Comment susciter la peur en bande dessinée ? En puisant dans la littérature et le cinéma britanniques fantastiques, Guillaume Sorel a tenté de relever le défi. Avec « Deryn Du », il s’est inspiré des écrits de l’écrivain gallois Arthur Machen, aujourd’hui quelque peu tombé dans l’oubli. Pourtant, Lovecraft le considérait comme une de ses influences majeures, aux côtés d’Edgar Allan Poe. Sorel convoque ici les légendes du pays de Galles avec son petit peuple, ses fées et ses fantômes, dans un récit horrifique mêlant surnaturel et poésie.
Coutumier des histoires fantastiques, Guillaume Sorel s’est déjà livré à plusieurs adaptations de romans d’auteurs du genre (« Le Horla » de Maupassant ou « MacBeth » de Shakespeare) et s’est inspiré de l’univers de Lovecraft dans la série qui l’a fait connaître, « L’Île aux morts ». Dans ce nouvel opus, il réhabilite en quelque sorte Arthur Machen en mettant en images l’univers du romancier britannique à travers quelques unes de ses œuvres, notamment « La Colline des rêves » et « Les trois imposteurs » — et l’on peut voir dans le récit que ces deux titres font partie des livres de chevet du personnage principal.
Sorel possède un univers bien à part dans la bande dessinée, assorti à un talent graphique qui en fait un véritable artiste. Son trait tourmenté, voire déchiqueté, ne manque pas d’élégance, de même que la mise en couleurs révélant une grande maîtrise de l’aquarelle, le tout cadrant parfaitement au contexte victorien mâtiné de gothique. Les décors diurnes et solaires (pour représenter le petit port paisible et ses environs champêtres) alternent avec des ambiances nocturnes très sombres (dans les rues étroites où ont lieu les crimes). Les passages plus oniriques sont intégrés au récit dans une mise en page déstructurée, illustrant bien le chaos intérieur du jeune homme face à la fillette dont on comprendra vite qu’elle est un fantôme. Aussi charmante que machiavélique, celle-ci semble se réjouir des cadavres laissés sur son passage, avec en guise de signature une poupée énucléée.
Le scénario n’est pas trop compliqué à suivre, mais les séquences plus oniriques pourront en dérouter certains, malgré la force qui s’en dégage, mais celles-ci donnent lieu à de véritables tableaux où l’horrifique dialogue avec le surréalisme dans une abondance de détails. L’auteur a parfaitement su faire passer à l’image la tonalité littéraire de l’œuvre d’origine.
Quant à la question centrale, celle de savoir si Guillaume Sorel a atteint son but, il est plus difficile d’y répondre. La peur est toujours une notion très subjective, et des choses qui paraîtront effrayantes à une personne laisseront une autre de marbre. Si je dois m’exprimer à titre personnel, c’est avec le cinéma que j’ai éprouvé mes plus grandes frayeurs, mais (de mémoire) jamais avec la littérature ou la bande dessinée. Je comprends la fascination que peut exercer Lovecraft (dont l’univers surnaturel est apparemment assez proche de celui de Machen, et donc de cette histoire) sur beaucoup de gens. Le romancier étatsunien possédait certes une imagination fertile, mais j’ai toujours été moins convaincu par la capacité de ses romans à susciter véritablement l’angoisse par leur côté un peu grand-guignolesque.
Vous l’aurez donc deviné, ce n’est pas avec « Deryn Du » que j’aurai ressenti ma première terreur en matière de BD. Mais surtout, la narration, trop relâchée pour impliquer suffisamment le lecteur, n’est pas ce qui fait le point fort de cet ouvrage.
Du reste, cette lecture est loin d’être désagréable. Néanmoins, elle vaut davantage pour sa qualité graphique que pour son contenu, quand bien même on pourra être sensible à cette exploration des mondes parallèles.
