Voilà un récit d’aventures policières, fortement mâtiné de fantastique. Si l’on n’est pas réfractaire ou allergique à certains aspects de l’histoire (en particulier les « super pouvoirs » possédés par plusieurs protagonistes – disparaitre et apparaître où l’on veut, se déplacer sur les murs comme un lézard, etc.), le récit se laisse lire, plutôt agréablement.
La couverture, et certains aspects du scénario (les cambriolages de haute volée en particulier) m’avaient fait penser et m’attendre à quelque chose de proche de la série « Le réseau Bombyce ». Mais en fait, malgré quelques petits points commun, c’en est très éloigné.
Dans l’espace et le temps (on est aux États-Unis dans le premier tiers du XXème siècle), mais aussi parce que l’aspect fantastique est bien plus présent.
Aussi parce que l’intrigue est a priori moins riche, plus inégale, avec quelques temps plus faibles. Mais ça reste quand même rythmé, agréable à suivre, avec pas mal de scènes finalement assez violentes.
Il y avait sans doute matière à développer un peu l’histoire (une vengeance du héros – le gecko du titre après la mort de sa famille ? Plus d’infos sur le méchant et ses animaux ? Un passage plus développé autour du cirque ? Quelques vols du gecko ou des saltimbanques en moments de transition ?).
Mais je suis quand même sorti satisfait de ma lecture.
Note réelle 3,5/5.
Les Vous est un récit fantastique plutôt destiné aux grands adolescents. Se déroulant dans les Alpes, elle imagine l'introduction d'une peuple surnaturel dans une petite communauté villageoise. Ce peuple est tout sauf agressif : totalement invisibles et télépathes, ils sont forts et naturellement sages, mais ce sont aussi des réfugiés, perdus dans notre monde, cherchant l'aide des humains et attirant malheureusement la peur et la haine des plus lâches d'entre eux.
Nicolas Pitz a un dessin très agréable, dans une veine que je rapproche de celle de Bastien Vives et de Timothé Le Boucher. Ses planches sont très esthétiques, notamment au niveau du travail des couleurs, et c'est un plaisir de lire son récit dans ces paysages alpins.
L'intrigue est bien menée. Le mystère est complet au départ pour comprendre ce qu'il se passe dans ce village de montagne et l'origine de ces voix que certains des protagonistes entendent soudain. Et rapidement, l'histoire prend une veine purement fantastique, avec l'arrivée de ces créatures invisibles et intelligentes, et leurs interactions directes et sans détour avec les humains. Un petit côté E.T. ou Stranger Things avec cette bande d'adolescents qui va aider les "extra-terrestres".
J'aurais pu grandement apprécier cette histoire s'il n'y avait pas eu malheureusement des antagonistes trop manichéens, juste bêtes et méchants. De même, la réaction paniquée et stupide de la foule est parfois trop stéréotypée pour être appréciable. Cela manque de finesse et il n'y a pas les bons méchants qui font les bonnes histoires.
Un peu déçu donc par les développements de l'intrigue même si je retiens de beaux décors, un beau graphisme et quelques idées originales et sympathiques.
C'est le genre de drame familial sur fond d'immigration italienne et de social qui ne me passionne guère en général ; sur la condition ouvrière, j'ai préféré Les Chemins de la Gloire qui était plus réussi. Comme beaucoup d'autres romans graphiques du duo d'auteurs, celui-ci est paru dans A Suivre en 1992.
Les portraits de femmes sont cependant intéressants et reflètent une réalité de cette époque d'années 50 et d'un milieu social, mais le brassage de thèmes est trop multiple, rien n'est approfondi, les auteurs se contentant d'exposer tout ceci dans une narration peu folichonne.
Restent ces personnages d'Italiens déracinés qui sont attachants, et le dessin de Warnauts, toujours impeccable et détaillé. Le récit se pose comme un témoignage d'une époque en Belgique industrielle, c'est du Warnauts et Raives classique et soigné, mais ce n'est pas le genre de bande que je relirai. Pour la note, j'hésite un peu entre 2,5 et 3/5...
