L’intrigue est originale, tout du moins surprenante. Mais la magie fonctionne et on accepte assez facilement cette histoire de Jean, « homme oreiller », employé par une société qui fournit à quelques riches clients excentriques quelqu’un qui va les aider à trouver un sommeil tranquille, en se couchant avec eux – sans coucher avec eux…
Évidemment, Jean a du mal à avouer à sa compagne la réalité de son nouvel emploi, lui qui est resté chômeur très longtemps. Et lorsqu’il essaye de le lui dire, ça se passe plutôt mal – ce qu’on peut comprendre.
L’histoire est improbable, et tout sonne « feel good », mais Stéphane Grodet parvient à tout nous faire passer, un peu dans la veine d’un Zidrou. La lecture est rapide, malgré une pagination conséquente, et plutôt agréable.
Note réelle 3,5/5.
Le photographe est sans conteste l'une des meilleures BD qu'il m'ait été donné de lire à ce jour. Je me suis enquillé les trois tomes tel le goinfre. Pourtant, l'idée de mêler photographies et dessin ne m'enchantait pas plus que ça, mais il y a un vrai jeu avec les clichés. Certains sont biffés, comme recalés, d'autres arrivent comme un contrepoint, ou comme une formidable ouverture. C'est génial.
Le dessin est top. le récit tout autant. On apprend des trucs incroyables qui cassent les clichés et les idées reçues. Et c'est une histoire vraie !
C'est une des rares BD pour laquelle j'ai consenti à faire l'acquisition d'une version luxueuse avec tirages de photos et coffret...
Depuis, Emmanuel Guibert occupe une bonne place dans mon panthéon personnel.
Franchement, qu'est-ce qu'on peut dire ? Oui, il y a du racisme dans les premiers Tintin (Tintin au Congo, c'est même carrément gratiné). Mais on aura beau critiquer, cette série restera pour moi (comme pour pas mal de gens à travers le monde je crois savoir) comme une montagne. J'ai lu et relu cent fois les aventures de ce petit reporter qui prend corps au fil des épisodes. Comme avec Astérix, je connais chaque album par cœur (et même les deux versions de l'Ile noire !). Ca a nourri mon imaginaire de gosse, et je ne suis pas devenu raciste pour autant, tout comme les lecteurs d'Harry P. ne sont pas tous devenus transphobes).
Rien à ajouter à ma déclaration : je reconnais les faits mais reste innocent !
Alors là, c'est typiquement la BD à lire d'une seule main : le néant scénaristique contraste avec le graphisme impeccable de ces jeunes-femmes opulentes et on-ne-peut difficilement plus désirables. Ces histoires ne sont que des mises en scènes de fantasmes de bas-étage avec des femmes ultra désirables, et, most of all, extrêmement consentantes, le tout servi par un dessin au poil (si je puis dire) : c'est le cul pour le cul (mais bon, y a pas de mal non plus hein ? Si après tout Dieu nous a doté d'un corps, c'est bien pour en jouir). Ca fait quand même un petit quelque chose, j'avoue, essentiellement parce que c'est ultra bien dessiné.
Ces fantasmes ne sont supportables que parce qu'ici les femmes sont les véritables instigatrices. Bon, c'est vrai aussi que le dessinateur est un homme : facile ! A condition de prendre la chose pour ce qu'elle est, y a moyen de bien kiffer ! (on notera l'effort pour le jeu de mot facile)...
Une nouvelle BD des auteurs de Tananarive, Kleos ou À mourir entre les bras de ma nourrice, servi par un dessin d'un auteur qui, semble-t-il, fait ici sa première production, moi je dis banco !
Et effectivement, c'est extrêmement bien mené. Les deux auteurs ne sont pas des manches et ont confiés le travail à quelqu'un qui sait s'y faire niveau coup de crayon. Le résultat est un polar bien ficelé et qui ne tombe pas dans les pièges grossiers du genre avec un discours étonnant et des surprises au scénario.
