"Un ciel radieux" ou "le ciel peut attendre" aurait pu sous-titrer Jirô Taniguchi, si cela ne faisait pas déjà référence à un film célèbre.
Cette imposante bande dessinée (300 pages) reprend les thèmes chers à Taniguchi, le temps, la famille, les secrets, les remords et les regrets. Pourtant contrairement au Journal de mon père qui m'avait ému presque jusqu'aux larmes ou alors Quartier lointain, chef-d’oeuvre absolu, je n'ai été peu ou prou, touché par cette aventure de Kubota et de Takuya.
Non, l'émotion, que sait si bien manier habituellement Taniguchi, n'atteint pas le lecteur ici.
Quelques exceptions notables tout de même, lorsque Kubota revoit sa fille par exemple.
Mais j'ai eu parfois l'impression que l'auteur avait du mal à faire passer auprès du lecteur cette idée, pourtant originale, de l'esprit de Kubota dans le corps d'un jeune homme. Parfois, je ne savais plus qui parlait.
Le livre aurait sans doute gagné en intensité et en émotion en étant plus court : les passages faisant allusions aux cadences infernales des entreprises japonaises, m' ont semblé inopportuns, ou tout du moins, trop long.
Taniguchi aurait dû se contenter de la sphère familiale.
"un ciel radieux" reste malgré tout un livre de qualité mais bien en deçà des oeuvres que j'ai citées au début.
Les Frustrés font leur première apparition dans "Le Nouvel Observateur" n° 466 du 15 Octobre 1973.
Les "Frustrés" ?... Le reflet d'une certaine époque. Claire Bretécher y décrit les moeurs, us et coutumes d'une certaine "intelligentia" parisienne.
Ironique et sans complaisance, elle y va de sa pertinence pour nous offrir féministes, militants, adeptes du "moi pour le je" qui refont le monde au travers d'un certain nombrilisme.
Véritable critique sociale d'alors, plébiscitée même par les lecteurs de ce journal, "Les Frustrés" recevra un accueil qui vire quasi au triomphe.
C'est humoristique, intelligent, finement "croqué" par un graphisme qui -s'il paraît simpliste- est en réalité nerveux et efficace.
"Les Frustrés" ?... Le reflet d'une certaine époque. Oui. Bien que... voyez-vous beaucoup de différences avec celle actuelle ?...
Une série que l'on ne pense pas trop vieille mais qui va -doucement- sur ses 40 ans d'existence !...
Hé oui, Dany Futuro fait sa première apparition en Espagne, dans l'almanach 1970 de "Gaceta Junior" n° 63 du 25 Décembre 1969.
Sa première apparition "francophone" s'effectue dans l'hebdo Tintin n° 3, 31ème année, du 13 Janvier 1976.
Dani Futuro ?... C'est le fils d'un savant du 20ème siècle. Suite à un crash aérien, il se trouve coincé dans les glaces. Retrouvé "momifié" quelque 200 ans plus tard, il est ramené à la vie. Dani se réveille ainsi dans notre futur. Tout en apprenant à y revivre, il fera la connaissance de la jolie Iris, de Dorian et du robot Jules ; personnages qui l'accompagneront au long de ses aventures.
Illustrées dans un style réaliste par Carlos Gimenez, bien scénarisées par Mora, les histoires plairont à un large lectorat ; lequel découvre un style graphique nouveau.
"Dani" sera publié dans Tintin jusqu'en 1976.
Il aura droit à 5 albums brochés, de 1973 à 1977. Il fera un retour, directement en albums cartonnés (en 1982 et 1983) puis disparaîtra en édition française.
A nouveau congelé ?...
Une thématique très proche de Quartier lointain, une structure de scénario quasiment identique avec un homme mûr qui se réincarne, pleinement conscient, dans le corps d'un adolescent, une réflexion quasiment identique sur la vie et les erreurs qu'on commet quand on ne prend pas le temps de la regarder... Avec tous ces ingrédients, je me suis rué sur cet ouvrage en croyant vraiment retrouver l'excellence et l'émotion intense de ce chef d’œuvre qu'est Quartier lointain.
