Les derniers avis (34 avis)

Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série Libres d'obéir
Libres d'obéir

Toute la vie ne passe pas par les mécanismes de la sélection naturelle. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, ne nécessitant pas de connaissances préalables. Son édition originale date de 2025. Il s’agit de l’adaptation en bande dessinée d’un livre du même nom de Johann Chapoutot, publié en 2020, adapté par Philippe Girard. Il comprend cent-trente-deux pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec une préface de de deux pages de l’écrivain, évoquant : Des techno-suprémacistes imbus de racisme, d’antisémitisme et darwinisme social qui fantasment l’oligarchie de la tech et du dollar, poussent les feux de la production jusqu’à la dévastation, assumée là encore, et réservent quelques sièges chèrement payés dans des fusées pour Mars […] Puis vient un glossaire recensant douze termes allemands, allant de Bewegung (mouvement) à Volkskörper (corps du peuple), en passant par Menschenführung (leadership) et Menschenmaterial (matériau humain), et en les replaçant dans le contexte de l’idéologie du troisième Reich. Florence est en entretien avec Jean-Yves Roulx, son manager chez Appal. Il lui rappelle comment fonctionne l’entreprise : Chez Appal, le mot d’ordre, c’est l’action. Il continue : chaque jour l’entreprise prend des décisions rapides, sans que ses employés se perdent en bavardages inutiles. En tant que gestionnaire, sa devise est : À bas les scrupules bureaucratiques ! C’est la guerre ! Seuls les employés les plus performants réussiront à faire leur place ! Ha ! Ha ! Ha ! L’expérience du terrain lui a appris que les vrais gagnants agissent sans perdre de temps, sans demander de moyens supplémentaires, ils s’imposent face aux perdants qui, eux, paient le prix fort pour leurs défaillances et leur infériorité ! Il poursuit du même ton assuré et péremptoire : Le monde est une arène ! Toutes les espèces se livrent un combat à mort pour survivre ! C’est du darwinisme à l’état pur ! Il conclut : Il faut faire plus avec moins et optimiser chaque dollar investi, le bon côté c’est que Florence est libre d’employer la stratégie de son choix pour atteindre les objectifs de sa mission, avec de la flexibilité elle maximisera ses performances. Florence parle à sa meilleure amie du malaise qu’a généré ces propos en elle. Sa copine lui parle de Reinhard Höhn. Ce dernier est le père de la doctrine de la philosophie managériale non autoritaire où l’employé consent à son sort dans un espace de liberté. Selon lui, c’est le nec plus ultra de la liberté d’action. Après la défaite de la Grande Guerre (1914-1918), la situation économique de l’Allemagne est critique : armistice humiliant, pénuries, chômage, hyperinflation, grèves, soulèvements, monnaie dévaluée… Pendant une décennie, des réformes sont instaurées pour redresser l’économie. En 1929, le Krach boursier provoque une inflation galopante qui entraîne une panique bancaire. Le gouvernement décide d’adopter une politique de déflation : baisse des salaires, des loyers et des prix à la consommation, réduction des allocations de chômage, augmentation des impôts. Ces mesures déplaisent au patronat. Dans l’introduction, l’auteur de l’essai original loue l’art du dessinateur qui consiste à aider le dévoilement de cette réalité managériale par son intelligence du trait, du scénario et de la mise en situation, ce dont il lui sait gré. Ainsi informé, le lecteur prend conscience qu’il va lire un ouvrage didactique à charge. Sur la base d’une thèse clairement affichée : l’incidence des théories de Reinhard Höhn (1904-2000) sur la gestion de l’État, appliquée au management et comment leur influence perdure à ce jour. Cela se ressent de deux manières. La première réside dans le fait qu’il s’agit d’un ouvrage à charge, présentant et défendant une thèse, par opposition à un ouvrage analytique qui présenterait une étude complète sur le sujet, avec les arguments pour et les arguments contre. L’auteur est un historien spécialiste d'histoire contemporaine, des fascismes et du nazisme et de l'Allemagne. Il évoque dans son introduction que l’écho du livre (paru en 2020) fut indissociable du procès des cadres de France Télécom, ce maillon intermédiaire entre un service public (les PTT) et une entreprise pleinement assujettie aux lois du profit (Orange), avec tout ce que cela impliquait de modernisation et de management. Plus loin, il ajoute que cinq ans plus tard les oppositions ont sans doute été dissipées par les saluts hitlériens en mondovision à Washington. La deuxième manière dont l’origine de l’ouvrage apparaît dans cette bande dessinée réside dans sa forme même. L’artiste et adaptateur se retrouve à réaliser des dessins qui viennent illustrer un propos souvent théorique, c’est-à-dire à trouver des visuels venant enrichir l’idée développée, ou simplement servir d’image pour assurer la continuité