Avec "Mister Plumb", Renaud Dillies fait dans le burlesque. Un genre qui, curieusement, ne convient pas vraiment à son dessin, alors qu'il a un style assez "cartoon"...
Peut-être parce que Renaud nous a habitués à des histoires fortes, très émouvantes, et qui, même si elles ne sont pas dénuées d'humour, n'en étaient pas pour autant hilarantes. Ici il s'est associé à Régis Hautière, le scénariste "maison" des éditions Paquet,
L'idée de départ est de Renaud, puis il a proposé l'idée à Hautière...
Le résultat est un album un poil décevant, parce qu'un peu brouillon à mon sens, même si tout le talent graphique de Dillies est là, et bien là. Mais ce rythme échevelé est bizarre, un peu artificiel par moments... Et puis, ces cadres remplis de carottes, c'est un peu étrange...
Disons que malgré son bon niveau, c'est l'album le moins bien réussi de Renaud Dillies, mais qu'il se lit quand même avec un certain plaisir...
Achille Talon, voilà une BD sur laquelle tout le monde est au moins tombé dessus par hasard. Ce n’est pas hilarant, ce n’est pas triste non plus mais cela se lit bien. Le texte n’est pas toujours facile à comprendre (pauvre de moi). Achille Talon c’est le Talon d’Achille de toute bibliothèque qui n’aurait pas au moins un Achille Talon dans ses rangs.
Rabaté et Prudhomme m'ont emmené faire une excursion chez les Garnier. Une famille qui réunit trois générations sous le même toit. Et je les ai rencontré en pleine foire d'empoigne ; Emilie -la mère- étant rentrée de son pèlerinage de Lourdes avec une Vierge en plastique qu'elle a placée -d'autorité- sur la télé.
Postulat simple, non ?... Et pourtant le début d'une ambiance qui -de tendue- va devenir électrique.
Cette "bondieuserie" va jeter le trouble dans ce foyer "tranquille" où tout va bientôt virer au vinaigre.
J'ai vécu cet album comme un opus ensoleillé, qui sublime -si l'on peut dire- la vie de cette famille dans une petite ville de province. Une histoire qui sent bon le savon Sunlight, cette France du prolétariat faite d'iconographies "made in années 50".
Qui plus est, les intervenants ont des trognes pas possibles. Et sont aussi adorables que haïssables.
Un bon album caricatural... mais pas trop.
Landru ?... un des premiers serial-killers de l'histoire moderne. Il aurait assassiné 11 femmes et les aurait brûlées dans son poêle à charbon...
Pourquoi "aurait" ?... ben... et si tout cela n'avait été qu'un vaste complot ?... une sorte de mythe destiné à divertir les foules ?... ou à les égarer ?...
C'est le postulat que Chabouté développe ici, en s'attaquant à un morceau d'histoire assez délicat.
Après lecture, et balayées les ambiances morbides, j'ai ressenti l'impression d'une conclusion recherchée. MAIS -ben oui- j'y ai aussi lu et vu beaucoup de sous-entendus et de disparitions à la répétition un peu trop mécanique.
N'empêche, cet auteur dresse ici une belle galerie de "gueules" d'époque assez inquiétantes, parmi lequel un Landru assez hypnotisant qui est installé au premier rang.
A lire à son aise ; l'opus fait quand même quelque 140 pages...
Décembre 1944. Quelque part dans les Ardennes belges lors de la grande offensive des armées d'Hitler.
Un jeune G.I. dans le fond d'un cratère d'obus. Il croit être seul. Ben non, le cratère est habité par trois fantômes. Et ce trio joue à la belote... jeu auquel il manque un quatrième joueur...
Gloups !... Alors là, comme postulat, Comès m'en remet une couche !...
On ne le voit pas trop souvent, Comès ; une sorte d'OVNI dans le monde de la BD. Mais il est pourtant déjà aux commandes de nombreux albums qui l'ont marquée.
Dans un superbe graphisme noir et blanc (diamétralement opposé à sa série "Ergün l'errant"), il ma ici raconté -via ce jeune gars inexpérimenté- une partie de sa fagne où il est né (en réalité, une partie des "Fagnes" -une région de la Belgique), et ce imprégnée par cette bataille des Ardennes..
