L'Humanité moins un

Note: 3/5
(3/5 pour 8 avis)

L'humanité... ou plutôt un échantillon de six individus, unis comme les cinq doigts de la main. L'un d'eux (écolier, chauffard, travailleur manuel, naufragé) doit être éliminé. Comment désigner la victime expiatoire ?


BDs philosophiques

L'humanité... ou plutôt un échantillon de six individus, unis comme les cinq doigts de la main. L'un d'eux (écolier, chauffard, travailleur manuel, naufragé) doit être éliminé. Comment désigner la victime expiatoire ? Thomas Gosselin explore toutes les implications de cette situation et en développe les conséquences logiques, psychologiques, philosophiques, dans un album qui réussit à concilier rigueur et loufoquerie.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 2004
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Humanité moins un © La Cinquième Couche 2004
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 8 avis)
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24/10/2004 | ThePatrick
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je me retrouve en grande partie dans l’avis d’Antoine, en particulier dans les points qui l’ont gêné. En effet, si les incessants passages d’un groupe et d’une situation à l’autre peuvent dynamiser un récit qui risquait peut-être d’être assez sec, ça a surtout comme conséquence de hacher la lecture, et d’obscurcir le propos (je n’ai pas non plus tout compris au niveau des digressions autour du frangin malade, de son langage unique, etc.). Et je trouve aussi que tous les protagonistes ont un langage presque uniforme, en tout cas pas forcément adapté à ce qu’ils sont réellement : le groupe de jeunes gens responsables d’un accident mortel, les collégiens cherchant à éviter des heures de retenue, les passagers affamés d’un bateau perdus, tous philosophent sur un ton et avec des questionnements qui paraissent parfois inadaptés à leur âge ou leur situation. Ceci étant dit, l’ouvrage n’est pas inintéressant. Gosselin cherche, de façon parfois absurde, un peu loufoque (sans doute pas assez à mon goût) à faire réfléchir sur la notion de responsabilité, sur celle de sacrifice au profit du groupe, etc. Il y a quelques passages savoureux, quelques réflexions intéressantes. Le dessin est simple mais efficace, en tout cas je l’ai bien aimé. Un album inégal, mais plus ambitieux qu’il n’y parait (j’ai lu la version de l’An 2, je ne sais pas si la réédition a modifié quelque chose à l’histoire). Note réelle 2,5/5.

12/03/2023 (modifier)
Par Antoine
Note: 2/5
L'avatar du posteur Antoine

Il y a 20 ans - et ça me fait mal d'écrire ça - la première dissertation sur laquelle j'ai eu à me pencher en philosophie lors de mon année de terminale se questionnait sur le statut de l'Homme : est-il fait pour vivre en société ? Je m'en rappelle bien, la première dissert' de philo, c'est comme la première fois avec une fille (ou un garçon selon vos goûts), c'est pas forcément un souvenir grandiose mais ça ne s'oublie pas ! Cette petite bd se pose exactement la même question à travers différentes situations où six personnes, pour en réchapper, doivent sacrifier l'un des leurs. Cela va de la bande de lycéens qui ont fait une connerie (clin d’œil aux années lycée et à la découverte de la philo ?) jusqu'à des naufragés qui doivent décider lequel d'entre eux ils doivent bouffer. Néanmoins, une histoire est plus centrale que les autres, à savoir celle des 6 chauffards déguisés en clown qui doivent dénoncer le conducteur au volant lors d'un accident dramatique, alors que, semble-t-il, aucun d'entre eux, sauf le conducteur, ne le sait réellement. Le support de la bande dessinée est donc utilisé pour réfléchir à des questions philosophiques et psychologiques. J'aime assez la démarche, la bd est un formidable canal pour aborder des sujets complexes comme celui-ci, les illustrations venant au secours du texte. Malgré tout, je suis sorti déçu de ma lecture. Trois points. 1/ J'ai eu du mal à m'y retrouver, l'auteur passant d'une histoire à une autre sans crier gare. Et même, s'il est évident que les différentes histoires se répondent les unes les autres, cela a profondément entravé ma lecture. 2/ De même, je n'ai pas vraiment compris les passages sur le frère malade, si quelqu'un peut éclairer ma lanterne, je suis tout ouï. 3/ Et surtout, le plus gros défaut de la bd selon moi, et c'est ce qui m'a titillé tout au long de ma lecture, sont les dialogues qui sonnent terriblement faux. Les personnages sont des flics, des lycéens, des naufragés ou des travailleurs manuels et leur usage du langage ne correspond absolument pas, ni à leur statut social, ni aux situations auxquelles ils sont confrontés. J'entends le choix de l'auteur d'user de cette astuce, le propos du bouquin le dirigeant vers ce choix, mais je le trouve personnellement totalement en décalage. Qui philosophe (entendre : parler comme un philosophe ou un prof de philo) dans des situations comme celles-ci ? Et ce décalage crée une sorte de mur invisible qui m'a empêché de croire et de m'investir à ce que j'avais sous les yeux. Malgré ces critiques, je reconnais tout de même à cette bd des qualités indéniables, en cela que la réflexion qu'elle propose est intéressante et pertinente. Le choix de questionner les lecteurs sur le thème philosophique de l'homme et de sa place dans la société via la bd est heureux. Le symbolisme du chiffre 4 distillé tout au long de l’œuvre m'a permis de faire des recherches sur ce chiffre et donc de creuser la question. L'auteur a donc, en quelque sorte, réussi son coup. Cependant, cela ne restera pas une lecture inoubliable...

