Je me sens un peu gêné par mon avis, puisque j'ai bien aimé ma lecture qui semble avoir complètement déplu à d'autres. Le récit est volontairement lent et obscur, clairement inspiré par des écrits de Lovecraft et notamment La Couleur tombée du ciel. Dans les faits, ça se traduit par un récit centré avant tout sur l'indicible, et donc l'inconnu. Rien n'est clair et révélé à la fin du tome, c'est une histoire pleine de trous. L'idée est justement de jouer sur ces trous pour laisser au lecteur l'imagination de tout ce qui peut s'y cacher.
Je suis assez bonne poire avec cette BD, mais en même temps la lecture fut plaisante et j'ai aimé la façon dont tout ceci se finissait. L'histoire comporte quelques détails qui m'ont fait tiquer et je ne suis pas sur de comprendre ce qu'il en est du message, entre autre sur les hommes et les femmes, mais c'est le genre de BD qui essaye avant tout de poser une ambiance, une façon de créer un mystère. Au final, ça a pris sur moi. Visiblement ce n'est pas le cas de tout le monde, dommage !
Pour le dessin, c'est assez joli, quelques idées notamment dans le design des créatures fait très Lovecraftien, mais ça fonctionne. Je suis assez content de ma lecture, pas enthousiaste ou convaincu, mais content. Et ça me suffit !
Sympathique conte "feel good" sur une thématique originale (la mort et la culpabilité) mais articulée autour de mystères malheureusement bien vite éventés.
Le fantastique aurait mérité d'être tenu plus longuement, tant concernant la révélation initiale du décès des visiteurs de l'hôtel, que la seconde (que je vous laisse découvrir par vous-même) assez prévisible néanmoins.
C'est gentiment émouvant, doux, agréablement dessiné et propose des personnages au profil pas si convenu. La trame est construite à la manière de dessins animés Pixar : c'est rythmé, avec le même recyclage de figures imposées, souvent agréable et généralement vain, l'humour en moins.
Une lecture certes oubliable, mais assez plaisante.
Un comics sur Magneto, sur sa jeunesse pendant la montée du nazisme.
Magneto, de son vrai nom Max Eisenhardt, est juif et il grandit dans une Allemagne où le personnage d'Adolf Hitler prend de plus en plus de place jusqu'à en devenir chancelier.
Un récit historique, la chronologie est respectée, il se terminera dans le camp d'extermination de Birkenau en passant par le ghetto de Varsovie. Le récit tient la route et n'épargne rien de l'horreur de cette période. Ne vous attendez pas à voir Magneto utiliser ses supers pouvoirs, il ne sait pas encore qu'il est un mutant.
Une narration qui sait maintenir l'intérêt de la première à la dernière planche tout en restant très classique.
On va suivre l'évolution de Magneto, d'un enfant comme tous les autres à un jeune homme qui se sera endurci, le terreau qui en fera le pire ennemi des X-Men.
Visuellement, c'est aussi très classique, un dessin dans le pur style des comics modernes, par contre j'ai beaucoup aimé les couleurs de Matt Hollingsworth.
Un comics recommandable sur la Shoah.
En bonus, en fin d'album quelques planches de Neal Adams écrites par Rafael Medoff sur le personnage de Dina Babbitt, une rescapée de Birkenau qui aura essayé jusqu'à sa mort en 2009 de récupérer ses dessins exposés au musée d'Auschwitz.
Un album qui m'a ouvert les yeux sur des enjeux qui m'étaient inconnus.
Cette BD est la première pour les deux auteurs.
Benoît de Tréglodé est directeur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et au Centre Asie du Sud-Est de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), il va se servir de ses connaissances pour bâtir cette fiction réaliste.
Roman Gigou est graphiste de métier, mais il a été assistant coloriste pour des grands noms : Blutch et Enki Bilal.
Line est une jeune métis, son père ukrainien est ambassadeur à Hanoï, sa mère vietnamienne. Elle travaille pour un journal français et elle revient au Vietnam pour un reportage sur l'uberisation de la prostitution et lors de son premier interview, elle apprend que des filles disparaissent. A partir de ce moment son enquête va prendre une autre dimension.
