Bon, je crois que j'en attendais plus... C'est une bande dessinée tout à fait sympathique que nous concocte ici Lewis Trondheim, et elle se lit très agréablement. L'hommage aux comics américains des années 50 fonctionne tout à fait, au moins graphiquement. Franck Biancarelli nous offre un dessin très soigné, très élégant, et dans la pure veine des comics de la grande époque. Là-dessus, l'hommage est vraiment réussi, et Green Witch Village se lit très bien.
Du côté du scénario, c'est tout de même un peu léger... Les auteurs nous expliquent en fin d'album qu'ils ont respecté les contraintes de l'époque pour faire des pages qui se lisent de manière Autonomes, un mot à prendre avec beaucoup de guillemets, puisqu'évidemment, le récit serait incompréhensible, mais je ne vois pas trop ce que ça apporte au récit, puisque le tout se lit vraiment comme un album normal (d'autant qu'il n'y a pas toujours d'ellipses entre deux pages, contrairement à ce qui est dit). Et puis, surtout, ce n'est pas comme si Trondheim ne nous avait pas déjà fait le coup avec Mickey's Craziest Adventures et surtout l'excellent "Donald Happiest Adventures", où le concept était bien mieux utilisé. En tous cas, je voyais clairement ce qu'il apportait à l'histoire.
Le récit se déroule donc de manière tout à fait fluide, et j'ai apprécié la lecture, mais sans trop voir où nous menait le récit. Comme l'événement déclencheur n'est jamais expliqué, il apparaît plus comme un prétexte facile à mettre en place un récit qui ne repose que sur la crédulité du lecteur qui acceptera l'idée d'un événement aussi saugrenu sans broncher. Le récit d'espionnage fonctionne à peu près, lui, mais sans avoir recours à aucune ficelle qui surprendra un tant soit peu le lecteur. Ce qui fait que j'ai lu ces 90 pages avec intérêt, mais en me demandant systématiquement quand la surprise débarquerait dans le scénario. Réponse : jamais, puisque le seul élément vraiment intrigant du récit reste sans aucune réponse. Et sûrement pas dans cette charge ultra-convenue contre le patriarcat et le sexisme ordinaire dans les États-Unis des années 50, qu'on a déjà vu mille fois, mais qui a au moins le mérite de ne pas être excessivement lourde, Trondheim sachant faire preuve d'un certain équilibre quand il le faut.
Bref, rien qui mérite qu'on s'attarde plus que de raison sur cet album, si ce n'est le beau dessin et l'aspect rétro toujours très agréable. Cela dit, rien qui mérite non plus qu'on jette cet album à la poubelle. Si je l'ai trouvé facile et manquant de surprise, je n'ai jamais détesté le lire, et j'en suis sorti avec la sensation d'avoir lu un récit frais et sympathique. Mais un récit dont j'aurais sans doute oublié l'existence dans quelque jour.
Une lecture sympa, rafraichissante. Emilie Tronchon s’est calée dans la peau d’un jeune adolescent (de 10-11 ans), qui se livre dans son journal de façon naturelle et amusante.
Tout sonne juste dans les sujets abordés, les mots employés. Et on s’attache à ce petit bonhomme, ses histoires d’amitié, d’amour, de haine, de dégoût, ses aventures à deux balles, ses rencontres, ses découvertes. Le ton employé est plaisant, enjoué, même quand Samuel broie du noir ou bougonne.
Le dessin est minimaliste, très peu de décors, des corps réduits au minimum le plus souvent. Ce qui n’empêche pas le récit d’être clair à suivre. Avec une économie de moyens, Tronchon parvient à nous faire passer plein d’émotions.
En bas de pages, un petit personnage sert de flip book. Cela rappelle que cet album est adapté d’un projet animé diffusé sur Arte visiblement (je ne l’ai pas vu et ne le connaissais pas).
Note réelle 3,5/5.
Pierre Carles réalise là une belle enquête, sur un sujet qui s’est transformé en patate chaude, que police, services secrets, politiques et médias se sont pas mal refilé, au détriment d’un homme, qui a croupi en prison depuis des décennies.
L’album date de 2024, et heureusement depuis (en juillet 2024), Abdallah a été libéré, puis expulsé vers le Liban.
