Cet album s'articule autour d'une photo. Une veille photo en noir et blanc représentant une famille à la plage. Un des enfants de la photo c'est Antonia, et cet album raconte son histoire, enfin son enfance principalement. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a connu une enfance modeste. En pleine guerre civile espagnole, les temps sont durs et la vie pas facile tous les jours. Il y a une dimension historique forte dans ce récit, et ça fait quelque chose de voir ce à quoi ressemblait la vie d'une famille pauvre à cette époque.
Il y a aussi une dimension bien personnelle à ce récit puisque l'héroïne est en fait la mère de l'auteur. Il rend donc ici un hommage appuyé à sa maman, mais également à ces ancêtres, grand-parents, oncles et tantes. Il décrit ce qu'a été cette période de leur vie, où on ne mangeait pas tous les jours à sa faim, où posséder une tasse par personne sur l'étagère de la cuisine était un luxe. Malgré ce contexte il y a de belles touches d'optimisme, on voit qu'un moment de complicité entre soeurs, ou une après midi à la plage offrait de petits moments de bonheur simples mais sincères.
Au delà de la dimension sociale de l'ouvrage, qui est intéressante, je ne ressors pas boulversé de cette lecture. Satisfait par la découverte d'une époque et d'une vie pas facile, mais pas ému pour autant, sans pouvoir vraiment l'expliquer. Peut être à cause de la construction du récit, peut être à cause de chapitres moins intéressants que d'autres. Au final, c'est presque gênant de ne pas avoir été touché plus que ça par les confessions de l'auteur, ni par l'enfance difficile qu'a pu avoir sa mère. C'est en fait peut être parce que ce livre est finalement très personnel.
Voilà un album qui sent bon la nostalgie et qui ravira toute une génération, celle qui a grandi dans les années 80. En effet on replonge dans cette époque à travers un phénomène naissant : les premiers jeux vidéos. L'auteur raconte dans de courts chapitres des souvenirs d'enfance autour d'un jeu marquant de l'époque. Super Mario, Tetris, Zelda, etc...
L'album est doublement interessant car il ne met pas simplement en images quelques banalités sur l'univers du jeu vidéo. Non l'auteur y apporte une touche autobiographique supplémentaire amusante. Comment le mercredi après midi il fonçait chez un copain pour faire un peu de console, après avoir regardé quelques épisodes de ses dessins animés favoris. Comment se passait un gouter d'anniversaire, qui lui a offert tel jeu pour ce qu'il croyait être le plus beau jour de sa vie à ce moment-là. Cette dimension supplémentaire est un vrai plus, non seulement elle est attendrissante et amusante, mais en plus elle renvoie directement à nos propres souvenirs, et c'est avec le sourire que je me suis revu dans pas mal de chapitres :)
Le traitement donné aux jeux vidéos est également amusant. D'abord graphiquement cette façon de pixeliser le dessin pour se rapprocher du visuel de ces jeux d'époques est très réussi. Et ensuite parce que le propos c'est pas juste pour dire, waoh jouer à tel jeu c'était juste génial. Certains aspects comme des scénarios pas terribles, la difficulté trop élevée (ah purée ces sauts au pixel près...) ou des jeux trop répétitifs sont tournés en dérision. Et ça fonctionne très bien, c'est rigolo.
Pari réussi avec cet album qui amusera les gens qui ont connu tout ça.
3,5 / 5
Nous suivons une gamine, Yael, et sa petite sœur Emilie, dans la France de la seconde moitié des années 1930 et du début des années 1940.
C’est Yael la narratrice et principale protagoniste de l'histoire. C’est d'abord une chronique familiale, d’une famille recomposée (une mère juive qui décède, un père goy qui se remarie avec une femme qui ne plait pas aux filles), dans le sud-est de la France, Yael découvrant par bribes les relations plus ou moins tendues entre les deux branches familiales.
Mais c’est surtout « l’extérieur » qui prend peu à peu le pas, avec la montée des tensions – à bas bruit tout d’abord. Puis, avec la guerre, le statut des juifs pétainiste qui s’impose dans la « zone libre », les deux gamines prennent conscience de ce que c’est qu’être juif, ou plutôt de ce que cela implique comme risques, jusqu’au final, assez ouvert (on peut voir plusieurs possibilités derrière ce rideau tiré – la plus noire étant hélas la plus évidente pour moi).