Je ne me cache pas de ne pas aimer le genre du polar, extrêmement codifié et qui tombe dans des clichés permanents que je déteste, souvent assaisonnées de ficelles énorme pour provoquer un retournement de situation épique qui décoiffe le lecteur. Ici, on est dans le polar que j'aime et qui sent bien plus la réalité.
Le scénario se concentre sur le Darknet et ses conséquences dans la vraie vie, le tout mélangeant justement l'implication de l'un sur l'autre. La BD évoquera plusieurs sujets jamais centraux pour autant : les enfants de l'immigration, la violence dans les quartiers, l'incompréhension entre générations sur les technologies ... Mais aussi des sujets parfois bêtes mais qui servent l'histoire. Ici les flics existent et s'ils n'arrêtent pas tout en plein milieu c'est surtout faute de moyens efficaces. La police n'est ni bête ni incapable, juste handicapée par un manque de budget. Réaliste, donc, et qui justifie que certaines choses aient lieu. Ce genre de détails m'intéressent puisqu'ils crédibilisent l'ensemble du récit en évitant les poncifs comme des flics incrédules ou stupides ce qui justifie leurs non-intervention jusqu'au bout du récit.
Mais si la construction, donc, est crédible, elle est aussi très bien tenue. Il s'agit d'un polar sur une lycéenne qui trempe dans des activités souvent louches autour de sites non-référencés, le fameux Darkweb. Ici pas de fantasmes autour d'un internet invisible et qui serait la quintessence de la liberté individuelle avec tout ce qu'on peut imaginer de dérive, juste une nouvelle preuve du capitalisme libéral : l'argent roi et la vente de tout ce qui s'achète. La BD traite d'ailleurs de la question des idéaux confrontés au réel, et j'aime bien qu'un personnage en particulier, activiste politique qui apparait en arrière-plan. J'aurais pensé qu'il gagnerait en influence mais ses apparitions sont l'occasion d'échanges qui mettent en lumière ce que vit la protagoniste, et c'est très bien pensé encore une fois.
Je m'extasie un peu, mais c'est un vrai bon polar, bien mené, surprenant, n'allant pas du tout dans le sens que j'imaginais, aux protagonistes bien campés qui sont tangibles. Les flics, Roxane, Jérôme, ils font vrai et leur histoire fait vraie. Je ne sais pas à quel point elle est inspirée de fait réel, mais je suis partisan d'y croire au moins un peu. La BD évite l'écueil de la morale basique, ne se conclue pas comme je l'imaginais et surtout ne donne aucune piste quant à ce qu'il faut en penser. Voila ce qui est arrivé, qu'en dites-vous cher lecteur ? C'est une très bonne chose que de ne pas verser dans du manichéen ni du moralisateur lorsqu'on touche des sujets aussi marginaux.
J'ajouterais juste que le dessinateur a fait un excellent travail. Le style est inspiré du manga, clairement, mais il joue sur les cadrages, les compositions de planches et sur le style qu'il maitrise, notamment dans les couleurs, pour en faire ressortir les points d'intérêts. Bien que la BD soit parfois explicatives (notamment pour cerner le darkweb dont elle parle) et qu'elle présente quelques passages plus dialogués, je n'ai jamais senti de ralentissement, de même que la lecture comporte de nombreux passages plus lents bien que maintenant la tension. Il y a un jeu très bien trouvé entre les textes (et notamment les sms qui parsèment les cases) et le déroulé du récit. Si l'auteur continue comme ça, il va devenir un de ceux que je vais suivre activement, soyez-en sur !
Bref, une BD parfaitement bien menée par deux auteurs qui n'en sont pas à leurs coup d'essai, servi par un dessin qualitatif et travaillé, dans une ambiance de polar qui reste en tension jusqu'au bout, posant des questions sur le rapport au dématérialisé et aux marges de notre société, portant plusieurs sujets pas toujours traités mais qui font écho à l'histoire centrale ... Non, vraiment, je ne peux que vous recommander cette lecture !
J'ai tout d'abord été accroché par la beauté des dessins.
