Derrière le rideau

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Deux gamines face à la violence de l'Histoire.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale 1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs italiens En Provence... Enfance(s) La BD au féminin Nazisme et Shoah Racisme, fascisme

À la fin des années 1930, dans un village provençal, Yaël et sa petite soeur Émilie, croquent la vie à pleines dents. Malheureusement, leur vie va basculer lorsque leur mère meurt et que leur père se remarie quelques mois plus tard avec Ophélie. Pour les deux petites filles, jamais cette bêtasse ne pourrait remplacer leur maman adorée ! Pourtant, à mesure que Yaël grandit, la dure réalité de la guerre et des lois raciales antisémites vont la rattraper. La jeune fille prend douloureusement conscience de son identité et de sa religion.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Avril 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Derrière le rideau © Dargaud 2022
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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30/10/2022 | Noirdésir
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L'avatar du posteur bamiléké

Cette première oeuvre de Sara del Giudice est un peu surprenante. Dans l'ensemble j'ai bien apprécié son album. L'auteure reprend la thématique du racisme antisémite des années 30 en France, sujet déjà très visité. Toutefois del Giudice ne fait intervenir cette thématique que peu de fois dans l'histoire, même si c'est à des moments clés pour le déroulé du scénario. Le choix de la narration interpelle compte tenu du final proposé par l'auteure. C'est à la fois audacieux et frustrant car l'auteure nous laisse un peu seuls avec nos interrogations mais cela apporte une charge émotionnelle forte au moment du dénouement. Or cette charge émotionnelle n'est pas très présente dans ce récit quasi intimiste d'une vie familiale assez banale si ce n'est le côté mixte du père/mère puis parents/enfants. Je trouve d'ailleurs que cette idée de mixité entre les parents (non Juifs) et les enfants (Juifs) puis des enfants qui deviennent Juifs en fonction de la rédaction des lois iniques est une très bonne idée assez peu travaillée jusque-là. Malheureusement cela déplace l'intérêt dramatique du récit des yeux de Yaël à la personnalité du papa qui devient centrale dans les prises de décisions. Ma lecture adulte de papa d'enfant métis a eu du mal avec la personnalité du père proposée par Sara. Pourtant l'auteure le décrit quelques planches plus tôt comme lucide et courageux devant les aprioris antisémites qu'il a dû affronter pour son mariage. Mais le final laisse à penser tout autre chose qui laisse un goût de cendre dans la bouche. Le graphisme supporte bien l'atmosphère du récit avec des teintes assez pâles et monotones mais harmonieuses. Seules quelques planches à la Van Gogh rappellent le bonheur et la joie d'un dernier été provençal au ciel bleu. Une série qui mérite la lecture et qui a su trouver un angle original sur une thématique très utilisée. Malheureusement la fin très ouverte est un peu déroutante.

12/09/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Je me suis un bon moment demandé où voulait en venir cette BD. J'y voyais au départ une sorte de biographie ou de témoignage authentique, le récit de jeunesse d'une petite fille d'une dizaine d'années dans les années 1930. Vivant en France à cette époque et ayant une partie de sa famille d'origine juive, j'imaginais bien que sa vie allait immanquablement devenir compliquée quand la seconde guerre mondiale allait éclater, mais rien dans le récit ne tendait vraiment trop vers ce sujet précis. Celui-ci s'attarde plus sur une histoire d'adultère, de remariage, de ressentiment des enfants envers leur nouvelle mère, et de mauvaise entente entre deux familles sur fond d'intolérance religieuse. Mais il semble qu'il ne s'agisse nullement d'une biographie réelle mais bien d'une pure fiction. Et visiblement c'est bien le sujet de la Shoah qui est la thématique finale de Derrière le rideau, et de la scène qui donne précisément son nom à cet album. Graphiquement, le trait est simple mais plutôt agréable, en grande partie grâce à d'élégantes couleurs qui rendent la lecture plaisante. Narrativement, on s'attache assez bien à ces deux fillettes, même si comme elles on peut être frustré de n'avoir droit qu'à leur vue d'enfants, avec beaucoup de secrets maintenus par les parents qui donnent une vision tronquée de ce qu'il se passe réellement. On comprend toutefois comme elles que c'est une question de pure administration qui a fait qu'elles ont un jour été officiellement considérées comme juives alors qu'elles ne l'étaient pas avant. Et du fait de cet attachement, la scène finale intense du récit est assez touchante. Mais... J'ai été vraiment surpris de voir l'histoire s'arrêter aussi brusquement. J'ai une sensation d'inachevé, de manque. Certes, la suite peut se laisser deviner mais c'est assez rageant de n'en avoir pas d'idée claire. Ça fait trop fin ouverte de film d'art et d'essai. A cause de cette fin abrupte, je n'arrive pas à sentir cette œuvre comme étant accomplie et pleinement satisfaisante à mes yeux.

08/11/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Nous suivons une gamine, Yael, et sa petite sœur Emilie, dans la France de la seconde moitié des années 1930 et du début des années 1940. C’est Yael la narratrice et principale protagoniste de l'histoire. C’est d'abord une chronique familiale, d’une famille recomposée (une mère juive qui décède, un père goy qui se remarie avec une femme qui ne plait pas aux filles), dans le sud-est de la France, Yael découvrant par bribes les relations plus ou moins tendues entre les deux branches familiales. Mais c’est surtout « l’extérieur » qui prend peu à peu le pas, avec la montée des tensions – à bas bruit tout d’abord. Puis, avec la guerre, le statut des juifs pétainiste qui s’impose dans la « zone libre », les deux gamines prennent conscience de ce que c’est qu’être juif, ou plutôt de ce que cela implique comme risques, jusqu’au final, assez ouvert (on peut voir plusieurs possibilités derrière ce rideau tiré – la plus noire étant hélas la plus évidente pour moi). Le lectorat visé en priorité est je pense celui de l’âge de Yael vers la fin du récit (elle a ses premières règles), à savoir de jeunes ados (un lexique en fin d’album explique contexte et termes importants), le sujet, la narration et le choix de centrer sur la vision de deux gamines aideront je pense à les accrocher. C’est le premier album publié par cette auteure italienne, visiblement un projet de fin d’études. Un début encourageant.

30/10/2022 (modifier)