Quelques années après Lucille, Debeurme revient avec un album qui n’est pas vraiment la suite, mais où se croisent certains personnages déjà entrevus dans Lucille.
Si j’ai un chouia moins aimé cet album, il n’en reste pas moins captivant, même s’il ne faut pas être réfractaire au style de cet auteur atypique.
Style graphique tout d’abord, épuré (pas de gaufrier, quelques esquisses parfois, quasiment pas de décor – et parfois seulement des têtes), mais agréable, fin, confinant au minimalisme pour laisser voguer notre imagination.
On retrouve aussi, dans un univers très poétiques, pas mal de noirceur, un peu de trash, du fantastique un peu malsain (mais pas trop finalement), pour habiller une histoire où la plupart des protagonistes souffrent d’un mal être plus ou moins prononcé. Même si les dernières cases, appelant à « partir au large », font espérer que le grand large apportera quelque chose de positif.
Un pavé, mais vite lu (aéré, peu de texte), sans doute à réserver aux amateurs de l’auteur.
Note réelle 3,5/5.
Eh bien, voilà une histoire qui est originale et qui ne laissera pas indifférent !
Juncker est un auteur que j’aime bien, mais je ne lui connaissais pas forcément cette facette. Il use parfois d’humour, mais c’est généralement pour pimenter plutôt discrètement des séries historiques. Même s’il a récemment, avec Les Mémoires du Dragon Dragon, produit quelque chose d’assez déjanté.
Toujours est-il que cette série, se déroulant dans une France futuriste, autour de vieux personnages qui rappellent certains côtés des « Vieux fourneaux » vaut essentiellement pour cet humour (dialogues, situations), qui m’a fait entrer dans une histoire très facilement, alors que le dessin n’est pas forcément mon truc, et que je ne suis pas attiré par les histoires de baston (qui occupent une bonne partie de l’intrigue).
En tout cas c’est rythmé (action et dialogues), et quelques gags récurrents font mouche (tout ce qui touche autour du Gaullisme et ses diverses tendances par exemple). On oublie vite le point de départ, à la fois affreux et loufoque, à savoir la loi qui impose l’euthanasie des « vieux », poids morts pour la société, dès lors qu’ils montrent certaines maladies (quelques flash-backs dans le premier tome permettent de comprendre comment on en est arrivé là). Et, pour le coup, on s’amuse (ou pas d’ailleurs) à y voir des prolongements absurdes et/ou extrémistes de certaines problématiques actuelles (le financement du « coût » du quatrième âge).
Pas inoubliable, vite lu, mais original, surprenant, et finalement agréable à lire, le sourire aux lèvres, malgré les coups (physiques et verbaux) qui pleuvent.
Le dessin est très lisible, mais pas exempt de défauts, un peu brouillon (j’ai bien aimé la colorisation par contre). L’histoire en elle-même se déroule sur un rythme assez pépère, avec quelques côtés un chouia trop didactiques (lorsque l’explorateur français demande à son guide de lui raconter, lors des pauses durant le voyage le long du Maroni, l’histoire des Marrons Bonis).
Mais ces quelques bémols évoqués, je peux quand même dire que la lecture de cet album est agréable, fluide. Et surtout très instructive. Si je sais ce qu’est le marronnage, je ne connaissais pas du tout la situation dans les Guyanes. Car la bonne idée des auteurs est de « suivre » un vrai explorateur français de la fin du XIXème siècle, ouvert et cherchant à comprendre la « réalité » du terrain, l’histoire des communautés locales, que nous découvrons donc en même temps que lui.
Les éditions Steinkis ont aussi fait du très bon boulot, et les préfaces, mais aussi l’important dossier final, permettent aux lecteurs de sortir de leur lecture avec le sentiment d’avoir appris des choses sur un pan méconnu de l’histoire coloniale (l’album en montre certains aspects violents – et ce dès l’entame de l’album, avec une scène révoltante), mais aussi de cette région d’Amérique du sud.
