Les derniers avis (45 avis)

Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série XIII Parody
XIII Parody

En juin 2024, le journal Spirou célébrait les 40 ans de la première apparition de XIII dans ses pages. À cette occasion, un numéro spécial proposait un mini-album d’une trentaine de pages dans lequel Jean Van Hamme s’amusait à parodier sa propre création. Il y tournait en dérision les rebondissements alambiqués de la série, les multiples conspirations, mais aussi les nombreuses conquêtes féminines du héros. L'auteur imaginait ainsi que XIII n’avait jamais été amnésique et qu’il feignait sa perte de mémoire depuis le début, ce qui donnait lieu à un grand rassemblement de ses anciens compagnons d’aventure dans une succession de scènes comiques et de situations absurdes. C’est ce récit que reprend le petit album Bas les masques !. Le dessin est signé Philippe Xavier, qui venait tout juste d'achever le quatorzième tome de XIII mystery, Traquenards et sentiments, avec le même Van Hamme au scénario. Il parvient ici à retrouver avec brio le style de William Vance et son sens très particulier du réalisme tout en y apportant son encrage plus fluide et une meilleure maîtrise technique. Les personnages sont bien rendus, expressifs et familiers, même si les décors restent plutôt minimalistes sans que cela nuise à la lecture. Le ton du récit relève presque de la comédie de boulevard. Tous les personnages majeurs de la série se retrouvent dans un joyeux mélange de second degré, d’auto-dérision et de ruptures du quatrième mur (comme lorsque le colonel Amos passe un coup de fil à une case d’un ancien tome ou quand le scénariste lui-même se fait critiquer). Van Hamme se moque ouvertement de ses propres scénarios, de ses intrigues à tiroir et de son goût pour les retournements improbables. L’ensemble constitue une parodie réussie, d’autant plus intéressante qu’elle est écrite par le créateur de la série lui-même. Malgré tout, l’humour ne fonctionne qu’à moitié. Quelques gags m’ont fait sourire (notamment le nom absurde "Xi i i" répété avec un sérieux imperturbable) mais l’ensemble reste trop maigre même pour un album aussi court. Surtout, pour pleinement apprécier les clins d’œil et les références, il faut avoir une mémoire fraîche des nombreux personnages et de leurs arcs narratifs. Ayant lu XIII sur plusieurs décennies sans relecture récente, j’ai souvent eu l’impression d’assister à un défilé de visages connus sans en saisir tout le sel. Au final, Bas les masques ! est une parodie intelligente et bien dessinée, qui séduira probablement les connaisseurs de la série. Mais l’humour risque trop de rester en surface faisant de ce bel hommage un plaisir réservé avant tout aux initiés et collectionneurs dont je ne fais pas partie. Note : 2,5/5

14/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde
Caballero Bueno - Une enquête de l'inspecteur Valverde

Au début des années 1930, un notable anglais est retrouvé assassiné sur l'île de Pâques, ce petit territoire isolé où cohabitent chiliens, colons britanniques et indigènes Pascuans réduits à la misère. L'inspecteur Guillermo Valverde, envoyé par le président chilien, arrive sur place pour mener l'enquête dans un huis clos à ciel ouvert, traversé de tensions raciales et politiques. L'album offre une enquête policière captivante, dans un décor rarement exploré et historiquement riche. On y retrouve l'esprit d'Agatha Christie, mais transposé dans un cadre exotique et chargé d'enjeux coloniaux. Le dessin de Thomas Gilbert séduit par son style semi-réaliste, expressif et légèrement inquiétant. Les couleurs, à la fois lumineuses et mélancoliques, traduisent la rudesse du climat et la beauté austère de l'île. La mise en page, claire et dynamique, renforce l'impression d'enfermement et d'humidité poisseuse qui plane sur l'histoire. Côté scénario, Thomas Lavachery s'appuie sur les notes de son grand-père, archéologue présent sur l'île en 1934. Le résultat est un polar historique solide, au rythme mesuré, plus proche des intrigues classiques que des thrillers nerveux. L'inspecteur Valverde, imposant et perspicace, évoque naturellement Hercule Poirot par sa corpulence et son sens aigu de la déduction, tout en partageant avec Sherlock Holmes une dépendance au laudanum et un talent pour le violon. Mais ses méthodes parfois brusques et son rapport direct aux autres lui donnent une personnalité bien à lui, à la fois cérébrale et terrienne, attachante et pleine de contradictions. Les personnages secondaires sont également bien campés : un gouverneur autoritaire, une jolie archéologue déterminée, un médecin désabusé mais bienveillant, un anglais violent et sa belle femme désœuvrée, ainsi qu'un peuple Pascuan décrit avec respect et nuance. Le récit, sans insister lourdement, dénonce la hiérarchie raciale et les abus coloniaux de l'époque. Même si la résolution se devine un peu avant la fin, l'écriture reste élégante et les dialogues d'une belle précision. Caballero Bueno est un polar feutré et intelligent, entre hommage aux classiques du genre, modernité du ton et intérêt historique. Entre l'élégance de Poirot et les failles de Holmes, Valverde s'impose comme un enquêteur singulier et profondément humain, que j'aurais plaisir à retrouver dans d'autres enquêtes.

