Les derniers avis (236 avis)

Par Cosme
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Une nuit avec toi
Une nuit avec toi

J’ai été complètement séduit par cet album. Le postulat de départ m’a beaucoup intrigué et m’a donné envie de me plonger dans cette bande dessinée, bien m’en a pris. Je ne connaissais pas cette autrice, ce fut donc une très belle découverte. L’histoire est simple de prime abord, une femme, subissant des avances lourdes d’un homme, et cela vire au drame. L’album est très vite lu malgré ses plus de 150 planches. Et c’est là où se trouve tout le talent de Maran Hrachyan, car finalement en une histoire simple, sous forme de polar, et sans trop de mots, elle réussit à nous offrir un magnifique album, qui est un énorme résumé de ce que peuvent subir les femmes au quotidien, du comportement des hommes à leur égard, jusqu’au comportement et au jugement de la société. C’est simple, bref, concis, précis, incisif, percutant. Pas besoin de fioritures, pas besoin d’explications, tout se comprend et se ressent, à travers les mots, à travers les dessins. Il est merveilleusement bien écrit, bien dessiné. Les dessins accompagnent idéalement le scénario, et sont à son image. Fait au crayon à papier, et colorisés numériquement, il ce dégage une véritable ambiance oppressante. Un vrai plaidoyer pour le droit des femmes, et de la plus belle manière qu’il puisse être fait. Du féminisme comme j’aime, du vrai féminisme, comme il se fait trop rare aujourd’hui, sur de vrais problèmes de société, sur notre fonctionnement et nos violences phallocrates insinueuses et permanentes, quotidiennes, nuisant à des millions, des milliards de femmes à travers le monde. C’est un réel coup de cœur pour moi, je vais m’intéresser rapidement à ce que hrachyan a pu faire d’autre, et à ce qu’elle fera à l’avenir. A lire, à offrir, à prêter, à partager, à découvrir et à faire découvrir.

29/09/2023 (modifier)
Par Spooky
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Rwanda - À la poursuite des génocidaires
Rwanda - À la poursuite des génocidaires

Le génocide rwandais est l'un des pires massacres de l'Histoire récente, et il a fait l'objet de pas mal de films, livres et même BD de qualité. Celle-ci s'attache au combat d'Alain et Dafroza Gauthier, un couple franco-rwandais qui n'a de cesse, depuis près de 30 ans, d'enquêter et documenter cette abominable boucherie qui a fait un million de morts en 100 jours, en 1994. C'est ce combat inlassable, qui ne s'arrêtera jamais, qui nous est retracé par le journaliste et scénariste Thomas Zribi. Le récit est émaillé de certains des témoignages de rescapés de différents massacres perpétrés dans le pays aux 1000 collines. Des histoires glaçantes. J'ai plus d'une fois ressenti une colère, une tristesse immenses en lisant tout ça. Quand on réfléchit deux secondes, c'est le conflit le plus idiot qui soit : ce n'est pas une guerre entre deux couleurs de peau, deux religions, deux... Les Hutus et les Tutsis partagent depuis toujours la même langue, la même religion, la même couleur de peau, la même culture. Leurs noms désignaient à l'origine simplement deux classes sociales : cultivateurs pour les uns, éleveurs pour les autres. C'est l'ancien colonisateur belge qui, pour contrer les envies d'indépendance et de rébellion des Tutsis, a monté les voisins Hutus vers des attaques armées. La France, plus tard, a profité du départ des Belges pour accroître son influence dans la région. Pendant le génocide, elle a d'ailleurs fait preuve d'une inaction criminelle, pour ne pas dire de complicité, même si l'armée française n'a pas participé aux massacres. Lors de ces évènements de 1994, les tueurs étaient très organisés. Après avoir probablement commandité la destruction de l'avion du président du pays lors d'un voyage de retour de Tanzanie (et ainsi empêché la mise en oeuvre d'un accord de paix), les dignitaires hutus ont soigneusement préparé ce génocide, désignant des responsables dans chaque préfecture, chaque commune, chaque quartier, avec chacun un groupe de tueurs sous ses ordres. Ainsi ce qui avait sauvé les Tutsis dans les années 50, 60 et 70, les églises, n'a pas arrêté les génocidaires. Ainsi des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées dans des pièges mortels. Ainsi des latrines creusées par les captifs sous la menace sont devenues des fosses communes. Ainsi de suite, je ne peux en dire plus. L'horreur absolue, la barbarie totale. L'album est donc un hommage à ce couple qui a fondé un collectif, et qui espère qu'au moins une partie des commanditaires et dignitaires se verra finir sa vie en prison. Après 20 ans, les premières condamnations arrivent, mais elles ne sont encore qu'une poignée. Damien Roudeau, connu pour ses BD sur les laissés-pour-compte et les opprimés, apporte une fois de plus son trait plein d'humanité et de sensibilité à ce récit essentiel.