De ma lecture de Fluide Glacial quand j'étais jeune dans les années 90, je garde un tendre et glaçant souvenir des histoires courtes de Foerster, mélange d'horreur et d'humour noir. Leur ton choquait par rapport à l'humour déconnant des autres auteurs et les idées souvent sadiques dont elles faisaient preuve me fascinaient un peu. Vingt cinq ans plus tard, j'étais ravi à l'idée de retrouver l'ensemble dans un bel album intégrale.
A noter qu'il ne s'agit pas réellement d'une intégrale de toutes ces histoires de Foerster. C'est plus une sorte de best-of ou de recueil de morceaux choisis des très nombreux albums qu'il a publiés, de Certains l'aiment noir en 1982 jusqu'à Vingt mille vieux sous la Terre en 1998. Sa lecture permet ainsi de découvrir son style encore un peu vert et classique lors des toutes premières histoires du genre qu'il a publiées dans Fluide Glacial au début des années 80 jusqu'à son trait plus personnel et son rythme plus maîtrisé des années 90.
Avec cette relecture bien des années plus tard, je n'ai retrouvé qu'en partie ce qui me plaisait à l'époque.
Pour commencer, l'effet intégrale est tel qu'on réalise l'aspect répétitif de toutes ces histoires qui, même si leur décor change régulièrement, partagent trop de similitudes dans le ton et le déroulé pour ne pas lasser et forcer à une lecture à petites doses uniquement.
Ensuite, leurs intrigues m'ont paru trop souvent prévisibles, et leur fin souvent devinées dès les premières cases, ce qui brise l'effet de surprise et d'horreur qui aurait dû faire leur force. Comme je ne ressentais pas cela lors de mes premières lectures à l'époque, j'en déduis que c'est sans doute avec l'âge et l'habitude d'avoir lu beaucoup d'histoires du genre que leur impact s'est amoindri sur moi.
Toujours est-il que je garde une affection pour Foerster et ses fables horrifiques, même si j'espérais que cette intégrale m'apporte davantage de plaisir et de frissons.
Je pense que tous les parents peuvent se retrouver dans ce petit ouvrage très sympathique de Séverine Vidal et Marc Lizano.
Que faire faire à nos petit-es chéri-es le mercredi pour qu'ils " ne perdent pas leur temps" dans ce monde si compétitif. Hors de question que Nestor reste à "glandouiller" à la maison !
C'est un véritable ultimatum (gentil) que ses parents lui proposent : une semaine pour trouver l'activité qui complétera son épanouissement physique ou/et culturel.
Séverine Vidal pendant son poste de professeure des écoles a probablement dû être confrontée à une multitude de parents angoissés à l'idée que leurs chérubin-es puissent "ne rien faire".
On sent beaucoup de vécu dans les gags où Nestor découvre les activités surement très intéressantes pour ses copains mais moins pour lui.
Séverine ne nous propose pas un éloge de la paresse mais plutôt un rappel que l'ennui peut être source de créativité et d'imagination.
Le graphisme de Marc Lizano avec ses personnages à grosses têtes parlera à tous les publics dès 6 ans. Le trait est expressif et les situations sont dynamiques et amusantes.
Une bonne petite lecture pour parents et enfants afin de déculpabiliser les familles où les enfants n'ont pas encore trouver ce qui leur convient le mieux pour s'exprimer sans contrainte sociétale. 3.5
Après de nombreux albums consacrés au continent africain, Joël Alessandra, insatiable voyageur, nous amène sous d'autres latitudes, cette fois-ci dans l'ancienne Indochine. L'utilisation de ce terme n'est pas un signe d'admiration pour la France coloniale de la part de votre serviteur, elle est motivée par l'histoire inhérente au voyage qu'il y effectue avec sa compagne, Marijah, qui motive et constitue le sujet et le contenu de cet album.
