Cet album est intéressant à double titre.
D’abord parce qu’il donne à voir les luttes syndicales, le combat mené par les ouvriers métallurgiste d’Usinor en Lorraine – et plus généralement de leurs familles et des habitants des villes concernées, face au démantèlement de l’outil industriel, les délocalisations « pour convenance actionnariales ». Cet aspect est bien traité et intéressant.
Mais l’intérêt de l’histoire est renforcé par le fait qu’au cœur des actions – et de l’album – c’est aussi l’activité d’une « radio libre », militante, « Lorraine Cœur d’Acier » donc, à la fin des années 1980, qui est mis en avant. En sus des luttes ouvrières, cette radio va aussi couvrir d’autres revendications, donnant la parole aux femmes, et plus généralement à tous ceux privés de paroles qui pouvaient trouver là un moyen de faire entendre des choses largement occultées. En cela cette radio, comme quelques autres à l’époque, faisait œuvre d’utilité publique.
La radio fait face aux blocages des instances nationales de la CGT – qui voient d’un mauvais œil la parole donnée à tous, y compris à Krivine et des « non communistes ».
La radio et les militants font aussi et surtout face au patronat, largement soutenu par l’État (voir le policier camouflé en casseur pour discréditer l’action des manifestant – une technique toujours utilisée hélas, ou les dépenses effectuées pour brouiller les émissions de la radio).
Le sujet militant, avec des ouvriers d’origine étrangère (italienne en particulier), le dessin aussi, tout m’a fait penser à quelques albums de Baru. Aussi n’ai-je pas été étonné de le retrouver dans la postface qui conclut l’album.
Une lecture intéressante, avec une narration agréable, et une bonne vision de l’agitation sociale de la fin des années Giscard.
Mouais. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette série n’est pas ma came. En tout cas je l’ai trouvé très décevante.
Du tout public qui s’adresse j’imagine avant tout à un jeune lectorat, qui saura peut-être mieux que moi accepter une intrigue naïve et manquant singulièrement de profondeur, voire d’intérêt.
Le dessin est plutôt sympa, et l’univers (avec ces décors de décharge géante habitée par de petits personnages) pouvait être attrayant.
Hélas je me suis assez rapidement désintéressé de l’histoire, qui se déroule mollement, sans surprise, avec un méchant caricatural mais sans saveur ni charisme, des gentils dont on sait juste qu’ils sont gentils, et une fin toute en guimauve.
A aucun moment la tension ne monte réellement, tout semble édulcoré, aseptisé. J’ai lu l’intégrale rapidement, je pense l’oublier aussi vite.
Voilà une série que j’ai trouvée déroutante. Déroutante en général. Mais aussi par rapport à ce que je connaissais de l’auteur (et je commence à avoir lu pas mal de Gipi !).
En effet, j’ai été surpris de retrouver le nom de Gipi sur cette couverture, qui singe – c’est le cas de le dire ! (même si la planète des singes érotomanes n’apparait que dans les premières pages, puis dans la conclusion de ce tome) – celle de pas mal de feuilletons/pulps des années 1950/60. Une couverture qui, par sa présentation, mais aussi ses « avertissements », me laissait penser que j’allais plonger dans une histoire d’humour déjanté et totalement loufoque, un genre qui n’est a priori pas celui dans lequel Gipi se lance habituellement.
Après avoir fini ce premier tome, je dois dire que pas mal de questions restent en suspens. Certes, ça n’est pas un gros délire d’humour débile. Mais les esprits cartésiens et autres amateurs de Franco-Belge classique peuvent s’abstenir. Car le casting est on ne peut plus surprenant. En plus de Barbarone, Terrien dont le vaisseau s’est échoué sur une planète perdue, nous avons une flaque de pisse (si si !), un personnage inclassable, Goggo, sorte de géant simplet (dans le cerveau duquel s’est glissé notre flaque de pisse – si si !), et quelques autres personnages improbable (dont uache, sorte de saucisson sur pattes).
Résumer l’intrigue est difficile et peu intéressant. Je ne sais pas si Gipi avait d’emblée l’histoire entière en tête. J’ai eu l’impression de lire parfois quelques improvisations.