Une dimension géopolitique puisqu'on y découvre que la République Socialiste du Vietnam est au centre de rivalités entre la Russie et l'Ukraine. On y découvrira aussi comment un virus échappé d'un laboratoire provoque une épidémie mortelle et on ne pourra qu'y voir un clin d'œil à la pandémie du Covid 19.
Une narration maîtrisée, mais il m'a manqué un peu plus de tension pour me satisfaire complètement.
C'est aussi le portrait de la ville d'Hanoï la nuit à travers cette enquête, elle permet de visiter différents quartiers et leurs jeux de lumières très différents et d'y rencontrer sa population.
Un dessin à mi-chemin entre le comics et le franco-belge, lisible, expressif avec beaucoup de détails. L'ambiance nocturne doit beaucoup à la colorisation tout en contraste.
Un style graphique qui me plaît.
Une lecture qui m'aura énormément appris sur ce pays que je ne connaissais que pour son côté touristique.
Une BD recommandable.
Proposer une relecture de la guerre du Vietnam en y incorporant du fantastique était une plutôt jolie idée. Mais ne fut pas celle suivie par l'auteur, qui lui préféra une relecture-hommage au film Predator (gentil nanar de John Mac Tiernan avec Schwarzie).
L'intrigue perd en profondeur, le récit gagne en linéarité et clarté, ce qui permet de conduire efficacement le récit dans une direction assez banale.
Fort dommage, tant les illustrations réalistes (les passages sous la pluie sont particulièrement bien rendus), la montée en tension initiale et cette ouverture vers une mythologie Sud-Asiatique promettaient.
Une lecture néanmoins conseillée.
Cauvin est un auteur très (trop) prolifique, et sa quantité semble parfois nuire à sa qualité. Il n'arrive pas toujours à trouver ce qu'il faut dans ses scénarios pour viser réellement plus qu'une simple distraction passagère. Ici, je trouve qu'il arrive maladroitement à parler d'une situation complexe mais sans jamais vraiment développer l'ensemble. C'est le genre de BD qui ne vole pas haut mais qui a tenté de décoller, et c'est déjà bien.
Le hic vient surtout du traitement de la BD, en un seul tome et sur un sujet assez complexe. Ca parle de maternité, de viol, de la presse, du voyeurisme, du regard des autres (tiens, c'est le titre !), le tout dans 48 pages avec un enrobage qui joue trop la carte du comique. Le méchant savant fou fait très classique, avec son acolyte qui lui obéit au doigt et à l'oeil sans qu'on sache pourquoi. Mais sous des aspects trop classique dans la façon de faire, Cauvin développe quelques thématiques assez matures et plutôt étonnantes. J'admire l'idée de tenter, mais maintenant la réalisation manque de corps. Il faudrait plus d'albums pour développer l'ensemble, mais maintenant ça semble compromis. Ce premier volume est suffisant à lui seul, mais un peu plus n'aurait pas été mal.
Le dessin fait très série humoristique des albums Bamboo, justement, un peu en décalage avec le contenu de la BD. C'est pas mauvais, c'est juste un peu étrange.
L'ensemble me parait sincère dans la volonté de parler de choses complexes. Il n'y arrive qu'en partie, ce qui est dommage, mais dans la masse de ce que Cauvin a fait, ça semble être un album pas mal. C'est plus à cette échelle là que je met la note, qui oscille autour de 2,5.
J'ai été un peu surpris par le schéma qui soutient l'oeuvre de Dedola et Bonaccorso même si je n'ai jamais été un disciple de Lénine. Je ne suis pas contre la déconstruction des mythes historiques et surtout des plus sanglants mais je trouve qu'il faut le faire avec plus de justesse. Les premières failles du mythe Lénine sont apparues dans les années 70 mais sur le bout des lèvres tellement le personnage a été "sanctifié".
