Comme les deux autres albums formant une sorte de « biographie familiale » de Jaime Martin, j’ai trouvé la lecture fluide, agréable. Grâce à un dessin toujours classique et dynamique, clair, simple.
Mais aussi parce que Martin donne toujours à ses « personnages » (lui ou les membres de sa famille donc) une valeur ajoutée, en introduisant un pan de l’histoire espagnole, avec un regard souvent critique (on est ici encore en plein dans la période de la dictature franquiste).
J’ai apprécié ma lecture donc, mais un chouia moins que les deux précédemment lues (« Jamais je n'aurai 20 ans » et « Nous aurons toujours 20 ans »).
Même si la dénonciation du service militaire, de son abrutissement, des petits chefs devenus tyrans, du dénuement dans lequel ont été placés les « appelés » dans une guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom est salutaire et bien faite, j’ai trouvé ici moins d’intérêt.
D’abord parce que la guerre coloniale en question (dans un confetti marocain), si elle est bien expliquée dans un texte introductif, reste en fait en retrait, dans un décor lointain.
Ensuite, parce que la critique de la société franquiste est elle aussi en sourdine. Et du coup, c’est moins équilibré que les autres albums de Martin, même si ça reste quand même une lecture sympathique (qui ne fait que confirmer – dans un autre cadre plus dramatique certes – ce que je pense du service militaire et de l’armée).
Note réelle 3,5.
Une comédie romantique légère sympathique à lire.
Il faut dire que ça commence bien: l'héroïne et le héros sortent ensemble dès le début alors on n'est pas dans une comédie romantique dont le but est de voir les deux personnages principaux finir ensembles et subir des péripéties clichés remplient de quiproquos, de rivaux amoureux et autre rebondissement bidon pour étirer le scénario sur 25-30 tomes. Le principe de la série est simple: la fille est masculine et cool lors que le gars est plus féminine et il est terriblement malchanceux et comme il a des accidents tout le temps sa petite amie le protège.
Le couple Shikimori-Izumi fonctionne bien. Izumi n'est pas juste un gars malchanceux, il est aussi gentil et il soutient sa petite amie lorsqu'il peut alors on comprend bien pourquoi une fille aussi cool aime un garçon aussi maladroit. Les situations sont mignonnes et l'humour fonctionne bien quoique j'ai plus sourire que rigoler. Cela dit, le scénario n'est pas très profond (les chapitres sont très courts en plus) et je pense qu'après avoir lu les 5 premiers tomes, c'est assez pour un bon moment. Pour moi, c'est typiquement le genre de manga fait pour relaxer et redonner le sourire en montrant la vie quotidienne de personnages attachants. On lit un tome ou deux et on est bien content, mais en même temps on pas nécessairement envie de continuer jusqu'au bout.
Donc voilà si on aime les comédies romantiques, je conseil la lecture de deux-trois tomes, mais c'est pas un indispensable non plus.
Voilà bien un personnage hallucinant, complètement dérangé, qui a tué une quinzaine de personnes (tous ses proches, enfants, maris, etc) et fait souffrir encore plus de gens, en les empoisonnant méthodiquement, sans aucun réel mobile. Le principal mérite de cet album est de m’avoir fait découvrir cette femme.
Il faut dire que l’auteur s’est particulièrement documenté (un petit dossier final complète la partie BD). Du coup, en plus de l’affaire elle-même, c’est aussi un moyen de représenter certaines incohérences et hypocrisies de l’époque, en utilisant comme narratrice et prétexte à rencontres/témoignages une femme, envoyée à Brême (ou l’empoisonneuse sévissait) pour écrire un récit de voyage, mais qui va se trouver happée par l’affaire – elle arrive au moment de l’exécution de la meurtrière.
Le sujet est intéressant, mais traité ici sur un rythme lent, sans réelle rebondissements. Il y a clairement certaines longueurs.
Quant au dessin, il est simple, mais possède un certain charme, une sorte de crayonné assez sombre (qui aurait sans doute mérité parfois d’être un peu plus travaillé, mais je l’ai trouvé fluide et globalement agréable).
