Beau comme la découverte du Mouvement de la Terre. Ce n'est pas historiquement exact ? Mais cela donne certaines bases, le désir d'en savoir plus et fait rêver. Surtout, on redécouvre l'étrangeté que cela a été que de comprendre que le sol n'est pas plus fixe qu'un navire sous nos pieds ! Ce qu'il a l'air d'être… En plus d'autres enjeux de représentation du monde y sont liés. Le pouvoir peut être redistribué à l'occasion d'une nouvelle manière de voir. De nouvelles manières de voir le monde se font jour. Et puis, se voir sous un jour exotique par les yeux des Japonais n'est pas désagréable… Bref, que de décentrements ! Vraiment plaisant.
Je ne vais pas être tendre, mais bon, lorsqu'on n'aime pas...
J'ai traversé ce Koh-Lanta, saison Aimée De Jongh, sans la moindre passion.
Ne connaissant pas le roman dont la BD s'inspire, j'ai découvert qu'il s'agissait d'un crash d'avion sur une île déserte, où à ma grande surprise les seuls survivants sont des enfants (et pas une seule fille !).
Il va donc être question de survie, et celle-ci me laisse perplexe pour un récit qui se veut réaliste. Ils n'ont pas trop l'air de souffrir de la faim, arbres fruitiers à volonté et sangliers chassés à la lance !?
Il va être aussi question de tensions, elles sont le fruit des règles qui sont mises en place et qui vont scinder les survivants en deux groupes. D'un côté ceux qui veulent une société structurée et de l'autre, ceux qui laissent leur instinct animal prendre le dessus. Et c'est cette scission avec d'un côté la civilisation et de l'autre la barbarie qui aurait dû me happer, mais qui hélas m'a laissé finalement sur le bord du chemin. Je reconnais néanmoins quelques rares passages réussis, ceux avec la tête de sanglier sur le pieu.
Un scénario dont le socle est bancal, dont l'enchaînement des événements manque de liant, dont la transition de l'enfance à l'âge adulte est peu convaincant et dont les personnages m'ont laissé indifférent.
En conclusion, je n'ai jamais cru à cette histoire.
Je ne suis pas non plus sous le charme du dessin d'Aimée De Jongh, je le trouve très classique dans son genre.
De nombreux personnages se ressemblent et ne se reconnaissent que grâce à la couleur des cheveux où à la présence de tâches de rousseur.
Une adaptation boiteuse.
Note réelle : 2,5.
Je suis d’accord avec Mac Arthur pour dire que cet album est original et possède de réelles qualités. Mais j’ai été constamment désarçonné par le récit, et ne suis en fait jamais complètement rentré dedans. Cette gêne explique ma note, reflet d’un plaisir de lecture qui n’a pas été au rendez-vous (mais c’est affaire de goût, et je suis sûr que d’autres apprécierons davantage cette histoire, et la manière dont elle est narrée).
Deux êtres isolés sur une île déserte, qui se rencontrent, se rapprochent (seule la femme parle, l’homme reste muet et ne fait que lui faire découvrir la nature environnante – et lui redonner foi en un amour charnel), alors que la femme monologue beaucoup, nous livrant ses réflexions sur son couple, dialoguant à distance avec son mari – qui ne peut évidemment pas l’entendre. Ça se laisse lire, mais Marie Spénale ne m’a pas rendu facile et intelligible son histoire.
Quant au dessin, il est lui aussi assez spéciale. Habillé de couleurs pétantes, assez psychédéliques, il est à la fois simple et poétique, jouant sur des formes évoquées, comme si l’on caressait les choses et les idées pour se resourcer, à l’instar de nos deux Robinson.
Je suis hélas resté à côté de ce récit.
Note réelle 2,5/5.
Une intrigue assez riche, mais ma lecture a quand même été un peu laborieuse, ce qui a influé sur mon ressenti, et ma note in fine.
Le dessin possède de réelles qualités, mais il n’est pas vraiment ma came, et de plus, j’ai trouvé plusieurs cases difficiles à déchiffrer (lors de combats, mais pas seulement).