En effet Marijah, qui est peintre, est née dans l'actuel Laos, après l'exode opéré par ses parents entre le Vietnam et la France, en passant par la Thaïlande. Au passage, pour que l'on comprenne le contexte, Alessandra nous fait l'historique de la région, des années 1624 à 1976. D'abord de manière globale, puis un peu plus intimiste, lorsque Marijah et lui logent chez des inconnus qui pourraient être des parents éloignés, puis chez des cousins germains. C'est donc ce voyage qui nous est raconté par le menu, l'occasion pour l'auteur de nous régaler les yeux avec ses aquarelles de divers paysages en Thaïlande et au Vietnam. Curieusement, je trouve la séquence consacrée au lieu le plus connu, à savoir la Baie d'Ha Long, la moins réussie visuellement. Ses îles végétales sont réduite à des silhouettes, des ombres sans véritable âme. A l'inverse on sent qu'il s'est bien éclaté en Thaïlande avec les temples, les collines étagées surplombant les rizières... Nous avons aussi quelques toiles de Marijah, qu'elles soient consciemment inspirées ou pas de ce voyage, et cela apporte une autre saveur, d'autant plus que certains passages sont de sa plume et permettent de mieux saisir ses sentiments, même si elle est très pudique. Je trouve qu'il eût été de bon aloi de la créditer également en tant qu'autrice sur l'album, mais passons.
Petit bémol sur le graphisme : autant -globalement- Alessandra assure sur les paysages, les croquis de vieilles maisons, etc., autant sur les morphologies des personnages il est toujours hésitant, inconstant, fragile. Si cette fragilité peut avoir du charme parfois, autant il se révèle un défaut sur certaines scènes, dès qu'un peu d'action a lieu, ou sur certaines poses inspirées de photos...
Le récit est très facile à lire, empli d'émotions, et on sent que Joël Alessandra a fait cet album pour sa compagne, c'est d'ailleurs ce qu'il dit à la fin : c'est un cadeau. Beau cadeau, plutôt agréable pour les yeux, émouvant et avec un peu d'Histoire. Sympathique.
Je suis dubitatif, au sortir de la lecture de ce premier tome.
Car plusieurs choses m’ont un peu chiffonné.
D’abord au niveau du dessin. Les visages et expressions de certains personnages, ont des accointances avec certains Disney, ou certains mangas, une esthétique que je n’aime pas trop. Mais cela n’est pas toujours le cas, et décors et colorisation, tout en étant eux aussi « tendance », propres à plaire à un jeune lectorat, m’ont davantage plu.
Concernant l’histoire, on est dans un récit de légère anticipation, au cœur de la France (milieu du XXIème siècle), alors qu’une catastrophe – sans doute au moins en partie nucléaire (seulement évoquée pour le moment) a détruit une partie des infrastructures et des milieux de vie, poussant l’humanité à des choix, choix qui semblent avoir été imposés à certains. Ainsi les Lutéciens vivent dans un univers moderne, dans des zones « à labri » de certaines contaminations, tandis que d’autres groupes (dont ceux que nous suivons) ont fait une sorte de « retour à la nature », redevenant chasseurs nomades.
Comme souvent pour ce genre de sujet, je regrette les trop grands changements apparus en si peu de temps (une trentaine d’années donc ici), concernant les modes de vies, les outils, etc. on a même droit ici à une cérémonie religieuse réaffirmant une sorte de création cosmogonique quasi immémoriale, alors que les plus âgés du groupe ont forcément connu « l’avant », il y a là quelques incohérences qui me gênent toujours.
Bon, ceci étant dit, ce tome introductif remplit très correctement son office, plantant le décor, présentant les personnages principaux (il fait déjà 70 pages) et se conclut par l’inévitable cliffhanger donnant à penser qu’action et drames vont se succéder.
La narration est fluide, la lecture globalement agréable. On a là une série qui peut se développer de façon intéressante.
Je suis d’accord avec Mac Arthur, cet album ne parle pas des terres d’asile, mais plutôt des exilés, de la douleur de l’exil – et des conditions dans lesquelles, au bout d’un marathon douloureux, certains parviennent à échapper à des tortionnaires, la guerre, le viol et les mariages forcés, etc.
