La couverture est un peu trompeuse. En effet, les dessinateurs n'ont pas fait preuve d'une grande originalité en replaçant les pièces dans leur siècle.
C'est d'ailleurs une légère critique que je ferais à cette collection que j'apprécie fort : compte tenu de l'universalité des pièces proposées, les replacer dans un contexte différent de celui du siècle de Louis XIV aurait été une idée intéressante.
Les trois pièces présentent un fond satirique et comique. Les dialogues sont donc vifs et rapides. Il y a peu d'actions et le découpage du texte intégral et des cases lui correspondant est de première importance pour garder le rythme comique du récit. Ce découpage doit aussi permettre une lecture fluide et facilement compréhensible de l'oeuvre de Molière. C'est plutôt bien réussi dans ce sens.
Je trouve qu'il y a une petite faiblesse dans le graphisme (surtout pour La Jalousie du Barbouillé) que je trouve assez minimaliste et pas assez abouti.
L'adaptation de l'Amour Médecin présente un dessin plus fin et précis mais a du mal à faire ressortir le côté ballet de l'oeuvre.
Ce n'est pas l'opus de la collection que je préfère mais cela reste une lecture de base pour revoir ses classiques d'une façon agréable.
Après avoir lu Solo (Delcourt), cette Bd pourrait sembler une déception, certes c'est pas comparable, mais tout ceci est très relatif, c'est une question de niveau qualitatif... en fait, c'est pas si mal malgré plusieurs détails un peu too much.
Il semble que ce soit le démarrage d'une nouvelle série sur l'univers du renseignement français, avec récit complet par album, comme autrefois.
L'idée de base qui est de glorifier la DGSE et de montrer au citoyen français qu'il est bien protégé est certes très louable, on sait que ce service a réussi à déjouer plusieurs attentats de djihadistes, il fallait donc montrer les zones d'ombre et les méthodes qui permettent de garantir la sécurité nationale. De nos jours, ces services secrets se concentrent sur la menace terroriste dont l'émergence inquiétante a commencé depuis les années 2000, on est donc dans une Bd très actuelle, dans l'antiterrorisme où Daesh est clairement nommé, c'est de la bande dessinée en phase directe avec une actualité géopolitique, et un espionnage moderne qui n'a plus rien à voir avec nos vieux services obsolètes.
Paradoxalement, on s'aperçoit que le fonctionnement et le modus operandi sont très voisins des méthodes de la CIA. Tout le début est bon, mais progressivement, ça perd de sa crédibilité ; en effet, le scénario est inspiré de faits réels, mais arrangés, et basé sans aucun doute sur une bonne documentation, on est face à une intrigue à haute tension qui offre un aspect à la fois très réaliste du combat contre la menace islamiste, et en même temps ça se délitte car les situations deviennent de moins en moins crédibles, avec de nombreuses facilités scénaristiques et un héros indestructible à qui il n'arrive rien. On voit bien que le ton est trop influencé par les James Bond, avec des séquences spectaculaires mais aussi des trucs invraisemblables, le héros est comme 007, il a carrément un permis de tuer, c'est dommage d'adopter cette option, j'aurais aimé quelque chose de plus subtil, tout en ayant des trucs violents et de l'action, mais dans ce que je vois là, je gage que ça ne sortira pas d'une certaine banalité, ça relaie plusieurs autres Bd du même style et tout ce qu'on voit dans les films américains actuels, on copie carrément Jason Bourne et James Bond réunis.
Bon, je reste quand même indulgent, c'est une Bd de détente, mais qui avait un potentiel de réflexion qui me semble trop noyé sous le couvert d'un thriller d'espionnage tendu. Heureusement que le dessinateur assure, malgré un trait un peu raide et sans trop de mouvement, son dessin est clair, net, précis, bien détaillé et est bien adapté à ce type de bande, c'est toujours ça de gagné. Espérons que s'il y a d'autres albums, ça soit un peu moins folklorique.
Ca n'est pas le roman de Dennis Lehane, mais le film de Scorsese qui m'a fait connaître cette fiction, et je suis capable de le revoir sans me lasser, bien que la chute finale soit connue. Je dois l'avoir visionné près de 10 fois.