Quant au dessin, ça reste ce qu’il y a de plus classique ici (mais là aussi ceux qui ne connaissent pas son coup de crayon et ne jurent que par du Franco-Belge classique seront déçus). Mais moi j’aime bien son trait nerveux, son crayonné rageur qui donne un rendu faussement brouillon, mais agréable et très lisible.
Au final, c’est un album très surprenant, qui va interroger ceux qui découvrent l’auteur comme ceux qui le connaissent bien, tant il livre ici quelque chose de foutraque et hors des sentiers battus – y compris par lui-même. A voir ce que ça va donner par la suite…
Un album qui met en lumière un aspect peu connu de la seconde guerre mondiale, la création de pouponnières par le IIIe Reich afin de peupler son empire d'enfants aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Les fameux Lebensborn, ils étaient situés principalement en Norvège et en Allemagne. Un programme de purification aryenne chapeauté par la SS.
Un album qui n'est pas présenté sous la forme d'un documentaire, mais par le biais d'une enquête familiale initiée par la mère de l'autrice, elle est née dans un Lebensborn en Norvège. Elle va retrouver de la famille et découvrir que son père était un SS.
Un récit bien construit, il m'a permis de m'instruire sur ces maternités de la honte et de m'attacher à tout ce petit monde qui gravite autour de la mère d'Isabelle Maroger. Par contre, malgré cet attachement, il m'a manqué de l'émotion pour être complètement comblé.
Un témoignage historique nécessaire pour faire connaître cette facette du nazisme.
Le dessin d'Isabelle Maroger est simple, expressif et va à l'essentiel. Pas d'esbroufes. Une ligne fluide, elle manque cependant de dynamisme. Une colorisation en adéquation avec ce style graphique.
Une mise en page aérée.
Très sympa.
Lecture conseillée.
Je réalise bien que les adaptations de jeux vidéo en BD sont rarement de qualité, mais j’ai beaucoup aimé le jeu « Horizon Zero Dawn », les critiques des comics sont plutôt bonnes, et surtout, l’équipe de Guerrilla Games a contribué à l’adaptation. Anne Toole est une des scénaristes du jeu, il est donc prometteur de la retrouver dans le même rôle sur ces 2 volumes.
Le premier tome se concentre sur le personnage de Talanah, leader du pavillon des grands chasseurs. J’ai trouvé l’histoire assez convenue et peu marquante, et le graphisme de Ann Maulina est sympa mais un peu trop typé manga pour moi.
Par contre le deuxième tome m’a plus plu… il se penche sur le personnage d’Érend, un des plus intéressant et attachant du jeu, et sur le destin tragique de sa soeur. Le style graphique m’a aussi plus enchanté.
Ces 2 tomes n’ont aucun intérêt si nous n’avez pas joué au jeu, mais je suis content de ma lecture, qui m’a permis de revisiter ce monde passionnant… Il ne me reste plus qu’à jouer au deuxième épisode, « Horizon Forbidden West ».
Le très beau noir & blanc de Chapouté nous invite au voyage, avec cette petite histoire tranquille et ordinaire. Une invitation à ouvrir notre regard non pas sur un lointain Alaska, mais bien sur le monde qui nous entoure ici et maintenant..
L'alsacien Christophe Chabouté est né en 70 et l'une de ses premières BD à rencontrer le succès sera Pleine lune, un récit policier publié en 1999. La consécration internationale viendra avec Tout seul, un album sorti en 2008.
Depuis le début de sa carrière, Chabouté reste fidèle à ses propres standards : un noir & blanc clair et précis, des héros plutôt ordinaires, une mise en page dynamique et des récits de peu de mots.
Alors il était vraiment grand temps qu'on rattrape notre inexcusable retard et qu'on parle de lui ici avec cet album au titre prometteur : "Plus loin qu'ailleurs".
Alexandre est gardien de parking. Gardien de nuit. Et pour une fois, il a décidé de partir plus loin qu'ailleurs.
« [...] - Et qu'est-ce que tu vas faire pendant des vacances ? T'en as jamais pris de ta vie !
Ça fait bien 20 piges que tu as le cul vissé sur cette chaise toutes les nuits. Le nez dans tes dessins.
- Je pars en Alaska !