24/09/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe
Bagarre érotique - Récits d'une travailleuse du sexe

Suite à l'avis de Cacal, je me suis plongé dans cette BD qui parle d'un sujet encore bien tabou et si clivant, la prostitution. Et alors là ... Je me suis réservé l'avis pour le 1.000e que je laisse sur ce site, parce qu'il le fallait. Cette BD est un chef-d’œuvre, cette BD est à lire, à acheter et à offrir ! Parce qu'elle contient tout et que c'est d'une pertinence rare ! Merde, l'auteure à 24 ans et elle est capable de nous pondre ça ! Mais bon, comme à chaque fois que j'aime une BD je m'emballe, commençons par le début et les défauts : cette BD n'est pas une BD. En tant que telle, il n'y a pratiquement jamais de juxtaposition d'images pour leur conférer un sens. C'est avant tout du texte, stylisé et mis en scène, avec quelques images qui servent de support ou d'ajouts. Donc en terme d'art narratif et de narration par l'image, c'est non. Deuxième point, le dessin est pas franchement beau ni particulièrement léché. On sent une certaine volonté très punk dans les représentations mais globalement ça serait assez difficile de le qualifier de beau. Après, il y a des visuels qui marquent plus d'une fois. Maintenant, le reste. Et là, je suis partisan de dire que c'est parfait ! Une démonstration rigoureuse, claire et précise de son propos. Lequel ? La prostitution, le féminisme, le capitalisme, les normes de genre, la sexualité, la masculinité, le patriarcat, la révolution ... Je m'emballe un poil, mais pour une fois, POUR UNE FOIS, que je lis un traité féministe qui montre justement comment cette lutte pour des droits passe par une lutte contre le capitalisme et des idéologies qu'on nous fourre dans le crane depuis l'enfance. Quelle belle idée, parler de pute pour parler de révolution ! Parce que si tout le monde a un avis sur elles, souvent sans les connaitre, je suis pratiquement certain que déconstruire notre avis sur elles est la clé pour déconstruire bien d'autres choses. J'ai listé en haut les thèmes que la BD aborde, mais c'est ahurissant de voir à quel point elle a tout lié de manière parfaitement fluide dans son propos et à quel point c'est marquant dans les phrases (c'est catchy !) et dans le déroulé. Je n'ai jamais senti de fabrication artificielle de son propos qui déroule tout naturellement l'argumentaire. Et quel plaisir de lire tant de critiques envers ce que je déteste tant, entre objectivisation des prostituées pour un combat ou un autre, réflexion sur la sexualité et les normes, le travail et le mode de vie, le rapport des genres et la construction sociale de ceux-ci ... Pour ma part, elle a prêché un converti (j'étais déjà bien plus ouvert sur la question de la prostitution suite à des échanges avec des femmes travaillant en tant que TDS) mais je suis tellement content de voir ça. De lire qu'il faut arrêter définitivement ce concours de quéquettes permanent entre hommes, qu'il faut laisser les femmes jouir librement comme elles l'entendent, qu'il faut déconstruire les genres et notre rapport au sexe ... Oui, je suis d'accord, la véritable révolution sexuelle n'a pas encore eu lieu et nous pouvons y arriver ! Je m'épanche, mais je dois surtout me contenir pour ne pas redire tout ce qui est contenu ici. Parce que Klou a fait parfaitement bien son travail, je dois juste dire : courrez le lire, remettez en question vos préjugés sur la prostitution (vous en avez, ne me faites pas croire le contraire), repensez votre sexualité et faisons enfin la révolution des mœurs, celle qui nous laissera tous plus libres et plus heureux ! Peut-être l’œuvre la plus révolutionnaire que j'ai vu publiée ces dernières années. Klou, si tu me lis, de la part d'un hétéréo-cis-blanc, merci, merci merci !