Carles retrace bien le parcours d’Abdallah, militant marxiste durant la fin de la guerre froide, résistant au Liban face aux agressions israéliennes, et membres d’un mouvement impliqué dans plusieurs assassinats de diplomates ou d’espions israéliens ou américains. Si jamais l’action de ces deux pays – malgré les milliers de victimes civiles – n’est qualifiée de terroriste, c’en est tout autrement des mouvements comme les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL).
Les USA vont continuellement faire pression sur les autorités politiques françaises, depuis son arrestation en 1984, pour qu’il ne sorte pas de prison, alors qu’un emballement médiatique (sur la base d’informations erronées ou fragiles) l’a d’emblée taxé de terrorisme. Le mot tabou étant lancé, plus possible ensuite de « le faire sortir ». La situation décrite par Carles (son enquête est très fouillée – et égratigne au passage quelques journalistes, comme Edwy Plenel) serait presque ubuesque et comique, si la vie d’un homme n’était en jeu. Il est vrai qu’un homme qui se dit opposant à la politique américaine et israélienne, qui s’est toujours affirmé marxiste, n’a pas les honneurs des médias, et il est plus ou moins tombé dans l’oubli, chacune de ses demandes de libération (il pouvait sortir dès 1999) étant refusée – jusqu’à cette année donc, ce que Carles ne pouvait pas savoir, à défaut de l’avoir souhaité.
L’enquête et l’affaire Abdallah dépasse donc largement son cas personnel. Cet album/enquête donne à réfléchir sur l’emballement médiatique, la vision que l’on peut avoir de quelqu’un dès lors qu’il est taxé de terrorisme. Les fachos de l’OAS n’ont pas été traité aussi durement (tout en ayant du sang de civils sur les mains).
Abdallah a donc été le plus vieux prisonnier politique de l’Union européenne. Il serait bon que cette affaire permette aux médias, aux dirigeants politiques de réfléchir sur leur fonctionnement, parfois assez éloigné des priorités affichées.
Une enquête intéressante et bien menée, agréable à suivre (je suis de la génération qui a vécu ces événements, et j’ai donc pu les suivre facilement).
Eh bien, je découvre ici Marc Cuadrado dans un registre très différent des séries comiques que je connais de lui ! En effet, on est là sur du roman graphique, semble-t-il autobiographique, lui jouant le rôle d’accompagnant/mari de Tanie, une femme qui a perdu une bonne partie de ses capacités visuelles.
Mais une femme que cette « gêne » (puisqu’elle ne veut pas être cataloguée – et traitée – comme une handicapée) n’empêche pas de vivre sa vie. Bien au contraire, cela nourrit son dynamisme, la pousse à développer moult stratégies pour « contourner » et ainsi « évacuer » le « problème », quitte à rendre chèvre son mari, qui a du mal à suivre le rythme parfois.
Femme indépendante, grand-mère poule, avec une vie sociale active (tout au long de l’album nous la voyons préparer une conférence sur l’art : elle qui a du mal à distinguer pas mal de chose, va discourir – et brillamment sur l’art, la révolution des couleurs au début du XXème siècle…
La narration est fluide (avec un peu d’humour et d’auto-dérision), agréable, comme le dessin (même s’il ne développe souvent que les personnages en gros plan ou en plan serré). On sent en tout cas toute l’admiration, la tendresse de l’auteur pour le personnage qu’est devenue sa compagne.
Note réelle 3,5/5.
Un titre à la Tolkien, mais on est bien dans une série SF.
Une série dont la lecture a été parfois laborieuse, mais qui globalement est intéressante.
L’intrigue est relativement originale, et, après qu’on l’ait finie, on s’aperçoit qu’elle est assez ambitieuse. Peut-être trop. Ou alors la construction est-elle un chouia trop complexe. En tout cas j’ai souvent eu du mal à suivre l’intrigue.
En effet, il y a de multiples va-et-vient entre différents protagonistes, différents lieux – et, je l’ai compris très tardivement, entre différentes époques – ce qui fait qu’il est parfois difficile d’assimiler tout ce qui se passe.
Pour le reste, l’histoire mêle complots pour le pouvoir politique, pour le contrôle de certains artefacts, invasion d’un peuple extérieur, piraterie, etc. En sus d’une intrigue assez riche, il y a beaucoup de personnages.
