Les derniers avis (93 avis)

Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Fabienne
Fabienne

Bien avant la nomination d'Anouk Ricard au festival d'Angoulême et le prix décroché (n'en déplaise à ses détracteurs), l'éditeur d'Animan avait annoncé la publication de Fabienne, suite avérée ou chapitre à part s'attachant au personnage de la petite grenouille oisive, compagne du héros antropomorphe, croisé dans le premier bouquin. Et c'est sans trop de chichis ni trop de tapage médiatique cette fois que sort enfin Fabienne, suite/rupture d'Animan jusqu'au format bien plus proche d'un roman cartonné que de la bande dessinée standard et à la couverture d'une grande sobriété comme vous pouvez le voir. Prenant place directement après les aventures comique de notre héros chauve aux capacités surnaturelles, Anouk Ricard va s'attacher bien plus au personnage de cette grenouille parlante, dont la langue ne reste pas en poche, que ce soit pour gober des insectes ou sortir quelques répliques pas piquées des hannetons. Et c'est là que la magie de l'autrice agit toutes en nuances et subtilités. On découvre ici un personnage proche de la dépression sans savoir quelles sont les raisons véritables de ce mal être. Si on rit et sourit encore et toujours (quelques rappels d'Animan sont quand même un avantage à la lecture), l'autrice nous fait un véritable tour de force en mélangeant les époques (on ne sait jamais à la premiere lecture si on est dans la continuité du récit ou un flaskback) nous embarquant dans une poésie rare et sobre. Il s'agit donc d'un portrait tout en nuances d'un personnage féminin torturé et dont les dernières pages ne sont même plus des pages de bande dessinée mais d'un journal intime mixant quotidien et anecdotes savoureuses. Le ton est légèrement plus sombre mais attention, qu'on ne s'y trompe pas : on est bien malgré tout dans un récit léger et comique mais avec une autre compréhension. Tous les autres protagonistes d'Animan sont bien présents avec Objecto et le chien d'Animan. Il n'est pas exclu non plus de trouver cela émouvant. Bien évidemment, les détracteurs pourront trouver cela très light, le dessin naïf mais ce serait bien évidemment bien trop facile. Quand on aime les bouquins d'Anouk Ricard, on sait parfaitement pourquoi on est ici et il n'est pas exclu d'envisager Fabienne comme peut-être le meilleur ouvrage de l'autrice (mais hélas pour elle, il y a l'incontournable Boule de Feu sur la plus haute marche du podium à mes yeux ^^ ). La fin appelle à un troisième tome et gageons là aussi qu'il s'agira d'un autre format, d'un autre style mais toujours encore d'une petite pépite qu'il me tarde d'avoir entre les mains.

20/12/2025 (modifier)
Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série Deathbringer
Deathbringer

Il va être compliqué de faire mieux que l'avis de mon copain PAco sur cette grosse pépite de 200 pages sortie de nulle part mais dont la couverture et le format atypique ne laissent pas de marbre en librairie. Il semble s'agir de la première œuvre d'Ismaël Legrand à qui je ne peux souhaiter qu'un parcours similaire à celui de Mathieu Bablet qui m'avait épaté dès son premier bouquin La Belle Mort et dont on connait depuis le parcours sans ombrages. Les bd franco-belges de pure Dark Fantasy ne sont pas si courants et sur le coup là, on en prend plein les mirettes tant sur le dessin fourmillant de détails comme sur le scénario à priori alambiqué qui nous embarque dans un monde tout à la fois crédible et étoffé mais d'une grande noirceur. Si le récit de ces destins parallèles (un guerrier taiseux et à priori invulnérable et une soldate en prise aux doutes et au passé trouble) s'avère finalement assez classique, c'est bien la façon de le mettre en scène qui reste plutôt exceptionnelle tant l'univers regorge de détails et d'une base solide. On y croise sorcières machiavéliques, des zombies, des chevaliers en armure et tout ce qui fait le sel du manga "Berzerk" et des jeux Dark Souls dans un univers glauque et violent. C'est à la fois désespéré (certaines scènes ne sont pas à mettre devant tous les regards), la plupart des personnages croisés sont pourris par l'orgueil et le pouvoir et petit à petit, tous les méandres du scénario s'assemblent et amènent même à une relecture immédiate pour mieux en comprendre les enjeux. Deathbringer est unique, ambitieux et constitue probablement l'une de mes plus belles surprises récentes. Aucun doute sur l'envie de voir ce que le talent de l'auteur nous réserve, j'ai déjà réservé ma place et vais suivre avec grand intérêt ce monsieur avec lequel la bd des années 2020 va devoir dorénavant compter.