Hélas, sur ce point, j'admets être déçu.
Ne nous y trompons pas, Un ciel radieux est une bonne oeuvre, plaisante à lire, intelligente et bien construite. Mais je n'y ai pas retrouvé la force et toutes les qualités de ce que je considère comme l’œuvre maîtresse de Taniguchi.
Le récit aborde dès le départ l'aspect du fantastique. L'homme marié, décédé dans un accident de voiture dont il est lui-même responsable, se voit mourir, refuse ce destin et décide de revenir sur Terre. Il reprend connaissance dans le corps de l'adolescent dont il a failli causer la mort.
A la différence de Quartier lointain, le héros ne va pas hésiter, ici, à dévoiler qui il est vraiment . Mais ce sera en vain puisque ça ne mène qu'à l'incompréhension de son entourage. Il va cependant persévérer car il se fixe un but, prouver à sa famille que sa conscience vit encore et se faire pardonner par eux.
A la différence de Quartier lointain également, cet état de fait n'est que très temporaire, et il sait que son temps est limité.
Un ciel radieux aborde, comme beaucoup d'autres oeuvres de Taniguchi, le thème de la famille et du temps et de l'attention qu'il faut prendre pour bien vivre et s'occuper de ses proches. Mais ce n'est pas le seul thème puisque est aussi abordé celui de la mort, de la disparition d'un être cher et de ce que cela implique dans le cœur et la vie de ses proches. Avec en plus ici, la vision de ce que cela implique dans l'esprit de celui-là même qui se sait mort ou du moins sur le point de partir.
Tout cela est bel et bien mais je dois dire qu'hormis un ou deux moments touchants (la larme à l'oeil quand sa fille reconnaît enfin le héros réincarné et plonge dans ses bras), je n'ai pas été aussi captivé que je l'aurais espéré. Les thèmes sont abordés de manière un peu superficielle. Le rythme du récit est lent. Et quand on y pense, il se passe assez peu de choses dans ce gros album. En outre, je me sentais tellement distant de l'esprit de l'adolescent dans lequel le héros se réincarne que j'ai eu un peu de mal à accrocher à la rencontre de leurs deux consciences.
Dans les faits, je me suis presque ennuyé par moment, alors même que je sais par exemple apprécier un récit aussi contemplatif que Le Gourmet solitaire du même auteur.
Déception donc car ce n'est pas l'un des meilleurs Taniguchi à mes yeux, mais un bon manga malgré tout.
NB : Faites attention si vous voulez acheter cet album, mon édition souffrait de problèmes assez sérieux d'imprimerie sur une douzaine de pages situées aux deux tiers de l'ouvrage : celles-ci apparaissaient comme "transparentes", comme si l'imprimeur avait scanné un calque plutôt qu'une page opaque. De voir deux pages superposées en une seule image est plutôt gênant à la lecture.
Kim fait son entrée dans l'hebdo Spirou n° 820 du 31 Décembre 1953. Quelques aventures plus tard il partira, définitivement, dans le même hebdo, n° 947 du 7 Juin 1956.
Kim Devil ?... Un guide, un explorateur plutôt, qui va vivre ses aventures principalement dans l'enfer vert amazonien.
Scénarisé par Jean-Michel CHARLIER -une référence- Kim ne vivra que quatre grandes aventures, par la suite éditées.
A noter aussi deux histoires brèves parues dans l'hebdo "Risque-Tout" (N° 6 du 28 Janvier 1955 et n° 10 du 25 Février 1955).
Malgré cette courte vie, Kim Devil est une excellente série de la BD belge réaliste d'après-guerre.
Les auteurs :
Le scénariste, Jean-Michel CHARLIER. Une énorme pointure de la BD franbo-belge. Je vous en parlerai dans une de ses séries très connues.