Mais bon, une fois accroché par l’histoire, et en faisant l’effort de s’accrocher aux diverses péripéties et aux enjeux multiples, c’est une série qui est prenante, rythmée, et qui m’a plu.
Dessin et colorisation sont lisibles, mais un peu inégaux. C’est un style qui n’est a priori pas ma came (un peu trop « simpliste », manquant de détails et nuances), mais, là aussi, je m’y suis fait.
Note réelle 3,5/5.
Je pense qu'on peut dire beaucoup de chose sur cette BD, et je vais essayer de faire court. Mais je pense que cette BD est une merveille de lecture, que je ne peux que recommander à tout le monde.
Commençons tout de suite par ce qui peut poser problème : Oui, Jancovici est critiquable, oui il est critiqué. Voila, posons ça tout de suite, le personnage principal de cette BD est Jancovici, la BD parle de ses principes, ses idées et ses solutions. Ce qui veut dire tout de suite que si l'on est déjà en désaccord avec le gars, autant de ne pas se plonger dans la BD ! Il y pose ce qu'il dit ailleurs, de façon synthétique et didactique, pour expliquer ce qui lui importe.
Et je vais le dire immédiatement : je vois les limites de Jancovici, j'en connais quelques unes (notamment sur des questions historiques) mais je vais largement passer outre. En fait, je dirais même qu'on s'en fout complètement.
Parce que la BD parle du sujet le plus important de notre vie, peut-être même du seul sujet important : le changement climatique et son origine humaine. Raison qui a d'ailleurs conduit à repousser sa lecture pendant des années, vu que je fais de l'éco-anxiété très facilement et que je ne voulais pas m'infliger plus que ce que je vis déjà au quotidien. Et pourtant j'ai fini par la lire, conforté par plusieurs lectures que j'ai eu sur le même sujet (Le Vivant à vif, Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. ...) et avec l'envie de voir ce qu'il en était ici.
Comme à son habitude (j'ai vu plusieurs intervention du bonhomme), Jancovici se concentre sur son domaine d'expertise : l'énergie. C'est son domaine d'expertise et il sait s'y faire le bougre. C'est impitoyable comme démonstration de notre dépendance énergétique, avant tout au pétrole mais à tout le reste également. L'implacable changement provoqué par l'humain, l'horreur de l'addiction des sociétés humaines aux énergies fossiles et la difficulté que ce sera d'en sortir. Avec ou sans la volonté humaine, le pétrole va disparaitre et le climat changera. Reste à savoir comment on fera pour y survivre .. La BD n'est cependant pas que défaitiste et propose quelques (maigres) pistes dans le dernier segment pour essayer d'esquiver ce qui nous tombe dessus à une vitesse dont peu de gens semblent avoir idée. Je dirais que la fin est malheureusement très pessimiste et au regard de ce qu'il s'est passé entre la sortie de cette BD et aujourd'hui, je ne peux qu'abonder en son sens.
La BD est servie par le dessin de Blain qui a fait tout son possible pour rendre compte de ce qu'il en est. Les métaphores et les séquences explicatives utilisant toutes sortes d'appareil narratifs visuels sont parfaitement bien intégrées pour que l'on ne se rende pas compte du poids de la vulgarisation. C'est dense et clair, un excellent travail qui prouve encore une fois que Blain est un excellent auteur. Rendre ainsi clair et lisible de tels concepts est admirable !
J'ai dit au début que j'essayerais de faire bref, et je m'arrêterais alors bientôt en disant simplement ceci : lisez cette BD. Il est rare que je le recommande alors que j'ai quelques légers reproches à faire à celle-ci, mais je pense encore une fois que l'ampleur du phénomène, mal perçu et mal reçu, doit avoir l'écho le plus large possible. Les détails, les petits défauts que j'y vois sont minimes à côté de ce qu'elle dit. Et son message, aussi terrifiant et cruel soit-il, doit être entendu. Rien d'autre ne compte.
Wow ! Ce coup de crayon !!! C'est avec "1949" que je découvre le travail de Dustin Weaver, et ça donne envie d'aller creuser du côté de ses autres productions. Après, il était plutôt habitué à bosser pour des franchises genre Star Wars ou Avengers, avec une palanquée d'autres auteurs, alors qu'il gère tout de A à Z avec cet album.