Quant à l’histoire proprement dite, elle est relativement ambitieuse. Dans un univers post-apocalypse, alors que l’humanité a quasiment disparu, un dernier être « humain » se débat pour survivre, chaperonné par une femme IA, puis par des robots serviteurs, ravis de retrouver un maître à suivre, comme ils ont été programmés pour le faire. Car celui-ci est traqué par le système, dont les drones multiplient les attaques.
Hélas, comme pour le dessin, l’intrigue n’est pas toujours très claire à suivre. Certains détails m’ont échappé, et j’ai parfois dû accepter de suivre certains passages en apnée, avant de me raccrocher ensuite à l’intrigue générale. L’alternance entre flash-backs et « présent » accentue aussi ces difficultés de lecture.
Bref, une histoire dont les qualités intrinsèques n’ont pas toujours suffi à effacer mes difficultés à bien saisir tous les détails d’une intrigue qui m’a parfois un peu perdu.
Je ne sais pas ce que Combet a mis de lui-même dans ce récit, qui a l’air d’être au moins en partie autobiographique.
L’album est relativement épais, mais il se lit assez vite. D’une part parce que le texte n’est jamais abondant (il y a même pas mal de cases muettes), mais aussi car l’intrigue, sans être inintéressante, n’est pas très étoffée.
La narration use de nombreux flash-backs qui nous font découvrir le héros durant certains passages de son enfance et de son adolescence, la plupart du temps au cours de parties de randonnée/chasse en montagne avec son père et un ami de celui-ci. Passages qui nous permettent de comprendre le « coming in » du héros, Pierre, enfant sensible passionné par la nature, de plus en plus écœuré par les chasses auxquelles son père l’oblige à participer. Mais surtout de plus en plus en porte-à-faux avec les propos virilistes et homophobes de son père, alors même qu’il comprend qu’il est homosexuel : la rupture est inévitable entre eux.
Ces flash-backs alternent avec des périodes « contemporaines » durant lesquelles Pierre traine son mal être et quelques mauvaises expériences, jusqu’à ce que, vers la fin, il commence à faire le point, la paix : la figure du père disparue, la présence d’amis sûrs, lui donnent la force d’aller de l’avant, de retrouver l’inspiration artistique qui le quittait. Nous le quittons rasséréné.
La lecture est plaisante, accompagnée d’un dessin très esthétique, très lumineux. Je n’en suis pas fan a priori. Ça marche davantage pour les très beaux paysages alpestres, moins pour les personnages (affaire de goûts sans doute).
Le football est depuis longtemps le sport numéro 1 en France ; De nombreux joueurs sont professionnels, mais comment en est-on arrivé là ? C'est ce qu'a voulu raconter Jeff Legrand, dont le club de Coeur est le FC Sochaux-Montbéliard, ancienne place forte d foot français, et artisan actif de la professionnalisation de ce même foot français, ans les années 1920-1930.
C'est au travers de l'histoire de Philippe, un ouvrier méritant des usines Peugeot, que nous est racontée cette histoire, avec des détours du côté de la future dirigeance de ce FCSM, en lien avec l'entreprise Peugeot, auquel il fut étroitement lié pendant longtemps. Si elle est plaisante, cette histoire n'est pourtant pas un conte de fées. Considéré comme un surdoué à ses débuts, Philippe doit déchanter après une mauvaise prestation lors d'une tornée du club en Allemagne. L'occasion pour lui de réfléchir à ce qu'il veut être, et surtout ce qu'il veut préserver. j'ai bien aimé ce discours assez adulte, assez mature, alors qu'un avenir peut-être brillant s'ouvrait pour cet ouvrier jeune père de famille. L'histoire est donc raconté selon plusieurs points de vue, et c'est très fluide, car chronologique. Au-delà de cette période fondatrice, les auteurs nous proposent un autre petit récit, racontant une période plus proche du club, lorsque celui-ci s'est retrouvé au bord du gouffre, et n'a pu être sauvé que grâce à l'amour de ses supporters, qui se sont constitués en actionnaires. Même si le FCSM se bat actuellement en National (le niveau 3 national), il continue de faire vibrer son peuple.