Une lecture intéressante en tout cas.
J’ai lu seulement le premier album (c’est en l’avisant que je m’aperçois qu’il y en a eu deux autres). Mais ce n’est pas grave, l’album se lisant comme un one-shot. Et, de plus, même si je lui ai trouvé de réelles qualités, lire les suivants n’est pas prioritaire.
La narration est fluide (peu de texte, peu d’action aussi d’ailleurs !), avec un dessin moderne et très simple (le héros n’a ni main ni pieds apparents – sauf sur une case je crois), avec des décors assez minimalistes. Quelques petites pointes d’humour accompagnent ces (més)aventures.
Pas désagréable, mais je pense que cela s’adresse avant tout à un jeune lectorat, car c’est quand même assez « gentil » - dans le déroulé, mais aussi et surtout dans la chute, un bon gros happy end consensuel.
Note réelle 2,5/5.
Je crois avoir lu ce roman devenu culte depuis, dans mes jeunes années, mais comme je n'ai jamais été fan de l'oeuvre de Boris Vian, ni de son oeuvre ni du bonhomme, je n'en ai gardé qu'un très vague souvenir, je ne sais même plus quelle avait été ma réaction. J'ai demandé à une amie qui a lu plus récemment ce bouquin, et d'après elle, cette Bd est assez fidèle à part quelques détails, l'adaptation semble lui convenir, et pourtant elle n'est pas familière de bande dessinée, étant plus une lectrice compulsive de vrais livres.
Il y a eu aussi une adaptation cinématographique en 1959, un film français réalisé par un gars dont j'ai oublié le nom, et sans vedettes, tant le roman avait fait scandale ; aucune société de films importante n'avait voulu prendre le risque de tourner une telle histoire et aucune vedette n'avait sans doute osé se compromettre, il était encore trop tôt. Remarquez que aujourd'hui, dans notre époque redevenue couille molle et prude jusqu'au fond des yeux, je crois pas que ça serait possible non plus...
Toujours est-il que c'est proobablement le roman le plus violent, le plus cru et le plus sexuel écrit par Boris Vian alias Vernon Sullivan, le plus sulfureux surtout et le plus dérangeant, où la provocation est poussée jusqu'au paroxysme. La lecture du bouquin à son époque de parution devait faire bondir, de nos jours il faut prendre un sacré recul pour tenter de comprendre les intentions de Vian. C'est quand même un polar sur fond de message social et racial puisqu'il dénonce sans vergogne le racisme ambiant à travers le personnage de Lee qui veut faire payer la mort de son frère black en culbutant les femmes de la riche bourgeoisie américaine et en les humiliant, comme une sorte de souillure symbolique, puisque lui-même est métis malgré un camouflage de visage blanc (un détail de peau que j'arrive peu à comprendre). Ce sentiment d'oisiveté, de relâchement, de mollesse et d'ennui de cette bande d'insouciants peut faire penser au film d'Arthur Penn, la Poursuite impitoyable (The Chase) où l'on trouvait une bande de citoyens adultes d'une petite ville de bouseux d'Amérique profonde dans le même état de désoeuvrement et de vacuité de leur existence en se livrant à des jeux stupides et à des actes débiles, malgré l'époque du tournage qui importe peu (1966) et où ne compte que l'esprit humain.
Avec une dose de sexe omniprésente voire souvent envahissante, mais qui traduit bien le désoeuvrement de cette bande de oisifs, tout comme la domination sur eux de Lee, le récit prend une dimension atmosphérique qui va très loin dans l'aspect borderline. Je dois dire que que ça ne m'a pas ennuyé mais ça ne m'a pas non plus transporté ; je ne sais pas trop à quoi ça tient, mais probablement que je ne suis pas assez rentré dans le récit dont j'avais hâte de sortir. L'ambiance par contre est bien rendue, les décors, les voitures reprennent la mythologie US vue dans quantité de films hollywoodiens qui ont nourri notre imaginaire en créant une Amérique fantasmée. Quant au dessin, je l'ai plus apprécié que sur Les Morts ont tous la même peau ; je ne sais pas qui fait quoi parmi cette équipe de dessinateurs, mais le rendu est satisfaisant tout en n'étant pas non plus renversant.