Si les pays occidentaux « d’accueil » apparaissent, ce n’est pas sous les projecteurs et les paillettes, mais bien sous un jour bien sombre : les murs et « camps de rétention » espagnols à la frontière Shengen au Maroc, et les camps de concentration/mouroirs français pour les réfugiés républicains à la fin des années 1930.
Si le Venezuela et le Mexique semble ici mieux traités (parce que leur politique au cours du XXème siècle a été plus « libérale », généreuse envers les réfugiés – Trotski lui-même avait trouvé refuge au Mexique), l’auteur ne manque pas de montrer l’ambiguïté du problème, en évoquant aussi le cas d’une journaliste mexicaine forcée de quitter son pays pour avoir enquêté sur les meurtres de femmes à Ciudad Juarez.
Le dessin et la narration sont globalement agréable, sur un sujet douloureux. J’ai eu du mal au début avec certaines transitions brutales entre les témoignages, et ce n’est qu’après avoir saisi le lien qui les unit que cette gêne a disparu.
L’auteur est clairement engagé sur ce thème, mais comment l’en blâmer ? S’il ne traite pas vraiment des causes de ces migrations forcées, les difficultés de l’émigration (douleur de quitter racines, proches, situation, violence des passeurs et des pays d’accueil – dont l’hypocrisie en matière de défense des droits de l’homme se paye trop facilement de mots dans les grands médias) sont ici bien éclairées par les 4-5 exemple de situation a priori différentes, dans le temps et dans l’espace, mais qui toutes sont bouleversantes et méritent autre chose que de détourner les yeux, construire des murs ou mettre des boules Quiès.
Note réelle 3,5/5.
5 histoires composent ce recueil, toutes liées à une histoire d’amour incomplète, incomprise, en grande partie malheureuse.
Certes, les histoires d’amour finissent mal en général. Mais ici elles commencent souvent très mal, ce qui n’augure rien de bon.
Seule l’histoire « La croisade du guerrier » ne m’a pas du tout accroché. Les autres ont toutes un petit quelque chose d’intéressant, souvent des aspects pathétiques, voire glauques, sur lesquels Koren Shadi (auteur que je découvre avec cet album) bâtit des récits simples, vite lus.
La simplicité s’entend aussi pour le dessin, mais lui aussi est fluide et pas désagréable.
On a en tout cas là une lecture sympathique.
Baudoin est un auteur intriguant, original, dont on reconnait assez facilement et rapidement le style, graphique bien sûr, mais aussi narratif.
C’est donc sans surprise que l’on retrouve un dessin au trait assez gras, dans un Noir et Blanc tranché, dans des cases parfois minimalistes, où les décors peuvent être esquissés, mais aussi assez fournis, foisonnants (ce qui est plus rare).
J’ai eu un temps d’adaptation assez long pour entrer dans l’histoire. Il faut dire que je lisais en même temps les planches de Baudoin, et le texte de Philippe Chartron, très littéraire, placé en dessous et qui, je ne m’en suis aperçu au bout de quelques pages, s’étire sur toute la durée de l’album, pour former une sorte de préface à la situation un peu incongrue. J’ai donc lu ce texte, puis ensuite la partie proprement BD de Baudoin.
A noter que, dix ans plus tard, Baudoin reprendra en partie certaines idées et le titre, dans son album Le Voyage (Baudoin) où, là-aussi, un personnage dont le crâne « à ciel ouvert » laissait divaguer son imagination, personnage errant, ayant décidé de tout plaquer brusquement.
Ici aussi le héros erre, le récit se concentrant sur une journée dans les rues de Nice, durant laquelle il va faire des rencontres – toutes éphémères –, ses sensations, ses questionnements entrainant une certaine ébullition, le crâne du héros là-aussi laissant échapper toutes sortes d’objets, de formes géométriques.
A l’instar de ce personnage, Mathieu, je pense que Baudoin s’est laissé porter par une errance poétique, au gré d’une certaine improvisation.
Un album assez contemplatif, mais pas désagréable.
