Se laisse lire. Relire ? Pas envie, le dessin ne m'ayant pas marqué. Sinon, bien sûr, les héros masqués et une plongée dans l'Histoire peuvent attirer, mais je trouve qu'on a fait bien mieux, alors…
Juste pour rire, comment dénouer un nœud ? Le héros est bien fort, et il le faut pour vaincre un tas d'antagoniste. Mais allez savoir pourquoi, on veut s'en débarrasser. Comment faire ? Ben on lui envoie un antagoniste qui a appris à se battre à la samouraï, avec une épée de ce genre de guerrier. Et comme les deux sont plus tranchants que duellistes et épée occidentale, on dégage le héros. Et au Japon, ils font comment, s'ils veulent achever un héros ? J'imagine qu'ils font venir un guerrier d'Occident, qui lui tire tout simplement dessus : échange de bons procédés.
Ouais, c'est pas mal, même bien. Mais ça aurait pu être 'achement mieux.
Bon déjà, le dessin n'est pas mon trop mon truc. Il fait le taf mais reste pour moi à l'état d'esquisse. Les personnages sont bien empoignés. On sent bien ce qui les anime. On sent leurs faiblesses et tout le poids de leur passé peser sur leurs épaules. L'histoire valait vraiment d'être racontée, et ça ramène un peu les pieds sur terre de se dire que oui, il y a deux cents ans, on en était encore (la Science) à lutter contre l'obscurantisme religieux, religion avec laquelle il fallait composer, quitte à tordre le récit scientifique pour le faire coïncider avec les textes bibliques. C'est peut être le scénar qui est peut-être un peu linéaire. Mais je fais mon difficile là !
La BD en tant qu'objet est soignée. Belle couv, reliure de qualité, donc solide. Chouette illustration qui induit d'ailleurs un peu en "erreur" sur le contenu graphique même.
Non, au final, je ne vais pas faire le salaud. Je file 4/5, c'est pas de l'arnaque.
Merveilleuse idée ! Et il n'y a rien de prétention chez les Japonais. L'auteur projette la façon japonaise d'apprendre sur son Romain. Pas très exact historiquement, s'il est vrai que les Romains ont beaucoup imité, des Grecs, mais pas seulement.
Autre objection à balayer : son Romain est anormalement peu curieux. Pardon, mais il est pile représentatif du Romain normal, sauf élite de l'élite intellectuelle, le Romain, pragmatique, s'occupe de ce qui marche ou pas, il y a peu de question du comment. Peuple bourré de rites mais sans mythes bien métaphysiques, qui reprend les résultats des Grecs en science sans trop s'attarder sur le cheminement intellectuel. Donc notre héros voit tout ce qu'il peut transposer dans ses thermes, et n'a pas l'idée d'aller explorer le nouveau monde des "faces plates". Pourquoi faire ? Son avance indique qu'on ne saurait le conquérir, et il ne semble pas tenté d'envahir Rome non plus, alors…
Le Romain n'est pas un Carthaginois ou un Grec, la découverte du monde et lui, ça fait deux. Il ne conquiert et ne garde d'ailleurs que ce qu'il peut administrer, ainsi, Auguste dit basta ! L'idée étant de ne plus conquérir, on ne saurait administre ce qui déborde trop. Et non, ce n'est pas que pour empêcher un général victorieux de concurrencer son pouvoir par son prestige… Plus tard, Dioclétien coupera l'Empire en deux pour mieux administrer. Le Romain est pragmatique, il aime aussi dominer… Cela implique de ne pas se disperser, rien à voir avec les Gaulois et leurs druides, les Grecs et leurs philosophes et autres. Une chance pour l'auteur ! La monomanie de notre héros sur les bains n'aurait guère été crédible autrement.
Là, si !
Le dessin ne se remarque pas, mais si on y pense… Il donne de la crédibilité question bains, on s'attache aux personnages, la lecture est dynamique. Parfait, donc !