Une lecture finalement instructive et recommandée.
Comme son titre l’indique, les quatre histoires regroupées dans cet album sont muettes. On ne pourra donc pas se plaindre de la pauvreté des dialogues – critique récurrente dans ce genre de production. Mais du coup tout est misé sur les situations développées (très rapidement car peu de pages).
Chacune des histoires tourne autour d’un fantasme (faire l’amour à une inconnue dans un hôtel, un homme travesti dominé par une femme qui dans une mise en scène le surprend chez elle après un cambriolage, une salle de spectacle se transformant en orgie géante, etc.).
Disons-le tout net, l’ensemble est un chouia décevant. Mais la lecture n’est pas désagréable. Les première et dernière histoires sont celles que j’ai préférées – la dernière pour la chute, la première pour le côté légèrement surprenant dudit fantasme.
Mais tout m’est apparu léger. Du dessin, pas désagréable, mais pas non plus très détaillé, aux scénarios, pas assez développés à mon goût (la première histoire, dessinée et scénarisée par Alex par exemple, aurait pu être meilleure je pense).
On a donc là une lecture très rapide, pas désagréable donc, mais qui m’a laissé quelque peu sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
J’avais découvert Wonderland (Graph Zeppelin) à l’occasion de la sortie de l’intégrale. J’y avais trouvé une version originale et intéressante d’« Alice au pays des merveilles ». Avec de nouveaux auteurs, nous retrouvons chez ce même éditeur cet univers pour un préquel, qui nous permet de découvrir ce qui s’est passé « avant » le début de « Wonderland », mais aussi d’en savoir un peu plus sur l’univers quelque peu éloigné de la vision que nous en avait donné Caroll.
Pour résumer mon ressenti, disons que j’ai trouvé ça intéressant, original, mais que j’ai moins apprécié cette histoire que la série originelle, et ce pour deux raisons. D’abord, il n’y a plus le côté « dégommage » de la famille américaine idéale, qui donnait un peu de piment à « Wonderland » (car ici quasiment tout se passe « de l’autre côté du miroir »). Ensuite, je n’ai pas accroché au dernier chapitre, qui empile les bastons, ceci retombant dans quelque chose que je n’aime pas dans certains comics (de super héros par exemple).
Bon, ceci étant dit, ceux qui, comme moi, ont apprécié « Wonderland », trouveront sans doute de l’intérêt à cet album, dans lequel on retrouve toujours cette revisite trash, noire et fantastique, qui donne quelque chose de très très éloigné de ce que Disney a pu imprimer dans l’imaginaire collectif. Tout est menaçant à Wonderland, y compris les bombasses (comme pour « Wonderland », les femmes, Alice en tête, sont hyper sexuées, et leur poitrine opulente déborde de décolletés affriolants).
Plusieurs dessinateurs officient ici. Je ne suis pas fan de ce genre de chose, mais leurs styles sont assez proches, et globalement bons. Je regrette juste une colorisation informatique (pas mon truc), qui lisse un peu trop les visages. Mais l'ensemble est tout de même agréable et accompagne bien l'histoire.
Un préquel sans doute en retrait par rapport à la série d’origine (que je vous encourage à découvrir si ce n’est déjà fait), mais qui est quand même intéressant.
C'est une histoire très classique qui reprend la plupart des clichés attendus de ce genre de bande, on pourrait croire que Bec ne s'est pas trop foulé, mais ça m'est égal parce que c'est un pan du fantastique que j'aime : le paranormal, les maisons hantées, tout ceci m'a toujours à la fois effrayé et fasciné. Aussi j'ai marché à fond dans ce récit, et je n'ai pas envie de jouer le vieux blasé.
