Rien d’inoubliable ou d’indispensable dans cet album (j’ai lu la réédition augmentée). Je dois même dire que je me suis souvent ennuyé durant les cinquante premières pages (passages en France et tourisme au Maghreb).
Heureusement le dessin de Masson, simple, est plutôt agréable, j’ai donc passé outre cette entame décevante. Et la suite, justement, est plus captivante, en particulier les discussions avec et les réflexions à propos d’autres auteurs de BD, ce qui me fait arrondir aux trois étoiles. Ces « petits riens » étaient alors plus intéressants.
Mais je suis sorti déçu de cette lecture, dont j’attendais sans doute davantage, ou autre chose, je ne sais pas trop quoi en fait.
Je suis toujours un peu circonspect avec les récits de "bons et sympathiques" soldats japonais pendant leur conquête de la Chine et du continent.
Les occupations japonaises ont historiquement été d'une brutalité et d'une sauvagerie quasi générale. J'ai donc toujours comme premier réflexe de prendre ce type de récit comme une participation au déni longtemps entretenu par les autorités de l'archipel.
L'anecdote du soldat Toshiro et du petit malais est sympathique et porte son lot d'émotions et de bons sentiments mais je ne suis pas convaincu par de nombreux points. Mais il est aussi juste de rappeler les bonnes actions faites au péril de leur vie par ceux qui avaient gardé une part d'humanité (comme cela est fait en fin d'ouvrage).
La conquête de Singapour et de la péninsule en partie grâce aux vélos aurait mérité un développement plus approfondi dans lequel l'anecdote aurait pu prendre une place importante.
Je trouve le graphisme assez rudimentaire, très figé dans les expressions et sans les extérieurs qui pourraient donner une ambiance à la ville et à cette époque.
Une lecture très rapide avec un noyau central intéressant mais trop rapide à mon goût. 2.5
Le spin off de Thorgal qui m’intéressait le plus, forcément avec un tel personnage mis en avant, l’emblématique Kriss de Valnor, ça a de quoi titiller.
C’est pas mal mais trop décousu à mon goût, 3 scénaristes et autant de dessinateurs pour 8 albums ?!
Les 2 premiers sont réussis, ils sont exactement ce que j’attendais, on explore les origines de notre héroïne, ça rentre bien dans le carcan de l’univers et le style graphique se démarque tout en rentrant dans le moule.
La suite part sur une idée plutôt sympa et ambitieuse, refaire revenir notre héroïne dans la continuité de la série mère. Ça crée alors un récit parallèle à Thorgal, pendant la temporalité où ce dernier est parti arracher son fils Aniel aux sorciers rouges.
Malheureusement ça se prend un peu les pieds dans le tapis je trouve, au début on retrouve Jolan en prise avec l’armée chrétienne puis notre héroïne (prise de conscience elle aussi) décide d’aller chercher son fils … ces albums ne sont pas tous palpitants, seuls les 2 derniers ont vraiment grâce à mes yeux et rattrapent bien le tir.
Un peu long mais ça reste quand même sympa de suivre les aventures de ce personnage marquant.
Cependant, pas très fan du procédé de séries différentes qui partagent la même intrigue/temporalité pour se rejoindre, d’autant qu’ici c’est pas spécialement fou. La fin de Louve, et surtout de Kriss de Valnor collent avec le raccord à un tome de la série originale, une sorte de grande réunification des intrigues et personnages. Du coup, ça oblige un peu à devoir tout lire pour bien tout cerner, et j’ai eu le sentiment de tout ça pour ça ?! à la fin de ces lectures.
Mouais. Je vais être indulgent avec Charlier, qui est un bon scénariste (je lui serai éternellement redevable de grands moments de lecture de Blueberry), mais qui ne m’a pas trop convaincu ici. J’ai découvert tardivement cet album, qui ne semble pas trop connu.
D’abord j’ai trouvé le dessin de Coutelis inégal (pour les décors, pas très fouillés, mais aussi pour les personnages – voir le visage du héros assez changeant). Il fait le job, mais bon.
