Lebensborn

Isabelle Maroger raconte comment une simple remarque -un brin raciste- d'une dame dans le tramway lui a permis de dérouler le fil de ses origines.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale La BD au féminin Pays scandinaves Secrets de famille...
Un matin qu'elle se promène avec son fils, bébé, Isabelle Maroger se fait interpeller par une femme qui la complimente pour ce bel enfant blond aux yeux bleus et ajoute « ça devient rare comme race »... Un choc pour Isabelle, qui réalise qu'il est temps pour elle de raconter son histoire. Car si elle est, elle aussi, grande, blonde et aux yeux bleus, c'est parce qu'elle est à moitié norvégienne. Sa mère est née, pendant la guerre, dans un Lebensborn, ces maternités mises en place par les nazis pour produire à la chaîne de bons petits aryens.
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Date de parution | 17 Janvier 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Un album qui met en lumière un aspect peu connu de la seconde guerre mondiale, la création de pouponnières par le IIIe Reich afin de peupler son empire d'enfants aux yeux bleus et aux cheveux blonds. Les fameux Lebensborn, ils étaient situés principalement en Norvège et en Allemagne. Un programme de purification aryenne chapeauté par la SS. Un album qui n'est pas présenté sous la forme d'un documentaire, mais par le biais d'une enquête familiale initiée par la mère de l'autrice, elle est née dans un Lebensborn en Norvège. Elle va retrouver de la famille et découvrir que son père était un SS. Un récit bien construit, il m'a permis de m'instruire sur ces maternités de la honte et de m'attacher à tout ce petit monde qui gravite autour de la mère d'Isabelle Maroger. Par contre, malgré cet attachement, il m'a manqué de l'émotion pour être complètement comblé. Un témoignage historique nécessaire pour faire connaître cette facette du nazisme. Le dessin d'Isabelle Maroger est simple, expressif et va à l'essentiel. Pas d'esbroufes. Une ligne fluide, elle manque cependant de dynamisme. Une colorisation en adéquation avec ce style graphique. Une mise en page aérée. Très sympa. Lecture conseillée.


En effet, ce n'est pas du tout une BD sur les lebensborns, les pouponnières du IIIe Reich, mais sur une femme qui enquête sur son passé, plus exactement celui de sa propre mère, elle-même née dans une telle institution. Alors oui, c'est une histoire familiale tout à fait singulière qui valait certainement la peine d'être racontée. Seulement voilà, Isabelle Maroger, l'autrice, n'évite pas certains écueils. En premier lieu l'anecdotisation de la chose. J'imaginais en effet quelque chose de très perturbant, occasion de s'interroger sur une pelletée de sujets comme le racisme, le lien avec les origines, et par-delà le réel, sur le parcours de vie, la prédestination, la génétique, que sais-je encore ? Rien de tout cela ici, ou alors à peine esquissé. Le propos reste terre à terre, et mon sentiment d'être passé à côté de quelque chose s'est fait cruellement sentir à la fin de ma lecture. Le dessin vient comme corroborer cette impression : outre qu'il ne me titille pas la rétine plus que ça, il demeure illustratif, s'en tient au concret et jamais ne prend des libertés avec le réel. D'ailleurs, les pages ne sont pas très nourrissantes visuellement, animées seulement de trois ou quatre dessins. Bon, c'est bien, c'est un peu émouvant quand même, mais Lebensborn ne vaut selon moi guère mieux que l'épisode d'un youtubeur qui consacrerait une vidéo de cinq minutes au sujet. C'est un peu méchant, je le reconnais, mais comment cacher ma déception devant cette BD qui passe en dessous de son sujet ?


En empruntant cet album, je m’attendais à lire un documentaire, sur un sujet dont j’avais vaguement entendu parler, mais que je ne connaissais en fait pas vraiment. En fait ça n’est pas du tout un documentaire. Mais le dossier final, et l’histoire de la famille de l’auteure, narrée ici, permettent quand même de mieux connaitre cet aspect de la politique nazie durant la seconde guerre mondiale. Car en fait c’est l’histoire personnelle et familiale de l’auteure qui nous est présentée, c’est un album en grande partie biographique et autobiographique, puisque la grand-mère norvégienne d’Isabelle Maroger a été victime de cette politique nataliste et quasi eugéniste : les soldats nazis étaient encouragés à « engrosser » des femmes répondant aux critères raciaux nazis, leurs enfants étant ensuite « recueillis » dans des « Lebensborn », pour ensuite être adoptés, comme ce fut le cas de la mère de l’auteure. C’est en Norvège que ce programme a été le plus développé (les « Nordiques » correspondant davantage aux critères raciaux recherchés), mais j’ai appris dans le dossier final qu’il y a eu un Lebensborn en France ! L’auteure et sa mère rencontrent, après avoir fortuitement pris connaissance de leur histoire, leur famille norvégienne : ces passages donnent lieu à quelques moments émouvants, lorsque la vie de la grand-mère est évoquée. Le dessin est plutôt surprenant pour ce type de récit un peu dramatique et historique. En effet, on a quelque chose de presque « girly ». Mais je dois dire que ça passe très bien. C’est vif, frais, la narration est aérée (l’absence de gaufrier joue aussi). Bref, une lecture agréable et intéressante.