Le lectorat visé en priorité est je pense celui de l’âge de Yael vers la fin du récit (elle a ses premières règles), à savoir de jeunes ados (un lexique en fin d’album explique contexte et termes importants), le sujet, la narration et le choix de centrer sur la vision de deux gamines aideront je pense à les accrocher.
C’est le premier album publié par cette auteure italienne, visiblement un projet de fin d’études. Un début encourageant.
Sammy est un autre exemple d'une série qui aurait dû s'arrêter quand elle était au sommet.
Le cadre : nous sommes dans l'Amérique des années 20 en pleine prohibition. Bien entendu, le contexte est fortement influencé par les incorruptibles, qui heureusement ne joueront aucun rôle au début.
Scénarisé par Cauvin, qui s'est comme à son habitude bien documenté, cette série est dessinée par l'inépuisable Berck, spécialiste des héros à "gros nez".
Sammy est un "gorille", ou plutôt un garde du corps, qui travaille pour l'agence de Jack Hattaway. La première aventure pose le cadre, Sammy est plutôt fluet (et rappelle fortement Strapontin, un autre héros plus ancien de Berck) en opposition totale avec Jack qui ressemble à une armoire à glace (un vrai gorille).
Les aventures humoristiques ont un côté très "Tex Avery" avec explosions et mitraillages à gogo, le tout avec ce contexte très intéressant.
La série va ensuite se resserrer sur le duo Jack-Sammy (Jack devenant aussi mince que son employé), les autres membres de l'agence disparaissant au début du 6ème opus (en fait 5ème dans la numérotation Dupuis, la première véritable aventure ayant été éditée ailleurs, elle deviendra le tome 11 chez Dupuis). La série va alors monter progressivement en puissance, l'apothéose étant atteinte avec le tome 8 (ou plutôt 9), "le gorille et le roi dollar" qui est sans contexte le meilleur tome de la série, une critique assez acerbe, voire violente de la corruption durant la prohibition avec beaucoup d'humour. En fait, cet album sera interdit de publication en Belgique durant de nombreuses années par la censure. De plus, ce tome a l'intelligence de nous mettre Luciano comme adversaire au lieu de Capone.
Hélas, dès le tome 10 dupuis (donc 11 de manière chronologique), la série commence à accuser une baisse de régime, les histoires devenant franchement mauvaises à partir du tome 20.
Berck passera la main à partir du tome 32, mais le nouveau dessinateur, comme pour Astérix, se contentera d'un pastiche, tandis que les scénarios deviennent franchement pathétiques (comme pour Astérix tiens). Cauvin aura en plus la mauvaise idée d'introduire Al Capone à partir du tome 28 et d'en faire un personnage récurrent (autrement dit on le verra à chaque fois), même chose pour Eliott Ness un tome plus tard.
Sammy s'arrête au tome 40, il était temps.
Nous suivons dans cet album une jeune femme, Anna, qui mène une vie sans vague, entre galères (chômage) et discussions et activités ordinaires avec copains et copines, et qui va, presque par hasard, découvrir les mouvements sociaux.
Petit à petit, au gré de rencontres dans les cortèges, elle va s’investir dans les mouvements sociaux, et surtout les manifestations, son activisme devenant moteur dans sa vie, lui faisant prendre conscience de la futilité de certains aspects de sa vie et de ses relations sociales.
Anna va ainsi mieux se connaitre, va aussi mieux connaitre sa grand-mère, à laquelle elle rend visite en Ephad et qui lui révèle avoir participé aux luttes violentes en Italie dans les années soixante.
Naissance d’une conscience militante, un but à sa vie qui la fait revivre, Anna se fait aussi des amies et découvre la solidarité, mais aussi les risques (violences policières, burn-out, saturation, etc) liés à cette nouvelle activité. Au détour d'une conversation avec sa mère, Anna découvre aussi que cette activité militante peut vampiriser la vie familiale.
Au travers de l’expérience d’Anna, c’est aussi l’apathie d’une partie de la société, la violence d’une répression qui met à mal certains aspects de la démocratie que nous montre Hélène Aldeguer. C’est aussi, au travers des rencontres et des combats menés en commun, une certaine vision du féminisme (quasiment tous les personnages sont féminins) qu’il nous est donné de voir.
