Superbe série, originale, imaginative, avec des dessins très beaux et très efficaces! Les personnages sont attachants, l'histoire est pleine de surprises et on en veut encore! Le seul bémol est le fait qu'il n'y a que trois albums et on ne sait pas si il y aura une suite et fin. Sans spoiler, la fin du troisième album n'est pas la fin de l'histoire.
Gou Tanabe m'éblouit à double titre, dans ses adaptations de Lovecraft. Qu'est-il ? Un dessinateur tombé du ciel. Evidemment, pas un couleur... Si un autre faisait aussi bien en couleur, je lui mettrais un coup de cœur, tiens. Bref, il adapte, il réinvente Lovecraft, et ce n'est pas rien ! Il n'illustre pas platement, il ne transfère pas non plus une partie de son univers dans un autre pour le raviver comme dans les eaux de Mortelune mais pas seulement. Il parvient à montrer l’immontrable, qui échappe pourtant toujours à l'appréhension du lecteur.
Et comment y parvient-il ? Je pense que c'est grâce à un noir et blanc étonnant, je veux dire ni noir et blanc tranché, expressionniste, ni gris crasseux censé montrer le chaos, la misère et le trouble des deux. Il unit les deux et un caractère contemplatif pour montrer et dérober à la fois les images que le maître de Providence ne fait qu'évoquer sans les réduire à des phénomènes de foire. Montrer fortement, avec une réserve, et en instaurant un tempo, un temps différent des autres BD, bravo ! Accessoirement, il n'est pas mal d'avoir une couverture évoquant celles des anciens grimoires, c'est un bel objet, et un seuil à ouvrir pour franchir un autre monde.
Après tant de compliments, on pourrait s'étonner que je ne marque pas de coup de cœur. Je l'attribue au fait de ne pas découvrir une nouvelle histoire, et je ne peux pas donner la note que j'aurais accordé au maître au disciple.
Je n’ai pas lu le roman original de Joseph Kessel, mais j’ai voulu découvrir cette histoire à travers la BD. Malheureusement, j’ai trouvé la lecture assez ennuyeuse.
Le rythme est lent, la narration manque de tension, et les planches se ressemblent beaucoup. Il y a peu d’émotion et difficilement de quoi s’attacher aux personnages.
C’est dommage, car le sujet de la Résistance pendant l’Occupation est passionnant.
Je vais tout de même regarder le film de Jean-Pierre Melville, qui a apparemment beaucoup plus d’intensité.
Une série sympathique, qui utilise assez bien le riche contexte historique de l’Europe du XIIIème siècle (accessoirement une des périodes qui m’intéressent le plus). La remise en cause « par la base » des comportements et préceptes ecclésiastiques, avec la Cathares (qui ne sont pas les premiers à le faire, et on peut trouver une filiation entre les Cathares et le premier protestantisme de Luther), la volonté du roi de France et de certains seigneurs du nord du royaume d’étendre leurs possessions (avec la bataille de Muret comme point d’orgue), voilà qui donne immanquablement à tout récit se situant dans cette première moitié du XIIIème siècle matière à actions.
A ce contexte bien exploité – jusqu’aux buchers de Montségur, Delalande a ajouté comme fil conducteur des personnages inventés, comme le héros, troubadour ballotté par les évènements, impliqué à son corps défendant dans une affaire qui le dépasse (deux premiers tomes), pour ensuite – après un hiatus de plusieurs années et dans un second temps/cycle de deux tomes – devenir prédicateur Parfait, ayant rejoint l’hérésie cathare.
Globalement ça se laisse lire agréablement. D’abord parce que le contexte m’intéresse et qu’il est plutôt bien retranscrit/utilisé. Ensuite par ce que le dessin de Lambert – parfois un peu statique, se révèle, dans un style réaliste très classique, vraiment bon, et agréable à l’œil. Les décors en particulier sont plutôt chouettes.
Par contre, petit bémol, la narration est parfois un peu trop alourdie par un texte trop abondant.
Note réelle 3,5/5.
Jens Harder est un auteur qui m’a bluffé à plusieurs reprises. Avec son Gilgamesh (Harder), mais surtout avec sa série Alpha... directions / Beta... civilisations/Gamma... visions. Je suis donc a priori intéressé par tout ce qu’il peut publier.