L'histoire, plutôt classique dans son démarrage, et un peu dans le fond aussi, est originale dans sa narration.
La narration est un peu comme les personnages, après avoir passée quelques méandres, elle coule comme un fleuve.
Certaines planches sont particulièrement belles et donnent des ambiances de fin de journée de jungle très immersive.
J'ai vraiment apprécié cette lecture, une autrice que je vais suivre, je suis curieux de voir les autres ouvrages qu'elle a fait et fera.
Il y a évidemment un avant et un après Goscinny, même si Le Grand fossé est très acceptable et vaut bien les quelconques réalisés en binôme.
Surtout, des albums véritablement excellents comme :
- Astérix chez les bretons
- Astérix légionnaire
- Le Bouclier Arverne
- Astérix chez les helvètes
- Les Lauriers de César
Une BD que l'on aime relire de temps en temps, et qui mérite souvent d'être soutenue en public.
Les Uderzo des années 90 et suivantes méritent au mieux le paisible oubli, au pire la colère.
La reprise par Ferri & Conrad est intéressante dans sa manière d'échouer sympathiquement. Le remplacement de Ferri par FabCaro ne change pas ce sentiment d'échec, principalement dû à un rythme mal géré et un découpage sans génie.
Bon, quand les éditions Exemplaire ont annoncé le lancement de leur nouvelle collection centrée sur des romances queers j'ai participé avec joie au financement des premiers projets et c'est donc ce "Louves Love" qui a été le premier à paraître.
L'histoire est on ne peut plus simple, une recette éculée on pourrait même dire : un amour impossible entre les représentantes de deux communautés en conflit ouvert (loups-garous et chasseurs de loups-garous), une mise en parallèle de la monstruosité et du rejet des différences comme terreau pour une romance lesbienne, la rencontre, l'amour naissant, la découverte, le conflit, la résolution, … bref, le scénario est classique au possible, ne sortira jamais vraiment des sentiers battus et n'est vraiment pas très original.
C'est son défaut, d'ailleurs, car une fois l'album refermé, même si j'ai pu l'apprécier un minimum pour des qualités que j'aborderais au prochain paragraphe, je dois bien avouer qu'il ne me reste pas grandement en tête. J'ai déjà vu/lu ce genre d'histoires, avec des variantes, des prises de risques qui sont propres à chaque œuvre, donc j'avoue qu'enchaîner les clichés m'a un peu déçue. L'album est petit, le récit court, je l'entend, mais je n'aurais vraiment pas craché sur plus de substance, plus de cœur à cette histoire d'amour. A cette romance aussi, d'ailleurs, parce que la narration étant expédiée et le scénario parfois réduit à son strict minimum, j'avoue ne pas avoir été convaincue ou pleinement prise dans cette romance interdite guimauvesque. Dommage, j'adore les histoires d'amour interdits guimauvesques !
Mais alors, si le scénario ne propose rien de révolutionnaire et que l'album ne m'a pas paru si bon que prévu, pourquoi diable lui monterais-je tout de même sa note jusqu'à la moyenne ?
Déjà, premièrement, parce que la forme sauve un peu le tout. Je sais que cela ne fera pas preuve d'unanimité sur ce site, j'ai déjà maintes fois vu des avis se plaignant de l'usage d'un phrasé jeune, parlé, "vulgaire" pourrait-on même dire, mais lorsqu'il est bien amené je lui trouve un certain charme personnellement. Ici, il jouera surtout le rôle d'effet comique, appuyant les cassures et les répliques sarcastiques ou deadpan, insistant sur le contraste entre les discussions et situations qui devraient être sérieuses mais seront prises par nos personnages avec un flegme et une désinvolture à toute épreuve. Et puis merdre : le langage est un marqueur générationnel et sociétal, tous les personnages n'ont pas à parler un langage soutenu, laissons donc les anglicismes, abréviations et néologismes jouer aussi leur rôle dans notre belle et complexe langue (alors dans vos dents les râleur-euse-s).