Et il me l'a racontée avec gravité... et aussi humour. Comme il sait si bien le faire.
64 pages délectables. Un bien bel opus.
Ma cote : 3,5/5.
J'ai lu pas mal de romans de Christian Jacq ; un véritable maître en matière d'égyptologie. Et je les ai sincèrement appréciés.
Et voilà qu'une partie de son oeuvre -car c'en est une- fait l'objet d'une adaptation en BD.
Qu'allais-je donc trouver là ?... Un bon album, sans plus, au dessin classique de Roels.
Un bon album, oui, mais où je n'ai pas retrouvé ce qui fait la force d'écriture de Jacq ; à savoir une intrigue. Un opus qui abonde d'ellipses, mais qui ne laisse cette dite intrigue (qui est quand même la colonne vertébrale d'une histoire, non ?...) s'installer que de temps en temps.
Pour ceux qui n'auraient jamais lu un roman de Christian Jacq, ils peuvent trouver un bon plaisir de lecture à la découverte d'une page (romancée) de l'histoire de l'Egypte. Pour les autres -dont moi- j'ai refermé ce premier tome avec une simple question : était-il nécessaire ?...
Je cote néanmoins "3" car je suis bon lecteur. Et j'attends l'opus suivant pour me faire une impression plus nette.
Trois opus où Miguelanxo Prado décrit de nombreux travers de notre société.
C'est vrai, il donne de poignants coups de canif dans les vilaines manies (que nombreux croient bonnes), situations cruelles et absurdes que l'on feint parfois (souvent ?) d'ignorer. Où même que l'on ne voit plus du tout... par habitude.
Manies, cruauté où même certains (et plus qu'on ne pense) s'y complaisent par bêtise et facilité... ou connerie.
La caricature est ici dépassée, forcée. Le trait moral est tiré jusqu'à outrance, mais -et c'est cela qui est bien fait- sans jamais sombrer dans l'exagération.
C'est méchant (très), réaliste (très) et ça m'a fait bien rire... mais c'est bien aussi ce qui m'a fait peur !...
Chroniques de l'absurde où -peut-être- vous vous reconnaîtrez, ou un de vos proches, ou une de vos relations... Et ça donne à réfléchir... Non ?...
Une histoire qui se passe au milieu de nulle part, dans le nord-est brésilien. Un endroit où Dieu n'a pas été très généreux ; ni avec la nature, ni avec les hommes, et encore moins avec la nature humaine.
Le postulat ?... tyrannisés par des propriétaires terriens qui font régner l'ordre par la peur, les paysans en bavent, eux qui n'ont plus que leur salive à boire. Deux frères sont obligés de prendre la fuite après l'extermination de leur famille... Cette errance de desperados va les mener à rejoindre une bande de cangaceiros, des hors-la-loi organisés contre la toute-puissance des propriétaires... ces gangsters en cols blancs...
L'auteur m'a ici plongé dans le Brésil des années 30...
Fiction que tout ceci ?... que nenni !... La région où se passe l'histoire -appelée Caatinga- fonctionne encore, en partie, sur ces structures. Les colonels, les propriétaires terriens utilisent toujours des hommes de main. Cette forme de pression violente continue d'exister, même si un mouvement de contestation sociale a vu le jour.
Maniaco-documenté et dessiné jusqu'au bout du détail, "Caatinga" est plus qu'une ballade que j'aurais pu croire "country and western". C'est une véritable aventure politico-historique signée Herman, c'est-à-dire du travail réellement bien fait.
Vrai et secouant. Un bon 3,5/5.