Le récit est intéressant, presque militant lui aussi – même s’il s’agit d’une fiction (mais qui s’inspire de faits réels, comme on le dit au cinéma). Seul le dessin m’a moins intéressé (mais c’est ici affaire de goût).
Un dessin avec des couleurs pastel et une couleur dominante, le bleu pastel du mythique paquet de gauloises qui donne un sentiment de douceur et de tranquillité dans un ville de rêve. Milan dessiné par Serio est vraiment superbe, il oppose à ce décor l'univers sordide dans lequel vivent tous les personnages.
Plusieurs pages méritent que l'on s'arrête quelques secondes pour apprécier le travail du dessinateur, la nature, les bâtiments sont représentés avec parfois beaucoup de détails et toujours beaucoup de talent.
Le dessin est le point fort de cette bd au contraire d'un scénario minimaliste où nous suivons l'itinéraire de deux tueurs à gages italien. Beaucoup de cases sans parole et peu d'actions donnent au récit une lenteur qui permet de se focaliser sur le caractère des personnages, leurs passés qui les ont menés à commettre des meurtres sur commande sans aucune empathie pour les victimes. C'est un sentiment de déjà vu qui m'a le plus dérangé pendant la lecture, il n'y a pas d'originalité dans ces deux parcours de tueurs pilotés par la mafia.
Malgré un dessin superbe, une déception
Avec ce tome de la collection Liu Cixin, on a une inversion assez complète des qualités et des défauts du tome précédent, la Terre vagabonde.
Cette fois le scénario a des enjeux beaucoup plus modestes : l'histoire d'une ville construite contre toute logique en plein désert et qui est, à priori, condamnée. Mais par contre, Liu Cixin prend la peine de développer des personnages plus intéressants, on a un père, qui fait partie des pionniers qui ont construit cette ville et doit maintenant participer à sa fin tout en gardant l'espoir de la sauver et sa fille, une véritable génie scientifique, qui aurait la capacité intellectuelle de trouver une solution mais n'en a pas grand-chose à faire et n'est obsédée que par les bulles de savon... Je ne mets que 3 étoiles, l'histoire est originale, son idée de départ bien trouvée mais elle est ensuite développée de façon assez simple, elle aurait même largement pu être racontée dans un tome plus court que ses 60aines de pages. Sur le plan des dessins, c'est très bon même si l'histoire ne permet pas au dessinateur de mettre en scène des évènements aussi grandioses que le tome précédent.
Le dessin renforce le côté un peu froid de l’histoire. J’ai l’impression que William Henne, en plus de ses dessins, a réutilisé des photos, retravaillées (en tout cas ça y ressemble), en les rehaussant à l’aquarelle. Pas de cases, des décors souvent évacués (du blanc entourant alors les personnages). C’est un peu déstabilisant au début, mais je m’y suis fait.
L’histoire justement. Le début est très intriguant, mais cela s’éclaire (du moins en partie) assez rapidement, puisque nous découvrons que certains chapitres ont été déplacés (on commence ainsi avec le chapitre III). D’autres « errata » modifieront l’ordre de certains chapitres par la suite.
L’histoire se déroule dans un univers assez oppressant, puisque l’État (ou en tout cas ce que l’on appelle « Le Programme » - dont les règles de vie en société sont rappelées à plusieurs reprise) « régule » les familles. Les conjoints peuvent ainsi du jour au lendemain être « redistribués ». C’est ce qui arrive au héros, séparé de sa femme et remis en couple avec une autre femme et les enfants de celle-ci. Mais, contrairement à la loi, il cherche à savoir ce qu’est devenu son ancienne compagne, à la revoir, il n’arrive pas à se faire à sa nouvelle situation, à nouer des relations fortes avec sa nouvelle femme.
Il y a un peu de Kafka et d’Orwell dans cet univers, qui dépassionne les relations entre les individus, en créant des situations assez absurdes.
Il faut entrer dans l’histoire, et son traitement, c’est un peu aride. Mais j’ai trouvé cette lecture finalement intéressante, avec une chute un peu ironique et noire.
C’est un album qui sort des sentiers battus.