Inhumain est une très solide BD de science-fiction, qui glisse progressivement d’un récit de survie vers une réflexion nettement plus philosophique. L’intrigue est maîtrisée, bien construite, et fonctionne largement sur la curiosité du lecteur, avec une montée du malaise lente mais efficace. Le récit évite toute opposition simpliste : il n’y a ni véritables gentils ni méchants, seulement des logiques de survie incompatibles, ce qui rend le dilemme final particulièrement pertinent.
L’idée d’un antagoniste fondamentalement « bienveillant » dans ses intentions est l’un des grands atouts de l’album. Sans rien dévoiler, la fin ouverte prolonge intelligemment la lecture en posant frontalement la question du libre arbitre et du choix collectif. La métaphore autour de la sécurité globale évoque clairement des mécanismes proches de la dissuasion nucléaire contemporaine, donnant au propos une résonance politique discrète mais réelle.
Graphiquement, l’album est très réussi. Les couleurs sont riches, l’ambiance science-fiction parfaitement installée, et la planète possède une vraie identité visuelle. Seul bémol : des visages parfois moins expressifs que le reste du dessin, légèrement en retrait par rapport à la qualité globale des décors et de la mise en scène. Cela n’entame toutefois pas la force de l’ensemble, qui reste cohérent et immersif.
Hoka Hey s’impose comme une oeuvre de très grand qualité dans l'univers Western, à la fois ample et profondément humain. Le scénario est d’une grande lisibilité sans jamais verser dans la facilité : le récit avance avec une évidence narrative remarquable, laissant les personnages se construire naturellement au fil des pages. Aucun manichéisme ici, seulement des êtres cabossés, traversés par la colère, la douleur ou le doute, mais toujours crédibles et représentatifs de l’humain dans ce qu’il a de plus fragile comme de plus digne.
L’émotion est omniprésente, mais traitée avec une retenue rare. Le récit est dur, parfois brutal dans ce qu’il raconte, sans jamais tomber dans le cliché ni la complaisance. Une forme de douceur affleure pourtant en permanence, notamment dans la relation entre les personnages et dans la manière dont la transmission culturelle devient un apaisement possible. Le respect du monde western, de ses codes et de son imaginaire, est évident, tout en étant mis au service d’un propos plus intime et politique.
Graphiquement, Neyef livre un travail remarquable. Le dessin est très beau, coloré, expressif, avec une finesse de détail bien dosée. Le trait ne cherche pas un réalisme absolu : il privilégie clairement la transmission des émotions, ce qui renforce encore l’impact du récit. Les ambiances, les regards et les silences parlent souvent autant que les dialogues.
Hel’Blar est un diptyque solide et généreux, enrichi de nombreux contenus additionnels qui prolongent l’immersion. Le scénario est rythmé, bien construit, et maintient une tension constante grâce à une traque efficace et une mythologie scandinave exploitée avec sérieux. Sans chercher la rupture ou la réinvention du genre, la série assume pleinement ses codes et propose un récit cohérent, avec un véritable arc narratif, une intrigue maîtrisée et une conclusion globalement satisfaisante, malgré une légère ouverture finale.
Graphiquement, l’ensemble est très convaincant. Le dessin est lisible et dynamique, avec un côté manga assumé dans le traitement du sensationnel et de l’action, ce qui renforce l’impact visuel sans nuire à la narration. Les couleurs, très vives, accompagnent parfaitement un récit énergique et brutal, accentuant le caractère « vitaminé » de l’ensemble et l’atmosphère épique. Une œuvre recommandée aux amateurs de fantasy nordique et de mythologie scandinave, qui trouveront ici une proposition aboutie et efficace.
Je ne peux pas dire que j’aie été emballé par cet album. Mais je dois quand même admettre que, sous ses dehors assez austères, il nous embarque gentiment et il se laisse lire facilement, parfois le sourire aux lèvres.
Les décors sont minimalistes (l’austérité du Nord-Ouest de l’Angleterre est ici presque caricaturale, restreinte ici à quelques parkings isolés), les personnages peu expressifs, et l’intrigue on ne peut moins dynamique. En effet, nous suivons un vague conflit entre vendeurs de glaces, un militant des secours en montagne (là où seules quelques collines existent !), avec quelques menu débats entre cruciverbistes.