Pour l'instant, après lecture de 3 adaptations des romans Vernon Sullivan de chez Glénat, c'est celle qui m'a le moins intéressé. En fait, j'étais à 2 doigts de noter 2/5, mais je trouve toutefois l'ambiance un peu glauque et dérangeante certes moins audacieuse à notre époque, mais plutôt intéressante.
Après Et on tuera tous les affreux que j'avais beaucoup apprécié par son ton décalé, cette autre Bd parmi les 4 adaptations des romans noirs de Boris Vian parues chez Glénat, m'a semblée très différente. Dans la présentation de la fiche, il est dit que ça rappelle le ton de Chandler ou de Chase, je dirais que c'est beaucoup plus proche du style de Chase que de Chandler ; Chase avait une rugosité et une vulgarité mesurée que Chandler n'avait pas, ses romans et nouvelles ayant une écriture bien plus classe, il savait décrire la crasse ambiante et la corruption avec une certaine forme d'élégance quand Chase était plus cru (qui contrairement à ce qu'on croit était Britannique et non Américain, mais qui voulait faire américain).
J'ai beaucoup lu l'un et l'autre, et j'ai réussi à faire la distinction entre leurs styles. Et même si je veux être tout à fait honnête, je dirais que le style de ce bouquin de Vian ressemble encore plus à du Carter Brown (qui lui, était Australien bien que né à Londres), car c'est typique d'un contenu sordide et d'une écriture "sale" et sans grands effets de style. J'ai aussi pas mal lu une bonne douzaine de romans de Brown, ils sont pratiquement tous pareils, ils sont faciles, très directs, écrits parfois à la va-vite, avec plein de sexe et du sadisme, les puristes de la littérature policière l'ont souvent peu considéré parce qu'il écrivait des romans au kilo sans grande psychologie.
Je dois dire que le scénario m'a paru très léger, simpliste, banal, loin d'être renversant, donc proche d'un polar à la Carter Brown, et cette adaptation m'a à peine passionné. Je n'ai pas lu le livre et j'ignore donc si c'est fidèle ou pas. Mais tout n'est pas négatif dans cette Bd, c'est juste que c'est plutôt moyen et que c'est sauvé par son ambiance noire bien restituée.
Quoi qu'il en soit, l'histoire de Dan c'est une fuite en avant traversée d'éclairs de violence crue et de pulsions sexuelles exacerbées, des pulsions incontrôlables où la couleur de peau devient essentielle, et qui ne peut que se terminer tragiquement, comme souvent dans le roman noir ou le film noir. Car cette adaptation est dans un ton tout à fait de roman noir par rapport à Et on tuera tous les affreux. On sent bien que la dimension sexuelle semblait être au coeur des préoccupations de Boris Vian qui se servait de ces romans pour satisfaire des fantasmes dans une époque où l'on devait les réfréner, et pour aussi choquer les bourgeois de son époque. Cette manie de tabasser tout le monde et de coller de la fesse un peu partout répond à cet impératif.
Après, il y a le dessin, je ne l'aime pas des masses, je ne le trouve pas joli, c'est un trait qui rappelle certains dessinateurs américains, mais même s'il colle à peu près au style de ce récit, je le trouve très irrégulier, avec des visages parfois réussis dans certaines cases, et d'autres carrément hideux, tandis que les décors font le job. Je note 3/5 mais de justesse pour l'ensemble de tous ces paramètres.
J'ai longuement hésité entre 3 et 4/5. Et puis allez, je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai lu Shelton et Felter d'une traite et avec beaucoup de plaisir.
L'histoire est certes assez classique : une enquête policière sur fond de vieille histoire sordide et de scandale, tout ça au temps de la prohibition.