J'aime bien les histoires de Max de Radiguès, cela porte souvent sur les ados comme avec cette histoire où le personnage principal est une vraie tête à claque qui se rapproche des mauvaises personnes. Il se déscolarise petit à petit, abuse de produits et s'amuse à un drôle de jeu quand il conduit. Autant dire que j'ai senti venir la fin tragique. Je dois être de la même génération que l'auteur, par les références on situe cette histoire en Belgique vers la fin des années 1990 et il a le chic pour croquer l'ennui et la banalité du quotidien des ados.
Nicolas Presl avec son style si particulier de dessin noir et blanc où les personnages ont des fronts tout aplatis raconte à travers ces planches muettes une histoire de lutte des classes. Dans un monde qu'on suppose futuriste où les riches vivent sur de grandes plateformes entourées d'eau, peut-être à cause de la fonte des glaces qui a réduit les zones terrestres, on croise également toute une frange de survivants au visage squelettique. Ils errent comme des zombies, sombrant dans la délinquance et attaquant tels des pirates modernes les riches sur leurs bateaux. Les riches eux sont oisifs et aiment bien se droguer et s'envoyer en l'air, cette bande de dépravés. Les planches sont quasiment toutes sur un standard de 4 cases de dimension identique, sauf dans les scènes un peu psychédéliques d'abus de stupéfiants. Un album épais, j'ai bien aimé même si je ne suis pas certain de tout capter au message de l'auteur dans cette sorte de fable universelle sur l'humanité.
Une lecture agréable.
Le sel de la série vient du décalage entre l'héroïne moderne et le monde des années 50 où elle se retrouve projetée. Cet alter ego du lecteur aux faux airs d'Audrey Hepburn a le caractère bien trempé.
Si, comme moi, vous goûtez le charme suranné d'un comics daté style Rip Kirby, vous apprécierez certainement cette mise en abyme qui nourrit l'humour tout au long du récit et lui donne une tonalité originale.
Je n'irai pas jusqu'à crier au génie car plusieurs éléments m'ont rappelé d'autres oeuvres (notamment "Retour vers le Futur 2" pour le coup de l'almanach, "Et si c'était vrai" ou la série des "Blackwell" pour le fantôme personnel, ...).
L'histoire se tient à peu près et Trondheim se fait visiblement plaisir à convoquer tous les poncifs des feuilletons de l'époque (nazis, espions, bombe atomique...).
La reconstitution de Biancarelli est soignée.
Je ne connaissais pas Marie de Brauer, j'ai regardé après lecture quelques chroniques sur France Inter et c'est assez drôle même si je ris bien moins fort que les chroniqueurs autour d'elle. Ce qui m'a permis de constater qu'elle a effectivement un physique assez proche de sa représentation graphique dans cette bande dessinée. Un titre assez tape à l'oeil pour au final un album qui nous parle essentiellement de son histoire personnelle en terme de sexualité et j'avoue que ça ne m'intéresse pas plus que ça de savoir à quel âge ou avec qui elle a perdu son pucelage, puis qu'elle est passée par une phase Tinder à gogo, puis une abstinence volontaire de plusieurs années etc. Cela dit finalement peu de choses d'un point de vue stats et sociologie d'avoir l'histoire personnelle d'une femme de 30 ans qui n'a jamais eu d'orgasme. Point de vue dessin ce n'est pas vraiment ma tasse de thé non plus, bien exécuté mais assez simpliste. Je ne l'ai pas acheté et quand je vois que ce petit album à couverture souple vaut 20 euros je trouve ça bien dispendieux.
Je pense que c'est la première fois que je vois un dessin manga aussi dépouillé. De grandes cases avec très peu de détails, un album avec de petites histoires d'une dizaine de pages et assez rapidement lu. C'est un petit personnage doté d'une petite corne, la cornigule, qui évolue dans un étrange monde, semblable au nôtre mais plus fantaisiste. Je l'ai lu 2 fois car les histoires ne racontent tellement pas grand chose que je partais vers le 1/5. La seconde lecture me rend plus clément.