[...] Je vais faire un trek. L'Alaska, le Klondike, le bout du monde quoi. »
[...] Je vis au même endroit depuis bientôt 28 ans. Je n'ai jamais vu la tête de mes voisins. Je n'ai jamais dit bonjour à mon facteur. Je ne sais même pas à quoi il ressemble. Je vis dans un quartier que je ne connais pas. [...] Une vie de hibou. »
Le voici donc qui se prépare à suivre les traces de Pete Fromm, son livre de chevet, après avoir glissé le "Manuel du randonneur" dans son sac. Jusqu'à l'aéroport tout va bien.
Mais là, patatras, son voyage est annulé. Et double patatras, Alexandre se casse la cheville dans les escalators. Le voilà de retour à la case départ où l'envie le reprend de radicalement changer d'air ou de point de vue : il prend donc une chambre dans l'hôtel ... en face de chez lui, juste de l'autre côté de la place.
À défaut d'ours polaires et de grands espaces il va enfin pouvoir découvrir son quartier et ses habitants. Étudier ses voisins (nous ?), leurs chaussures, leurs téléphones, leurs comportements, les bruits, les couleurs, les petits papiers jetés ici ou là.
Et le soir, de retour à son hôtel, Alexandre prend des notes dans son carnet de voyage.
La première sera : « partir en restant ».
Chaque "randonnée" autour de la place du quartier est l'occasion pour Alexandre et son lecteur, d'une petite leçon de vie, comme on dit.
Les dessins de Chabouté sont passionnants. Ce beau noir & blanc net, précis, laisse entrevoir de nouveaux détails à chaque lecture. Les pages ne sont pas envahies de bulles verbeuses ou explicatives et c'est avec l'enchaînement des plans, des cadrages, leur répétition, que le lecteur devine ce qui se trame.
Il y a là ce ton paisible des histoires tranquilles et ordinaires. Une astucieuse histoire qui se conclut de jolie façon, dans une ambiance qui rappelle beaucoup celle des albums d'Etienne Davodeau.
Et puis il y a là les petites leçons de vie qui nous sont dispensées, sans prétention, destinées à ouvrir notre regard non pas sur un lointain Alaska, mais bien sur le monde qui nous entoure ici et maintenant. Pour « se dépoussiérer les yeux » sur notre environnement, les passants, les voisins, ...
On frôle parfois la gentille philosophie quand une simple liste de courses devient une « nature morte » ou même la question existentielle quand on se demande si « un poisson au fond de l'eau entend râler le pêcheur assis sur la berge ? ».
Malgré ses apparences, cet album est tout de même un appel aux voyages.
Cette œuvre devrait toucher bien plus les lecteurs d'origine espagnole. Ce n'est pas mon cas mais j'aime l'histoire et j'ai lu plusieurs ouvrages sur la guerre civile espagnole. José Pablo Garcia adapte en BD un roman de Javier Cercas qui a eu un certain succès en Espagne. Comme le dit Javier qui est mis en scène dans la BD, il s'agit moins d'un roman que d'une histoire réelle d'un épisode minime mais très symbolique de la fin de la guerre. L'écrivain Rafael Sanchez Mazas est un intellectuel co-fondateur de la Phalange et théoricien du fascisme espagnol. A ce titre ses conseils et écrits vont participer au coup d'état contre la République ce qui va mener à la guerre. Plusieurs fois interpellé, il s'en tire grâce à des amitiés de l'autre camp ( Prieto). Arrêté à Barcelone, il fuit lors de son exécution et doit la vie à un soldat républicain qui le laisse partir. Cet épisode et ses suites fait de Mazas un héros à la fin de la guerre. Cercas s'empare de cette notion de héros pour démêler le vrai du faux du récit de Mazas . De fil en aiguille le récit s'équilibre en retrouvant le soldat républicain.
C'est donc un minuscule épisode puisque le sort de la guerre est réglé. Pourtant cela accroche vite grâce au côté romanesque de la situation. En effet pendant ces quelques jours, Mazas va trouver du secours auprès de plusieurs soldats républicains désabusés et avides de retrouver la paix. C'est comme si les auteurs voulaient mettre en avant la vérité historique dans un esprit de réconciliation dans cette guerre fratricide. Le récit se partage en trois parties: une mise en place du projet, la lecture historique et la conclusion du soldat républicain. Le scénario est bien construit autour de ces différents genres historiques, journalistique et romanesques. Malgré trois parties très différentes Garcia réussit à construire un récit cohérent imprégné d'une ambiance où l'humour et la dérision sont présentes pour alléger un sujet toujours sensible en Espagne.