Mais c'est raconté de façon très plaisante. Les deux personnages sont attachants et pourront être davantage développés dans d'autres albums. L'opposition entre le petit pharmacien malin et hypocondriaque et le journaliste balèze ancien boxeur marche bien et prête à plusieurs reprises à sourire.
Côté dessin, je dois avouer que je suis tombé sous le charme. C'est rond, bonhomme, classique tout en étant particulier... bref c'est de toute beauté, et le fruit d'un long travail, si on en croit le cahier graphique.
Bref une très belle surprise que cet album, certes pas incroyablement original mais franchement sympathique. J'attends une suite, sinon avec impatience, du moins avec attention.
Note réelle : 3,5/5
MAJ 2022 :
Shelton et Felter, malgré le fait que je n'ai pas vraiment mis à jour mes avis au fur et à mesure (ce n'est pas la seule bd dans ce cas), est une série que j'ai suivie. Les albums qui ont suivi le premier sont dans la lignée du précédent : agréables à lire, rigolos mais pas inoubliables ni incroyablement originaux. Le dessin est toujours aussi sympa, même si il ne bouge pas, il n'y a pas d'évolution du trait, des améliorations par exemple. Mais au moins ça ne perd pas en qualité.
J'abaisse la note à 3/5, mais ça reste une série sympa et rigolote, pas inoubliable mais je sais que je vais passer un bon moment quand je vais lire un album.
Maïté Robert est une autrice que j'ai découverte, au milieu d'autres, sur Internet, à travers leurs bds quotidiennes regroupées sous "Mâtin!", qui est ici la collection sous laquelle est publiée cette bande dessinée. J'ai tout de suite beaucoup apprécié le travail de cette autrice, notamment grâce à son trait que je trouve agréable à l'oeil, enfantin mais néanmoins assez dynamique. J'aime bien également son humour que je trouve souvent bien vu.
Cet album regroupe peu ou prou ce qui avait été publié sur le net, avec il me semble quelques ajouts. Les bds qui sont dans cet ouvrage ne sont pas forcément celles que je préfère de l'autrice et, en fait, comme il s'agit d'un recueil de plusieurs histoires différentes, c'est assez inégal. Il y en a qui sont assez anecdotiques quand d'autres m'ont plus plu, comme la tarte aux endives ou la copine parfaite. Et, dans chaque histoire, je trouve un petit truc, une case, une expression faciale, un bon mot qui me plait bien. J'ai donc pris plutôt du plaisir à lire cette bande dessinée, ou plutôt ces bandes dessinées, même si je préfère d'autres que j'ai lues sur Internet, notamment plus récentes. Je trouve notamment que le trait est en évolution, et je trouve que son style actuel est plus maitrisé et donc plus agréable. J'ai hâte de lire les prochaines bds qui sortiront.
Un dessin classique, mais globalement dynamique, agréable, une histoire elle aussi simple mais fluide, mêlant des aspects anodins à quelques touches fantastiques, les éditions Patayo publient encore, toujours dans ce format à l’italienne, quelque chose de relativement original.
Mais, contrairement aux autres séries de la même collection que j’ai lues, je suis resté ici un peu sur ma faim. Les côtés un peu poétiques ne compensent pas suffisamment le relatif manque de densité, et la fin m’est apparue un chouia expédiée.
Un jeune public y trouvera peut-être davantage son compte, je ne sais pas.
Note réelle 2,5/5.
On a là une petite histoire assez vite lue, mais c’est une lecture globalement agréable.
La narration est assez dynamique. Quasiment pas de phylactères, tout est dans le commentaire en off en bas de chaque image (une par page, comme souvent dans cette collection). Ce commentaire insuffle souvent de l’ironie, de l’humour – léger – dans ces aventures qui démarrent comme une histoire de gangsters, et qui vire rapidement à la farce (avec quelques petites touches de fantastique).
Le dessin est simple, mais lui aussi efficace.
Une lecture rapide, mais qui s’adresse à un large public, et qui peut tout à fait convenir à pas mal de lecteurs (les plus jeunes surtout je pense).