C’est un peu sec mais, contre toute attente, ça se laisse lire. Il y a dans certains passages un humour pince sans rire, froid, et l’aspect pauvre de l’ensemble se transforme même en quelque chose de risible.
Je serais moins enthousiaste que mes prédécesseurs, mais c’est une lecture originale et recommandable (mais ceux qui ne cherchent que de l’action doivent s’abstenir !).
C’est l’histoire d’un homme qui a le plus grand mal à se positionner en société, à savoir comment développer des relations sociales. Et qui, faute de mieux « joue un rôle », celui de bouffon le plus souvent.
Lui-même abusé sexuellement durant son enfance, il développe des relations ambigües avec les femmes – qui sont nombreuses à être attirées par lui ! Mais que ce soit pour les relations amoureuses, sociales, politiques, il n’est jamais sincère et préfère à chaque fois fuir la réalité, mentir, provoquant souvent des drames.
Car le récit développe une vision très noire de la société, très pessimiste, le suicide (physique ou social) étant très présent.
Au milieu de tout ça, des cauchemars, visions d’horreur, ou simples morts, alimentent une certaine horreur, sans qu’Ito – qui adapte ici un auteur que je ne connaissais pas – n’apporte les délires visuels qui souvent habitent ses œuvres. On est ici davantage dans un récit d’atmosphère que dans l’horreur brute des séries qu’Ito crée lui-même. Les « visions d’horreur » sont toutefois plus présentes dans le troisième et dernier tome.
En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui (chez les femmes avec lesquelles il a des relations, mais pas que, puisqu'il pousse au suicide l'une des rares personnes à l'avoir percé à jour).
Si la lecture n’est pas inintéressante, j’ai quand même trouvé qu’il y avait des longueurs, certaines redites.
En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui. La déchéance est collective. Il y a quelques chose des romans noirs gothiques dans ce récit.
De Beethoven, je ne connaissais que quelques bribes de sa personnalité, toutes liées à sa période adulte et célèbre. Je partais donc dans l'inconnu avec cet album, qui se concentre sur "l'avant ", sa jeunesse.
Une période de formation, en tant qu'artiste et en tant que personne. Avec son père comme personnage clé. Qui lui a mis le pied à l'étrier comme musicien. Mais ce père est un personnage assez négatif. Alcoolique, violent, borné, exploitant sans vergogne son fils - qu'il voyait davantage comme l'exécutant d'œuvres écrites par d'autres, comme Mozart alors en vogue, que comme compositeur.
La pression mise continûment par son père explique sans doute le côté quelque peu frénétique ou pressé de Ludwig. Je ne connais pas son œuvre suffisamment en profondeur pour y déceler là aussi des traces de cette relation difficile.
En tout cas l'album se laisse lire agréablement. Le sujet est sans doute moins original que d'autres séries de Ross, mais son dessin, ici très moderne et dynamique, colle très bien à la personnalité qu'il nous donne à voir.
Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque.
En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace.
On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant.
J'ai trouvé cette BD très agréable.
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Les 7 vies de l'épervier
Se laisse lire. Relire ? Pas envie, le dessin ne m'ayant pas marqué. Sinon, bien sûr, les héros masqués et une plongée dans l'Histoire peuvent attirer, mais je trouve qu'on a fait bien mieux, alors… Juste pour rire, comment dénouer un nœud ? Le héros est bien fort, et il le faut pour vaincre un tas d'antagoniste. Mais allez savoir pourquoi, on veut s'en débarrasser. Comment faire ? Ben on lui envoie un antagoniste qui a appris à se battre à la samouraï, avec une épée de ce genre de guerrier. Et comme les deux sont plus tranchants que duellistes et épée occidentale, on dégage le héros. Et au Japon, ils font comment, s'ils veulent achever un héros ? J'imagine qu'ils font venir un guerrier d'Occident, qui lui tire tout simplement dessus : échange de bons procédés.
