Les Morts ont tous la même peau

Note: 2.88/5
(2.88/5 pour 8 avis)

Au milieu des années 1940, le poète, écrivain et dramaturge Boris Vian crée le personnage de Vernon Sullivan. A une époque où les romans policiers d'outre-Atlantique connaissent un grand succès en France, cet alias américain, dont Boris Vian prétend au départ n'être que le traducteur, permet à son auteur de s'essayer au roman noir et d'explorer ainsi tout un nouveau pan de sa littérature et sans doute d'assouvir quelques fantasmes secrets ... En l'espace de 4 ans , Vian écrira sous le pseudonyme de "Vernon Sullivan" quatres polars sans concession, sensuels (sinon sexuels) et teintés d'humour noir, qui firent scandale lors de leur parution.


Adaptations de romans en BD Boris Vian Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Jean-David Morvan New York Racisme, fascisme

« Entre donner les coups et les recevoir, je préférais les donner. » Dan est un sang-mêlé. Autrement dit, un noir à peau blanche. Videur dans un bar de nuit à New York, il ne vit que pour Sheila, sa femme, et l’enfant qu’il a eu avec elle. Un enfant que la société acceptera parce que sa peau est blanche, contrairement à Dan, pour qui le secret de ses origines plane tel une épée de Damoclès. Alors qu’il s’entiche subitement d’une prostituée noire et que l’irruption de son frère, Richard, menace de tout révéler, Dan voit sa vie basculer. Lui qui, non sans remords, a tant voulu être un Blanc, ne serait-il au fond de lui-même qu'un « nègre » ? À la manière de Chandler ou Hadley Chase, Boris Vian – alias Vernon Sullivan – donne libre cours à la violence et l’érotisme pour explorer la folie intérieure d’un homme qui ne se reconnaît plus.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Mars 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Morts ont tous la même peau © Glénat 2020
Les notes
Note: 2.88/5
(2.88/5 pour 8 avis)
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17/05/2020 | Guillaume.M
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Par lazino
Note: 2/5
L'avatar du posteur lazino

Adaptation du second polar de Vernon Sullivan, alias Boris Vian, "Les morts ont tous la même peau" suit la même ligne de conduite que J'irai cracher sur vos tombes : une dénonciation du racisme par le biais de la violence et du sexe. C'est l'histoire de Dan Parker, dont sa couleur de peau blanche trahie ses origines noires américaines. Dan, videur de boîte de nuit ultra violent, qui ne vit que pour sa femme Sheila, assouvit ses pulsions sexuelles tout au long du roman. Une visite de son frère Richard, de couleur noire, le poussera au meurtre de peur d'être démasqué, lui qui fait tout pour être reconnu comme "blanc". Même si le thème s'inverse (Dan Parker déteste son passé d'homme noir) par rapport à J'irai cracher sur vos tombes (Lee Anderson est lui fier de ses origines), les similitudes entre les deux ouvrages sont flagrantes. Je trouve même que ce second thème est une pâle copie du premier. Je n'ai pas accroché à cette adaptation signée Jean-David Morvan. L'esthétisme du dessin est un ton en dessous; en effet, les variations de qualités me paraissent trop pénalisantes. L'histoire, elle, me semble trop simpliste bien que le final rattrape un peu la précipitation scénaristique. Tout comme le très clivant J'irai cracher sur vos tombes, il ne faut surtout pas lire cette bande dessinée hors contexte. Boris Vian voulait combattre le racisme en choquant la bien-pensance de l'époque. Seul le côté sociopathe du personnage principal relève, selon moi, l'intérêt de cette œuvre. Dommage.