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Les Guerres silencieuses
Comme les deux autres albums formant une sorte de « biographie familiale » de Jaime Martin, j’ai trouvé la lecture fluide, agréable. Grâce à un dessin toujours classique et dynamique, clair, simple. Mais aussi parce que Martin donne toujours à ses « personnages » (lui ou les membres de sa famille donc) une valeur ajoutée, en introduisant un pan de l’histoire espagnole, avec un regard souvent critique (on est ici encore en plein dans la période de la dictature franquiste). J’ai apprécié ma lecture donc, mais un chouia moins que les deux précédemment lues (« Jamais je n'aurai 20 ans » et « Nous aurons toujours 20 ans »). Même si la dénonciation du service militaire, de son abrutissement, des petits chefs devenus tyrans, du dénuement dans lequel ont été placés les « appelés » dans une guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom est salutaire et bien faite, j’ai trouvé ici moins d’intérêt. D’abord parce que la guerre coloniale en question (dans un confetti marocain), si elle est bien expliquée dans un texte introductif, reste en fait en retrait, dans un décor lointain. Ensuite, parce que la critique de la société franquiste est elle aussi en sourdine. Et du coup, c’est moins équilibré que les autres albums de Martin, même si ça reste quand même une lecture sympathique (qui ne fait que confirmer – dans un autre cadre plus dramatique certes – ce que je pense du service militaire et de l’armée). Note réelle 3,5.
Shikimori n'est pas juste mignonne
Une comédie romantique légère sympathique à lire. Il faut dire que ça commence bien: l'héroïne et le héros sortent ensemble dès le début alors on n'est pas dans une comédie romantique dont le but est de voir les deux personnages principaux finir ensembles et subir des péripéties clichés remplient de quiproquos, de rivaux amoureux et autre rebondissement bidon pour étirer le scénario sur 25-30 tomes. Le principe de la série est simple: la fille est masculine et cool lors que le gars est plus féminine et il est terriblement malchanceux et comme il a des accidents tout le temps sa petite amie le protège. Le couple Shikimori-Izumi fonctionne bien. Izumi n'est pas juste un gars malchanceux, il est aussi gentil et il soutient sa petite amie lorsqu'il peut alors on comprend bien pourquoi une fille aussi cool aime un garçon aussi maladroit. Les situations sont mignonnes et l'humour fonctionne bien quoique j'ai plus sourire que rigoler. Cela dit, le scénario n'est pas très profond (les chapitres sont très courts en plus) et je pense qu'après avoir lu les 5 premiers tomes, c'est assez pour un bon moment. Pour moi, c'est typiquement le genre de manga fait pour relaxer et redonner le sourire en montrant la vie quotidienne de personnages attachants. On lit un tome ou deux et on est bien content, mais en même temps on pas nécessairement envie de continuer jusqu'au bout. Donc voilà si on aime les comédies romantiques, je conseil la lecture de deux-trois tomes, mais c'est pas un indispensable non plus.
L'Empoisonneuse
Voilà bien un personnage hallucinant, complètement dérangé, qui a tué une quinzaine de personnes (tous ses proches, enfants, maris, etc) et fait souffrir encore plus de gens, en les empoisonnant méthodiquement, sans aucun réel mobile. Le principal mérite de cet album est de m’avoir fait découvrir cette femme. Il faut dire que l’auteur s’est particulièrement documenté (un petit dossier final complète la partie BD). Du coup, en plus de l’affaire elle-même, c’est aussi un moyen de représenter certaines incohérences et hypocrisies de l’époque, en utilisant comme narratrice et prétexte à rencontres/témoignages une femme, envoyée à Brême (ou l’empoisonneuse sévissait) pour écrire un récit de voyage, mais qui va se trouver happée par l’affaire – elle arrive au moment de l’exécution de la meurtrière. Le sujet est intéressant, mais traité ici sur un rythme lent, sans réelle rebondissements. Il y a clairement certaines longueurs. Quant au dessin, il est simple, mais possède un certain charme, une sorte de crayonné assez sombre (qui aurait sans doute mérité parfois d’être un peu plus travaillé, mais je l’ai trouvé fluide et globalement agréable). Une lecture intéressante en tout cas.