Bec réussit à mettre en place une ambiance adéquate d'épouvante, une épouvante plus psychologique que visuelle qui évite pas mal de gros effets appuyés. L'originalité n'est donc pas au rendez-vous, mais c'est très efficace, la tension monte doucement mais durablement, le scénario est bien mené dans son ensemble et procure quelques sensations. Le dessin est rugueux, accentuant le frisson de belle façon, les décors sont bien élaborés, certaines planches sont vraiment superbes et font leur effet sur l'imagination, j'aime ce type de graphisme sur une Bd fantastique.
Bon après, si au niveau récit et événements étranges, ça me convient, il y a quand même 2 ou 3 trucs que je ne trouve pas crédibles. Tout d'abord, brûler des sorcières dans la cour du château de Fontainebleau à la fin du XVIème siècle est totalement improbable, ce château étant une résidence royale depuis le Moyen Age, François Ier l'a embelli, il était souvent habité à cette époque, la noblesse parisienne s'y pressait, plusieurs rois y sont nés et y ont laissé leur marque dans la pierre, ce n'est pas une simple petite gentilhommière de campagne provinciale où le seigneur local accueillerait ses paysans en leur donnant l'autorisation d'accomplir ce genre d'acte. Les bûchers étaient en général dressés sur les places de villages ou de villes.
Quant à Moret-s/Loing, ce n'est pas un village tout près de Fontainebleau, c'est une vraie commune de plus de 4000 habitants située à 12 km (une petite cité de caractère d'ailleurs pleine de charme que j'ai souvent pris plaisir à photographier).
D'autre part, découvrir une ferme en ruines en pleine forêt de Fontainebleau est également tout à fait improbable, Bec aurait pu la situer ailleurs. Cette forêt je la connais bien, elle est immense, on peut s'y perdre facilement si on n'a pas de plan : la diversité des paysages, le boisement mélangé, un sol sableux, des gorges, une steppe herbeuse, et surtout une profusion de rochers de grès dur de toutes tailles et pour certains de formes bizarres (comme "l'éléphant d'Apremont" près du village de Barbizon), dont certains servent à l'escalade font de cette forêt un endroit exceptionnel, dont le relief très particulier ne se retrouve nulle part ailleurs en France ; et pourtant des forêts, il y en a. C'est donc une forêt incroyable mais il n'existe aucune bâtisse abandonnée, ça se saurait, et même si une ferme en ruines existait, les agents communaux du service de l'environnement des bois et forêts l'auraient balisée et installé des barrières et des défenses d'entrer, croyez-en mon expérience de découverte des vieux châteaux abandonnés par des propriétaires indifférents ; j'en ai souvent vus des édifices de ce style, mais on ne peut y pénétrer, le plus souvent par souci de sécurité (chutes de pierres), ça m'a d'ailleurs souvent frustré, mais c'est avéré, donc Bec est bien gentil mais il aurait pu se renseigner sur ce genre de crédibilité.
Enfin dernier point : oui le couple parisien est très naïf et peut sembler aussi cliché, il fait penser aux bandes de jeunes qu'on voyait dans les films d'horreur genre Vendredi 13 où un vieux type leur disait de fuir et d'éviter Crystal Lake, mais ils restaient quand même par bravade et ils se faisaient découper par Jason. Là c'est pareil, ce couple n'écoute pas les conseils et ne calte pas lorsqu'il voit les premiers phénomènes étranges, mais après tout, sur ce point, je suis plus indulgent parce que ça marche toujours et que ça fait partie du jeu, sinon il n'y aurait pas d'histoire.
Je regrette cependant que les caractères soient moyennement développés et que tout aille un peu vite, je trouve que Bec aurait très bien pu mieux définir tout ça et étoffer son scénario dans un diptyque. Sinon, je resors satisfait de ce récit, ça brasse de l'effroi très classique mais ça fait tout à fait le job.
La couverture accroche assez facilement l'oeil des enfants entre 7 et 12 ans. Malheureusement le contenu n'est pas aussi prometteur même si le dessin est moderne et dynamique.
Il en va de même pour le découpage et la mise en couleur ( à base de teintes fuchsia, violette et bleue) qui nous éloignent des albums Jeunesse classiques.