Une introduction comme celle-ci pour annoncer que la place du culte est réservée au 7ème art. Mais cette BD est une vraie réussite. Le dessin et les couleurs ternes m'ont plu, ils participent à l'ambiance noire, brumeuse et à ce questionnement permanent. Le texte doit certainement provenir du roman original, c'est en tout cas celui que l'on retrouve quasiment mot pour mot par rapport au film.
N'empêche, il faut dire que l'approche BD me donne maintenant envie de lire le roman. D'autant que l'épilogue apporte une fin plus tranchée que celle avec Di Caprio. Ca suscite la curiosité, j'ai bien envie de voir ce qui ressort de l'oeuvre originale.
Un bel ouvrage, qui me donne envie de découvrir davantage cette collection chez Casterman. Si vous n'avez pas encore vu le film "Shutter Island", cette BD peut se révéler puissante. Et si les polars vous plaisent, là vous ne serez pas déçus. Quoi qu'il en soit, ça vaut le coup de la lire.
Présenté comme un récit marquant et clé de l'univers DC, notamment parce qu'il est la cause du reboot des aventures de tous les super-héros de cet univers comme avait pu l'être Crisis on Infinite Earths des années plus tôt, j'ai acheté cet album parce qu'on me le présentait comme probablement le plus important des aventures de Flash, super-héros qui m'indiffère plutôt en général.
J'ai eu du mal à rentrer dedans à cause du premier chapitre mettant en scène un méchant que je ne connaissais pas dans une structure narrative très décousue et peu engageante. On découvre d'emblée que le récit va jouer la carte du voyage dans le temps et des paradoxes créant un nouvel univers différent. Le lecteur néophyte est aussi perdu que le héros quand il apparait enfin. En effet, il est plongé dans un monde nouveau, avec des héros inconnus pour la plupart et juste quelques-uns reconnaissables en tant que versions alternatives des héros DC classiques. Cet univers parallèle ne m'a pas enthousiasmé : il est centré autour d'une ambiance de fin du monde, avec le peuple atlante d'Aquaman en guerre contre les Amazones de Wonder Woman, au détriment de l'humanité toute entière. Le seul intérêt de cet univers est la nature de son Batman et son lien avec Bruce Wayne qui amène à une scène touchante en toute fin d'histoire. Les motivations du méchant sont en outre très tarabiscotées de même que la manière dont il les a mises en place et semble maîtriser artificiellement les choses.
Heureusement, le dessin est bon, le rythme correct et on ne s'ennuie pas. C'est une histoire divertissante mais ça n'a rien d'un chef-d'œuvre car elle assez laborieuse, peu passionnante et sa résolution peu crédible, comme souvent dans les histoires de paradoxes temporels.
Je suis étonné de voir David B. se lancer dans ce genre de scénario, plutôt éloigné de ce que je connais de lui. Mais après tout pourquoi pas ?
Le gang des postiches a défrayé la chronique judiciaire pendant plusieurs années, leurs nombreux faits d’armes attisant l’intérêt des journaux – et des services chargés de lutter contre le banditisme. David B. en a fait ici une histoire intéressante, rythmée, et les ajouts dus à son imagination s’imbriquent très bien dans la trame générale.
La lecture est d’autant plus fluide que le dessin de Tanquerelle – et le choix d’une bichromie – sont agréables et efficaces.
Reste que, si l’on est rapidement pris par l’intrigue générale jusqu’au bout, on ne s’attache pas à la plupart des protagonistes, leur personnalité s’effaçant derrière la multiplication des braquages (elle s’efface d’autant plus qu’ils sont le plus souvent grimés !). Seules exceptions, sur la fin, les deux ou trois d’entre eux sombrant dans des formes de folie, ce qui donne au dernier tiers de l’ouvrage une noirceur, une amertume (beaucoup de morts aussi) qui fait disparaitre un certain romantisme qui pouvait accompagner l’équipée sauvage de ces braqueurs.
Un album intéressant en tout cas.
Le dessin de Pellejero, une ligne claire au trait gras (contours des personnages) est fluide et classique, colle assez bien à l’histoire de Lapière.
Histoire qui se situe au Mexique, dans les années 1920 – une des nombreuses périodes agitées de ce pays depuis une cinquantaine d’années. L’avant-garde artistiques, muralistes en tête, est au cœur de l’intrigue, au même titre que les controverses politiques (mais à l’époque les deux étaient fortement liées).