Je dirai que c'est plutôt destiné à un public jeune, voire enfantin. Maintenant cet album qui a 20 ans ne doit plus trop se trouver, en tout cas pas au rayon lecture jeunesse des bibliothèques. En réalité ce sont plutôt des lecteurs habitués aux éditions Cornélius qui vont s'y pencher.
Une histoire marrante et muette en plusieurs chapitres d'un homme atteint d'une phobie des poissons. Il fait de sacrées têtes quand il en croise un. Il se prend tout d'abord le bec avec un chat qu'il soupçonne d'être rancunier, puis un cerf, mais aussi un ours qui tentait de ramasser des saumons. La suite de l'album vire carrément à une espèce de délire où les humains se transforment en poisson causée par on ne sait quelle mystérieuse épidémie.
C'est assez rare de lire de la bande dessinée taïwanaise. J'ai parfois du mal avec les albums muets, ici cela marche bien et la lecture est plutôt rapide.
Un avis rapide qui confortera la bonne note de cet album.
Je ne m’attendais pas vraiment à ça, enfin si pour la partie trek mais beaucoup moins à la personnalité de l’auteur, il est plutôt loin de l’aventurier que je m’imaginais. Et cette différence fait pas mal dans le résultat, du moins ça m’a agréablement surpris.
J’ai lu l’album en plusieurs fois (et je conseille de faire de même), mais à chaque fois j’étais content de reprendre la route avec l’auteur. Je trouve qu’il propose quelque chose d’assez intéressant dans le résultat.
Americana arrive à conjuguer pas mal de thématiques qui m’ont pour la plupart passionner, voyage, peinture de l’Amérique, résilience …
La partie graphique sobre et lisible accompagne parfaitement ce gros pavé. Content de l’avoir lu.
Bah tout comme Noirdésir, une lecture pas désagréable mais qui ne me marquera pas vraiment.
N’étant pas féru de foot, ce n’est pas le sujet qui m’a attiré mais bien le nom des auteurs.
Après son aventure chez les vikings, Michalak renoue avec un récit du quotidien, j’ai trouvé son trait détaillé et parfait pour le genre, j’aime bien ses têtes bien identifiables. On ajoute à ça des couleurs bien senties, ce qui donne une partie graphique solide et efficace. Les pages sont plus grandes mais ça m’a fait penser à Ma révérence dans le style. En tout cas, on avale la centaine de pages très facilement.
Kris brasse plusieurs thèmes avec cette histoire sur un ton feel good. On suit principalement notre héros passionné, mais autour de lui gravite une multitude de personnages et de sous intrigues, heureusement on n’est jamais perdu.
En fait, tout est bien fait, c’est fluide, léger mais sans doute trop pour véritablement me titiller. La toute fin m’a quand même fait sourire.
Effectivement une œuvre qui ne révolutionne pas le genre.
J'ai lu cette série parce que j'aime bien les personnages de filles délinquantes qu'on retrouve souvent dans les mangas et de ce coté là je fus bien servit. On a encore droit à des gags sur la fille super-badass qui semble capable de tout faire, mais ça me fait toujours rigoler. Parce que oui niveau scénario on est vraiment au pays des clichés pour n'importe qui habitué à consommer des œuvres venant de l'archipel nipponne: les personnages vont au festival d'été en costume traditionnel, un quiproquo va temporairement séparer les deux personnages principaux, une des filles est malade et l'autre va la soigner....manque juste un épisode où elles iraient aux sources d'eaux chaudes ou à la plage !