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Le Gecko
Voilà un récit d’aventures policières, fortement mâtiné de fantastique. Si l’on n’est pas réfractaire ou allergique à certains aspects de l’histoire (en particulier les « super pouvoirs » possédés par plusieurs protagonistes – disparaitre et apparaître où l’on veut, se déplacer sur les murs comme un lézard, etc.), le récit se laisse lire, plutôt agréablement. La couverture, et certains aspects du scénario (les cambriolages de haute volée en particulier) m’avaient fait penser et m’attendre à quelque chose de proche de la série « Le réseau Bombyce ». Mais en fait, malgré quelques petits points commun, c’en est très éloigné. Dans l’espace et le temps (on est aux États-Unis dans le premier tiers du XXème siècle), mais aussi parce que l’aspect fantastique est bien plus présent. Aussi parce que l’intrigue est a priori moins riche, plus inégale, avec quelques temps plus faibles. Mais ça reste quand même rythmé, agréable à suivre, avec pas mal de scènes finalement assez violentes. Il y avait sans doute matière à développer un peu l’histoire (une vengeance du héros – le gecko du titre après la mort de sa famille ? Plus d’infos sur le méchant et ses animaux ? Un passage plus développé autour du cirque ? Quelques vols du gecko ou des saltimbanques en moments de transition ?). Mais je suis quand même sorti satisfait de ma lecture. Note réelle 3,5/5.
Les Vous
Les Vous est un récit fantastique plutôt destiné aux grands adolescents. Se déroulant dans les Alpes, elle imagine l'introduction d'une peuple surnaturel dans une petite communauté villageoise. Ce peuple est tout sauf agressif : totalement invisibles et télépathes, ils sont forts et naturellement sages, mais ce sont aussi des réfugiés, perdus dans notre monde, cherchant l'aide des humains et attirant malheureusement la peur et la haine des plus lâches d'entre eux. Nicolas Pitz a un dessin très agréable, dans une veine que je rapproche de celle de Bastien Vives et de Timothé Le Boucher. Ses planches sont très esthétiques, notamment au niveau du travail des couleurs, et c'est un plaisir de lire son récit dans ces paysages alpins. L'intrigue est bien menée. Le mystère est complet au départ pour comprendre ce qu'il se passe dans ce village de montagne et l'origine de ces voix que certains des protagonistes entendent soudain. Et rapidement, l'histoire prend une veine purement fantastique, avec l'arrivée de ces créatures invisibles et intelligentes, et leurs interactions directes et sans détour avec les humains. Un petit côté E.T. ou Stranger Things avec cette bande d'adolescents qui va aider les "extra-terrestres". J'aurais pu grandement apprécier cette histoire s'il n'y avait pas eu malheureusement des antagonistes trop manichéens, juste bêtes et méchants. De même, la réaction paniquée et stupide de la foule est parfois trop stéréotypée pour être appréciable. Cela manque de finesse et il n'y a pas les bons méchants qui font les bonnes histoires. Un peu déçu donc par les développements de l'intrigue même si je retiens de beaux décors, un beau graphisme et quelques idées originales et sympathiques.
Intermezzo
C'est le genre de drame familial sur fond d'immigration italienne et de social qui ne me passionne guère en général ; sur la condition ouvrière, j'ai préféré Les Chemins de la Gloire qui était plus réussi. Comme beaucoup d'autres romans graphiques du duo d'auteurs, celui-ci est paru dans A Suivre en 1992. Les portraits de femmes sont cependant intéressants et reflètent une réalité de cette époque d'années 50 et d'un milieu social, mais le brassage de thèmes est trop multiple, rien n'est approfondi, les auteurs se contentant d'exposer tout ceci dans une narration peu folichonne. Restent ces personnages d'Italiens déracinés qui sont attachants, et le dessin de Warnauts, toujours impeccable et détaillé. Le récit se pose comme un témoignage d'une époque en Belgique industrielle, c'est du Warnauts et Raives classique et soigné, mais ce n'est pas le genre de bande que je relirai. Pour la note, j'hésite un peu entre 2,5 et 3/5...