17/09/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Vagabond des Étoiles
Le Vagabond des Étoiles

Intrigante, frappante, saisissante, remarquable, marquante, il y avait longtemps qu'une bd ne m'avait autant transporté. Cette adaptation d'une œuvre de Jack London est magistralement réalisée par Riff Reb's. Décidément, le bonhomme sait y faire, et il met au service de cette œuvre toute la puissance de son trait, qui rend à merveille des personnages âpres, durs. Sa colorisation, encore une fois, est magistrale. Il utilise à perfection la bichromie. Non seulement le résultat est beau, mais en plus elle change selon le fil narratif, participant ainsi pleinement à la narration. Cet écrin graphique illustre une histoire révoltante et fascinante. Révoltante parce que les traitements réservés aux prisonniers relèvent de la torture pure et simple. Jack London sait présenter les choses de façon remarquablement convaincante. Aucun des personnages de cet univers carcéral n'est, même de loin, sympathique. Darrel Standing non plus, d'une intransigeance totale, d'une arrogance folle et d'une absence de tact confinant à la sociopathie. Et cependant, il est impossible cautionner ce qu'on lui inflige. Fascinante parce que Darrel Standing, s'échappant de son quotidien insupportable par une forme d'autohypnose, pense se souvenir de vies passées. Ces histoires se déroulant à travers toute l'histoire de l'humanité, sont partielles. Toutes sont dures, âpres, cruelles, et pourtant fascinantes. Résultat de son imagination ou souvenirs de ses réincarnations ? Le lecteur choisira son interprétation. A la lecture de ce plaidoyer contre des conditions de détention indignes, contre la peine de mort, contre la bêtise humaine, mais aussi pour la fraternité humaine, on ne peut rester insensible. Le temps qui me sépare de la corde m'est désormais compté. De toutes mes incarnations passées, je ne vous en aurai fait goûter que quelques instants. Il se trouve que Jack London est mort l'année suivant la parution du "Vagabond des étoiles". Sans cela, que d'histoires aurait-il encore pu nous laisser ! Note réelle : 4,5 / 5, mais je pousse avec plaisir jusqu'à 5.

09/09/2023 (modifier)
Par Yannis
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Wonder Woman Historia
Wonder Woman Historia

Après avoir vu et lu l'avis de Cacal69 j'étais curieux sur ce comics et je suis tombé sur l'ouvrage chez mon libraire. La couverture est déjà belle mais un feuilletage rapide vous en met plein la vue et à lui seul m'a poussé à prendre le livre. Bon la qualité graphique est incroyable du début à la fin. J'ai une certaine préférence pour Phil Jimenez qui débute l'album mais c'est une question de goût et mon ressenti est peut-être aussi influencé par le fait que ce soit le premier dessinateur. En tout cas les choix graphiques notamment le design des déesses et des dieux est fantastique avec une foule de détails que l'on retrouve notamment sur les différentes tribus. Le choix des couleurs et de partis pris graphique font que l'ouvrage n'aurait pas dénoté parmi les romans graphiques. Si l'histoire à quelques côtés classiques, son point de vue (raconter l'Histoire par le biais des perdantes) et la qualité de la narration et notamment les différents rebondissements font que la lecture des trois chapitres se fait rapidement et sans temps morts. On peut mettre effectivement un léger bémol sur les personnages masculins l'histoire aurait pu développer un personnage plus nuancé afin de laisser une lueur d'espoir montrer que tout n'est pas noir mais cela ne m'a pas gêné plus que cela. Je remercie donc Cacal69 d'avoir posté son avis qui m'a fait découvrir ce comics que je recommande moi-même chaudement.