20/12/2025 (modifier)
Par Jetjet
Note: 3/5
Couverture de la série La Guerre des Mondes (Ihara)
La Guerre des Mondes (Ihara)

Il y a tellement eu d'adaptations sur tous les supports connus et inimaginables du classique de H.G. Wells qu'on peut se poser la question d'une nouvelle version. C'est pourtant original dans le sens qu'il s'agit d'un duo d'auteurs japonais qui s'y collent cette fois en essayant tout à la fois d'être respectueux du cadre occidental. On reste pourtant assez éloigné du travail de Gou Tanabe : le trait s'apparent à un shônen ou plutôt un seinen classique avec un soin exemplaire apporté à la représentation de l'envahisseur martien et de ses drôles de machines. Et il ne faut pas se fier au trait enfantin au premier abord car le récit se veut très violent, choquant et sanglant d'une certaine manière avec ces humains décimés par dizaines sur l'ensemble des pages des 3 tomes de ce récit. Même si on s'éloigne sur pas mal de points des pages du roman, l'adaptation reste très fidèle dans ses grands pourtours et conserve une noirceur qui peut surprendre qui n'aurait jamais lu l'oeuvre matricielle d'origine. Le point de vue oscille entre un point de vue humain passif et réducteur (échelle réduite) au grand spectacle offert par les tripodes et leurs méfaits sur une terre devenue un bête terrain de jeu destructeur. Je ne suis pas certain de vouloir m'y replonger car la conclusion arrive un poil trop rapidement et différents passages deviennent redondants comme si les auteurs souhaitaient étirer un récit inutilement par une répétition de péripéties similaires. Reste un sympathique moment de lecture sans avoir réellement avoir l'envie d'y revenir pour une relecture plus tard. A noter que l'édition est superbe avec ces tomes noirs cartonnés bardés de bonus assez intéressants (interviews et croquis appuyant sur la sincérité des auteurs sur un projet atypique). Rien que pour cela, il est intéressant de retenir cette guerre des mondes bien moins académique que les autres adaptations que j'ai pu apercevoir sur ce site.

20/12/2025 (modifier)
Par Jetjet
Note: 4/5 Coups de coeur du moment
Couverture de la série On les appelle Junior & Senior
On les appelle Junior & Senior

Tiens une œuvre s'inspirant du fameux duo Bud Spencer & Terence Hill qui ont fait les beaux jours des video-clubs VHS et des chaines du cable comme on les appelait dans les années 80, ces deux Italiens dont le succès d'un de leurs premiers films communs "On l'appelle Trinita" et dont le titre actuel fait directement référénce ont été multiplié pendant plusieurs décennies avec plus ou moins de succès mais présentent toujours la même recette : du rire, des bagarres bourre-pifs et une ambiance bon enfant. Il aurait été donc facile de se plier à l'exercice et on se demande même pourquoi cela n'a jamais été fait plus tôt tellement ça parait évident mais les auteurs tordent ce qui n'aurait pu être qu'une simple parodie en un récit sans temps morts ni références appuyées toutes les deux répliques. Déjà retranscrire un western à l'école franco-belge est plus que commun, il y a les repères sérieux comme Blueberry, le pendant comique de Lucky Luke sans compter que le thème est toujours bien présent plus récemment avec Bouncer et Gus dans la bd contemporaine, et j'en oublie volontairement car la liste serait interminable mais ce n'est pas le propos ici. Le trait est déjà dynamique et fort mis en scène, il n'y a pas une page où l'on s'ennuierait, pas une page où la formule tournerait en rond et sans décrocher la machoire par le rire, les deux frères ennemis sont si atypiques et attachants qu'on regrette presque d'arriver à la dernière page. C'est effectivement prévisible avec ce kidnapping de jeunes orphelines pour les desseins d'un sombre politicard, il y a de grosses scènes de baston et des rencontres improbables : les militaires sont stupides, les demoiselles pourvus d'atouts généreux mais également d'un caractère bien trempé. On y ajoute des prouts et des bains de scheisse à répétition mais surtout : qu'est-ce qu'on s'y amuse tellement le contenu est généreux. Il semblerait que Robin Recht veuille prolonger l'aventure de nos deux comparses si le succès est au rendez-vous. Pourquoi pas si on ne tourne pas autour d'une formule simple et connue pour ne pas en tarir l'intérêt mais dans cette attente, l'aventure vaut largement la lecture et certains passage ne manquent pas d'une certaine poésie (le passage en montgolfière entre autres), c'est un grand OUI par ma part.