Au-delà de ces arrière-plans, c’est aussi et avant tout une affaire d’ambiance (le rythme est très lent, comme si les protagonistes étaient écrasés par la chaleur et/ une certaine fatalité).
Connaitre un peu la réalité politique du Mexique de l’époque peut aider mais n’est pas nécessaire. Par contre, il ne faut pas être allergique aux questionnements artistiques.
Un album intéressant.
Je n'ai pas trouvé cette série d'un abord facile. J'ai toujours été un peu méfiant vis à vis de la psychanalyse même si des expériences tardives ont modifié mon point de vue.
Les rêves et leurs interprétations ont toujours fasciné le public. Force est de reconnaître que Théa Rojzman ne traite pas le sujet d'une façon très glamour ni dans le récit ni dans le graphisme.
Son graphisme aux aquarelles disharmonieuses avec des couleurs qui se choquent, renvoie plus à une fièvre cauchemardesque qu'à une atmosphère paradisiaque.
Le récit est intéressant mais lourd et certains passages sont abscons et difficiles.
Les solutions proposées par l'autrice pour survivre psychiquement dans ce monde si cruel ont elles une valeur universelle ? M'y suis-je retrouvé ? Il me faudra plus d'une lecture pour y répondre. 2.5
Pour ce quatrième volet de la collection « Mythologies » de Dargaud (dont étonnement les deux premiers volets furent publiés il y a plus de vingt ans tandis que le troisième ne l’a été qu’en mars dernier), Serge Le Tendre a conçu une histoire autour de la célèbre créature, désormais icône incontournable de la pop-culture. Cette revisite du mythe grec fait apparaître le minotaure sous un jour totalement différent que celui du monstre assoiffé de sang qui prévaut le plus souvent. Si Astérios a conservé sa férocité légendaire (il est plus que déconseillé de l’énerver !), il est ici animé de sentiments plus humains, plus engageants, comme l’empathie ou la tristesse.
Frédéric Peynet, qui en est à sa quatrième collaboration avec Le Tendre, s’acquitte parfaitement de sa mission de « dessinateur pro » pour ce type de publication destinée au grand public. Un trait tout ce qu’il y a de plus académique (non non, j’ai pas dit « chiant »), d’un réalisme exempt de défauts. Il faut aussi reconnaître à Peynet un talent certain pour la colorisation, avec de jolies combinaisons chatoyantes qui font ressortir toute la splendeur des paysages grecs et du bleu méditerranéen.
Pour ce qui est de la narration, si l’on exclut cette digression sur le monstre cornu, le mythe d’origine semble parfaitement respecté, et l’ouvrage, fluide, se laisse lire sans déplaisir. Le bémol serait sans doute à chercher du côté du traitement du personnage. Même si le côté humain d’Astérios a déjà été évoqué à travers la littérature, notamment par Jose Luis Borges, la démarche reste intéressante. Toutefois, on aurait apprécié une analyse plus fouillée de sa psyché et de ses colères sanguinaires. Serait-ce dû au format relativement court ? Et le lecteur, inévitablement, de se demander : pourquoi l’ouvrage n’a-t-il pas bénéficié d’une parution en deux tomes comme pour « La Gloire d’Héra » ou « Tiresias » ?
Les Requins Marteaux ont fait les choses en grand avec cette nouvelle série (prévue en trois tomes), d’une auteure que je découvre ici. Un grand format, avec dos toilé, papier épais. Certaines « grandes » maisons d’édition peuvent en prendre de la graine.
L’histoire se déroule durant la seconde guerre mondiale et l’occupation allemande. D’abord à Paris, où nous suivons plusieurs personnages du monde des milieux artistiques qui, parce qu’ils sont juifs et/ou qu’ils défendent « l’art dégénéré » vont être traqués par les Nazis et leurs supplétifs pétainistes.
Ils vont ainsi pour la plupart essayer de se mettre au vert en province, en Dordogne, certains rejoignant la résistance.
Le début est un peu obscur – il semblerait que l’histoire soit un film, que nous voyons défiler sous nos yeux (et que regarde une femme dans un cinéma dans les années 1950. Peut importe en fait, l’intrigue se laisse lire agréablement.