Ce « Leviathan » est clairement moins ambitieux que les séries précédentes, sur le fond et sur la forme. Mais ça reste quand même un album original et captivant, en tout cas j’y ai trouvé mon compte.
Entièrement muette (seul quelques textes en tête de chapitres accompagnent ce récit), cette histoire mélange les genres et les influences. La Bible, la littérature (« Moby Dick en tête), les illustrations et légendes médiévales sont convoquées pour donner vie à ce qui peut surgir des fonds marins, ces forces que l’homme ne dominera jamais, qu’il a même parfois du mal à représenter, à imaginer. Les baleines en tête, mais les forces de la nature ont ici le dessus sur l’homme (le Titanic rejoint au fond des mers le cadavre d’une baleine géante).
Le récit est parfois difficile à suivre, certaines transitions ne sont pas forcément très claires. Mais globalement cette lecture – rapide au demeurant – se révèle plaisante, avec une certaine poésie, un souffle épique, que le dessin d’Harder accompagne agréablement. Je pense qu’on apprécie mieux cet album en introduction de l’œuvre de Harder, « Gilgamesh » ou « Alpha/Beta/Gamma » étant clairement d’un autre calibre (mais elles lui sont aussi postérieures). Du coup, moi qui ai lu ces séries avant ce « Leviathan », je reste légèrement sur ma faim en comparaison. Mais ça reste un album à redécouvrir quand même.
Joe Matt est un auteur original, intrigant, qui développe une œuvre autobiographique sans concession avec lui-même. Cette « transparence » peut parfois troubler, surtout quand – comme c’est le cas ici – il étale ad nauseam les troubles obsessionnels de son personnage, a priori pas franchement empathique.
En effet, Joe est dominé par des névroses, une addiction au porno – tendance fétichiste et quelque peu trash -, addiction qui frôle le grotesque, comme ne cessent de lui rappeler ses copains – les auteurs Seth et Chester Brown (qui semblent être les seuls à supporter ce gros loser – même s’ils ne cessent aussi de la critiquer pour son comportement). J’imagine (ou espère ?) que Joe Matt grossit ici certains traits, voire qu’il invente en partie, puisque cette obsession ne fait pas partie de la courte biographie (pourtant pas exempte d'autodérision) présentée en fin de volume par l’éditeur.
Car Matt, en plus de son addiction au porno, se révèle aussi quelqu’un de d'extrêmement névrosé (voir toutes ses angoisses avec ses colocataires, autour de la brosse à dents, des toilettes, etc.) et de radin – y compris lorsqu’il est avec ses copains. Je suis toujours étonné de voir à quel point certains auteurs peuvent livrer d’eux une image peu ragoûtante, voire repoussante.
Cet album est dans la lignée de ses précédents opus. L’œuvre est intéressante, même si le personnage (je parle de personnage tant je crois que l’avatar présenté ici diffère quand même un peu du modèle) ne gagne a priori pas à être côtoyer. Son côté asocial (on comprends qu’il peine à nouer et consolider une relation amoureuse stable par exemple) a des aspects pathétiques.
Le dessin est, comme à l’accoutumée, simple et efficace, renforçant toutefois le côté froid, voire glaçant, du Joe Matt présenté ici.
Etonnant, intéressant, un peu lassant quand même au bout d’un moment.
Note réelle 2,5/5.
1949, l'inspectrice Blank mène l'enquête sur des crimes mystérieux, et elle arrive à démasquer les coupables là où les autres enquêteurs se sont cassés les dents. Il faut dire qu'elle est bien aidée par les visions qu'elle a la nuit, dans ses rêves, et qui lui donnent un coup d'avance sur les meurtriers. Cette histoire est un vrai polar noir qui flirte bon avec la science-fiction. Car oui les rêves de notre inspectrice n'en sont pas tout à fait. Il s'agit plutôt de coups de pouce donnés par... elle même 200 ans plus tard. Notre inspectrice fait parti du département des enquêtes historiques, ce qui lui permet de passer des infos à elle-même dans le passé.
Si le mélange polar - SF est souvent bancal, ce n'est pas du tout le cas ici. Le mix fonctionne très bien. Le scénario est découpé en chapitres qui alternent 1949 avec les rêves / le futur. L'enquête en elle se tient très bien, il y a juste ce qu'il faut de suspens et de mystères. Le personnage de l'enquêtrice est crédible tant dans son caractère déterminée que dans son comportement et ses réactions. Le dessin en noir est blanc est également très bon, et l'idée maligne est d'avoir mis en couleur les passages futuristes. Si bien qu'il n'y a jamais de confusions entre rêves et réalité. De manière plutôt intelligente l'apport des éléments venus du futur reste modéré, le travail n'est pas gagné d'avance pour notre héroïne qui a quand même du pain sur la planche.
