Le Vendangeur de Paname

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

Deux policiers d’une incompétence rare relèvent le défi d’un tueur machiavélique… Le Paris du début du 20e siècle, son argot chantant, ses bouchons et ses estaminets ressuscités par un duo d’auteurs bien chambré.


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Paris Policier, mais drôle

Paris 1912, un mystérieux tueur en série défie la police française. Le quai des Orfèvres mobilise toutes ses forces pour l’arrêter. Toutes ses forces ? Non. L’Écluse, un inspecteur porté sur la boutanche, et Pierre Caillaux, fils de ministre pistonné, sont priés de ne surtout pas se mêler de l’enquête. C’est pourtant ce qu’ils vont s’empresser de faire…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Janvier 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Vendangeur de Paname © Delcourt 2018
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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14/03/2018 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album qui fleure bon le cinéma populaire d’Audiard. En tout cas il en a certaines caractéristiques. En effet, l’intrigue en elle-même n’est pas forcément extraordinaire. Mais on s’y attache quand même, en particulier grâce aux dialogues, qui jouent sur un parler populaire, argotique – ici tournant pas mal autour de l’alcool et du vin : je ne suis d’ailleurs pas loin de penser que Bagères s’est donné comme challenge de placer un maximum de mots tirés de ce champ lexical, en multipliant à foison les jeux de mots à ce sujet ! Et donc, si nous suivons une intrigue policière (autour de crimes assez improbables), ce sont surtout nos deux policiers qui nous captivent. Duo mal assorti forcément, un vieux de la vieille mis au rancart et un jeune blanc-bec fils de. Du cliché donc là aussi. Comme si tout de l’histoire aux personnages, n’était en fait présent que pour ne pas faire de l’ombre aux dialogues, aux situations, et ainsi mieux les mettre en valeur. Et, comme pour les films scénarisés par Audiard, on a un matériau à priori ordinaire, mais bonifié. Un petit vin de pays frais et agréable, qui ne paye pas de mine, mais qui se laisse boire. Je voulais dire lire. Et regarder. Car le dessin de David François – que j’avais déjà bien aimé sur d’autres séries – se révèle moderne, fluide et agréable. Une lecture agréable en tout cas. Note réelle 3,5/5.

09/01/2023 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Franchement séduit pour le coup. Cette BD est très personnelle dans son esthétique (elle m'a rappelé Larcenet), son langage parigot 1900 fleuri et bien senti, son intrigue policière qui ne se dévoilera qu'aux toutes dernières pages. Toute cette aventure n'a d'autre prétention que celle d'un divertissement de qualité, d'un voyage dans un Paris 1900 fantasmé. Ne boudez pas votre plaisir.

15/02/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 3/5
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Depuis des mois, un tueur en série met la police parisienne en échec et défie les plus fins limiers du 36 Quai des Orfèvres. Il faut dire, qu’à chaque nouveau meurtre, les enquêteurs découvrent une mise en scène particulièrement macabre et désopilante. Le divisionnaire, au langage fleuri à la Audiard, et sa brigade de bras cassés - il faut bien le reconnaître - deviennent la risée de la presse. Et pour couronner le tout, on lui envoie un bleu qui n’est autre que le fils du ministre de la justice, le jeune Pierre Caillaux. La situation est déjà assez compliquée comme ça pour ne pas, en plus, s’encombrer du rejeton du ministre. A peine arrivé, le jeune diplômé est aussitôt redirigé vers L'Ecluse, un policier relégué au sous-sol dans ce qui lui sert de bureau. Mis à l’écart de l’affaire qui occupe tout le commissariat, les deux compères vont enquêter tranquillement sur un autre meurtre, commis du côté de la cour Saint Émilion, haut lieu du négoce de vin pour la ville de Paris. L’Ecluse qui porte bien son nom a le physique et le caractère de Gérard Depardieu, ce qui en fait un personnage fort sympathique. On dirait du Maigret avec des angles intéressants sur les débuts de la police scientifique et sur les éternelles querelles entre anciens et modernes. L’histoire est bonne mais le scénario trop haché. L’action a du mal à se développer graphiquement du fait d’un manque de liant entre les cases. Un peu longues aussi les planches qui se déroulent entièrement dans les bureaux du 36. Heureusement, que les dialogues sont argotiques et drôles à souhait ! Le dessin aux lignes fuyantes est vraiment beau avec des perspectives superbes sur les rues de Paname. On s’immerge avec plaisir dans ce Paris du début du siècle aux couleurs fanées. Ce n’est pas l’enquête du siècle mais on passe un super bon moment de lecture.