Gérald FORTON, ici dessinateur. Un inconnu pour beaucoup. Et pourtant : dessinateur-scénariste belge, né à Bruxelles le 10 Avril 1931, il a animé -soit en tant que scénariste ou dessinateur- des dizaines de séries. Dont -entre autres- "Les belles histoires de l'Oncle Paul", "Capitaine Morgan", des Bob Morane, Pemberton avec Sirius, "L'histoire de France en bandes dessinées", des récits complets de "Spiderman", de "Thierry la Fronde".
Parti aux Etats-Unis il réalise les planches des "Quatre Fantastiques", collabore à Marvel Editions...
Il a eu 75 ans et est toujours en activité. Savez-vous (je ne pense pas) qu'à plus de 70 ans, il a été l'auteur du story-board de "Toy Story" ?... Un immense monsieur à (re)découvrir. Peut-être vous le ferai-je un jour ...
Une bonne série -ô combien oubliée- des époux FUNCKEN.
Doc Silver promène pour la première fois sa grande carcasse dans l'hebdo Tintin, n° 6, 22ème année, du 7 Février 1967. Il y donnera ses derniers soins dans le n° 1101 du 4 Décembre 1969.
Doc Silver ?... Un médecin, oui, mais aussi un aventurier. Il n'hésite d'ailleurs pas à faire le coup de poing ou à jouer du revolver quand l'occasion se présente ; surtout qu'il a l'art d'être mêlé à des aventures qui le dépassent parfois.
Un curieux personnage, peu conventionnel, imaginé par Yves Duval et -très bien- mis en scène par Fred et Lilianne FUNCKEN.
Sa courte existence n'aura que le temps de 5 albums. Mais Doc aura quand même le temps, dans le dernier, de participer à la Première Guerre Mondiale.
Une série bien dynamique. On savait les époux FUNCKEN spécialistes des récits historiques, mais ils se révèlent tout aussi bons dans le genre western. Sous leur(s) crayon(s) on reconnaît immédiatement leur souci d'authenticité, du "réel" de l'époque.
Doc Silver n'aura vécu que l'espace de six années et 5 albums brochés.
Il doit bien se marrer, là-haut, avec Pancho. Série oubliée, oui, mais toujours dans l'esprit des jeunes lecteurs (et des autres) de la fin des années soixante.
So long, Doc...
Elle s'appelle Catherine. Elle fuit son passé sordide pour rejoindre sa soeur à la capitale. Elle vous parle à vous lecteur et vous fait partager sa vie, ses interrogations, ses doutes.
L'idée est plutôt sympa. A la fin de ces 2 tomes on a vraiment l'impression d'avoir tissé des liens avec l'héroïne. Elle est touchante, sensible...
D'un autre côté, j'ai parfois trouvé l'ambiance un peu trop glauque, la descente aux enfers un peu trop "téléphonée". Catherine souffre mais on a parfois du mal à la suivre dans son mal de vivre. Ses monologues existentialistes ne sonnent pas toujours très justes.
Les personnages qui gravitent autour d'elles sont un peu trop manichéens à mon goût. (le méchant dealer, le vilain proxo....).
Néanmoins, j'ai été touché par ce récit et j'en conseille vivement la lecture.
Cette saga de cape et d'épée prend pour décor une époque originale : celle du Premier Consul Bonaparte, alors que la République Française combattait encore les derniers chouans et se voyait imposée un blocus maritime par l'Angleterre. Et c'est bien là le point fort de cette BD car Dominique et Alain Robet sont particulièrement bien documentés. Lieux, personnages et situations sont très réalistes tout en étant intéressants et originaux.
Le dessin est bon et servi par des couleurs discrètes et de belle facture.
Le scénario mélange aventure maritime, espionnage militaire et vengeance familiale. En cela, le personnage de Gabrielle, dont le père a été mystérieusement tué, devenue femme corsaire et espionne du Premier Consul, est assez innovant même si j'avoue avoir du mal à m'y attacher réellement.