Le scénario est à la fois une découverte de Brooklyn et de son histoire de légendes urbaines depuis cent ans.
Comme le souligne Ro la présence de cette gentille équipe de quatre gamin-e-s d'une dizaine d'années fait un peu bizarre dans ses apparitions face au gang
de caïds plus âgés ou pendant leurs aides aux SDF.
Le fond du message est très politiquement correct que ce soit dans la distribution des rôles ou dans la conversion du vilain promoteur immobilier.
L'ambiance est entièrement fantastique mais n'est pas trop impressionnante sauf une scène avec des punaises de lit ( qui ne sont pas une légende urbaine à NY).
Une lecture récréative pour un public jeune mais sans beaucoup d'intérêt au dessus de 15 ans.
2.5
Sans trouver la série exceptionnelle, je trouve 'Tony Chu' sympathique à lire ce qui est moins le cas de ce spin-off.
Niveau dessin, c'est pas mal quoique je ne sois pas trop fan des couleurs fait par ordinateur. En revanche, le scénario est moyen. En fait, je trouve la qualité des deux tomes inégaux. La première qui introduit le personnage de Safrane Chu se laisse lire sans problème, il y a des bons passages et c'est divertissant. En revanche, le second tome a fini par m'ennuyer. Je n'ai pas réussi à rentrer dans le délire des voyages dans le temps et lorsque j'ai lu la fin j'étais tellement content d'en avoir fini que je pense pas lire la suite.
Donc voilà le premier tome veut 3 étoiles pour moi et le deuxième 2. J'arrondis et je mets la moyenne à la série.
Mouais. Disons que ça se laisse lire. Mais il m’a manqué certaines choses pour davantage apprécier ma lecture.
Un certain manque de clarté parfois, dans le dessin, mais surtout dans l’intrigue, quelques passages me laissant perplexe (qu’en est-il du tueur des bois, qui enflamme ses victimes ?). De plus, les deux trois sous-intrigues qui se rejoignent plus ou moins sur la fin, ne m’ont pas convaincu. La faute, en plus du manque de clarté déjà pointé, à un certain manque de densité, certaines longueurs. Et à quelques "hasards" trop heureux dans l'intrigue (par exemple comment les policiers tombent sur le tunnel).
Quant au cœur de l’histoire, j’avoue que si je n’avais pas lu le court résumé en quatrième de couverture, une bonne partie de l’histoire m’aurait échappé, tant les quelques clés livrées ne le sont que très tardivement.
Bref, une histoire qui aurait sans doute mérité d’être retravaillée. En tout cas qui m’a laissé sur ma faim.
Note réelle 2,5/5.
Je trouve assez dures une partie des critiques de mes prédécesseurs. Cela manque certes de densité, et j’ai trouvé la fin de la dernière histoire un peu trop convenue, sucrée.
Mais la lecture de ces quatre histoires a été plutôt agréable.
Mes deux préférées sont les deux du milieu, celles qui sont muettes. Vite lues, elles dégagent, au travers d’un fantastique plus suggéré que montré, un certain malaise. Affaire d’ambiance noire, d’un certain merveilleux angoissant, elles sont assez réussies.
La première histoire n’est pas vraiment ratée, mais c’est celle que j’ai le moins aimée, sans doute la seule qui ne m’a pas vraiment accroché. Quant à la dernière, il y a là aussi un étrange merveilleux, une narration lente et avare d’effets, mais cela ne part pas vers le noir, mais plutôt vers quelque chose de rose. J’aurais nettement préféré que cela soit plus noir ou, à défaut, reste sur quelque chose d’ouvert ne livrant pas toutes les clés – par goût, mais aussi pour rester sur le même ton que les histoires précédentes.
Mais bon, ça reste un petit recueil plutôt agréable à feuilleter.