Le Facteur de l'Espace
J’ai lu seulement le premier album (c’est en l’avisant que je m’aperçois qu’il y en a eu deux autres). Mais ce n’est pas grave, l’album se lisant comme un one-shot. Et, de plus, même si je lui ai trouvé de réelles qualités, lire les suivants n’est pas prioritaire. La narration est fluide (peu de texte, peu d’action aussi d’ailleurs !), avec un dessin moderne et très simple (le héros n’a ni main ni pieds apparents – sauf sur une case je crois), avec des décors assez minimalistes. Quelques petites pointes d’humour accompagnent ces (més)aventures. Pas désagréable, mais je pense que cela s’adresse avant tout à un jeune lectorat, car c’est quand même assez « gentil » - dans le déroulé, mais aussi et surtout dans la chute, un bon gros happy end consensuel. Note réelle 2,5/5.
J'irai cracher sur vos tombes
Je crois avoir lu ce roman devenu culte depuis, dans mes jeunes années, mais comme je n'ai jamais été fan de l'oeuvre de Boris Vian, ni de son oeuvre ni du bonhomme, je n'en ai gardé qu'un très vague souvenir, je ne sais même plus quelle avait été ma réaction. J'ai demandé à une amie qui a lu plus récemment ce bouquin, et d'après elle, cette Bd est assez fidèle à part quelques détails, l'adaptation semble lui convenir, et pourtant elle n'est pas familière de bande dessinée, étant plus une lectrice compulsive de vrais livres. Il y a eu aussi une adaptation cinématographique en 1959, un film français réalisé par un gars dont j'ai oublié le nom, et sans vedettes, tant le roman avait fait scandale ; aucune société de films importante n'avait voulu prendre le risque de tourner une telle histoire et aucune vedette n'avait sans doute osé se compromettre, il était encore trop tôt. Remarquez que aujourd'hui, dans notre époque redevenue couille molle et prude jusqu'au fond des yeux, je crois pas que ça serait possible non plus... Toujours est-il que c'est proobablement le roman le plus violent, le plus cru et le plus sexuel écrit par Boris Vian alias Vernon Sullivan, le plus sulfureux surtout et le plus dérangeant, où la provocation est poussée jusqu'au paroxysme. La lecture du bouquin à son époque de parution devait faire bondir, de nos jours il faut prendre un sacré recul pour tenter de comprendre les intentions de Vian. C'est quand même un polar sur fond de message social et racial puisqu'il dénonce sans vergogne le racisme ambiant à travers le personnage de Lee qui veut faire payer la mort de son frère black en culbutant les femmes de la riche bourgeoisie américaine et en les humiliant, comme une sorte de souillure symbolique, puisque lui-même est métis malgré un camouflage de visage blanc (un détail de peau que j'arrive peu à comprendre). Ce sentiment d'oisiveté, de relâchement, de mollesse et d'ennui de cette bande d'insouciants peut faire penser au film d'Arthur Penn, la Poursuite impitoyable (The Chase) où l'on trouvait une bande de citoyens adultes d'une petite ville de bouseux d'Amérique profonde dans le même état de désoeuvrement et de vacuité de leur existence en se livrant à des jeux stupides et à des actes débiles, malgré l'époque du tournage qui importe peu (1966) et où ne compte que l'esprit humain. Avec une dose de sexe omniprésente voire souvent envahissante, mais qui traduit bien le désoeuvrement de cette bande de oisifs, tout comme la domination sur eux de Lee, le récit prend une dimension atmosphérique qui va très loin dans l'aspect borderline. Je dois dire que que ça ne m'a pas ennuyé mais ça ne m'a pas non plus transporté ; je ne sais pas trop à quoi ça tient, mais probablement que je ne suis pas assez rentré dans le récit dont j'avais hâte de sortir. L'ambiance par contre est bien rendue, les décors, les voitures reprennent la mythologie US vue dans quantité de films hollywoodiens qui ont nourri notre imaginaire en créant une Amérique fantasmée. Quant au dessin, je l'ai plus apprécié que sur Les Morts ont tous la même peau ; je ne sais pas qui fait quoi parmi cette équipe de dessinateurs, mais le rendu est satisfaisant tout en n'étant pas non plus renversant. Pour l'instant, après lecture de 3 adaptations des romans Vernon Sullivan de chez Glénat, c'est celle qui m'a le moins intéressé. En fait, j'étais à 2 doigts de noter 2/5, mais je trouve toutefois l'ambiance un peu glauque et dérangeante certes moins audacieuse à notre époque, mais plutôt intéressante.
