Le mouvement anarchiste et ses idées sont de ceux qui m’intéressent et m’émeuvent. La plupart de ses défenseurs ont eu à faire face durant le XXème siècle à ceux qui refusaient toute Révolution ou même quelque virée vers l’égalité, mais aussi aux partis staliniens, là où l’anarchisme avait pu s’implanter fortement (en Ukraine avec Makhno durant la Révolution russe) et en Espagne dans les années 1930. Et souvent les idées anarchistes sont ensevelies sous la caricature, anarchisme tendant à n’être qu’un synonyme de bordel.
Tout ça pour dire que ce diptyque est intéressant à plus d’un titre, malgré quelques menus défauts.
D’abord il est réalisé par un auteur familier des idées anarchistes, qui en est proche (il a publié plusieurs albums touchant à la guerre d’Espagne et/ou au monde ouvrier).
Ensuite parce qu’il réunit deux grands noms de l’anarchisme du XXème siècle, non pas comme théoriciens, mais comme acteurs, à savoir Makhno et Durruti, réunis à Paris dans les années 1920.
C’est l’occasion pour Loth de les mettre en scène, avec quelques-uns de leurs compagnons, et de les faire dialoguer. Dans le premier tome, ils racontent plus ou moins leur « formation politique », ce qui les a amenés à agir pour se rapprocher de leur idéaux égalitaires et libertaires. Makhno est alors en retrait, réfugié à Paris, l’action étant derrière lui, alors que Durruti est en passe de revenir en Espagne où il jouera un rôle bref mais important au début de la guerre civile.
Dans le second tome c’est l’action qui prévaut, on suit donc les deux hommes (Makhno surtout) au cœur de la réalisation – partielle – de leurs idéaux.
On ne peut que trouver attachant ces hommes persécutés de toute part, luttant pour des causes justes (qui en tout cas compose la devise de la France). Je regrette juste une narration un chouia ampoulée et artificielle, Loth souhaitant faire connaitre ces hommes et leurs idées, mais parfois de façon maladroite, un peu trop didactique, sous couvert d’une franche discussion.
Mais ça reste quand même une série qui peut faire découvrir une pensée et des personnes qui l’ont incarnée et défendue, sans jamais avoir trahi les idéaux de leur jeunesse.
Note réelle 3,5/5.
J'avais beaucoup aimé le Vincent de Barbara Stock qui travaillait surtout sur la période arlésienne du grand maître. Ici Samuel Van der Veen (avec l'aide de son père) se focalise sur le passage à Auvers-sur-Oise qui furent les derniers mois de Vincent. Le récit présente une très forte crédibilité puisqu'il se fonde sur le courrier de Vincent et Théo. Ensuite l'auteur met en évidence la fabuleuse production de Van Gogh à Auvers puisqu'il peint 15 chef d'œuvre en 2 mois avant sa mort.
Le graphisme est réaliste mettant l'accent sur les difficultés psychologiques de l'artiste. Cela enferme la série dans un N&B assez simple mais précis. Comme l'œuvre est coéditée par le musée d'Orsay on sent un forte volonté didactique et historique.
Une lecture intéressante pour comprendre les dernières toiles du maître dans leur contexte. Un bon 3
Je dois remercier Présence pour son excellent avis qui m'a donné des clés de lecture pour mieux comprendre cette série. En effet ma première lecture très rapide fut assez décevante, un peu comme un non initié qui découvre la Joconde, petit tableau au milieu de ce grand mur. C'est en rentrant dans les mystères géniaux du tableau que Patoche transforme sa vision du monde et par là même sa vie. Le parallèle entre le célébrissime tableau et le scénario de Théa Rojzman est très subtil et intelligent. Peut être trop pour accrocher directement au récit. En effet je me suis senti tellement éloigné du personnage de Patoche/Patrick que je n'ai ressenti aucune émotion à sa transformation.
J'aime beaucoup le travail de Joël Alessandra quand il peint l'Afrique avec ses tons ocres et ses belles femmes. Ici j'ai été moins convaincu par ses bleus parisiens et ses couleurs toscanes.
J'ai vraiment eu l'impression de passer à côté d'une série qui ne m'a pas parlé émotionnellement.
Étrange album, sur lequel j'ai vraiment du mal à poser une "notation", mais surtout à expliciter mon ressenti.
Plusieurs choses m'ont dérouté. D'abord le côté presque évanescent de certains récits - surtout le troisième. Et aussi le fait qu'il n'y a pas forcément de conclusion claire pour les trois histoires regroupées ici.