L'intrigue est intelligente et repose elle aussi sur une bonne documentation historique.
Le seul véritable reproche à mes yeux porte sur la narration qui est un peu trop saccadée et rapide pour véritablement permettre au lecteur de plonger dans le récit. Les évènements se succèdent parfois trop rapidement, les auteurs n'hésitant pas à utiliser quelques ellipses ci et là. Cela donne des albums denses où beaucoup de choses se passent, mais cela donne aussi un récit qui manque hélas de fluidité et peut dérouter le lecteur.
Ca n'en reste pas moins une bonne BD historique à même de véritablement intéresser les amateurs du genre et notamment ceux avides de découvrir l'ambiance et la situation géopolitique de la France de l'époque du Premier Consul Bonaparte.
"Tengiz", le roi poète…
Tarek, nous raconte une histoire d’heroic-fantasy, se déroulant dans les steppes d’Asie. Le scénar met en scène une lutte de pouvoir. Tengiz est devenu roi à la mort de son père, mais ses deux frères veulent lui ravir sa place, de plus le clan rival de cette famille veut lui aussi conquérir le trône en profitant de la faiblesse du jeune roi. Ajouter à ça quelques combats épiques, une dose de magie et sous poudrer le tout de trahison et d’opportunisme, est vous obtenez un récit plutôt sympathique mais assez complexe malgré la simplicité de la trame de fond. J’ai été pas mal déstabilisé avec l’avalanche de noms propres et j’ai eu quelques difficultés à identifier tous les protagonistes même avec la généalogie des pages de gardes. Pour moi, une relecture s’impose pour tout assimiler malgré mes fréquents retours en arrière (et j’aime pas ça, revenir en arrière). Il y a un autre point qui m’a déplu, c’est la fatalité de l’histoire. Mais c’est un choix assumé par l’auteur car il l’écrit noir sur blanc à plusieurs reprises, l’échéance est inéluctable, le règne d'un descendant de Güldomir durera 101 jours (Ce n’est pas un spoiler c’est écrit dans la première case de l’album). Mais peut être nous réserve-t-on un pied de nez pour la fin ?
Les dessins et les couleurs de Morinière sont vraiment jolis. Je dirai que c’est un style semi réaliste. Les visages des personnages sont bien expressifs (peu être un peu trop grimaçant quelques fois). Les costumes sont bien dessinés, on s’y croirait. Les décors, les architectures et les paysages sont parfaits. Mis à part l’avant dernière case de l’album, on dirait que la ville fortifiée est en suspension au dessus de la prairie, la base est trop rectiligne. Ça m’a choqué car ce n’est vraiment pas le cas dans le reste de la BD. J’aime bien ses couleurs info, elles collent au dessin sans tomber dans l’esbroufe ou la facilité.
Belle couverture, en mate façon EP, c’est très chouette.
La série débute dans le mensuel "Circus" n° 54 d'Octobre 1982.
Une bien belle série d'ailleurs, au réel contexte historique rarement abordé.
Les auteurs nous décrivent, tant au point de vue du scénario qu'en celui du graphisme, cette France de la fin du 16ème siècle vécue au quotidien.
Surprise également au niveau du langage utilisé. Bardet, le scénariste nous restitue une langue imagée, issue du moyen-français, dont moult termes et tournures font "époque".
Au dessin, Dermaut se base sur une documentation très aboutie.
L'ensemble de ces éléments confère une véritable touche d'authenticité à ces récits assez picaresques.
Une série "vraie", sans chichis, telle qu'auraient pu la dépeindre les ymagiers (hé hé hé ) de ce temps-là.