La présentation de la personnalité de Lénine et ses motivations profondes vues par les auteurs me semblent être plus du domaine de l'hypothèse fictionnelle que de la réalité historique. Je trouve que l'ouvrage souffre du défaut majeur de ce type d'essai. Autour d'un cadre historique documenté et travaillé on donne à Lenine (ou autres personnages de ce type) des paroles et des pensées qui appartiennent surtout aux auteurs.
Les conversations entre Lénine et les autres personnages emblématiques de la révolution d'Octobre restent presque toujours invérifiables ou alors il faudrait mieux partager les sources qui permettent de légitimer ces dialogues.
Je suis toujours circonspect sur ce mélange entre fiction et histoire avec ce type de sujet très engagé. On arrive vite à une réécriture aussi éloignée que le mythe que l'on voulait déconstruire.
Il faut être d'autant plus prudent que le scénario de Dedola est fluide et bien construit. Il propose une logique entrainante.
Le graphisme de Bonaccorso est fin, souple et agréable. Les extérieurs sont assez neutres pour privilégier les face à faces entre Lénine et ses interlocuteurs dans leurs décisions si importantes pour l'avenir du monde.
Il y a donc un gros travail sur les expressions de visages ou la communication gestuelle. Malgré le peu d'action, cela reste très dynamique.
Une lecture intéressante si on se détache un peu du côté réducteur de l'image proposée de Lénine chef de famille et chef de bande vengeur où la fiction l'emporte sur l'historique.
Cette série destinée aux tout-petits 3/8 ans est vraiment mignonne. Elsa Bordier propose à ses jeunes lecteurs et lectrices un voyage dans le monde des scarabées en compagnie de la jeune Léonie.
Le scénario est assez classique et une incursion dans le monde du très petit n'est pas une nouveauté. Toutefois les jeunes enfants sont toujours intrigués par cette vie minuscule du jardin et ce récit va leur permettre d'aborder des thèmes importants : le respect du plus petit et du différent, la solidarité devant l'adversité, la mise en commun des talents ou l'apprentissage chacun son rythme.
Le lettrage est bien adapté pour des lecteurs de 5/6 ans avec un vocabulaire très simple et accessible.
Le graphisme d'Elodie Shanta est tout en rondeurs apaisantes. Les personnages sont facilement identifiables dans un univers très coloré. La multitude de tons pastels crée une atmosphère douce et joyeuse.
Une jolie série à partager avec ses petits-enfants.
2.5
Un autre one-shot Disney moyen qui sort de chez Glénat.
Cette fois-ci c'est une aventure qui se passe durant la jeunesse de Picsou en Écosse et d'ailleurs il y a des clins d'oeils à la célèbre série de Don Rosa. Si le dessin est bon avec ce style qu'on retrouve chez les dessinateurs italiens modernes qui font du Disney, le scénario l'est moins.
Je comprends que la BD Disney s'adresse avant tout aux enfants, mais cela veut pas dire qu'on peut faire le service minimum. Le récit est remplit d'éléments que j'avais déjà vu au moins dix fois dans les dessins animés que je regardais gamin. Par exemple, Picsou et ses copains vont s'amuser dans les mines alors que c'est interdit et le fils du propriétaire essai de les chasser et ça fini toujours par une humiliation pour ce dernier vu que la bande de Picsou est trop maline. Puis il y a une fille qui débarque de nulle part et devient très amie avec Picsou sauf qu'elle cache un secret que bien sur le gars qui se fait toujours humilié par Picsou et ses copains va le découvrir et le dire à tout le monde pour ce venger et causer la zizanie.
Bon, ça se laisse lire et les enfants seront moins exigeant qu'un adulte, mais ils risquent d'être déçu que le dragon du titre n'apparait que tardivement dans le récit et aussi que son origine est très cliché. Un one-shot qu'on lit et qu'on oublie facilement en gros.
J'ai été surpris de découvrir que cette BD racontait des évènements purement historiques car le graphisme et la mise en scène me laissaient croire à quelque chose de plus onirique ou de plus lyrique. Les couleurs intenses, le graphisme comme dessiné au pastel, une ambiance de flou léger et des visages étrangement caricaturaux, presque effrayants sous leur maquillage intense, donnent l'impression que le récit va partir dans la folie et les hallucinations. Mais même si l'histoire insiste sur les relations humaines et les confrontations de points de vue et de manière de vivre l'exploration, c'est bien l'exposé des faits historiques qui nous est fait ici.