L’histoire, comme d’habitude avec Charlier, est assez alambiquée, même s’il joue ici quelque chose de très classique. Un homme politique intègre victime de chantage, sa fille disparue, et voilà notre privé, Chuck, et sa secrétaire embarqués dans l’aventure.
Charlier ne sort pas de certains clichés. Chuck est forcément dragueur (même si la femme qu’il drague ne sert que de prétexte, disparaissant brusquement sans que l’on sache où et pourquoi), mauvais payeur envers sa secrétaire (ces deux points rappelant Nestor Burma). Un privé aux méthodes musclées qui ne croit pas à la police. Mais un héros auquel on peine à accrocher, trop « quelconque », sans personnalité forte ou original je trouve.
L’originalité vient de la secte asiatique au cœur de l’intrigue. Mais les péripéties perdent rapidement en crédibilité. Un album mineur dans l’œuvre de Charlier, c’est clair. Ça se laisse lire, mais tout aussi vite oublier.
Note réelle 2,5/5.
Pour le quarantième anniversaire de la mission Apollo 11 les éditions Paquet ont ouvert leur collection Cockpit à la célèbre course aux étoiles entre les USA et l'URSS.
Le scénario de Joe Wight suit fidèlement les données historiques qui sont connues de tous. Wight s'attache surtout au parcours d'Armstrong, Aldrin et Collins dans une moindre mesure.
Wight souligne aussi la qualité des scientifiques soviétiques qui étaient trop dépendants du génie de Sergueï Korolev. Celui-ci mort accidentellement, le programme spatial russe ne pourra plus rivaliser face à la Nasa.
Au delà des défis technologiques et humains que représentait cette aventure ; le récit montre bien l'importance idéologique que revêtaient de tels efforts. Avant de conquérir la lune, il s'agissait de conquérir les peuples indécis en leur démontrant la puissance du modèle politique et économique proposé.
C'était aussi et surtout un outil de politique intérieure de grande importance.
Le graphisme se partage entre de très belles cases de vues de l'espace dignes d'un ouvrage d'astronomie et des cases beaucoup plus pauvres dès que les personnages apparaissent. Les figures sont figées, sans relief, voire ébauchées plus que dessinées. Cela nuit à la qualité générale de l'ouvrage.
De même je trouve la mise en couleur hors espace assez fade.
Toutefois c'est une série à lire pour ne pas banaliser ce qui a été une lutte scientifique et pacifique ayant eu un impact fort sur l'histoire de la seconde moitié du XXème siècle.
Les 2 auteurs espagnols Rubio et Del Rincon rendent hommage à un héros oublié de l'Histoire, qui fut avant tout un grand général ayant participé à nombre de campagnes militaires : officier de la Révolution, il a fait la guerre de Vendée, la campagne d'Italie et la campagne d'Egypte auprès de Napoléon Bonaparte entre autres, le sujet est donc original et plein d'intérêt, le personnage étant une force de la nature au destin incroyable, et surtout le premier officier métis de la République. Son fils Alexandre, le futur romancier avait à peine 4 ans quand il est mort, il l'a donc peu connu mais il l'a souvent cité dans ses ouvrages. Il est donc légitime que l'histoire de son père soit contée par lui comme narrateur.
Le récit débute en 1806 à Villers-Cotterêts (actuel département de l'Aisne, où est né Alexandre Dumas, sa statue trônant sur un carrefour de la ville). Alexandre Dumas, encore enfant, assiste à la mort de son père, rongé par un ulcère. Né en 1776 à Saint-Domingue, fils d'une esclave noire Marie-Cessette Dumas et d'un noble blanc natif de Normandie, le marquis Alexandre-Antoine Davy de La Pailletterie, Thomas Alexandre est l'un des 4 enfants de ce couple. Séparé de ses frères vendus à un autre propriétaire, il est embarqué pour la France clandestinement car racheté en fait par son père qui lui offrira une bonne éducation sociale et militaire afin d'en faire son héritier. Il est introduit à la cour de France, sa couleur de peau séduit autant qu'elle dérange. Suite à une dispute avec son père, il renonce à sa condition de noble et reprend le nom de Dumas avant de s'engager comme simple soldat dans le régiment des Dragons. Il va alors gravir les échelons de la hiérarchie militaire, épousera à Villers-Cotterêts une commerçante du nom de Marie-Louise Labouret de qui il aura 2 filles (dont une seule survit) et un fils, le futur Alexandre Dumas.