Les images de synthèse, dans l’absolu, je suis plutôt amateur, dans un jeu vidéo ou au cinéma, je suis assez facilement conquis par du bel ouvrage et stupéfait par la rapidité avec laquelle la qualité et la précision de ces images ont évolués en l’espace de quelques années. En bd, je trouve d’emblée toujours cela moins impressionnant, car on perd une des particularités absolument essentielle de l’image de synthèse : le mouvement. Car une vraie image de synthèse, ce n’est pas une image, mais un potentiel d’image, calculé en permanence par un ordi, c’est une espèce d’image en trois dimensions, avec une profondeur inédite. Figer cet image, et elle perd aussitôt un de ses plus beau atouts. Vous avez déjà remarqué à quel point une image figée d’un jeu vidéo, au dos d’une pochette ou dans un magazine, ne vous donne qu’une très vague idée de la qualité visuelle d’un jeu. C’est en vous déplaçant dans le jeu que vous pourrez seulement avoir une véritable appréciation sur sa qualité visuelle. Donc, dans un premier temps, l’image de synthèse en bd, c’est un peu vain. Cela représente beaucoup de travail sur un objet dont on n’utilisera jamais qu’une faible partie des potentialités.
Et pourtant, malgré toutes ses réserves, je dois dire, qu’après Freaks Agency, malheureusement sabordée par son éditeur, j’ai trouvé une deuxième bd qui arrive à me convaincre qu’il y a un avenir possible pour l’image de synthèse en bd. Chose rare, parce que des bd lourdement assistée par ordi, j’en ai déjà lues pas mal, et l’ensemble était souvent soit tout simplement lamentable ("L’empreinte de satan"), soit au mieux très peu convainquant ("Les quartiers de l’étrange").
Cet album est la démonstration que peu importe l’outil, encre et papier ou ordinateur, s’il y a du talent derrière, le reste suivra. Que l’on travaille de manière traditionnelle ou avec les derniers outils graphiques numériques, il faut donner de la vie à ses personnages, raconter une histoire en image, et non pas se contenter d’aligner les vignettes à coup d’esbroufe visuelle. Ici, la particularité, c’est que l’esbroufe visuelle est là, tout est très esthétique, très travaillé, et pourtant, cela ne nuit jamais à la narration, on suit sans peine le découpage, et on arrive à donner corps aux personnages, malgré le caractère très léché du graphisme. Lalie a bien du talent.
Pourquoi n’attribuer que trois étoiles, dès lors, alors qu’il s’agit d’une réussite assez incontestable sur ce plan-là ? Parce que l’intrigue de Téhy rappelle tout de même furieusement Fée et tendres Automates. Même si ce n’est pas la même histoire qui nous est contée, son intrigue semble faire appel exactement aux mêmes sentiments que ceux auxquels faisait appel Fée et tendres Automates. Comme si Shakespeare nous avait raconté, après Roméo et Juliette, une autre histoire avec un grand amour impossible. C’est typiquement le genre de sujet qu’on ne devrait aborder qu’une seule fois sinon le risque de se répéter à trop flagrant. Et puis, l’usage des récitatifs, très abondant, et d’une langage très « précieux », une espèce de néo-romantisme un peu pompeux, du Victor Hugo hyper maniéré, ça m’a un peu lourdé, comme s’il y avait là aussi, une débauche de moyen un peu trop démonstrative. Mais ça, c’est une pure question de sensibilité personnelle, moi, je suis plutôt admiratif des artistes qui jouent sur l’économie de moyens plutôt que de ceux qui font dans la surcharge (je préfère Magritte à Dali, les Clash à Queen), j’image que d’autres peuvent complètement adhérer à cette esthétique flamboyante.
A vous de tenter, donc, surtout si vous êtes un passionné d'image de synthèse, car c'est, sur ce plan-là, une bd qui fera date, je pense.
Les faits se passent dans et autour un village "dont les Parisiens disent que s'ils devaient y passer l'hiver, ils en mourraient".
Les -bons- scénarios sont de Claude Kotz (en réalité Patrick Cauvin) qui signe ici une nouvelle série digne d'intérêt.
Dès le narratif des premières pages, j'ai retrouvé immédiatement la subtilité de son humour pour planter décor(s) et personnages.
Ca aurait pu être d'énièmes histoires de (faux) fantôme(s) et revenant(s) quelconque(s), mais ces albums offrent un ton original, des récits assez insolites et -surtout- une excellente complicité graphique de Cabanes qui assure la mise en scène avec brio.
Le dessinateur restitue l'imaginaire de son scénariste avec un trait fort, exigeant et sensible. Une colorisation "intimiste", utilisant des dégradés de tons "froids" parachève l'ensemble.
Une série séduisante.