12/01/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Après Et on tuera tous les affreux que j'avais beaucoup apprécié par son ton décalé, cette autre Bd parmi les 4 adaptations des romans noirs de Boris Vian parues chez Glénat, m'a semblée très différente. Dans la présentation de la fiche, il est dit que ça rappelle le ton de Chandler ou de Chase, je dirais que c'est beaucoup plus proche du style de Chase que de Chandler ; Chase avait une rugosité et une vulgarité mesurée que Chandler n'avait pas, ses romans et nouvelles ayant une écriture bien plus classe, il savait décrire la crasse ambiante et la corruption avec une certaine forme d'élégance quand Chase était plus cru (qui contrairement à ce qu'on croit était Britannique et non Américain, mais qui voulait faire américain). J'ai beaucoup lu l'un et l'autre, et j'ai réussi à faire la distinction entre leurs styles. Et même si je veux être tout à fait honnête, je dirais que le style de ce bouquin de Vian ressemble encore plus à du Carter Brown (qui lui, était Australien bien que né à Londres), car c'est typique d'un contenu sordide et d'une écriture "sale" et sans grands effets de style. J'ai aussi pas mal lu une bonne douzaine de romans de Brown, ils sont pratiquement tous pareils, ils sont faciles, très directs, écrits parfois à la va-vite, avec plein de sexe et du sadisme, les puristes de la littérature policière l'ont souvent peu considéré parce qu'il écrivait des romans au kilo sans grande psychologie. Je dois dire que le scénario m'a paru très léger, simpliste, banal, loin d'être renversant, donc proche d'un polar à la Carter Brown, et cette adaptation m'a à peine passionné. Je n'ai pas lu le livre et j'ignore donc si c'est fidèle ou pas. Mais tout n'est pas négatif dans cette Bd, c'est juste que c'est plutôt moyen et que c'est sauvé par son ambiance noire bien restituée. Quoi qu'il en soit, l'histoire de Dan c'est une fuite en avant traversée d'éclairs de violence crue et de pulsions sexuelles exacerbées, des pulsions incontrôlables où la couleur de peau devient essentielle, et qui ne peut que se terminer tragiquement, comme souvent dans le roman noir ou le film noir. Car cette adaptation est dans un ton tout à fait de roman noir par rapport à Et on tuera tous les affreux. On sent bien que la dimension sexuelle semblait être au coeur des préoccupations de Boris Vian qui se servait de ces romans pour satisfaire des fantasmes dans une époque où l'on devait les réfréner, et pour aussi choquer les bourgeois de son époque. Cette manie de tabasser tout le monde et de coller de la fesse un peu partout répond à cet impératif. Après, il y a le dessin, je ne l'aime pas des masses, je ne le trouve pas joli, c'est un trait qui rappelle certains dessinateurs américains, mais même s'il colle à peu près au style de ce récit, je le trouve très irrégulier, avec des visages parfois réussis dans certaines cases, et d'autres carrément hideux, tandis que les décors font le job. Je note 3/5 mais de justesse pour l'ensemble de tous ces paramètres.

23/11/2022 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Des trois adaptations des polars de Vian que j'ai lues, c'est celui qui m'a le plus convaincu. Certes, le thème n'est pas original et le récit était sans doute plus poignant lors de la sortie du roman (la ségrégation existant encore aux États-Unis), mais j'ai trouvé le récit sympathique. Certes, les tentatives de Vian pour choquer juste pour choquer (à moins que les scènes de culs possèdent un message politique très profond que j'ai pas compris) sont agaçantes et n'ont pas trop bien vieilli (je vois pas trop qui ça pourrait faire choquer de nos jours hormis les très puritains), mais cela ne m'a pas trop dérangé cette fois-ci parce que pour une fois le personnage principal de Vian a une psychologie intéressante. J'ai bien aimé suivre la vie de Dan qui va tourner au drame. Les dernières pages sont très bien écrites et montrent bien l'hypocrisie de cette époque très raciste. Le dessin est pas mal. C'est pas le polar du siècle, mais ça se laisse lire.

19/10/2022 (modifier)
Par sloane
Note: 2/5
L'avatar du posteur sloane

Je lis donc le troisième volume de cette collection consacrée aux écrits de Boris Vian parus à l'époque sous pseudo. Autant le volume "J'irais cracher sur vos tombes" était percutant, autant celui-ci m'a laissé sur ma faim. Sans doute aurais-je dû laisser passer plus de temps entre la lecture des différents opus de la collection. Cette envie de choquer à tout prix, de coller du sexe et de la violence m'indiffère, je trouve en fait ça un peu too much. Oui d'accord OK me dis-je in petto, remets-toi dans le contexte de l'époque où il fallait certainement bousculer les consciences, sortir d'un conformisme paternaliste et bien-pensant, mais bon au bout du compte ça m'agace plutôt qu'autre chose. Et puis il y a le dessin, sur ce volume je ne l'aime pas trop, trouvant le graphisme un peu gras à mon goût. Pour le reste comme le dit Guillaume M dans son avis, j'en ai un peu rien à foutre de ce noir qui est blanc qui s'interroge sur la couleur de la fille avec qui il va coucher. Moi je dis une bonne psychothérapie, une petite soupe, une tape sur les couilles et au lit, surtout la thérapie.

05/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Mon avis sur cet album rejoint en tous points celui de Noirdésir. Après l’excellence, avec « J'irai cracher sur vos tombes » et avant la grosse déception qu’a été ma lecture de « Elles se rendent pas compte », voici donc l’adaptation par Morvan et un duo de dessinateurs (German Erramouspe et Mauro Vargas) d’un autre roman noir de Boris Vian : « Les Morts ont tous la même peau ». Et ma notation respecte le même ordre que la chronologie des romans. Ce récit présente beaucoup de similitudes avec « J'irai cracher sur vos tombes ». Dans le ton, d’abord puisqu’il mêle violence crue et sexe au sein d’un récit noir. Pour le cadre ensuite puisque nous retrouvons les Etats-Unis des années 40. Via les personnages enfin puisque le héros est à nouveau un noir blanc. Seule différence majeure : plutôt que d’en vouloir aux blancs, celui-ci en veut aux noirs. Le récit fonctionne plutôt bien mais laisse ce petit arrière-goût décevant d’une simple variante sur un thème déjà exploité. Le dessin est correct mais pas du genre à m’enthousiasmer. L’ensemble se laisse lire, n’est certainement pas déplaisant mais pas de nature non plus à me subjuguer. Pas mal, donc mais, pour ma part, un bon cran en dessous de « J'irai cracher sur vos tombes ».