Confronté à Bonaparte peu après la bataille des Pyramides, on pense que c'est de là qu'est née l'inimitié de Bonaparte envers lui parce qu'il a osé le défier sur l'idéal français. C'est pourquoi son nom ne figurera dans aucun manuel d'Histoire de France, et il restera longtemps ignoré de la plupart des historiens de l'Empire. La Bd nous raconte donc cet incroyable destin et met en lumière des événements à travers le portrait de cette figure hors du commun que fut le général Dumas. Je me souviens avoir vu plusieurs gravures, portraits, estampes et reproductions du général Dumas dans le château de Monte-Cristo, ancienne résidence privée d'Alexandre Dumas située à Port-Marly dans les Yvelines, devenue Musée Alexandre Dumas et que tous les fans du romancier se doivent de visiter.
Le récit est bien conté en voix off par Alexandre Dumas lui-même qui idolatrait son père, dans un langage clair et édifiant, le scénario est bien rythmé et illustre une période tumultueuse avec une part de faits romancés mais qui étoffent l'intrigue et lui donnent du corps.
Sur le plan graphique, c'est pas mal du tout, le dessin hésite entre le réalisme et le dessin légèrement aquarellé, avec sans doute des ajouts de colorisation informatique, même si ça n'est pas parmi mes préférences, notamment les larmes des personnages qui ressemblent plus à des fontaines et certaines têtes qui semblent un peu disproportionées, mais l'ensemble est musclé tout en étant soigné.
Un bon récit qui restitue le destin d'un personnage méconnu qui gagne à être connu. A noter qu'une statue du général avait été érigée dans le XVIIème arrondissement de Paris en 1913 et qui fut fondue par le régime de Vichy en 1943, on parle depuis 2021 de la reconstruire à l'identique.
Elisabeth a régné relativement longtemps, dans une période charnière en Europe et surtout en Angleterre et, malgré tous les reproches qui peuvent lui être faits, elle a quand même affermi le pouvoir royal et la stature de son pays. Elle a donc bien sa place dans la collection (elle pourrait tout aussi bien intégrer la collection des « Reines de sang » du rival Delcourt, tant des têtes furent tranchées pour maintenir son autorité – il est vrai que sa sœur et son père l’avait précédée avec une violence encore plus forte).
Un sujet riche donc, que les auteurs ont choisi de traiter en un album, ce qui est une erreur, car cela empêche de bien développer le sujet (surtout qu’il est question du règne entier, et non d’une période plus courte comme pour d’autres albums de la collection).
De ce choix découle un défaut majeur : les ellipses, raccourcis qui font de la narration une sorte de successions de dates plutôt que d’événements (exemple parmi d’autres : on passe en une case de « comment peut-on neutraliser Marie Stuart ? », alors en Écosse, à « comment l’empêcher de comploter de sa prison ? », alors qu’elle est en résidence surveillée à Londres). Du coup, c’est un peu sec, et ceux qui ne sont pas passionnés par le sujet (ou qui ne le maitrisent pas du tout avant cette lecture) risquent de rester sur leur faim.
J’ajoute que certaines scènes sont de simples prétextes, comme l’apparition de Shakespeare ou de Drake. Alors même que l’on a sabré sur d’autres sujets importants, on a ici l’impression d’un devoir de « placement » de personnages connus, ceci étant ensuite peu exploité.
Quant au dessin, il est inégal. Globalement bon pour les gros plans, visages, mais avec une nette dégradation dans le dernier quart (nette impression de bâclage). Il fait le job, mais comme pour la narration, je reste sur ma faim.