14/10/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série Démontagner
Démontagner

Voilà bien une BD dont je n'attendais rien. D'abord, je n'en avais jamais entendu parler avant d'en avoir un exemplaire dans les mains, et ensuite, elle s'est retrouvé dans ma PAL (Pile à Lire) pour le boulot. J'ai trouvé ça très bien. J'ai lu cette BD d'une traite, c'est un signe. Son scénario est simple et propose de suivre une saison en montagne avec un berger qui transhume un troupeau. Parce que notre auteur, qui porte à la foi la casquette d'illustrateur et le béret de berger, va rester plus de trois mois dans les alpages, dormant dans une cabane de quelques mètres carrés seulement. Ha oui ? Et on a besoin de 136 pages pour raconter ça ? Ben ouais ! C'est passionnant, mais également très poétique. On vit au jour le jour. On éprouve la peur de croiser l'ours, celle d'égarer des brebis ou de le perdre définitivement, car les dangers sont nombreux en altitude, on prend nous aussi les touristes pour des béotiens, on ressent parfois la langueur des jours, et surtout le décalage quand, sur les dernières pages, notre homme revient à la civilisation. D'ailleurs, il ne traine pas. C'est expédié. Il n'assistera même pas à la fête du village censée célébrer l'événement. Avant cela, on a compté avec lui les animaux. On les a énumérés. Et on ne s'est pas endormi. Il y a des passages très forts, très significatifs. Je pense en particulier à la manière dont Maxim Cain décrit la brume qui monte et obstrue la vue. Ça m'a rappelé ma lecture d'Au cœur des solitudes de Lomig. Comme elle, Démontagner est entièrement en noir et blanc, ce qui immerge dans le sujet en offrant de très belles planches dédiées aux paysages. Ici aussi, la solitude a toute la place. Une fois ma lecture achevée, je me suis retrouvé moi-aussi tout décalé. Tout démontagné, et j'avoue que j'en aurais bien repris une louche. Sans fantasmer sur le métier de berger, qui doit être un sacré truc tout de même, j'ai été enchanté de passer ces quelques mois en compagnie de Maxim. C'était une très belle expérience, très réussie graphiquement, et sans fausse note.

14/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
Couverture de la série Soda - Hors-série
Soda - Hors-série

Dupuis continue de faire n'importe quoi avec ses séries. Ainsi donc ce qui était à la base le tome 13 de la série Soda est maintenant devenu le premier tome d'un genre de spin-off...ah oui et aussi on indique pas sur la couverture du tome 2 (qui était à la base censé être le tome 14, vous suivez toujours ?) le nom des nouveaux scénaristes qui ont du terminer le scénario vu que Tome est mort avant d'avoir terminé son travail, pas très honnête je trouve. J'avoue que je ne savais pas trop quoi penser lorsque la première partie est sorti. C'était sympa de retrouver Tome dans ce qui est selon moi sa meilleure série et le dessin de Dan est vraiment bon. Malheureusement, le coté complotiste du scénario ne m'avait pas trop convaincu ainsi que le cliffhanger qui est censé choquer le lecteur, mais qui me semblait facile à deviner le dénouement (et que la lecture du tome 2 m'a confirmé). Ça se laisse tout de même lire et je me demandais vaguement comment Tome allait terminer son intrigue, mais il est mort et disons que ça se voit que le tome 2 a été écrit à plusieurs mains. Si le début reste correct, le scénario fini par tomber dans un style qui ne ressemble pas du tout au genre d'histoires de Soda que j'aime. Il reste le dessin de Dan toujours aussi bon, mais c'est là pratiquement la seule qualité de ce second tome. Vraiment dommage.