Le graphisme est assez simple avec une forte économie de couleurs. Cela reste toutefois plaisant à lire même si la narration textuelle domine largement.
Une lecture un peu "niche" qui intéressera les passionnés d'histoire en dehors des familles d'origine espagnole.
Voila une série amusante qui fait passer un agréable moment de lecture détente. Stéphane Grodet propose un scénario feel good sur un thématique assez peu visitée, l'importance du sommeil. Le pauvre Jean sorte de gros nounours looser de la vie compétitive habituelle devient un winner de la douceur dans une activité inattendue: faire bien dormir de richissimes clientes accablées par le stress de la vie moderne. Toutefois un partage d'intimité même sans sexe, est quelque chose de particulièrement difficile à gérer. L'auteur traite le sujet d'une façon humoristique et légère. Il installe une ambiance bon enfant où tous les personnages sont attachants.
J'aurais préféré la dénomination de Doudou Man qui convient mieux à la richesse du personnage.
Le graphisme de Théo Calméjane travaille sur un dessin simple qui privilégie l'expressivité des personnages aux détails qui l'entoure. Sa gestion de l'espace explique surement la pagination importante pour une histoire somme toute simple sans rebondissement inattendu. La narration reste linéaire et très fluide procurant une lecture agréable pour un très large public. Enfin j'ai beaucoup apprécié la mise en couleur très douce qui convient parfaitement à l'esprit de la BD.
Une comédie sympa qui vide la tête des soucis de la journée sans autre prétention que de passer un bon moment à l'image du personnage de Jean. Objectif réalisé. Un bon 3
Cette BD m'a séduit essentiellement pour son graphisme. Et dans une moindre mesure pour son sujet et la manière dont il est traité. C'est peut-être sa naïveté, qui la destinerait plutôt à un public ado (n'était-ce son thème), ainsi que son manque de souffle qui lui interdit une meilleure note.
Oui, le dessin de Maurane Mazars est joli, parfois splendide. A plusieurs reprises, j'ai songé à La Saga de Grimr de Jérémie Moreau, ou au travail de Brecht Evans. En tous cas moi, ça me plait beaucoup. Le dessin est à lui seul un motif de voyage, ce qui est plutôt appréciable pour une BD.
L'histoire est sympa et s'accroche à des thématiques auxquelles je suis d'ordinaire aisément sensible, telles que la famille, l'alchimie, la nature... Le ton est celui du conte, ce qui colle bien à la forme adoptée, est traite de questions d'actualité, notamment la place de la science dans la société.
C'est probablement le ton un peu naïf à mon goût qui vient tempérer mon enthousiasme, ainsi qu'une absence de rebondissement. J'ai un peu le sentiment que, dans une certaine mesure, ce côté un peu naïf gomme les effets de surprise. Certains personnages restent également un peu anecdotiques. C'est le cas d'Achillée dont le rôle est accessoire, si ce n'est inutile.
A part ça, c'est une très jolie BD qui m'a permis de faire connaissance avec une jeune autrice de talent.
J’ai globalement bien aimé le dessin et la colorisation de Bones. Un rendu moderne et noir assez agréable. Pas hyper travaillé, mais quelque chose qui passe très bien et convient au genre de série B dans lequel semble s’inscrire ce récit.
Le récit justement. Au départ de la SF pure, dans une version un peu glauque de l’exploitation des ressources lunaires, qui bascule assez rapidement dans un thriller/polar plutôt violent.
Pas hyper original, mais ça se laisse lire sans problème. Jusqu’au dernier quart de l’album, où là j’ai clairement été déçu. D’une part la « secte » ne m’a pas du tout convaincu. Mais en plus la fin est trop brutale, et m’a laissé sur ma faim.
A emprunter à l’occasion, mais la fin, expédiée, m’a donné l’impression d’avoir été bâclée, comme si l’auteur n’avait pas d’idée claire de la conclusion à donner à son intrigue.
Note réelle 2,5/5.