Pas aussi enthousiaste que dans les critiques que j’ai pu lire et qui m’avaient donné envie d’acheter cet album. C’est un western sympa, pas compliqué suivre, et rassemblant tous les clichés d’un bon et classique western spaghetti. Du rythme, de la bagarre, de la chaleur et de la poussière : de ce côté-là, le contrat est rempli et bien rempli. Les cadrages cinématographiques apportent une bonne dynamique au scénario qui est efficace jusqu’au bout. Même si la référence du genre est le western spaghetti, les personnages sont vraiment très caricaturaux. Autant j’ai trouvé Wayne parfaitement raccord avec l’ambiance (buriné, transpirant, couvert de poussière…), autant j’ai trouvé June Mc Allan totalement hors sol (trop propre dans ses robes pas très adaptées à la situation…) et pour le coup, ne s’intégrant que moyennement dans le paysage général. Mais, je reconnais qu’elle fait partie du casting de ce genre de western. Pour ce qui est du dessin, c’est vraiment beau, les ambiances super bien réussies et les personnages masculins particulièrement bien travaillés, avec une réelle épaisseur physique (Wayne Redlake et sa quête de vengeance, le colonel à la tête de son détachement plutôt bien trouvé, et les « méchants » sanguinaires à souhait. Même si je m’attendais à un album plus épais (dans tous les sens du terme), j’ai passé un moment sympa à le lire. Ca a peut-être quand même un peu vieilli.
2.5
Encore une fois, j'ai moins aimé que les autres.
Il y a des bonnes choses dans cet album, surtout le dessin qui est très bon, sauf que voilà, je n'ai pas réussi à être captivé par le récit. La faute principalement au personnage principal qui m'a laissé indifférent, je me foutais un peu de sa vie et des malheurs qui lui arrivait, je voulais surtout qu'on se focalise sur l'enquête. Je trouve aussi qu'il y a des longueurs dans le récit, surtout dans la seconde moitié où on met plus en avant la vie du héros. La scène des révélations est pas mal, mais ça se termine un peu subitement et en plus j'avais fini par découvrir l'identité du coupable.
Je pense que j'aurais plus apprécié si on avait en vedette une fillette qui à tout moment aurait pu être une victime du tueur, ça aurait apporté de la tension dans le récit et ça m'aurait plus accroché. Un polar à emprunter selon moi.
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Retour à l'Eden
Cet album s'articule autour d'une photo. Une veille photo en noir et blanc représentant une famille à la plage. Un des enfants de la photo c'est Antonia, et cet album raconte son histoire, enfin son enfance principalement. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a connu une enfance modeste. En pleine guerre civile espagnole, les temps sont durs et la vie pas facile tous les jours. Il y a une dimension historique forte dans ce récit, et ça fait quelque chose de voir ce à quoi ressemblait la vie d'une famille pauvre à cette époque. Il y a aussi une dimension bien personnelle à ce récit puisque l'héroïne est en fait la mère de l'auteur. Il rend donc ici un hommage appuyé à sa maman, mais également à ces ancêtres, grand-parents, oncles et tantes. Il décrit ce qu'a été cette période de leur vie, où on ne mangeait pas tous les jours à sa faim, où posséder une tasse par personne sur l'étagère de la cuisine était un luxe. Malgré ce contexte il y a de belles touches d'optimisme, on voit qu'un moment de complicité entre soeurs, ou une après midi à la plage offrait de petits moments de bonheur simples mais sincères. Au delà de la dimension sociale de l'ouvrage, qui est intéressante, je ne ressors pas boulversé de cette lecture. Satisfait par la découverte d'une époque et d'une vie pas facile, mais pas ému pour autant, sans pouvoir vraiment l'expliquer. Peut être à cause de la construction du récit, peut être à cause de chapitres moins intéressants que d'autres. Au final, c'est presque gênant de ne pas avoir été touché plus que ça par les confessions de l'auteur, ni par l'enfance difficile qu'a pu avoir sa mère. C'est en fait peut être parce que ce livre est finalement très personnel.