20/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Ghost Kid
Ghost Kid

Un western de qualité, porté par un récit d’aventure volontairement lent et apaisé. La quête de paternité se double d’une réflexion sur le sens et la fin de vie, traitée avec douceur et retenue. La narration reste linéaire, classique, mais cohérente avec le ton crépusculaire de l’ensemble. Le dessin, expressif et atypique pour le genre western, détonne au premier abord mais s’impose progressivement. Il apporte une sensibilité particulière au récit et renforce sa dimension humaine plutôt que spectaculaire. Une lecture maîtrisée, plus introspective que épique.

20/12/2025 (modifier)
Couverture de la série George Best - Twist and Shoot
George Best - Twist and Shoot

Twist and Shoot fonctionne très bien, même pour un lecteur trop jeune pour avoir connu George Best en direct. Le récit parvient à restituer avec justesse la trajectoire d’un footballeur hors norme, sans tomber dans l'éloge pure. La dualité est au cœur de l’album : un joueur génial, incandescent sur le terrain, face à un homme profondément fragile, timide, mais projeté malgré lui au centre de l’attention médiatique. Le scénario insiste moins sur l’exploit sportif que sur l’équilibre précaire entre talent, passion du jeu et autodestruction. Best apparaît constamment tiraillé entre discipline et tentations, porté par son génie mais jamais réellement protégé de lui-même. Cette approche donne au récit une portée universelle : au-delà du football, c’est le portrait d’un individu dépassé par ce que son talent provoque autour de lui. Graphiquement, la mise en scène privilégie l’énergie, le mouvement et l’émotion plutôt que le réalisme strict. Le dessin accompagne efficacement le propos, tout comme le contexte social : une Angleterre encore très conservatrice, mais en pleine mutation culturelle. L’album raconte ainsi autant une vie qu’une époque, et aborde avec sobriété des thèmes sociaux qui dépassent largement le cadre sportif.

20/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Gagner la Guerre
Gagner la Guerre

On ressent immédiatement l’origine littéraire du récit, tant l’univers est dense, précis et solidement charpenté. La bande dessinée parvient pourtant à rester parfaitement lisible et efficace, en condensant un matériau narratif vaste sans donner l’impression de survol ou de simplification excessive. Le scénario est rigoureux, dur et frontal, mais toujours au service de l’intrigue et de sa cohérence politique. Le personnage principal s’impose progressivement : on s’y attache sans jamais le glorifier. Sa part sombre demeure constante, évitant toute lecture manichéenne et renforçant la crédibilité morale du récit. Cette ambiguïté est l’un des grands atouts de l’œuvre, qui assume pleinement une vision cynique du pouvoir et des rapports humains. Graphiquement, le dessin est précis, soigné et lisible. Il accompagne parfaitement la violence du propos sans la surjouer, apportant une vraie solidité visuelle à un récit déjà très dense. Une adaptation convaincante, exigeante, qui fonctionne pleinement même sans avoir lu le roman d’origine.

20/12/2025 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Genre Queer
Genre Queer