Tout ça offre une enquête qui se tient bien du début à la fin. Le final ne sort pas du lot, mais il est tout de même totalement satisfaisant et il apporte toutes les réponses attendues. Un bon polar, avec juste ce qu'il faut d’originalité.
Belle adaptation en images du drame de Shakespeare. Ambition, traîtrise, ambiance médiévale et sorcières fatales, ... tout est prêt pour que les forces du mal se déchaînent dans un surprenant gris crayonné, parfois rehaussé de rouge sang.
La BD se prête formidablement à toutes sortes d'adaptations littéraires, une belle façon de dépoussiérer quelques œuvres et de les replacer sur le dessus de la pile.
On a pu ainsi (re-)découvrir L'étranger de Camus ou La route de Cormac McCarthy, pour n'en citer que quelques uns parmi les œuvres les plus grandes et les BD les plus récentes.
Voici un autre monument de la littérature transcrit en images : le Macbeth de Lord William Shakespeare.
Et ce sont deux jumeaux qui s'y collent : les frères Brizzi, Paul et Gaëtan, formés aux Arts Déco et dans les studios Disney, grands faiseurs d'adaptations diverses comme celles de Boris Vian, Cervantès ou même Dante.
Faut-il présenter Lord Macbeth ? Ce prince écossais qui fut poussé au meurtre de son roi par son épouse (Lady Macbeth), son ambition et les prophéties de quelques sorcières fatales.
Après leur forfaiture, le couple régicide va se retrouver en proie à de sinistres hallucinations et Lady Macbeth mettra elle-même fin à ses jours. Quant à Lord Macbeth ...
Les frères Brizzi restent fidèles à la trame du récit de Shakespeare. Les paysages sombres d'Écosse, l'époque médiévale, les prédictions ésotériques des sorcières, ... tout cela était fait pour les inspirer.
Je les cite : là où Shakespeare « par le biais d'une prose oratoire magnifique, exprime leurs tourments intérieurs, c'est par le dessin et la lumière que nous avons voulu le traiter et le transmettre ».
Côté graphique, les jumeaux restent dans la suite de Dante ou de Cervantès avec ce gris crayonné, surprenant de prime abord, mais qui donne toute sa démesure dans les ambiances lugubres des châteaux écossais.
La verticalité des somptueuses doubles pages nous donnent l'impression de pénétrer dans une cathédrale où se déploient les hallucinations de Macbeth rehaussées de rouge sang.
On regrette juste que le format court d'un album ne laisse que le temps de "résumer" toute la richesse d'une pièce de théâtre aussi complexe où se sont invitées les forces du mal.
C'est une série jeunesse au ton très commercial, qui exploite l'univers de Minecraft pour raconter en bande dessinée les aventures de groupes d'explorateurs. Si la trilogie de la Chasse à l’Ender dragon met en scène de vrais joueurs communiquant à travers le jeu, la trilogie des Withérables se déroule entièrement dans le monde virtuel, sans rappeler qu'il pourrait s'agir de joueurs réels. Les protagonistes y vivent des quêtes d'heroic-fantasy fondées sur les mécaniques du jeu, du crafting aux potions, en passant par la maîtrise des monstres et des ressources.
Je n'ai lu que la trilogie des Withérables, et elle ne m'a pas donné envie d'aller plus loin.
Graphiquement, c'est assez faible. Les décors restituent correctement l'esprit du jeu, mais le trait manque de rigueur et de technique, avec des personnages trop simples, presque caricaturaux.
Le scénario, lui, m'a paru brouillon et décousu, comme s'il avait été improvisé au fil des pages. L'ensemble reste plat, sans tension, avec des personnages naïfs et des situations prévisibles. Quant à l'humour, je l'ai trouvé convenu et sans relief.
En somme, une BD sympathique et sans prétention, qui pourra distraire les jeunes fans du jeu, mais dont le manque de profondeur et l'immaturité technique et narrative limitent fortement l'intérêt au-delà de ce public.