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Nos enjeux environnementaux
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Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
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Lorraine Coeur d'acier
Cet album est intéressant à double titre. D’abord parce qu’il donne à voir les luttes syndicales, le combat mené par les ouvriers métallurgiste d’Usinor en Lorraine – et plus généralement de leurs familles et des habitants des villes concernées, face au démantèlement de l’outil industriel, les délocalisations « pour convenance actionnariales ». Cet aspect est bien traité et intéressant. Mais l’intérêt de l’histoire est renforcé par le fait qu’au cœur des actions – et de l’album – c’est aussi l’activité d’une « radio libre », militante, « Lorraine Cœur d’Acier » donc, à la fin des années 1980, qui est mis en avant. En sus des luttes ouvrières, cette radio va aussi couvrir d’autres revendications, donnant la parole aux femmes, et plus généralement à tous ceux privés de paroles qui pouvaient trouver là un moyen de faire entendre des choses largement occultées. En cela cette radio, comme quelques autres à l’époque, faisait œuvre d’utilité publique. La radio fait face aux blocages des instances nationales de la CGT – qui voient d’un mauvais œil la parole donnée à tous, y compris à Krivine et des « non communistes ». La radio et les militants font aussi et surtout face au patronat, largement soutenu par l’État (voir le policier camouflé en casseur pour discréditer l’action des manifestant – une technique toujours utilisée hélas, ou les dépenses effectuées pour brouiller les émissions de la radio). Le sujet militant, avec des ouvriers d’origine étrangère (italienne en particulier), le dessin aussi, tout m’a fait penser à quelques albums de Baru. Aussi n’ai-je pas été étonné de le retrouver dans la postface qui conclut l’album. Une lecture intéressante, avec une narration agréable, et une bonne vision de l’agitation sociale de la fin des années Giscard.
Planète Nabiroo (Carrion)
Mouais. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette série n’est pas ma came. En tout cas je l’ai trouvé très décevante. Du tout public qui s’adresse j’imagine avant tout à un jeune lectorat, qui saura peut-être mieux que moi accepter une intrigue naïve et manquant singulièrement de profondeur, voire d’intérêt. Le dessin est plutôt sympa, et l’univers (avec ces décors de décharge géante habitée par de petits personnages) pouvait être attrayant. Hélas je me suis assez rapidement désintéressé de l’histoire, qui se déroule mollement, sans surprise, avec un méchant caricatural mais sans saveur ni charisme, des gentils dont on sait juste qu’ils sont gentils, et une fin toute en guimauve. A aucun moment la tension ne monte réellement, tout semble édulcoré, aseptisé. J’ai lu l’intégrale rapidement, je pense l’oublier aussi vite.
Barbarone
Voilà une série que j’ai trouvée déroutante. Déroutante en général. Mais aussi par rapport à ce que je connaissais de l’auteur (et je commence à avoir lu pas mal de Gipi !). En effet, j’ai été surpris de retrouver le nom de Gipi sur cette couverture, qui singe – c’est le cas de le dire ! (même si la planète des singes érotomanes n’apparait que dans les premières pages, puis dans la conclusion de ce tome) – celle de pas mal de feuilletons/pulps des années 1950/60. Une couverture qui, par sa présentation, mais aussi ses « avertissements », me laissait penser que j’allais plonger dans une histoire d’humour déjanté et totalement loufoque, un genre qui n’est a priori pas celui dans lequel Gipi se lance habituellement. Après avoir fini ce premier tome, je dois dire que pas mal de questions restent en suspens. Certes, ça n’est pas un gros délire d’humour débile. Mais les esprits cartésiens et autres amateurs de Franco-Belge classique peuvent s’abstenir. Car le casting est on ne peut plus surprenant. En plus de Barbarone, Terrien dont le vaisseau s’est échoué sur une planète perdue, nous avons une flaque de pisse (si si !), un personnage inclassable, Goggo, sorte de géant simplet (dans le cerveau duquel s’est glissé notre flaque de pisse – si si !), et quelques autres personnages improbable (dont uache, sorte de saucisson sur pattes). Résumer l’intrigue est difficile et peu intéressant. Je ne sais pas si Gipi avait d’emblée l’histoire entière en tête. J’ai eu l’impression de lire parfois quelques improvisations. Quant au dessin, ça reste ce qu’il y a de plus classique ici (mais là aussi ceux qui ne connaissent pas son coup de crayon et ne jurent que par du Franco-Belge classique seront déçus). Mais moi j’aime bien son trait nerveux, son crayonné rageur qui donne un rendu faussement brouillon, mais agréable et très lisible. Au final, c’est un album très surprenant, qui va interroger ceux qui découvrent l’auteur comme ceux qui le connaissent bien, tant il livre ici quelque chose de foutraque et hors des sentiers battus – y compris par lui-même. A voir ce que ça va donner par la suite…