Et il s'agit là d'une expédition géographique assez remarquable, expédition dont je ne savais rigoureusement rien. Elle est très intéressante car elle n'envoie pas des explorateurs dans une zone inconnue et dangereuse mais une expédition française dans les colonies espagnoles d'Amérique latine. Et même si une partie de celle-ci consiste tout de même à cartographier des lieux nouveaux, la grande particularité de cette histoire est l'incongruité de ces aristocrates français en terres espagnoles et amérindiennes avec beaucoup de réflexions sur leur rang supérieur à maintenir en permanence face à la plèbe malgré des conditions parfois compliquées. On en apprend beaucoup sur le fonctionnement social de l'époque, la façon dont la noblesse tenait son rang dans n'importe quelle circonstance, se soutenant quelque soit le pays, comme si la classe sociale était plus importante que la nationalité. De même, on constate l'échelle de temps tellement différente de la nôtre, avec un séjour sur place qui durera de nombreuses années, des transferts financiers qui prenaient des mois entre l'Europe et l'Amérique, des voyages qui prenaient tout autant de temps. Et on en revient enfin à ce sujet initial des relations entre membres de l'éxpédition, les désaccords, les rivalités, et le résultat de tout cela une fois le récit terminé, que j'ai pu ensuite recouper avec les informations officielles trouvées sur Internet. C'est donc fort instructif sur de multiples sujets intéressants.
Toutefois, je n'ai pas été totalement charmé par cette BD.
D'abord à cause de ce dessin que je trouve trop flou à mon goût. J'aime les lignes claires et les mises en scène précises en détaillées, surtout pour des récits historiques. J'aurais en particulier aimé découvrir ces lieux et paysages exotiques avec davantage de réalisme pour mieux me rendre compte à quoi ils ressemblaient.
Ensuite, ce flou visuel, je l'ai retrouvé aussi dans la narration. Le rythme est rapide, coupé de nombreuses ellipses car il y a beaucoup de choses à raconter, et j'ai souvent eu du mal à suivre, à mesurer le temps écoulé entre les différentes scènes, à bien comprendre qui était où et pourquoi. La carte de début d'album aide pour ce qui est des premiers chapitres mais par la suite elle devient assez inutile et je m'y suis perdu, surtout quand chacun part dans sa propre direction. De même, cela manque de description du contexte, et j'avoue par exemple n'avoir pas compris la soudaine rébellion du peuple espagnol contre les explorateurs français à un moment donné : d'où leur vient cette haine ? Rien ne la prévoyait à la lecture des pages précédentes. Et je peux citer d'autres exemples qui arrivent dans le récit sans qu'on en voit bien les origines, comme la rivalité entre De la Condamine et Bouguer, le conflit entre l'un des membres de l'expédition et un noble espagnol, etc... Ca m'a donné l'impression d'assister à des morceaux d'une histoire bien plus dense sans en comprendre bien tous les tenants et aboutissants : ça me frustre et m'empêche de bien l'apprécier.
Et puis même si l'ensemble parait bien documenté, tout ne m'y parait pas réaliste, comme ces quelques fois où l'un puis l'autre des explorateurs se retrouve seul en pirogue dans la forêt Amazonienne, dans leur costume élégant ; j'aurais bien du mal à les imaginer survivre tout seul dans ces conditions, je ne peux pas croire qu'ils n'étaient pas accompagnés d'une équipe de guides et de porteurs dans chacun de ces cas. Est-ce une licence narrative que de les représenter ainsi ? Je suppose que oui.
Tout ça pour dire que j'ai apprécié cette découverte d'une expédition géographique très originale et instructive mais que je ne l'ai pas pleinement appréciée du fait des choix narratifs et graphiques.