Surtout que les décors et plans larges ont été un peu sacrifiés. Et, là aussi, le dernier tiers est franchement moyen (voir la planche montrant la flotte espagnole de l’Invincible Armada, avec des navires tous identiques et peu réalistes !).
Bon, ça se laisse lire quand même, et le dossier final permet à ceux qui le souhaitent d’approfondir un peu le sujet. Mais je suis sorti déçu de ma lecture.
Note réelle 2,5/5.
Voilà une série plutôt pas mal au final même si elle ressemble un peu à celle de Gil Jourdan. Les albums se laissent lire aisément. Les aventures du détective Ginger et de son amie Véraline tiennent la route. Ils affrontent des situations surprenantes mais rien de très alambiqué. C’est au contraire très fluide. C’est du franco-belge pur jus.
Une série pour les nostalgiques – mais pas que – du journal Spirou.
J'aime beaucoup le trait de Will Eisner combiné à sa capacité de faire ressentir dans ses histoires une réalité sordide de l'Amérique d'en-bas. Au fur et à mesure des albums que je lis, j'ai l'impression de vivre dans les bas-fonds de New-York, là où la misère est réelle et permanente, là où se jouent des drames quotidiens et des vies gâchées. On sent que l'auteur veut une sincérité dans son propos, et c'est louable.
Cependant, tout les albums ne se valent pas. C'est souvent des histoires courtes, comme ici, combinée par rapport aux thématiques, mais j'ai été un peu plus circonspect sur celles-ci. Même si les trois sont assez bonnes et donnent une vision entre pessimisme et optimisme de l'humaine, elles m'ont moins marquées que celles de Fagin le Juif ou Le Complot. Ici les histoires parlent d'enfant sauvage trainant dans les rues, de couples d'infirmes et de l'oncle Amos, qui abuse de sa famille. Le sentiment est curieux, certains personnages sont odieux mais humains, les relations sont souvent conflictuelles aussi. J'ai du mal à définir le ressenti que j'ai au sortir de ma lecture, un peu de malaise face aux comportements des personnages mais aussi une sorte de recul vis-à-vis de ce qui est raconté. C'est souvent assez glauque, entre enlèvement d'enfant et mariage arrangés, mais tempéré par ces "miracles" qui sont ces petits riens de la vie qui rendent la vie plus supportable et plus belle. C'est touchant, mais en même temps l'impression générale n'est pas chouette.
Bref, c'est un ouvrage de trois petites histoires au gout amer tempéré par des petites (toutes petites) pointes de douceur. Le trait de Will Eisner est toujours aussi précis, avec une façon de représenter les corps de manière assez "souple" et des décors présents, presque lourd autour de la petite vie de ces personnages. On a l'impression que les bâtiments et les rues enferment les personnages dans des espaces cloisonnés, toujours plus petit.
En somme, pas le meilleur à mes yeux de Eisner, mais un opus un peu dérangeant. C'est étrange, un peu partagé sur ces histoires.
Valhalla Hotel, c’est de la déconne. C’est une série Z truffée de scènes d’action plus improbables les unes que les autres et portée par des personnages totalement délirants et souvent parodiques. C’est un scénario qui tient la route malgré son côté bordélique et quelques retournements de situation parfois bien capilotractés. C’est un humour souvent potache et référencé qui m’aura donné la banane à plus d’une occasion. C’est un dessin semi-réaliste très expressif, très dynamique et facile à lire. C’est une mise en page très cinématographique et un découpage clair et sans bavures.
En fait, Valhalla Hotel, c’est très chouette si on n’en attend rien d’autre qu’un bon gros divertissement à l’humour parfois un peu con, au scénario parodiant les films d’action américains des années ’80. Les trois premiers tomes forment une histoire complète mais une suite est tout à fait envisageable (et a d'ailleurs vu le jour depuis sous le titre de Valhalla Bunker).
Bon, moi, j’ai bien aimé. Je crie pas au génie mais comme lecture détente, ça le fait.
