Les derniers avis (305 avis)

Par Erik
Note: 5/5
Couverture de la série Les 5 Terres
Les 5 Terres

J'attendais une série comme celle-là depuis bien longtemps. Il faut dire qu'elle a tout pour séduire avec ces personnages animaliers anthropomorphes, dans un univers médiéval-fantastique. Il y a également un croisement avec une intrigue à la Game of Thrones dont les auteurs s'inspirent sans se cacher ce qui n'est pas pour me déplaire tant que la qualité est bien présente sur le fond et la forme. Tome 1 : De toutes mes forces Le premier tome se termine d'ailleurs sur un coup de théâtre ahurissant que je n'avais pas vu venir. A chaque fois, le lecteur est pris de court. Il croit qu'une scène se terminera comme il se l'imagine mais ce n'est pas toujours le cas. Il y a un véritable effet de surprise à de nombreuses reprises qui déjoue tout les pronostics. J'aurais cependant deux bémols sur la forme à apporter : - Dans la postface, on nous indique qu'il y a eu une bataille à Drakhenor. Or, dans le récit, il s'agit bien de Dhakenor. Une petite faute de frappe est venue se glisser ce qui peut entraîner le lecteur dans une petite incompréhension. - Par ailleurs, une carte des 5 terres est dessinée ce qui nous permet de prendre connaissance de la typologie des lieux d'action. On remarquera un point désignant une ville non nommée sur le continent d'Ithara. Or, on remarquera que ce point a totalement disparu dans la carte du second tome. C'est vrai que ce ne sont que des détails mais c'est cela qui fait ou pas la qualité d'une oeuvre. C'est dommage qu'il n'y a personne de compétent pour relire et signaler ces fautes qui alourdissent l'oeuvre avant sa publication. Tome 2 : Quelqu'un de vivant Pour autant, je suis très enthousiaste sur le scénario qui m'a littéralement subjugué. Les dessins sont également extraordinaires jusque dans les détails. On y croit à ces animaux qui ont des comportements si humains. Le second tome se poursuit en complexifiant davantage la situation entre les différents protagonistes. Il faut dire qu'il y a une multiplication de personnages et chacun joue un rôle bien particulier qu'il nous faut suivre pour bien comprendre l'intrigue qui gagne d'ailleurs en profondeur. On peut dire que le scénario est assez bien ficelé, avec également des personnages qui sont très intéressants. Cependant, comme dans la célèbre série Game of Thrones, les prétendants au trône ou les occupants à ce poste suprême ne font pas long feu. Le final est encore une fois assez surprenant. Tome 3 : L'amour d'un imbécile Il faut apprécier ce genre de saga médiévale sur fond de complots politiques et de manigances pour accéder au pouvoir. Ce troisième tome sera aussi riche que fascinant à bien des égards. Je rehausse la note à 5 étoiles en accordant le maximum pour une série ambitieuse qui le mérite incontestablement. C'est également mon coup de coeur du moment. Les lions envisagent un putsch pour faire tomber les tigres déjà durement éprouvés. Néanmoins, le jeune héritier Méderion a bien plus d'un tour dans son sac pour délivrer une leçon digne de ce nom afin de se débarrasser de la totalité de ses adversaires internes. Tome 4 : La même férocité Cette série s'avère comme la meilleure tout confondue de la prochaine décennie. Il est vrai que chacun des tomes n'a point déçu dans un genre fantasy animalière emprunt d'un soupçon à la "Game of thrones". Nous sommes au quatrième tome et on découvre encore une nouvelle intrigue qui pourrait faire basculer le pouvoir royal du jeune tigre Médérion. Or, ce dernier s'est plutôt bien débrouiller jusqu'à présent. Il a prouvé une certaine habileté politique à la manière du prince de Machiavel en ayant prémédité chacun de ses actes et surtout dans l'art de la manipulation des foules et autre assemblée constituante. Il est bien dommage de découvrir une facette que l'on va pas trop appréciée avec cette cruauté insoupçonnée non pas que le pouvoir corrompt. Je suis toujours autant bluffé par autant d'ingéniosité au niveau de ce scénario. On va suivre trois intrigues différentes qui se chevauchent : celle du jeune roi et de sa nouvelle ombre idéaliste, le petit groupe d'otages bien décidé à réaliser leur évasion d'Angléon et la traque de la princesse en fuite. Il est dommage d'avoir un peu perdu les autres province de ce royaume complexe à gouverner. Au niveau graphisme, c'est toujours la perfection et surtout la qualité que l'on attend. Rien à redire car la maîtrise est bien présente. C'est tout simplement somptueux à souhait. Au final, un tome plein de surprise qui a su me convaincre en ma qualité de lecteur fan. Tome 5 : L'objet de votre haine Cette série est incontestablement l'une des meilleures de ces dernières années avec un plaisir de lecture toujours aussi présent d'un tome à l'autre. On peut se féliciter d'un rythme de parution plutôt rapide et d'une qualité graphique incomparable avec des personnages animaliers qui font très humains. Que dire également d'un découpage des planches qui respectent la cohérence du scénario ? C'est époustouflant. Dans les trois premiers tomes, on a assisté à une valse du pouvoir à Angléon avec pas moins