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La Pluie des corps
Je me sens un peu gêné par mon avis, puisque j'ai bien aimé ma lecture qui semble avoir complètement déplu à d'autres. Le récit est volontairement lent et obscur, clairement inspiré par des écrits de Lovecraft et notamment La Couleur tombée du ciel. Dans les faits, ça se traduit par un récit centré avant tout sur l'indicible, et donc l'inconnu. Rien n'est clair et révélé à la fin du tome, c'est une histoire pleine de trous. L'idée est justement de jouer sur ces trous pour laisser au lecteur l'imagination de tout ce qui peut s'y cacher. Je suis assez bonne poire avec cette BD, mais en même temps la lecture fut plaisante et j'ai aimé la façon dont tout ceci se finissait. L'histoire comporte quelques détails qui m'ont fait tiquer et je ne suis pas sur de comprendre ce qu'il en est du message, entre autre sur les hommes et les femmes, mais c'est le genre de BD qui essaye avant tout de poser une ambiance, une façon de créer un mystère. Au final, ça a pris sur moi. Visiblement ce n'est pas le cas de tout le monde, dommage ! Pour le dessin, c'est assez joli, quelques idées notamment dans le design des créatures fait très Lovecraftien, mais ça fonctionne. Je suis assez content de ma lecture, pas enthousiaste ou convaincu, mais content. Et ça me suffit !
Le Dernier Quai
Sympathique conte "feel good" sur une thématique originale (la mort et la culpabilité) mais articulée autour de mystères malheureusement bien vite éventés. Le fantastique aurait mérité d'être tenu plus longuement, tant concernant la révélation initiale du décès des visiteurs de l'hôtel, que la seconde (que je vous laisse découvrir par vous-même) assez prévisible néanmoins. C'est gentiment émouvant, doux, agréablement dessiné et propose des personnages au profil pas si convenu. La trame est construite à la manière de dessins animés Pixar : c'est rythmé, avec le même recyclage de figures imposées, souvent agréable et généralement vain, l'humour en moins. Une lecture certes oubliable, mais assez plaisante.
Magneto - Le Testament
Un comics sur Magneto, sur sa jeunesse pendant la montée du nazisme. Magneto, de son vrai nom Max Eisenhardt, est juif et il grandit dans une Allemagne où le personnage d'Adolf Hitler prend de plus en plus de place jusqu'à en devenir chancelier. Un récit historique, la chronologie est respectée, il se terminera dans le camp d'extermination de Birkenau en passant par le ghetto de Varsovie. Le récit tient la route et n'épargne rien de l'horreur de cette période. Ne vous attendez pas à voir Magneto utiliser ses supers pouvoirs, il ne sait pas encore qu'il est un mutant. Une narration qui sait maintenir l'intérêt de la première à la dernière planche tout en restant très classique. On va suivre l'évolution de Magneto, d'un enfant comme tous les autres à un jeune homme qui se sera endurci, le terreau qui en fera le pire ennemi des X-Men. Visuellement, c'est aussi très classique, un dessin dans le pur style des comics modernes, par contre j'ai beaucoup aimé les couleurs de Matt Hollingsworth. Un comics recommandable sur la Shoah. En bonus, en fin d'album quelques planches de Neal Adams écrites par Rafael Medoff sur le personnage de Dina Babbitt, une rescapée de Birkenau qui aura essayé jusqu'à sa mort en 2009 de récupérer ses dessins exposés au musée d'Auschwitz.