Le dessin m'a lui aussi dérouté, comme la colorisation: des côtés un peu trop esquissés, un rendu parfois trop "sucré", je ne sais pas.
Pourtant la lecture n'est pas désagréable. Et même ce dessin, pourtant a priori pas ma came, se révèle plaisant. Et aussi s'accorde bien à la tonalité des récits, qui jouent sur du fantastique onirique, comme si l'auteur, au travers du texte et du dessin, cherchait à représenter des rêveries, la pensée en action.
A feuilleter et découvrir à l'occasion.
Hmm, cet avis sera, malheureusement, sans doute un peu confus.
La raison est simple : je n'arrive toujours pas à savoir quoi penser de cette œuvre. Le diptyque est bon, très bon même, pourtant je ne sais pas vraiment comment formuler mon avis, voire même mon ressenti, post-lecture.
Le scénario, pour commencer par les bases, n'est pas d'apparence très original mais tout de même intéressant. On y suit Ayten, une jeune fille différente, rejetée par les habitants de son village, et qui s'en retrouvera bannie après que ses capacités extraordinaires soient découvertes par la populace. Une prémisse qui sent bon les récits adolescents comme il en foisonne tellement, pourtant n'oublions pas qu'une base connue n'empêche pas une réinterprétation travaillée. Au delà d'un simple récit initiatique, il est ici question de trouver sa place dans le monde, un sens à sa vie. Le titre ne ment pas, c'est bien d'âme errante dont il est question, d'êtres en perdition, en quête d'un but, d'un moyen de pouvoir être avec les autres. La notion d'âme prend même une valeur toute relative lorsque l'on découvre que la montagne et la forêt entourant les territoires humains sont peuplés de Shagaï, des sortes d'esprits protecteurs de la nature.
Un conflit entre les esprits de la nature et la cruauté et l'expansion humaine, des protagonistes cherchant leur place dans ce monde, jouant malgré elleux les médiateur-ice-s dans un conflit qui les dépasse, une mise en avant de la réflexion et de la philosophie des protagonistes, … tout ceci m'évoque quelques œuvres comme Princesse Mononoke (pour ne citer que la plus connue). La comparaison est positive, les deux œuvres développent un propos intéressant (bien qu'un tantinet différent) sur leur sujet.
Mais alors, si le récit est si intéressant, pourquoi suis-je moi-même si perdue quant-à mon ressenti ? Pour tout dire je me pose encore la question.
Est-ce la mise en scène, les dessins, qui ne m'ont pas toujours semblé iconiser ou retranscrire de manière fluide les scènes d'action ? Peut-être, mais j'ai tout de même trouvé que de nombreuses cases étaient finement construites et que les dessins étaient très travaillés (même si je déplore quelques visages un peu trop brouillons par moment).
Peut-être alors est-ce les dialogues qui m'ont semblé parfois trop convenus ? Là encore je ne pense pas que cela soit le problème, l'incident ne m'a d'ailleurs été visible qu'au début de l'histoire, le final donnant la part belle à quelques beaux échanges et phrases à portée réflective.
Ou alors s'agit-il des petits apartés comiques qui m'ont parfois semblé de trop ? J'en doute car ils sont en réalité bienvenus pour s'attacher aux personnages, et les seuls qui m'ont vraiment paru de trop se trouvaient surtout au tout début (encore).
Bref, je trouve l'œuvre bonne et pourtant je ne sais pas pourquoi un petit quelque chose me titille.
Après, même si je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me gène dans cette série, elle n'en reste pas moins fort agréable à lire. Pas parfaite, quelques fois plutôt convenue, mais on ne peut plus intéressante et avec quelques bonnes petites surprises de-ci de-là.