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Renée
Quelques années après Lucille, Debeurme revient avec un album qui n’est pas vraiment la suite, mais où se croisent certains personnages déjà entrevus dans Lucille. Si j’ai un chouia moins aimé cet album, il n’en reste pas moins captivant, même s’il ne faut pas être réfractaire au style de cet auteur atypique. Style graphique tout d’abord, épuré (pas de gaufrier, quelques esquisses parfois, quasiment pas de décor – et parfois seulement des têtes), mais agréable, fin, confinant au minimalisme pour laisser voguer notre imagination. On retrouve aussi, dans un univers très poétiques, pas mal de noirceur, un peu de trash, du fantastique un peu malsain (mais pas trop finalement), pour habiller une histoire où la plupart des protagonistes souffrent d’un mal être plus ou moins prononcé. Même si les dernières cases, appelant à « partir au large », font espérer que le grand large apportera quelque chose de positif. Un pavé, mais vite lu (aéré, peu de texte), sans doute à réserver aux amateurs de l’auteur. Note réelle 3,5/5.
Octofight
Eh bien, voilà une histoire qui est originale et qui ne laissera pas indifférent ! Juncker est un auteur que j’aime bien, mais je ne lui connaissais pas forcément cette facette. Il use parfois d’humour, mais c’est généralement pour pimenter plutôt discrètement des séries historiques. Même s’il a récemment, avec Les Mémoires du Dragon Dragon, produit quelque chose d’assez déjanté. Toujours est-il que cette série, se déroulant dans une France futuriste, autour de vieux personnages qui rappellent certains côtés des « Vieux fourneaux » vaut essentiellement pour cet humour (dialogues, situations), qui m’a fait entrer dans une histoire très facilement, alors que le dessin n’est pas forcément mon truc, et que je ne suis pas attiré par les histoires de baston (qui occupent une bonne partie de l’intrigue). En tout cas c’est rythmé (action et dialogues), et quelques gags récurrents font mouche (tout ce qui touche autour du Gaullisme et ses diverses tendances par exemple). On oublie vite le point de départ, à la fois affreux et loufoque, à savoir la loi qui impose l’euthanasie des « vieux », poids morts pour la société, dès lors qu’ils montrent certaines maladies (quelques flash-backs dans le premier tome permettent de comprendre comment on en est arrivé là). Et, pour le coup, on s’amuse (ou pas d’ailleurs) à y voir des prolongements absurdes et/ou extrémistes de certaines problématiques actuelles (le financement du « coût » du quatrième âge). Pas inoubliable, vite lu, mais original, surprenant, et finalement agréable à lire, le sourire aux lèvres, malgré les coups (physiques et verbaux) qui pleuvent.
Nengue - L'histoire oubliée des esclaves des Guyanes
Le dessin est très lisible, mais pas exempt de défauts, un peu brouillon (j’ai bien aimé la colorisation par contre). L’histoire en elle-même se déroule sur un rythme assez pépère, avec quelques côtés un chouia trop didactiques (lorsque l’explorateur français demande à son guide de lui raconter, lors des pauses durant le voyage le long du Maroni, l’histoire des Marrons Bonis). Mais ces quelques bémols évoqués, je peux quand même dire que la lecture de cet album est agréable, fluide. Et surtout très instructive. Si je sais ce qu’est le marronnage, je ne connaissais pas du tout la situation dans les Guyanes. Car la bonne idée des auteurs est de « suivre » un vrai explorateur français de la fin du XIXème siècle, ouvert et cherchant à comprendre la « réalité » du terrain, l’histoire des communautés locales, que nous découvrons donc en même temps que lui. Les éditions Steinkis ont aussi fait du très bon boulot, et les préfaces, mais aussi l’important dossier final, permettent aux lecteurs de sortir de leur lecture avec le sentiment d’avoir appris des choses sur un pan méconnu de l’histoire coloniale (l’album en montre certains aspects violents – et ce dès l’entame de l’album, avec une scène révoltante), mais aussi de cette région d’Amérique du sud. Une lecture finalement instructive et recommandée.