Rouge sang
Un album qui m'a ouvert les yeux sur des enjeux qui m'étaient inconnus. Cette BD est la première pour les deux auteurs. Benoît de Tréglodé est directeur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) et au Centre Asie du Sud-Est de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), il va se servir de ses connaissances pour bâtir cette fiction réaliste. Roman Gigou est graphiste de métier, mais il a été assistant coloriste pour des grands noms : Blutch et Enki Bilal. Line est une jeune métis, son père ukrainien est ambassadeur à Hanoï, sa mère vietnamienne. Elle travaille pour un journal français et elle revient au Vietnam pour un reportage sur l'uberisation de la prostitution et lors de son premier interview, elle apprend que des filles disparaissent. A partir de ce moment son enquête va prendre une autre dimension. Une dimension géopolitique puisqu'on y découvre que la République Socialiste du Vietnam est au centre de rivalités entre la Russie et l'Ukraine. On y découvrira aussi comment un virus échappé d'un laboratoire provoque une épidémie mortelle et on ne pourra qu'y voir un clin d'œil à la pandémie du Covid 19. Une narration maîtrisée, mais il m'a manqué un peu plus de tension pour me satisfaire complètement. C'est aussi le portrait de la ville d'Hanoï la nuit à travers cette enquête, elle permet de visiter différents quartiers et leurs jeux de lumières très différents et d'y rencontrer sa population. Un dessin à mi-chemin entre le comics et le franco-belge, lisible, expressif avec beaucoup de détails. L'ambiance nocturne doit beaucoup à la colorisation tout en contraste. Un style graphique qui me plaît. Une lecture qui m'aura énormément appris sur ce pays que je ne connaissais que pour son côté touristique. Une BD recommandable.
Latah
Proposer une relecture de la guerre du Vietnam en y incorporant du fantastique était une plutôt jolie idée. Mais ne fut pas celle suivie par l'auteur, qui lui préféra une relecture-hommage au film Predator (gentil nanar de John Mac Tiernan avec Schwarzie). L'intrigue perd en profondeur, le récit gagne en linéarité et clarté, ce qui permet de conduire efficacement le récit dans une direction assez banale. Fort dommage, tant les illustrations réalistes (les passages sous la pluie sont particulièrement bien rendus), la montée en tension initiale et cette ouverture vers une mythologie Sud-Asiatique promettaient. Une lecture néanmoins conseillée.
Le Bâtard des Étoiles
Cauvin est un auteur très (trop) prolifique, et sa quantité semble parfois nuire à sa qualité. Il n'arrive pas toujours à trouver ce qu'il faut dans ses scénarios pour viser réellement plus qu'une simple distraction passagère. Ici, je trouve qu'il arrive maladroitement à parler d'une situation complexe mais sans jamais vraiment développer l'ensemble. C'est le genre de BD qui ne vole pas haut mais qui a tenté de décoller, et c'est déjà bien. Le hic vient surtout du traitement de la BD, en un seul tome et sur un sujet assez complexe. Ca parle de maternité, de viol, de la presse, du voyeurisme, du regard des autres (tiens, c'est le titre !), le tout dans 48 pages avec un enrobage qui joue trop la carte du comique. Le méchant savant fou fait très classique, avec son acolyte qui lui obéit au doigt et à l'oeil sans qu'on sache pourquoi. Mais sous des aspects trop classique dans la façon de faire, Cauvin développe quelques thématiques assez matures et plutôt étonnantes. J'admire l'idée de tenter, mais maintenant la réalisation manque de corps. Il faudrait plus d'albums pour développer l'ensemble, mais maintenant ça semble compromis. Ce premier volume est suffisant à lui seul, mais un peu plus n'aurait pas été mal. Le dessin fait très série humoristique des albums Bamboo, justement, un peu en décalage avec le contenu de la BD. C'est pas mauvais, c'est juste un peu étrange. L'ensemble me parait sincère dans la volonté de parler de choses complexes. Il n'y arrive qu'en partie, ce qui est dommage, mais dans la masse de ce que Cauvin a fait, ça semble être un album pas mal. C'est plus à cette échelle là que je met la note, qui oscille autour de 2,5.