Apocalypse Now est incontestablement un film qui a marqué ma génération. Quelques années après la chute de Saïgon les blessures des deux camps étaient encore vives et les USA étaient moralement atteints et en recul idéologique par rapport à l'Urss qui n'avait pas encore le bourbier afghan dans les bottes. Ne connaissant pas l'œuvre de Conrad , je n'avais rien compris au film à cette époque. J'ai bien plus apprécié mes derniers visionnages ce qui m'a permis de rentrer directement dans l'univers du livre de Florent Silloray. On y retrouve une bonne partie des scènes qui ont laissé leur empreinte au film et dans la mémoire des spectateurs ( la charge des hélicos, le pont, l'intro). Silloray montre bien comment la construction du film se fait à l'ancienne sans trop d'effets spéciaux mais à force de pyrotechnie nécessitant des moyens démesurés pour quelques secondes d'images ( le napalm). Evidemment une lecture contemporaine et écologiste ne peut que s'offusquer des moyens utilisés ( incendie, dynamite, pont aérien pour des hamburgers, figurants autochtones sous payés, corruption). Silloray n'insiste pas sur ces points, comme il ne porte aucun jugement sur l'ambiance déjantée du tournage très 70's( alcool, drogues à tout va) en contraste total avec la rigueur pro exigée par Coppola sur le plateau. J'ai particulièrement aimé certains passages comme le choix de l'acteur pour le rôle du capitaine Willard. Le final est moins passionnant même si le long passage du difficile montage puis de la présentation du film conclut la série de façon honorable.
Le graphisme fait le travail mais sans plus. C'est d'ailleurs assez paradoxal pour un film qui a bâti une partie de sa notoriété sur ses images époustouflantes. Ainsi je ne trouve pas les personnages très précis. C'est surtout vrai pour Martin Sheen extraordinaire dans le rôle de Willard.
Cela reste une lecture agréable pour les fans de cinéma et même très intéressante sur certains points.
Je profite de la récente sortie de l'intégrale pour lire et aviser cette petite trilogie.
De Yasmina et les mangeurs de patates, un sympathique petit one-shot sur les sujets de la cuisine et de l'écologie, Mannaert a décidé de sortir une série. L'idée est bonne, la prémisse et le personnages sont propices à de courtes aventures étoffant toujours un peu plus le sujet, et je dois dire que le résultat est tel que je l'attendais. C'est du bon, le discours tenu est intéressant, suffisamment complexe dans ses propos pour aborder de nombreuses nuances du sujet (comme la diversité des visions ou encore la nécessité de ne pas jouer aux divinité-e-s, même lorsqu'il s'agit de corriger des erreurs) mais également suffisamment simple pour être accessible à un public jeune.
Les personnages, sans être très complexes, sont efficaces. Aucun personnage ne détient la science infuse, et, même s'il y a clairement une scission dépeinte entre la majeure partie de la population qui se désintéresse ouvertement des problématiques abordées et la poignée de personnes souhaitant sincèrement changer les choses que nous suivons, force est de constater que la série n'oublie pas de voir s'affronter plusieurs visions, plusieurs solutions chez nos protagonistes face à ces problématiques. Un petit rien en apparence, sans doute, mais cela permet de solidifier, concrétiser le propos, d'humaniser ces personnages, aussi. Le dessin de Mannaert leur confère en plus un petit charisme choupinou (ce terme est homologué) qui les rend sincèrement attachant.
Est-ce parfait pour autant ? Non. Je déplore notamment quelques passages où, sans doute emporté par sa verve et son envie sincère de réveiller les consciences, Mannaert écrit quelques dialogues et logorrhées un poil trop indigestes (un comble pour cette série qui m'a, mis à part cela, donné l'eau à la bouche). Pas un gros défaut en soi, d'autant que j'adhère on ne peut plus aux divers propos défendus ici en ce qui concerne le sincère besoin de changer nos habitudes alimentaires et de productions pour s'assurer la survie de notre espèce (et d'un bon nombre qui nous suivraient dans la tombe si nous venions à continuer sur cette voie), mais je me doute que cet aspect pourrait paraître bien plus rédhibitoire chez certaines personnes.
Bon, quoi qu'il en soit, la série est bonne, les recettes présentées donnent l'eau à la bouche, l'envie de réveiller les consciences est sincère et louable, les personnages sont sympathiques, les courtes aventures fluides, … Bref, j'espère que Mannaert continuera cette série, je ne serais pas contre retrouver Yasmina, ses anecdotes culinaires et ses petites aventures écologiques dans de nouveaux récits.
Le dessin est précis – presque trop léger même parfois. Comme pour la plupart des séries de cette collection dédiée à l’aéronautique, les carlingues des avions, et les combats aériens (ici aussi les bombardements) sont soignés. Les amateurs de militaria et des avions de la Seconde guerre mondiale y trouveront sans doute leur compte.
J’ai moins accroché par contre à la colorisation informatique, dont le rendu n’est pas toujours joli, et qui lisse beaucoup trop les détails (en accentuant aussi le côté « trop léché » évoqué précédemment).
