Voilà un album qui fleure bon le cinéma populaire d’Audiard. En tout cas il en a certaines caractéristiques. En effet, l’intrigue en elle-même n’est pas forcément extraordinaire. Mais on s’y attache quand même, en particulier grâce aux dialogues, qui jouent sur un parler populaire, argotique – ici tournant pas mal autour de l’alcool et du vin : je ne suis d’ailleurs pas loin de penser que Bagères s’est donné comme challenge de placer un maximum de mots tirés de ce champ lexical, en multipliant à foison les jeux de mots à ce sujet !
Et donc, si nous suivons une intrigue policière (autour de crimes assez improbables), ce sont surtout nos deux policiers qui nous captivent. Duo mal assorti forcément, un vieux de la vieille mis au rancart et un jeune blanc-bec fils de. Du cliché donc là aussi. Comme si tout de l’histoire aux personnages, n’était en fait présent que pour ne pas faire de l’ombre aux dialogues, aux situations, et ainsi mieux les mettre en valeur.
Et, comme pour les films scénarisés par Audiard, on a un matériau à priori ordinaire, mais bonifié. Un petit vin de pays frais et agréable, qui ne paye pas de mine, mais qui se laisse boire. Je voulais dire lire. Et regarder. Car le dessin de David François – que j’avais déjà bien aimé sur d’autres séries – se révèle moderne, fluide et agréable.
Une lecture agréable en tout cas.
Note réelle 3,5/5.
Blutch est un auteur qui m’attire toujours, mais avec lequel j’ai souvent eu des problèmes, tant son univers est parfois difficile à intégrer. Le fait est qu’il ne faut pas chercher ici une histoire linéaire et réaliste !
J’ai une nouvelle fois bien aimé le dessin de Blutch, moderne et dynamique – dans la lignée de Blain. Quant à l’histoire, si elle est assez riche en réflexions potentielles, et si une certaine poésie l’habite, elle m’a laissé perplexe.
C’est assez décousu, Blutch ne nous laisse jamais le temps de « faire le point », tant histoire et personnages déjouent les attentes du lecteur.
Franchement inclassable et déroutant, cet album est aussi difficile à « noter ». Disons que je lui reconnais un grand potentiel poétique, et que si aucune explication n’est donnée, je suis prêt à faire avec, malgré une certaine frustration.
Note réelle 2,5/5.
Un sentiment d'étrangeté émane de cet album dans sa quasi-totalité...
Alors qu'on commence à lire une histoire mettant en scène une femme d'âge mûr qui reçoit ses deux filles, et montrant une ancienne amie (qui lui a piqué son mari)- qui débarque à l'improviste. Ca ressemble à un roman graphique, mais dès que l'une des protagonistes se rend dans le jardin, le récit bascule dans le paranormal, avec ces mauvaises herbes dont Martine tente de se débarrasser en les mettant dans son thé... Les personnages semblent donc avalés, puis régurgités, transformés, à moins qu'il ne s'agisse que d'hallucinations provoquées par le thé ?
Le dessin de Geneviève Lebleu est naïf, les personnages sont déformés à l'envi, mais cela sert le récit : on est dans l'hésitation, le délire, le rêve, ou quelque chose au milieu de tout ça, et on est un peu fasciné par cette lecture qui nous amène sur des chemins quelque peu tortueux... Mais le message est assez clair : la toxicité de son entourage empoisonne l'existence de Martine, et elle doit se débarrasser de ces parasites.
C'est la première BD de la québécoise de Lebleu, et ma foi, elle installe d'emblée un univers graphique et narratif très particulier...
Je ne suis pas particulièrement passionné par les civilisations aztèques et mayas et pourtant, j’ai pris assez de plaisirs à lire « Le Nouveau monde »
Les auteurs François Armanet et Jean Helpert au scénario, Xavier Coyère au dessin, nous présentent un récit se situant au Mexique juste après la chute de l’empire aztèque. Les lecteurs sont invités à suivre les péripéties d’un prêtre, Marcos, en mission pour évangéliser non seulement les locaux mais aussi les indiens qu’il rencontrera en allant vers les terres inconnues du nord en particulier l’eldorado Cibola.