Certains l'aiment noir - L'Intégrale
De ma lecture de Fluide Glacial quand j'étais jeune dans les années 90, je garde un tendre et glaçant souvenir des histoires courtes de Foerster, mélange d'horreur et d'humour noir. Leur ton choquait par rapport à l'humour déconnant des autres auteurs et les idées souvent sadiques dont elles faisaient preuve me fascinaient un peu. Vingt cinq ans plus tard, j'étais ravi à l'idée de retrouver l'ensemble dans un bel album intégrale. A noter qu'il ne s'agit pas réellement d'une intégrale de toutes ces histoires de Foerster. C'est plus une sorte de best-of ou de recueil de morceaux choisis des très nombreux albums qu'il a publiés, de Certains l'aiment noir en 1982 jusqu'à Vingt mille vieux sous la Terre en 1998. Sa lecture permet ainsi de découvrir son style encore un peu vert et classique lors des toutes premières histoires du genre qu'il a publiées dans Fluide Glacial au début des années 80 jusqu'à son trait plus personnel et son rythme plus maîtrisé des années 90. Avec cette relecture bien des années plus tard, je n'ai retrouvé qu'en partie ce qui me plaisait à l'époque. Pour commencer, l'effet intégrale est tel qu'on réalise l'aspect répétitif de toutes ces histoires qui, même si leur décor change régulièrement, partagent trop de similitudes dans le ton et le déroulé pour ne pas lasser et forcer à une lecture à petites doses uniquement. Ensuite, leurs intrigues m'ont paru trop souvent prévisibles, et leur fin souvent devinées dès les premières cases, ce qui brise l'effet de surprise et d'horreur qui aurait dû faire leur force. Comme je ne ressentais pas cela lors de mes premières lectures à l'époque, j'en déduis que c'est sans doute avec l'âge et l'habitude d'avoir lu beaucoup d'histoires du genre que leur impact s'est amoindri sur moi. Toujours est-il que je garde une affection pour Foerster et ses fables horrifiques, même si j'espérais que cette intégrale m'apporte davantage de plaisir et de frissons.
Nestor - Maudits mercredis
Je pense que tous les parents peuvent se retrouver dans ce petit ouvrage très sympathique de Séverine Vidal et Marc Lizano. Que faire faire à nos petit-es chéri-es le mercredi pour qu'ils " ne perdent pas leur temps" dans ce monde si compétitif. Hors de question que Nestor reste à "glandouiller" à la maison ! C'est un véritable ultimatum (gentil) que ses parents lui proposent : une semaine pour trouver l'activité qui complétera son épanouissement physique ou/et culturel. Séverine Vidal pendant son poste de professeure des écoles a probablement dû être confrontée à une multitude de parents angoissés à l'idée que leurs chérubin-es puissent "ne rien faire". On sent beaucoup de vécu dans les gags où Nestor découvre les activités surement très intéressantes pour ses copains mais moins pour lui. Séverine ne nous propose pas un éloge de la paresse mais plutôt un rappel que l'ennui peut être source de créativité et d'imagination. Le graphisme de Marc Lizano avec ses personnages à grosses têtes parlera à tous les publics dès 6 ans. Le trait est expressif et les situations sont dynamiques et amusantes. Une bonne petite lecture pour parents et enfants afin de déculpabiliser les familles où les enfants n'ont pas encore trouver ce qui leur convient le mieux pour s'exprimer sans contrainte sociétale. 3.5
Taï Dam