J’ai lu les deux albums, chacun développant, durant l’année 1943 un récit indépendant, le premier autour d’un bombardement massif de la RAF sur Hambourg en 1943, le second autour d’opérations dans la Manche et la Mer du Nord de 1943 à la fin 1944, menées par la même équipe de pilotes.
Si tout ce qui concerne les opérations militaires est vraiment bien rendu, la lecture est un peu « sèche » pour le reste. Le premier album se concentre uniquement sur l’opération de bombardement, on ne connait presque rien des pilotes et on ne s’attache pas vraiment à eux. Dans le tome suivant, Crespin se retrouve seul aux commandes, et a cherché à corriger ce défaut, en développant un peu plus les temps morts à terre, et une idylle entre un pilote et une jeune femme. C’est un peu léger, mais bon, c’est un peu mieux, même si les relations entre personnages manquent quand même de nuances (voir l’altercation entre notre pilote amoureux et un soldat américain).
Chaque album indique présenter une histoire complète. Si le premier correspond bien à cette annonce, ça n’est pas vraiment le cas du suivant, qui ne clôt pas vraiment « l’intrigue » : on est sans nouvelle du pilote/personnage principal, et la dernière case ressemble quand même à un cliffhanger !
Note réelle 2,5/5.
Sic incipit fabula.
J'ai enfin pu me procurer le quatrième opus de la collection El Torres. Et il est dans la même veine que Le Puritain et Rituel Romain. Une histoire où un esprit maléfique va être la cause de bien des malheurs. El Torres nous plonge dans un Londres fin XIXe siècle, des ruelles sordides et brumeuses du quartier de Whitechapel aux beaux quartiers. Une mise en situation qui ne peut faire penser qu'à Jack l'Éventreur, car des meurtres horribles vont être commis. Les victimes ne seront pas des prostituées, mais des gens de la bonne société affiliés à une loge maçonnique. Deux inspecteurs de police mènent l'enquête, mais c'est un étrange personnage aux pouvoirs surnaturels, Hawke, qui sera au centre du récit.
Une histoire très classique dans le genre esprit maléfique et possession, mais El Torres va y introduire de la mythologie égyptienne avec le dieu Horus (le faucon) et surtout avec Jannès et Jambrès (des magiciens de la cour de Pharaon). C'est la dualité entre ces deux sorciers (qui ont traversé les siècles) qui met du piment au récit. Une narration maîtrisée pour un bon moment de lecture. Un délicieux mélange d'Éxorciste, de Lovecraft et de Penny Dreadful (avec la délicieuse Eva Green).
Ce qui saute aux yeux, c'est le magnifique rendu en noir et blanc de Joe Bocardo (Sang Barbare). Son dessin aux lignes brouillonnes et expressives retranscrit magnifiquement ce Londres Victorien dans toute sa flamboyance et son misérabilisme. La représentation des décors est somptueuse. Une mise en page très cinématographique.
Un artiste à surveiller.
Note réelle : 3,5.
Je conseille aux amateurs de ce genre de récit.
Étonnante cette série ! Du médiéval fantastique éloigné de Tolkien. Avec un groupe de personnages mêlant des animaux (un cheval, un oiseau charmeur, un chat tout plat…) et des humains originaux (dont un jeune chevalier coincé dans une armure trop petite). Et tous sont morts, sont des fantômes qui souhaitent se rendre à Jérusalem pour trouver une potion à même de leur rendre la vie, moyennant finances. Les voilà donc partis pour une sorte de pèlerinage vers la Terre sainte...
S'ils sont vite arrivés à Jérusalem, de nombreux flash-backs nous montrent le passé de chaque membre de l’équipe, on apprend à les connaitre.
Par contre, si la longue mise en place (le premier album est conséquent) est très intrigante, la suite est moins surprenante et palpitante. C’est un peu linéaire. Avec en plus une conclusion brutale, trop vite et trop facilement expédiée. Qui plus est avec un dessin qui change du tout au tout et n’est pas joli sur la fin.
Car pour le reste, le trait gras, charbonneux, d’Utkin, est plaisant.
Au final, une série relativement originale pour le genre, mais qui s’essouffle dans sa seconde moitié. Autre petit détail (goût personnel), je n’ai pas aimé le titre, vraiment moche – la simple utilisation de l’anglicisme people est trop incongrue ici.