Pour ce faire, à partir de la ville resplendissante de Mexico, il montera une expédition improbable avec quelques compagnons dont le passé est plus ou moins douteux et dont ils devront faire face à des ennemis coriaces.
Je ne sais pas si ces personnages ont réellement existé et donc, si ce genre de périple a été réalisé… Bref, ce n’est pas cet aspect-là qui vous fera aimer cette bande dessinée parce que le côté aventureux ne s’avère pas être le point fort de l’histoire. En effet, le scénario ne s’appesantit pas sur les contrées qui seront traversées par cette petite troupe. Par contre, si vous aimez les complots politiques et religieux qui ont tramé à cette époque, vous y serez conquis car les auteurs semblent avoir fait de nombreuses recherches sur ce point au regard de la somme des informations que l’on découvrira dans le premier tome de cette mini-série.
Le deuxième album abandonne une bonne partie de cet aspect historique pour accentuer la relation entre les principaux protagonistes et leurs ennemis… Ce qui est un peu dommage car je trouve que ça enlève le côté épique et historique de ce récit. De plus, les personnages ne me sont pas apparus aussi charismatiques que je ne le souhaitais et certaines scènes n’apportent pas grand-chose d’intéressant au récit.
Le coup de patte de Xavier Coyère est -à mon avis- très correct, c’est du bon boulot… Moins du côté de la mise en couleurs qui aurait mérité plus de variétés dans les tons employés.
Au final, la lecture du « Nouveau monde » m’est apparu divertissante et instructive par moments mais sans plus, car l’histoire pèche par le manque de mysticisme et le côté aventure n’est pas assez développé à mon goût.
J'ai été un peu déçu par cet album. J'aime beaucoup le travail de KHP qui possède une maîtrise du dessin bien aboutie.
Ici KHP nous propose deux récits bien différents. Une histoire courte qu'il a du vivre maint fois quand il a vu ses camarades de combats tomber au cours de cette stupide guerre civile. Des morts inutiles qui laissaient dans la misère femmes et enfants.
Son second récit est presque oeuvre journalistique puisqu'il décrit les engrenages historiques qui ont conduit aux tueries abominables subies par les populations. Le graphisme est bon mais le récit est difficile à suivre pour un non initié des hommes et formations politiques du pays.
Lionnel Boussi raconte avec une technique assez naïve les malheurs de deux frères confrontés aux milices adverses. Le dessin est moins abouti que son collègue KHP et l'histoire vaut comme témoignage.
La jeune Jussie Nsana se penche sur le malheur des femmes africaines bien vite abandonnées par des hommes incapables d'assumer leur paternité. Le graphisme est hésitant et la mise en couleur assez naïve mais c'est bien que des jeunes créatrices puissent s'exprimer.
Ce n'est pas l'album que je préfère dans la collection mais je l'ai lu aussi avec plaisir.
Cette série est adaptée des romans du même titre pour pré-ados plutôt filles sages. Même si je ne suis probablement pas le public cible, j'ai apprécié la lecture de ces albums.
Quatre jeunes filles de 16 ans presque recluses dans la Maison St Louis à St Cyr (Yvelines) sous l'autorité absolue de Mme de Maintenon, concubine de Louis XIV vont mêler leurs petites histoires de coeur et de famille à des épisodes de la grande histoire.
Les auteurs ont su me rendre Louise, Hortense, Charlotte et Isabeau très sympathiques. Point de scènes spectaculaires pour sauver le roi d'un hypothétique complot mais des murmures, des sourires et des intrigues de jeunes filles qui nous changent des superhéroïnes.
Le rythme est lent mais convient à cette atmosphère feutrée de couvent. Je trouve que la qualité de la série tient dans l'excellence des dialogues dont le style transcrit avec justesse le parler et le penser de jeunes filles avec quatre quartiers de noblesse du 17ème siècle.
J'aurais pu craindre de m'ennuyer mais pas du tout car il y a comme un charme élégant à suivre les interrogations de ces damoiselles. De toute façon, même pour Louise on connaît bien vite le pourquoi des questions.
Je trouve le graphisme un ton au-dessous du texte. Peut-être pour respecter le classicisme du Grand Siècle, l'autrice nous propose des architectures assez froides et trop géométriques. J'aurais apprécié un soupçon de détails en plus sur ces édifices ou jardins si connus.