Super Pixel Boy
Voilà un album qui sent bon la nostalgie et qui ravira toute une génération, celle qui a grandi dans les années 80. En effet on replonge dans cette époque à travers un phénomène naissant : les premiers jeux vidéos. L'auteur raconte dans de courts chapitres des souvenirs d'enfance autour d'un jeu marquant de l'époque. Super Mario, Tetris, Zelda, etc... L'album est doublement interessant car il ne met pas simplement en images quelques banalités sur l'univers du jeu vidéo. Non l'auteur y apporte une touche autobiographique supplémentaire amusante. Comment le mercredi après midi il fonçait chez un copain pour faire un peu de console, après avoir regardé quelques épisodes de ses dessins animés favoris. Comment se passait un gouter d'anniversaire, qui lui a offert tel jeu pour ce qu'il croyait être le plus beau jour de sa vie à ce moment-là. Cette dimension supplémentaire est un vrai plus, non seulement elle est attendrissante et amusante, mais en plus elle renvoie directement à nos propres souvenirs, et c'est avec le sourire que je me suis revu dans pas mal de chapitres :) Le traitement donné aux jeux vidéos est également amusant. D'abord graphiquement cette façon de pixeliser le dessin pour se rapprocher du visuel de ces jeux d'époques est très réussi. Et ensuite parce que le propos c'est pas juste pour dire, waoh jouer à tel jeu c'était juste génial. Certains aspects comme des scénarios pas terribles, la difficulté trop élevée (ah purée ces sauts au pixel près...) ou des jeux trop répétitifs sont tournés en dérision. Et ça fonctionne très bien, c'est rigolo. Pari réussi avec cet album qui amusera les gens qui ont connu tout ça. 3,5 / 5
Derrière le rideau
Nous suivons une gamine, Yael, et sa petite sœur Emilie, dans la France de la seconde moitié des années 1930 et du début des années 1940. C’est Yael la narratrice et principale protagoniste de l'histoire. C’est d'abord une chronique familiale, d’une famille recomposée (une mère juive qui décède, un père goy qui se remarie avec une femme qui ne plait pas aux filles), dans le sud-est de la France, Yael découvrant par bribes les relations plus ou moins tendues entre les deux branches familiales. Mais c’est surtout « l’extérieur » qui prend peu à peu le pas, avec la montée des tensions – à bas bruit tout d’abord. Puis, avec la guerre, le statut des juifs pétainiste qui s’impose dans la « zone libre », les deux gamines prennent conscience de ce que c’est qu’être juif, ou plutôt de ce que cela implique comme risques, jusqu’au final, assez ouvert (on peut voir plusieurs possibilités derrière ce rideau tiré – la plus noire étant hélas la plus évidente pour moi). Le lectorat visé en priorité est je pense celui de l’âge de Yael vers la fin du récit (elle a ses premières règles), à savoir de jeunes ados (un lexique en fin d’album explique contexte et termes importants), le sujet, la narration et le choix de centrer sur la vision de deux gamines aideront je pense à les accrocher. C’est le premier album publié par cette auteure italienne, visiblement un projet de fin d’études. Un début encourageant.
Sammy
Sammy est un autre exemple d'une série qui aurait dû s'arrêter quand elle était au sommet. Le cadre : nous sommes dans l'Amérique des années 20 en pleine prohibition. Bien entendu, le contexte est fortement influencé par les incorruptibles, qui heureusement ne joueront aucun rôle au début. Scénarisé par Cauvin, qui s'est comme à son habitude bien documenté, cette série est dessinée par l'inépuisable Berck, spécialiste des héros à "gros nez". Sammy est un "gorille", ou plutôt un garde du corps, qui travaille pour l'agence de Jack Hattaway. La première aventure pose le cadre, Sammy est plutôt fluet (et rappelle fortement Strapontin, un autre héros plus ancien de Berck) en opposition totale avec Jack qui ressemble à une armoire à glace (un vrai gorille). Les aventures humoristiques ont un côté très "Tex Avery" avec explosions et mitraillages à gogo, le tout avec ce contexte très intéressant. La série va ensuite se resserrer sur le duo Jack-Sammy (Jack devenant aussi mince que son employé), les autres membres de l'agence disparaissant au début du 6ème opus (en fait 5ème dans la numérotation Dupuis, la première véritable aventure ayant été éditée ailleurs, elle deviendra le tome 11 chez Dupuis). La série va alors monter progressivement en puissance, l'apothéose étant atteinte avec le tome 8 (ou plutôt 9), "le gorille et le roi dollar" qui est sans contexte le meilleur tome de la série, une critique assez acerbe, voire violente de la corruption durant la prohibition avec beaucoup d'humour. En fait, cet album sera interdit de publication en Belgique durant de nombreuses années par la censure. De plus, ce tome a l'intelligence de nous mettre Luciano comme adversaire au lieu de Capone. Hélas, dès le tome 10 dupuis (donc 11 de manière chronologique), la série commence à accuser une baisse de régime, les histoires devenant franchement mauvaises à partir du tome 20. Berck passera la main à partir du tome 32, mais le nouveau dessinateur, comme pour Astérix, se contentera d'un pastiche, tandis que les scénarios deviennent franchement pathétiques (comme pour Astérix tiens). Cauvin aura en plus la mauvaise idée d'introduire Al Capone à partir du tome 28 et d'en faire un personnage récurrent (autrement dit on le verra à chaque fois), même chose pour Eliott Ness un tome plus tard. Sammy s'arrête au tome 40, il était temps.