"1949" c'est avant tout un polar, mais c'est aussi de la SF. Ce qui donne à Dustin Weaver l'occasion de nous montrer deux facettes de son savoir faire graphique. Le côté polar est traité tout en noir et blanc de façon très académique, alors que la partie futuriste se fait tout en couleurs chatoyantes avec des découpages plus ambitieux. Le contraste est saisissant, mais fonctionne très bien. Il a parfaitement réussi à articuler les deux en jouant sur le thème d'enquêtes à travers le temps. Et franchement, son dessin est impressionnant ! Les détails de ses cases, que ce soit les décors, les véhicules, l'architecture, les vêtements, c'est du travail d'orfèvre !
C'est plus du côté du scénario que je pourrais titiller ; je me suis fais surprendre par la fin. Loin d'être mauvaise, elle arrive un peu trop vite à mon goût, et son univers aurait appelé à davantage de développement. Peut-être une suite verra -t-elle le jour, en tout cas l'univers développé s'y prête.
(3.5/5)
Scott McCloud nous a déjà initié à l'art de raconter la BD en BD (cf L'Art Invisible).
Ici, il s'associe à la dessinatrice Raina Telgemeier pour nous offrir une fiction, l'histoire de quatre ados aux affinités différentes et qui, sous l'impulsion de la documentaliste du CDI de leur collège vont créer leur propre bande dessinée
J'ai trouvé le propos très inspirant et bourré de conseils avisés concernant les émotions à faire passer à travers les postures des personnages, ou la liberté sans limite du support. "La seule règle d'or de la bande dessinée, c'est qu'il n'y en a pas".
J'ai été moins séduite par le dessin, que j'ai trouvé un poil caricatural
Avec "Drogue - Une histoire mondiale", Jean-Pierre Pécau et Nicolas Otéro nous entrainent sur une drôle d'histoire.
Non pas que le sujet soit hilarant ou que quelques effluves euphorisantes ou psychoactives s'échappent des pages de cet album, mais c'est plutôt l'angle de vue et le ton employé pour traiter cette histoire qui sont intéressants. Le découpage en courts chapitres est lui aussi fort appréciable pour découvrir ou aborder les différentes facettes de ce sujet, que ce soit historique, géographique, religieux et bien sûr politique. la petite pointe de cynisme qui traine dans les commentaires des faits historiques termine de donner à l'ensemble un ton assez humoristique par moment, ce qui est appréciable quand on traite un tel sujet.
Côté dessin, Nicolas Otéro donne dans l'efficacité et pas dans le style. Il nous propose un graphisme très photographique qui cadre très bien avec la BD documentaire, colorisant ses planches en aplats, rehaussant de-ci de-là certains éléments importants avec du rouge.
Pourtant curieux sur le sujet, j'avoue avoir appris pas mal de choses grâce à cet album. S'il ne creuse pas forcément en profondeur, il expose clairement les tenants et aboutissements liés à la drogue, à nous d'aller creuser certains points si besoin.
Un très bonne présentation du sujet qui appelle à réfléchir.
Voilà une nouvelle série de fantasy tirant sur le mode des jeux RPG. Rien de bien neuf de ce côté là, pourtant, j'avoue m'être laissé tranquillement embarquer.
Noon est un jeune homme qui a toujours voulu être un aventurier. Pourtant, malgré sa rigueur et son obstination, il a échoué à toutes les écoles d'aventuriers existantes. Que ce soit sorcier, guerrier, voleur ou encore guérisseur, il n'a jamais réussi à en sortir diplômé. Pour autant, toujours prompt à rendre service et de bonne humeur, Noon reste positif et est très apprécié de ses concitoyens. La guilde de sa ville à même créé une catégorie de missions "zéro" qu'il peut ainsi réaliser pour se sentir aventurier... Pourtant, un jour, il va sauver la Princesse Lynneburg du Royaume de Clays d'une attaque d'un terrible minotaure. De ce jour elle n'aura de cesse de devenir son apprentie, lui qui ne pensait être qu'un bon à rien.
Alors oui, le pitch de départ est très loin d'être original, mais la qualité de la narration et de découpage des planches donne toute la fluidité à ce début d'histoire. Noon est aussi un personnage attachant, et on se surprend à attendre le développement de ses aventures.
A découvrir.