Les Morts ont tous la même peau
Après Et on tuera tous les affreux que j'avais beaucoup apprécié par son ton décalé, cette autre Bd parmi les 4 adaptations des romans noirs de Boris Vian parues chez Glénat, m'a semblée très différente. Dans la présentation de la fiche, il est dit que ça rappelle le ton de Chandler ou de Chase, je dirais que c'est beaucoup plus proche du style de Chase que de Chandler ; Chase avait une rugosité et une vulgarité mesurée que Chandler n'avait pas, ses romans et nouvelles ayant une écriture bien plus classe, il savait décrire la crasse ambiante et la corruption avec une certaine forme d'élégance quand Chase était plus cru (qui contrairement à ce qu'on croit était Britannique et non Américain, mais qui voulait faire américain). J'ai beaucoup lu l'un et l'autre, et j'ai réussi à faire la distinction entre leurs styles. Et même si je veux être tout à fait honnête, je dirais que le style de ce bouquin de Vian ressemble encore plus à du Carter Brown (qui lui, était Australien bien que né à Londres), car c'est typique d'un contenu sordide et d'une écriture "sale" et sans grands effets de style. J'ai aussi pas mal lu une bonne douzaine de romans de Brown, ils sont pratiquement tous pareils, ils sont faciles, très directs, écrits parfois à la va-vite, avec plein de sexe et du sadisme, les puristes de la littérature policière l'ont souvent peu considéré parce qu'il écrivait des romans au kilo sans grande psychologie. Je dois dire que le scénario m'a paru très léger, simpliste, banal, loin d'être renversant, donc proche d'un polar à la Carter Brown, et cette adaptation m'a à peine passionné. Je n'ai pas lu le livre et j'ignore donc si c'est fidèle ou pas. Mais tout n'est pas négatif dans cette Bd, c'est juste que c'est plutôt moyen et que c'est sauvé par son ambiance noire bien restituée. Quoi qu'il en soit, l'histoire de Dan c'est une fuite en avant traversée d'éclairs de violence crue et de pulsions sexuelles exacerbées, des pulsions incontrôlables où la couleur de peau devient essentielle, et qui ne peut que se terminer tragiquement, comme souvent dans le roman noir ou le film noir. Car cette adaptation est dans un ton tout à fait de roman noir par rapport à Et on tuera tous les affreux. On sent bien que la dimension sexuelle semblait être au coeur des préoccupations de Boris Vian qui se servait de ces romans pour satisfaire des fantasmes dans une époque où l'on devait les réfréner, et pour aussi choquer les bourgeois de son époque. Cette manie de tabasser tout le monde et de coller de la fesse un peu partout répond à cet impératif. Après, il y a le dessin, je ne l'aime pas des masses, je ne le trouve pas joli, c'est un trait qui rappelle certains dessinateurs américains, mais même s'il colle à peu près au style de ce récit, je le trouve très irrégulier, avec des visages parfois réussis dans certaines cases, et d'autres carrément hideux, tandis que les décors font le job. Je note 3/5 mais de justesse pour l'ensemble de tous ces paramètres.