Belle saga de ces soldats de fortune, ces "routiers" de l'époque... âpres au combat et très souvent à l'affût de jolies damoiselles et -surtout- de bonnes bouteilles.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Un ciel radieux
"Un ciel radieux" ou "le ciel peut attendre" aurait pu sous-titrer Jirô Taniguchi, si cela ne faisait pas déjà référence à un film célèbre. Cette imposante bande dessinée (300 pages) reprend les thèmes chers à Taniguchi, le temps, la famille, les secrets, les remords et les regrets. Pourtant contrairement au Journal de mon père qui m'avait ému presque jusqu'aux larmes ou alors Quartier lointain, chef-d’oeuvre absolu, je n'ai été peu ou prou, touché par cette aventure de Kubota et de Takuya. Non, l'émotion, que sait si bien manier habituellement Taniguchi, n'atteint pas le lecteur ici. Quelques exceptions notables tout de même, lorsque Kubota revoit sa fille par exemple. Mais j'ai eu parfois l'impression que l'auteur avait du mal à faire passer auprès du lecteur cette idée, pourtant originale, de l'esprit de Kubota dans le corps d'un jeune homme. Parfois, je ne savais plus qui parlait. Le livre aurait sans doute gagné en intensité et en émotion en étant plus court : les passages faisant allusions aux cadences infernales des entreprises japonaises, m' ont semblé inopportuns, ou tout du moins, trop long. Taniguchi aurait dû se contenter de la sphère familiale. "un ciel radieux" reste malgré tout un livre de qualité mais bien en deçà des oeuvres que j'ai citées au début.
Les Frustrés
Les Frustrés font leur première apparition dans "Le Nouvel Observateur" n° 466 du 15 Octobre 1973. Les "Frustrés" ?... Le reflet d'une certaine époque. Claire Bretécher y décrit les moeurs, us et coutumes d'une certaine "intelligentia" parisienne. Ironique et sans complaisance, elle y va de sa pertinence pour nous offrir féministes, militants, adeptes du "moi pour le je" qui refont le monde au travers d'un certain nombrilisme. Véritable critique sociale d'alors, plébiscitée même par les lecteurs de ce journal, "Les Frustrés" recevra un accueil qui vire quasi au triomphe. C'est humoristique, intelligent, finement "croqué" par un graphisme qui -s'il paraît simpliste- est en réalité nerveux et efficace. "Les Frustrés" ?... Le reflet d'une certaine époque. Oui. Bien que... voyez-vous beaucoup de différences avec celle actuelle ?...
Dani Futuro
Une série que l'on ne pense pas trop vieille mais qui va -doucement- sur ses 40 ans d'existence !... Hé oui, Dany Futuro fait sa première apparition en Espagne, dans l'almanach 1970 de "Gaceta Junior" n° 63 du 25 Décembre 1969. Sa première apparition "francophone" s'effectue dans l'hebdo Tintin n° 3, 31ème année, du 13 Janvier 1976. Dani Futuro ?... C'est le fils d'un savant du 20ème siècle. Suite à un crash aérien, il se trouve coincé dans les glaces. Retrouvé "momifié" quelque 200 ans plus tard, il est ramené à la vie. Dani se réveille ainsi dans notre futur. Tout en apprenant à y revivre, il fera la connaissance de la jolie Iris, de Dorian et du robot Jules ; personnages qui l'accompagneront au long de ses aventures. Illustrées dans un style réaliste par Carlos Gimenez, bien scénarisées par Mora, les histoires plairont à un large lectorat ; lequel découvre un style graphique nouveau. "Dani" sera publié dans Tintin jusqu'en 1976. Il aura droit à 5 albums brochés, de 1973 à 1977. Il fera un retour, directement en albums cartonnés (en 1982 et 1983) puis disparaîtra en édition française. A nouveau congelé ?...