Sans un mot...
Comme son titre l’indique, les quatre histoires regroupées dans cet album sont muettes. On ne pourra donc pas se plaindre de la pauvreté des dialogues – critique récurrente dans ce genre de production. Mais du coup tout est misé sur les situations développées (très rapidement car peu de pages). Chacune des histoires tourne autour d’un fantasme (faire l’amour à une inconnue dans un hôtel, un homme travesti dominé par une femme qui dans une mise en scène le surprend chez elle après un cambriolage, une salle de spectacle se transformant en orgie géante, etc.). Disons-le tout net, l’ensemble est un chouia décevant. Mais la lecture n’est pas désagréable. Les première et dernière histoires sont celles que j’ai préférées – la dernière pour la chute, la première pour le côté légèrement surprenant dudit fantasme. Mais tout m’est apparu léger. Du dessin, pas désagréable, mais pas non plus très détaillé, aux scénarios, pas assez développés à mon goût (la première histoire, dessinée et scénarisée par Alex par exemple, aurait pu être meilleure je pense). On a donc là une lecture très rapide, pas désagréable donc, mais qui m’a laissé quelque peu sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Alice à Wonderland - De l'autre côté du miroir
J’avais découvert Wonderland (Graph Zeppelin) à l’occasion de la sortie de l’intégrale. J’y avais trouvé une version originale et intéressante d’« Alice au pays des merveilles ». Avec de nouveaux auteurs, nous retrouvons chez ce même éditeur cet univers pour un préquel, qui nous permet de découvrir ce qui s’est passé « avant » le début de « Wonderland », mais aussi d’en savoir un peu plus sur l’univers quelque peu éloigné de la vision que nous en avait donné Caroll. Pour résumer mon ressenti, disons que j’ai trouvé ça intéressant, original, mais que j’ai moins apprécié cette histoire que la série originelle, et ce pour deux raisons. D’abord, il n’y a plus le côté « dégommage » de la famille américaine idéale, qui donnait un peu de piment à « Wonderland » (car ici quasiment tout se passe « de l’autre côté du miroir »). Ensuite, je n’ai pas accroché au dernier chapitre, qui empile les bastons, ceci retombant dans quelque chose que je n’aime pas dans certains comics (de super héros par exemple). Bon, ceci étant dit, ceux qui, comme moi, ont apprécié « Wonderland », trouveront sans doute de l’intérêt à cet album, dans lequel on retrouve toujours cette revisite trash, noire et fantastique, qui donne quelque chose de très très éloigné de ce que Disney a pu imprimer dans l’imaginaire collectif. Tout est menaçant à Wonderland, y compris les bombasses (comme pour « Wonderland », les femmes, Alice en tête, sont hyper sexuées, et leur poitrine opulente déborde de décolletés affriolants). Plusieurs dessinateurs officient ici. Je ne suis pas fan de ce genre de chose, mais leurs styles sont assez proches, et globalement bons. Je regrette juste une colorisation informatique (pas mon truc), qui lisse un peu trop les visages. Mais l'ensemble est tout de même agréable et accompagne bien l'histoire. Un préquel sans doute en retrait par rapport à la série d’origine (que je vous encourage à découvrir si ce n’est déjà fait), mais qui est quand même intéressant.