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Nomen Omen
Superbe série, originale, imaginative, avec des dessins très beaux et très efficaces! Les personnages sont attachants, l'histoire est pleine de surprises et on en veut encore! Le seul bémol est le fait qu'il n'y a que trois albums et on ne sait pas si il y aura une suite et fin. Sans spoiler, la fin du troisième album n'est pas la fin de l'histoire.
La Couleur tombée du ciel
Gou Tanabe m'éblouit à double titre, dans ses adaptations de Lovecraft. Qu'est-il ? Un dessinateur tombé du ciel. Evidemment, pas un couleur... Si un autre faisait aussi bien en couleur, je lui mettrais un coup de cœur, tiens. Bref, il adapte, il réinvente Lovecraft, et ce n'est pas rien ! Il n'illustre pas platement, il ne transfère pas non plus une partie de son univers dans un autre pour le raviver comme dans les eaux de Mortelune mais pas seulement. Il parvient à montrer l’immontrable, qui échappe pourtant toujours à l'appréhension du lecteur. Et comment y parvient-il ? Je pense que c'est grâce à un noir et blanc étonnant, je veux dire ni noir et blanc tranché, expressionniste, ni gris crasseux censé montrer le chaos, la misère et le trouble des deux. Il unit les deux et un caractère contemplatif pour montrer et dérober à la fois les images que le maître de Providence ne fait qu'évoquer sans les réduire à des phénomènes de foire. Montrer fortement, avec une réserve, et en instaurant un tempo, un temps différent des autres BD, bravo ! Accessoirement, il n'est pas mal d'avoir une couverture évoquant celles des anciens grimoires, c'est un bel objet, et un seuil à ouvrir pour franchir un autre monde. Après tant de compliments, on pourrait s'étonner que je ne marque pas de coup de cœur. Je l'attribue au fait de ne pas découvrir une nouvelle histoire, et je ne peux pas donner la note que j'aurais accordé au maître au disciple.
L'Armée des ombres
Je n’ai pas lu le roman original de Joseph Kessel, mais j’ai voulu découvrir cette histoire à travers la BD. Malheureusement, j’ai trouvé la lecture assez ennuyeuse. Le rythme est lent, la narration manque de tension, et les planches se ressemblent beaucoup. Il y a peu d’émotion et difficilement de quoi s’attacher aux personnages. C’est dommage, car le sujet de la Résistance pendant l’Occupation est passionnant. Je vais tout de même regarder le film de Jean-Pierre Melville, qui a apparemment beaucoup plus d’intensité.
Le Dernier Cathare
Une série sympathique, qui utilise assez bien le riche contexte historique de l’Europe du XIIIème siècle (accessoirement une des périodes qui m’intéressent le plus). La remise en cause « par la base » des comportements et préceptes ecclésiastiques, avec la Cathares (qui ne sont pas les premiers à le faire, et on peut trouver une filiation entre les Cathares et le premier protestantisme de Luther), la volonté du roi de France et de certains seigneurs du nord du royaume d’étendre leurs possessions (avec la bataille de Muret comme point d’orgue), voilà qui donne immanquablement à tout récit se situant dans cette première moitié du XIIIème siècle matière à actions. A ce contexte bien exploité – jusqu’aux buchers de Montségur, Delalande a ajouté comme fil conducteur des personnages inventés, comme le héros, troubadour ballotté par les évènements, impliqué à son corps défendant dans une affaire qui le dépasse (deux premiers tomes), pour ensuite – après un hiatus de plusieurs années et dans un second temps/cycle de deux tomes – devenir prédicateur Parfait, ayant rejoint l’hérésie cathare. Globalement ça se laisse lire agréablement. D’abord parce que le contexte m’intéresse et qu’il est plutôt bien retranscrit/utilisé. Ensuite par ce que le dessin de Lambert – parfois un peu statique, se révèle, dans un style réaliste très classique, vraiment bon, et agréable à l’œil. Les décors en particulier sont plutôt chouettes. Par contre, petit bémol, la narration est parfois un peu trop alourdie par un texte trop abondant. Note réelle 3,5/5.