de trois monarques différents. Depuis trois tomes, malgré la tentative d'un coup d'état, le jeune roi Méderion se maintient au pouvoir mais cela lui coûte plutôt cher. Il faut procéder à des arrestations parmi les étudiants dont la révolte était pourtant légitime. On commence à voir une césure dans son couple au sens large qu'il compose avec son ombre Térys. A noter que c'est la critique d'un pouvoir monarchique absolue même si un conseil composé de nobles élus conseillent le monarque dans la gestion du royaume. J'ai bien aimé car on va jusqu'au fond des choses dans l'analyse de ce que doit être le pouvoir. Il s'agit de transformer une société profondément inégalitaire. Or, le jeune roi ne croit pas du tout à l'égalité. C'est un concept qui lui est étranger. Pour autant, ses arguments sonnent comme une évidence car l'égalité n'a jamais existé dans la nature entre les forts et les faibles. Il y a également la disgrâce provoqué par la trahison familiale car on sait comment le jeune Méderion a fini par occuper le trône. Il ne croit pas non plus au peuple qui n'a aucune sagesse pour prendre les décisions qui s'imposent. Bref, on s'aperçoit qu'au bout de la logique, il ne faut pas simplement vouloir changer les choses mais le faire concrètement en accordant plus de pouvoir au peuple dans l'égalité. Ce jeune roi veut cependant réformer les choses mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Il a besoin de temps pour abolir certains privilèges. Il a besoin également de réaffirmer son autorité pour se maintenir au pouvoir et ne pas être destituer de ses fonctions. Il sait qu'une minorité active et déterminé peut faire basculer une majorité indécise. On l'a vu récemment avec les partisans de Donald Trump au sein de la plus grande démocratie au monde. Il s'agit pour le jeune roi de ne pas remettre en cause les institutions. Plus que jamais tout ces thèmes sont d'actualité au sein même de notre monde. C'est en cela que cette série fort intelligente pose les bonnes questions. L'objet de votre haine ne sera pas l'épisode le plus riche de la saga mais certainement le plus remarquable pour la qualité de son univers. Tome 6 : Pas la force Ce premier cycle vient de s'achever tout en apothéose. Encore une fois, le récit va prendre non seulement une accélération mais également une toute autre tournure à la merci d'un événement qui retourne incontestablement la situation du royaume d'Angléon. Je ne l'avais pas vu venir malgré des signes précurseurs et cela m'a plutôt marqué. C'est vrai qu'après coup, on se dit que cela devait bien arriver. Cela nous fait dire qu'un dirigeant ne reçoit jamais une gifle pour rien même si l'acte est tout à fait répréhensible et condamnable. Il paye le prix de la contestation populaire suite à de difficiles décisions politiques prises. C'est tout à fait d'actualité. Je rêve d'une adaptation au cinéma de cette saga digne de la série désormais culte « Game of thrones ». Cela serait une bonne idée mais attendons également la suite et surtout la fin. Evidemment, je donne la note maximum car on a atteint la perfection à tous les niveaux : un dessin magnifiques, des personnages très intéressants aussi bien les uns que les autres, un rythme de parution rapide, une intrigue qui donne envie de poursuivre. Tome 7 : L'heure du cadeau Ce septième tome inaugure le second cycle après celui des félins d'Angléon. Nous voici parmi les primates. Nous connaissons déjà un personnage à savoir Keona qui revient d'Angléon libéré par la nouvelle reine et qui va rejoindre son peuple et notamment sa mère qui règne sur ce royaume. Pour autant, on va se concentrer surtout sur Alissa qui est libéré de prison après 5 années et qui rejoint son clan avec son oncle à la tête. On se demande si Alissa ne serait pas la première fille de la reine car celle-ci n'est pas mentionné dans la présentation des personnages. C'est assez étrange et cela prête à confusion. Je dois dire que j'ai eu à plaisir de découvrir ce nouveau monde qui semble entouré par une immense jungle où des recherches archéologiques sont entrepris pour découvrir des racines. Il y a également une dimension moins politique que dans le premier cycle bien qu'on puisse percevoir quelques bribes. Je trouve que c'est suffisamment bien dosé. Il se passera des choses moins fracassantes que dans le premier cycle également comme pour mieux nous présenter les personnages. C'est un tome qui prend un peu plus de temps avec une multitude de protagonistes poursuivant des objectifs variés. Ce n'est pas plus mal. Pour le graphisme, c'est toujours aussi somptueux. Je suis toujours aussi impressionné par la finesse du dessin et de ces personnages qui ressemblent presque à des humains et dont on capte toutes les émotions. Le découpage entre les scènes est également impeccablement réalisé. Bref, les intrigues sont bien ficelées. C'est un second cycle qui semble repartir à zéro pour nous offrir le meilleur après un premier cycle magistral. Au final, une saga qu'on ne manquera pas de suivre tant la perfection semble être atteinte grâce aux talents des auteurs. Note Dessin : 5/5 – Note Scénario : 5/5 – Note Globale : 5/5