La mise en page est assez surprenante – et pas toujours simple à appréhender. Oubliez le traditionnel gaufrier, ça part dans tous les sens, plusieurs styles graphiques et techniques (dessin au crayon, aquarelle, etc.) cohabitant. De la même manière, les dernières pages, sortes d’affiches de films d’époque, sont sur papier glacé, ce qui les distinguent, en plus de leurs couleurs, du reste de l’album, où le Noir et Blanc domine presque exclusivement (quelques rares touches de rouge apparaissent parfois).
Le dessin est assez naïf, assez fouillé souvent, mais aussi parfois dépouillé.
Je ne sais pas ce que ça va donner par la suite, mais, pour le moment, c’est une série qui est agréable, recommandable, et qui a titillé ma curiosité.
Une énième série post-apocalypse qui, malgré quelques frustrations, pourra contenter nombre de lecteurs.
A condition de ne pas attendre la violence, l’angoisse souvent présentes dans ce type d’histoires. Ici, on est plutôt – même uniquement ! – dans du contemplatif. L’un des rares reproches que l’on pourrait d’ailleurs faire à cette histoire est qu’il ne se passe finalement pas grand-chose, et le rythme est très lent.
L’apocalypse en question n’est jamais expliquée. Nous ne savons donc pas ce qui s’est passé, ni comment et pourquoi un seul type semble y avoir survécu. Il survit, dans une grande ville (dans laquelle, de façon bizarre et là aussi inexpliquée, d’énormes lianes se développent entre les immeubles, sur lesquelles il se déplace)
Au milieu de ses pérégrinations, quelques souvenirs reviennent à notre héros, lorsqu’il revient sur certains lieux qu’il a fréquentés.
Sinon, il pêche, se balade, voilà pour l’intrigue.
Mais je ne m’y suis pas ennuyé. J’ai trouvé l’ensemble intéressant, l’approche du sujet original, et n’ai pas été trop frustré de ne pratiquement rien apprendre sur la catastrophe originelle, ni sur notre survivant/héros. C’est une lecture agréable, malgré ce manque d’explication. Et d’autant plus agréable que j’ai apprécié le dessin, simple, mais chouette et fluide d’Arnaud Boutle, dont je découvre ici le travail.
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Molière et les médecins - L'Amour médecin, le Médecin volant, la Jalousie du barbouillé
La couverture est un peu trompeuse. En effet, les dessinateurs n'ont pas fait preuve d'une grande originalité en replaçant les pièces dans leur siècle. C'est d'ailleurs une légère critique que je ferais à cette collection que j'apprécie fort : compte tenu de l'universalité des pièces proposées, les replacer dans un contexte différent de celui du siècle de Louis XIV aurait été une idée intéressante. Les trois pièces présentent un fond satirique et comique. Les dialogues sont donc vifs et rapides. Il y a peu d'actions et le découpage du texte intégral et des cases lui correspondant est de première importance pour garder le rythme comique du récit. Ce découpage doit aussi permettre une lecture fluide et facilement compréhensible de l'oeuvre de Molière. C'est plutôt bien réussi dans ce sens. Je trouve qu'il y a une petite faiblesse dans le graphisme (surtout pour La Jalousie du Barbouillé) que je trouve assez minimaliste et pas assez abouti. L'adaptation de l'Amour Médecin présente un dessin plus fin et précis mais a du mal à faire ressortir le côté ballet de l'oeuvre. Ce n'est pas l'opus de la collection que je préfère mais cela reste une lecture de base pour revoir ses classiques d'une façon agréable.