Ensuite, deuxième point, parce que j'ai de l'affection pour le travail de Sophie Bédard, dont je trouve le dessins assez joli, tout en simplicité mais avec tout de même un petit je-ne-sais-quoi dans le design de ses personnages qui me les rend attachants. Ici, qu'il s'agisse de la petite bouille très expressive de Freddie ou du diastème de la belle Silver, en passant par tous les personnages adjuvants à cette histoire à l'eau de rose, chacun des personnage a un design simple mais travaillé et une expressivité suffisante pour que je parvienne tout de même à m'attacher.
Et puis, merdre, je le reconnais, même si l'histoire me parait bien trop simple, pas assez développée pour vraiment faire mouche chez moi, même si je n'ai malheureusement pas sur rentrer dans l'histoire d'amour de nos deux protagonistes, j'avoue tout de même avoir pris du plaisir à ma lecture, que j'ai même trouver les dialogues amusants par moment. Bien maigre consolation sans doute pour certain-e-s, mais parvenir à divertir, surtout encore une fois lorsque l'on sort si peu des sentiers battus, ça mérite quand-même une honorable moyenne.
Sans doute pas indispensable pour un lectorat large, mais les ameteur-ice-s de romances queers guimauvesques teintées de fantastique et d'humour parviendront sans doute comme moi à y trouver leur compte.
(Note réelle 2,5)
Je suis ressorti très satisfait de Winter Soldier : L’Hiver sans fin en. Dès les premières pages, j’ai été happé par l’ambiance sombre et nerveuse du récit. Brubaker maîtrise parfaitement le ton du thriller d’espionnage, et j’ai vraiment eu la sensation de suivre une enquête tendue, portée par un Bucky Barnes profondément humain et hanté par son passé. L’atmosphère froide et pesante fonctionne à merveille et donne une vraie identité au récit.
J’ai aussi beaucoup apprécié la partie graphique. Les planches de Butch Guice et de Michael Lark se complètent vraiment bien : le style réaliste de Guice, presque cinématographique, renforce la tension, tandis que les pages de Lark apportent une ambiance plus rugueuse et encore plus sombre. L’alternance ne m’a pas dérangé, au contraire, elle soutient parfaitement le ton du récit et donne du relief aux moments émotionnels comme aux scènes d’action.
En revanche, j’ai trouvé que le dernier acte était un peu moins maîtrisé. Il reste efficace, mais j’ai senti une légère précipitation dans la conclusion, comme si l’histoire manquait de quelques pages pour atteindre la même finesse que les premiers chapitres. Certains personnages secondaires, auraient également pu être davantage approfondis.
Malgré ces petites réserves, j’ai vraiment passé un excellent moment. Ce comics offre une conclusion forte et émouvante au travail de Brubaker sur le Soldat de l’Hiver. C’est un mélange très réussi d’action, d’espionnage et de drame psychologique. En tant que lecteur, j’ai été à la fois touché, surpris et totalement absorbé par le parcours de Bucky.
En bref, L’Hiver sans fin est pour moi une lecture incontournable si l’on aime d’une part le protagoniste et aussi les récits d’espionnage. J’en ressors convaincu et avec l’envie de me replonger dans d’autres histoires consacrées à Bucky Barnes.
C'est un peu dur pour moi d'écrire un avis positif parce que je ne sais pas quoi ajouter de plus à ce qui a déjà été écrit. Cela va donc être un avis assez court.
Le récit traite de thèmes actuels que j'ai déjà lus au moins une bonne douzaine de fois en BD, mais le traitement est tellement original que cela ne m'a pas gêné. Non seulement le scénario est prenant, mais il est aussi très surprenant. Je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. La fin est à la fois surprenante et logique. En fait, tout le récit est bien construit du début jusqu'à la fin. Le caractère des personnages est bien défini et ils se complètent bien. Le dessin est pas mal non plus.
J'ai bien hâte de voir les prochaines productions de cet auteur très talentueux !