27/02/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
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"Pas mal" est le mot, puisque je n'ai pas trouvé cela mauvais mais pas exceptionnel non plus. Je n'ai pas saisi toutes les implications que l'auteur voulait distiller et je pense qu'une seconde lecture sera nécessaire pour comprendre tout ce qu'il y a dans cette BD courte mais bien dense. Personnellement, je suis pas transcandé par cette BD, que je considère comme bonne mais sans grand plus. C'est pas la meilleure BD que j'ai lu de ma vie, ni même la meilleure sur ce genre de sujet, mais elle fait efficacement son travail. L'idée d'exploiter plusieurs fois le même schéma pour démontrer plusieurs travers de l'humain, jusque dans sa conclusion assez ironique et mordante, passe très bien. L'humour que l'auteur nous distille rajoute quelques petites choses bien sympathiques. Mais voila, ce n'est pas non plus la BD qui m'a retournée le cerveau. Cela dit, si la sociologie et le comportemental est votre dada, ça reste à lire !

19/10/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Il y a plusieurs histoires mais un seul dénominateur commun : il s'agit de désigner une victime qu'on va sacrifier pour des raisons tout à fait variables. C'est quelquefois bavard mais cette philosophie est à la portée de chacun de nous. L'auteur veut nous ouvrir les yeux sur les bassesses de l'âme humaine quand on recherche absolument un coupable par exemple. La victime expiatoire se retrouve tous les jours quand on écoute les informations. Quand quelque chose ne tourne pas rond, on cherche inlassablement celui qui va payer l'addition pour les autres ou simplement pour le coup du hasard. Ce sujet est généralement peu abordé, c'est ce qui a rendu cette lecture intéressante. J'ai bien aimé la fin où il y a une véritable symbolique du chiffre 4. Il est dommage cependant que l'histoire des naufragés n'ait pas connu le moindre dénouement. On se demande si c'était voulu alors que tout parait être millimétré. Ce manque de lien est flagrant. Au final, on retiendra une expérience philosophique attrayante.

09/08/2009 (modifier)
Par Sejy
Note: 3/5
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• Six hommes grimés en clowns dans une auto dont les freins lâchent, provoquent un accident tragique. Tous indemnes, ils se retrouvent en garde à vue : qui était au volant ? Personne ne veut être la balance. • Parmi quelques lycéens, l’un a commis un acte qui mérite une sanction. Si le coupable, qui seul se connaît, ne se dénonce pas, tous seront punis. Quelqu’un acceptera t-il de jouer la victime expiatoire ? • Voilà, la croisière a mal tourné ! Un groupe de naufragés, rendus quasiment fous par la faim, commencent à envisager l’inimaginable : l’un d’eux doit faire le sandwich pour sauver les autres. Mais qui ? • Sur l’injonction de leur chef du personnel, six ouvriers doivent décider lequel d’entre eux sera chômeur dès le lendemain. Jusqu’où iront t-ils pour sauver leur job ? Autour de quatre variations d’un même postulat de départ (ils sont six, l’un doit être éliminé) Thomas Gosselin nous propose une petite intrusion dans la Conscience humaine. Rassurez-vous! Ici, pas de discours emphatique ni de philosophie démonstrative, implacable et définitive. Au gré de raisonnements et d’argumentations rigoureux, camouflés sous un ton délicieusement burlesque, l’auteur expose au grand jour, les quelques vices, bassesses et petites lâchetés puisés parmi l’infini diversité des possibilités homo-sapiennes. Il nous livre une oeuvre originale, loufoque, à la narration rythmée (grâce notamment à l’imbrication des historiettes) et à la graphie très particulière (visages déformés et corps martyrisés. Reflets des tourments de l’âme ?) Une agréable initiation à la spéléologie cognitive et une cocasse invitation à la réflexion. Libre à nous de poursuivre l’exploration. 3,5/5