L'univers quasi clos du récit ne favorise pas le dynamisme et il y a profusion de scènes de dialogues entre les quatre amies ou madame de Maintenon. Les visages assez lisses se ressemblent beaucoup trop. Malgré cela le trait reste fin et élégant pour une lecture facile.
Cela m'a donné l'impression de lire des journaux intimes qui arrivent à entretenir ma curiosité avec des petits rien.
L’autrice nous propose une fable sociale moderne et une protagoniste au bord du « burn out », écrasée et étouffée sous le poids de sa vie, sa carrière et sa vie de famille. Elle en profite pour montrer du doigt les travers de la vie moderne, de la nourriture traitée aux réseaux sociaux, en passant par le bombardement constant de mauvaises nouvelles à la télé. Le message est assené de façon un peu naïve et caricaturée, mais reste intéressant et pertinent : prendre du temps pour soi, se rapprocher de la nature, communiquer efficacement avec nos proches etc.
La mise en image est classique mais agréable, à commencer par la superbe couverture.
Une histoire certes classique et qui ne raconte rien de bien nouveau, mais la piqure de rappel m’a quand même fait du bien.
C'est le premier album de Ralf König que je lis et au vu de ce que j'ai vu de sa production sur internet, ici il est plus soft et grand public.
En effet, il parle d'homosexualité avec humour et il y a rien de choquant à moins d'être homophobe et de trouver cela horrible de voir deux hommes se faire des câlins. L'humour fonctionne bien et j'ai rigolé à plusieurs reprises. Malgré cela, je ne pense pas que ça soit un Lucky Luke indispensable parce que le rythme est plutôt lent. On est loin de l'action qu'il y avait dans les meilleurs albums de la série, notamment avec Goscinny qui était capable de raconter beaucoup à chaque page. Résultat, il se passe moins de chose dans ce récit de plus de 60 pages que dans plein d'albums de 44 pages de la série ! Au moins cela reste agréable à lire et j'ai pas eu l'impression de voir l'auteur meubler comme dans les pires moments de la série.
Le dessin est sympathique.
Trahison et vengeance, à partir de ces thèmes classiques Chris Gooch nous construit un scénario très réaliste au cœur de la jeunesse Australienne.
Jane est une fille ordinaire, amoureuse de Ben. Un couple sans histoire jusqu'à l'arrivée de Nathalie leur ancienne amie de fac.
En une soirée, un doute puis des propos confirment à Jane ses soupçons et elle se transforme en déesse de la vengeance. Un basculement brutal et instantané exploité à merveille dans cette histoire, il donne à Jane une subite froideur pour tous ceux qu'elle aimait. Ce passage du côté sombre sans aucune préméditation de la part de Jane met en lumière la dualité des personnes qui jusque là était respectueuses des autres face à des événements imprévus.
Le dessin accompagne parfaitement le scénario, il est un peu trop minimaliste à mon goût mais la bichromie réussit à rendre une ambiance froide à toute cette histoire. Par contre, les grosses gouttes de sueur sur les visages des personnages dans un pur style manga, je ne supporte pas, c'est laid et toujours inapproprié par rapport à la situation ou aux sentiments qu'ils sont censés représenter.
Une fin comme je les aime, quand tout semble terminé une révélation change tout et donne au scénario une qualité et une finesse pas souvent atteinte et place Gooch comme un auteur à lire.
Le roi est vieux, le roi est fou. S'il veut vivre éternellement, il doit sacrifier ce qui devrait lui être le plus cher. Et il le fait ! Parce qu'en fait, ce qui lui est le plus cher, c'est bien lui.
Sous la forme d'un conte, voire même d'une fable, les auteurs de l'ouvrage reprennent les codes de ces derniers (le méchant manipulateur, les répétitions, etc.) pour dénoncer la vanité, l'égoïsme ou la soif de pouvoir.
Si je dois bien avouer que le twist un peu avant la fin me laisse perplexe, la cruauté de l’œuvre en fait une excellente dénonciation de l'orgueil des hommes. Et malheureusement, cette charge est évidemment d'actualité. Ne changera-t-on jamais ?
Le dessin est beau, brumeux à souhait, très sombre.