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Pillow Man - L'Homme de nos rêves
L’intrigue est originale, tout du moins surprenante. Mais la magie fonctionne et on accepte assez facilement cette histoire de Jean, « homme oreiller », employé par une société qui fournit à quelques riches clients excentriques quelqu’un qui va les aider à trouver un sommeil tranquille, en se couchant avec eux – sans coucher avec eux… Évidemment, Jean a du mal à avouer à sa compagne la réalité de son nouvel emploi, lui qui est resté chômeur très longtemps. Et lorsqu’il essaye de le lui dire, ça se passe plutôt mal – ce qu’on peut comprendre. L’histoire est improbable, et tout sonne « feel good », mais Stéphane Grodet parvient à tout nous faire passer, un peu dans la veine d’un Zidrou. La lecture est rapide, malgré une pagination conséquente, et plutôt agréable. Note réelle 3,5/5.
Le Photographe
Le photographe est sans conteste l'une des meilleures BD qu'il m'ait été donné de lire à ce jour. Je me suis enquillé les trois tomes tel le goinfre. Pourtant, l'idée de mêler photographies et dessin ne m'enchantait pas plus que ça, mais il y a un vrai jeu avec les clichés. Certains sont biffés, comme recalés, d'autres arrivent comme un contrepoint, ou comme une formidable ouverture. C'est génial. Le dessin est top. le récit tout autant. On apprend des trucs incroyables qui cassent les clichés et les idées reçues. Et c'est une histoire vraie ! C'est une des rares BD pour laquelle j'ai consenti à faire l'acquisition d'une version luxueuse avec tirages de photos et coffret... Depuis, Emmanuel Guibert occupe une bonne place dans mon panthéon personnel.
Les Aventures de Tintin
Franchement, qu'est-ce qu'on peut dire ? Oui, il y a du racisme dans les premiers Tintin (Tintin au Congo, c'est même carrément gratiné). Mais on aura beau critiquer, cette série restera pour moi (comme pour pas mal de gens à travers le monde je crois savoir) comme une montagne. J'ai lu et relu cent fois les aventures de ce petit reporter qui prend corps au fil des épisodes. Comme avec Astérix, je connais chaque album par cœur (et même les deux versions de l'Ile noire !). Ca a nourri mon imaginaire de gosse, et je ne suis pas devenu raciste pour autant, tout comme les lecteurs d'Harry P. ne sont pas tous devenus transphobes). Rien à ajouter à ma déclaration : je reconnais les faits mais reste innocent !
KIFF
Alors là, c'est typiquement la BD à lire d'une seule main : le néant scénaristique contraste avec le graphisme impeccable de ces jeunes-femmes opulentes et on-ne-peut difficilement plus désirables. Ces histoires ne sont que des mises en scènes de fantasmes de bas-étage avec des femmes ultra désirables, et, most of all, extrêmement consentantes, le tout servi par un dessin au poil (si je puis dire) : c'est le cul pour le cul (mais bon, y a pas de mal non plus hein ? Si après tout Dieu nous a doté d'un corps, c'est bien pour en jouir). Ca fait quand même un petit quelque chose, j'avoue, essentiellement parce que c'est ultra bien dessiné. Ces fantasmes ne sont supportables que parce qu'ici les femmes sont les véritables instigatrices. Bon, c'est vrai aussi que le dessinateur est un homme : facile ! A condition de prendre la chose pour ce qu'elle est, y a moyen de bien kiffer ! (on notera l'effort pour le jeu de mot facile)...