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Carnet de voyage (Un américain en balade)
Rien d’inoubliable ou d’indispensable dans cet album (j’ai lu la réédition augmentée). Je dois même dire que je me suis souvent ennuyé durant les cinquante premières pages (passages en France et tourisme au Maghreb). Heureusement le dessin de Masson, simple, est plutôt agréable, j’ai donc passé outre cette entame décevante. Et la suite, justement, est plus captivante, en particulier les discussions avec et les réflexions à propos d’autres auteurs de BD, ce qui me fait arrondir aux trois étoiles. Ces « petits riens » étaient alors plus intéressants. Mais je suis sorti déçu de cette lecture, dont j’attendais sans doute davantage, ou autre chose, je ne sais pas trop quoi en fait.
La Bicyclette
Je suis toujours un peu circonspect avec les récits de "bons et sympathiques" soldats japonais pendant leur conquête de la Chine et du continent. Les occupations japonaises ont historiquement été d'une brutalité et d'une sauvagerie quasi générale. J'ai donc toujours comme premier réflexe de prendre ce type de récit comme une participation au déni longtemps entretenu par les autorités de l'archipel. L'anecdote du soldat Toshiro et du petit malais est sympathique et porte son lot d'émotions et de bons sentiments mais je ne suis pas convaincu par de nombreux points. Mais il est aussi juste de rappeler les bonnes actions faites au péril de leur vie par ceux qui avaient gardé une part d'humanité (comme cela est fait en fin d'ouvrage). La conquête de Singapour et de la péninsule en partie grâce aux vélos aurait mérité un développement plus approfondi dans lequel l'anecdote aurait pu prendre une place importante. Je trouve le graphisme assez rudimentaire, très figé dans les expressions et sans les extérieurs qui pourraient donner une ambiance à la ville et à cette époque. Une lecture très rapide avec un noyau central intéressant mais trop rapide à mon goût. 2.5
Les Mondes de Thorgal - Kriss de Valnor
Le spin off de Thorgal qui m’intéressait le plus, forcément avec un tel personnage mis en avant, l’emblématique Kriss de Valnor, ça a de quoi titiller. C’est pas mal mais trop décousu à mon goût, 3 scénaristes et autant de dessinateurs pour 8 albums ?! Les 2 premiers sont réussis, ils sont exactement ce que j’attendais, on explore les origines de notre héroïne, ça rentre bien dans le carcan de l’univers et le style graphique se démarque tout en rentrant dans le moule. La suite part sur une idée plutôt sympa et ambitieuse, refaire revenir notre héroïne dans la continuité de la série mère. Ça crée alors un récit parallèle à Thorgal, pendant la temporalité où ce dernier est parti arracher son fils Aniel aux sorciers rouges. Malheureusement ça se prend un peu les pieds dans le tapis je trouve, au début on retrouve Jolan en prise avec l’armée chrétienne puis notre héroïne (prise de conscience elle aussi) décide d’aller chercher son fils … ces albums ne sont pas tous palpitants, seuls les 2 derniers ont vraiment grâce à mes yeux et rattrapent bien le tir. Un peu long mais ça reste quand même sympa de suivre les aventures de ce personnage marquant. Cependant, pas très fan du procédé de séries différentes qui partagent la même intrigue/temporalité pour se rejoindre, d’autant qu’ici c’est pas spécialement fou. La fin de Louve, et surtout de Kriss de Valnor collent avec le raccord à un tome de la série originale, une sorte de grande réunification des intrigues et personnages. Du coup, ça oblige un peu à devoir tout lire pour bien tout cerner, et j’ai eu le sentiment de tout ça pour ça ?! à la fin de ces lectures.