Au nom de la république
Après avoir lu Solo (Delcourt), cette Bd pourrait sembler une déception, certes c'est pas comparable, mais tout ceci est très relatif, c'est une question de niveau qualitatif... en fait, c'est pas si mal malgré plusieurs détails un peu too much. Il semble que ce soit le démarrage d'une nouvelle série sur l'univers du renseignement français, avec récit complet par album, comme autrefois. L'idée de base qui est de glorifier la DGSE et de montrer au citoyen français qu'il est bien protégé est certes très louable, on sait que ce service a réussi à déjouer plusieurs attentats de djihadistes, il fallait donc montrer les zones d'ombre et les méthodes qui permettent de garantir la sécurité nationale. De nos jours, ces services secrets se concentrent sur la menace terroriste dont l'émergence inquiétante a commencé depuis les années 2000, on est donc dans une Bd très actuelle, dans l'antiterrorisme où Daesh est clairement nommé, c'est de la bande dessinée en phase directe avec une actualité géopolitique, et un espionnage moderne qui n'a plus rien à voir avec nos vieux services obsolètes. Paradoxalement, on s'aperçoit que le fonctionnement et le modus operandi sont très voisins des méthodes de la CIA. Tout le début est bon, mais progressivement, ça perd de sa crédibilité ; en effet, le scénario est inspiré de faits réels, mais arrangés, et basé sans aucun doute sur une bonne documentation, on est face à une intrigue à haute tension qui offre un aspect à la fois très réaliste du combat contre la menace islamiste, et en même temps ça se délitte car les situations deviennent de moins en moins crédibles, avec de nombreuses facilités scénaristiques et un héros indestructible à qui il n'arrive rien. On voit bien que le ton est trop influencé par les James Bond, avec des séquences spectaculaires mais aussi des trucs invraisemblables, le héros est comme 007, il a carrément un permis de tuer, c'est dommage d'adopter cette option, j'aurais aimé quelque chose de plus subtil, tout en ayant des trucs violents et de l'action, mais dans ce que je vois là, je gage que ça ne sortira pas d'une certaine banalité, ça relaie plusieurs autres Bd du même style et tout ce qu'on voit dans les films américains actuels, on copie carrément Jason Bourne et James Bond réunis. Bon, je reste quand même indulgent, c'est une Bd de détente, mais qui avait un potentiel de réflexion qui me semble trop noyé sous le couvert d'un thriller d'espionnage tendu. Heureusement que le dessinateur assure, malgré un trait un peu raide et sans trop de mouvement, son dessin est clair, net, précis, bien détaillé et est bien adapté à ce type de bande, c'est toujours ça de gagné. Espérons que s'il y a d'autres albums, ça soit un peu moins folklorique.
Shutter Island
Ca n'est pas le roman de Dennis Lehane, mais le film de Scorsese qui m'a fait connaître cette fiction, et je suis capable de le revoir sans me lasser, bien que la chute finale soit connue. Je dois l'avoir visionné près de 10 fois. Une introduction comme celle-ci pour annoncer que la place du culte est réservée au 7ème art. Mais cette BD est une vraie réussite. Le dessin et les couleurs ternes m'ont plu, ils participent à l'ambiance noire, brumeuse et à ce questionnement permanent. Le texte doit certainement provenir du roman original, c'est en tout cas celui que l'on retrouve quasiment mot pour mot par rapport au film. N'empêche, il faut dire que l'approche BD me donne maintenant envie de lire le roman. D'autant que l'épilogue apporte une fin plus tranchée que celle avec Di Caprio. Ca suscite la curiosité, j'ai bien envie de voir ce qui ressort de l'oeuvre originale. Un bel ouvrage, qui me donne envie de découvrir davantage cette collection chez Casterman. Si vous n'avez pas encore vu le film "Shutter Island", cette BD peut se révéler puissante. Et si les polars vous plaisent, là vous ne serez pas déçus. Quoi qu'il en soit, ça vaut le coup de la lire.
Flashpoint
Présenté comme un récit marquant et clé de l'univers DC, notamment parce qu'il est la cause du reboot des aventures de tous les super-héros de cet univers comme avait pu l'être Crisis on Infinite Earths des années plus tôt, j'ai acheté cet album parce qu'on me le présentait comme probablement le plus important des aventures de Flash, super-héros qui m'indiffère plutôt en général. J'ai eu du mal à rentrer dedans à cause du premier chapitre mettant en scène un méchant que je ne connaissais pas dans une structure narrative très décousue et peu engageante. On découvre d'emblée que le récit va jouer la carte du voyage dans le temps et des paradoxes créant un nouvel univers différent. Le lecteur néophyte est aussi perdu que le héros quand il apparait enfin. En effet, il est plongé dans un monde nouveau, avec des héros inconnus pour la plupart et juste quelques-uns reconnaissables en tant que versions alternatives des héros DC classiques. Cet univers parallèle ne m'a pas enthousiasmé : il est centré autour d'une ambiance de fin du monde, avec le peuple atlante d'Aquaman en guerre contre les Amazones de Wonder Woman, au détriment de l'humanité toute entière. Le seul intérêt de cet univers est la nature de son Batman et son lien avec Bruce Wayne qui amène à une scène touchante en toute fin d'histoire. Les motivations du méchant sont en outre très tarabiscotées de même que la manière dont il les a mises en place et semble maîtriser artificiellement les choses. Heureusement, le dessin est bon, le rythme correct et on ne s'ennuie pas. C'est une histoire divertissante mais ça n'a rien d'un chef-d'œuvre car elle assez laborieuse, peu passionnante et sa résolution peu crédible, comme souvent dans les histoires de paradoxes temporels.