IRL
Une nouvelle BD des auteurs de Tananarive, Kleos ou À mourir entre les bras de ma nourrice, servi par un dessin d'un auteur qui, semble-t-il, fait ici sa première production, moi je dis banco ! Et effectivement, c'est extrêmement bien mené. Les deux auteurs ne sont pas des manches et ont confiés le travail à quelqu'un qui sait s'y faire niveau coup de crayon. Le résultat est un polar bien ficelé et qui ne tombe pas dans les pièges grossiers du genre avec un discours étonnant et des surprises au scénario. Je ne me cache pas de ne pas aimer le genre du polar, extrêmement codifié et qui tombe dans des clichés permanents que je déteste, souvent assaisonnées de ficelles énorme pour provoquer un retournement de situation épique qui décoiffe le lecteur. Ici, on est dans le polar que j'aime et qui sent bien plus la réalité. Le scénario se concentre sur le Darknet et ses conséquences dans la vraie vie, le tout mélangeant justement l'implication de l'un sur l'autre. La BD évoquera plusieurs sujets jamais centraux pour autant : les enfants de l'immigration, la violence dans les quartiers, l'incompréhension entre générations sur les technologies ... Mais aussi des sujets parfois bêtes mais qui servent l'histoire. Ici les flics existent et s'ils n'arrêtent pas tout en plein milieu c'est surtout faute de moyens efficaces. La police n'est ni bête ni incapable, juste handicapée par un manque de budget. Réaliste, donc, et qui justifie que certaines choses aient lieu. Ce genre de détails m'intéressent puisqu'ils crédibilisent l'ensemble du récit en évitant les poncifs comme des flics incrédules ou stupides ce qui justifie leurs non-intervention jusqu'au bout du récit. Mais si la construction, donc, est crédible, elle est aussi très bien tenue. Il s'agit d'un polar sur une lycéenne qui trempe dans des activités souvent louches autour de sites non-référencés, le fameux Darkweb. Ici pas de fantasmes autour d'un internet invisible et qui serait la quintessence de la liberté individuelle avec tout ce qu'on peut imaginer de dérive, juste une nouvelle preuve du capitalisme libéral : l'argent roi et la vente de tout ce qui s'achète. La BD traite d'ailleurs de la question des idéaux confrontés au réel, et j'aime bien qu'un personnage en particulier, activiste politique qui apparait en arrière-plan. J'aurais pensé qu'il gagnerait en influence mais ses apparitions sont l'occasion d'échanges qui mettent en lumière ce que vit la protagoniste, et c'est très bien pensé encore une fois. Je m'extasie un peu, mais c'est un vrai bon polar, bien mené, surprenant, n'allant pas du tout dans le sens que j'imaginais, aux protagonistes bien campés qui sont tangibles. Les flics, Roxane, Jérôme, ils font vrai et leur histoire fait vraie. Je ne sais pas à quel point elle est inspirée de fait réel, mais je suis partisan d'y croire au moins un peu. La BD évite l'écueil de la morale basique, ne se conclue pas comme je l'imaginais et surtout ne donne aucune piste quant à ce qu'il faut en penser. Voila ce qui est arrivé, qu'en dites-vous cher lecteur ? C'est une très bonne chose que de ne pas verser dans du manichéen ni du moralisateur lorsqu'on touche des sujets aussi marginaux. J'ajouterais juste que le dessinateur a fait un excellent travail. Le style est inspiré du manga, clairement, mais il joue sur les cadrages, les compositions de planches et sur le style qu'il maitrise, notamment dans les couleurs, pour en faire ressortir les points d'intérêts. Bien que la BD soit parfois explicatives (notamment pour cerner le darkweb dont elle parle) et qu'elle présente quelques passages plus dialogués, je n'ai jamais senti de ralentissement, de même que la lecture comporte de nombreux passages plus lents bien que maintenant la tension. Il y a un jeu très bien trouvé entre les textes (et notamment les sms qui parsèment les cases) et le déroulé du récit. Si l'auteur continue comme ça, il va devenir un de ceux que je vais suivre activement, soyez-en sur ! Bref, une BD parfaitement bien menée par deux auteurs qui n'en sont pas à leurs coup d'essai, servi par un dessin qualitatif et travaillé, dans une ambiance de polar qui reste en tension jusqu'au bout, posant des questions sur le rapport au dématérialisé et aux marges de notre société, portant plusieurs sujets pas toujours traités mais qui font écho à l'histoire centrale ... Non, vraiment, je ne peux que vous recommander cette lecture !
Elsie A.