Après de nombreux albums consacrés au continent africain, Joël Alessandra, insatiable voyageur, nous amène sous d'autres latitudes, cette fois-ci dans l'ancienne Indochine. L'utilisation de ce terme n'est pas un signe d'admiration pour la France coloniale de la part de votre serviteur, elle est motivée par l'histoire inhérente au voyage qu'il y effectue avec sa compagne, Marijah, qui motive et constitue le sujet et le contenu de cet album. En effet Marijah, qui est peintre, est née dans l'actuel Laos, après l'exode opéré par ses parents entre le Vietnam et la France, en passant par la Thaïlande. Au passage, pour que l'on comprenne le contexte, Alessandra nous fait l'historique de la région, des années 1624 à 1976. D'abord de manière globale, puis un peu plus intimiste, lorsque Marijah et lui logent chez des inconnus qui pourraient être des parents éloignés, puis chez des cousins germains. C'est donc ce voyage qui nous est raconté par le menu, l'occasion pour l'auteur de nous régaler les yeux avec ses aquarelles de divers paysages en Thaïlande et au Vietnam. Curieusement, je trouve la séquence consacrée au lieu le plus connu, à savoir la Baie d'Ha Long, la moins réussie visuellement. Ses îles végétales sont réduite à des silhouettes, des ombres sans véritable âme. A l'inverse on sent qu'il s'est bien éclaté en Thaïlande avec les temples, les collines étagées surplombant les rizières... Nous avons aussi quelques toiles de Marijah, qu'elles soient consciemment inspirées ou pas de ce voyage, et cela apporte une autre saveur, d'autant plus que certains passages sont de sa plume et permettent de mieux saisir ses sentiments, même si elle est très pudique. Je trouve qu'il eût été de bon aloi de la créditer également en tant qu'autrice sur l'album, mais passons. Petit bémol sur le graphisme : autant -globalement- Alessandra assure sur les paysages, les croquis de vieilles maisons, etc., autant sur les morphologies des personnages il est toujours hésitant, inconstant, fragile. Si cette fragilité peut avoir du charme parfois, autant il se révèle un défaut sur certaines scènes, dès qu'un peu d'action a lieu, ou sur certaines poses inspirées de photos... Le récit est très facile à lire, empli d'émotions, et on sent que Joël Alessandra a fait cet album pour sa compagne, c'est d'ailleurs ce qu'il dit à la fin : c'est un cadeau. Beau cadeau, plutôt agréable pour les yeux, émouvant et avec un peu d'Histoire. Sympathique.
Vegvisir
Je suis dubitatif, au sortir de la lecture de ce premier tome. Car plusieurs choses m’ont un peu chiffonné. D’abord au niveau du dessin. Les visages et expressions de certains personnages, ont des accointances avec certains Disney, ou certains mangas, une esthétique que je n’aime pas trop. Mais cela n’est pas toujours le cas, et décors et colorisation, tout en étant eux aussi « tendance », propres à plaire à un jeune lectorat, m’ont davantage plu. Concernant l’histoire, on est dans un récit de légère anticipation, au cœur de la France (milieu du XXIème siècle), alors qu’une catastrophe – sans doute au moins en partie nucléaire (seulement évoquée pour le moment) a détruit une partie des infrastructures et des milieux de vie, poussant l’humanité à des choix, choix qui semblent avoir été imposés à certains. Ainsi les Lutéciens vivent dans un univers moderne, dans des zones « à labri » de certaines contaminations, tandis que d’autres groupes (dont ceux que nous suivons) ont fait une sorte de « retour à la nature », redevenant chasseurs nomades. Comme souvent pour ce genre de sujet, je regrette les trop grands changements apparus en si peu de temps (une trentaine d’années donc ici), concernant les modes de vies, les outils, etc. on a même droit ici à une cérémonie religieuse réaffirmant une sorte de création cosmogonique quasi immémoriale, alors que les plus âgés du groupe ont forcément connu « l’avant », il y a là quelques incohérences qui me gênent toujours. Bon, ceci étant dit, ce tome introductif remplit très correctement son office, plantant le décor, présentant les personnages principaux (il fait déjà 70 pages) et se conclut par l’inévitable cliffhanger donnant à penser qu’action et drames vont se succéder. La narration est fluide, la lecture globalement agréable. On a là une série qui peut se développer de façon intéressante.