24/02/2020 (MAJ le 21/06/2020) (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Nellie Bly
Nellie Bly

J'avais vaguement entendu parler de Nellie Bly, considérée comme l'une des pionnières du journalisme d'investigation, et une figure féministe de premier plan, mais je n'en savais pas grand-chose. Cet album vient à point pour combler, au moins de manière superficielle, mes lacunes. Car cette femme a eu un destin exceptionnel. Repérée par le propriétaire d'un quotidien après sa lettre d'indignation concernant un éditorial masculiniste, elle se voit mise au défi d'infiltrer différents milieux dans lesquels les femmes sont victimes de violence ou d'injustice. A force de persévérance, d'énergie, de convictions, elle parvient à se faire engager dans le milieu journalistique, alors ultra-massivement masculin, puis à se faire remarquer par les professionnels et le public. Le point culminant de sa carrière sera ainsi sans doute son tour du monde en moins de 80 jours (un peu plus de 72, en fait), réalisant le roman de Jules Verne (qu'elle rencontra en cours de route, à Amiens) à une époque (la fin du XIXème siècle où voyager seule était impensable. La BD, qui compte tout de même près de 150 pages, ne s'attache pas à retracer de manière exhaustive ces hauts faits, mais à les inclure dans un récit sur sa vie, qu'elle eut la gentillesse de raconter à deux apprenties journalistes à quelques mois de sa disparition. L'itinéraire hors du commun d'une femme proactive, déterminée et libre, qui a surmonté les handicaps et les préjugés inhérents à son sexe, au nom de sa seule passion : le journalisme. Quelques (très rapides) portraits de femmes journalistes qui ont compté et comptent encore. Nellie Bly a ouvert une voie, c'est une figure à admirer pour les jeunes femmes d'aujourd'hui. La journaliste italienne Luciana Cimino nous propose donc un album essentiel, accompagnée au dessin par son compatriote Sergio Algozzino, qui indique dans les bonus avoir mis du temps à trouver la technique adaptée à son récit ; après avoir essayé l'aquarelle il s'est rabattu sur le numérique, lequel lui a permis de nuancer son trait et ses ambiances de bien des manières ; et je dois avouer que son trait "épaissi", tel qu'il le décrit, permet de bien saisir les expressions des personnages, et que sa mise en scène est fort réussie. Un album que je recommande.