C'est un chouette premier roman graphique produit là par Isabelle Maroger (Zaza pour les intimes dont je ne suis pas). Elle a eu la chance d'avoir une très belle histoire à sa disposition et il faut lui reconnaître le talent de l'avoir très bien mise en valeur. Sa narration est très fluide et fait bien plus la place au côté humain des personnages qu'à une description didactique et impersonnelle du programme nazi des Lebensborn. Tout commence dans le bus par une remarque raciste banalisée qui laisse Zaza meurtrie et sans réponse. La thématique première du roman est lancée d'une façon subtile et intelligente. Déjà au collège la jeune adolescente avait vécu une première alerte mais ce n'est qu'à la mort de sa grand-mère adoptive qu'elle découvre la tragique histoire de l'enfance de sa maman qui rejoint une face sombre et peu connue de la folie nazi. L'autrice choisit le parcours singulier de sa maman qu'elle peut mettre en parallèle avec celui de sa tante. En effet les deux sœurs dans la même situation ( grossesse avec un soldat allemand) ont "choisi" deux voies différentes. Cela donne un récit historique très bien mené avec une forte intensité émotionnelle et dramatique sans jugement ni culpabilisation. Je ne connaissais que de très loin ce sujet et j'ai apprécié la façon dont l'autrice le traite avec beaucoup de tact et de sensibilité. Maroger écoute et prend le temps de remettre ces rencontres amoureuses dans leur contexte. Le graphisme incline vers la jeunesse et rend le récit vivant et dynamique. Cela a l'avantage d e dédramatiser une thématique assez lourde car beaucoup de ces enfants innocents ont lourdement porté le poids de la haine sur eux. Les extérieurs sont minimalistes mais réussissent à donner une bonne ambiance des lieux et des époques évoquées. Une belle lecture pour un très large public.


Un coup de cœur pour cet album. Isabelle Maroger raconte avec finesse, subtilité et émotion l'histoire de sa mère qu'elles découvrent ensemble en famille. La barbarie nazie ne s'est pas exprimée que dans les camps. Une belle BD pour s'en rappeler. Et bravo aussi pour l'illustration qui fait passer l'émotion sans lourdeur.


J'avais entendu parler des Lebensborn, ces "usines à bébé" destinées à fournir des milliers d'enfants de "race pure" au IIIème Reich, mais j'en avais -comme plein de gens je suppose- un vision probablement biaisée par l'imagerie que l'on peut avoir des réalisations du régime nazi. Isabelle Maroger, dont la mère est née dans un de ces établissements en Norvège, en a fait l'objet de sa bande dessinée après qu'une personne indélicate lui ait fait une remarque très particulière sur les traits "raciaux" de son enfant. Une remarque qui l'a replongée dans son passé, lorsqu'elle a découvert, au collège, l'existence de ces lebensborn et fait en partie le lien avec l'histoire de sa mère. Jouant un rôle tour à tour moteur et celui d'une spectatrice, elle assiste donc à la procédure permettant à sa mère d'en savoir plus sur ses origines. Et sans jouer plus que ça la corde victimisante ou moralisatrice, nous décrit de manière émouvante et digne cette sensation étrange de se trouver, à l'âge adulte (voire plus) une famille dont on ne soupçonnait pas l'existence. Lorsqu'elle a initié ce récit il y a plusieurs années auprès de son éditrice de l'époque, Maroger avait peur de ne pas être mature, au niveau de l'écriture et du graphisme, mais celle-ci l'a poussée à y croire, à développer tous ses éléments, mettre des mots sur des sentiments parfois confus, pour que cette histoire voie le jour. Et ce processus arrive à son terme avec cet album plutôt équilibré, très clair dans son propos, et assez émouvant car il doit y avoir des dizaines de milliers de personnes issues de ce programme spécial initié par Himmler... Graphiquement le style d'Isabelle Morager est assez typique de ce qui se fait en illustration jeunesse (cela ne dénoterait pas, par exemple, dans un roman de Roald Dahl, tiens, un Norvégien devenu anglais !), et ces qualités d'illustration lui permettent de placer les éléments essentiels dans ses planches. Si souvent les scènes un peu intimistes sont réduites à l'essentiel en termes d'éléments, elle ne s'interdit pas, à l'occasion, de dessiner des beaux paysages naturels ou de l'architecture. On sent qu'elle met beaucoup de choses personnelles dans cet album, mais aussi de se faire plaisir graphiquement parlant.
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