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Green Witch Village
Bon, je crois que j'en attendais plus... C'est une bande dessinée tout à fait sympathique que nous concocte ici Lewis Trondheim, et elle se lit très agréablement. L'hommage aux comics américains des années 50 fonctionne tout à fait, au moins graphiquement. Franck Biancarelli nous offre un dessin très soigné, très élégant, et dans la pure veine des comics de la grande époque. Là-dessus, l'hommage est vraiment réussi, et Green Witch Village se lit très bien. Du côté du scénario, c'est tout de même un peu léger... Les auteurs nous expliquent en fin d'album qu'ils ont respecté les contraintes de l'époque pour faire des pages qui se lisent de manière Autonomes, un mot à prendre avec beaucoup de guillemets, puisqu'évidemment, le récit serait incompréhensible, mais je ne vois pas trop ce que ça apporte au récit, puisque le tout se lit vraiment comme un album normal (d'autant qu'il n'y a pas toujours d'ellipses entre deux pages, contrairement à ce qui est dit). Et puis, surtout, ce n'est pas comme si Trondheim ne nous avait pas déjà fait le coup avec Mickey's Craziest Adventures et surtout l'excellent "Donald Happiest Adventures", où le concept était bien mieux utilisé. En tous cas, je voyais clairement ce qu'il apportait à l'histoire. Le récit se déroule donc de manière tout à fait fluide, et j'ai apprécié la lecture, mais sans trop voir où nous menait le récit. Comme l'événement déclencheur n'est jamais expliqué, il apparaît plus comme un prétexte facile à mettre en place un récit qui ne repose que sur la crédulité du lecteur qui acceptera l'idée d'un événement aussi saugrenu sans broncher. Le récit d'espionnage fonctionne à peu près, lui, mais sans avoir recours à aucune ficelle qui surprendra un tant soit peu le lecteur. Ce qui fait que j'ai lu ces 90 pages avec intérêt, mais en me demandant systématiquement quand la surprise débarquerait dans le scénario. Réponse : jamais, puisque le seul élément vraiment intrigant du récit reste sans aucune réponse. Et sûrement pas dans cette charge ultra-convenue contre le patriarcat et le sexisme ordinaire dans les États-Unis des années 50, qu'on a déjà vu mille fois, mais qui a au moins le mérite de ne pas être excessivement lourde, Trondheim sachant faire preuve d'un certain équilibre quand il le faut. Bref, rien qui mérite qu'on s'attarde plus que de raison sur cet album, si ce n'est le beau dessin et l'aspect rétro toujours très agréable. Cela dit, rien qui mérite non plus qu'on jette cet album à la poubelle. Si je l'ai trouvé facile et manquant de surprise, je n'ai jamais détesté le lire, et j'en suis sorti avec la sensation d'avoir lu un récit frais et sympathique. Mais un récit dont j'aurais sans doute oublié l'existence dans quelque jour.
Le Journal de Samuel
Une lecture sympa, rafraichissante. Emilie Tronchon s’est calée dans la peau d’un jeune adolescent (de 10-11 ans), qui se livre dans son journal de façon naturelle et amusante. Tout sonne juste dans les sujets abordés, les mots employés. Et on s’attache à ce petit bonhomme, ses histoires d’amitié, d’amour, de haine, de dégoût, ses aventures à deux balles, ses rencontres, ses découvertes. Le ton employé est plaisant, enjoué, même quand Samuel broie du noir ou bougonne. Le dessin est minimaliste, très peu de décors, des corps réduits au minimum le plus souvent. Ce qui n’empêche pas le récit d’être clair à suivre. Avec une économie de moyens, Tronchon parvient à nous faire passer plein d’émotions. En bas de pages, un petit personnage sert de flip book. Cela rappelle que cet album est adapté d’un projet animé diffusé sur Arte visiblement (je ne l’ai pas vu et ne le connaissais pas). Note réelle 3,5/5.