31/08/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série The Department of Truth
The Department of Truth

Mise à jour suite à lecture du tome 4. Certains avis coulent de source, d'autres beaucoup moins et celui-ci fait partie de la seconde catégorie de par la singularité de ce comics. Un scénario qui sort des sentiers battus. Cole Turner est un agent spécial, il enseigne à l'académie du FBI de Quantico et il va être débauché, suite à sa présence à une conférence platiste, par Le Département des Vérités, une organisation gouvernementale dont le but est de lutter contre les théories conspirationnistes et plus particulièrement contre Black Hat. Un black hat est un hacker mal attentionné, mais ici c'est une agence complotiste. Avant cela Cole avait une vie normale auprès de son mari, sauf peut-être ses cauchemars récurrents où un monstre à tête d'étoile le terrorise. Son univers bascule et il va découvrir l'envers du décor, celui qui régit le monde. Je découvre James Tynion IV. Les deux premiers chapitres nous présentent les différents protagonistes et la manière de le faire est remarquable. Elle se fait, dans une salle d'interrogatoire du Département des Vérités, à travers de nombreux flash-back. Et le nom du futur patron de Cole m'a laissé sans voix. Vous le connaissez tous. Une narration captivante qui nous apprend comment fonctionnent les mouvances conspirationnistes et plus particulièrement depuis l'avènement des réseaux sociaux. Une narration qui au fil des chapitres nous dévoile les rouages utilisés avec cette malice de nous faire douter. Il développe aussi une histoire principale qui sert de fil rouge avec cette étrange femme à la robe écarlate et aux yeux scotchés de noir. Quelle maîtrise, je suis sous le charme de ces histoires hors normes. Une autre découverte, Martin Simmonds et là j'en ai pris plein les mirettes. Un style graphique qui se rapproche de Bill Sienkiewicz, David Mack et Dave McKean, excusez du peu. J'adore. J'entends déjà certains dire : "ça manque de lisibilité, trop fouillis, trop sombre ...." Que nenni ! Justement c'est ce qui permet de naviguer à tâtons, de ressentir l'anxiété. Vous voyez "Alien" tourné sous le soleil de Corse ? Vivement la suite. J'en conseille la lecture, en sachant que ça passe ou ça casse. Note : 4 et coup de cœur Tome 2 Mazette, une intrigue qui prend de la densité (c'était déjà coton dans le premier tome). James Tynion IV continue avec un scénario complexe et déroutant qu'il m'a été impossible de lâcher avant la fin. Bon, j'avoue quelques pauses pour assimiler l'ensemble. Un récit qui prend une nouvelle tournure et qui mélange cryptides, tulpas, monstres et magie, une sacrée tambouille. Une recette digne d'un trois étoiles, c'est délicieux. Surprises et rebondissements seront au rendez-vous. Je trouve le dessin de Martin Simmonds encore plus aboutit et ça mise en page est phénoménale, immersive. Vivement le tome 3. Je réitère, un comics qui ne plaira pas à tout le monde mais laissez-vous tenter par une putain de chiadé de lecture. Note : 4 et toujours coup de cœur. Tome 3 Tynion IV maîtrise toujours autant son sujet, il va pousser votre cerveau dans ses derniers retranchements. Quid de la vérité et du mensonge ? Un album centré sur le patron de Cole (je ne peux toujours pas donner son nom), sur ses origines, ses motivations et sur la naissance du département de la vérité. Un récit où fiction (?), faits historiques et croyances s'entrechoquent. Un récit qui ne cesse d'évoluer où l'on en apprendra un peu plus sur cette femme écarlate, Babalon, la mère des abominations. Pour la partie graphique, je suis orphelin de Martin Simmonds, ce tome 3 sera dessiné par un(e) dessinateur(rice) différent(e) pour chaque chapitre.  J'ai pris plaisir à retrouver Elsa Charretier (November) dans un style moyenâgeux et enchanteur. Tyler Boss est dans le pur style comics, tandis que John J. Pearson plagie Martin Simmonds. J'ai adoré le dessin psychédélique de Alison Sampson aux couleurs hallucinogènes. Un assemblage cohérent qui retranscrit les ambiances bien différentes des chapitres. Note : 4. Tome 4 Un album qui va se concentrer sur la relation entre Cole et son mari, mais aussi sur le passé pendant la guerre froide, avec le Ministère du Mensonge, l'équivalent soviétique du Department of Truth et l'énigmatique Grigori Petrov. Avec le retour en force de Black Hat, ce quatrième tome est captivant et promet quelques belles surprises. Une narration toujours aussi verbeuse et paradoxalement, je ne la trouve pas rébarbative, au contraire elle me séduit de plus en plus. Cet opus marque aussi le retour de Martin Simmonds pour mon plus grand plaisir. Toujours aussi somptueux. Note : 4 et nouveau coup de cœur.