Jeff Legrand est accompagné aux pinceaux et crayons par Geoffrey Champin, dessinateur au style assez naïf, mais très expressif. Un style qui fait honneur à cette époque un peu "native" concernant le sport français. En bonus nous avons quelques pages sur ces débuts professionnels, ainsi que quelques extraits du scénario et d storyboard.
C'est très sympathique.
Les Dents de la Mer, sorti il y a cinquante ans, est l'un des films les plus connus, et celui qui a définitivement lancé la carrière d'une figure majeure d'Hollywood, à savoir Steven Spielberg. Au-delà de ses qualités artistiques et du phénomène de société qu'il a amplifié, à savoir la peur des requins, c'est aussi son statut de tournage cauchemar qui a contribué à sa légende.
Fort de nombreuses lectures sur le sujet, le scénariste Jérôme Wybon s'est donc attaché à reconstituer ce processus, qui s'est au final étalé sur plus de deux ans entre le moment où Spielberg, aiguillé par deux producteurs, a décidé de s'attaquer à l'adaptation sur grand écran d'un roman de Peter Benchley, jusqu'à sa sortie, triomphale, à l'été 1975. Le scénariste est même allé plus loin en évoquant rapidement le tournage de sa suite, qui se fit sans le réalisateur, trois ans plus tard.
C'est une enquête minutieuse, où l'on comprend le rôle des producteurs, du réalisateur, de la monteuse, qui communiquait en permanence et en direct (vivent les téléphones et les talkie-walkies) alors que le film était encore en tournage. L'ajout des scénaristes, nombreux, si bien que la paternité de certaines scènes est quasiment impossible à attribuer, sans oublier que le trio d'acteurs principaux a également participé aux ajustements des dialogues ou des situations. Les difficultés ont été très nombreuses : les requins mécaniques dont les rouages réagissaient mal à l'eau de mer, le taux d'alcoolémie de Robert Shaw a perturbé certaines scènes... Spielberg lui-même, extrêmement motivé, a un moment failli céder au désespoir et tout lâcher en plein tournage. Mais la présence d'amis tels que Brian de Palma, George Lucas, John Milius ou Carl Gottlieb l'ont aidé à maintenir le cap, à trouver des astuces techniques pour combattre les difficultés d'un tournage quia duré au final 155 jours au lieu d'une quarantaine.
Je ne suis pas très fan du dessin de Toni Cittadini : s'il se montre précis et appliqué sur les scènes reproduisant des images du film ou dans la gestion des décors, sa représentation des personnages, surtout leurs visages, me laisse plus circonspect. Ainsi son Spielbarg du début des années 1970 ressemble-t-il plutôt à Blueberry qu'à Spielberg lui-même. Pas de grosse influence sur le plaisir de lecture, heureusement, mais je tenais à le signaler.
En bref cet album documentaire plaira sans doute à celles et ceux qui s'intéressent au cinéma du réalisateur, à l'industrie hollywoodienne d'une époque où les effets spéciaux étaient encore un peu rudimentaires. Très agréable.
Voici une BD malheureusement de circonstance, qui permet de prendre du recul sur les origines de ce conflit qui nous parait insoluble et sans fin.
Pour ce faire, c'est Georges Bensoussan, historien français spécialiste d'histoire culturelle de l'Europe des XIXe et XXe siècles et, en particulier, des communautés juives, également ancien directeur éditorial du Mémorial de la Shoah à Paris qui co-scénarise cet album avec Danièle Masse, également spécialiste de l'Orient et du Moyen-Orient. On part donc avec une base solide pour remonter le temps et le fil d'une tragédie inscrite dans l'Histoire.
L'album s'ouvre sur les terribles attentats du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël et ses prises d'otages, pour remonter le fil du temps jusqu'au début du XXe siècle. De la position des juifs dans le monde à leur arrivée en Palestine et comment ils ont petit à petit racheté les terres palestinienne et favorisé l'immigration des juifs du monde, c'est tout ce cheminement qu'on nous explique. L'Angleterre et les autres pays occidentaux, France comprise, ont leur responsabilité dans ce marasme, poursuivant leur politique coloniale tant que ce fut possible ou calculant au mieux pour leurs intérêts économiques.