Manifestante
Nous suivons dans cet album une jeune femme, Anna, qui mène une vie sans vague, entre galères (chômage) et discussions et activités ordinaires avec copains et copines, et qui va, presque par hasard, découvrir les mouvements sociaux. Petit à petit, au gré de rencontres dans les cortèges, elle va s’investir dans les mouvements sociaux, et surtout les manifestations, son activisme devenant moteur dans sa vie, lui faisant prendre conscience de la futilité de certains aspects de sa vie et de ses relations sociales. Anna va ainsi mieux se connaitre, va aussi mieux connaitre sa grand-mère, à laquelle elle rend visite en Ephad et qui lui révèle avoir participé aux luttes violentes en Italie dans les années soixante. Naissance d’une conscience militante, un but à sa vie qui la fait revivre, Anna se fait aussi des amies et découvre la solidarité, mais aussi les risques (violences policières, burn-out, saturation, etc) liés à cette nouvelle activité. Au détour d'une conversation avec sa mère, Anna découvre aussi que cette activité militante peut vampiriser la vie familiale. Au travers de l’expérience d’Anna, c’est aussi l’apathie d’une partie de la société, la violence d’une répression qui met à mal certains aspects de la démocratie que nous montre Hélène Aldeguer. C’est aussi, au travers des rencontres et des combats menés en commun, une certaine vision du féminisme (quasiment tous les personnages sont féminins) qu’il nous est donné de voir. Le récit est intéressant, presque militant lui aussi – même s’il s’agit d’une fiction (mais qui s’inspire de faits réels, comme on le dit au cinéma). Seul le dessin m’a moins intéressé (mais c’est ici affaire de goût).
Gauloises
Un dessin avec des couleurs pastel et une couleur dominante, le bleu pastel du mythique paquet de gauloises qui donne un sentiment de douceur et de tranquillité dans un ville de rêve. Milan dessiné par Serio est vraiment superbe, il oppose à ce décor l'univers sordide dans lequel vivent tous les personnages. Plusieurs pages méritent que l'on s'arrête quelques secondes pour apprécier le travail du dessinateur, la nature, les bâtiments sont représentés avec parfois beaucoup de détails et toujours beaucoup de talent. Le dessin est le point fort de cette bd au contraire d'un scénario minimaliste où nous suivons l'itinéraire de deux tueurs à gages italien. Beaucoup de cases sans parole et peu d'actions donnent au récit une lenteur qui permet de se focaliser sur le caractère des personnages, leurs passés qui les ont menés à commettre des meurtres sur commande sans aucune empathie pour les victimes. C'est un sentiment de déjà vu qui m'a le plus dérangé pendant la lecture, il n'y a pas d'originalité dans ces deux parcours de tueurs pilotés par la mafia. Malgré un dessin superbe, une déception
Pour que respire le désert
Avec ce tome de la collection Liu Cixin, on a une inversion assez complète des qualités et des défauts du tome précédent, la Terre vagabonde. Cette fois le scénario a des enjeux beaucoup plus modestes : l'histoire d'une ville construite contre toute logique en plein désert et qui est, à priori, condamnée. Mais par contre, Liu Cixin prend la peine de développer des personnages plus intéressants, on a un père, qui fait partie des pionniers qui ont construit cette ville et doit maintenant participer à sa fin tout en gardant l'espoir de la sauver et sa fille, une véritable génie scientifique, qui aurait la capacité intellectuelle de trouver une solution mais n'en a pas grand-chose à faire et n'est obsédée que par les bulles de savon... Je ne mets que 3 étoiles, l'histoire est originale, son idée de départ bien trouvée mais elle est ensuite développée de façon assez simple, elle aurait même largement pu être racontée dans un tome plus court que ses 60aines de pages. Sur le plan des dessins, c'est très bon même si l'histoire ne permet pas au dessinateur de mettre en scène des évènements aussi grandioses que le tome précédent.