de la forme de bande dessinée. Philippe Girard a bien effectué un travail d’adaptation, revoyant la forme de l’essai pour montrer le plus possible de son propos. Il introduit donc deux jeunes femmes, peut-être trentenaires, ayant déjà une expérience professionnelle. L’une travaille pour Appal, vraisemblablement un clin d’œil à Apple et France Télécom, l’autre rappelant qu’elle a fait un burn-out il y a trois ans. L’artiste opte pour un registre visuel de type réaliste et descriptif, avec un degré de simplification significatif, rendant les dessins immédiatement lisibles et éloignés d’un registre de type photoréaliste. Cet ajout permet de faire le lien pour le lecteur avec le discours de certains managers enjoués employant des termes comme flexibilité & souplesse, force du mouvement, collaborateurs égaux, famille, rendement de chaque euro qui doit être optimal, sous oublier le Happiness manager et son programme Pleine Conscience (l’occasion d’être heureux au travail par l’atteinte de ses objectifs). Pour autant, la représentation de chaque personnage reste dans une tonalité réaliste, sans romantisme ou diabolisation visuelle. Les discussions entre les deux amies permettent également à celle qui a fondé sa propre entreprise à taille humaine d’exposer à Florence la biographie de Reinhard Höhn et de lui exposer ses idées. L’ouvrage compose d’un prologue et d’un épilogue, chacun consacré aux deux amies, et de sept chapitres intitulés : Penser l’administration du grand Reich, En finir avec l’État, La liberté germanique, Manager la ressource humaine, L’Akademie für Führungskräfte, L’art de la guerre, La liberté d’obéir l’obligation de réussir. Au cours de ces chapitres, le dessinateur est amené à représenter des événements historiques, des personnages historiques, et des idées. Pour la reconstitution historique, le lecteur reconnait aisément la porte de Brandebourg, l’incendie du Reichstag en 1933, la tour Eiffel, les uniformes militaires allemands de la seconde guerre mondiale, la Ford T, la Volkswagen (future Coccinelle), etc. Il voit aussi apparaître les personnages historiques : Höhn (qu’il ne connaissait pas forcément), Adolf Hitler (1889-1945), plusieurs juristes, politiciens et hauts fonctionnaires comme Wilhelm Stuckart (1902-1953), Walter Labs (1910-1988), Herbert Backe (1896-1947), Hans Globke (1898-1973), Werner Best (1903-1989), Reinhard Höhn (1904-2000), etc. Et aussi Louis XIV (1638-1715), Georg Wilhelm Friedrich Heigel (1770-1831), Joseph Staline (1878-1953), Gerhard von Scharnhorst (1755-1813), ou encore Napoléon Bonaparte (1769-1821). L’auteur effectue une mise en image plus conceptuelle pour les idées et les théories exposées. Il a recours à des éléments visuels relevant pour certains d’une iconographie, évoquant des concepts. Par exemple : l’aigle allemand pour le nazisme, les menottes, le pistolet, la cravache et le coup de poing américain pour la répression policière, l’étoile de David pour l’extermination des Juifs, le salut bras tendu pour l’obédience au Führer, la veste rayée pour les camps de concentration et d’extermination, le maillet et la plaque pour la Justice, des logos de marque pour des entreprises, le poing fermé levé devenu lui aussi un logo pour le socialisme, la faucille et le marteau pour le communisme, etc. Par ces dispositifs, l’artiste apporte un point d’ancrage visuel pour le lecteur, en utilisant leur charge conceptuelle. Le lecteur se rend compte qu’il retrouve certaines de ces images régulièrement, ce qui a pour effet à la fois de les charger de nuances différentes les enrichissant ainsi, et de créer un écho visuel qui a pour effet de rapprocher deux développements. En fonction de sa familiarité avec les méthodes de management, soit directement, soit sous forme d’acculturation, le lecteur ressent avec une acuité plus ou moins forte les rapprochements opérés par les auteurs. Il ne peut que reconnaître des techniques utilisées en entreprise par certains responsables hiérarchiques, et certains de mode de fonctionnement de nature systémique. L’exposé lui permet de percevoir comment fonctionnent ces mécanismes et en quoi il est possible d’y reconnaitre les idées de Reinhard Höhn. À certains moments, il peut également s’interroger sur des rapprochements moins évidents comme la création d’agences au sein de l’État pour affaiblir son pouvoir, ou d’autres sources de techniques de management, provenant de différentes cultures, différentes régions du monde. Adapter un essai en bande dessinée constitue un véritable défi, pour aboutir à un ouvrage utilisant les techniques de ce média, sans dénaturer ou alléger le propos initial et la profondeur de réflexion. Le bédéaste a réalisé un vrai travail d’adaptation, introduisant des personnages pour l’époque contemporaine, réalisant une reconstitution historique solide, mettant à profit les possibilités visuelles pour exposer et relier les concepts entre eux. Enrichissant et éclairants.