C'est toute cette mise en perspective qui nous permet de mieux comprendre l'inéluctabilité du conflit actuel et les responsabilités partagées. C'est ainsi qu'on découvre que le terrorisme est loin d'avoir été l'apanage des palestiniens ; les juifs aussi ont eu leurs factions terroristes (L'Irgoun ou le Lehi) qui semaient la terreur chez les arabes et qui ont même assassiné Lord Moyne, le gouverneur officiel britannique en 1944.
Côté dessin, on est dans le classique : Yana Amadovic nous propose un trait réaliste qui cadre parfaitement avec ce qu'on attend d'une BD documentaire.
3.5
Oyé oyé les aventures de l'habile chevalier à la tête de chien, accompagné du brave chevalier au chevron d'argent, épaulé du chevalier noirci.
Suivez-les lors de leurs tournois de duchés en comtés, pour prouver leur valeur mais également rançonner et financer leur voyage vers la prochaine foire organisée par le héraut local.
La fougue médiévale des tournois est bien retranscrite, on est dans la mêlée, l'odeur de la sueur pointe vers nos narines. On se prend au jeu de ces petites intrigues de provinces typiques de l'époque ou le panache avait la valeur des épices.
Chaque personnage est intéressant, a un profil étoffé, mis en valeur de façon maligne en début de chapitre sous la forme d'un monologue d'une page fortement contrastée. On est bien en leur compagnie, on s'énerve de ne pas pouvoir leur offrir ce qu'ils méritent, on veut leur crier "attention, derrière le toi, le méchant!" comme dans un spectacle de Guignol.
Bref une série que j'aurais noté 4 en terminant le tome 1. Mais la suite devient plus plan-plan, un air de manga à l'européenne se fait sentir.
Ouh, j'ai vraiment pas été conquis par cette BD. C'est une BD clairement destinée à la jeunesse, mais le premier volume (seul que j'ai lu jusqu'à présent) m'est passé clairement au-dessus de la tête et ne m'a pas du tout encouragé à suivre la série.
Comme souvent avec les BD jeunesse, je me dois d'être plus indulgent sur certains points qui le rendront moins bien à mes yeux. Mais en définitive, cette BD ne m'a pas du tout conquise. Déjà parce qu'elle m'a paru assez vite artificielle. Les personnages sont très typés entre méchants et gentils, sans nuance aucune dans un monde qui m'a semblé trop vite fait de carton pâte. Je comprend l'idée du décor de théâtre, mais la ville construite de même avec les mécanismes intégrés, c'était demander de suspendre bien trop mon incrédulité.
D'autre part, le récit emploie des raccourcis terribles dans la narration, que ce soit les protagonistes qui laissent des enfants exécuter des tâches pour sauver leurs villes, mais aussi et surtout la guilde des assassins qui savent qu'un enfant est dans le théâtre et n'arrivent pas à l'attraper ni le tuer, avec parfois des coups de théâtre grossier. Je sais que le message est à destination de la jeunesse et je ne leur en veut pas d'accentuer le côté aventure et récit haletant, mais il m'a semblé bien trop irréaliste et surtout facile. Lorsque le climax arrive, je me suis dit que ça allait trop loin avec trop de facilité, qu'il manquait dans la BD un supplément de poids de la réalité. En fait, la BD est fantasmagorique, les enfants peuvent tout résoudre y compris des choses qu'ils n'ont jamais vu et échappent à tout les problèmes sans jamais vraiment que je n'ai cru au danger. Et c'est dommage, puisque l'idée de base n'est pas mauvaise en soi.
Une BD jeunesse qui demande plus de laisser-aller que je n'en ai et qui m'a semblé trop facile, légère, sans enjeu palpable. On sauve le monde facilement et les deux enfants centraux ont des airs de Marie-Sue qui réalisent tout sans jamais s'entrainer ni échouer, juste parce qu'ils sont trop forts. C'est le genre de récit que je n'approuve pas, ni pour moi ni pour les plus jeunes. Je passe mon tour !