La dent de l'iguanodon
Ouais, c'est pas mal, même bien. Mais ça aurait pu être 'achement mieux. Bon déjà, le dessin n'est pas mon trop mon truc. Il fait le taf mais reste pour moi à l'état d'esquisse. Les personnages sont bien empoignés. On sent bien ce qui les anime. On sent leurs faiblesses et tout le poids de leur passé peser sur leurs épaules. L'histoire valait vraiment d'être racontée, et ça ramène un peu les pieds sur terre de se dire que oui, il y a deux cents ans, on en était encore (la Science) à lutter contre l'obscurantisme religieux, religion avec laquelle il fallait composer, quitte à tordre le récit scientifique pour le faire coïncider avec les textes bibliques. C'est peut être le scénar qui est peut-être un peu linéaire. Mais je fais mon difficile là ! La BD en tant qu'objet est soignée. Belle couv, reliure de qualité, donc solide. Chouette illustration qui induit d'ailleurs un peu en "erreur" sur le contenu graphique même. Non, au final, je ne vais pas faire le salaud. Je file 4/5, c'est pas de l'arnaque.
Thermae Romae
Merveilleuse idée ! Et il n'y a rien de prétention chez les Japonais. L'auteur projette la façon japonaise d'apprendre sur son Romain. Pas très exact historiquement, s'il est vrai que les Romains ont beaucoup imité, des Grecs, mais pas seulement. Autre objection à balayer : son Romain est anormalement peu curieux. Pardon, mais il est pile représentatif du Romain normal, sauf élite de l'élite intellectuelle, le Romain, pragmatique, s'occupe de ce qui marche ou pas, il y a peu de question du comment. Peuple bourré de rites mais sans mythes bien métaphysiques, qui reprend les résultats des Grecs en science sans trop s'attarder sur le cheminement intellectuel. Donc notre héros voit tout ce qu'il peut transposer dans ses thermes, et n'a pas l'idée d'aller explorer le nouveau monde des "faces plates". Pourquoi faire ? Son avance indique qu'on ne saurait le conquérir, et il ne semble pas tenté d'envahir Rome non plus, alors… Le Romain n'est pas un Carthaginois ou un Grec, la découverte du monde et lui, ça fait deux. Il ne conquiert et ne garde d'ailleurs que ce qu'il peut administrer, ainsi, Auguste dit basta ! L'idée étant de ne plus conquérir, on ne saurait administre ce qui déborde trop. Et non, ce n'est pas que pour empêcher un général victorieux de concurrencer son pouvoir par son prestige… Plus tard, Dioclétien coupera l'Empire en deux pour mieux administrer. Le Romain est pragmatique, il aime aussi dominer… Cela implique de ne pas se disperser, rien à voir avec les Gaulois et leurs druides, les Grecs et leurs philosophes et autres. Une chance pour l'auteur ! La monomanie de notre héros sur les bains n'aurait guère été crédible autrement. Là, si ! Le dessin ne se remarque pas, mais si on y pense… Il donne de la crédibilité question bains, on s'attache aux personnages, la lecture est dynamique. Parfait, donc !
Inhumain
Inhumain est une très solide BD de science-fiction, qui glisse progressivement d’un récit de survie vers une réflexion nettement plus philosophique. L’intrigue est maîtrisée, bien construite, et fonctionne largement sur la curiosité du lecteur, avec une montée du malaise lente mais efficace. Le récit évite toute opposition simpliste : il n’y a ni véritables gentils ni méchants, seulement des logiques de survie incompatibles, ce qui rend le dilemme final particulièrement pertinent. L’idée d’un antagoniste fondamentalement « bienveillant » dans ses intentions est l’un des grands atouts de l’album. Sans rien dévoiler, la fin ouverte prolonge intelligemment la lecture en posant frontalement la question du libre arbitre et du choix collectif. La métaphore autour de la sécurité globale évoque clairement des mécanismes proches de la dissuasion nucléaire contemporaine, donnant au propos une résonance politique discrète mais réelle. Graphiquement, l’album est très réussi. Les couleurs sont riches, l’ambiance science-fiction parfaitement installée, et la planète possède une vraie identité visuelle. Seul bémol : des visages parfois moins expressifs que le reste du dessin, légèrement en retrait par rapport à la qualité globale des décors et de la mise en scène. Cela n’entame toutefois pas la force de l’ensemble, qui reste cohérent et immersif.