20/06/2020 (modifier)
Par PatrikGC
Note: 4/5
Couverture de la série Fanny et Cie
Fanny et Cie

Une BD injustement méconnue, tout comme Bob et Bobette, dont on retrouve l'esprit en plus adulte. Le dessin est classique, clair et net, avec des décors assez bien détaillés. Rien de transcendantal, mais du boulot correct. Les histoires sont très variées, mais souvent avec une pointe de critique envers certains événements. Certains scénarios sont très prévisibles, mais toujours avec une grosse louche d'humour qui n'évite pas forcément la facilité ou la lourdeur, c'est de l'humour flamand un poil absurde parfois, pas toujours bien vu des francophones. Le but de cette BD est de divertir, point barre. Il y a beaucoup de jeux de mots, parfois difficilement traduisibles en Français. Au départ plutôt axée sur le père, la BD se recentre très souvent sur la fille (ce qui explique le titre français mais aussi à l'export dans d'autres pays), ce qui permet parfois certaines situations coquines, mais rien de répréhensible puisque nous sommes dans une BD familiale. Merho produit avec une bonne régularité les albums de cette série depuis 1977. Plus de 130 opus ont vu le jour, sans compter certains demi-albums publicitaires. Depuis quelques années, l'auteur est en train de passer la main à ses successeurs. Par contre, en Français, il semblerait qu'il n'y ait que 3 albums (2 Fanny et Cie, 1 Les Marteaux), et 4 demi-albums publicitaires.

08/06/2020 (modifier)
Couverture de la série Zaroff
Zaroff

Comme d’autres avant moi, je n’ai jamais lu le roman ni vu son adaptation filmique. Le nom du personnage éponyme m’évoquait vaguement quelque chose sans trop savoir de quoi il en retournait. Mais il n’y a pas besoin de s’être déjà immergé dans le bouquin ou le film pour apprécier cette suite non officielle, c’est exactement le même principe que sur Long John Silver avec une histoire qui prend pour point de départ un « et si... ». En l’occurrence ici, et si le tueur Zaroff avait survécu au piège tendu par sa proie Sanger Rainsford, que serait-il advenu de lui ? Eh bien visiblement il a toujours ses mauvaises habitudes. Nouveau terrain de chasse, de nouveaux sbires, mais la passion de la chasse à l’homme est toujours là (enfin disons qu'il a besoin d'un stimuli mais comme Rocky Balboa dans le 6ème film, la bête "est toujours là, au fond"). C’est donc sur sa nouvelle île, à la géographie totalement fantastique mais j’y reviendrai, que le comte s’adonne au plaisir sadique de traquer et buter des proies humaines qui ont eu le malheur de s’aventurer trop prêt de son île sauvage. Pour éviter la redite, le scénariste Sylvain Runberg apporte un élément rocambolesque à cette suite : cette fois-ci le chasseur devient la proie, devra survivre et triompher de ses adversaires (je vous épargne le spoiler du pourquoi du comment). C’est plutôt marrant car j’imagine que dans le média de base il est plutôt perçu comme le méchant, bien que le personnage fascine déjà à ce moment là. Mais cette fois on le suit de prêt, on vit les évènements de son point de vu, et sans aller jusqu’à dire qu’on éprouve de la sympathie pour lui, on est amené à mieux comprendre ce qui le motive, sa nature profonde. Tous sont des pourris dans cette histoire, à l’exception de la famille de Zaroff, car oui, le diable a une sœur et des nièces, et il a même des principes ! On ne touche pas aux siens. Il me fait penser à ces génocidaires, certains tueurs en séries qui démontrent qu’on peut être la pire des raclures, l’homme est un loup pour l’homme, et en même temps avoir une facette d’homme cultivé, très courtois, qui présente bien etc. Donc voilà, le récit fait son taf niveau divertissement et en plus ce n’est pas dénué de fond, je me suis bien marré. Graphiquement je savais à quoi m’attendre avec Miville-Deschênes qui est au sommet de son art ici. Je crois que pour lui aussi cette aventure représente un superbe terrain de jeu, lui qui adore dessiner des animaux, il s’en donne à cœur joie avec toute cette faune sauvage. L’île du comte Zaroff serait inspiré de l’île de King Kong que ça ne m’étonnerait pas. C’est un jungle luxuriante avec tout un tas de bestioles, mais à la géographie improbable : ça monte, ça descend, il y a des chutes d’eau, des ravins, des crevasses de plusieurs centaines de mètres, des marais de crocodiles, des grottes souterraines, une plage, etc. Un vrai décor fantastique propice à l’aventure et au suspens car du coup ce n’est pas seulement de l’homme dont il faut se méfier. J’apprécie beaucoup le style de ce québécois, au trait bien rond, net et semi-réaliste. De même que sa coloration, pour moi le plus impressionnant chez lui, un vrai travail d’artistes, c’est beau quoi, il joue subtilement avec sa palette, c’est du old school au pinceau et cela se voit. Une bien bel objet à exposer dans sa bibliothèque tel un trophée de chasse. Un scénario honnête et plutôt bien torché, servi par un dessin sublime et dynamique, que demander de plus ?