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Du Mouvement de la Terre
Beau comme la découverte du Mouvement de la Terre. Ce n'est pas historiquement exact ? Mais cela donne certaines bases, le désir d'en savoir plus et fait rêver. Surtout, on redécouvre l'étrangeté que cela a été que de comprendre que le sol n'est pas plus fixe qu'un navire sous nos pieds ! Ce qu'il a l'air d'être… En plus d'autres enjeux de représentation du monde y sont liés. Le pouvoir peut être redistribué à l'occasion d'une nouvelle manière de voir. De nouvelles manières de voir le monde se font jour. Et puis, se voir sous un jour exotique par les yeux des Japonais n'est pas désagréable… Bref, que de décentrements ! Vraiment plaisant.
Sa Majesté des Mouches
Je ne vais pas être tendre, mais bon, lorsqu'on n'aime pas... J'ai traversé ce Koh-Lanta, saison Aimée De Jongh, sans la moindre passion. Ne connaissant pas le roman dont la BD s'inspire, j'ai découvert qu'il s'agissait d'un crash d'avion sur une île déserte, où à ma grande surprise les seuls survivants sont des enfants (et pas une seule fille !). Il va donc être question de survie, et celle-ci me laisse perplexe pour un récit qui se veut réaliste. Ils n'ont pas trop l'air de souffrir de la faim, arbres fruitiers à volonté et sangliers chassés à la lance !? Il va être aussi question de tensions, elles sont le fruit des règles qui sont mises en place et qui vont scinder les survivants en deux groupes. D'un côté ceux qui veulent une société structurée et de l'autre, ceux qui laissent leur instinct animal prendre le dessus. Et c'est cette scission avec d'un côté la civilisation et de l'autre la barbarie qui aurait dû me happer, mais qui hélas m'a laissé finalement sur le bord du chemin. Je reconnais néanmoins quelques rares passages réussis, ceux avec la tête de sanglier sur le pieu. Un scénario dont le socle est bancal, dont l'enchaînement des événements manque de liant, dont la transition de l'enfance à l'âge adulte est peu convaincant et dont les personnages m'ont laissé indifférent. En conclusion, je n'ai jamais cru à cette histoire. Je ne suis pas non plus sous le charme du dessin d'Aimée De Jongh, je le trouve très classique dans son genre. De nombreux personnages se ressemblent et ne se reconnaissent que grâce à la couleur des cheveux où à la présence de tâches de rousseur. Une adaptation boiteuse. Note réelle : 2,5.
Il y a longtemps que je t'aime
Je suis d’accord avec Mac Arthur pour dire que cet album est original et possède de réelles qualités. Mais j’ai été constamment désarçonné par le récit, et ne suis en fait jamais complètement rentré dedans. Cette gêne explique ma note, reflet d’un plaisir de lecture qui n’a pas été au rendez-vous (mais c’est affaire de goût, et je suis sûr que d’autres apprécierons davantage cette histoire, et la manière dont elle est narrée). Deux êtres isolés sur une île déserte, qui se rencontrent, se rapprochent (seule la femme parle, l’homme reste muet et ne fait que lui faire découvrir la nature environnante – et lui redonner foi en un amour charnel), alors que la femme monologue beaucoup, nous livrant ses réflexions sur son couple, dialoguant à distance avec son mari – qui ne peut évidemment pas l’entendre. Ça se laisse lire, mais Marie Spénale ne m’a pas rendu facile et intelligible son histoire. Quant au dessin, il est lui aussi assez spéciale. Habillé de couleurs pétantes, assez psychédéliques, il est à la fois simple et poétique, jouant sur des formes évoquées, comme si l’on caressait les choses et les idées pour se resourcer, à l’instar de nos deux Robinson. Je suis hélas resté à côté de ce récit. Note réelle 2,5/5.