Le privé
Mouais. Je vais être indulgent avec Charlier, qui est un bon scénariste (je lui serai éternellement redevable de grands moments de lecture de Blueberry), mais qui ne m’a pas trop convaincu ici. J’ai découvert tardivement cet album, qui ne semble pas trop connu. D’abord j’ai trouvé le dessin de Coutelis inégal (pour les décors, pas très fouillés, mais aussi pour les personnages – voir le visage du héros assez changeant). Il fait le job, mais bon. L’histoire, comme d’habitude avec Charlier, est assez alambiquée, même s’il joue ici quelque chose de très classique. Un homme politique intègre victime de chantage, sa fille disparue, et voilà notre privé, Chuck, et sa secrétaire embarqués dans l’aventure. Charlier ne sort pas de certains clichés. Chuck est forcément dragueur (même si la femme qu’il drague ne sert que de prétexte, disparaissant brusquement sans que l’on sache où et pourquoi), mauvais payeur envers sa secrétaire (ces deux points rappelant Nestor Burma). Un privé aux méthodes musclées qui ne croit pas à la police. Mais un héros auquel on peine à accrocher, trop « quelconque », sans personnalité forte ou original je trouve. L’originalité vient de la secte asiatique au cœur de l’intrigue. Mais les péripéties perdent rapidement en crédibilité. Un album mineur dans l’œuvre de Charlier, c’est clair. Ça se laisse lire, mais tout aussi vite oublier. Note réelle 2,5/5.
First Moon
Pour le quarantième anniversaire de la mission Apollo 11 les éditions Paquet ont ouvert leur collection Cockpit à la célèbre course aux étoiles entre les USA et l'URSS. Le scénario de Joe Wight suit fidèlement les données historiques qui sont connues de tous. Wight s'attache surtout au parcours d'Armstrong, Aldrin et Collins dans une moindre mesure. Wight souligne aussi la qualité des scientifiques soviétiques qui étaient trop dépendants du génie de Sergueï Korolev. Celui-ci mort accidentellement, le programme spatial russe ne pourra plus rivaliser face à la Nasa. Au delà des défis technologiques et humains que représentait cette aventure ; le récit montre bien l'importance idéologique que revêtaient de tels efforts. Avant de conquérir la lune, il s'agissait de conquérir les peuples indécis en leur démontrant la puissance du modèle politique et économique proposé. C'était aussi et surtout un outil de politique intérieure de grande importance. Le graphisme se partage entre de très belles cases de vues de l'espace dignes d'un ouvrage d'astronomie et des cases beaucoup plus pauvres dès que les personnages apparaissent. Les figures sont figées, sans relief, voire ébauchées plus que dessinées. Cela nuit à la qualité générale de l'ouvrage. De même je trouve la mise en couleur hors espace assez fade. Toutefois c'est une série à lire pour ne pas banaliser ce qui a été une lutte scientifique et pacifique ayant eu un impact fort sur l'histoire de la seconde moitié du XXème siècle.
Le Premier Dumas
Les 2 auteurs espagnols Rubio et Del Rincon rendent hommage à un héros oublié de l'Histoire, qui fut avant tout un grand général ayant participé à nombre de campagnes militaires : officier de la Révolution, il a fait la guerre de Vendée, la campagne d'Italie et la campagne d'Egypte auprès de Napoléon Bonaparte entre autres, le sujet est donc original et plein d'intérêt, le personnage étant une force de la nature au destin incroyable, et surtout le premier officier métis de la République. Son fils Alexandre, le futur romancier avait à peine 4 ans quand il est mort, il l'a donc peu connu mais il l'a souvent cité dans ses ouvrages. Il est donc légitime que l'histoire de son père soit contée par lui comme narrateur. Le récit débute en 1806 à Villers-Cotterêts (actuel département de l'Aisne, où est né Alexandre Dumas, sa statue trônant sur un carrefour de la ville). Alexandre Dumas, encore enfant, assiste à la mort de son père, rongé par un ulcère. Né en 1776 à Saint-Domingue, fils d'une esclave noire Marie-Cessette Dumas et d'un noble blanc natif de Normandie, le marquis Alexandre-Antoine Davy de La Pailletterie, Thomas Alexandre est l'un des 4 enfants de ce couple. Séparé de ses frères vendus à un autre propriétaire, il est embarqué pour la France clandestinement car racheté en fait par son père qui lui offrira une bonne éducation sociale et militaire afin d'en faire son héritier. Il est introduit à la cour de France, sa couleur de peau séduit autant qu'elle