03/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Thamara & Juda
Thamara & Juda

C’est la première fois que je lis une œuvre de Riverstone, et je dois dire que, dans ce genre particulier d’ouvrages « pour adultes », c’est un auteur qui se révèle original et intéressant. Son dessin déjà sort quelque peu de l’ordinaire, et, malgré quelques menus défauts, c’est souvent très beau, en tout cas éloigné des styles formatés de beaucoup d’auteurs érotiques ou pornographiques. Ensuite l’histoire elle-même est bien plus ambitieuse que la plupart des séries du genre. Elle s’inspire de personnages et d’épisodes bibliques, mais ce décor n’est pas qu’un simple prétexte à un empilement de scènes de sexe (d’ailleurs la première n’intervient pas avant une vingtaine de pages). Connaitre la Bible et le contexte est même un plus pour la lecture (un comble quand même pour un album pornographique !) La lecture est intéressante, les scènes de sexe peuvent être émoustillantes. Je note juste un texte parfois trop présent (là aussi c’est rare de faire ce genre de remarque sur ce type d’album !), et une fin un peu brutale.

02/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Fort Alamo
Fort Alamo

Après avoir entamé la collection avec des biographies de quelques « légendes » de l’Ouest, voilà qu’elle se développe de plus en plus autour de « moments », de batailles ou d’événements qui sont restés dans les mémoires et/ou qui ont été magnifiés (et quelque peu embellis ou travestis) par le cinéma. C’est d’ailleurs via le cinéma, et avec le film lyrique et « patriotique » de John Wayne que j’avais découvert cet événement, me documentant un peu plus par la suite. Ici, j’ai trouvé la lecture plutôt agréable, mais sans plus. Gabella se spécialise depuis quelques temps dans les biographies historiques chez Glénat, il commence à être rodé pour boucler son sujet en une cinquantaine de pages. Mais je pense qu’il aurait peut-être fallu le développer davantage. Je suis en effet sorti frustré par le manque de détails sur les protagonistes, leur personnalité, leurs rivalités (et leurs intérêts) souvent très divergents. C’est le cas pour les « défenseurs » d’Alamo, comme pour Santa Anna. Cela aurait aussi permis d’être moins manichéen entre les deux camps (un peu moins, mais quand même dans la lignée du film de Wayne). Plusieurs visions de cette bataille ont déjà été données en BD, mais celui qui a le plus développé le sujet est sans doute l’auteur américain Jack Jackson, dans Une autre histoire de l'Amérique et dans « Fort Alamo » (encore non référencé sur le site). Avec cet album de Glénat, on reste un peu à la surface des choses. Le contexte et les divergences d’intérêt sont un peu trop escamotés à mon goût – faute de place entre autres, de documentation peut-être aussi. Un petit dossier historique, avec bibliographie, accompagne et complète l’album. Note réelle 2,5/5.