Origines
Une intrigue assez riche, mais ma lecture a quand même été un peu laborieuse, ce qui a influé sur mon ressenti, et ma note in fine. Le dessin possède de réelles qualités, mais il n’est pas vraiment ma came, et de plus, j’ai trouvé plusieurs cases difficiles à déchiffrer (lors de combats, mais pas seulement). Quant à l’histoire proprement dite, elle est relativement ambitieuse. Dans un univers post-apocalypse, alors que l’humanité a quasiment disparu, un dernier être « humain » se débat pour survivre, chaperonné par une femme IA, puis par des robots serviteurs, ravis de retrouver un maître à suivre, comme ils ont été programmés pour le faire. Car celui-ci est traqué par le système, dont les drones multiplient les attaques. Hélas, comme pour le dessin, l’intrigue n’est pas toujours très claire à suivre. Certains détails m’ont échappé, et j’ai parfois dû accepter de suivre certains passages en apnée, avant de me raccrocher ensuite à l’intrigue générale. L’alternance entre flash-backs et « présent » accentue aussi ces difficultés de lecture. Bref, une histoire dont les qualités intrinsèques n’ont pas toujours suffi à effacer mes difficultés à bien saisir tous les détails d’une intrigue qui m’a parfois un peu perdu.
La Mise à mort du tétras lyre
Je ne sais pas ce que Combet a mis de lui-même dans ce récit, qui a l’air d’être au moins en partie autobiographique. L’album est relativement épais, mais il se lit assez vite. D’une part parce que le texte n’est jamais abondant (il y a même pas mal de cases muettes), mais aussi car l’intrigue, sans être inintéressante, n’est pas très étoffée. La narration use de nombreux flash-backs qui nous font découvrir le héros durant certains passages de son enfance et de son adolescence, la plupart du temps au cours de parties de randonnée/chasse en montagne avec son père et un ami de celui-ci. Passages qui nous permettent de comprendre le « coming in » du héros, Pierre, enfant sensible passionné par la nature, de plus en plus écœuré par les chasses auxquelles son père l’oblige à participer. Mais surtout de plus en plus en porte-à-faux avec les propos virilistes et homophobes de son père, alors même qu’il comprend qu’il est homosexuel : la rupture est inévitable entre eux. Ces flash-backs alternent avec des périodes « contemporaines » durant lesquelles Pierre traine son mal être et quelques mauvaises expériences, jusqu’à ce que, vers la fin, il commence à faire le point, la paix : la figure du père disparue, la présence d’amis sûrs, lui donnent la force d’aller de l’avant, de retrouver l’inspiration artistique qui le quittait. Nous le quittons rasséréné. La lecture est plaisante, accompagnée d’un dessin très esthétique, très lumineux. Je n’en suis pas fan a priori. Ça marche davantage pour les très beaux paysages alpestres, moins pour les personnages (affaire de goûts sans doute).
De cuir et d'acier
Le football est depuis longtemps le sport numéro 1 en France ; De nombreux joueurs sont professionnels, mais comment en est-on arrivé là ? C'est ce qu'a voulu raconter Jeff Legrand, dont le club de Coeur est le FC Sochaux-Montbéliard, ancienne place forte d foot français, et artisan actif de la professionnalisation de ce même foot français, ans les années 1920-1930. C'est au travers de l'histoire de Philippe, un ouvrier méritant des usines Peugeot, que nous est racontée cette histoire, avec des détours du côté de la future dirigeance de ce FCSM, en lien avec l'entreprise Peugeot, auquel il fut étroitement lié pendant longtemps. Si elle est plaisante, cette histoire n'est pourtant pas un conte de fées. Considéré comme un surdoué à ses débuts, Philippe doit déchanter après une mauvaise prestation lors d'une tornée du club en Allemagne. L'occasion pour lui de réfléchir à ce qu'il veut être, et surtout ce qu'il veut préserver. j'ai bien aimé ce discours assez adulte, assez mature, alors qu'un avenir peut-être brillant s'ouvrait pour cet ouvrier jeune père de famille. L'histoire est donc raconté selon plusieurs points de vue, et c'est très fluide, car chronologique. Au-delà de cette période fondatrice, les auteurs nous proposent un autre petit récit, racontant une période plus proche du club, lorsque celui-ci s'est retrouvé au bord du gouffre, et n'a pu être sauvé que grâce à l'amour de ses supporters, qui se sont constitués en actionnaires. Même si le FCSM se bat actuellement en National (le niveau 3 national), il continue de faire vibrer son peuple. Jeff Legrand est accompagné aux pinceaux et crayons par Geoffrey Champin, dessinateur au style assez naïf, mais très expressif. Un style qui fait honneur à cette époque un peu "native" concernant le sport français. En bonus nous avons quelques pages sur ces débuts professionnels, ainsi que quelques extraits du scénario et d storyboard. C'est très sympathique.