Fontainebleau
C'est une histoire très classique qui reprend la plupart des clichés attendus de ce genre de bande, on pourrait croire que Bec ne s'est pas trop foulé, mais ça m'est égal parce que c'est un pan du fantastique que j'aime : le paranormal, les maisons hantées, tout ceci m'a toujours à la fois effrayé et fasciné. Aussi j'ai marché à fond dans ce récit, et je n'ai pas envie de jouer le vieux blasé. Bec réussit à mettre en place une ambiance adéquate d'épouvante, une épouvante plus psychologique que visuelle qui évite pas mal de gros effets appuyés. L'originalité n'est donc pas au rendez-vous, mais c'est très efficace, la tension monte doucement mais durablement, le scénario est bien mené dans son ensemble et procure quelques sensations. Le dessin est rugueux, accentuant le frisson de belle façon, les décors sont bien élaborés, certaines planches sont vraiment superbes et font leur effet sur l'imagination, j'aime ce type de graphisme sur une Bd fantastique. Bon après, si au niveau récit et événements étranges, ça me convient, il y a quand même 2 ou 3 trucs que je ne trouve pas crédibles. Tout d'abord, brûler des sorcières dans la cour du château de Fontainebleau à la fin du XVIème siècle est totalement improbable, ce château étant une résidence royale depuis le Moyen Age, François Ier l'a embelli, il était souvent habité à cette époque, la noblesse parisienne s'y pressait, plusieurs rois y sont nés et y ont laissé leur marque dans la pierre, ce n'est pas une simple petite gentilhommière de campagne provinciale où le seigneur local accueillerait ses paysans en leur donnant l'autorisation d'accomplir ce genre d'acte. Les bûchers étaient en général dressés sur les places de villages ou de villes. Quant à Moret-s/Loing, ce n'est pas un village tout près de Fontainebleau, c'est une vraie commune de plus de 4000 habitants située à 12 km (une petite cité de caractère d'ailleurs pleine de charme que j'ai souvent pris plaisir à photographier). D'autre part, découvrir une ferme en ruines en pleine forêt de Fontainebleau est également tout à fait improbable, Bec aurait pu la situer ailleurs. Cette forêt je la connais bien, elle est immense, on peut s'y perdre facilement si on n'a pas de plan : la diversité des paysages, le boisement mélangé, un sol sableux, des gorges, une steppe herbeuse, et surtout une profusion de rochers de grès dur de toutes tailles et pour certains de formes bizarres (comme "l'éléphant d'Apremont" près du village de Barbizon), dont certains servent à l'escalade font de cette forêt un endroit exceptionnel, dont le relief très particulier ne se retrouve nulle part ailleurs en France ; et pourtant des forêts, il y en a. C'est donc une forêt incroyable mais il n'existe aucune bâtisse abandonnée, ça se saurait, et même si une ferme en ruines existait, les agents communaux du service de l'environnement des bois et forêts l'auraient balisée et installé des barrières et des défenses d'entrer, croyez-en mon expérience de découverte des vieux châteaux abandonnés par des propriétaires indifférents ; j'en ai souvent vus des édifices de ce style, mais on ne peut y pénétrer, le plus souvent par souci de sécurité (chutes de pierres), ça m'a d'ailleurs souvent frustré, mais c'est avéré, donc Bec est bien gentil mais il aurait pu se renseigner sur ce genre de crédibilité. Enfin dernier point : oui le couple parisien est très naïf et peut sembler aussi cliché, il fait penser aux bandes de jeunes qu'on voyait dans les films d'horreur genre Vendredi 13 où un vieux type leur disait de fuir et d'éviter Crystal Lake, mais ils restaient quand même par bravade et ils se faisaient découper par Jason. Là c'est pareil, ce couple n'écoute pas les conseils et ne calte pas lorsqu'il voit les premiers phénomènes étranges, mais après tout, sur ce point, je suis plus indulgent parce que ça marche toujours et que ça fait partie du jeu, sinon il n'y aurait pas d'histoire. Je regrette cependant que les caractères soient moyennement développés et que tout aille un peu vite, je trouve que Bec aurait très bien pu mieux définir tout ça et étoffer son scénario dans un diptyque. Sinon, je resors satisfait de ce récit, ça brasse de l'effroi très classique mais ça fait tout à fait le job.