Shelton & Felter
J'ai longuement hésité entre 3 et 4/5. Et puis allez, je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai lu Shelton et Felter d'une traite et avec beaucoup de plaisir. L'histoire est certes assez classique : une enquête policière sur fond de vieille histoire sordide et de scandale, tout ça au temps de la prohibition. Mais c'est raconté de façon très plaisante. Les deux personnages sont attachants et pourront être davantage développés dans d'autres albums. L'opposition entre le petit pharmacien malin et hypocondriaque et le journaliste balèze ancien boxeur marche bien et prête à plusieurs reprises à sourire. Côté dessin, je dois avouer que je suis tombé sous le charme. C'est rond, bonhomme, classique tout en étant particulier... bref c'est de toute beauté, et le fruit d'un long travail, si on en croit le cahier graphique. Bref une très belle surprise que cet album, certes pas incroyablement original mais franchement sympathique. J'attends une suite, sinon avec impatience, du moins avec attention. Note réelle : 3,5/5 MAJ 2022 : Shelton et Felter, malgré le fait que je n'ai pas vraiment mis à jour mes avis au fur et à mesure (ce n'est pas la seule bd dans ce cas), est une série que j'ai suivie. Les albums qui ont suivi le premier sont dans la lignée du précédent : agréables à lire, rigolos mais pas inoubliables ni incroyablement originaux. Le dessin est toujours aussi sympa, même si il ne bouge pas, il n'y a pas d'évolution du trait, des améliorations par exemple. Mais au moins ça ne perd pas en qualité. J'abaisse la note à 3/5, mais ça reste une série sympa et rigolote, pas inoubliable mais je sais que je vais passer un bon moment quand je vais lire un album.
Procrastination écologique
Maïté Robert est une autrice que j'ai découverte, au milieu d'autres, sur Internet, à travers leurs bds quotidiennes regroupées sous "Mâtin!", qui est ici la collection sous laquelle est publiée cette bande dessinée. J'ai tout de suite beaucoup apprécié le travail de cette autrice, notamment grâce à son trait que je trouve agréable à l'oeil, enfantin mais néanmoins assez dynamique. J'aime bien également son humour que je trouve souvent bien vu. Cet album regroupe peu ou prou ce qui avait été publié sur le net, avec il me semble quelques ajouts. Les bds qui sont dans cet ouvrage ne sont pas forcément celles que je préfère de l'autrice et, en fait, comme il s'agit d'un recueil de plusieurs histoires différentes, c'est assez inégal. Il y en a qui sont assez anecdotiques quand d'autres m'ont plus plu, comme la tarte aux endives ou la copine parfaite. Et, dans chaque histoire, je trouve un petit truc, une case, une expression faciale, un bon mot qui me plait bien. J'ai donc pris plutôt du plaisir à lire cette bande dessinée, ou plutôt ces bandes dessinées, même si je préfère d'autres que j'ai lues sur Internet, notamment plus récentes. Je trouve notamment que le trait est en évolution, et je trouve que son style actuel est plus maitrisé et donc plus agréable. J'ai hâte de lire les prochaines bds qui sortiront.
L'Égaré
Un dessin classique, mais globalement dynamique, agréable, une histoire elle aussi simple mais fluide, mêlant des aspects anodins à quelques touches fantastiques, les éditions Patayo publient encore, toujours dans ce format à l’italienne, quelque chose de relativement original. Mais, contrairement aux autres séries de la même collection que j’ai lues, je suis resté ici un peu sur ma faim. Les côtés un peu poétiques ne compensent pas suffisamment le relatif manque de densité, et la fin m’est apparue un chouia expédiée. Un jeune public y trouvera peut-être davantage son compte, je ne sais pas. Note réelle 2,5/5.
Aimé le pantomime dégonflé
On a là une petite histoire assez vite lue, mais c’est une lecture globalement agréable. La narration est assez dynamique. Quasiment pas de phylactères, tout est dans le commentaire en off en bas de chaque image (une par page, comme souvent dans cette collection). Ce commentaire insuffle souvent de l’ironie, de l’humour – léger – dans ces aventures qui démarrent comme une histoire de gangsters, et qui vire rapidement à la farce (avec quelques petites touches de fantastique). Le dessin est simple, mais lui aussi efficace. Une lecture rapide, mais qui s’adresse à un large public, et qui peut tout à fait convenir à pas mal de lecteurs (les plus jeunes surtout je pense).