Lebensborn
Un album qui met en lumière un aspect peu connu de la seconde guerre mondiale, la création de pouponnières par le IIIe Reich afin de peupler son empire d'enfants aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Les fameux Lebensborn, ils étaient situés principalement en Norvège et en Allemagne. Un programme de purification aryenne chapeauté par la SS. Un album qui n'est pas présenté sous la forme d'un documentaire, mais par le biais d'une enquête familiale initiée par la mère de l'autrice, elle est née dans un Lebensborn en Norvège. Elle va retrouver de la famille et découvrir que son père était un SS. Un récit bien construit, il m'a permis de m'instruire sur ces maternités de la honte et de m'attacher à tout ce petit monde qui gravite autour de la mère d'Isabelle Maroger. Par contre, malgré cet attachement, il m'a manqué de l'émotion pour être complètement comblé. Un témoignage historique nécessaire pour faire connaître cette facette du nazisme. Le dessin d'Isabelle Maroger est simple, expressif et va à l'essentiel. Pas d'esbroufes. Une ligne fluide, elle manque cependant de dynamisme. Une colorisation en adéquation avec ce style graphique. Une mise en page aérée. Très sympa. Lecture conseillée.
Horizon Zero Dawn
Je réalise bien que les adaptations de jeux vidéo en BD sont rarement de qualité, mais j’ai beaucoup aimé le jeu « Horizon Zero Dawn », les critiques des comics sont plutôt bonnes, et surtout, l’équipe de Guerrilla Games a contribué à l’adaptation. Anne Toole est une des scénaristes du jeu, il est donc prometteur de la retrouver dans le même rôle sur ces 2 volumes. Le premier tome se concentre sur le personnage de Talanah, leader du pavillon des grands chasseurs. J’ai trouvé l’histoire assez convenue et peu marquante, et le graphisme de Ann Maulina est sympa mais un peu trop typé manga pour moi. Par contre le deuxième tome m’a plus plu… il se penche sur le personnage d’Érend, un des plus intéressant et attachant du jeu, et sur le destin tragique de sa soeur. Le style graphique m’a aussi plus enchanté. Ces 2 tomes n’ont aucun intérêt si nous n’avez pas joué au jeu, mais je suis content de ma lecture, qui m’a permis de revisiter ce monde passionnant… Il ne me reste plus qu’à jouer au deuxième épisode, « Horizon Forbidden West ».
Plus loin qu'ailleurs
Le très beau noir & blanc de Chapouté nous invite au voyage, avec cette petite histoire tranquille et ordinaire. Une invitation à ouvrir notre regard non pas sur un lointain Alaska, mais bien sur le monde qui nous entoure ici et maintenant.. L'alsacien Christophe Chabouté est né en 70 et l'une de ses premières BD à rencontrer le succès sera Pleine lune, un récit policier publié en 1999. La consécration internationale viendra avec Tout seul, un album sorti en 2008. Depuis le début de sa carrière, Chabouté reste fidèle à ses propres standards : un noir & blanc clair et précis, des héros plutôt ordinaires, une mise en page dynamique et des récits de peu de mots. Alors il était vraiment grand temps qu'on rattrape notre inexcusable retard et qu'on parle de lui ici avec cet album au titre prometteur : "Plus loin qu'ailleurs". Alexandre est gardien de parking. Gardien de nuit. Et pour une fois, il a décidé de partir plus loin qu'ailleurs. « [...] - Et qu'est-ce que tu vas faire pendant des vacances ? T'en as jamais pris de ta vie ! Ça fait bien 20 piges que tu as le cul vissé sur cette chaise toutes les nuits. Le nez dans tes dessins. - Je pars en Alaska ! [...] Je vais faire un trek. L'Alaska, le Klondike, le bout du monde quoi. » [...] Je vis au même endroit depuis bientôt 28 ans. Je n'ai jamais vu la tête de mes voisins. Je n'ai jamais dit bonjour à mon facteur. Je ne sais même pas à quoi il ressemble. Je vis dans un quartier que je ne connais pas. [...] Une vie de