Légendes zurbaines
La couverture accroche assez facilement l'oeil des enfants entre 7 et 12 ans. Malheureusement le contenu n'est pas aussi prometteur même si le dessin est moderne et dynamique. Il en va de même pour le découpage et la mise en couleur ( à base de teintes fuchsia, violette et bleue) qui nous éloignent des albums Jeunesse classiques. Le scénario est à la fois une découverte de Brooklyn et de son histoire de légendes urbaines depuis cent ans. Comme le souligne Ro la présence de cette gentille équipe de quatre gamin-e-s d'une dizaine d'années fait un peu bizarre dans ses apparitions face au gang de caïds plus âgés ou pendant leurs aides aux SDF. Le fond du message est très politiquement correct que ce soit dans la distribution des rôles ou dans la conversion du vilain promoteur immobilier. L'ambiance est entièrement fantastique mais n'est pas trop impressionnante sauf une scène avec des punaises de lit ( qui ne sont pas une légende urbaine à NY). Une lecture récréative pour un public jeune mais sans beaucoup d'intérêt au dessus de 15 ans.
Safrane Chu
2.5 Sans trouver la série exceptionnelle, je trouve 'Tony Chu' sympathique à lire ce qui est moins le cas de ce spin-off. Niveau dessin, c'est pas mal quoique je ne sois pas trop fan des couleurs fait par ordinateur. En revanche, le scénario est moyen. En fait, je trouve la qualité des deux tomes inégaux. La première qui introduit le personnage de Safrane Chu se laisse lire sans problème, il y a des bons passages et c'est divertissant. En revanche, le second tome a fini par m'ennuyer. Je n'ai pas réussi à rentrer dans le délire des voyages dans le temps et lorsque j'ai lu la fin j'étais tellement content d'en avoir fini que je pense pas lire la suite. Donc voilà le premier tome veut 3 étoiles pour moi et le deuxième 2. J'arrondis et je mets la moyenne à la série.
Nous irons tous au bois
Mouais. Disons que ça se laisse lire. Mais il m’a manqué certaines choses pour davantage apprécier ma lecture. Un certain manque de clarté parfois, dans le dessin, mais surtout dans l’intrigue, quelques passages me laissant perplexe (qu’en est-il du tueur des bois, qui enflamme ses victimes ?). De plus, les deux trois sous-intrigues qui se rejoignent plus ou moins sur la fin, ne m’ont pas convaincu. La faute, en plus du manque de clarté déjà pointé, à un certain manque de densité, certaines longueurs. Et à quelques "hasards" trop heureux dans l'intrigue (par exemple comment les policiers tombent sur le tunnel). Quant au cœur de l’histoire, j’avoue que si je n’avais pas lu le court résumé en quatrième de couverture, une bonne partie de l’histoire m’aurait échappé, tant les quelques clés livrées ne le sont que très tardivement. Bref, une histoire qui aurait sans doute mérité d’être retravaillée. En tout cas qui m’a laissé sur ma faim. Note réelle 2,5/5.
Je n'ai rien oublié
Je trouve assez dures une partie des critiques de mes prédécesseurs. Cela manque certes de densité, et j’ai trouvé la fin de la dernière histoire un peu trop convenue, sucrée. Mais la lecture de ces quatre histoires a été plutôt agréable. Mes deux préférées sont les deux du milieu, celles qui sont muettes. Vite lues, elles dégagent, au travers d’un fantastique plus suggéré que montré, un certain malaise. Affaire d’ambiance noire, d’un certain merveilleux angoissant, elles sont assez réussies. La première histoire n’est pas vraiment ratée, mais c’est celle que j’ai le moins aimée, sans doute la seule qui ne m’a pas vraiment accroché. Quant à la dernière, il y a là aussi un étrange merveilleux, une narration lente et avare d’effets, mais cela ne part pas vers le noir, mais plutôt vers quelque chose de rose. J’aurais nettement préféré que cela soit plus noir ou, à défaut, reste sur quelque chose d’ouvert ne livrant pas toutes les clés – par goût, mais aussi pour rester sur le même ton que les histoires précédentes. Mais bon, ça reste un petit recueil plutôt agréable à feuilleter.