14/10/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
Couverture de la série L'Armée des ombres
L'Armée des ombres

Je n'ai jamais lu le roman original, pot-pourri de témoignages de résistants recueilli par Joseph Kessel, mais j'ai vu l'excellent film de Jean-Pierre Melville qui est mille fois mieux que son adaptation en BD. Je sais que c'est injuste de faire une comparaison entre la BD et le film vu que le film est un chef d'œuvre, mais même si je prends la BD comme une œuvre originale, cela reste pas terrible. Je n'ai jamais aimé le dessin de Moynot que je trouve sans âme et c'est encore le cas ici. Les décors sont bien, mais je n'aime pas trop les personnages et les couleurs. La mise en scène n’est pas terrible. Je n'ai ressenti aucune tension lors de moments dramatiques et en fait je n'ai rien ressenti du tout durant ma lecture en dehors de l'ennuie. Mention spécial pour la dernière scène. Dans le film, c'est une des scènes qui m'a le plus marqué dans ma vie de cinéphile et je ressens toujours de la triste rien qu'en pensant à la scène. La même scène dans la BD donne un truc bâclé et limite les deux dernières cases m'ont presque donné envie de rigoler. Une adaptation franchement dispensable.

14/10/2025 (modifier)
Par Jcn664
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Loin de Paris
Loin de Paris

Loin de Paris est une œuvre incroyable mais avec un Côté très personnel et très intimiste, c'est tous à fait le principe même de l'œuvre. Ça ne cherche pas à embarquer le lecteur mais à témoigner aux lecteurs d'une époque certe révolue mais pas totalement désuet, il faut aussi derrière avoir une grille de lecture différente cette situation est encore actuel dans pas mal de pays, contexte historique différents. On retrace cette jeune femme aimé de son marié mais qui se sent prisonnière de sa vie, à cause de son propre pays et des communistes de l'est. Et qui n'a que pour s'évader de sa vie maurose du communisme polonais, les lettres de sa sœurs vivant à Paris, lui envoyant des ouvrages, des disques. Pouvoir aussi ressentir du point de vue des habitants du blocs de l'est cette relation étrange presque bizarre d'avoir une mère en état de choque devant un vinyle en mode oh que c'est beau, C'est la que le bouquin nous rappelle par quelques petites finesses l'écart presque multidimensionnelle entre le blocs de l'ouest, et le bloc de l'est, comme deux monde parallèle qui se côtoies. Chose qu'aujourd'hui on a plus tellement, et qu'on oublie trop souvent ça. Le livre est aussi profondément triste dans son approche mais arrive avec certaines fulgurances à rendre le tous léger avec une finesses d'as l'écriture par certains trait humoristiques allegeant bien l'œuvre, ça rend plus de légèreté et c'est plutôt bien dosé. Apres, la direction artistique est celons moi fabuleuse et une prise de risque assez phénoménal, et très atypique et expérimental dans un certains sens, c'est peut être un bon roman graphique qu'on pourrait lire en complément de la couleur des choses, flatland par exemple, dans cette continuité de roman graphique expérimentale ou délirante. C'est un roman graphique fait sous logiciel d'architecture, et il faut pas que ce soit rédhibitoire, c'est un ptit chef d'œuvre qui justement le rend unique et marquant, c'est mon ultra coups de cœur cette année avec Flat Land.

14/10/2025 (modifier)
Par Roro
Note: 4/5
Couverture de la série L'Anneau des 7 Mondes
L'Anneau des 7 Mondes

J'écris cela après une deuxième lecture, la première ayant été sur un temps trop long pour apprécier l'ouvrage. Je mets de côté les graphismes qui peuvent être appréciés de manière subjective, bien que je les apprécie. L'histoire... l'histoire peut sembler enfantine au début, capillotractée à la fin et difficile à suivre, mais l'ensemble est vraiment bon, il y a vraiment une recherche sur l'ensemble. Si on fait l'effort de suivre, ce qui n'est pas évident, je le reconnais sinon j'aurais mis 5, c'est une série très enrichissante.