01/06/2020 (modifier)
Par Hervé
Note: 4/5
Couverture de la série L'Homme qui tua Chris Kyle
L'Homme qui tua Chris Kyle

Comme certains, je n'ai pas attendu la sortie de l'album en couleur pour me procurer la version n&b, tant je suis fan du dessin en n&b très épuré de Brüno. (je possède d'ailleurs l'ensemble de ses albums en n&b) Ce livre s'ouvre sur la célèbre réplique de "L'homme qui tua Liberty Valance" de John Ford "quand la légende devient réalité, on imprime la légende", ce qui sied parfaitement à cette histoire. Le scénario se base sur l'histoire de Chris Kyle (qui avait déjà fait l'objet d'un film "American sniper" de Clint Eastwood) mais surtout va beaucoup plus loin que le film, à travers notamment le portrait d'Eddie Ray Routh, le meurtrier. En suivant ces deux personnages, Chris Kyle et Eddie Ray Routh, Fabien Nury nous dresse un portrait sans concession des États-Unis, empreints de nationalisme, de suprématie blanche, mais aussi et surtout très attachés aux armes à feu, et au business (le destin de la veuve de Chris Kyle est d'ailleurs à ce point remarquable). Bien sûr cet album relève beaucoup plus du reportage dessiné que d'une aventure classique dont nous avaient habitués Nury et Brüno. D'ailleurs, il n'y a pas de dialogue ici (Fabien Nury s'en explique d'ailleurs dans le très bon dossier présent à la fin de l'album). Avec un découpage assez original, les auteurs utilisent les clip vidéo, les interviews TV données par les différents protagonistes pour nous livrer leur version de l'histoire. Certes on peut regretter un peu trop de copié/collé niveau dessin, mais sur la pagination (152 pages) cela passe. Graphiquement, le travail de Brüno est parfait, et je me contenterai uniquement de la version noir et blanc tant elle est parfaite à mes yeux. Pour ceux qui s'attendaient à une aventure type Tyler Cross, jetez-y un coup d’œil tout de même, cela vaut le coup d’œil. En tout cas , j'ai bien aimé cet album à la fois déconcertant sur la forme mais passionnant sur le fond.

25/05/2020 (modifier)
Par Kadath
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Mahâbhârata
Le Mahâbhârata