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Viva l'anarchie ! - La Rencontre de Makhno et Durruti
Le mouvement anarchiste et ses idées sont de ceux qui m’intéressent et m’émeuvent. La plupart de ses défenseurs ont eu à faire face durant le XXème siècle à ceux qui refusaient toute Révolution ou même quelque virée vers l’égalité, mais aussi aux partis staliniens, là où l’anarchisme avait pu s’implanter fortement (en Ukraine avec Makhno durant la Révolution russe) et en Espagne dans les années 1930. Et souvent les idées anarchistes sont ensevelies sous la caricature, anarchisme tendant à n’être qu’un synonyme de bordel. Tout ça pour dire que ce diptyque est intéressant à plus d’un titre, malgré quelques menus défauts. D’abord il est réalisé par un auteur familier des idées anarchistes, qui en est proche (il a publié plusieurs albums touchant à la guerre d’Espagne et/ou au monde ouvrier). Ensuite parce qu’il réunit deux grands noms de l’anarchisme du XXème siècle, non pas comme théoriciens, mais comme acteurs, à savoir Makhno et Durruti, réunis à Paris dans les années 1920. C’est l’occasion pour Loth de les mettre en scène, avec quelques-uns de leurs compagnons, et de les faire dialoguer. Dans le premier tome, ils racontent plus ou moins leur « formation politique », ce qui les a amenés à agir pour se rapprocher de leur idéaux égalitaires et libertaires. Makhno est alors en retrait, réfugié à Paris, l’action étant derrière lui, alors que Durruti est en passe de revenir en Espagne où il jouera un rôle bref mais important au début de la guerre civile. Dans le second tome c’est l’action qui prévaut, on suit donc les deux hommes (Makhno surtout) au cœur de la réalisation – partielle – de leurs idéaux. On ne peut que trouver attachant ces hommes persécutés de toute part, luttant pour des causes justes (qui en tout cas compose la devise de la France). Je regrette juste une narration un chouia ampoulée et artificielle, Loth souhaitant faire connaitre ces hommes et leurs idées, mais parfois de façon maladroite, un peu trop didactique, sous couvert d’une franche discussion. Mais ça reste quand même une série qui peut faire découvrir une pensée et des personnes qui l’ont incarnée et défendue, sans jamais avoir trahi les idéaux de leur jeunesse. Note réelle 3,5/5.
Van Gogh - Le Dernier Tableau
J'avais beaucoup aimé le Vincent de Barbara Stock qui travaillait surtout sur la période arlésienne du grand maître. Ici Samuel Van der Veen (avec l'aide de son père) se focalise sur le passage à Auvers-sur-Oise qui furent les derniers mois de Vincent. Le récit présente une très forte crédibilité puisqu'il se fonde sur le courrier de Vincent et Théo. Ensuite l'auteur met en évidence la fabuleuse production de Van Gogh à Auvers puisqu'il peint 15 chef d'œuvre en 2 mois avant sa mort. Le graphisme est réaliste mettant l'accent sur les difficultés psychologiques de l'artiste. Cela enferme la série dans un N&B assez simple mais précis. Comme l'œuvre est coéditée par le musée d'Orsay on sent un forte volonté didactique et historique. Une lecture intéressante pour comprendre les dernières toiles du maître dans leur contexte. Un bon 3
Le Voyageur (Rojzman & Alessandra)
Je dois remercier Présence pour son excellent avis qui m'a donné des clés de lecture pour mieux comprendre cette série. En effet ma première lecture très rapide fut assez décevante, un peu comme un non initié qui découvre la Joconde, petit tableau au milieu de ce grand mur. C'est en rentrant dans les mystères géniaux du tableau que Patoche transforme sa vision du monde et par là même sa vie. Le parallèle entre le célébrissime tableau et le scénario de Théa Rojzman est très subtil et intelligent. Peut être trop pour accrocher directement au récit. En effet je me suis senti tellement éloigné du personnage de Patoche/Patrick que je n'ai ressenti aucune émotion à sa transformation. J'aime beaucoup le travail de Joël Alessandra quand il peint l'Afrique avec ses tons ocres et ses belles femmes. Ici j'ai été moins convaincu par ses bleus parisiens et ses couleurs toscanes. J'ai vraiment eu l'impression de passer à côté d'une série qui ne m'a pas parlé émotionnellement.