Un ciel radieux
Une thématique très proche de Quartier lointain, une structure de scénario quasiment identique avec un homme mûr qui se réincarne, pleinement conscient, dans le corps d'un adolescent, une réflexion quasiment identique sur la vie et les erreurs qu'on commet quand on ne prend pas le temps de la regarder... Avec tous ces ingrédients, je me suis rué sur cet ouvrage en croyant vraiment retrouver l'excellence et l'émotion intense de ce chef d’œuvre qu'est Quartier lointain. Hélas, sur ce point, j'admets être déçu. Ne nous y trompons pas, Un ciel radieux est une bonne oeuvre, plaisante à lire, intelligente et bien construite. Mais je n'y ai pas retrouvé la force et toutes les qualités de ce que je considère comme l’œuvre maîtresse de Taniguchi. Le récit aborde dès le départ l'aspect du fantastique. L'homme marié, décédé dans un accident de voiture dont il est lui-même responsable, se voit mourir, refuse ce destin et décide de revenir sur Terre. Il reprend connaissance dans le corps de l'adolescent dont il a failli causer la mort. A la différence de Quartier lointain, le héros ne va pas hésiter, ici, à dévoiler qui il est vraiment . Mais ce sera en vain puisque ça ne mène qu'à l'incompréhension de son entourage. Il va cependant persévérer car il se fixe un but, prouver à sa famille que sa conscience vit encore et se faire pardonner par eux. A la différence de Quartier lointain également, cet état de fait n'est que très temporaire, et il sait que son temps est limité. Un ciel radieux aborde, comme beaucoup d'autres oeuvres de Taniguchi, le thème de la famille et du temps et de l'attention qu'il faut prendre pour bien vivre et s'occuper de ses proches. Mais ce n'est pas le seul thème puisque est aussi abordé celui de la mort, de la disparition d'un être cher et de ce que cela implique dans le cœur et la vie de ses proches. Avec en plus ici, la vision de ce que cela implique dans l'esprit de celui-là même qui se sait mort ou du moins sur le point de partir. Tout cela est bel et bien mais je dois dire qu'hormis un ou deux moments touchants (la larme à l'oeil quand sa fille reconnaît enfin le héros réincarné et plonge dans ses bras), je n'ai pas été aussi captivé que je l'aurais espéré. Les thèmes sont abordés de manière un peu superficielle. Le rythme du récit est lent. Et quand on y pense, il se passe assez peu de choses dans ce gros album. En outre, je me sentais tellement distant de l'esprit de l'adolescent dans lequel le héros se réincarne que j'ai eu un peu de mal à accrocher à la rencontre de leurs deux consciences. Dans les faits, je me suis presque ennuyé par moment, alors même que je sais par exemple apprécier un récit aussi contemplatif que Le Gourmet solitaire du même auteur. Déception donc car ce n'est pas l'un des meilleurs Taniguchi à mes yeux, mais un bon manga malgré tout. NB : Faites attention si vous voulez acheter cet album, mon édition souffrait de problèmes assez sérieux d'imprimerie sur une douzaine de pages situées aux deux tiers de l'ouvrage : celles-ci apparaissaient comme "transparentes", comme si l'imprimeur avait scanné un calque plutôt qu'une page opaque. De voir deux pages superposées en une seule image est plutôt gênant à la lecture.
Kim Devil
Kim fait son entrée dans l'hebdo Spirou n° 820 du 31 Décembre 1953. Quelques aventures plus tard il partira, définitivement, dans le même hebdo, n° 947 du 7 Juin 1956. Kim Devil ?... Un guide, un explorateur plutôt, qui va vivre ses aventures principalement dans l'enfer vert amazonien. Scénarisé par Jean-Michel CHARLIER -une référence- Kim ne vivra que quatre grandes aventures, par la suite éditées. A noter aussi deux histoires brèves parues dans l'hebdo "Risque-Tout" (N° 6 du 28 Janvier 1955 et n° 10 du 25 Février 1955). Malgré cette courte vie, Kim Devil est une excellente série de la BD belge réaliste d'après-guerre. Les auteurs : Le scénariste, Jean-Michel CHARLIER. Une énorme pointure de la BD franbo-belge. Je vous en parlerai dans une de ses séries très connues. Gérald FORTON, ici dessinateur. Un inconnu pour beaucoup. Et pourtant : dessinateur-scénariste belge, né à Bruxelles le 10 Avril 1931, il a animé -soit en tant que scénariste ou dessinateur- des dizaines de séries. Dont -entre autres- "Les belles histoires de l'Oncle Paul", "Capitaine Morgan", des Bob Morane, Pemberton avec Sirius, "L'histoire de France en bandes dessinées", des récits complets de "Spiderman", de "Thierry la Fronde". Parti aux Etats-Unis il réalise les planches des "Quatre Fantastiques", collabore à Marvel Editions... Il a eu 75 ans et est toujours en activité. Savez-vous (je ne pense pas) qu'à plus de 70 ans, il a été l'auteur du story-board de "Toy Story" ?... Un immense monsieur à (re)découvrir. Peut-être vous le ferai-je un jour ...