Avant de noter ce Mahabharata 5 étoiles, je me suis posé la question de savoir ce qu’est une BD culte. Une BD culte ce peut être une BD qui révolutionne un genre et qui marque son époque. Ce n’est peut-être pas le cas ici. Mais une BD culte c’est aussi une BD qui vous reste dans la tête longtemps après sa lecture. Une BD qu’on prend plaisir à rouvrir. Pas toujours pour la relire intégralement (cette BD fait quand même 440 pages) mais pour relire des passages, pour admirer certaines planches, certaines cases. Car le dessin de Jean-Marie Michaud est ici excellent, avec une belle construction de planches très dynamiques et variées et, de temps à autre, de superbes planches en pleine page. Le dessin est réalisé en couleurs directes sur du papier kraft et les planches laissent apparaître cette texture du kraft par endroits au gré des planches. Le Mahabharata est un livre dont le narrateur est également personnage et géniteur de la famille de rois et de héros qui vont s’affronter sous le regard des Dieux du panthéon indien (sous leurs regards mais aussi manipulés par Krishna...) Le fait de faire apparaître dans les planches la texture du papier n’est donc, je pense, pas innocent et illustre les liens étroits entre le livre / la réalité, le narrateur / le géniteur / le personnage... je trouve que c’est vraiment très bien vu ! Avant ma lecture je ne connaissais rien du Mahabharata et je n’avais pas lu non plus le livre de Jean-Claude Carrière, dont la BD est adaptée. Je ne sais donc pas à quel point cette adaptation est fidèle (que ce soit au livre de Carrière ou à l’immense fresque indienne). Pour son Mahabharata, Carrière voulait rendre accessible la trame narrative principale en faisant abstraction de nombreuses trames secondaires. L’adaptation en BD de Jean-Marie Michaud est effectivement très fluide et réussit à rendre accessible une partie de cette mythologie. Dans les premières planches, l’auteur parvient à faire passer avec humour une présentation des nombreux personnages qui aurait pu être rébarbative. Et après cette présentation, nous voilà embarqués dans une grande fresque mythologique, d’une mythologie que je ne connaissais pas... et personnellement, je n’ai pas lâché le bouquin jusqu’à la dernière page. Comme Ro, j’ai noté les anachronismes. J’ai particulièrement apprécié cette partition de Jean-Sebastien Bach, au chevet d’un Krishna endormi... tout cela donne une dimension intemporelle à l’histoire... Lecture vivement conseillée à tout amateur de mythologie, de grandes épopées, de culture indienne, ... En fait je conseillerais même à tout amateur de BD !

22/05/2020 (modifier)
Par Montane
Note: 4/5
Couverture de la série Bob Morane
Bob Morane

Difficile d’évaluer une série démarrée il y a près de 60 ans, qui a connu 4 dessinateurs. Forcément on y trouve du bon et du moins bon, et la qualité des histoires peut varier selon les époques. Je me souviens ne pas avoir été enthousiasmé par les premières histoires d’Attanasio sur ce duo composé d’un colonel français et d’un Écossais amateur invétéré de whisky. J’ai même complètement arrêté la lecture de cette série lorsqu’elle fut reprise par l’assistant de Vance, Coria, tant son dessin était figé et les histoires lénifiantes. Je me suis donc concentré sur les aventures de Bob Morane de la période William Vance, et j’ai été plutôt agréablement surpris. D’abord par la qualité des histoires. Bob Morane c’est de l’aventure pure, et il ne faut donc rien attendre que du divertissement pur. Les héros vivent tantôt des aventures à une époque contemporaine et certains récits sont de vraies réussites ( « Panne sèche à Serado », « les 7 croix de plomb »), mais aussi des aventures qui les conduisent au moyen âge ou dans un futur apocalyptique ( « Les sortilèges de l’ombre jaune », « Les géants de Mu ») qui sont peut-être moins convaincantes pour moi, même s’il existe de belles réussites ( « Le temple des Dinosaures » , « La prisonnière de l’ombre jaune »). Comme dans Blake et Mortimer ou Lefranc, on retrouve des méchants récurrents dont le célèbre « Ombre jaune ». Les personnages féminins sont également bien présentes, qu’elles soient du bon ou du mauvais côté, et autant dire que Vance, contrairement à Hermann, sait les dessiner. Entre 1969 et 1980, Vance a dessiné près de 18 histoires à un rythme de 2 histoires par an. Son style s’affirme progressivement, et c’est lors des deux derniers épisodes que Vance commence à atteindre sa maturité graphique avec « L’empreinte du crapaud » et « L’empereur de Macao » qui sont deux vraies réussites tant graphiquement qu’au niveau du scénario. Vance sort de ces planches aux multiples cases qui semblent être le seul échappatoire au format des récits en 44 planches. Il s’oriente vers un découpage plus cinématographique, avec des gros plans notamment, et dynamite les vieilles conventions de l’après-guerre. Il est également assisté par son épouse Petra qui amène un vrai plus au niveau des couleurs car il faut bien avouer que les premières mises en couleur sont vraiment catastrophiques. C’est pourtant à ce moment que Vance abandonnera la série pour se lancer dans les séries qui l’ont rendu célèbre. C’est bien dommage. Les scénarios de Vernes tiennent plutôt la route en règle générale. A noter que « l’empereur de Macao » est écrit par Vance lui-même, et force est de reconnaître qu’il n’est pas maladroit dans cet exercice puisque l’album est peut être un des meilleurs qu’il ait dessiné. Je pense qu’il faut donc se replonger dans cette série pendant cette période, et l’on comprendra ainsi bien pourquoi celle-ci a eu les honneurs d’une chanson désormais fameuse du groupe « Indochine ».