Tout ce qui reste de nous
Étrange album, sur lequel j'ai vraiment du mal à poser une "notation", mais surtout à expliciter mon ressenti. Plusieurs choses m'ont dérouté. D'abord le côté presque évanescent de certains récits - surtout le troisième. Et aussi le fait qu'il n'y a pas forcément de conclusion claire pour les trois histoires regroupées ici. Le dessin m'a lui aussi dérouté, comme la colorisation: des côtés un peu trop esquissés, un rendu parfois trop "sucré", je ne sais pas. Pourtant la lecture n'est pas désagréable. Et même ce dessin, pourtant a priori pas ma came, se révèle plaisant. Et aussi s'accorde bien à la tonalité des récits, qui jouent sur du fantastique onirique, comme si l'auteur, au travers du texte et du dessin, cherchait à représenter des rêveries, la pensée en action. A feuilleter et découvrir à l'occasion.
Wandering Souls
Hmm, cet avis sera, malheureusement, sans doute un peu confus. La raison est simple : je n'arrive toujours pas à savoir quoi penser de cette œuvre. Le diptyque est bon, très bon même, pourtant je ne sais pas vraiment comment formuler mon avis, voire même mon ressenti, post-lecture. Le scénario, pour commencer par les bases, n'est pas d'apparence très original mais tout de même intéressant. On y suit Ayten, une jeune fille différente, rejetée par les habitants de son village, et qui s'en retrouvera bannie après que ses capacités extraordinaires soient découvertes par la populace. Une prémisse qui sent bon les récits adolescents comme il en foisonne tellement, pourtant n'oublions pas qu'une base connue n'empêche pas une réinterprétation travaillée. Au delà d'un simple récit initiatique, il est ici question de trouver sa place dans le monde, un sens à sa vie. Le titre ne ment pas, c'est bien d'âme errante dont il est question, d'êtres en perdition, en quête d'un but, d'un moyen de pouvoir être avec les autres. La notion d'âme prend même une valeur toute relative lorsque l'on découvre que la montagne et la forêt entourant les territoires humains sont peuplés de Shagaï, des sortes d'esprits protecteurs de la nature. Un conflit entre les esprits de la nature et la cruauté et l'expansion humaine, des protagonistes cherchant leur place dans ce monde, jouant malgré elleux les médiateur-ice-s dans un conflit qui les dépasse, une mise en avant de la réflexion et de la philosophie des protagonistes, … tout ceci m'évoque quelques œuvres comme Princesse Mononoke (pour ne citer que la plus connue). La comparaison est positive, les deux œuvres développent un propos intéressant (bien qu'un tantinet différent) sur leur sujet. Mais alors, si le récit est si intéressant, pourquoi suis-je moi-même si perdue quant-à mon ressenti ? Pour tout dire je me pose encore la question. Est-ce la mise en scène, les dessins, qui ne m'ont pas toujours semblé iconiser ou retranscrire de manière fluide les scènes d'action ? Peut-être, mais j'ai tout de même trouvé que de nombreuses cases étaient finement construites et que les dessins étaient très travaillés (même si je déplore quelques visages un peu trop brouillons par moment). Peut-être alors est-ce les dialogues qui m'ont semblé parfois trop convenus ? Là encore je ne pense pas que cela soit le problème, l'incident ne m'a d'ailleurs été visible qu'au début de l'histoire, le final donnant la part belle à quelques beaux échanges et phrases à portée réflective. Ou alors s'agit-il des petits apartés comiques qui m'ont parfois semblé de trop ? J'en doute car ils sont en réalité bienvenus pour s'attacher aux personnages, et les seuls qui m'ont vraiment paru de trop se trouvaient surtout au tout début (encore). Bref, je trouve l'œuvre bonne et pourtant je ne sais pas pourquoi un petit quelque chose me titille. Après, même si je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qui me gène dans cette série, elle n'en reste pas moins fort agréable à lire. Pas parfaite, quelques fois plutôt convenue, mais on ne peut plus intéressante et avec quelques bonnes petites surprises de-ci de-là.