Dans les oubliettes de la République - Georges Ibrahim Abdallah
Pierre Carles réalise là une belle enquête, sur un sujet qui s’est transformé en patate chaude, que police, services secrets, politiques et médias se sont pas mal refilé, au détriment d’un homme, qui a croupi en prison depuis des décennies. L’album date de 2024, et heureusement depuis (en juillet 2024), Abdallah a été libéré, puis expulsé vers le Liban. Carles retrace bien le parcours d’Abdallah, militant marxiste durant la fin de la guerre froide, résistant au Liban face aux agressions israéliennes, et membres d’un mouvement impliqué dans plusieurs assassinats de diplomates ou d’espions israéliens ou américains. Si jamais l’action de ces deux pays – malgré les milliers de victimes civiles – n’est qualifiée de terroriste, c’en est tout autrement des mouvements comme les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL). Les USA vont continuellement faire pression sur les autorités politiques françaises, depuis son arrestation en 1984, pour qu’il ne sorte pas de prison, alors qu’un emballement médiatique (sur la base d’informations erronées ou fragiles) l’a d’emblée taxé de terrorisme. Le mot tabou étant lancé, plus possible ensuite de « le faire sortir ». La situation décrite par Carles (son enquête est très fouillée – et égratigne au passage quelques journalistes, comme Edwy Plenel) serait presque ubuesque et comique, si la vie d’un homme n’était en jeu. Il est vrai qu’un homme qui se dit opposant à la politique américaine et israélienne, qui s’est toujours affirmé marxiste, n’a pas les honneurs des médias, et il est plus ou moins tombé dans l’oubli, chacune de ses demandes de libération (il pouvait sortir dès 1999) étant refusée – jusqu’à cette année donc, ce que Carles ne pouvait pas savoir, à défaut de l’avoir souhaité. L’enquête et l’affaire Abdallah dépasse donc largement son cas personnel. Cet album/enquête donne à réfléchir sur l’emballement médiatique, la vision que l’on peut avoir de quelqu’un dès lors qu’il est taxé de terrorisme. Les fachos de l’OAS n’ont pas été traité aussi durement (tout en ayant du sang de civils sur les mains). Abdallah a donc été le plus vieux prisonnier politique de l’Union européenne. Il serait bon que cette affaire permette aux médias, aux dirigeants politiques de réfléchir sur leur fonctionnement, parfois assez éloigné des priorités affichées. Une enquête intéressante et bien menée, agréable à suivre (je suis de la génération qui a vécu ces événements, et j’ai donc pu les suivre facilement).
Dans ses yeux
Eh bien, je découvre ici Marc Cuadrado dans un registre très différent des séries comiques que je connais de lui ! En effet, on est là sur du roman graphique, semble-t-il autobiographique, lui jouant le rôle d’accompagnant/mari de Tanie, une femme qui a perdu une bonne partie de ses capacités visuelles. Mais une femme que cette « gêne » (puisqu’elle ne veut pas être cataloguée – et traitée – comme une handicapée) n’empêche pas de vivre sa vie. Bien au contraire, cela nourrit son dynamisme, la pousse à développer moult stratégies pour « contourner » et ainsi « évacuer » le « problème », quitte à rendre chèvre son mari, qui a du mal à suivre le rythme parfois. Femme indépendante, grand-mère poule, avec une vie sociale active (tout au long de l’album nous la voyons préparer une conférence sur l’art : elle qui a du mal à distinguer pas mal de chose, va discourir – et brillamment sur l’art, la révolution des couleurs au début du XXème siècle… La narration est fluide (avec un peu d’humour et d’auto-dérision), agréable, comme le dessin (même s’il ne développe souvent que les personnages en gros plan ou en plan serré). On sent en tout cas toute l’admiration, la tendresse de l’auteur pour le personnage qu’est devenue sa compagne. Note réelle 3,5/5.
L'Anneau des 7 Mondes
Un titre à la Tolkien, mais on est bien dans une série SF. Une série dont la lecture a été parfois laborieuse, mais qui globalement est intéressante. L’intrigue est relativement originale, et, après qu’on l’ait finie, on s’aperçoit qu’elle est assez ambitieuse. Peut-être trop. Ou alors la construction est-elle un chouia trop complexe. En tout cas j’ai souvent eu du mal à suivre l’intrigue. En effet, il y a de multiples va-et-vient entre différents protagonistes, différents lieux – et, je l’ai compris très tardivement, entre différentes époques – ce qui fait qu’il est parfois difficile d’assimiler tout ce qui se passe. Pour le reste, l’histoire mêle complots pour le pouvoir politique, pour le contrôle de certains artefacts, invasion d’un peuple extérieur, piraterie, etc. En sus d’une intrigue assez riche, il y a beaucoup de personnages. Mais bon, une fois accroché par l’histoire, et en faisant l’effort de s’accrocher aux diverses péripéties et aux enjeux multiples, c’est une série qui est prenante, rythmée, et qui m’a plu. Dessin et colorisation sont lisibles, mais un peu inégaux. C’est un style qui n’est a priori pas ma came (un peu trop « simpliste », manquant de détails et nuances), mais, là aussi, je m’y suis fait. Note réelle 3,5/5.