Doc Silver
Une bonne série -ô combien oubliée- des époux FUNCKEN. Doc Silver promène pour la première fois sa grande carcasse dans l'hebdo Tintin, n° 6, 22ème année, du 7 Février 1967. Il y donnera ses derniers soins dans le n° 1101 du 4 Décembre 1969. Doc Silver ?... Un médecin, oui, mais aussi un aventurier. Il n'hésite d'ailleurs pas à faire le coup de poing ou à jouer du revolver quand l'occasion se présente ; surtout qu'il a l'art d'être mêlé à des aventures qui le dépassent parfois. Un curieux personnage, peu conventionnel, imaginé par Yves Duval et -très bien- mis en scène par Fred et Lilianne FUNCKEN. Sa courte existence n'aura que le temps de 5 albums. Mais Doc aura quand même le temps, dans le dernier, de participer à la Première Guerre Mondiale. Une série bien dynamique. On savait les époux FUNCKEN spécialistes des récits historiques, mais ils se révèlent tout aussi bons dans le genre western. Sous leur(s) crayon(s) on reconnaît immédiatement leur souci d'authenticité, du "réel" de l'époque. Doc Silver n'aura vécu que l'espace de six années et 5 albums brochés. Il doit bien se marrer, là-haut, avec Pancho. Série oubliée, oui, mais toujours dans l'esprit des jeunes lecteurs (et des autres) de la fin des années soixante. So long, Doc...
Le Style Catherine
Elle s'appelle Catherine. Elle fuit son passé sordide pour rejoindre sa soeur à la capitale. Elle vous parle à vous lecteur et vous fait partager sa vie, ses interrogations, ses doutes. L'idée est plutôt sympa. A la fin de ces 2 tomes on a vraiment l'impression d'avoir tissé des liens avec l'héroïne. Elle est touchante, sensible... D'un autre côté, j'ai parfois trouvé l'ambiance un peu trop glauque, la descente aux enfers un peu trop "téléphonée". Catherine souffre mais on a parfois du mal à la suivre dans son mal de vivre. Ses monologues existentialistes ne sonnent pas toujours très justes. Les personnages qui gravitent autour d'elles sont un peu trop manichéens à mon goût. (le méchant dealer, le vilain proxo....). Néanmoins, j'ai été touché par ce récit et j'en conseille vivement la lecture.
Gabrielle B.