Un tournage en enfer - Apocalypse Now
Apocalypse Now est incontestablement un film qui a marqué ma génération. Quelques années après la chute de Saïgon les blessures des deux camps étaient encore vives et les USA étaient moralement atteints et en recul idéologique par rapport à l'Urss qui n'avait pas encore le bourbier afghan dans les bottes. Ne connaissant pas l'œuvre de Conrad , je n'avais rien compris au film à cette époque. J'ai bien plus apprécié mes derniers visionnages ce qui m'a permis de rentrer directement dans l'univers du livre de Florent Silloray. On y retrouve une bonne partie des scènes qui ont laissé leur empreinte au film et dans la mémoire des spectateurs ( la charge des hélicos, le pont, l'intro). Silloray montre bien comment la construction du film se fait à l'ancienne sans trop d'effets spéciaux mais à force de pyrotechnie nécessitant des moyens démesurés pour quelques secondes d'images ( le napalm). Evidemment une lecture contemporaine et écologiste ne peut que s'offusquer des moyens utilisés ( incendie, dynamite, pont aérien pour des hamburgers, figurants autochtones sous payés, corruption). Silloray n'insiste pas sur ces points, comme il ne porte aucun jugement sur l'ambiance déjantée du tournage très 70's( alcool, drogues à tout va) en contraste total avec la rigueur pro exigée par Coppola sur le plateau. J'ai particulièrement aimé certains passages comme le choix de l'acteur pour le rôle du capitaine Willard. Le final est moins passionnant même si le long passage du difficile montage puis de la présentation du film conclut la série de façon honorable. Le graphisme fait le travail mais sans plus. C'est d'ailleurs assez paradoxal pour un film qui a bâti une partie de sa notoriété sur ses images époustouflantes. Ainsi je ne trouve pas les personnages très précis. C'est surtout vrai pour Martin Sheen extraordinaire dans le rôle de Willard. Cela reste une lecture agréable pour les fans de cinéma et même très intéressante sur certains points.
Yasmina (Mannaert)
Je profite de la récente sortie de l'intégrale pour lire et aviser cette petite trilogie. De Yasmina et les mangeurs de patates, un sympathique petit one-shot sur les sujets de la cuisine et de l'écologie, Mannaert a décidé de sortir une série. L'idée est bonne, la prémisse et le personnages sont propices à de courtes aventures étoffant toujours un peu plus le sujet, et je dois dire que le résultat est tel que je l'attendais. C'est du bon, le discours tenu est intéressant, suffisamment complexe dans ses propos pour aborder de nombreuses nuances du sujet (comme la diversité des visions ou encore la nécessité de ne pas jouer aux divinité-e-s, même lorsqu'il s'agit de corriger des erreurs) mais également suffisamment simple pour être accessible à un public jeune. Les personnages, sans être très complexes, sont efficaces. Aucun personnage ne détient la science infuse, et, même s'il y a clairement une scission dépeinte entre la majeure partie de la population qui se désintéresse ouvertement des problématiques abordées et la poignée de personnes souhaitant sincèrement changer les choses que nous suivons, force est de constater que la série n'oublie pas de voir s'affronter plusieurs visions, plusieurs solutions chez nos protagonistes face à ces problématiques. Un petit rien en apparence, sans doute, mais cela permet de solidifier, concrétiser le propos, d'humaniser ces personnages, aussi. Le dessin de Mannaert leur confère en plus un petit charisme choupinou (ce terme est homologué) qui les rend sincèrement attachant. Est-ce parfait pour autant ? Non. Je déplore notamment quelques passages où, sans doute emporté par sa verve et son envie sincère de réveiller les consciences, Mannaert écrit quelques dialogues et logorrhées un poil trop indigestes (un comble pour cette série qui m'a, mis à part cela, donné l'eau à la bouche). Pas un gros défaut en soi, d'autant que j'adhère on ne peut plus aux divers propos défendus ici en ce qui concerne le sincère besoin de changer nos habitudes alimentaires et de productions pour s'assurer la survie de notre espèce (et d'un bon nombre qui nous suivraient dans la tombe si nous venions à continuer sur cette voie), mais je me doute que cet aspect pourrait paraître bien plus rédhibitoire chez certaines personnes. Bon, quoi qu'il en soit, la série est bonne, les recettes présentées donnent l'eau à la bouche, l'envie de réveiller les consciences est sincère et louable, les personnages sont sympathiques, les courtes aventures fluides, … Bref, j'espère que Mannaert continuera cette série, je ne serais pas contre retrouver Yasmina, ses anecdotes culinaires et ses petites aventures écologiques dans de nouveaux récits.