Le Monde sans fin
Je pense qu'on peut dire beaucoup de chose sur cette BD, et je vais essayer de faire court. Mais je pense que cette BD est une merveille de lecture, que je ne peux que recommander à tout le monde. Commençons tout de suite par ce qui peut poser problème : Oui, Jancovici est critiquable, oui il est critiqué. Voila, posons ça tout de suite, le personnage principal de cette BD est Jancovici, la BD parle de ses principes, ses idées et ses solutions. Ce qui veut dire tout de suite que si l'on est déjà en désaccord avec le gars, autant de ne pas se plonger dans la BD ! Il y pose ce qu'il dit ailleurs, de façon synthétique et didactique, pour expliquer ce qui lui importe. Et je vais le dire immédiatement : je vois les limites de Jancovici, j'en connais quelques unes (notamment sur des questions historiques) mais je vais largement passer outre. En fait, je dirais même qu'on s'en fout complètement. Parce que la BD parle du sujet le plus important de notre vie, peut-être même du seul sujet important : le changement climatique et son origine humaine. Raison qui a d'ailleurs conduit à repousser sa lecture pendant des années, vu que je fais de l'éco-anxiété très facilement et que je ne voulais pas m'infliger plus que ce que je vis déjà au quotidien. Et pourtant j'ai fini par la lire, conforté par plusieurs lectures que j'ai eu sur le même sujet (Le Vivant à vif, Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. ...) et avec l'envie de voir ce qu'il en était ici. Comme à son habitude (j'ai vu plusieurs intervention du bonhomme), Jancovici se concentre sur son domaine d'expertise : l'énergie. C'est son domaine d'expertise et il sait s'y faire le bougre. C'est impitoyable comme démonstration de notre dépendance énergétique, avant tout au pétrole mais à tout le reste également. L'implacable changement provoqué par l'humain, l'horreur de l'addiction des sociétés humaines aux énergies fossiles et la difficulté que ce sera d'en sortir. Avec ou sans la volonté humaine, le pétrole va disparaitre et le climat changera. Reste à savoir comment on fera pour y survivre .. La BD n'est cependant pas que défaitiste et propose quelques (maigres) pistes dans le dernier segment pour essayer d'esquiver ce qui nous tombe dessus à une vitesse dont peu de gens semblent avoir idée. Je dirais que la fin est malheureusement très pessimiste et au regard de ce qu'il s'est passé entre la sortie de cette BD et aujourd'hui, je ne peux qu'abonder en son sens. La BD est servie par le dessin de Blain qui a fait tout son possible pour rendre compte de ce qu'il en est. Les métaphores et les séquences explicatives utilisant toutes sortes d'appareil narratifs visuels sont parfaitement bien intégrées pour que l'on ne se rende pas compte du poids de la vulgarisation. C'est dense et clair, un excellent travail qui prouve encore une fois que Blain est un excellent auteur. Rendre ainsi clair et lisible de tels concepts est admirable ! J'ai dit au début que j'essayerais de faire bref, et je m'arrêterais alors bientôt en disant simplement ceci : lisez cette BD. Il est rare que je le recommande alors que j'ai quelques légers reproches à faire à celle-ci, mais je pense encore une fois que l'ampleur du phénomène, mal perçu et mal reçu, doit avoir l'écho le plus large possible. Les détails, les petits défauts que j'y vois sont minimes à côté de ce qu'elle dit. Et son message, aussi terrifiant et cruel soit-il, doit être entendu. Rien d'autre ne compte.