hibou. » Le voici donc qui se prépare à suivre les traces de Pete Fromm, son livre de chevet, après avoir glissé le "Manuel du randonneur" dans son sac. Jusqu'à l'aéroport tout va bien. Mais là, patatras, son voyage est annulé. Et double patatras, Alexandre se casse la cheville dans les escalators. Le voilà de retour à la case départ où l'envie le reprend de radicalement changer d'air ou de point de vue : il prend donc une chambre dans l'hôtel ... en face de chez lui, juste de l'autre côté de la place. À défaut d'ours polaires et de grands espaces il va enfin pouvoir découvrir son quartier et ses habitants. Étudier ses voisins (nous ?), leurs chaussures, leurs téléphones, leurs comportements, les bruits, les couleurs, les petits papiers jetés ici ou là. Et le soir, de retour à son hôtel, Alexandre prend des notes dans son carnet de voyage. La première sera : « partir en restant ». Chaque "randonnée" autour de la place du quartier est l'occasion pour Alexandre et son lecteur, d'une petite leçon de vie, comme on dit. Les dessins de Chabouté sont passionnants. Ce beau noir & blanc net, précis, laisse entrevoir de nouveaux détails à chaque lecture. Les pages ne sont pas envahies de bulles verbeuses ou explicatives et c'est avec l'enchaînement des plans, des cadrages, leur répétition, que le lecteur devine ce qui se trame. Il y a là ce ton paisible des histoires tranquilles et ordinaires. Une astucieuse histoire qui se conclut de jolie façon, dans une ambiance qui rappelle beaucoup celle des albums d'Etienne Davodeau. Et puis il y a là les petites leçons de vie qui nous sont dispensées, sans prétention, destinées à ouvrir notre regard non pas sur un lointain Alaska, mais bien sur le monde qui nous entoure ici et maintenant. Pour « se dépoussiérer les yeux » sur notre environnement, les passants, les voisins, ... On frôle parfois la gentille philosophie quand une simple liste de courses devient une « nature morte » ou même la question existentielle quand on se demande si « un poisson au fond de l'eau entend râler le pêcheur assis sur la berge ? ». Malgré ses apparences, cet album est tout de même un appel aux voyages.
Les Soldats de Salamine
Cette œuvre devrait toucher bien plus les lecteurs d'origine espagnole. Ce n'est pas mon cas mais j'aime l'histoire et j'ai lu plusieurs ouvrages sur la guerre civile espagnole. José Pablo Garcia adapte en BD un roman de Javier Cercas qui a eu un certain succès en Espagne. Comme le dit Javier qui est mis en scène dans la BD, il s'agit moins d'un roman que d'une histoire réelle d'un épisode minime mais très symbolique de la fin de la guerre. L'écrivain Rafael Sanchez Mazas est un intellectuel co-fondateur de la Phalange et théoricien du fascisme espagnol. A ce titre ses conseils et écrits vont participer au coup d'état contre la République ce qui va mener à la guerre. Plusieurs fois interpellé, il s'en tire grâce à des amitiés de l'autre camp ( Prieto). Arrêté à Barcelone, il fuit lors de son exécution et doit la vie à un soldat républicain qui le laisse partir. Cet épisode et ses suites fait de Mazas un héros à la fin de la guerre. Cercas s'empare de cette notion de héros pour démêler le vrai du faux du récit de Mazas . De fil en aiguille le récit s'équilibre en retrouvant le soldat républicain. C'est donc un minuscule épisode puisque le sort de la guerre est réglé. Pourtant cela accroche vite grâce au côté romanesque de la situation. En effet pendant ces quelques jours, Mazas va trouver du secours auprès de plusieurs soldats républicains désabusés et avides de retrouver la paix. C'est comme si les auteurs voulaient mettre en avant la vérité historique dans un esprit de réconciliation dans cette guerre fratricide. Le récit se partage en trois parties: une mise en place du projet, la lecture historique et la conclusion du soldat républicain. Le scénario est bien construit autour de ces différents genres historiques, journalistique et romanesques. Malgré trois parties très différentes Garcia réussit à construire un récit cohérent imprégné d'une ambiance où l'humour et la dérision sont présentes pour alléger un sujet toujours sensible en Espagne. Le graphisme est assez simple avec une forte économie de couleurs. Cela reste toutefois plaisant à lire même si la narration textuelle domine largement. Une lecture un peu "niche" qui intéressera les passionnés d'histoire en dehors des familles d'origine espagnole.