Inferno
Le dessin est précis – presque trop léger même parfois. Comme pour la plupart des séries de cette collection dédiée à l’aéronautique, les carlingues des avions, et les combats aériens (ici aussi les bombardements) sont soignés. Les amateurs de militaria et des avions de la Seconde guerre mondiale y trouveront sans doute leur compte. J’ai moins accroché par contre à la colorisation informatique, dont le rendu n’est pas toujours joli, et qui lisse beaucoup trop les détails (en accentuant aussi le côté « trop léché » évoqué précédemment). J’ai lu les deux albums, chacun développant, durant l’année 1943 un récit indépendant, le premier autour d’un bombardement massif de la RAF sur Hambourg en 1943, le second autour d’opérations dans la Manche et la Mer du Nord de 1943 à la fin 1944, menées par la même équipe de pilotes. Si tout ce qui concerne les opérations militaires est vraiment bien rendu, la lecture est un peu « sèche » pour le reste. Le premier album se concentre uniquement sur l’opération de bombardement, on ne connait presque rien des pilotes et on ne s’attache pas vraiment à eux. Dans le tome suivant, Crespin se retrouve seul aux commandes, et a cherché à corriger ce défaut, en développant un peu plus les temps morts à terre, et une idylle entre un pilote et une jeune femme. C’est un peu léger, mais bon, c’est un peu mieux, même si les relations entre personnages manquent quand même de nuances (voir l’altercation entre notre pilote amoureux et un soldat américain). Chaque album indique présenter une histoire complète. Si le premier correspond bien à cette annonce, ça n’est pas vraiment le cas du suivant, qui ne clôt pas vraiment « l’intrigue » : on est sans nouvelle du pilote/personnage principal, et la dernière case ressemble quand même à un cliffhanger ! Note réelle 2,5/5.
Phantasmagoria
Sic incipit fabula. J'ai enfin pu me procurer le quatrième opus de la collection El Torres. Et il est dans la même veine que Le Puritain et Rituel Romain. Une histoire où un esprit maléfique va être la cause de bien des malheurs. El Torres nous plonge dans un Londres fin XIXe siècle, des ruelles sordides et brumeuses du quartier de Whitechapel aux beaux quartiers. Une mise en situation qui ne peut faire penser qu'à Jack l'Éventreur, car des meurtres horribles vont être commis. Les victimes ne seront pas des prostituées, mais des gens de la bonne société affiliés à une loge maçonnique. Deux inspecteurs de police mènent l'enquête, mais c'est un étrange personnage aux pouvoirs surnaturels, Hawke, qui sera au centre du récit. Une histoire très classique dans le genre esprit maléfique et possession, mais El Torres va y introduire de la mythologie égyptienne avec le dieu Horus (le faucon) et surtout avec Jannès et Jambrès (des magiciens de la cour de Pharaon). C'est la dualité entre ces deux sorciers (qui ont traversé les siècles) qui met du piment au récit. Une narration maîtrisée pour un bon moment de lecture. Un délicieux mélange d'Éxorciste, de Lovecraft et de Penny Dreadful (avec la délicieuse Eva Green). Ce qui saute aux yeux, c'est le magnifique rendu en noir et blanc de Joe Bocardo (Sang Barbare). Son dessin aux lignes brouillonnes et expressives retranscrit magnifiquement ce Londres Victorien dans toute sa flamboyance et son misérabilisme. La représentation des décors est somptueuse. Une mise en page très cinématographique. Un artiste à surveiller. Note réelle : 3,5. Je conseille aux amateurs de ce genre de récit.
The Ex-People
Étonnante cette série ! Du médiéval fantastique éloigné de Tolkien. Avec un groupe de personnages mêlant des animaux (un cheval, un oiseau charmeur, un chat tout plat…) et des humains originaux (dont un jeune chevalier coincé dans une armure trop petite). Et tous sont morts, sont des fantômes qui souhaitent se rendre à Jérusalem pour trouver une potion à même de leur rendre la vie, moyennant finances. Les voilà donc partis pour une sorte de pèlerinage vers la Terre sainte... S'ils sont vite arrivés à Jérusalem, de nombreux flash-backs nous montrent le passé de chaque membre de l’équipe, on apprend à les connaitre. Par contre, si la longue mise en place (le premier album est conséquent) est très intrigante, la suite est moins surprenante et palpitante. C’est un peu linéaire. Avec en plus une conclusion brutale, trop vite et trop facilement expédiée. Qui plus est avec un dessin qui change du tout au tout et n’est pas joli sur la fin. Car pour le reste, le trait gras, charbonneux, d’Utkin, est plaisant. Au final, une série relativement originale pour le genre, mais qui s’essouffle dans sa seconde moitié. Autre petit détail (goût personnel), je n’ai pas aimé le titre, vraiment moche – la simple utilisation de l’anglicisme people est trop incongrue ici.