09/04/2022 (MAJ le 29/08/2023) (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Fausses pistes
Fausses pistes

Incontestablement, Duhamel fait partie de ces auteurs qui réinventent le genre franco-belge avec brio. Et ce one-shot en est un parfait exemple. Avec ce faux western, l’auteur n’aura de cesse de brouiller les pistes, comme le sous-entend le titre. Ce qu’il décrit ici, c’est la collision entre le monde moderne et le passé, un passé idéalisé où la réalité historique est bien souvent galvaudée, à commencer par le mythe du Far West et ses légendes. Et de façon plus générale, la frontière entre le bien et le mal est loin d’être étanche, une zone grise où les « gentils » ne sont pas irréprochables, où les « méchants » méritent aussi d’être entendus. L’auteur s’en prend aussi d’une certaine façon à ce tourisme de masse qui fait de la Terre un immense parc d’attraction. Duhamel a ainsi trouvé l’angle d’attaque parfait pour élaborer son histoire, en confrontant un groupe de touristes à un ancien marine (que notre « marshal » Franck va voir comme une sorte d’allié), qui lui-même semble contenir une haine profonde vis-à-vis de ces hordes de « curieux », armés de leurs smartphones et leurs « selfie sticks » pour prendre la pose devant les sites les plus « instagrammables ». Cette histoire qui commence comme une visite pépère de Monument Valley va partir en vrille, et personne n’en sortira gagnant. Chacun des personnages, très variés et pour la plupart très bien campés, finira par révéler ses côtés les moins glorieux, ses petites lâchetés et autres mesquineries. Quant à Franck, lui aussi va devoir remettre en cause ses certitudes, lors d’une expérience chamanique involontaire, lui qui pensait avoir une connaissance approfondie de l’histoire du Far West et du personnage légendaire qu’il incarnait dans un spectacle pour touristes avant de se faire congédier comme un malpropre. Dans une sorte de mise en abyme ironique, cette aventure va lui permettre d’expérimenter pour de vrai l’héroïsme dont il se réclamait… En résumé, Duhamel nous enjoint à ne pas se fier aux apparences, à se méfier des idées toutes faites, des beaux discours, des « vérités » historiques et des « fake news » actuelles. Il y a nécessité à renforcer notre esprit critique et accorder plus de place au doute, car ce sont souvent nos certitudes qui créent notre enfer. En second plan, l’auteur évoque aussi d’autres sujets plus « américains » tels que le port d’armes, la fracture civile entre pro-républicains et pro-démocrates (rallumée par qui l’on sait), ou l’artificialité bling-bling du miroir aux alouettes qu’est Las Vegas. Si le scénario est très bien ficelé, avec pas mal d’humour et des dialogues qui font mouche, il comporte aussi une vraie profondeur philosophique et bénéficie d’un graphisme impeccable. Qu’il s’agisse des personnages, très expressifs, ou des paysages grandioses de l’Ouest américain, le talent de Duhamel laisse admiratif. De même, la mise en couleur est léchée et contribue à créer des ambiances splendides, où les ciels, de nuit comme de jour, constituent une invitation au voyage. Le moins qu’on puisse dire, c’est que « Fausses pistes » coche toutes les cases, révélant une grande maîtrise de la part de son auteur.