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Le Vendangeur de Paname
Voilà un album qui fleure bon le cinéma populaire d’Audiard. En tout cas il en a certaines caractéristiques. En effet, l’intrigue en elle-même n’est pas forcément extraordinaire. Mais on s’y attache quand même, en particulier grâce aux dialogues, qui jouent sur un parler populaire, argotique – ici tournant pas mal autour de l’alcool et du vin : je ne suis d’ailleurs pas loin de penser que Bagères s’est donné comme challenge de placer un maximum de mots tirés de ce champ lexical, en multipliant à foison les jeux de mots à ce sujet ! Et donc, si nous suivons une intrigue policière (autour de crimes assez improbables), ce sont surtout nos deux policiers qui nous captivent. Duo mal assorti forcément, un vieux de la vieille mis au rancart et un jeune blanc-bec fils de. Du cliché donc là aussi. Comme si tout de l’histoire aux personnages, n’était en fait présent que pour ne pas faire de l’ombre aux dialogues, aux situations, et ainsi mieux les mettre en valeur. Et, comme pour les films scénarisés par Audiard, on a un matériau à priori ordinaire, mais bonifié. Un petit vin de pays frais et agréable, qui ne paye pas de mine, mais qui se laisse boire. Je voulais dire lire. Et regarder. Car le dessin de David François – que j’avais déjà bien aimé sur d’autres séries – se révèle moderne, fluide et agréable. Une lecture agréable en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Vitesse moderne
Blutch est un auteur qui m’attire toujours, mais avec lequel j’ai souvent eu des problèmes, tant son univers est parfois difficile à intégrer. Le fait est qu’il ne faut pas chercher ici une histoire linéaire et réaliste ! J’ai une nouvelle fois bien aimé le dessin de Blutch, moderne et dynamique – dans la lignée de Blain. Quant à l’histoire, si elle est assez riche en réflexions potentielles, et si une certaine poésie l’habite, elle m’a laissé perplexe. C’est assez décousu, Blutch ne nous laisse jamais le temps de « faire le point », tant histoire et personnages déjouent les attentes du lecteur. Franchement inclassable et déroutant, cet album est aussi difficile à « noter ». Disons que je lui reconnais un grand potentiel poétique, et que si aucune explication n’est donnée, je suis prêt à faire avec, malgré une certaine frustration. Note réelle 2,5/5.
Sarclage
Un sentiment d'étrangeté émane de cet album dans sa quasi-totalité... Alors qu'on commence à lire une histoire mettant en scène une femme d'âge mûr qui reçoit ses deux filles, et montrant une ancienne amie (qui lui a piqué son mari)- qui débarque à l'improviste. Ca ressemble à un roman graphique, mais dès que l'une des protagonistes se rend dans le jardin, le récit bascule dans le paranormal, avec ces mauvaises herbes dont Martine tente de se débarrasser en les mettant dans son thé... Les personnages semblent donc avalés, puis régurgités, transformés, à moins qu'il ne s'agisse que d'hallucinations provoquées par le thé ? Le dessin de Geneviève Lebleu est naïf, les personnages sont déformés à l'envi, mais cela sert le récit : on est dans l'hésitation, le délire, le rêve, ou quelque chose au milieu de tout ça, et on est un peu fasciné par cette lecture qui nous amène sur des chemins quelque peu tortueux... Mais le message est assez clair : la toxicité de son entourage empoisonne l'existence de Martine, et elle doit se débarrasser de ces parasites. C'est la première BD de la québécoise de Lebleu, et ma foi, elle installe d'emblée un univers graphique et narratif très particulier...