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Mister Plumb
Avec "Mister Plumb", Renaud Dillies fait dans le burlesque. Un genre qui, curieusement, ne convient pas vraiment à son dessin, alors qu'il a un style assez "cartoon"... Peut-être parce que Renaud nous a habitués à des histoires fortes, très émouvantes, et qui, même si elles ne sont pas dénuées d'humour, n'en étaient pas pour autant hilarantes. Ici il s'est associé à Régis Hautière, le scénariste "maison" des éditions Paquet, L'idée de départ est de Renaud, puis il a proposé l'idée à Hautière... Le résultat est un album un poil décevant, parce qu'un peu brouillon à mon sens, même si tout le talent graphique de Dillies est là, et bien là. Mais ce rythme échevelé est bizarre, un peu artificiel par moments... Et puis, ces cadres remplis de carottes, c'est un peu étrange... Disons que malgré son bon niveau, c'est l'album le moins bien réussi de Renaud Dillies, mais qu'il se lit quand même avec un certain plaisir...
Achille Talon
Achille Talon, voilà une BD sur laquelle tout le monde est au moins tombé dessus par hasard. Ce n’est pas hilarant, ce n’est pas triste non plus mais cela se lit bien. Le texte n’est pas toujours facile à comprendre (pauvre de moi). Achille Talon c’est le Talon d’Achille de toute bibliothèque qui n’aurait pas au moins un Achille Talon dans ses rangs.
La Marie en plastique
Rabaté et Prudhomme m'ont emmené faire une excursion chez les Garnier. Une famille qui réunit trois générations sous le même toit. Et je les ai rencontré en pleine foire d'empoigne ; Emilie -la mère- étant rentrée de son pèlerinage de Lourdes avec une Vierge en plastique qu'elle a placée -d'autorité- sur la télé. Postulat simple, non ?... Et pourtant le début d'une ambiance qui -de tendue- va devenir électrique. Cette "bondieuserie" va jeter le trouble dans ce foyer "tranquille" où tout va bientôt virer au vinaigre. J'ai vécu cet album comme un opus ensoleillé, qui sublime -si l'on peut dire- la vie de cette famille dans une petite ville de province. Une histoire qui sent bon le savon Sunlight, cette France du prolétariat faite d'iconographies "made in années 50". Qui plus est, les intervenants ont des trognes pas possibles. Et sont aussi adorables que haïssables. Un bon album caricatural... mais pas trop.
Henri Désiré Landru
Landru ?... un des premiers serial-killers de l'histoire moderne. Il aurait assassiné 11 femmes et les aurait brûlées dans son poêle à charbon... Pourquoi "aurait" ?... ben... et si tout cela n'avait été qu'un vaste complot ?... une sorte de mythe destiné à divertir les foules ?... ou à les égarer ?... C'est le postulat que Chabouté développe ici, en s'attaquant à un morceau d'histoire assez délicat. Après lecture, et balayées les ambiances morbides, j'ai ressenti l'impression d'une conclusion recherchée. MAIS -ben oui- j'y ai aussi lu et vu beaucoup de sous-entendus et de disparitions à la répétition un peu trop mécanique. N'empêche, cet auteur dresse ici une belle galerie de "gueules" d'époque assez inquiétantes, parmi lequel un Landru assez hypnotisant qui est installé au premier rang. A lire à son aise ; l'opus fait quand même quelque 140 pages...
Dix de der
Décembre 1944. Quelque part dans les Ardennes belges lors de la grande offensive des armées d'Hitler. Un jeune G.I. dans le fond d'un cratère d'obus. Il croit être seul. Ben non, le cratère est habité par trois fantômes. Et ce trio joue à la belote... jeu auquel il manque un quatrième joueur... Gloups !... Alors là, comme postulat, Comès m'en remet une couche !... On ne le voit pas trop souvent, Comès ; une sorte d'OVNI dans le monde de la BD. Mais il est pourtant déjà aux commandes de nombreux albums qui l'ont marquée. Dans un superbe graphisme noir et blanc (diamétralement opposé à sa série "Ergün l'errant"), il ma ici raconté -via ce jeune gars inexpérimenté- une partie de sa fagne où il est né (en réalité, une partie des "Fagnes" -une région de la Belgique), et ce imprégnée par cette bataille des Ardennes.. Et il me l'a racontée avec gravité... et aussi humour. Comme il sait si bien le faire. 64 pages délectables. Un bien bel opus. Ma cote : 3,5/5.