Mais bon malgré toute cela reste une lecture sympathique parce que c'est tout de même bien fait et les personnages sont attachantes. Il faut dire que j'aime bien le style du dessin donc cela m'a aidé à passer au travers des trois tomes sans problèmes.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Deryn Du
Comment susciter la peur en bande dessinée ? En puisant dans la littérature et le cinéma britanniques fantastiques, Guillaume Sorel a tenté de relever le défi. Avec « Deryn Du », il s’est inspiré des écrits de l’écrivain gallois Arthur Machen, aujourd’hui quelque peu tombé dans l’oubli. Pourtant, Lovecraft le considérait comme une de ses influences majeures, aux côtés d’Edgar Allan Poe. Sorel convoque ici les légendes du pays de Galles avec son petit peuple, ses fées et ses fantômes, dans un récit horrifique mêlant surnaturel et poésie. Coutumier des histoires fantastiques, Guillaume Sorel s’est déjà livré à plusieurs adaptations de romans d’auteurs du genre (« Le Horla » de Maupassant ou « MacBeth » de Shakespeare) et s’est inspiré de l’univers de Lovecraft dans la série qui l’a fait connaître, « L’Île aux morts ». Dans ce nouvel opus, il réhabilite en quelque sorte Arthur Machen en mettant en images l’univers du romancier britannique à travers quelques unes de ses œuvres, notamment « La Colline des rêves » et « Les trois imposteurs » — et l’on peut voir dans le récit que ces deux titres font partie des livres de chevet du personnage principal. Sorel possède un univers bien à part dans la bande dessinée, assorti à un talent graphique qui en fait un véritable artiste. Son trait tourmenté, voire déchiqueté, ne manque pas d’élégance, de même que la mise en couleurs révélant une grande maîtrise de l’aquarelle, le tout cadrant parfaitement au contexte victorien mâtiné de gothique. Les décors diurnes et solaires (pour représenter le petit port paisible et ses environs champêtres) alternent avec des ambiances nocturnes très sombres (dans les rues étroites où ont lieu les crimes). Les passages plus oniriques sont intégrés au récit dans une mise en page déstructurée, illustrant bien le chaos intérieur du jeune homme face à la fillette dont on comprendra vite qu’elle est un fantôme. Aussi charmante que machiavélique, celle-ci semble se réjouir des cadavres laissés sur son passage, avec en guise de signature une poupée énucléée. Le scénario n’est pas trop compliqué à suivre, mais les séquences plus oniriques pourront en dérouter certains, malgré la force qui s’en dégage, mais celles-ci donnent lieu à de véritables tableaux où l’horrifique dialogue avec le surréalisme dans une abondance de détails. L’auteur a parfaitement su faire passer à l’image la tonalité littéraire de l’œuvre d’origine. Quant à la question centrale, celle de savoir si Guillaume Sorel a atteint son but, il est plus difficile d’y répondre. La peur est toujours une notion très subjective, et des choses qui paraîtront effrayantes à une personne laisseront une autre de marbre. Si je dois m’exprimer à titre personnel, c’est avec le cinéma que j’ai éprouvé mes plus grandes frayeurs, mais (de mémoire) jamais avec la littérature ou la bande dessinée. Je comprends la fascination que peut exercer Lovecraft (dont l’univers surnaturel est apparemment assez proche de celui de Machen, et donc de cette histoire) sur beaucoup de gens. Le romancier étatsunien possédait certes une imagination fertile, mais j’ai toujours été moins convaincu par la capacité de ses romans à susciter véritablement l’angoisse par leur côté un peu grand-guignolesque. Vous l’aurez donc deviné, ce n’est pas avec « Deryn Du » que j’aurai ressenti ma première terreur en matière de BD. Mais surtout, la narration, trop relâchée pour impliquer suffisamment le lecteur, n’est pas ce qui fait le point fort de cet ouvrage. Du reste, cette lecture est loin d’être désagréable. Néanmoins, elle vaut davantage pour sa qualité graphique que pour son contenu, quand bien même on pourra être sensible à cette exploration des mondes parallèles.