Asylum
Je suis d’accord avec Mac Arthur, cet album ne parle pas des terres d’asile, mais plutôt des exilés, de la douleur de l’exil – et des conditions dans lesquelles, au bout d’un marathon douloureux, certains parviennent à échapper à des tortionnaires, la guerre, le viol et les mariages forcés, etc. Si les pays occidentaux « d’accueil » apparaissent, ce n’est pas sous les projecteurs et les paillettes, mais bien sous un jour bien sombre : les murs et « camps de rétention » espagnols à la frontière Shengen au Maroc, et les camps de concentration/mouroirs français pour les réfugiés républicains à la fin des années 1930. Si le Venezuela et le Mexique semble ici mieux traités (parce que leur politique au cours du XXème siècle a été plus « libérale », généreuse envers les réfugiés – Trotski lui-même avait trouvé refuge au Mexique), l’auteur ne manque pas de montrer l’ambiguïté du problème, en évoquant aussi le cas d’une journaliste mexicaine forcée de quitter son pays pour avoir enquêté sur les meurtres de femmes à Ciudad Juarez. Le dessin et la narration sont globalement agréable, sur un sujet douloureux. J’ai eu du mal au début avec certaines transitions brutales entre les témoignages, et ce n’est qu’après avoir saisi le lien qui les unit que cette gêne a disparu. L’auteur est clairement engagé sur ce thème, mais comment l’en blâmer ? S’il ne traite pas vraiment des causes de ces migrations forcées, les difficultés de l’émigration (douleur de quitter racines, proches, situation, violence des passeurs et des pays d’accueil – dont l’hypocrisie en matière de défense des droits de l’homme se paye trop facilement de mots dans les grands médias) sont ici bien éclairées par les 4-5 exemple de situation a priori différentes, dans le temps et dans l’espace, mais qui toutes sont bouleversantes et méritent autre chose que de détourner les yeux, construire des murs ou mettre des boules Quiès. Note réelle 3,5/5.
Coupes à coeur
5 histoires composent ce recueil, toutes liées à une histoire d’amour incomplète, incomprise, en grande partie malheureuse. Certes, les histoires d’amour finissent mal en général. Mais ici elles commencent souvent très mal, ce qui n’augure rien de bon. Seule l’histoire « La croisade du guerrier » ne m’a pas du tout accroché. Les autres ont toutes un petit quelque chose d’intéressant, souvent des aspects pathétiques, voire glauques, sur lesquels Koren Shadi (auteur que je découvre avec cet album) bâtit des récits simples, vite lus. La simplicité s’entend aussi pour le dessin, mais lui aussi est fluide et pas désagréable. On a en tout cas là une lecture sympathique.
Le Premier Voyage
Baudoin est un auteur intriguant, original, dont on reconnait assez facilement et rapidement le style, graphique bien sûr, mais aussi narratif. C’est donc sans surprise que l’on retrouve un dessin au trait assez gras, dans un Noir et Blanc tranché, dans des cases parfois minimalistes, où les décors peuvent être esquissés, mais aussi assez fournis, foisonnants (ce qui est plus rare). J’ai eu un temps d’adaptation assez long pour entrer dans l’histoire. Il faut dire que je lisais en même temps les planches de Baudoin, et le texte de Philippe Chartron, très littéraire, placé en dessous et qui, je ne m’en suis aperçu au bout de quelques pages, s’étire sur toute la durée de l’album, pour former une sorte de préface à la situation un peu incongrue. J’ai donc lu ce texte, puis ensuite la partie proprement BD de Baudoin. A noter que, dix ans plus tard, Baudoin reprendra en partie certaines idées et le titre, dans son album Le Voyage (Baudoin) où, là-aussi, un personnage dont le crâne « à ciel ouvert » laissait divaguer son imagination, personnage errant, ayant décidé de tout plaquer brusquement. Ici aussi le héros erre, le récit se concentrant sur une journée dans les rues de Nice, durant laquelle il va faire des rencontres – toutes éphémères –, ses sensations, ses questionnements entrainant une certaine ébullition, le crâne du héros là-aussi laissant échapper toutes sortes d’objets, de formes géométriques. A l’instar de ce personnage, Mathieu, je pense que Baudoin s’est laissé porter par une errance poétique, au gré d’une certaine improvisation. Un album assez contemplatif, mais pas désagréable.