dérange. Suite à une dispute avec son père, il renonce à sa condition de noble et reprend le nom de Dumas avant de s'engager comme simple soldat dans le régiment des Dragons. Il va alors gravir les échelons de la hiérarchie militaire, épousera à Villers-Cotterêts une commerçante du nom de Marie-Louise Labouret de qui il aura 2 filles (dont une seule survit) et un fils, le futur Alexandre Dumas. Confronté à Bonaparte peu après la bataille des Pyramides, on pense que c'est de là qu'est née l'inimitié de Bonaparte envers lui parce qu'il a osé le défier sur l'idéal français. C'est pourquoi son nom ne figurera dans aucun manuel d'Histoire de France, et il restera longtemps ignoré de la plupart des historiens de l'Empire. La Bd nous raconte donc cet incroyable destin et met en lumière des événements à travers le portrait de cette figure hors du commun que fut le général Dumas. Je me souviens avoir vu plusieurs gravures, portraits, estampes et reproductions du général Dumas dans le château de Monte-Cristo, ancienne résidence privée d'Alexandre Dumas située à Port-Marly dans les Yvelines, devenue Musée Alexandre Dumas et que tous les fans du romancier se doivent de visiter. Le récit est bien conté en voix off par Alexandre Dumas lui-même qui idolatrait son père, dans un langage clair et édifiant, le scénario est bien rythmé et illustre une période tumultueuse avec une part de faits romancés mais qui étoffent l'intrigue et lui donnent du corps. Sur le plan graphique, c'est pas mal du tout, le dessin hésite entre le réalisme et le dessin légèrement aquarellé, avec sans doute des ajouts de colorisation informatique, même si ça n'est pas parmi mes préférences, notamment les larmes des personnages qui ressemblent plus à des fontaines et certaines têtes qui semblent un peu disproportionées, mais l'ensemble est musclé tout en étant soigné. Un bon récit qui restitue le destin d'un personnage méconnu qui gagne à être connu. A noter qu'une statue du général avait été érigée dans le XVIIème arrondissement de Paris en 1913 et qui fut fondue par le régime de Vichy en 1943, on parle depuis 2021 de la reconstruire à l'identique.
Elisabeth Ire
Elisabeth a régné relativement longtemps, dans une période charnière en Europe et surtout en Angleterre et, malgré tous les reproches qui peuvent lui être faits, elle a quand même affermi le pouvoir royal et la stature de son pays. Elle a donc bien sa place dans la collection (elle pourrait tout aussi bien intégrer la collection des « Reines de sang » du rival Delcourt, tant des têtes furent tranchées pour maintenir son autorité – il est vrai que sa sœur et son père l’avait précédée avec une violence encore plus forte). Un sujet riche donc, que les auteurs ont choisi de traiter en un album, ce qui est une erreur, car cela empêche de bien développer le sujet (surtout qu’il est question du règne entier, et non d’une période plus courte comme pour d’autres albums de la collection). De ce choix découle un défaut majeur : les ellipses, raccourcis qui font de la narration une sorte de successions de dates plutôt que d’événements (exemple parmi d’autres : on passe en une case de « comment peut-on neutraliser Marie Stuart ? », alors en Écosse, à « comment l’empêcher de comploter de sa prison ? », alors qu’elle est en résidence surveillée à Londres). Du coup, c’est un peu sec, et ceux qui ne sont pas passionnés par le sujet (ou qui ne le maitrisent pas du tout avant cette lecture) risquent de rester sur leur faim. J’ajoute que certaines scènes sont de simples prétextes, comme l’apparition de Shakespeare ou de Drake. Alors même que l’on a sabré sur d’autres sujets importants, on a ici l’impression d’un devoir de « placement » de personnages connus, ceci étant ensuite peu exploité. Quant au dessin, il est inégal. Globalement bon pour les gros plans, visages, mais avec une nette dégradation dans le dernier quart (nette impression de bâclage). Il fait le job, mais comme pour la narration, je reste sur ma faim. Surtout que les décors et plans larges ont été un peu sacrifiés. Et, là aussi, le dernier tiers est franchement moyen (voir la planche montrant la flotte espagnole de l’Invincible Armada, avec des navires tous identiques et peu réalistes !). Bon, ça se laisse lire quand même, et le dossier final permet à ceux qui le souhaitent d’approfondir un peu le sujet. Mais je suis sorti déçu de ma lecture. Note réelle 2,5/5.