Dix Secondes
J'aime bien les histoires de Max de Radiguès, cela porte souvent sur les ados comme avec cette histoire où le personnage principal est une vraie tête à claque qui se rapproche des mauvaises personnes. Il se déscolarise petit à petit, abuse de produits et s'amuse à un drôle de jeu quand il conduit. Autant dire que j'ai senti venir la fin tragique. Je dois être de la même génération que l'auteur, par les références on situe cette histoire en Belgique vers la fin des années 1990 et il a le chic pour croquer l'ennui et la banalité du quotidien des ados.
La Ville (Nicolas Presl)
Nicolas Presl avec son style si particulier de dessin noir et blanc où les personnages ont des fronts tout aplatis raconte à travers ces planches muettes une histoire de lutte des classes. Dans un monde qu'on suppose futuriste où les riches vivent sur de grandes plateformes entourées d'eau, peut-être à cause de la fonte des glaces qui a réduit les zones terrestres, on croise également toute une frange de survivants au visage squelettique. Ils errent comme des zombies, sombrant dans la délinquance et attaquant tels des pirates modernes les riches sur leurs bateaux. Les riches eux sont oisifs et aiment bien se droguer et s'envoyer en l'air, cette bande de dépravés. Les planches sont quasiment toutes sur un standard de 4 cases de dimension identique, sauf dans les scènes un peu psychédéliques d'abus de stupéfiants. Un album épais, j'ai bien aimé même si je ne suis pas certain de tout capter au message de l'auteur dans cette sorte de fable universelle sur l'humanité.
Green Witch Village
Une lecture agréable. Le sel de la série vient du décalage entre l'héroïne moderne et le monde des années 50 où elle se retrouve projetée. Cet alter ego du lecteur aux faux airs d'Audrey Hepburn a le caractère bien trempé. Si, comme moi, vous goûtez le charme suranné d'un comics daté style Rip Kirby, vous apprécierez certainement cette mise en abyme qui nourrit l'humour tout au long du récit et lui donne une tonalité originale. Je n'irai pas jusqu'à crier au génie car plusieurs éléments m'ont rappelé d'autres oeuvres (notamment "Retour vers le Futur 2" pour le coup de l'almanach, "Et si c'était vrai" ou la série des "Blackwell" pour le fantôme personnel, ...). L'histoire se tient à peu près et Trondheim se fait visiblement plaisir à convoquer tous les poncifs des feuilletons de l'époque (nazis, espions, bombe atomique...). La reconstitution de Biancarelli est soignée.
Une BD qui parle de cul
Je ne connaissais pas Marie de Brauer, j'ai regardé après lecture quelques chroniques sur France Inter et c'est assez drôle même si je ris bien moins fort que les chroniqueurs autour d'elle. Ce qui m'a permis de constater qu'elle a effectivement un physique assez proche de sa représentation graphique dans cette bande dessinée. Un titre assez tape à l'oeil pour au final un album qui nous parle essentiellement de son histoire personnelle en terme de sexualité et j'avoue que ça ne m'intéresse pas plus que ça de savoir à quel âge ou avec qui elle a perdu son pucelage, puis qu'elle est passée par une phase Tinder à gogo, puis une abstinence volontaire de plusieurs années etc. Cela dit finalement peu de choses d'un point de vue stats et sociologie d'avoir l'histoire personnelle d'une femme de 30 ans qui n'a jamais eu d'orgasme. Point de vue dessin ce n'est pas vraiment ma tasse de thé non plus, bien exécuté mais assez simpliste. Je ne l'ai pas acheté et quand je vois que ce petit album à couverture souple vaut 20 euros je trouve ça bien dispendieux.