Pillow Man - L'Homme de nos rêves
Voila une série amusante qui fait passer un agréable moment de lecture détente. Stéphane Grodet propose un scénario feel good sur un thématique assez peu visitée, l'importance du sommeil. Le pauvre Jean sorte de gros nounours looser de la vie compétitive habituelle devient un winner de la douceur dans une activité inattendue: faire bien dormir de richissimes clientes accablées par le stress de la vie moderne. Toutefois un partage d'intimité même sans sexe, est quelque chose de particulièrement difficile à gérer. L'auteur traite le sujet d'une façon humoristique et légère. Il installe une ambiance bon enfant où tous les personnages sont attachants. J'aurais préféré la dénomination de Doudou Man qui convient mieux à la richesse du personnage. Le graphisme de Théo Calméjane travaille sur un dessin simple qui privilégie l'expressivité des personnages aux détails qui l'entoure. Sa gestion de l'espace explique surement la pagination importante pour une histoire somme toute simple sans rebondissement inattendu. La narration reste linéaire et très fluide procurant une lecture agréable pour un très large public. Enfin j'ai beaucoup apprécié la mise en couleur très douce qui convient parfaitement à l'esprit de la BD. Une comédie sympa qui vide la tête des soucis de la journée sans autre prétention que de passer un bon moment à l'image du personnage de Jean. Objectif réalisé. Un bon 3
Là où dorment les géants
Cette BD m'a séduit essentiellement pour son graphisme. Et dans une moindre mesure pour son sujet et la manière dont il est traité. C'est peut-être sa naïveté, qui la destinerait plutôt à un public ado (n'était-ce son thème), ainsi que son manque de souffle qui lui interdit une meilleure note. Oui, le dessin de Maurane Mazars est joli, parfois splendide. A plusieurs reprises, j'ai songé à La Saga de Grimr de Jérémie Moreau, ou au travail de Brecht Evans. En tous cas moi, ça me plait beaucoup. Le dessin est à lui seul un motif de voyage, ce qui est plutôt appréciable pour une BD. L'histoire est sympa et s'accroche à des thématiques auxquelles je suis d'ordinaire aisément sensible, telles que la famille, l'alchimie, la nature... Le ton est celui du conte, ce qui colle bien à la forme adoptée, est traite de questions d'actualité, notamment la place de la science dans la société. C'est probablement le ton un peu naïf à mon goût qui vient tempérer mon enthousiasme, ainsi qu'une absence de rebondissement. J'ai un peu le sentiment que, dans une certaine mesure, ce côté un peu naïf gomme les effets de surprise. Certains personnages restent également un peu anecdotiques. C'est le cas d'Achillée dont le rôle est accessoire, si ce n'est inutile. A part ça, c'est une très jolie BD qui m'a permis de faire connaissance avec une jeune autrice de talent.
Blood Moon (Lowreader présente)
J’ai globalement bien aimé le dessin et la colorisation de Bones. Un rendu moderne et noir assez agréable. Pas hyper travaillé, mais quelque chose qui passe très bien et convient au genre de série B dans lequel semble s’inscrire ce récit. Le récit justement. Au départ de la SF pure, dans une version un peu glauque de l’exploitation des ressources lunaires, qui bascule assez rapidement dans un thriller/polar plutôt violent. Pas hyper original, mais ça se laisse lire sans problème. Jusqu’au dernier quart de l’album, où là j’ai clairement été déçu. D’une part la « secte » ne m’a pas du tout convaincu. Mais en plus la fin est trop brutale, et m’a laissé sur ma faim. A emprunter à l’occasion, mais la fin, expédiée, m’a donné l’impression d’avoir été bâclée, comme si l’auteur n’avait pas d’idée claire de la conclusion à donner à son intrigue. Note réelle 2,5/5.