16/03/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Comme Vian avant lui, Morvan et Glénat remettent le plat en adaptant un nouveau Vernon Sullivan. Dans lequel on retrouve quelques ingrédients déjà utilisés dans « J’irai cracher sur vos tombes ». A savoir une Amérique de la fin des années 1940, un racisme bien présent, une histoire marquée par l’érotisme et la violence. Bref, Morvan reste – et c’est très bien ! – fidèle au style développé par Vian dans ses romans noirs (dans tous les sens du terme). Si là encore le personnage principal est une sorte de « nègre blanc », il assume ici mieux ce statut, même s'il cherche à cacher ses origines noires (allant même jusqu’à tuer pour que cela ne se sache pas). Il y a un peu de drame antique dans cette histoire – un destin auquel on ne peut échapper, avec une chute – dans tous les sens du terme, ironique et noire. Le dessin use de bichromies, avec un trait moderne (pas forcément mon préféré, mais ça passe). Quelques passages manquent quand même de visibilité.

30/11/2020 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
L'avatar du posteur Yann135

Les morts ont tous la même peau est un roman écrit au milieu des années 40 par Boris Vian sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Cet album nous conte l’histoire de Dan Parker, un sang-mêlé – un noir avec la peau blanche. Il est videur dans une boite de nuit de Harlem dans les années 50/60. Son outil de travail ? Ses poings qu’il utilise fréquemment. Dan est marié à Sheila, une femme blanche. Personne ne connait ses origines qu’il renie. Son existence repose sur ce secret. Tout serait parfait si son frère n’était pas revenu pour lui réclamer de l’argent, en le menaçant de dévoiler son passé. Effrayé, Dan élimine son frère. C’est le début d’un engrenage infernal. Album sombre et violent donc, avec un relent du racisme ambiant de cette époque. Cette adaptation est une réussite. Le dessin de German Erramouspe et de Mauro Vargas, magnifique et réaliste, permet de sublimer le déchainement de violence qui anime Dan Parker. Les amateurs de suspens avec quelques scènes torrides seront comblés. Tous les ingrédients pour un bon cocktail BD sont réunis.

17/08/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

« Les morts ont tous la même peau » est un polar sombre et violent où s'entremêlent le sang et le sexe, sur fond de ségrégation raciale. Ce one shot fait partie d'une collection de quatre albums tous tirés de romans de Boris Vian, écrit sous l'alias Vernon Sullivan. Paru en même temps que J'irai cracher sur vos tombes, il sera bientôt suivi de "Et on tuera tous les affreux" et "Elles se rendent pas compte". Autant le dire tout de suite, ces albums ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Violence, sexe et racisme sont présents à pratiquement toutes les pages, tant au niveau du scénario et des dialogues, parfois dérangeants, qu'au niveau du dessin, sans concession. Dan est un mulâtre d'apparence blanche dans l'Amérique du milieu du siècle dernier, avec tout ce que cela implique socialement pour les afro-américains à cette époque. Son apparence lui permet d'être accepté par les blancs, de travailler comme videur et de partager sa vie avec Sheila et son fils. Tout ce petit équilibre vole en éclat le jour où son frère, noir de peau, vient le faire chanter pour quelques dollars. La crainte de voir ses origines inavouables révélées entraîne Dan dans une spirale infernale qui ne restera pas sans conséquence. Le dessin et la mise en couleur, s'ils ne correspondent pas à ce que je préfère, remplissent leur mission à merveille et se marient parfaitement avec le récit et sa violence. C'est sombre et glauque. On pourrait presque sentir l'odeur âcre des bars et bordels new-yorkais. Toutefois, l'équilibre de cet album est à mon sens compromis par les questionnements sexuels de Dan à propos de la couleurs de peau des femmes qu'il désire ou pas. L'intensité du scénario s'en trouve diluée par des séquences dispensables et qui n'étaient pas nécessaires pour traiter du conflit interne de Dan à propos de ses origines. Je devine toutefois qu'à l'époque, lorsque Boris Vian a écrit son roman, son objectif était aussi de choquer, ce qui a été le cas. « Les morts ont tous la même peau » est une lecture intéressante et une belle adaptation de Jean-David Morvan qui mérite d'être découverte. Note réelle : 3.25/5

17/05/2020 (modifier)