1949
Wow ! Ce coup de crayon !!! C'est avec "1949" que je découvre le travail de Dustin Weaver, et ça donne envie d'aller creuser du côté de ses autres productions. Après, il était plutôt habitué à bosser pour des franchises genre Star Wars ou Avengers, avec une palanquée d'autres auteurs, alors qu'il gère tout de A à Z avec cet album. "1949" c'est avant tout un polar, mais c'est aussi de la SF. Ce qui donne à Dustin Weaver l'occasion de nous montrer deux facettes de son savoir faire graphique. Le côté polar est traité tout en noir et blanc de façon très académique, alors que la partie futuriste se fait tout en couleurs chatoyantes avec des découpages plus ambitieux. Le contraste est saisissant, mais fonctionne très bien. Il a parfaitement réussi à articuler les deux en jouant sur le thème d'enquêtes à travers le temps. Et franchement, son dessin est impressionnant ! Les détails de ses cases, que ce soit les décors, les véhicules, l'architecture, les vêtements, c'est du travail d'orfèvre ! C'est plus du côté du scénario que je pourrais titiller ; je me suis fais surprendre par la fin. Loin d'être mauvaise, elle arrive un peu trop vite à mon goût, et son univers aurait appelé à davantage de développement. Peut-être une suite verra -t-elle le jour, en tout cas l'univers développé s'y prête. (3.5/5)
La Bande des bédémaniacs
Scott McCloud nous a déjà initié à l'art de raconter la BD en BD (cf L'Art Invisible). Ici, il s'associe à la dessinatrice Raina Telgemeier pour nous offrir une fiction, l'histoire de quatre ados aux affinités différentes et qui, sous l'impulsion de la documentaliste du CDI de leur collège vont créer leur propre bande dessinée J'ai trouvé le propos très inspirant et bourré de conseils avisés concernant les émotions à faire passer à travers les postures des personnages, ou la liberté sans limite du support. "La seule règle d'or de la bande dessinée, c'est qu'il n'y en a pas". J'ai été moins séduite par le dessin, que j'ai trouvé un poil caricatural
Drogue - Une histoire mondiale
Avec "Drogue - Une histoire mondiale", Jean-Pierre Pécau et Nicolas Otéro nous entrainent sur une drôle d'histoire. Non pas que le sujet soit hilarant ou que quelques effluves euphorisantes ou psychoactives s'échappent des pages de cet album, mais c'est plutôt l'angle de vue et le ton employé pour traiter cette histoire qui sont intéressants. Le découpage en courts chapitres est lui aussi fort appréciable pour découvrir ou aborder les différentes facettes de ce sujet, que ce soit historique, géographique, religieux et bien sûr politique. la petite pointe de cynisme qui traine dans les commentaires des faits historiques termine de donner à l'ensemble un ton assez humoristique par moment, ce qui est appréciable quand on traite un tel sujet. Côté dessin, Nicolas Otéro donne dans l'efficacité et pas dans le style. Il nous propose un graphisme très photographique qui cadre très bien avec la BD documentaire, colorisant ses planches en aplats, rehaussant de-ci de-là certains éléments importants avec du rouge. Pourtant curieux sur le sujet, j'avoue avoir appris pas mal de choses grâce à cet album. S'il ne creuse pas forcément en profondeur, il expose clairement les tenants et aboutissements liés à la drogue, à nous d'aller creuser certains points si besoin. Un très bonne présentation du sujet qui appelle à réfléchir.
I parry everything
Voilà une nouvelle série de fantasy tirant sur le mode des jeux RPG. Rien de bien neuf de ce côté là, pourtant, j'avoue m'être laissé tranquillement embarquer. Noon est un jeune homme qui a toujours voulu être un aventurier. Pourtant, malgré sa rigueur et son obstination, il a échoué à toutes les écoles d'aventuriers existantes. Que ce soit sorcier, guerrier, voleur ou encore guérisseur, il n'a jamais réussi à en sortir diplômé. Pour autant, toujours prompt à rendre service et de bonne humeur, Noon reste positif et est très apprécié de ses concitoyens. La guilde de sa ville à même créé une catégorie de missions "zéro" qu'il peut ainsi réaliser pour se sentir aventurier... Pourtant, un jour, il va sauver la Princesse Lynneburg du Royaume de Clays d'une attaque d'un terrible minotaure. De ce jour elle n'aura de cesse de devenir son apprentie, lui qui ne pensait être qu'un bon à rien. Alors oui, le pitch de départ est très loin d'être original, mais la qualité de la narration et de découpage des planches donne toute la fluidité à ce début d'histoire. Noon est aussi un personnage attachant, et on se surprend à attendre le développement de ses aventures. A découvrir.