Vendetta - La Vengeance des Oulianov
J'ai été un peu surpris par le schéma qui soutient l'oeuvre de Dedola et Bonaccorso même si je n'ai jamais été un disciple de Lénine. Je ne suis pas contre la déconstruction des mythes historiques et surtout des plus sanglants mais je trouve qu'il faut le faire avec plus de justesse. Les premières failles du mythe Lénine sont apparues dans les années 70 mais sur le bout des lèvres tellement le personnage a été "sanctifié". La présentation de la personnalité de Lénine et ses motivations profondes vues par les auteurs me semblent être plus du domaine de l'hypothèse fictionnelle que de la réalité historique. Je trouve que l'ouvrage souffre du défaut majeur de ce type d'essai. Autour d'un cadre historique documenté et travaillé on donne à Lenine (ou autres personnages de ce type) des paroles et des pensées qui appartiennent surtout aux auteurs. Les conversations entre Lénine et les autres personnages emblématiques de la révolution d'Octobre restent presque toujours invérifiables ou alors il faudrait mieux partager les sources qui permettent de légitimer ces dialogues. Je suis toujours circonspect sur ce mélange entre fiction et histoire avec ce type de sujet très engagé. On arrive vite à une réécriture aussi éloignée que le mythe que l'on voulait déconstruire. Il faut être d'autant plus prudent que le scénario de Dedola est fluide et bien construit. Il propose une logique entrainante. Le graphisme de Bonaccorso est fin, souple et agréable. Les extérieurs sont assez neutres pour privilégier les face à faces entre Lénine et ses interlocuteurs dans leurs décisions si importantes pour l'avenir du monde. Il y a donc un gros travail sur les expressions de visages ou la communication gestuelle. Malgré le peu d'action, cela reste très dynamique. Une lecture intéressante si on se détache un peu du côté réducteur de l'image proposée de Lénine chef de famille et chef de bande vengeur où la fiction l'emporte sur l'historique.
Léonie (Bordier/Shanta)
Cette série destinée aux tout-petits 3/8 ans est vraiment mignonne. Elsa Bordier propose à ses jeunes lecteurs et lectrices un voyage dans le monde des scarabées en compagnie de la jeune Léonie. Le scénario est assez classique et une incursion dans le monde du très petit n'est pas une nouveauté. Toutefois les jeunes enfants sont toujours intrigués par cette vie minuscule du jardin et ce récit va leur permettre d'aborder des thèmes importants : le respect du plus petit et du différent, la solidarité devant l'adversité, la mise en commun des talents ou l'apprentissage chacun son rythme. Le lettrage est bien adapté pour des lecteurs de 5/6 ans avec un vocabulaire très simple et accessible. Le graphisme d'Elodie Shanta est tout en rondeurs apaisantes. Les personnages sont facilement identifiables dans un univers très coloré. La multitude de tons pastels crée une atmosphère douce et joyeuse. Une jolie série à partager avec ses petits-enfants.
Picsou - Le Dragon de Glasgow
2.5 Un autre one-shot Disney moyen qui sort de chez Glénat. Cette fois-ci c'est une aventure qui se passe durant la jeunesse de Picsou en Écosse et d'ailleurs il y a des clins d'oeils à la célèbre série de Don Rosa. Si le dessin est bon avec ce style qu'on retrouve chez les dessinateurs italiens modernes qui font du Disney, le scénario l'est moins. Je comprends que la BD Disney s'adresse avant tout aux enfants, mais cela veut pas dire qu'on peut faire le service minimum. Le récit est remplit d'éléments que j'avais déjà vu au moins dix fois dans les dessins animés que je regardais gamin. Par exemple, Picsou et ses copains vont s'amuser dans les mines alors que c'est interdit et le fils du propriétaire essai de les chasser et ça fini toujours par une humiliation pour ce dernier vu que la bande de Picsou est trop maline. Puis il y a une fille qui débarque de nulle part et devient très amie avec Picsou sauf qu'elle cache un secret que bien sur le gars qui se fait toujours humilié par Picsou et ses copains va le découvrir et le dire à tout le monde pour ce venger et causer la zizanie. Bon, ça se laisse lire et les enfants seront moins exigeant qu'un adulte, mais ils risquent d'être déçu que le dragon du titre n'apparait que tardivement dans le récit et aussi que son origine est très cliché. Un one-shot qu'on lit et qu'on oublie facilement en gros.