La Permutation (errata)
Le dessin renforce le côté un peu froid de l’histoire. J’ai l’impression que William Henne, en plus de ses dessins, a réutilisé des photos, retravaillées (en tout cas ça y ressemble), en les rehaussant à l’aquarelle. Pas de cases, des décors souvent évacués (du blanc entourant alors les personnages). C’est un peu déstabilisant au début, mais je m’y suis fait. L’histoire justement. Le début est très intriguant, mais cela s’éclaire (du moins en partie) assez rapidement, puisque nous découvrons que certains chapitres ont été déplacés (on commence ainsi avec le chapitre III). D’autres « errata » modifieront l’ordre de certains chapitres par la suite. L’histoire se déroule dans un univers assez oppressant, puisque l’État (ou en tout cas ce que l’on appelle « Le Programme » - dont les règles de vie en société sont rappelées à plusieurs reprise) « régule » les familles. Les conjoints peuvent ainsi du jour au lendemain être « redistribués ». C’est ce qui arrive au héros, séparé de sa femme et remis en couple avec une autre femme et les enfants de celle-ci. Mais, contrairement à la loi, il cherche à savoir ce qu’est devenu son ancienne compagne, à la revoir, il n’arrive pas à se faire à sa nouvelle situation, à nouer des relations fortes avec sa nouvelle femme. Il y a un peu de Kafka et d’Orwell dans cet univers, qui dépassionne les relations entre les individus, en créant des situations assez absurdes. Il faut entrer dans l’histoire, et son traitement, c’est un peu aride. Mais j’ai trouvé cette lecture finalement intéressante, avec une chute un peu ironique et noire. C’est un album qui sort des sentiers battus.
Wayne Redlake - 500 Fusils
Pas aussi enthousiaste que dans les critiques que j’ai pu lire et qui m’avaient donné envie d’acheter cet album. C’est un western sympa, pas compliqué suivre, et rassemblant tous les clichés d’un bon et classique western spaghetti. Du rythme, de la bagarre, de la chaleur et de la poussière : de ce côté-là, le contrat est rempli et bien rempli. Les cadrages cinématographiques apportent une bonne dynamique au scénario qui est efficace jusqu’au bout. Même si la référence du genre est le western spaghetti, les personnages sont vraiment très caricaturaux. Autant j’ai trouvé Wayne parfaitement raccord avec l’ambiance (buriné, transpirant, couvert de poussière…), autant j’ai trouvé June Mc Allan totalement hors sol (trop propre dans ses robes pas très adaptées à la situation…) et pour le coup, ne s’intégrant que moyennement dans le paysage général. Mais, je reconnais qu’elle fait partie du casting de ce genre de western. Pour ce qui est du dessin, c’est vraiment beau, les ambiances super bien réussies et les personnages masculins particulièrement bien travaillés, avec une réelle épaisseur physique (Wayne Redlake et sa quête de vengeance, le colonel à la tête de son détachement plutôt bien trouvé, et les « méchants » sanguinaires à souhait. Même si je m’attendais à un album plus épais (dans tous les sens du terme), j’ai passé un moment sympa à le lire. Ca a peut-être quand même un peu vieilli.
Seul le silence
2.5 Encore une fois, j'ai moins aimé que les autres. Il y a des bonnes choses dans cet album, surtout le dessin qui est très bon, sauf que voilà, je n'ai pas réussi à être captivé par le récit. La faute principalement au personnage principal qui m'a laissé indifférent, je me foutais un peu de sa vie et des malheurs qui lui arrivait, je voulais surtout qu'on se focalise sur l'enquête. Je trouve aussi qu'il y a des longueurs dans le récit, surtout dans la seconde moitié où on met plus en avant la vie du héros. La scène des révélations est pas mal, mais ça se termine un peu subitement et en plus j'avais fini par découvrir l'identité du coupable. Je pense que j'aurais plus apprécié si on avait en vedette une fillette qui à tout moment aurait pu être une victime du tueur, ça aurait apporté de la tension dans le récit et ça m'aurait plus accroché. Un polar à emprunter selon moi.