26/08/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Catwoman - Lonely City
Catwoman - Lonely City

Et ben cela faisait bien un moment que je n'avais pas pris autant de plaisir en lisant un comics issu de l'univers de Batman. On est ici dans un univers alternatif où Catwoman sort de prison 10 ans après les tragiques événements qui ont amené à la mort de Batman, du Joker, de Nightwing et du commissaire Gordon et en plus Double Face est maintenant le maire de Gotham ! C'est donc une Catwoman plus vieille et dans un univers qu'elle ne reconnait plus que le récit met en vedette et bien sûr elle voudra faire un dernier grand coup, surtout que Batman lui a dit un mot mystérieux avant de mourir... Le récit est vraiment captivant du début jusqu'à la fin. J'ai bien aimé comment l'auteur utilisait les personnages de Batman. Comme ce n'est pas canon, il peut se permettre de faire ce qu'il veut avec les personnages et j'ai trouvé que les rôles qu'ils jouaient étaient bien vus, sauf pour Double Face que je trouve trop méchant, même si dans le dernier quart le côté tragique du personnage resurvit un peu. Le scénario est un bon mélange d'aventure, de drame et d'humour. C'est le genre de chose que je recherche dans un Batman et de ce côté là j'ai été gâté. Le récit est imprévisible et intelligent. Un bon hommage au personnage de Catwoman. Le dessin a de la classe.

20/08/2023 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5
Couverture de la série Qui est ce schtroumpf ?
Qui est ce schtroumpf ?

Ah ah les amis, je vais vous schtroumpher un truc ... c'est le plus schtroumphant des albums de Tebo ! Une reprise/hommage est toujours casse-schtroumph. Mais Tebo réussit le tour de force de schtroumpher sa patte sans schtroumpher l'esprit insufflé par Peyo à ces petits lutins bleus. Le récit schtroumphe du côté de Raowl avec une quête aventureuse mais en moins trash tout en gardant l'humour qui le caractérise. Le rythme soutenu -voyant se succéder de multiples péripéties- compense une intrigue plutôt linéaire sans être faiblarde pour autant. Tebo tient le lecteur grâce à son découpage quasi-cinématographique. Avec cet album, il réunit tous les ingrédients qui ont fait le succès des schtroumphs (ou presque) en les schtroumphant à sa sauce. Cette revisite de l'univers schtroumph est donc salutaire. C'est bon pour la santé et ça ne coûte pas plus cher que 5 fruits et légumes pour un jour. Que demande le peuple ? Ah oui, la suite, c'est pour quand ? :) A schtroumpher sans tarder !

07/08/2023 (modifier)
Couverture de la série Catwoman - Lonely City
Catwoman - Lonely City

Dans un univers alternatif, Batou a cassé sa pipe lors d'un évènement appelé La Nuit du Fou, Harvey Dent est devenu maire d'une Gotham autoritaire et Selina Kyle est partie purger 10 ans de sa vie en prison. Si Cliff Chiang propose une vision différente et rafraîchissante de Gotham, l'histoire n'en reste pas moins classique : un casse avec formation d'équipe et préparation des opérations à la Ocean Eleven. Bref, c'est un prétexte pour introduire toute une série de personnages plus ou moins connus de l'univers de Batman dans cet opus. Le côté pile (positif) de la pièce : nous présenter des protagonistes qui ont traversé les années (Selina a 55 ans !), avec leurs doutes et leurs faiblesses, usés par une époque qui passe trop vite et les dépasse. J'ai adoré le traitement de certains d'entre eux, où le retour à la vie civile de certains vilains les rend plus humains et touchants que jamais (Killer Croc <3). Le côté face (négatif) : vouloir inclure quasiment tous les personnages de la série animée de Bruce Timm (dont Chiang fait ici l'hommage) d'après un cahier des charges trop lourd. Ce serait probablement le seul point faible, à mon goût, de Lonely City ! Hormis cela, la réalisation est à tomber : le dessin, la couleur et la construction des pages est incroyable et certaines scènes m'ont vraiment bluffé. Catwoman (et ses amis) n'a jamais été aussi séduisante que dans Lonely City !

04/08/2023 (modifier)