15/05/2020 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Humain
L'Humain

A la base, ce sont le titre et le dessin qui ont attiré mon regard. Au final, je ne suis pas déçu de ma lecture. Par ses propos, le livre invite à une réflexion interrogeant la place de l’homme sur la planète Terre et les dommages qu’il lui fait subir. En se projetant 500 000 ans dans le futur, les auteurs veulent prendre de la distance temporelle pour mieux cerner l’humain aujourd’hui. Est-on indispensable ? Si on redémarre l’humanité de zéro, est-ce qu’on ne répétera pas les erreurs du passé ? L’homme peut-il changer ? être meilleur ? Cette bd donne une vision de ce que tout cela pourrait être. Ce n’est pas franchement joyeux mais le parti pris reste cohérent dans son développement. Il y a quand même une lueur d’espoir en guise de conclusion (volontairement ouverte). Côté graphisme, j’aime les traits épurés et le choix réduit des tonalités de couleurs. Cela donne une ambiance particulièrement en adéquation avec les propos tenus. A découvrir (si ce n’est déjà fait !).

05/05/2020 (modifier)
Par doumé
Note: 4/5
Couverture de la série A travers
A travers

Que d'originalités, cette bd est incomparable. Tout commence par la couverture trouée pour simuler une paire de jumelles et ça continue avec la page de gauche qui décrit le moment et l'endroit de l'action et la page de droite montre ce que voit le personnage principal au même instant. De la naissance à la mort, un instant de vie est photographié chaque année. Ce rythme annuel avec l'indication du lieu cadence la vie de notre personnage et l'auteur nous accroche avec des moments clés qui composent une vie. Les moments les plus forts occupent plusieurs pages pour les marquer. Une vie partagée par deux passions de l'infiniment grand à l'infiniment petit et le temps qui passe inexorablement, traversée par des naissances, des deuils, des rencontres et des séparations. Un auteur qui fait passer beaucoup d'émotions avec un dessin très minimaliste et peu de couleurs employées mais des détails justes qui donnent presque la parole à certains dessins. Le temps de lecture passe un peu trop vite à mon goût, comme la vie peut être. Merci à l'auteur d'avoir osé un style narratif différent, quelle belle surprise.

28/04/2020 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série La Grande évasion - Biribi
La Grande évasion - Biribi

Biribi ! Ce nom fait froid dans le dos. Ce sont les compagnies de discipline et d’établissements pénitentiaires qui étaient stationnés en Afrique du Nord, alors colonie française, et destinés à recevoir les militaires réfractaires ou indisciplinés de l’armée française. Dans ces bagnes, les soldats effectuaient des travaux de force soumis à un régime très dur. Sylvain Ricard, le scénariste s’est documenté pour rendre cette première "grande évasion" authentique. L’histoire se déroule au Maroc à Dar Bel Hamrit. Notre héros, Ange Lucciani condamné pour insubordination, effronterie, refus d’obéissance et tentative d’évasion - quel palmarès ! – découvre sa « nouvelle maison » et ses « colocataires ». Il n’a qu’une envie. S’enfuir loin de ce cloaque où la torture, les brimades physiques et les humiliations sont le quotidien des prisonniers. L’univers des condamnés est terrifiant. Le tatouage, théoriquement interdit, est un affront pour les gardiens. Vaincu, mais non dompté ! Malgré les traitements cruels infligés à Ange Lucciani, celui-ci est coriace et endure les brimades. Une histoire exaltante soulignée par le graphisme d’Olivier Thomas au point que j'ai fait l’acquisition d’une planche originale il y a quelques années. Je recommande vivement cet album. Biribi a perduré jusqu’à la décolonisation, même si son déclin est entamé dès les années 1930. Un pan de notre histoire pas très joli.

23/04/2020 (modifier)