ses acteurs soit encore vivants mais assez éloignée pour que l'évolution des mentalités apparaisse de manière intéressante. Il s'agit d'une sorte de roman d'aventure ou tout est vrai. L'imaginaire des films de gangster devenu réalité, avec les moyens du bord. Les terroristes d'hier et ceux d'aujourd'hui se confrontent dans notre esprit. La justification religieuse a remplacé la justification politique. En réalité, ces groupuscules semblent le résultat d'une sorte de vide dans l'espoir présenté aux nouvelles générations. L'action violente a toujours entraîné des retours de manivelle bien légitimes. Contre le capitalisme, des films, des BD, l'économie sociale et solidaire, les réglementations environnementales, certains economistes, le GIEC commencent à créer une nébuleuse qui imagine la fin du capitalisme tardif... Mais la société de consommation, elle, semble difficile à déboulonner. Cette BD m'a intéressée mais elle peut véhiculer une certaine tristesse devant le renouvellement incessant des jeunesses exaspérées et désespérées qui se tirent des balles dans le pied , plutôt que de pousser légèrement et continuement vers d'autres horizons... En diminuant sa consommation et donc son "niveau de vie".
Virginia Hill
Une biographie romancé sur la gangster Virginia Hill qui a réussit a tenir le coup dans un univers d'hommes. Un bon point pour cette biographie est que c'est long donc on peut développer sur la vie de Virginia Hill sans aller trop vite. Dommage toutefois que cela devient un peu répétitif et qu'on ne verre rien de sa vie durant ses dernières années d'existence, donnant ainsi une fin très expédié alors que je voulais voir ce qui lui arrivait ensuite. C'est intéressant de voir le milieu criminel d'un point de vue féminin, mais si au final j'ai pas eu l'impression d'avoir découvert une nouvelle facette de la mafia. Je suis un peu mitigé face au dessin. Il est pas mauvais, mais je le trouve un peu trop expressif sur plusieurs cases comme si on était dans une série humoristique. J'ai rien contre un peu d'humour, par sur certaines scènes on dirait presqu'on est dans une série parodique ou un truc comme ça. Au final, une biographie qui parle d'une femme haute en couleur, mais qui ne m'a pas trop marqué.
Le Dragon ne dort jamais
Du médiéval fantastique à la fois classique et original. On est plongé dans la Bohême au tournant de l'an mil, à l'heure où les croyances populaires se mêlent aux superstitions chrétiennes. Et un dragon pointe le bout de son nez... L'intrigue n'abuse jamais du fantastique, et le dragon lui-même n'est pas trop présent. Inspirée de légendes millénaires, cette histoire se laisse lire agréablement. Le dessin est assez spécial, mais je m'y suis fait. J'ai par contre d'emblée beaucoup aimé la colorisation. Je découvre ces auteurs tchèques avec cet album. Je serais curieux de voir ce qu'ils feront par la suite.
#Nouveaucontact
Une lecture sympathique, de laquelle j'attendais sans doute davantage. Le dessin est simple, agréable et très lisible, mais sans trop de détails. Disons qu'il fait le travail et est assez expressif. Mais je l'aurais bien vu davantage jouer sur du caricatural comique. Car je pensais que ça allait partir dans cette direction. En fait c'est une sorte de satire de l'emballement médiatique, des réseaux sociaux en particulier (l'ex Twitter est ici singé), après qu'un photographe amateur ait photographié une bestiole bizarre au fin fond de l’Écosse, surtout après qu'il ait mis ces photos sur les réseaux sociaux. A côté de ça une multinationale énigmatique menant des expériences secrètes cherche à ne pas apparaître au grand jour. L'histoire se laisse lire, mais m'a laissé sur ma faim. En effet, par delà les quelques invraisemblances (autour de la bestiole photographiée), j'ai trouvé que la plupart des idées étaient peu développées. C'est le cas du rôle de la multinationale, ou de l'aspect vaguement polar autour du hacker. Mais c'est aussi le cas finalement de l'emballement médiatique lui-même. Tout se finit un peu brutalement sans pousser les explications. Du pas mal sans plus me concernant.