Cette saga de cape et d'épée prend pour décor une époque originale : celle du Premier Consul Bonaparte, alors que la République Française combattait encore les derniers chouans et se voyait imposée un blocus maritime par l'Angleterre. Et c'est bien là le point fort de cette BD car Dominique et Alain Robet sont particulièrement bien documentés. Lieux, personnages et situations sont très réalistes tout en étant intéressants et originaux. Le dessin est bon et servi par des couleurs discrètes et de belle facture. Le scénario mélange aventure maritime, espionnage militaire et vengeance familiale. En cela, le personnage de Gabrielle, dont le père a été mystérieusement tué, devenue femme corsaire et espionne du Premier Consul, est assez innovant même si j'avoue avoir du mal à m'y attacher réellement. L'intrigue est intelligente et repose elle aussi sur une bonne documentation historique. Le seul véritable reproche à mes yeux porte sur la narration qui est un peu trop saccadée et rapide pour véritablement permettre au lecteur de plonger dans le récit. Les évènements se succèdent parfois trop rapidement, les auteurs n'hésitant pas à utiliser quelques ellipses ci et là. Cela donne des albums denses où beaucoup de choses se passent, mais cela donne aussi un récit qui manque hélas de fluidité et peut dérouter le lecteur. Ca n'en reste pas moins une bonne BD historique à même de véritablement intéresser les amateurs du genre et notamment ceux avides de découvrir l'ambiance et la situation géopolitique de la France de l'époque du Premier Consul Bonaparte.
Le Roi Tengiz (Tengiz)
"Tengiz", le roi poète… Tarek, nous raconte une histoire d’heroic-fantasy, se déroulant dans les steppes d’Asie. Le scénar met en scène une lutte de pouvoir. Tengiz est devenu roi à la mort de son père, mais ses deux frères veulent lui ravir sa place, de plus le clan rival de cette famille veut lui aussi conquérir le trône en profitant de la faiblesse du jeune roi. Ajouter à ça quelques combats épiques, une dose de magie et sous poudrer le tout de trahison et d’opportunisme, est vous obtenez un récit plutôt sympathique mais assez complexe malgré la simplicité de la trame de fond. J’ai été pas mal déstabilisé avec l’avalanche de noms propres et j’ai eu quelques difficultés à identifier tous les protagonistes même avec la généalogie des pages de gardes. Pour moi, une relecture s’impose pour tout assimiler malgré mes fréquents retours en arrière (et j’aime pas ça, revenir en arrière). Il y a un autre point qui m’a déplu, c’est la fatalité de l’histoire. Mais c’est un choix assumé par l’auteur car il l’écrit noir sur blanc à plusieurs reprises, l’échéance est inéluctable, le règne d'un descendant de Güldomir durera 101 jours (Ce n’est pas un spoiler c’est écrit dans la première case de l’album). Mais peut être nous réserve-t-on un pied de nez pour la fin ? Les dessins et les couleurs de Morinière sont vraiment jolis. Je dirai que c’est un style semi réaliste. Les visages des personnages sont bien expressifs (peu être un peu trop grimaçant quelques fois). Les costumes sont bien dessinés, on s’y croirait. Les décors, les architectures et les paysages sont parfaits. Mis à part l’avant dernière case de l’album, on dirait que la ville fortifiée est en suspension au dessus de la prairie, la base est trop rectiligne. Ça m’a choqué car ce n’est vraiment pas le cas dans le reste de la BD. J’aime bien ses couleurs info, elles collent au dessin sans tomber dans l’esbroufe ou la facilité. Belle couverture, en mate façon EP, c’est très chouette.
Les chemins de Malefosse
La série débute dans le mensuel "Circus" n° 54 d'Octobre 1982. Une bien belle série d'ailleurs, au réel contexte historique rarement abordé. Les auteurs nous décrivent, tant au point de vue du scénario qu'en celui du graphisme, cette France de la fin du 16ème siècle vécue au quotidien. Surprise également au niveau du langage utilisé. Bardet, le scénariste nous restitue une langue imagée, issue du moyen-français, dont moult termes et tournures font "époque". Au dessin, Dermaut se base sur une documentation très aboutie. L'ensemble de ces éléments confère une véritable touche d'authenticité à ces récits assez picaresques. Une série "vraie", sans chichis, telle qu'auraient pu la dépeindre les ymagiers (hé hé hé ) de ce temps-là. Belle saga de ces soldats de fortune, ces "routiers" de l'époque... âpres au combat et très souvent à l'affût de jolies damoiselles et -surtout- de bonnes bouteilles.