02/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Chère Maman - Les mères aussi peuvent être toxiques
Chère Maman - Les mères aussi peuvent être toxiques

Une grosse BD qui prend le temps de développer son sujet, assez difficile mais franchement bien amené : les parents toxiques. Ici, la mère, pas forcément la plus présente dans les œuvres de ce type, j'ai l'impression. La BD est longue à se mettre en place, faisant le choix de montrer la mère comme une créature de ténèbres qui vient dans la vie colorée de la protagoniste avec ses remarques assassines et toute la violence qu'elle apporte. Cette mère toxique est présentée dès les premières pages (visibles en galerie) et il est très vite clair que le récit veut nous orienter envers elle. On est dans le point de vue de Alix et son rapport à sa mère. Celle-ci aura droit à quelques pages en analepse sur les origines de sa violence verbale, mais le récit n'explore que très peu cette piste. Le récit est la lente prise de conscience de Alix envers sa mère, la considération finale que sa mère n'est pas bonne pour elle. Qu'elle doit s'en éloigner et vivre sans elle, loin de son aigreur et son amertume. Maintenant, la BD semble présenter dès le début la prise de conscience mais en vraie il faudra pratiquement toute la BD pour qu'elle arrive de manière consciente, jusqu'à des solutions. Et je dois dire que le déséquilibre se fait sentir. La BD n'est pas tant sur la libération qu'une longue exposition de cette toxicité permanente. De même il n'y aura pas réellement de détails sur la façon dont elle s'en sort (notamment le travail avec la thérapeute pour s'extraire de cette relation) ce que je regrette un peu. Après tant de préparations, la fin parait quelque peu rapide de fait, j'aurais aimé un peu plus de développement avant la fin. La BD est très bien illustrée, avec un jeu sur les couleurs et le noir de la mère qui s'infiltre dans les pages. D'ailleurs j'avais déjà repéré son trait dans La Différence invisible, et je trouve que ça colle très bien au récit. Une autrice que j'apprécie ! Une BD au sujet intéressant donc, pas tout à fait mon style avec les défauts soulignés préalablement, tout en notant que l'idée directrice est à développer. Les parents toxiques deviennent un vrai sujet et je suis content de voir apparaitre le sujet des parents toxiques. J'ai vu nombre d'amis dont les parents étaient un fardeau pour vivre leurs vies, et voir des personnes exposer publiquement la façon dont ces problématiques se joue me fait plaisir !

02/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Ulysse & Cyrano
Ulysse & Cyrano

Je reconnais de belles qualités à cet album et je comprends qu’il fasse bien l’unanimité. Cependant je me contenterais que d’un franchement pas mal un peu dur. J’ai terminé ma lecture facilement et sans déplaisir mais avec un petit oui en ressenti final. Commençons par ce que j’ai préféré, à savoir la partie graphique. Ça faisait un certain temps que je n’avais pas recroisé le dessinateur, mais là il en met plein les yeux. J’aime bien son trait en constante progression, sa narration est très agréable et petite mention pour ses couleurs d’une fausse simplicité. Bref cette partie du voyage est archi solide et accompagne parfaitement le propos. Pour le récit, j’avoue y avoir moins succombé, la magie n’a fonctionné qu’à moitié. Disons que j’ai un peu tout vu venir. Tout est bien fait, les personnages sont attachants mais j’y perçois un truc un peu trop classique, en plus d’un genre dont je ne raffole pas spécialement. Ça m’empêche de m’emballer personnellement mais une BD que je ne déconseillerai absolument pas.