11/02/2021 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 3/5
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Dotée d’une très belle et ingénieuse couverture (avec une entrée de métro Guimard assaillie par la vigne), voilà une BD qui sent bon le Paris de la Belle époque, celui d’une époque encore « insouciante », deux ans avant la « grande boucherie » de 1914 qui allait radicalement changer la donne. Les auteurs nous emmènent ainsi dans le Paname populaire des estaminets et des maisons closes. Avec comme point central le mythique Quai des Orfèvres, on écume les trottoirs parisiens jusqu’aux chais de Bercy (transformés aujourd’hui en galerie marchande) ou chez Chartier, le célèbre restaurant dont la renommée est telle qu’il est devenu de nos jours une destination prisée des touristes. Et il est vrai qu’il est beaucoup question de pinard, comme le titre le laisse entendre… C’est donc avec un certain amusement que l’on suit ces deux inspecteurs mener leur enquête peu ordinaire, l’un surnommé « l’Ecluse » à cause de son goût immodéré pour le vin, et l’autre « la Bloseille », frais émoulu de l’Ecole de police où il ne s'est montré guère performant, pour être ensuite nommé au 36 grâce aux bons offices de son papa de ministre. Ce qui ressort de l’histoire n’est pas tant l’intrigue, mais plutôt la farce derrière les assassinats, présentés comme des devinettes grinçantes dignes des Surréalistes (dont le mouvement allait exploser quelques années plus tard par rapport à l'époque où se déroulent les faits) et à vrai dire peu crédibles. Frédéric Bagères, dont c’est le premier scénario écrit pour la BD, s’est bien documenté pour ce qui est du contexte historique, mais le projet semble avoir été pour lui plus un prétexte à s’amuser et donner libre cours à son penchant pour l’écriture, en ayant recours à la gouaille parigote de l’époque - si ce n’est quelques expressions plus actuelles totalement assumées. Quant à David François, qui a travaillé principalement avec Régis Hautière, son dessin se révèle assez peu conventionnel : plus réaliste quand il s’agit de représenter les décors, il se fait plus mouvant en ce qui concerne les personnages, ondulant parfois vers une distorsion quasi-baconienne. « Le Vendangeur de Paname », sous-titré « Une enquête de l’Ecluse et la Bloseille », pourrait suggérer qu’il s’agit de premier épisode d’une nouvelle série, mais il ne semble pas que cela soit le cas. Quoiqu’il en soit, cette enquête, qui pourra rappeler aux plus âgés une série TV des années 70 bien française, « Les Brigades du Tigre », ne manque pas de charme et pourra séduire aussi les amateurs d’argot façon Audiard.

21/03/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Album acheté parce que j’aime beaucoup le trait, le style, la patte, la touche de David François. La singularité de son dessin est telle que j’identifie directement son auteur quand bien même celui-ci n’a pas édité pléthore d’albums. Son côté faussement brouillon mais incontestablement expressif me plait à chaque production. Lisible et riche, expressif (je l'ai déjà dit mais je m'en fous), dynamique, joyeusement caricatural, que voilà un agréable trait pour illustrer le Paris du début du XXème siècle et les enquêtes d’un duo de policiers presqu’aussi cons que maladroits. Côté scénario, je pense que c’est la première œuvre que je lis de Frédéric Bagères. Le résultat est plaisant. L’intrigue policière tient la route si l’on admet le côté burlesque de cette enquête. L’humour est omniprésent avec un gros travail réalisé sur le vocabulaire (beaucoup d’allusions à la nourriture et au vin sont disséminées dans les dialogues). C’est parfois un peu lourd à lire (or, pour moi la littérature, c’est comme la nourriture : trop légère, je grogne, trop riche, je m’endors) mais rien que pour la manière dont Frédéric Bagères amène un jeu de mot on ne peut plus pourri au sujet d’une balle perdue, je suis prêt à beaucoup lui pardonner (oui, j’ai adoré, consacrer une demi-planche pour ça, c’est magnifique… et je le dis sans aucune moquerie). Au final, voilà une enquête bien sympathique, qui pourrait tout à fait être suivie d’autres. A classer dans les séries policières humoristiques. Plaisant, vraiment ! Et con juste ce qu’il faut. Et coup de coeur pour le nom de la balle perdue.

14/03/2018 (modifier)