Hoka Hey !
Hoka Hey s’impose comme une oeuvre de très grand qualité dans l'univers Western, à la fois ample et profondément humain. Le scénario est d’une grande lisibilité sans jamais verser dans la facilité : le récit avance avec une évidence narrative remarquable, laissant les personnages se construire naturellement au fil des pages. Aucun manichéisme ici, seulement des êtres cabossés, traversés par la colère, la douleur ou le doute, mais toujours crédibles et représentatifs de l’humain dans ce qu’il a de plus fragile comme de plus digne. L’émotion est omniprésente, mais traitée avec une retenue rare. Le récit est dur, parfois brutal dans ce qu’il raconte, sans jamais tomber dans le cliché ni la complaisance. Une forme de douceur affleure pourtant en permanence, notamment dans la relation entre les personnages et dans la manière dont la transmission culturelle devient un apaisement possible. Le respect du monde western, de ses codes et de son imaginaire, est évident, tout en étant mis au service d’un propos plus intime et politique. Graphiquement, Neyef livre un travail remarquable. Le dessin est très beau, coloré, expressif, avec une finesse de détail bien dosée. Le trait ne cherche pas un réalisme absolu : il privilégie clairement la transmission des émotions, ce qui renforce encore l’impact du récit. Les ambiances, les regards et les silences parlent souvent autant que les dialogues.
Hel'Blar
Hel’Blar est un diptyque solide et généreux, enrichi de nombreux contenus additionnels qui prolongent l’immersion. Le scénario est rythmé, bien construit, et maintient une tension constante grâce à une traque efficace et une mythologie scandinave exploitée avec sérieux. Sans chercher la rupture ou la réinvention du genre, la série assume pleinement ses codes et propose un récit cohérent, avec un véritable arc narratif, une intrigue maîtrisée et une conclusion globalement satisfaisante, malgré une légère ouverture finale. Graphiquement, l’ensemble est très convaincant. Le dessin est lisible et dynamique, avec un côté manga assumé dans le traitement du sensationnel et de l’action, ce qui renforce l’impact visuel sans nuire à la narration. Les couleurs, très vives, accompagnent parfaitement un récit énergique et brutal, accentuant le caractère « vitaminé » de l’ensemble et l’atmosphère épique. Une œuvre recommandée aux amateurs de fantasy nordique et de mythologie scandinave, qui trouveront ici une proposition aboutie et efficace.
Glace
Je ne peux pas dire que j’aie été emballé par cet album. Mais je dois quand même admettre que, sous ses dehors assez austères, il nous embarque gentiment et il se laisse lire facilement, parfois le sourire aux lèvres. Les décors sont minimalistes (l’austérité du Nord-Ouest de l’Angleterre est ici presque caricaturale, restreinte ici à quelques parkings isolés), les personnages peu expressifs, et l’intrigue on ne peut moins dynamique. En effet, nous suivons un vague conflit entre vendeurs de glaces, un militant des secours en montagne (là où seules quelques collines existent !), avec quelques menu débats entre cruciverbistes. C’est un peu sec mais, contre toute attente, ça se laisse lire. Il y a dans certains passages un humour pince sans rire, froid, et l’aspect pauvre de l’ensemble se transforme même en quelque chose de risible. Je serais moins enthousiaste que mes prédécesseurs, mais c’est une lecture originale et recommandable (mais ceux qui ne cherchent que de l’action doivent s’abstenir !).