02/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Star Wars - L'Ascension de Kylo Ren
Star Wars - L'Ascension de Kylo Ren

Un album que j’ai apprécié et que je situe dans une moyenne haute de l’univers. Pourtant je ne m’étais pas pressé de l’emprunter, la postlogie (comme pour beaucoup) est loin d’être ma période préférée. Honnêtement ici rien de fou mais j’ai tellement dû enchaîner des tomes SW pourris que le présent résultat fait plaisir et ne trahit pas la franchise. Chronologiquement nous nous situons avant le réveil de la force, l’histoire débute juste après la prise de bec entre Luke et son élève Ben Solo et elle se terminera par l’intronisation de ce dernier en Kylo Ren. Ça m’a semblé un peu rapide à lire, l’aventure est pliée en 4 chapitres et moins de 100 pages, néanmoins j’y ai retrouvé ce que j’aimais dans l’univers. Pas de grosses surprises donc mais ça reste sympathique à lire pour les amateurs. En plus la partie graphique est plutôt solide et avenante. Je ne déconseille pas.

02/12/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
Couverture de la série Les Maîtres de guerre
Les Maîtres de guerre

Par le biais d'histoires courtes de cinq pages, Youssef Daoudi propose un tour d'horizon de grands stratèges ou de simples généraux de l'Histoire, revisités à la sauce Fluide Glacial. De Hannibal lors des guerres puniques aux marchands d'armes contemporains, en passant par Sun Tzu et les deux guerres mondiales, on les découvre dans des scènes romancées, parfois surprenantes, fondées sur une solide documentation mais toujours traitées sur le mode de la déconne. Les saynètes sont courtes, le trait énergique et efficace, les caricatures bien vues, les textes soignés et riches en jeux de mots plutôt fins, le tout porté par une mise en scène qui assume volontiers le grotesque : cela aurait pu constituer un très bon cru de Fluide Glacial. Et tant visuellement que dans l'écriture des dialogues, Daoudi semble s'être fait plaisir, et cela se ressent. Malheureusement, l'ensemble peine à trouver son ton. L'album oscille sans cesse entre satire militariste, hommage potache aux grands conquérants (aussi brutaux soient-ils) et humour plus graveleux qu'inspiré. Le rythme narratif pose également problème : le texte est souvent trop abondant par rapport à l'énergie du dessin et à la dynamique des planches. L'humour en souffre, tombant fréquemment à côté de la plaque, autant à cause de ce décalage de rythme que d'un manque de clarté. On ne comprend pas toujours ce que l'auteur cherche à raconter. Plusieurs histoires s'enlisent dans des dialogues bavards où les jeux de mots prennent le pas sur la véritable idée comique, et cette accumulation de clins d'œil finit par lasser. Même les fiches récapitulatives en fin de chapitre échouent à fournir un contexte satisfaisant, tant elles mélangent faits authentiques et fantaisie sans indiquer clairement la frontière. L'album reste fidèle à l'esprit Fluide Glacial, irrévérencieux, volontiers outrancier et porté ici par un dessin de très bonne qualité, mais il manque de subtilité, de souffle comique et surtout d'une ligne directrice capable de donner une réelle cohérence à cette galerie de généraux hystériques.

02/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Mister Mammoth
Mister Mammoth

Matt Kindt est un auteur avec lequel j’ai souvent eu du mal. Et c’est encore le cas avec cette série, même si, globalement, je l’ai un peu plus appréciée que mes précédentes incursions dans l’œuvre de cet auteur. Le récit est intrigant jusqu’au bout, difficile à appréhender. C’est la force et la faiblesse de cette histoire. On est captivé par intrigue et personnages, on veut savoir ce qui s’est passé, qui manipule qui. Le problème est que c’est un peu stérile, et que tout n’est pas clair, et surtout l’intrigue manque de profondeur, autre qu’artificiellement entretenue par la construction. Je reste avec un arrière-goût de trop peu, de trop obscur. Le dessin de Pendanx est agréable – comme souvent avec lui – tout en étant différent de ce que je connais de lui. Je relirai peut-être ce diptyque à l’occasion, pour éclaircir les zones d’ombre…