Méridien
J'ai été surpris de découvrir que cette BD racontait des évènements purement historiques car le graphisme et la mise en scène me laissaient croire à quelque chose de plus onirique ou de plus lyrique. Les couleurs intenses, le graphisme comme dessiné au pastel, une ambiance de flou léger et des visages étrangement caricaturaux, presque effrayants sous leur maquillage intense, donnent l'impression que le récit va partir dans la folie et les hallucinations. Mais même si l'histoire insiste sur les relations humaines et les confrontations de points de vue et de manière de vivre l'exploration, c'est bien l'exposé des faits historiques qui nous est fait ici. Et il s'agit là d'une expédition géographique assez remarquable, expédition dont je ne savais rigoureusement rien. Elle est très intéressante car elle n'envoie pas des explorateurs dans une zone inconnue et dangereuse mais une expédition française dans les colonies espagnoles d'Amérique latine. Et même si une partie de celle-ci consiste tout de même à cartographier des lieux nouveaux, la grande particularité de cette histoire est l'incongruité de ces aristocrates français en terres espagnoles et amérindiennes avec beaucoup de réflexions sur leur rang supérieur à maintenir en permanence face à la plèbe malgré des conditions parfois compliquées. On en apprend beaucoup sur le fonctionnement social de l'époque, la façon dont la noblesse tenait son rang dans n'importe quelle circonstance, se soutenant quelque soit le pays, comme si la classe sociale était plus importante que la nationalité. De même, on constate l'échelle de temps tellement différente de la nôtre, avec un séjour sur place qui durera de nombreuses années, des transferts financiers qui prenaient des mois entre l'Europe et l'Amérique, des voyages qui prenaient tout autant de temps. Et on en revient enfin à ce sujet initial des relations entre membres de l'éxpédition, les désaccords, les rivalités, et le résultat de tout cela une fois le récit terminé, que j'ai pu ensuite recouper avec les informations officielles trouvées sur Internet. C'est donc fort instructif sur de multiples sujets intéressants. Toutefois, je n'ai pas été totalement charmé par cette BD. D'abord à cause de ce dessin que je trouve trop flou à mon goût. J'aime les lignes claires et les mises en scène précises en détaillées, surtout pour des récits historiques. J'aurais en particulier aimé découvrir ces lieux et paysages exotiques avec davantage de réalisme pour mieux me rendre compte à quoi ils ressemblaient. Ensuite, ce flou visuel, je l'ai retrouvé aussi dans la narration. Le rythme est rapide, coupé de nombreuses ellipses car il y a beaucoup de choses à raconter, et j'ai souvent eu du mal à suivre, à mesurer le temps écoulé entre les différentes scènes, à bien comprendre qui était où et pourquoi. La carte de début d'album aide pour ce qui est des premiers chapitres mais par la suite elle devient assez inutile et je m'y suis perdu, surtout quand chacun part dans sa propre direction. De même, cela manque de description du contexte, et j'avoue par exemple n'avoir pas compris la soudaine rébellion du peuple espagnol contre les explorateurs français à un moment donné : d'où leur vient cette haine ? Rien ne la prévoyait à la lecture des pages précédentes. Et je peux citer d'autres exemples qui arrivent dans le récit sans qu'on en voit bien les origines, comme la rivalité entre De la Condamine et Bouguer, le conflit entre l'un des membres de l'expédition et un noble espagnol, etc... Ca m'a donné l'impression d'assister à des morceaux d'une histoire bien plus dense sans en comprendre bien tous les tenants et aboutissants : ça me frustre et m'empêche de bien l'apprécier. Et puis même si l'ensemble parait bien documenté, tout ne m'y parait pas réaliste, comme ces quelques fois où l'un puis l'autre des explorateurs se retrouve seul en pirogue dans la forêt Amazonienne, dans leur costume élégant ; j'aurais bien du mal à les imaginer survivre tout seul dans ces conditions, je ne peux pas croire qu'ils n'étaient pas accompagnés d'une équipe de guides et de porteurs dans chacun de ces cas. Est-ce une licence narrative que de les représenter ainsi ? Je suppose que oui. Tout ça pour dire que j'ai apprécié cette découverte d'une expédition géographique très originale et instructive mais que je ne l'ai pas pleinement appréciée du fait des choix narratifs et graphiques.