12/04/2006 (modifier)
Par Pierig
Note: 3/5
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Cet album est une réflexion philosophique intéressante sur une mise en situation particulière, à savoir : qui sacrifier lorsqu’on est six et qu’il y a place que pour cinq ? Pour étayer ce choix, Thomas Gosselin a choisi d’adapter cette mise en situation dans différents contextes : chauffard, écolier, naufragé, travailleur manuel . . . L’attrait principal de cet album est l’observation des comportements des gens faisant face à cette situation. Il s’en suit moult discussions où chacun essaye tant bien que mal de sauver sa peau. Parfois, la narration se perd dans des considérations qui m’échappent quelque peu, voire un peu trop alambiquées. Bref, c’est pas toujours facile à suivre, il faut s’accrocher ! Le découpage est particulier lui aussi puisqu’on passe d’une scène à l’autre parfois de manière un peu rude. Quelques mots sur le dessin tout en crayonné, juste pour préciser qu’il me plaît beaucoup malgré la posture des gens parfois bizarre (un peu "cassée").

19/07/2005 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

Une petite BD sympa, pas bête pour un sou, qui m’a fait passer un bon moment. Les différentes histoires sont bien écrites, et l’ensemble est plein de trouvailles rigolotes. Une œuvre originale donc. Par contre je trouve le coté philosophique un peu léger quand même. Prenons l’exemple de la galerie : 6 personnes dans une barque, ils vont tous mourir de faim, sauf si ils mangeant l’un d’entre eux. S’en suit un long débat du style « il faut manger lui, il est moins vieux » ou « il faut manger lui parce qu’il est plus gras ». Ca me parait un peu stérile comme débat, un peu vain, personne ne mérite de mourir plus qu’un autre non ? Bon j’imagine que le fait même que la BD me pousser à me poser cette question prouve que quelque part, elle a atteint son but : faire réfléchir. Bref, une petite BD sympa, originale, un peu chère, qui devrait plaire à ceux qui aiment débattre et se creuser la tête.

12/05/2005 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Comment utiliser la philosophie en bd, de façon amusante et intéressante, pour réussir un album original et qui vous remue les neurones ? Sfar le fait déjà avec entre autres Le chat du Rabbin et Le Minuscule Mousquetaire, mais ici le sujet est beaucoup plus explicite. Alors oui, la philo j'ai toujours trouvé ça chiant en tant que matière scolaire, mais on peut aussi voir ça -- et heureusement -- de manière ludique. C'est un peu le cas ici où les situations mettant en scène un groupe de six personnes se multiplient, et à chaque fois un choix doit être fait : une voiture dont les passagers doivent choisir qui écraser, des élèves pour savoir s'il faut ou non dénoncer l'un des leurs, des naufragés qui s'affrontent pour désigner celui qui sera mangé, etc. Mais cette philosophie là n'est pas morte. Elle ne traîne pas dans une vitrine, oeuvre glaciale et figée, intouchable. Car elle se mèle à la psychologie, au quotidien et à l'absurde. Elle argumente, de façon parfois superbe, mais il y a toujours une échappatoire. Elle intrigue, pose une foule de questions, et les réponses qu'elle apporte ne sont aucunement définitives. Et si cela ne suffit pas, la trouvaille de la page 54, aussi capillotractée que surprenante, vaut vraiment le détour. La seule chose qui me retient de mettre un 5/5 c'est un manque de liant entre certaines histoires, mais bon ce livre assez exceptionnel est vraiment jouissif.

24/10/2004 (modifier)