J'ai tout d'abord été accroché par la beauté des dessins. L'histoire, plutôt classique dans son démarrage, et un peu dans le fond aussi, est originale dans sa narration. La narration est un peu comme les personnages, après avoir passée quelques méandres, elle coule comme un fleuve. Certaines planches sont particulièrement belles et donnent des ambiances de fin de journée de jungle très immersive. J'ai vraiment apprécié cette lecture, une autrice que je vais suivre, je suis curieux de voir les autres ouvrages qu'elle a fait et fera.
Astérix
Il y a évidemment un avant et un après Goscinny, même si Le Grand fossé est très acceptable et vaut bien les quelconques réalisés en binôme. Surtout, des albums véritablement excellents comme : - Astérix chez les bretons - Astérix légionnaire - Le Bouclier Arverne - Astérix chez les helvètes - Les Lauriers de César Une BD que l'on aime relire de temps en temps, et qui mérite souvent d'être soutenue en public. Les Uderzo des années 90 et suivantes méritent au mieux le paisible oubli, au pire la colère. La reprise par Ferri & Conrad est intéressante dans sa manière d'échouer sympathiquement. Le remplacement de Ferri par FabCaro ne change pas ce sentiment d'échec, principalement dû à un rythme mal géré et un découpage sans génie.
Louves Love
Bon, quand les éditions Exemplaire ont annoncé le lancement de leur nouvelle collection centrée sur des romances queers j'ai participé avec joie au financement des premiers projets et c'est donc ce "Louves Love" qui a été le premier à paraître. L'histoire est on ne peut plus simple, une recette éculée on pourrait même dire : un amour impossible entre les représentantes de deux communautés en conflit ouvert (loups-garous et chasseurs de loups-garous), une mise en parallèle de la monstruosité et du rejet des différences comme terreau pour une romance lesbienne, la rencontre, l'amour naissant, la découverte, le conflit, la résolution, … bref, le scénario est classique au possible, ne sortira jamais vraiment des sentiers battus et n'est vraiment pas très original. C'est son défaut, d'ailleurs, car une fois l'album refermé, même si j'ai pu l'apprécier un minimum pour des qualités que j'aborderais au prochain paragraphe, je dois bien avouer qu'il ne me reste pas grandement en tête. J'ai déjà vu/lu ce genre d'histoires, avec des variantes, des prises de risques qui sont propres à chaque œuvre, donc j'avoue qu'enchaîner les clichés m'a un peu déçue. L'album est petit, le récit court, je l'entend, mais je n'aurais vraiment pas craché sur plus de substance, plus de cœur à cette histoire d'amour. A cette romance aussi, d'ailleurs, parce que la narration étant expédiée et le scénario parfois réduit à son strict minimum, j'avoue ne pas avoir été convaincue ou pleinement prise dans cette romance interdite guimauvesque. Dommage, j'adore les histoires d'amour interdits guimauvesques ! Mais alors, si le scénario ne propose rien de révolutionnaire et que l'album ne m'a pas paru si bon que prévu, pourquoi diable lui monterais-je tout de même sa note jusqu'à la moyenne ? Déjà, premièrement, parce que la forme sauve un peu le tout. Je sais que cela ne fera pas preuve d'unanimité sur ce site, j'ai déjà maintes fois vu des avis se plaignant de l'usage d'un phrasé jeune, parlé, "vulgaire" pourrait-on même dire, mais lorsqu'il est bien amené je lui trouve un certain charme personnellement. Ici, il jouera surtout le rôle d'effet comique, appuyant les cassures et les répliques sarcastiques ou deadpan, insistant sur le contraste entre les discussions et situations qui devraient être sérieuses mais seront prises par nos personnages avec un flegme et une désinvolture à toute épreuve. Et puis merdre : le langage est un marqueur générationnel et sociétal, tous les personnages n'ont pas à parler un langage soutenu, laissons donc les anglicismes, abréviations et néologismes jouer aussi leur rôle dans notre belle et complexe langue (alors dans vos dents les râleur-euse-s). Ensuite, deuxième