Cornigule
Je pense que c'est la première fois que je vois un dessin manga aussi dépouillé. De grandes cases avec très peu de détails, un album avec de petites histoires d'une dizaine de pages et assez rapidement lu. C'est un petit personnage doté d'une petite corne, la cornigule, qui évolue dans un étrange monde, semblable au nôtre mais plus fantaisiste. Je l'ai lu 2 fois car les histoires ne racontent tellement pas grand chose que je partais vers le 1/5. La seconde lecture me rend plus clément. Je dirai que c'est plutôt destiné à un public jeune, voire enfantin. Maintenant cet album qui a 20 ans ne doit plus trop se trouver, en tout cas pas au rayon lecture jeunesse des bibliothèques. En réalité ce sont plutôt des lecteurs habitués aux éditions Cornélius qui vont s'y pencher.
Ichthyophobia
Une histoire marrante et muette en plusieurs chapitres d'un homme atteint d'une phobie des poissons. Il fait de sacrées têtes quand il en croise un. Il se prend tout d'abord le bec avec un chat qu'il soupçonne d'être rancunier, puis un cerf, mais aussi un ours qui tentait de ramasser des saumons. La suite de l'album vire carrément à une espèce de délire où les humains se transforment en poisson causée par on ne sait quelle mystérieuse épidémie. C'est assez rare de lire de la bande dessinée taïwanaise. J'ai parfois du mal avec les albums muets, ici cela marche bien et la lecture est plutôt rapide.
Americana
Un avis rapide qui confortera la bonne note de cet album. Je ne m’attendais pas vraiment à ça, enfin si pour la partie trek mais beaucoup moins à la personnalité de l’auteur, il est plutôt loin de l’aventurier que je m’imaginais. Et cette différence fait pas mal dans le résultat, du moins ça m’a agréablement surpris. J’ai lu l’album en plusieurs fois (et je conseille de faire de même), mais à chaque fois j’étais content de reprendre la route avec l’auteur. Je trouve qu’il propose quelque chose d’assez intéressant dans le résultat. Americana arrive à conjuguer pas mal de thématiques qui m’ont pour la plupart passionner, voyage, peinture de l’Amérique, résilience … La partie graphique sobre et lisible accompagne parfaitement ce gros pavé. Content de l’avoir lu.
Tous Ensemble !
Bah tout comme Noirdésir, une lecture pas désagréable mais qui ne me marquera pas vraiment. N’étant pas féru de foot, ce n’est pas le sujet qui m’a attiré mais bien le nom des auteurs. Après son aventure chez les vikings, Michalak renoue avec un récit du quotidien, j’ai trouvé son trait détaillé et parfait pour le genre, j’aime bien ses têtes bien identifiables. On ajoute à ça des couleurs bien senties, ce qui donne une partie graphique solide et efficace. Les pages sont plus grandes mais ça m’a fait penser à Ma révérence dans le style. En tout cas, on avale la centaine de pages très facilement. Kris brasse plusieurs thèmes avec cette histoire sur un ton feel good. On suit principalement notre héros passionné, mais autour de lui gravite une multitude de personnages et de sous intrigues, heureusement on n’est jamais perdu. En fait, tout est bien fait, c’est fluide, léger mais sans doute trop pour véritablement me titiller. La toute fin m’a quand même fait sourire.
La Belle & la Racaille
Effectivement une œuvre qui ne révolutionne pas le genre. J'ai lu cette série parce que j'aime bien les personnages de filles délinquantes qu'on retrouve souvent dans les mangas et de ce coté là je fus bien servit. On a encore droit à des gags sur la fille super-badass qui semble capable de tout faire, mais ça me fait toujours rigoler. Parce que oui niveau scénario on est vraiment au pays des clichés pour n'importe qui habitué à consommer des œuvres venant de l'archipel nipponne: les personnages vont au festival d'été en costume traditionnel, un quiproquo va temporairement séparer les deux personnages principaux, une des filles est malade et l'autre va la soigner....manque juste un épisode où elles iraient aux sources d'eaux chaudes ou à la plage ! Mais bon malgré toute cela reste une lecture sympathique parce que c'est tout de même bien fait et les personnages sont attachantes. Il faut dire que j'aime bien le style du dessin donc cela m'a aidé à passer au travers des trois tomes sans problèmes.