Bon, je vais tenter de faire l'avis le plus neutre possible. C'est assez difficile, vu qu'il s'agit d'une BD autobiographique sur un sujet sensible et que ce que je peux directement en dire, c'est avant tout que je ne me sens pas concerné par celui-ci. Ma critique doit être scindée en deux parties, puisqu'il y aura mon avis et un avis plus généraliste. Et je garde ce dernier pour la fin. Parce que ma perception de la BD est la suivante : sympa mais trop long. C'est une autobiographie totalement honnête, complète sur les questions de genre qu'a vécu Maia Kobabe et toutes les difficultés qu'ille a vécu. On verra son enfance, son adolescence, toutes les phases de questionnements de sa vie jusqu'à l'âge adulte. Et si j'ai apprécié la première partie (globalement jusqu'au départ à la fac), je dois bien avouer que la suite est lassante. Les questionnements sont redondants, les problématiques reviennent et il n'y a pas vraiment de fin ou d'achèvement. Ce qui donne un aspect brouillon à l'ensemble, une sorte de pot-pourri de tout ce qu'ille a vécue sans vraiment de clarté ou de fil conducteur. Ce qui est dommage, puisque j'étais assez peu intéressé par ce qu'il se passait une fois la moitié du livre. Niveau dessin c'est assez classique, doux à l’œil mais pas spécialement marquant. Les décors ne sont pratiquement pas présent, ce sont de grands aplats de couleurs qui forment le fond, tandis que les cases se déroulent avec beaucoup de texte. Pas le plus beau à voir, mais très clair et lisible. Voila pour mon avis personnel, qui essaye d'être le plus honnête sur mon ressenti de lecture qui reste dans le mouais, intéressé mais pas convaincu. Maintenant, qu'en est-il pour un avis plus généraliste ? Eh bien que cette BD devrait être partagé en grand nombre pour faire vivre et découvrir de l'intérieur la question de genre que subissent les enfants queer. En le voyant de l'intérieur, peut-être que plus de gens comprendront les souffrances entrainées par ces questions, les problématiques qu'elles posent et les questions qu'elles soulèvent. Je ne suis pas concerné par ces questions que je vois de loin parce que je m'y intéresse, mais je n'ai aucun doute que cette BD parlera profondément à des personnes directement concernées. Et cela, je crois que c'est ce qui compte vraiment. Mon avis n'est pas intéressant ici, il faut plutôt se demander ce qui est important. Et la santé mentale de beaucoup de gens peut dépendre de telles lectures qui permettent de comprendre, mais surtout de constater qu'on est pas seul avec ses questions. Je terminerais donc sur cet avis : une BD à partager au grand nombre, qui touchera ceux qu'elle doit toucher, et qui n'est pas déplaisante pour les autres. Donc à faire lire !

20/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Freaks' Squeele - Funérailles
Freaks' Squeele - Funérailles

Gros coup de cœur. La série dérivée dépasse clairement la proposition initiale par sa maîtrise graphique et narrative. Les couleurs sont remarquables, le dessin gagne en précision, en lisibilité et en impact, avec une identité visuelle forte et cohérente qui installe immédiatement une ambiance sombre mais jamais gratuite. L’univers, plus dark, se révèle surtout plus profond. Le monde déployé est fascinant, dense, et l’intrigue s’épaissit progressivement à chaque tome sans rupture ni dispersion. Le scénario est nettement plus lisible que celui de la série principale, tout en conservant une structure suffisamment riche pour éviter toute simplification excessive. L’humour reste présent, plus discret mais parfaitement dosé, et surtout au service des personnages. L’attachement fonctionne pleinement : les protagonistes portent le récit avec une vraie épaisseur émotionnelle. Une série plus mature, plus aboutie, qui capitalise sur les forces de Freaks’ Squeele tout en les affinant.

20/12/2025 (modifier)
Couverture de la série Freaks' Squeele
Freaks' Squeele

Série à l’univers singulier, volontairement déroutant, qui assume un scénario non linéaire et parfois confus sans que cela nuise réellement à la lecture. La narration se perd par moments, mais ce flottement fait partie intégrante de l’expérience : l’enjeu n’est pas la trajectoire globale, mais ce qui se construit autour des personnages et des thèmes. La grande force de la série réside précisément dans ses protagonistes. Attachants, excessifs, profondément humains malgré le cadre loufoque, ils portent le récit bien plus que l’intrigue elle-même. L’humour est omniprésent, souvent frontal, mais soutenu par une vraie profondeur thématique et un travail de fond sur l’identité, la marginalité et le regard porté sur la norme. Graphiquement et éditorialement, l’univers est très dense : abondance de contexte, contenus additionnels, enrichissements périphériques. On s’y laisse progressivement absorber. À noter que les séries dérivées prolongent et affinent cet univers avec une efficacité parfois supérieure à la série principale.

20/12/2025 (modifier)