Les Mystères d'Osiris
J'ai lu pas mal de romans de Christian Jacq ; un véritable maître en matière d'égyptologie. Et je les ai sincèrement appréciés. Et voilà qu'une partie de son oeuvre -car c'en est une- fait l'objet d'une adaptation en BD. Qu'allais-je donc trouver là ?... Un bon album, sans plus, au dessin classique de Roels. Un bon album, oui, mais où je n'ai pas retrouvé ce qui fait la force d'écriture de Jacq ; à savoir une intrigue. Un opus qui abonde d'ellipses, mais qui ne laisse cette dite intrigue (qui est quand même la colonne vertébrale d'une histoire, non ?...) s'installer que de temps en temps. Pour ceux qui n'auraient jamais lu un roman de Christian Jacq, ils peuvent trouver un bon plaisir de lecture à la découverte d'une page (romancée) de l'histoire de l'Egypte. Pour les autres -dont moi- j'ai refermé ce premier tome avec une simple question : était-il nécessaire ?... Je cote néanmoins "3" car je suis bon lecteur. Et j'attends l'opus suivant pour me faire une impression plus nette.
Chroniques absurdes
Trois opus où Miguelanxo Prado décrit de nombreux travers de notre société. C'est vrai, il donne de poignants coups de canif dans les vilaines manies (que nombreux croient bonnes), situations cruelles et absurdes que l'on feint parfois (souvent ?) d'ignorer. Où même que l'on ne voit plus du tout... par habitude. Manies, cruauté où même certains (et plus qu'on ne pense) s'y complaisent par bêtise et facilité... ou connerie. La caricature est ici dépassée, forcée. Le trait moral est tiré jusqu'à outrance, mais -et c'est cela qui est bien fait- sans jamais sombrer dans l'exagération. C'est méchant (très), réaliste (très) et ça m'a fait bien rire... mais c'est bien aussi ce qui m'a fait peur !... Chroniques de l'absurde où -peut-être- vous vous reconnaîtrez, ou un de vos proches, ou une de vos relations... Et ça donne à réfléchir... Non ?...
Caatinga
Une histoire qui se passe au milieu de nulle part, dans le nord-est brésilien. Un endroit où Dieu n'a pas été très généreux ; ni avec la nature, ni avec les hommes, et encore moins avec la nature humaine. Le postulat ?... tyrannisés par des propriétaires terriens qui font régner l'ordre par la peur, les paysans en bavent, eux qui n'ont plus que leur salive à boire. Deux frères sont obligés de prendre la fuite après l'extermination de leur famille... Cette errance de desperados va les mener à rejoindre une bande de cangaceiros, des hors-la-loi organisés contre la toute-puissance des propriétaires... ces gangsters en cols blancs... L'auteur m'a ici plongé dans le Brésil des années 30... Fiction que tout ceci ?... que nenni !... La région où se passe l'histoire -appelée Caatinga- fonctionne encore, en partie, sur ces structures. Les colonels, les propriétaires terriens utilisent toujours des hommes de main. Cette forme de pression violente continue d'exister, même si un mouvement de contestation sociale a vu le jour. Maniaco-documenté et dessiné jusqu'au bout du détail, "Caatinga" est plus qu'une ballade que j'aurais pu croire "country and western". C'est une véritable aventure politico-historique signée Herman, c'est-à-dire du travail réellement bien fait. Vrai et secouant. Un bon 3,5/5.