Les Faux visages
Je suis étonné de voir David B. se lancer dans ce genre de scénario, plutôt éloigné de ce que je connais de lui. Mais après tout pourquoi pas ? Le gang des postiches a défrayé la chronique judiciaire pendant plusieurs années, leurs nombreux faits d’armes attisant l’intérêt des journaux – et des services chargés de lutter contre le banditisme. David B. en a fait ici une histoire intéressante, rythmée, et les ajouts dus à son imagination s’imbriquent très bien dans la trame générale. La lecture est d’autant plus fluide que le dessin de Tanquerelle – et le choix d’une bichromie – sont agréables et efficaces. Reste que, si l’on est rapidement pris par l’intrigue générale jusqu’au bout, on ne s’attache pas à la plupart des protagonistes, leur personnalité s’effaçant derrière la multiplication des braquages (elle s’efface d’autant plus qu’ils sont le plus souvent grimés !). Seules exceptions, sur la fin, les deux ou trois d’entre eux sombrant dans des formes de folie, ce qui donne au dernier tiers de l’ouvrage une noirceur, une amertume (beaucoup de morts aussi) qui fait disparaitre un certain romantisme qui pouvait accompagner l’équipée sauvage de ces braqueurs. Un album intéressant en tout cas.
L'Impertinence d'un été
Le dessin de Pellejero, une ligne claire au trait gras (contours des personnages) est fluide et classique, colle assez bien à l’histoire de Lapière. Histoire qui se situe au Mexique, dans les années 1920 – une des nombreuses périodes agitées de ce pays depuis une cinquantaine d’années. L’avant-garde artistiques, muralistes en tête, est au cœur de l’intrigue, au même titre que les controverses politiques (mais à l’époque les deux étaient fortement liées). Au-delà de ces arrière-plans, c’est aussi et avant tout une affaire d’ambiance (le rythme est très lent, comme si les protagonistes étaient écrasés par la chaleur et/ une certaine fatalité). Connaitre un peu la réalité politique du Mexique de l’époque peut aider mais n’est pas nécessaire. Par contre, il ne faut pas être allergique aux questionnements artistiques. Un album intéressant.
Le Carnet de rêves
Je n'ai pas trouvé cette série d'un abord facile. J'ai toujours été un peu méfiant vis à vis de la psychanalyse même si des expériences tardives ont modifié mon point de vue. Les rêves et leurs interprétations ont toujours fasciné le public. Force est de reconnaître que Théa Rojzman ne traite pas le sujet d'une façon très glamour ni dans le récit ni dans le graphisme. Son graphisme aux aquarelles disharmonieuses avec des couleurs qui se choquent, renvoie plus à une fièvre cauchemardesque qu'à une atmosphère paradisiaque. Le récit est intéressant mais lourd et certains passages sont abscons et difficiles. Les solutions proposées par l'autrice pour survivre psychiquement dans ce monde si cruel ont elles une valeur universelle ? M'y suis-je retrouvé ? Il me faudra plus d'une lecture pour y répondre. 2.5
Astérios - Le Minotaure
Pour ce quatrième volet de la collection « Mythologies » de Dargaud (dont étonnement les deux premiers volets furent publiés il y a plus de vingt ans tandis que le troisième ne l’a été qu’en mars dernier), Serge Le Tendre a conçu une histoire autour de la célèbre créature, désormais icône incontournable de la pop-culture. Cette revisite du mythe grec fait apparaître le minotaure sous un jour totalement différent que celui du monstre assoiffé de sang qui prévaut le plus souvent. Si Astérios a conservé sa férocité légendaire (il est plus que déconseillé de l’énerver !), il est ici animé de sentiments plus humains, plus engageants, comme l’empathie ou la tristesse. Frédéric Peynet, qui en est à sa quatrième collaboration avec Le Tendre, s’acquitte parfaitement de sa mission de « dessinateur pro » pour ce type de publication destinée au grand public. Un trait tout ce qu’il y a de plus académique (non non, j’ai pas dit « chiant »), d’un réalisme exempt de défauts. Il faut aussi reconnaître à Peynet un talent certain pour la colorisation, avec de jolies combinaisons chatoyantes qui font ressortir toute la splendeur des paysages grecs et du bleu méditerranéen. Pour ce qui est de la narration, si l’on exclut cette digression sur le monstre cornu, le mythe d’origine semble parfaitement respecté, et l’ouvrage, fluide, se laisse lire sans déplaisir. Le bémol serait sans doute à chercher du côté du traitement du personnage. Même si le côté humain d’Astérios a déjà été évoqué à travers la littérature, notamment par Jose Luis Borges, la démarche reste intéressante. Toutefois, on aurait apprécié une analyse plus fouillée de sa psyché et de ses colères sanguinaires. Serait-ce dû au format relativement court ? Et le lecteur, inévitablement, de se demander : pourquoi l’ouvrage n’a-t-il pas bénéficié d’une parution en deux tomes comme pour « La Gloire d’Héra » ou « Tiresias » ?