Ginger
Voilà une série plutôt pas mal au final même si elle ressemble un peu à celle de Gil Jourdan. Les albums se laissent lire aisément. Les aventures du détective Ginger et de son amie Véraline tiennent la route. Ils affrontent des situations surprenantes mais rien de très alambiqué. C’est au contraire très fluide. C’est du franco-belge pur jus. Une série pour les nostalgiques – mais pas que – du journal Spirou.
Petits miracles
J'aime beaucoup le trait de Will Eisner combiné à sa capacité de faire ressentir dans ses histoires une réalité sordide de l'Amérique d'en-bas. Au fur et à mesure des albums que je lis, j'ai l'impression de vivre dans les bas-fonds de New-York, là où la misère est réelle et permanente, là où se jouent des drames quotidiens et des vies gâchées. On sent que l'auteur veut une sincérité dans son propos, et c'est louable. Cependant, tout les albums ne se valent pas. C'est souvent des histoires courtes, comme ici, combinée par rapport aux thématiques, mais j'ai été un peu plus circonspect sur celles-ci. Même si les trois sont assez bonnes et donnent une vision entre pessimisme et optimisme de l'humaine, elles m'ont moins marquées que celles de Fagin le Juif ou Le Complot. Ici les histoires parlent d'enfant sauvage trainant dans les rues, de couples d'infirmes et de l'oncle Amos, qui abuse de sa famille. Le sentiment est curieux, certains personnages sont odieux mais humains, les relations sont souvent conflictuelles aussi. J'ai du mal à définir le ressenti que j'ai au sortir de ma lecture, un peu de malaise face aux comportements des personnages mais aussi une sorte de recul vis-à-vis de ce qui est raconté. C'est souvent assez glauque, entre enlèvement d'enfant et mariage arrangés, mais tempéré par ces "miracles" qui sont ces petits riens de la vie qui rendent la vie plus supportable et plus belle. C'est touchant, mais en même temps l'impression générale n'est pas chouette. Bref, c'est un ouvrage de trois petites histoires au gout amer tempéré par des petites (toutes petites) pointes de douceur. Le trait de Will Eisner est toujours aussi précis, avec une façon de représenter les corps de manière assez "souple" et des décors présents, presque lourd autour de la petite vie de ces personnages. On a l'impression que les bâtiments et les rues enferment les personnages dans des espaces cloisonnés, toujours plus petit. En somme, pas le meilleur à mes yeux de Eisner, mais un opus un peu dérangeant. C'est étrange, un peu partagé sur ces histoires.
Valhalla Hotel
Valhalla Hotel, c’est de la déconne. C’est une série Z truffée de scènes d’action plus improbables les unes que les autres et portée par des personnages totalement délirants et souvent parodiques. C’est un scénario qui tient la route malgré son côté bordélique et quelques retournements de situation parfois bien capilotractés. C’est un humour souvent potache et référencé qui m’aura donné la banane à plus d’une occasion. C’est un dessin semi-réaliste très expressif, très dynamique et facile à lire. C’est une mise en page très cinématographique et un découpage clair et sans bavures. En fait, Valhalla Hotel, c’est très chouette si on n’en attend rien d’autre qu’un bon gros divertissement à l’humour parfois un peu con, au scénario parodiant les films d’action américains des années ’80. Les trois premiers tomes forment une histoire complète mais une suite est tout à fait envisageable (et a d'ailleurs vu le jour depuis sous le titre de Valhalla Bunker). Bon, moi, j’ai bien aimé. Je crie pas au génie mais comme lecture détente, ça le fait.