Le Nouveau Monde
Je ne suis pas particulièrement passionné par les civilisations aztèques et mayas et pourtant, j’ai pris assez de plaisirs à lire « Le Nouveau monde » Les auteurs François Armanet et Jean Helpert au scénario, Xavier Coyère au dessin, nous présentent un récit se situant au Mexique juste après la chute de l’empire aztèque. Les lecteurs sont invités à suivre les péripéties d’un prêtre, Marcos, en mission pour évangéliser non seulement les locaux mais aussi les indiens qu’il rencontrera en allant vers les terres inconnues du nord en particulier l’eldorado Cibola. Pour ce faire, à partir de la ville resplendissante de Mexico, il montera une expédition improbable avec quelques compagnons dont le passé est plus ou moins douteux et dont ils devront faire face à des ennemis coriaces. Je ne sais pas si ces personnages ont réellement existé et donc, si ce genre de périple a été réalisé… Bref, ce n’est pas cet aspect-là qui vous fera aimer cette bande dessinée parce que le côté aventureux ne s’avère pas être le point fort de l’histoire. En effet, le scénario ne s’appesantit pas sur les contrées qui seront traversées par cette petite troupe. Par contre, si vous aimez les complots politiques et religieux qui ont tramé à cette époque, vous y serez conquis car les auteurs semblent avoir fait de nombreuses recherches sur ce point au regard de la somme des informations que l’on découvrira dans le premier tome de cette mini-série. Le deuxième album abandonne une bonne partie de cet aspect historique pour accentuer la relation entre les principaux protagonistes et leurs ennemis… Ce qui est un peu dommage car je trouve que ça enlève le côté épique et historique de ce récit. De plus, les personnages ne me sont pas apparus aussi charismatiques que je ne le souhaitais et certaines scènes n’apportent pas grand-chose d’intéressant au récit. Le coup de patte de Xavier Coyère est -à mon avis- très correct, c’est du bon boulot… Moins du côté de la mise en couleurs qui aurait mérité plus de variétés dans les tons employés. Au final, la lecture du « Nouveau monde » m’est apparu divertissante et instructive par moments mais sans plus, car l’histoire pèche par le manque de mysticisme et le côté aventure n’est pas assez développé à mon goût.
Chroniques de Brazzaville
J'ai été un peu déçu par cet album. J'aime beaucoup le travail de KHP qui possède une maîtrise du dessin bien aboutie. Ici KHP nous propose deux récits bien différents. Une histoire courte qu'il a du vivre maint fois quand il a vu ses camarades de combats tomber au cours de cette stupide guerre civile. Des morts inutiles qui laissaient dans la misère femmes et enfants. Son second récit est presque oeuvre journalistique puisqu'il décrit les engrenages historiques qui ont conduit aux tueries abominables subies par les populations. Le graphisme est bon mais le récit est difficile à suivre pour un non initié des hommes et formations politiques du pays. Lionnel Boussi raconte avec une technique assez naïve les malheurs de deux frères confrontés aux milices adverses. Le dessin est moins abouti que son collègue KHP et l'histoire vaut comme témoignage. La jeune Jussie Nsana se penche sur le malheur des femmes africaines bien vite abandonnées par des hommes incapables d'assumer leur paternité. Le graphisme est hésitant et la mise en couleur assez naïve mais c'est bien que des jeunes créatrices puissent s'exprimer. Ce n'est pas l'album que je préfère dans la collection mais je l'ai lu aussi avec plaisir.
Les Colombes du Roi-Soleil
Cette série est adaptée des romans du même titre pour pré-ados plutôt filles sages. Même si je ne suis probablement pas le public cible, j'ai apprécié la lecture de ces albums. Quatre jeunes filles de 16 ans presque recluses dans la Maison St Louis à St Cyr (Yvelines) sous l'autorité absolue de Mme de Maintenon, concubine de Louis XIV vont mêler leurs petites histoires de coeur et de famille à des épisodes de la grande histoire. Les auteurs ont su me rendre Louise, Hortense, Charlotte et Isabeau très sympathiques. Point de scènes spectaculaires pour sauver le roi d'un hypothétique complot mais des murmures, des sourires et des intrigues de jeunes filles qui nous changent des superhéroïnes. Le rythme est lent mais convient à cette atmosphère feutrée de couvent. Je trouve que la qualité de la série tient dans l'excellence des dialogues dont le style transcrit avec justesse le parler et le penser de jeunes filles avec quatre quartiers de noblesse du 17ème siècle. J'aurais pu craindre de m'ennuyer mais pas du tout car il y a comme un charme élégant à suivre les interrogations de ces damoiselles. De toute façon, même pour Louise on connaît bien vite le pourquoi des questions. Je trouve le graphisme un ton au-dessous du texte. Peut-être pour respecter le classicisme du Grand Siècle, l'autrice nous propose des architectures assez froides et trop géométriques. J'aurais apprécié un soupçon de détails en plus sur ces édifices ou jardins si connus. L'univers quasi clos du récit ne favorise pas le dynamisme et il y a profusion de scènes de dialogues entre les quatre amies ou madame de Maintenon. Les visages assez lisses se ressemblent beaucoup trop. Malgré cela le trait reste fin et élégant pour une lecture facile. Cela m'a donné l'impression de lire des journaux intimes qui arrivent à entretenir ma curiosité avec des petits rien.