Leviathan (Jens Harder)
Jens Harder est un auteur qui m’a bluffé à plusieurs reprises. Avec son Gilgamesh (Harder), mais surtout avec sa série Alpha... directions / Beta... civilisations/Gamma... visions. Je suis donc a priori intéressé par tout ce qu’il peut publier. Ce « Leviathan » est clairement moins ambitieux que les séries précédentes, sur le fond et sur la forme. Mais ça reste quand même un album original et captivant, en tout cas j’y ai trouvé mon compte. Entièrement muette (seul quelques textes en tête de chapitres accompagnent ce récit), cette histoire mélange les genres et les influences. La Bible, la littérature (« Moby Dick en tête), les illustrations et légendes médiévales sont convoquées pour donner vie à ce qui peut surgir des fonds marins, ces forces que l’homme ne dominera jamais, qu’il a même parfois du mal à représenter, à imaginer. Les baleines en tête, mais les forces de la nature ont ici le dessus sur l’homme (le Titanic rejoint au fond des mers le cadavre d’une baleine géante). Le récit est parfois difficile à suivre, certaines transitions ne sont pas forcément très claires. Mais globalement cette lecture – rapide au demeurant – se révèle plaisante, avec une certaine poésie, un souffle épique, que le dessin d’Harder accompagne agréablement. Je pense qu’on apprécie mieux cet album en introduction de l’œuvre de Harder, « Gilgamesh » ou « Alpha/Beta/Gamma » étant clairement d’un autre calibre (mais elles lui sont aussi postérieures). Du coup, moi qui ai lu ces séries avant ce « Leviathan », je reste légèrement sur ma faim en comparaison. Mais ça reste un album à redécouvrir quand même.
Epuisé
Joe Matt est un auteur original, intrigant, qui développe une œuvre autobiographique sans concession avec lui-même. Cette « transparence » peut parfois troubler, surtout quand – comme c’est le cas ici – il étale ad nauseam les troubles obsessionnels de son personnage, a priori pas franchement empathique. En effet, Joe est dominé par des névroses, une addiction au porno – tendance fétichiste et quelque peu trash -, addiction qui frôle le grotesque, comme ne cessent de lui rappeler ses copains – les auteurs Seth et Chester Brown (qui semblent être les seuls à supporter ce gros loser – même s’ils ne cessent aussi de la critiquer pour son comportement). J’imagine (ou espère ?) que Joe Matt grossit ici certains traits, voire qu’il invente en partie, puisque cette obsession ne fait pas partie de la courte biographie (pourtant pas exempte d'autodérision) présentée en fin de volume par l’éditeur. Car Matt, en plus de son addiction au porno, se révèle aussi quelqu’un de d'extrêmement névrosé (voir toutes ses angoisses avec ses colocataires, autour de la brosse à dents, des toilettes, etc.) et de radin – y compris lorsqu’il est avec ses copains. Je suis toujours étonné de voir à quel point certains auteurs peuvent livrer d’eux une image peu ragoûtante, voire repoussante. Cet album est dans la lignée de ses précédents opus. L’œuvre est intéressante, même si le personnage (je parle de personnage tant je crois que l’avatar présenté ici diffère quand même un peu du modèle) ne gagne a priori pas à être côtoyer. Son côté asocial (on comprends qu’il peine à nouer et consolider une relation amoureuse stable par exemple) a des aspects pathétiques. Le dessin est, comme à l’accoutumée, simple et efficace, renforçant toutefois le côté froid, voire glaçant, du Joe Matt présenté ici. Etonnant, intéressant, un peu lassant quand même au bout d’un moment. Note réelle 2,5/5.
1949
1949, l'inspectrice Blank mène l'enquête sur des crimes mystérieux, et elle arrive à démasquer les coupables là où les autres enquêteurs se sont cassés les dents. Il faut dire qu'elle est bien aidée par les visions qu'elle a la nuit, dans ses rêves, et qui lui donnent un coup d'avance sur les meurtriers. Cette histoire est un vrai polar noir qui flirte bon avec la science-fiction. Car oui les rêves de notre inspectrice n'en sont pas tout à fait. Il s'agit plutôt de coups de pouce donnés par... elle même 200 ans plus tard. Notre inspectrice fait parti du département des enquêtes historiques, ce qui lui permet de passer des infos à elle-même dans le passé. Si le mélange polar - SF est souvent bancal, ce n'est pas du tout le cas ici. Le mix fonctionne très bien. Le scénario est découpé en chapitres qui alternent 1949 avec les rêves / le futur. L'enquête en elle se tient très bien, il y a juste ce qu'il faut de suspens et de mystères. Le personnage de l'enquêtrice est crédible tant dans son caractère déterminée que dans son comportement et ses réactions. Le dessin en noir est blanc est également très bon, et l'idée maligne est d'avoir mis en couleur les passages futuristes. Si bien qu'il n'y a jamais de confusions entre rêves et réalité. De manière plutôt intelligente l'apport des éléments venus du futur reste modéré, le travail n'est pas gagné d'avance pour notre héroïne qui a quand même du pain sur la planche. Tout ça offre une enquête qui se tient bien du début à la fin. Le final ne sort pas du lot, mais il est tout de même totalement satisfaisant et il apporte toutes les réponses attendues. Un bon polar, avec juste ce qu'il faut d’originalité.