13/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Dracula (Fernandez)
Dracula (Fernandez)

J’ai déjà lu plusieurs adaptations du récit de Bram Stoker, plus ou moins réussies et intéressantes. Celle de Bess, avec son Noir et Blanc puissant se range clairement dans le camp des belles transpositions, comme celle de Fernandez d’ailleurs. Alors que les deux albums sont très différents graphiquement, j’ai eu le même ressenti en lisant les versions de Bess et de Fernandez. En effet, tous deux sont très respectueux du texte d’origine – peut-être trop finalement – dans lequel Fernandez a un peu plus coupé, se contant de moins d’une centaine de pages. L’autre point commun est la force du dessin. Mais, là où Bess use d’un Noir et Blanc tranché et pur, d’une grande beauté, Fernandez va tout au contraire mettre en avant un travail baroque et coloré, souvent plus proche du travail d’un peintre que de celui d’un bédéiste. Si le style n’est pas forcément ce que je préfère, on ne peut lui dénier une qualité et une beauté qui accompagnent très bien le récit, avec des touches forcément noires accentuant la noirceur d’un récit gothique.

13/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Mjöllnir
Mjöllnir

Les trois albums se laissent lire (les deux premiers forment une sorte de cycle), et plairont sans doute aux amateurs du genre ne cherchant pas trop à sortir de leur zone de confort. Le premier album est assez classique, joue sur les personnages et ressorts habituels de l’Héroïc fantasy à la Tolkien, avec une histoire centrée sur un Nain et ses relations tendues avec des Hommes. Dans les tomes suivants, le fantastique est bien plus présent – parfois trop à mon goût – et Peru met plutôt en avant la mythologie scandinave. L’ensemble se laisse lire, mais l’intrigue n’est finalement pas si fouillée que ça, et le fantastique et les bastons prennent au bout d’un moment trop le pas sur le reste je trouve. Ce côté baston dominant accentue le manque de profondeur de l’intrigue à mon avis, alors que le texte est parfois trop présent et pesant. Le dessin est globalement agréable. Très bon pour les personnages, en tout cas pour les visages et gros plans, il est toutefois moins précis et détaillé pour les décors et les plans larges. A emprunter à l’occasion.

13/10/2025 (modifier)
Couverture de la série Surface
Surface

L’intrigue immergée – dans tous les sens du terme pour le coup ! – dans un coin de la France profonde, et certains ressorts de l’histoire, m’ont fait penser à des téléfilms typés « France télévision », qui a priori ne sont pas trop mon truc. Mais cet album s’en éloigne quand même, ou à tout le moins se place dans le haut de ce panier. Je ne connais pas le roman d’origine, et donc ce qui a immanquablement dû être élagué, mais Matz, en vieux briscard du polar (personnel ou en adaptation) nous restitue quelque chose de très lisible, d’agréable et de fluide. L’intrigue est bien bâtie, tout est crédible, de l’histoire aux personnages (seule la volonté de Noémie, l’héroïne, de rester dans son bled provincial m’a au final étonné : qu’elle quitte Paris et son panier de crabes bien sûr, mais sans attache et urbaine, ça me laisse sceptique, mais bon). Le décor est bien planté, et l’enquête va en s’accélérant jusqu’aux inévitables rebondissements – en plusieurs étapes – du final. Mais, là aussi, ces rebondissements sont moins bourrins et/ou téléphonés que je ne le craignais. Alors, certes, rien d’extraordinaire. Mais on a là un divertissement bien fichu, du polar classique sans esbroufe où tout reste crédible – jusque dans la noirceur crasse de certains. Le rendu du dessin est un peu âpre, mais ça colle avec le sale caractère de Noémie, qui a pris dans la gueule une décharge de fusil et le mépris de sa hiérarchie au 36 quai des Orfèvres, et qui n’est pas d’un abord toujours agréable. Note réelle 3,5/5.

13/10/2025 (modifier)