02/12/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Le Fantastique Voyage de Nicola au pays des démons
Le Fantastique Voyage de Nicola au pays des démons

2.5 Cette série de manga m'a attiré à cause de son dessin qui est bien différent des styles que l'on retrouve habituellement dans les mangas. Le style rappelle ce que l'on peut retrouver dans les livres pour illustrations occidentaux et j'aime bien. Malheureusement, je pense que je suis trop vieux pour ce genre de séries qui s'adressent aux enfants. L'éditeur fait la comparaison avec l'univers de Tim Burton, mais on est loin du côté macabre et irrévérencieux du réalisateur américain. On est plus dans du feel good où personne n'est vraiment méchant et l'héroïne ne semble jamais vraiment en danger. Je pense que j'ai un problème avec les mangas dont le principal objectif est de donner des bons sentiments aux lecteurs parce que la plupart du temps je m'ennuie un peu. Ce qui n'aide pas non plus c'est que le ton est enfantin, c'est vraiment une série qui va surtout parler aux 7-10 ans. Je conseille donc un emprunt à la bibliothèque pour les parents qui ont des enfants de ce groupe d'âge qui aiment bien les histoires remplies de créatures fantastiques. Perso en tant d'adultes j'ai lu les deux premiers tomes sans grande passion et je n'ai pas trop envie d'en lire plus.

02/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série L'Appel
L'Appel

Je suis d'un avis assez proche de celui de NoirDésir, avec une retenue prudente sur une BD dont le sujet est sensible. A titre d'exemple, j'ai lu récemment En quête de liberté qui parle d'une famille emmenée en Syrie, endoctrinée par les mêmes personnes. Ici, la BD est moins lourde, mais elle est aussi légèrement limitée à mon gout. L'histoire de Benoit m'a directement fait penser à celle de Pierre Choulet, que Gauvain Sers à chanté dans sa chanson "Mon fils est parti au Jihad" que je recommande. L'histoire est un peu la même, celle d'un parent qui voit son enfant partir en Syrie suite à un endoctrinement de la part des combattants de l'ISIS. Cette mère ne comprend pas, s'alarme et va tenter de le retrouver. La BD a fait le choix de rester sur la mère qui découvre petit à petit ce qu'il advenait sans qu'elle ne s'en rende compte. Et c'est un peu la limite de la BD que j'ai vu lors de ma lecture : en se centrant sur la mère, on perd un peu ce qui a poussé ce jeune homme à se radicaliser. Il manquerait le contexte, évoqué mais jamais développé, qui a laissé cet enfant basculer dedans sans un regard extérieur qui aurait pu le canaliser. De même, le comportement de la mère frise à un moment donné l'excès lorsqu'elle est prêt à condamner une famille pour récupérer son fils. La résolution est morale, mais le comportement de la mère devient tout de même contestable. Je suppose que l'idée est de montrer qu'elle est prête à tout pour récupérer son gamin, mais ça laisse aussi entendre qu'elle est prête à condamner n'importe qui pour ça. Et cette acharnement me l'a rendu assez peu sympathique. Je trouve que ça fait très écho à ces idées qu'un parent doit tout faire pour son enfant, y compris si ça nuit à d'autres. Je n'aime pas cette idée et j'aurais beaucoup à en dire mais ce n'est pas le sujet. En fin de compte, la BD est sur l'attente longue et terrible de ceux qui voient leurs enfants partir à la guerre en Syrie. Cet aspect est bien mené, de même que la question de l'endoctrinement progressif, mais il manque l'aspect social, ce qui a permis à Benoit de s'y sentir plus à l'aise que chez lui. La BD est bien, mais trop incomplète à mon gout.

02/12/2025 (modifier)