Macbeth (Brizzi)
Belle adaptation en images du drame de Shakespeare. Ambition, traîtrise, ambiance médiévale et sorcières fatales, ... tout est prêt pour que les forces du mal se déchaînent dans un surprenant gris crayonné, parfois rehaussé de rouge sang. La BD se prête formidablement à toutes sortes d'adaptations littéraires, une belle façon de dépoussiérer quelques œuvres et de les replacer sur le dessus de la pile. On a pu ainsi (re-)découvrir L'étranger de Camus ou La route de Cormac McCarthy, pour n'en citer que quelques uns parmi les œuvres les plus grandes et les BD les plus récentes. Voici un autre monument de la littérature transcrit en images : le Macbeth de Lord William Shakespeare. Et ce sont deux jumeaux qui s'y collent : les frères Brizzi, Paul et Gaëtan, formés aux Arts Déco et dans les studios Disney, grands faiseurs d'adaptations diverses comme celles de Boris Vian, Cervantès ou même Dante. Faut-il présenter Lord Macbeth ? Ce prince écossais qui fut poussé au meurtre de son roi par son épouse (Lady Macbeth), son ambition et les prophéties de quelques sorcières fatales. Après leur forfaiture, le couple régicide va se retrouver en proie à de sinistres hallucinations et Lady Macbeth mettra elle-même fin à ses jours. Quant à Lord Macbeth ... Les frères Brizzi restent fidèles à la trame du récit de Shakespeare. Les paysages sombres d'Écosse, l'époque médiévale, les prédictions ésotériques des sorcières, ... tout cela était fait pour les inspirer. Je les cite : là où Shakespeare « par le biais d'une prose oratoire magnifique, exprime leurs tourments intérieurs, c'est par le dessin et la lumière que nous avons voulu le traiter et le transmettre ». Côté graphique, les jumeaux restent dans la suite de Dante ou de Cervantès avec ce gris crayonné, surprenant de prime abord, mais qui donne toute sa démesure dans les ambiances lugubres des châteaux écossais. La verticalité des somptueuses doubles pages nous donnent l'impression de pénétrer dans une cathédrale où se déploient les hallucinations de Macbeth rehaussées de rouge sang. On regrette juste que le format court d'un album ne laisse que le temps de "résumer" toute la richesse d'une pièce de théâtre aussi complexe où se sont invitées les forces du mal.
Minecraft - La BD officielle
C'est une série jeunesse au ton très commercial, qui exploite l'univers de Minecraft pour raconter en bande dessinée les aventures de groupes d'explorateurs. Si la trilogie de la Chasse à l’Ender dragon met en scène de vrais joueurs communiquant à travers le jeu, la trilogie des Withérables se déroule entièrement dans le monde virtuel, sans rappeler qu'il pourrait s'agir de joueurs réels. Les protagonistes y vivent des quêtes d'heroic-fantasy fondées sur les mécaniques du jeu, du crafting aux potions, en passant par la maîtrise des monstres et des ressources. Je n'ai lu que la trilogie des Withérables, et elle ne m'a pas donné envie d'aller plus loin. Graphiquement, c'est assez faible. Les décors restituent correctement l'esprit du jeu, mais le trait manque de rigueur et de technique, avec des personnages trop simples, presque caricaturaux. Le scénario, lui, m'a paru brouillon et décousu, comme s'il avait été improvisé au fil des pages. L'ensemble reste plat, sans tension, avec des personnages naïfs et des situations prévisibles. Quant à l'humour, je l'ai trouvé convenu et sans relief. En somme, une BD sympathique et sans prétention, qui pourra distraire les jeunes fans du jeu, mais dont le manque de profondeur et l'immaturité technique et narrative limitent fortement l'intérêt au-delà de ce public.