Les Mâchoires de la Peur
Les Dents de la Mer, sorti il y a cinquante ans, est l'un des films les plus connus, et celui qui a définitivement lancé la carrière d'une figure majeure d'Hollywood, à savoir Steven Spielberg. Au-delà de ses qualités artistiques et du phénomène de société qu'il a amplifié, à savoir la peur des requins, c'est aussi son statut de tournage cauchemar qui a contribué à sa légende. Fort de nombreuses lectures sur le sujet, le scénariste Jérôme Wybon s'est donc attaché à reconstituer ce processus, qui s'est au final étalé sur plus de deux ans entre le moment où Spielberg, aiguillé par deux producteurs, a décidé de s'attaquer à l'adaptation sur grand écran d'un roman de Peter Benchley, jusqu'à sa sortie, triomphale, à l'été 1975. Le scénariste est même allé plus loin en évoquant rapidement le tournage de sa suite, qui se fit sans le réalisateur, trois ans plus tard. C'est une enquête minutieuse, où l'on comprend le rôle des producteurs, du réalisateur, de la monteuse, qui communiquait en permanence et en direct (vivent les téléphones et les talkie-walkies) alors que le film était encore en tournage. L'ajout des scénaristes, nombreux, si bien que la paternité de certaines scènes est quasiment impossible à attribuer, sans oublier que le trio d'acteurs principaux a également participé aux ajustements des dialogues ou des situations. Les difficultés ont été très nombreuses : les requins mécaniques dont les rouages réagissaient mal à l'eau de mer, le taux d'alcoolémie de Robert Shaw a perturbé certaines scènes... Spielberg lui-même, extrêmement motivé, a un moment failli céder au désespoir et tout lâcher en plein tournage. Mais la présence d'amis tels que Brian de Palma, George Lucas, John Milius ou Carl Gottlieb l'ont aidé à maintenir le cap, à trouver des astuces techniques pour combattre les difficultés d'un tournage quia duré au final 155 jours au lieu d'une quarantaine. Je ne suis pas très fan du dessin de Toni Cittadini : s'il se montre précis et appliqué sur les scènes reproduisant des images du film ou dans la gestion des décors, sa représentation des personnages, surtout leurs visages, me laisse plus circonspect. Ainsi son Spielbarg du début des années 1970 ressemble-t-il plutôt à Blueberry qu'à Spielberg lui-même. Pas de grosse influence sur le plaisir de lecture, heureusement, mais je tenais à le signaler. En bref cet album documentaire plaira sans doute à celles et ceux qui s'intéressent au cinéma du réalisateur, à l'industrie hollywoodienne d'une époque où les effets spéciaux étaient encore un peu rudimentaires. Très agréable.
Les Origines du conflit israélo-arabe (1870-1950)
Voici une BD malheureusement de circonstance, qui permet de prendre du recul sur les origines de ce conflit qui nous parait insoluble et sans fin. Pour ce faire, c'est Georges Bensoussan, historien français spécialiste d'histoire culturelle de l'Europe des XIXe et XXe siècles et, en particulier, des communautés juives, également ancien directeur éditorial du Mémorial de la Shoah à Paris qui co-scénarise cet album avec Danièle Masse, également spécialiste de l'Orient et du Moyen-Orient. On part donc avec une base solide pour remonter le temps et le fil d'une tragédie inscrite dans l'Histoire. L'album s'ouvre sur les terribles attentats du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël et ses prises d'otages, pour remonter le fil du temps jusqu'au début du XXe siècle. De la position des juifs dans le monde à leur arrivée en Palestine et comment ils ont petit à petit racheté les terres palestinienne et favorisé l'immigration des juifs du monde, c'est tout ce cheminement qu'on nous explique. L'Angleterre et les autres pays occidentaux, France comprise, ont leur responsabilité dans ce marasme, poursuivant leur politique coloniale tant que ce fut possible ou calculant au mieux pour leurs intérêts économiques. C'est toute cette mise en perspective qui nous permet de mieux comprendre l'inéluctabilité du conflit actuel et les responsabilités partagées. C'est ainsi qu'on découvre que le terrorisme est loin d'avoir été l'apanage des palestiniens ; les juifs aussi ont eu leurs factions terroristes (L'Irgoun ou le Lehi) qui semaient la terreur chez les arabes et qui ont même assassiné Lord Moyne, le gouverneur officiel britannique en 1944. Côté dessin, on est dans le classique : Yana Amadovic nous propose un trait réaliste qui cadre parfaitement avec ce qu'on attend d'une BD documentaire.