Amalia
L’autrice nous propose une fable sociale moderne et une protagoniste au bord du « burn out », écrasée et étouffée sous le poids de sa vie, sa carrière et sa vie de famille. Elle en profite pour montrer du doigt les travers de la vie moderne, de la nourriture traitée aux réseaux sociaux, en passant par le bombardement constant de mauvaises nouvelles à la télé. Le message est assené de façon un peu naïve et caricaturée, mais reste intéressant et pertinent : prendre du temps pour soi, se rapprocher de la nature, communiquer efficacement avec nos proches etc. La mise en image est classique mais agréable, à commencer par la superbe couverture. Une histoire certes classique et qui ne raconte rien de bien nouveau, mais la piqure de rappel m’a quand même fait du bien.
Lucky Luke - Choco-boys
C'est le premier album de Ralf König que je lis et au vu de ce que j'ai vu de sa production sur internet, ici il est plus soft et grand public. En effet, il parle d'homosexualité avec humour et il y a rien de choquant à moins d'être homophobe et de trouver cela horrible de voir deux hommes se faire des câlins. L'humour fonctionne bien et j'ai rigolé à plusieurs reprises. Malgré cela, je ne pense pas que ça soit un Lucky Luke indispensable parce que le rythme est plutôt lent. On est loin de l'action qu'il y avait dans les meilleurs albums de la série, notamment avec Goscinny qui était capable de raconter beaucoup à chaque page. Résultat, il se passe moins de chose dans ce récit de plus de 60 pages que dans plein d'albums de 44 pages de la série ! Au moins cela reste agréable à lire et j'ai pas eu l'impression de voir l'auteur meubler comme dans les pires moments de la série. Le dessin est sympathique.
Bottled
Trahison et vengeance, à partir de ces thèmes classiques Chris Gooch nous construit un scénario très réaliste au cœur de la jeunesse Australienne. Jane est une fille ordinaire, amoureuse de Ben. Un couple sans histoire jusqu'à l'arrivée de Nathalie leur ancienne amie de fac. En une soirée, un doute puis des propos confirment à Jane ses soupçons et elle se transforme en déesse de la vengeance. Un basculement brutal et instantané exploité à merveille dans cette histoire, il donne à Jane une subite froideur pour tous ceux qu'elle aimait. Ce passage du côté sombre sans aucune préméditation de la part de Jane met en lumière la dualité des personnes qui jusque là était respectueuses des autres face à des événements imprévus. Le dessin accompagne parfaitement le scénario, il est un peu trop minimaliste à mon goût mais la bichromie réussit à rendre une ambiance froide à toute cette histoire. Par contre, les grosses gouttes de sueur sur les visages des personnages dans un pur style manga, je ne supporte pas, c'est laid et toujours inapproprié par rapport à la situation ou aux sentiments qu'ils sont censés représenter. Une fin comme je les aime, quand tout semble terminé une révélation change tout et donne au scénario une qualité et une finesse pas souvent atteinte et place Gooch comme un auteur à lire.
Les 3 Fruits
Le roi est vieux, le roi est fou. S'il veut vivre éternellement, il doit sacrifier ce qui devrait lui être le plus cher. Et il le fait ! Parce qu'en fait, ce qui lui est le plus cher, c'est bien lui. Sous la forme d'un conte, voire même d'une fable, les auteurs de l'ouvrage reprennent les codes de ces derniers (le méchant manipulateur, les répétitions, etc.) pour dénoncer la vanité, l'égoïsme ou la soif de pouvoir. Si je dois bien avouer que le twist un peu avant la fin me laisse perplexe, la cruauté de l’œuvre en fait une excellente dénonciation de l'orgueil des hommes. Et malheureusement, cette charge est évidemment d'actualité. Ne changera-t-on jamais ? Le dessin est beau, brumeux à souhait, très sombre.