L'Ange & le Dragon
Les images de synthèse, dans l’absolu, je suis plutôt amateur, dans un jeu vidéo ou au cinéma, je suis assez facilement conquis par du bel ouvrage et stupéfait par la rapidité avec laquelle la qualité et la précision de ces images ont évolués en l’espace de quelques années. En bd, je trouve d’emblée toujours cela moins impressionnant, car on perd une des particularités absolument essentielle de l’image de synthèse : le mouvement. Car une vraie image de synthèse, ce n’est pas une image, mais un potentiel d’image, calculé en permanence par un ordi, c’est une espèce d’image en trois dimensions, avec une profondeur inédite. Figer cet image, et elle perd aussitôt un de ses plus beau atouts. Vous avez déjà remarqué à quel point une image figée d’un jeu vidéo, au dos d’une pochette ou dans un magazine, ne vous donne qu’une très vague idée de la qualité visuelle d’un jeu. C’est en vous déplaçant dans le jeu que vous pourrez seulement avoir une véritable appréciation sur sa qualité visuelle. Donc, dans un premier temps, l’image de synthèse en bd, c’est un peu vain. Cela représente beaucoup de travail sur un objet dont on n’utilisera jamais qu’une faible partie des potentialités. Et pourtant, malgré toutes ses réserves, je dois dire, qu’après Freaks Agency, malheureusement sabordée par son éditeur, j’ai trouvé une deuxième bd qui arrive à me convaincre qu’il y a un avenir possible pour l’image de synthèse en bd. Chose rare, parce que des bd lourdement assistée par ordi, j’en ai déjà lues pas mal, et l’ensemble était souvent soit tout simplement lamentable ("L’empreinte de satan"), soit au mieux très peu convainquant ("Les quartiers de l’étrange"). Cet album est la démonstration que peu importe l’outil, encre et papier ou ordinateur, s’il y a du talent derrière, le reste suivra. Que l’on travaille de manière traditionnelle ou avec les derniers outils graphiques numériques, il faut donner de la vie à ses personnages, raconter une histoire en image, et non pas se contenter d’aligner les vignettes à coup d’esbroufe visuelle. Ici, la particularité, c’est que l’esbroufe visuelle est là, tout est très esthétique, très travaillé, et pourtant, cela ne nuit jamais à la narration, on suit sans peine le découpage, et on arrive à donner corps aux personnages, malgré le caractère très léché du graphisme. Lalie a bien du talent. Pourquoi n’attribuer que trois étoiles, dès lors, alors qu’il s’agit d’une réussite assez incontestable sur ce plan-là ? Parce que l’intrigue de Téhy rappelle tout de même furieusement Fée et tendres Automates. Même si ce n’est pas la même histoire qui nous est contée, son intrigue semble faire appel exactement aux mêmes sentiments que ceux auxquels faisait appel Fée et tendres Automates. Comme si Shakespeare nous avait raconté, après Roméo et Juliette, une autre histoire avec un grand amour impossible. C’est typiquement le genre de sujet qu’on ne devrait aborder qu’une seule fois sinon le risque de se répéter à trop flagrant. Et puis, l’usage des récitatifs, très abondant, et d’une langage très « précieux », une espèce de néo-romantisme un peu pompeux, du Victor Hugo hyper maniéré, ça m’a un peu lourdé, comme s’il y avait là aussi, une débauche de moyen un peu trop démonstrative. Mais ça, c’est une pure question de sensibilité personnelle, moi, je suis plutôt admiratif des artistes qui jouent sur l’économie de moyens plutôt que de ceux qui font dans la surcharge (je préfère Magritte à Dali, les Clash à Queen), j’image que d’autres peuvent complètement adhérer à cette esthétique flamboyante. A vous de tenter, donc, surtout si vous êtes un passionné d'image de synthèse, car c'est, sur ce plan-là, une bd qui fera date, je pense.
Bellagamba
Les faits se passent dans et autour un village "dont les Parisiens disent que s'ils devaient y passer l'hiver, ils en mourraient". Les -bons- scénarios sont de Claude Kotz (en réalité Patrick Cauvin) qui signe ici une nouvelle série digne d'intérêt. Dès le narratif des premières pages, j'ai retrouvé immédiatement la subtilité de son humour pour planter décor(s) et personnages. Ca aurait pu être d'énièmes histoires de (faux) fantôme(s) et revenant(s) quelconque(s), mais ces albums offrent un ton original, des récits assez insolites et -surtout- une excellente complicité graphique de Cabanes qui assure la mise en scène avec brio. Le dessinateur restitue l'imaginaire de son scénariste avec un trait fort, exigeant et sensible. Une colorisation "intimiste", utilisant des dégradés de tons "froids" parachève l'ensemble. Une série séduisante.