Tête de Chien
3.5 Oyé oyé les aventures de l'habile chevalier à la tête de chien, accompagné du brave chevalier au chevron d'argent, épaulé du chevalier noirci. Suivez-les lors de leurs tournois de duchés en comtés, pour prouver leur valeur mais également rançonner et financer leur voyage vers la prochaine foire organisée par le héraut local. La fougue médiévale des tournois est bien retranscrite, on est dans la mêlée, l'odeur de la sueur pointe vers nos narines. On se prend au jeu de ces petites intrigues de provinces typiques de l'époque ou le panache avait la valeur des épices. Chaque personnage est intéressant, a un profil étoffé, mis en valeur de façon maligne en début de chapitre sous la forme d'un monologue d'une page fortement contrastée. On est bien en leur compagnie, on s'énerve de ne pas pouvoir leur offrir ce qu'ils méritent, on veut leur crier "attention, derrière le toi, le méchant!" comme dans un spectacle de Guignol. Bref une série que j'aurais noté 4 en terminant le tome 1. Mais la suite devient plus plan-plan, un air de manga à l'européenne se fait sentir.
La Cité des secrets (Ying)
Ouh, j'ai vraiment pas été conquis par cette BD. C'est une BD clairement destinée à la jeunesse, mais le premier volume (seul que j'ai lu jusqu'à présent) m'est passé clairement au-dessus de la tête et ne m'a pas du tout encouragé à suivre la série. Comme souvent avec les BD jeunesse, je me dois d'être plus indulgent sur certains points qui le rendront moins bien à mes yeux. Mais en définitive, cette BD ne m'a pas du tout conquise. Déjà parce qu'elle m'a paru assez vite artificielle. Les personnages sont très typés entre méchants et gentils, sans nuance aucune dans un monde qui m'a semblé trop vite fait de carton pâte. Je comprend l'idée du décor de théâtre, mais la ville construite de même avec les mécanismes intégrés, c'était demander de suspendre bien trop mon incrédulité. D'autre part, le récit emploie des raccourcis terribles dans la narration, que ce soit les protagonistes qui laissent des enfants exécuter des tâches pour sauver leurs villes, mais aussi et surtout la guilde des assassins qui savent qu'un enfant est dans le théâtre et n'arrivent pas à l'attraper ni le tuer, avec parfois des coups de théâtre grossier. Je sais que le message est à destination de la jeunesse et je ne leur en veut pas d'accentuer le côté aventure et récit haletant, mais il m'a semblé bien trop irréaliste et surtout facile. Lorsque le climax arrive, je me suis dit que ça allait trop loin avec trop de facilité, qu'il manquait dans la BD un supplément de poids de la réalité. En fait, la BD est fantasmagorique, les enfants peuvent tout résoudre y compris des choses qu'ils n'ont jamais vu et échappent à tout les problèmes sans jamais vraiment que je n'ai cru au danger. Et c'est dommage, puisque l'idée de base n'est pas mauvaise en soi. Une BD jeunesse qui demande plus de laisser-aller que je n'en ai et qui m'a semblé trop facile, légère, sans enjeu palpable. On sauve le monde facilement et les deux enfants centraux ont des airs de Marie-Sue qui réalisent tout sans jamais s'entrainer ni échouer, juste parce qu'ils sont trop forts. C'est le genre de récit que je n'approuve pas, ni pour moi ni pour les plus jeunes. Je passe mon tour !