point, parce que j'ai de l'affection pour le travail de Sophie Bédard, dont je trouve le dessins assez joli, tout en simplicité mais avec tout de même un petit je-ne-sais-quoi dans le design de ses personnages qui me les rend attachants. Ici, qu'il s'agisse de la petite bouille très expressive de Freddie ou du diastème de la belle Silver, en passant par tous les personnages adjuvants à cette histoire à l'eau de rose, chacun des personnage a un design simple mais travaillé et une expressivité suffisante pour que je parvienne tout de même à m'attacher. Et puis, merdre, je le reconnais, même si l'histoire me parait bien trop simple, pas assez développée pour vraiment faire mouche chez moi, même si je n'ai malheureusement pas sur rentrer dans l'histoire d'amour de nos deux protagonistes, j'avoue tout de même avoir pris du plaisir à ma lecture, que j'ai même trouver les dialogues amusants par moment. Bien maigre consolation sans doute pour certain-e-s, mais parvenir à divertir, surtout encore une fois lorsque l'on sort si peu des sentiers battus, ça mérite quand-même une honorable moyenne. Sans doute pas indispensable pour un lectorat large, mais les ameteur-ice-s de romances queers guimauvesques teintées de fantastique et d'humour parviendront sans doute comme moi à y trouver leur compte. (Note réelle 2,5)
Winter Soldier - L'hiver sans fin
Je suis ressorti très satisfait de Winter Soldier : L’Hiver sans fin en. Dès les premières pages, j’ai été happé par l’ambiance sombre et nerveuse du récit. Brubaker maîtrise parfaitement le ton du thriller d’espionnage, et j’ai vraiment eu la sensation de suivre une enquête tendue, portée par un Bucky Barnes profondément humain et hanté par son passé. L’atmosphère froide et pesante fonctionne à merveille et donne une vraie identité au récit. J’ai aussi beaucoup apprécié la partie graphique. Les planches de Butch Guice et de Michael Lark se complètent vraiment bien : le style réaliste de Guice, presque cinématographique, renforce la tension, tandis que les pages de Lark apportent une ambiance plus rugueuse et encore plus sombre. L’alternance ne m’a pas dérangé, au contraire, elle soutient parfaitement le ton du récit et donne du relief aux moments émotionnels comme aux scènes d’action. En revanche, j’ai trouvé que le dernier acte était un peu moins maîtrisé. Il reste efficace, mais j’ai senti une légère précipitation dans la conclusion, comme si l’histoire manquait de quelques pages pour atteindre la même finesse que les premiers chapitres. Certains personnages secondaires, auraient également pu être davantage approfondis. Malgré ces petites réserves, j’ai vraiment passé un excellent moment. Ce comics offre une conclusion forte et émouvante au travail de Brubaker sur le Soldat de l’Hiver. C’est un mélange très réussi d’action, d’espionnage et de drame psychologique. En tant que lecteur, j’ai été à la fois touché, surpris et totalement absorbé par le parcours de Bucky. En bref, L’Hiver sans fin est pour moi une lecture incontournable si l’on aime d’une part le protagoniste et aussi les récits d’espionnage. J’en ressors convaincu et avec l’envie de me replonger dans d’autres histoires consacrées à Bucky Barnes.
L'Héritage fossile
C'est un peu dur pour moi d'écrire un avis positif parce que je ne sais pas quoi ajouter de plus à ce qui a déjà été écrit. Cela va donc être un avis assez court. Le récit traite de thèmes actuels que j'ai déjà lus au moins une bonne douzaine de fois en BD, mais le traitement est tellement original que cela ne m'a pas gêné. Non seulement le scénario est prenant, mais il est aussi très surprenant. Je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. La fin est à la fois surprenante et logique. En fait, tout le récit est bien construit du début jusqu'à la fin. Le caractère des personnages est bien défini et ils se complètent bien. Le dessin est pas mal non plus. J'ai bien hâte de voir les prochaines productions de cet auteur très talentueux !