La Vie souterraine
Les Requins Marteaux ont fait les choses en grand avec cette nouvelle série (prévue en trois tomes), d’une auteure que je découvre ici. Un grand format, avec dos toilé, papier épais. Certaines « grandes » maisons d’édition peuvent en prendre de la graine. L’histoire se déroule durant la seconde guerre mondiale et l’occupation allemande. D’abord à Paris, où nous suivons plusieurs personnages du monde des milieux artistiques qui, parce qu’ils sont juifs et/ou qu’ils défendent « l’art dégénéré » vont être traqués par les Nazis et leurs supplétifs pétainistes. Ils vont ainsi pour la plupart essayer de se mettre au vert en province, en Dordogne, certains rejoignant la résistance. Le début est un peu obscur – il semblerait que l’histoire soit un film, que nous voyons défiler sous nos yeux (et que regarde une femme dans un cinéma dans les années 1950. Peut importe en fait, l’intrigue se laisse lire agréablement. La mise en page est assez surprenante – et pas toujours simple à appréhender. Oubliez le traditionnel gaufrier, ça part dans tous les sens, plusieurs styles graphiques et techniques (dessin au crayon, aquarelle, etc.) cohabitant. De la même manière, les dernières pages, sortes d’affiches de films d’époque, sont sur papier glacé, ce qui les distinguent, en plus de leurs couleurs, du reste de l’album, où le Noir et Blanc domine presque exclusivement (quelques rares touches de rouge apparaissent parfois). Le dessin est assez naïf, assez fouillé souvent, mais aussi parfois dépouillé. Je ne sais pas ce que ça va donner par la suite, mais, pour le moment, c’est une série qui est agréable, recommandable, et qui a titillé ma curiosité.
Entre les ombres
Une énième série post-apocalypse qui, malgré quelques frustrations, pourra contenter nombre de lecteurs. A condition de ne pas attendre la violence, l’angoisse souvent présentes dans ce type d’histoires. Ici, on est plutôt – même uniquement ! – dans du contemplatif. L’un des rares reproches que l’on pourrait d’ailleurs faire à cette histoire est qu’il ne se passe finalement pas grand-chose, et le rythme est très lent. L’apocalypse en question n’est jamais expliquée. Nous ne savons donc pas ce qui s’est passé, ni comment et pourquoi un seul type semble y avoir survécu. Il survit, dans une grande ville (dans laquelle, de façon bizarre et là aussi inexpliquée, d’énormes lianes se développent entre les immeubles, sur lesquelles il se déplace) Au milieu de ses pérégrinations, quelques souvenirs reviennent à notre héros, lorsqu’il revient sur certains lieux qu’il a fréquentés. Sinon, il pêche, se balade, voilà pour l’intrigue. Mais je ne m’y suis pas ennuyé. J’ai trouvé l’ensemble intéressant, l’approche du sujet original, et n’ai pas été trop frustré de ne pratiquement rien apprendre sur la catastrophe originelle, ni sur notre survivant/héros. C’est une lecture agréable, malgré ce manque d’explication. Et d’autant plus agréable que j’ai apprécié le dessin, simple, mais chouette et fluide d’Arnaud Boutle, dont je découvre ici le travail.