La Déchéance d'un homme
C’est l’histoire d’un homme qui a le plus grand mal à se positionner en société, à savoir comment développer des relations sociales. Et qui, faute de mieux « joue un rôle », celui de bouffon le plus souvent. Lui-même abusé sexuellement durant son enfance, il développe des relations ambigües avec les femmes – qui sont nombreuses à être attirées par lui ! Mais que ce soit pour les relations amoureuses, sociales, politiques, il n’est jamais sincère et préfère à chaque fois fuir la réalité, mentir, provoquant souvent des drames. Car le récit développe une vision très noire de la société, très pessimiste, le suicide (physique ou social) étant très présent. Au milieu de tout ça, des cauchemars, visions d’horreur, ou simples morts, alimentent une certaine horreur, sans qu’Ito – qui adapte ici un auteur que je ne connaissais pas – n’apporte les délires visuels qui souvent habitent ses œuvres. On est ici davantage dans un récit d’atmosphère que dans l’horreur brute des séries qu’Ito crée lui-même. Les « visions d’horreur » sont toutefois plus présentes dans le troisième et dernier tome. En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui (chez les femmes avec lesquelles il a des relations, mais pas que, puisqu'il pousse au suicide l'une des rares personnes à l'avoir percé à jour). Si la lecture n’est pas inintéressante, j’ai quand même trouvé qu’il y avait des longueurs, certaines redites. En tout cas, le récit nous permet de suivre la vie – et la déchéance – du héros. Mais aussi le malheur qu’il entraine autour de lui. La déchéance est collective. Il y a quelques chose des romans noirs gothiques dans ce récit.
Ludwig et Beethoven
De Beethoven, je ne connaissais que quelques bribes de sa personnalité, toutes liées à sa période adulte et célèbre. Je partais donc dans l'inconnu avec cet album, qui se concentre sur "l'avant ", sa jeunesse. Une période de formation, en tant qu'artiste et en tant que personne. Avec son père comme personnage clé. Qui lui a mis le pied à l'étrier comme musicien. Mais ce père est un personnage assez négatif. Alcoolique, violent, borné, exploitant sans vergogne son fils - qu'il voyait davantage comme l'exécutant d'œuvres écrites par d'autres, comme Mozart alors en vogue, que comme compositeur. La pression mise continûment par son père explique sans doute le côté quelque peu frénétique ou pressé de Ludwig. Je ne connais pas son œuvre suffisamment en profondeur pour y déceler là aussi des traces de cette relation difficile. En tout cas l'album se laisse lire agréablement. Le sujet est sans doute moins original que d'autres séries de Ross, mais son dessin, ici très moderne et dynamique, colle très bien à la personnalité qu'il nous donne à voir.
Un avion sans elle
Adaptée d'un roman que je ne connais absolument pas, cette BD a conservé ce qui fait la qualité d'un bon polar qu'on lit en vacances sans pouvoir le lâcher. Cela vient de la narration qui alterne deux trames. Dans le présent, Marc, un jeune homme tente de comprendre pourquoi sa soeur a disparue subitement le jour der ses 18 ans. Il faut dire que cette jeune fille a une histoire singulière puisque, bébé, elle a survécu à un crash d'avion et elle a été confiée a ses grands parents. Sauf que 2 familles se sont battus pour la récupérer à l'époque. En parallèle de ça, l'autre arc narratif concerne un détective chargé de mener une contre enquête par une des familles pour découvrir la véritable identité de la fillette. Il a consigné 18 ans d'investigations dans un carnet que Marc est en train de lire. Et donc, comme dans un bon page turner, dès que le détective s'apprête à faire une révélation, l'histoire bascule sur le présent. Et lorsque Marc semble sur le point de comprendre quelque chose, on revient à notre détective. Procédé somme toute classique, mais bien efficace. On se prend bien au jeu, et on a envie de savoir quelle est la vraie famille de notre héroïne. Alors oui, il a quelques ficelles un peu grosses et quelques péripéties pas hyper crédibles. Mais j'ai pas trouvé ça gênant, la curiosité de connaitre le dénouement prédominant largement. Et enfin, mention spéciale au petit twist final qui permet de retrouver la vraie mère de l'enfant. J'ai trouvé cette BD très agréable.